Carcinome épidermoïde de l'hypopharynx et du larynx - Oncologik
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Carcinome épidermoïde de l'hypopharynx et du larynx Ce référentiel, dont l'utilisation s'effectue sur le fondement des principes déontologiques d'exercice personnel de la médecine, a été élaboré par un groupe de travail pluridisciplinaire de professionnels du réseau régional de cancérologie de Lorraine (ONCOLOR), en tenant compte des recommandations nationales, et conformément aux données acquises de la science au 17 mars 2014. 1. Généralités Ce référentiel concerne les carcinomes épidermoïdes de l'hypopharynx et du larynx. 2. Bilan initial [1] Tout dossier doit être discuté en RCP. Le délai entre la première consultation par l’équipe qui va prendre en charge le patient et le recueil des éléments nécessaires à la prise de décision (en RCP) ne doit idéalement pas dépasser 4 semaines. Le bilan, identique pour les deux localisations (pharynx et larynx), doit comprendre : un examen clinique ORL complet, du cavum à la bouche œsophagienne, avec étude de la mobilité laryngée (+++) un examen clinique général (état nutritionnel, intoxication alcoolo-tabagique...) un examen scanographique ORL, avec injection de produit de contraste (en l'absence de contre-indication), de la base du crâne aux clavicules étudiant le T et le N. L'examen scanner sera réalisé si possible à distance de l'endoscopie et des extractions dentaires. La réalisation de manœuvres dynamiques est souhaitable dans ces localisations. un scanner thoracique un bilan odontologique avec OPT et avis du chirurgien dentiste une panendoscopie (VADS - œsophage) un schéma précis, daté, avec mensurations si possible des lésions, est indispensable à la prise de décision thérapeutique et au suivi ultérieur. un TEP scanner recommandé en cas de stade tumoral et/ou ganglionnaire avancé ou en cas de tentative de préservation laryngée. Options à discuter au cas par cas Fibroscopie bronchique en cas d’image thoracique suspecte. Gastrostomie discutée en prévision de suites thérapeutiques difficiles (exemples : chirurgie lourde, radiochimiothérapie concomitante...). IRM : si bilan insuffisant pour préciser l'extension locale, au cas par cas après concertation avec les radiologues. Exploration hépatique. Pose d’une voie veineuse centrale en cas de traitement chimiothérapique. Scintigraphie osseuse uniquement si points d'appel. Evaluation de la fonction respiratoire en cas de chirurgie partielle. Ce bilan permet de déterminer le stade TNM de la lésion et de proposer une prise en charge. 3. Informations minimales pour présenter un dossier en RCP Données socio-démographiques Etat général OMS Poids habituel et perte de poids Antécédents médico-chirurgicaux Examen clinique et ORL Panendoscopie avec cavoscopie Scanner cervico-thoracique TEP Compte-rendu anatomo-pathologique (biopsie ou cytoponction ou pièce opératoire) Compte-rendu opératoire (si malade déjà opéré). 4. Anatomo-pathologie Le diagnostic repose sur l'examen anatomo-pathologique après biopsie de la tumeur. Plusieurs critères histologiques sont indispensables à la prise de décision thérapeutique après chirurgie d'une tumeur laryngée ou hypopharyngée. Carcinome épidermoïde de l'hypopharynx et du larynx ONCOLOGIK Page 1 sur 12 Version publiée le 16/03/2021
Tumeur Différenciation Taille tumorale Emboles lymphatiques Infiltration péri-nerveuse Infiltration cartilagineuse, musculaire ou des structures adjacentes (base de langue, œsophage) Limites d'exérèse (saines, envahies,
