Caractéristiques hydrologiques du bassin amazonien
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Manaus’99 – Hydrological and Geochemical Processes in Large Scale River Basins Menu Caractéristiques hydrologiques du bassin amazonien Jean Loup Guyot(1), Jacques Callède(1), Gérard Cochonneau(1), Naziano Filizola(2), Valdemar Guimarães(2), Pascal Kosuth(1), Michel Molinier(3), Eurides de Oliveira(2), Frédérique Seyler(1), Patrick Seyler(1) (1) IRD, CP 7091 Lago Sul, 71619-970 Brasília, DF, Brésil (2) ANEEL, SGAN 603, 70830-030 Brasília, DF, Brésil (3) IRD Hydrologie, BP 5045, 34032 Montpellier Cedex, France LE BASSIN AMAZONIEN Limites et extension Le bassin versant de l’Amazone (Figure 1), le plus vaste bassin hydrographique du monde, couvre une superficie de 6.1 106 km2 et s’étend de 79° de longitude Ouest (Rio Chamaya, Pérou) à 48° de longitude Ouest (Rio Pará, Brésil), et de 5° de latitude Nord (Rio Cotingo, Brésil) à 20° de latitude Sud (Rio Parapeti, Bolivie). Ce bassin continental s’étend sur plusieurs pays : Brésil (63%), Pérou (17%), Bolivie (11%), Colombie (5.8%), Équateur (2.2%), Venezuela (0.7%) et Guyana (0.2%). Le bassin amazonien est bordé, à l’ouest et au sud-ouest par la chaîne montagneuse des Andes, qui culmine à près de 7000 m : Nevado Huascaran (6768 m, Pérou), Illampu (6550 m, Bolivie). Cette partie andine du bassin représente seulement 12% de la superficie totale du bassin amazonien (Figure 2). Les rivières issues de la Cordillère des Andes (Rio Marañón - Solimões, Rio Madeira) présentent des profils en long caractéristiques où l’on passe brutalement d’un domaine andin à fort gradient altitudinal à la plaine amazonienne à très faible déclivité (1-2 cm.km-1). Au Nord, les tributaires drainent le bouclier guyanais, qui culmine au Pico da Neblina (3014 m, Brésil). Au Sud, le bassin est limité par les reliefs du bouclier brésilien qui forme le Planalto Central. Les boucliers guyanais et brésilien représentent 44% du bassin versant. Entre ces boucliers et les Andes, c’est le domaine de la plaine amazonienne, aux faibles altitudes, et où s’établissent de manière temporaire, voire permanente, des connections hydrologiques avec les bassins voisins de l’Orénoque (au Nord) et du Paraná (au Sud). Le Canal de Casiquiare au Venezuela (Bassin du Rio Negro) est l’exemple le plus connu de ce type d’anastomose [Sioli, 1984]. Le réseau hydrographique La source de l’Amazone est située dans la Cordillère orientale des Andes péruviennes, à l’amont du Rio Apurimac près de Cuzco. Cette rivière andine, qui va former le Rio Ucayali, reçoit les apports du Rio Pachitea avant de quitter les Andes. Dans la plaine amazonienne du Pérou, le Rio Ucayali reçoit en rive gauche les apports successifs des rios Marañón et Napo, qui proviennent respectivement de la Cordillère Centrale du Pérou, et des Andes équatoriennes. A l’aval de la confluence Ucayali - Marañón, près de Iquitos, ce fleuve s’appelle Rio Amazonas au Pérou et Rio Solimões au Brésil. Dans ce pays, le Rio Solimões reçoit à nouveau en rive gauche les apports de deux tributaires andins de Colombie : les rios Putumayo - Içá et Caquetá - Japurá. En rive droite, le Rio Solimões reçoit également les contributions des rios Juruá et Purus, issus de l’avant pays andin situé à la frontière Pérou - Brésil. Près de Manaus, le Rio Solimões rencontre le Rio Negro (Encontro das Águas) pour former le Rio Amazonas au Brésil. Situé sous l’équateur, le bassin du Rio Negro draine la plaine amazonienne et, au Nord (Rio Branco), les reliefs du bouclier guyanais. A l’aval de Manaus, l’Amazone reçoit les apports du Rio Madeira, qui draine les Cordillères orientales des Andes de Bolivie et du Pérou. Le 1
Manaus’99 – Hydrological and Geochemical Processes in Large Scale River Basins Menu bouclier brésilien est principalement drainé par le Rio Guaporé - Itenez, affluent du Rio Madeira, et par les rios Tapajós et Xingu, qui vont rejoindre le bas Amazone. Le cours aval de ces deux cours d’eau est caractérisé par un chenal large et profond, appelé Ria-Lac, témoin des vallées de l’époque glaciaire, quand le niveau des océans était environ 100 mètres plus bas que leur niveau actuel [Tricart, 1975]. La partie orientale du bouclier guyanais est drainée vers le Sud par des cours d’eau comme les rios Trombetas et Jari, qui rejoignent le bas Amazone. VENEZUELA GUYANAS COLOMBIA Rio Rio T Bran Ri oJ romb co ar Rio Negro i etas Rio Japurá ECUADOR Ri o Óbidos Na po MANAUS Rio Içá nas azo Rio Solimões io Am R Rio Marañón s jó pa Ta a eir o Ri ad M uruá Rio J o Ri yali s ru Pu Uca u Rio Xing o Ri Rio BRAZIL PERU Rio Gu apo ré amoré ni e Rio B Rio M BOLIVIA km 0 500 1000 Figure 1 : Le bassin de l’Amazone 7 000 6 000 5 000 Altitude (m) 4 000 3 000 2 000 1 000 0 0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 Basin Area (%) Figure 2 : Courbe hypsométrique du bassin de l’Amazone 2
Manaus’99 – Hydrological and Geochemical Processes in Large Scale River Basins Menu Caractéristiques de la plaine amazonienne La géomorphologie de la plaine d’inondation est contrôlée par des arcs structuraux [Putzer, 1984], qui ont un effet sur la largeur de celle ci et sur la sinuosité et le gradient du fleuve [Sternberg, 1955 ; Tricart, 1977 ; Dunne et al., 1998]. Au Brésil, le chenal de l’Amazone est remarquablement rectiligne sur la plus longue partie de son cours, avec des sinuosités moyennes sur 100 km de 1.0 à 1.2, sauf sur un tronçon de 350 km où la sinuosité varie de 1.3 à 1.7 [Mertes et al., 1996], alors que ces valeurs varient de 1.5 à 4.0 dans la plaine amazonienne de Bolivie, sur les formateurs du rio Madeira [Guyot, 1993]. Les largeurs moyennes sur 100 km du chenal de l’Amazone, mesurées en basses eaux sur les images radar au 1 :250 000, passent de 2 km près de la frontière Pérou - Brésil, à plus de 4 km près de Óbidos, alors que les profondeurs moyennes en basses eaux, extraites des cartes de navigation, passent progressivement de 10 à 20 m [Mertes et al., 1996]. Les résultats obtenus au cours de la huitième campagne du programme HIBAM [Guyot et al., 1998] sur le cours principal du Rio Solimões - Amazonas en période de hautes eaux (avril - juin 1997), montrent que la largeur du fleuve varie de 1000 m (Tabatinga) à 7000 m (Almeirim), alors que les profondeurs passent de 30 m (Tefé) à 100 m (Itacoatiara) selon la géométrie du cours d’eau (Figure 3). River width (m) -500 0 500 1 000 1 500 2 000 2 500 3 000 3 500 4 000 0 Teresina 25 Santo Antônio do Içá Depth (m) Tefé Manacapuru 50 Fonte Boa Itapeua 75 River width (m) -1 000 0 1 000 2 000 3 000 4 000 5 000 0 25 Taperinha Depth (m) 50 Parintins Óbidos 75 Jatuarana Itacoatiara 100 Figure 3 : Section des stations hydrométriques, Rio Solimões - Amazonas, avril - juin 1997 3