T - Tumeur primitive Larynx Les localisations anatomiques distinguées sont : larynx sus ou supraglottique (épiglotte suprahyoïdienne, replis aryépiglottiques, aryténoïdes, épiglotte infrahyoïdienne, bandes ventriculaires, ventricules) glotte (cordes vocales, commissures antérieure et postérieure). Ces 2 localisations sont les plus fréquemment atteintes. larynx sous-glottique (du bord inférieur corde vocale au premier anneau trachéal) : localisation tumorale rare (moins de 5 % des cas), de pronostic plus péjoratif, pouvant justifier de principe un avis en RCP. Pour les 3 localisations : Tumeur primitive non TX évaluable T0 Tumeur non détectable Tis Carcinome in situ Larynx sus-glottique Tumeur limitée à une sous-localisation de l'étage sus-glottique avec mobilité T1 normale des cordes vocales Tumeur envahissant plus d'une sous-localisation de l'étage sus-glottique ou T2 glottique ou extraglottique (ex : muqueuse de la base de langue, vallécule, paroi interne du sinus piriforme) avec mobilité normale des cordes vocales Tumeur limitée au larynx avec fixation glottique et/ou envahissant la ou les régions T3 suivantes : région rétro-cricoïdienne, loge pré-épiglottique, espace paralaryngé et/ou avec lyse minima du cartilage thyroïde (corticale interne) tumeur atteignant le cartilage thyroïde et/ou envahissant les tissus extralaryngés T4a (trachée, tissus mous du cou y compris les muscles profonds ou extrinsèques de la langue), les muscles sous-hyoïdiens, la glande thyroïde et l'œsophage tumeur envahissant l'espace pré-vertébral, les structures médiastinales, ou T4b englobant l'artère carotide. Glotte Tumeur pouvant atteindre la commissure antérieure ou postérieure, avec une T1 mobilité normale T1a limitée à une corde vocale T1b limitée aux 2 cordes vocales Tumeur étendue à l'étage sus glottique et/ou au larynx sous glottique, et/ou avec T2 diminution de la mobilité de la corde vocale Tumeur limitée au larynx avec fixation de la corde vocale et/ou envahissant T3 l'espace para-glottique et/ou avec lyse minima du cartilage thyroïde (corticale interne) tumeur envahissant le cartilage thyroïde ou les tissus extralaryngés (tissus mous du T4a cou notamment la musculature profonde et extrinsèque de la langue), les muscles sous-hyoïdiens, la glande thyroïde et l'œsophage tumeur envahissant l'espace pré-vertébral, les structures médiastinales, ou T4b englobant l'artère carotide. Larynx sous-glottique T1 Tumeur limitée au larynx sous glottique Tumeur étendue à une (aux) corde(s) vocale(s) avec une mobilité normale ou T2 diminuée T3 Tumeur limitée au larynx avec fixation d'une corde vocale tumeur étendue au cartilage cricoïde ou thyroïde, et/ou les tissus extralaryngés T4a (tissus mous du cou notamment la musculature profonde et extrinsèque de la langue), les muscles sous-hyoïdiens, la glande thyroïde, et l'œsophage tumeur envahissant l'espace pré-vertébral, les structures médiastinales, ou T4b englobant l'artère carotide. Carcinome épidermoïde de l'hypopharynx et du larynx ONCOLOGIK Page 3 sur 12 Version publiée le 16/03/2021
Hypopharynx Il est divisé en 3 sites anatomiques : jonction œsophagienne (rétro-cricoïde) sinus piriforme paroi pharyngée postérieure. Pour les 3 localisations : TX Tumeur primitive non évaluable T0 Tumeur non détectable Tis Carcinome in situ Tumeur limitée à un des sites anatomiques, ≤ à 2 cm dans sa plus grande dimension, T1 sans fixation de l'hémilarynx Tumeur atteignant plus d'un site anatomique, ou de plus grande dimension >2cm et T2 ≤ à 4 cm, sans fixation de l'hémilarynx Tumeur >4 cm dans sa plus grande dimension ou fixation de l'hémilarynx et/ou avec T3 lyse minima du cartilage thyroïde (corticale interne) tumeur