Manaus’99 – Hydrological and Geochemical Processes in Large Scale River Basins Menu Depuis Tabatinga (frontière Pérou - Brésil) jusqu’à Almeirim, la superficie de la section jaugée augmente progressivement avec le débit, alors que la vitesse moyenne de l’eau dans la section varie de 1.3 à 2.0 m.s-1 suivant les sections. En période de basses eaux, cette vitesse moyenne varie de 0.8 à 1.4 m.s-1 pour le même tronçon Tabatinga - Almeirim [Guyot et al., 1996]. Pour le Rio Negro à Paricatuba et le Rio Tapajós à Alter do Chão, cette vitesse moyenne varie respectivement de 0.1 à 0.5 m.s-1 et de 0.01 à 0.3 m.s-1, en fonction de la saison. Les zones inondées - Várzeas Dans le bassin amazonien, la forte amplitude de variation des niveaux d’eau au cours du cycle hydrologique (jusqu’à 15 m sur le Rio Negro à Manaus) génère des inondations régulières de vastes zones, appelées localement várzeas [Sioli, 1984]. Ces zones inondées, qui s’étendent sur plus de 300 000 km2 au Brésil sont principalement localisées en bordure des principaux fleuves du bassin [Junk, 1997]. Les superficies inondées augmentent régulièrement depuis Tabatinga jusqu’à Almeirim, de façon similaire à la superficie du bassin versant. En Bolivie, sur le haut bassin du Rio Madeira, les reliefs du socle précambrien près de la frontière Brésil - Bolivie, sont à l’origine de la grande plaine d’inondation du Béni, dont la superficie est estimée à 150 000 km2 [Roche et Fernandez, 1988]. LE REGIME CLIMATIQUE Le bassin de l’Amazone reçoit une pluie moyenne annuelle de 2460 mm [Molinier et al., 1996], qui provient essentiellement de l’Océan Atlantique, avec un fort recyclage (jusqu’à 50%) par évapotranspiration de la forêt amazonienne [Salati et Marques, 1984]. Pour la partie brésilienne du bassin, la distribution saisonnière des précipitations individualise des régions aux régimes différents [Ratisbona, 1976 ; Nimer, 1991]. dans l’hémisphère Nord (Bassin du Rio Negro), le maximum pluviométrique est observé de mai à juillet, alors qu’il arrive de décembre à mars dans le Sud du bassin. Dans les Andes de Bolivie, la topographie exerce une forte influence sur la pluviométrie, avec des valeurs extrêmes de 6000 mm.an-1 observées sur les piedmonts andins, et de 300 mm.an-1 dans quelques vallées intra montagneuses [Roche et al., 1992]. Dans la partie occidentale équatoriale du bassin, et plus principalement sur les contreforts des Andes du Pérou, d’Équateur et de Colombie, le régime saisonnier des précipitations est caractérisé par une distribution bimodale [Johnson, 1976]. A partir des données de 850 postes pluviométriques provenant des différents pays de la région, la carte des pluies moyennes annuelles du bassin de l’Amazone a pu être établie pour la période 1970-1996 (Figure 4). Pour cette période, la pluie moyenne annuelle sur l’ensemble du bassin est de 2300 mm., avec des minima de 300 mm.an-1 observés dans les vallées des Andes orientales de Bolivie et du Pérou, et des maxima enregistrés sur les bassins des rios Negro et Japurá près de la frontière Brésil - Pérou - Colombie, et dans les zones de piedmont andin en Bolivie (Chaparé), au Pérou et en Équateur. La distribution latitudinale des précipitations montre une dispersion asymétrique des données, avec une valeur modale comprise entre les latitudes 0 et 5° Nord, alors que des valeurs ponctuelles extrêmes (jusqu’à 6000 mm.an-1) sont observées au piedmont andin, entre les latitudes 10 et 20° Sud. LE REGIME HYDROLOGIQUE Les données En Amazonie brésilienne, l’Agence Nationale de l’Énergie Électrique (ANEEL, ex DNAEE) gère un vaste réseau de plus de 200 stations hydrométriques, avec mesure régulière des débits. La majorité de ces stations fonctionnent depuis les années 1970 [Fernandes, 1996]. Pour la 4
Manaus’99 – Hydrological and Geochemical Processes in Large Scale River Basins Menu Bolivie, les données utilisées proviennent des 12 stations du projet PHICAB [Abasto et al., 1985]. Les niveaux d’eau obtenus aux stations hydrologiques sont des niveaux relatifs, et ne peuvent pas être interprétés comme valeurs absolues. Une opération est actuellement en cours pour un rattachement géodésique des principales stations du bassin [Kosuth et al., 1999]. 5 0 -5 -10 -15 -20 -80 -75 -70 -65 -60 -55 -50 Figure 4 : Carte de la pluviométrie moyenne annuelle du bassin de l’Amazone, 1970-1996 La variabilité des hauteurs d’eau Pour la période 1970-1996, l’amplitude de variation des hauteurs d’eau (hauteur maximale - hauteur minimale) a été étudiée sur l’ensemble du bassin. Les résultats obtenus (Figure 5) montrent que cette amplitude varie de 2 à 18 m au cours du cycle hydrologique. Les valeurs minima (de 2 à 4 m) sont observées à l’amont, sur les cours d’eau des boucliers (Rios Branco, Jari, Xingu, Tapajós et Guaporé) alors que les maxima (de 15 à 18 m) sont enregistrés sur les parties aval des rios Juruá, Purus et Madeira. Sur le Rio Solimões - Amazonas, ces amplitudes varient de 12 m (Teresina, près de la frontière Pérou - Brésil) à 15 m (Manacapuru, près de Manaus), puis décroît régulièrement à 8 m (Óbidos) et enfin 3 m (Macapá, près de l’embouchure de l’Amazone). Pour étudier la variabilité saisonnière de ces hauteurs d’eau et comparer les différents tributaires, l’année 1985 - année hydrologiquement normale, a été choisie. Sur le Rio Solimões - Amazonas (Figure 6), la station de Teresina (983 160 km2) présente un hydrogramme plurimodal, caractéristique du régime équatorial, avec un premier pic en décembre - janvier, et un second pic plus important en avril - juin [Molinier & al., 1996]. 5
Manaus’99 – Hydrological and Geochemical Processes in Large Scale River Basins Menu Water level km variability (m) 0 500 1000 2 10 18 Figure 5 : Variabilité saisonnière des hauteurs d’eau dans le bassin de l’Amazone A l’aval, à la station de Manacapuru (2 147 740 km2), l’hydrogramme est beaucoup plus régulier, avec un maximum de crue de mai à août, bien que le premier petit pic précoce soit encore observable en janvier - février. A l’aval de Manaus, la station hydrométrique de Óbidos (4 618 750 km2) présente un maximum de crue unique et étalé d’avril à juillet, qui est la composition des apports des rios Solimões, Negro et Madeira. Sur le Rio Negro, les stations de Curicuriari près de São Gabriel da Cachoeira (194 460 km2) et de Barcelos (367 250 km2) présentent des hydrogrammes bimodaux, avec un premier pic de crue en janvier, et un second plus important en juin - septembre (Figure 7). Plus à l’aval, à Manaus (696 810 km2), le Rio Negro présente un hydrogramme sans relation directe avec ceux de Curicuriari ou de Barcelos, mais très similaire de celui de Manacapuru sur le Rio Solimões. En fait, la station de Manaus est très fortement influencée par les niveaux du Rio Solimões et les hauteurs d’eaux enregistrés ne correspondent pas au débit du Rio Negro. Cet effet de barrage hydraulique est largement observé sur tous les affluents du Rio Solimões - Amazonas, et sur plusieurs centaines de kilomètres [Meade et al., 1991]. Sur le Rio Purus, issu de l’avant bassin péruvien, la station amont de Manuel Urbano (33 690 km2) présente un hydrogramme plurimodal, mais avec une période de hautes eaux bien marquée de novembre à mai (Figure 7). A la station de Lábrea (220 350 km2), l’amplitude augmente brusquement, avec un maximum de crue unique et étalé de janvier à juin, suivi d’une baisse rapide du niveau des eaux. Dans la partie aval du Rio Purus, à la station de Arumã (359 850 km2), l’hydrogramme observé avec un maximum étalé d’avril à juillet, ne reflète pas seulement l’hydrologie du Rio Purus, mais semble être lui aussi sous l’influence des niveaux du Rio Solimões. Pour le Rio Madeira, la station de Angosto del Bala (67 500 km2) située au piedmont des Andes de Bolivie, présente un hydrogramme plurimodal, mais avec une saison humide bien marquée de novembre à mars (Figure 8). A la station de Abunã (899 800 km2), située à l’aval de la frontière Bolivie - Brésil, ce graphique est encore plurimodal, avec cependant un décalage du maximum, qui s’étale de janvier à juin. 6
Manaus’99 – Hydrological and Geochemical Processes in Large Scale River Basins Menu 700 Teresina Itapeua 600 Sto Antônio Manacapuru 500 Relative Water Level (cm) 400 300 200 100 0 -100 01/01/85 01/01/86 700 Jatuarana 600 Óbidos 500 Relative Water Level (cm) Santarém 400 300 200 100 Porto de Moz 0 -100 01/01/85 01/01/86 500 Macapá 400 15 days mobil average Relative Water Level (cm) 300 200 100 0 -100 01/01/85 01/01/86 Figure 6 : Hauteurs d’eau journalières - Rio Solimões - Amazonas, 1985 7
Manaus’99 – Hydrological and Geochemical Processes in Large Scale River Basins Menu 900 Curicuriari 800 700 Manaus Serrinha 600 Relative Water Level (cm) Moura 500 400 300 Barcelos 200 100 0 -100 01/01/85 01/01/86 1 300 Ipixuna 1 100 Eirunepe Relative Water Level (cm) 900 Santos Dumont 700 Gavião 500 300 Cruzeiro do Sul 100 -100 01/01/85 01/01/86 1 500 Boca do Acre 1 300 Lábrea 1 100 Relative Water Level (cm) Arumã 900 Beruri 700 500 300 100 Manuel Urbano -100 01/01/85 01/01/86 Figure 7 : Hauteurs d’eau journalières, Rios Negro, Juruá and Purus, 1985 8
Manaus’99 – Hydrological and Geochemical Processes in Large Scale River Basins Menu Près de la confluence avec l’Amazone, à la station de Borba (1 328 600 km2), l’hydrogramme du Rio Madeira présente une crue unique et étalée de février à juillet. Sur le Rio Tapajós, provenant du bouclier brésilien, les stations amont de Indeco (51 300 km2) et Jatoba (387 380 km2) présentent une crue unique et étalée de janvier à mai (Figure 8). Dans la partie aval de ce fleuve, la station d’Itaituba (456 000 km2) montre un hydrogramme de crue identique, mais avec un effet de barrage notable en période de décrue. Le même phénomène est observé sur le Rio Xingu (Figure 8), avec un maximum de crue unique et étalé de janvier à mai, pour la station amont de São Felix (250 600 km2), qui passe à février - juin aux stations aval de Altamira (446 200 km2) et Belo Monte (479 400 km2). A Belo Monte, l’effet dynamique de la marée océanique est observable en période de basses eaux [Kosuth et al., 1999]. La variabilité des débits En utilisant les banques de données des hauteurs d’eau et les jaugeages effectués tant par l’ANEEL que par les campagnes HIBAM, les débits journaliers ont pu être calculés pour chaque station. Dans la plupart des cas, la relation entre hauteur et débit est univoque, mais pour certaines stations influencées par effet de barrage hydraulique, une courbe d’étalonnage tenant compte de la variabilité du gradient hydraulique a du être construite. Suivant la classification établie par Jean Rodier [1964], 4 types de régime hydrologique ont été identifiés : i) Le régime tropical austral, à un seul maximum qui survient au cours du premier semestre de l’année calendaire. Ce régime est représenté par les rivières originaires de l’hémisphère Sud comme le Purus, le Madeira et ses affluents, le Xingu, le Tapajós. ii) Le régime tropical boréal (Rio Branco en particulier) dont le maximum est bien marqué et survient au cours du deuxième semestre. iii) Le régime équatorial représenté par le Rio Negro, mais aussi les rivières Içá et Japurá, pour lequel le maximum est moins accentué (on peut même souvent observer deux maxima) et survient en milieu d’année. iv) Le régime équatorial altéré représenté par le Solimões et l’Amazone qui est sous l’influence des trois régimes cités précédemment. Pour tous ces cours d’eau le rapport RQm des débits mensuels extrêmes est directement proportionnel au RQj (débits journaliers extrêmes) et à FQ3 (pourcentage du volume écoulé pendant les 3 mois de plus hautes eaux en fonction du volume total écoulé) et inversement proportionnel aux débits spécifiques. C’est au Sud du bassin amazonien, sur le Béni que l’on rencontre les valeurs les plus fortes de RQm (5-15), ensuite viennent les rivières du nord (Rio Branco). Le Solimões, l’Amazone ainsi que les affluents originaires de l’Amazonie péruvienne et colombienne (Içá, Japurá) ont des valeurs RQm comprises entre 1,7 et 2,5; valeurs que l’on peut comparer à celle du Congo qui est de 1,92 [Olivry et al. 1989]. Une des caractéristiques principales de l’Amazone et de ces affluents est leur remarquable stabilité. A l’exception des rivières originaires du bouclier guyanais, dont le Rio Branco est un exemple typique, les rapports RQa (équivalent au K3 utilisé par Jean Rodier) des débits annuels extrêmes sont toujours inférieurs à 2 et même à 1,5 dans la plupart des cas. Ces valeurs du K3 qui sont indépendantes du nombre d’années d’observation sont, en général, bien inférieures à celles des fleuves tropicaux africains citées par Rodier [1964] et même à celle du Congo qui est de 1,67 [Olivry et al., 1989]. Comme dans le cas de la variabilité saisonnière, les rapports RQm sont liés aux zones définies précédemment. Les valeurs les plus faibles de RQa (inférieures à 1,35) se rencontrent dans les zones 1 et 4 (RQm compris entre 1,7 et 5). Les bassins correspondant à la zone 3 ont tous des RQa compris entre 1,40 et 2,40 (RQm compris entre 5 et 8 avec deux exceptions à 15). Les rivières de la zone 2N ont toutes des rapports RQa supérieurs à 3 (RQm voisin de 8). Enfin les RQa des bassins de la zone 2S sont variables mais généralement compris entre 1 et 2 (RQm entre 4 et 8). 9
Manaus’99 – Hydrological and Geochemical Processes in Large Scale River Basins Menu Abunã 1 500 Porto Velho 1 300 Humaita 1 100 Relative Water Level (cm) Manicoré 900 700 Borba 500 Vista Alegre 300 100 -100 01/01/85 01/01/86 700 600 Jatoba 500 Relative Water Level (cm) 400 Itaituba Santarém 300 200 Indeco 100 Barra do São Manuel 0 -100 01/01/85 01/01/86 700 São Felix 600 Altamira 500 Relative Water Level (cm) 400 300 Belo Monte 200 100 Porto de Moz 0 -100 01/01/85 01/01/86 Figure 8 : Hauteurs d’eau journalières, Rios Madeira, Tapajós and Xingu, 1985 10
Manaus’99 – Hydrological and Geochemical Processes in Large Scale River Basins Menu 250 000 Madeira Solimoes 200 000 Negro Others Discharge (m3/s) 150 000 100 000 50 000 0 Jan. Feb. Mar. Apr. May Jun. Jul. Aug. Sep. Oct. Nov. Dec. 1.0 0.8 Madeira Discharge (%) Solimoes 0.5 Negro Others 0.3 0.0 Jan. Feb. Mar. Apr. May Jun. Jul. Aug. Sep. Oct. Nov. Dec. Figure 9 : Décomposition de l’hydrogramme de l’Amazone à Óbidos REFERENCES Abasto N., Hoorelbecke R., Roche M.A., Aliaga A., Coca C., Cortes J., Flores J., Montano J., Noriega L., Pinto E., Rios H., Rubin de Celis L. 1985. Características y calibración de la red hidrométrica PHICAB en la cuenca amazónica de Bolivia. Publ. PHICAB, La Paz, 120 p. Dunne T., Mertes L.A.K., Meade R.H., Richey J.E., Forsberg B.R. 1998. Exchanges of sediment between the flood plain of the Amazon river in Brazil. Geological Society of America Bulletin, 110(4) : 450-467. Fernandes D., Ferreira dos Santos D., Diniz Araujo M.V., dos Santos L. 1996. Inventário das estações fluviométricas do Brasil. Publ. DNAEE, Brasília. Guyot J.L. 1993. Hydrogéochimie des fleuves de l’Amazonie bolivienne. Etudes & Thèses, ORSTOM, Paris, 261 p. 11
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