envahissant une des structures suivantes : cartilage cricoïde et/ou thyroïde, os T4a hyoïde, glande thyroïde, œsophage et tissu mou du compartiment central (comprenant les muscles sous-hyoïdiens pré-laryngés et la graisse sous-cutanée) tumeur envahissant les muscles pré-vertébraux, englobant l'artère carotide ou T4b envahissant les structures médiastinales. N - Ganglions La classification N est la même pour le larynx et l'hypopharynx N0 Pas de signe d'atteinte des ganglions lymphatiques régionaux Métastase dans un seul ganglion lymphatique homolatéral ≤ 3 cm dans sa plus grande N1 dimension Métastase unique dans un seul ganglion lymphatique régional homolatéral >3 cm et ≤ N2 6 cm dans sa plus grande dimension, ou métastases ganglionnaires multiples toutes ≤ 6 cm N2a métastase dans un seul ganglion lymphatique >3 cm mais ≤ 6 cm N2b métastases homolatérales multiples toutes ≤ 6 cm N2c métastases bilatérales ou controlatérales ≤ 6 cm N3 Métastase dans un ganglion lymphatique >6 cm dans sa plus grande dimension M - Métastases à distance La classification M est la même pour le larynx et l'hypopharynx M0 Pas de métastase à distance Présence de métastase(s) à M1 distance Groupement par stades Larynx TNM Stade 0 Tis N0 M0 Stade I T1 N0 M0 Stade II T2 N0 M0 Stade III T3 N0, N1 M0 T1, T2 N1 M0 Stade IV A T4a, T4b N0, N1 M0 T1, T2, T3 N2 M0 Stade IV B T4b tous N M0 tous T N3 M0 Stade IV C tous T tous N M1 Carcinome épidermoïde de l'hypopharynx et du larynx ONCOLOGIK Page 4 sur 12 Version publiée le 16/03/2021
Hypopharynx TNM Stade 0 Tis N0 M0 Stade I T1 N0 M0 Stade II T2 N0 M0 Stade III T3 N0 M0 T1, T2, T3 N1 M0 Stade IV A T1, T2, T3 N2 M0 T4a N0, N1, N2 M0 Stade IV B T4b tous N M0 tous T N3 M0 Stade IV C tous T tous N M1 6. Arbres de décision Quatre arbres de décision sont disponibles : T1-T2 N0 de la glotte T1-T2 N0-N3 sus-glottique et de l'hypopharynx T3-T4 N0-N3 du larynx et de l'hypopharynx Protocole de préservation laryngée T1-T2 N0 de la glotte Carcinome épidermoïde de l'hypopharynx et du larynx ONCOLOGIK Page 5 sur 12 Version publiée le 16/03/2021
T1-T2 N0-N3 de l'étage sus-glottique et de l'hypopharynx T1-T2 N0 ou N1 de petite taille Carcinome épidermoïde de l'hypopharynx et du larynx ONCOLOGIK Page 6 sur 12 Version publiée le 16/03/2021
T3-T4 N0-N3 du larynx et de l'hypopharynx T3-T4 N0-N3 du larynx et de l'hypopharynx (préservation laryngée) 7. Moyens thérapeutiques Chirurgie Pour les 2 localisations et sauf cas particulier, la chirurgie conservatrice n’est indiquée : qu’en l’absence d’atteinte cartilagineuse qu’en l’absence de trouble de la mobilité laryngée quand les suites fonctionnelles (respiration, déglutition) postopératoires semblent acceptables. Carcinome épidermoïde de l'hypopharynx et du larynx ONCOLOGIK Page 7 sur 12 Version publiée le 16/03/2021
Tumeur laryngée Chirurgie sur T Chirurgie conservatrice : éxérèse par voie endoscopique (laser C02) pour les petites tumeurs bien exposables avec mobilité conservée chirurgie partielle transcartilagineuse (exemple : cordectomie, frontolatérale, Tücker...) ou subtotale reconstructive (exemple : crico-hyoïdo-épiglotto-pexie ou CHEP, crico-hyoïdo-pexie ou CHP) Chirurgie radicale : laryngectomie "presque totale" (Pearson) laryngectomie totale plus ou moins étendue selon l'extension tumorale aux structures anatomiques adjacentes avec possibilité de mise en place d'un implant phonatoire immédiatement ou dans un deuxième temps. Tumeur hypopharyngée Chirurgie sur T Chirurgie conservatrice : éxérèse par voie endoscopique (laser C0 2) pour les petites tumeurs bien exposables avec mobilité conservée chirurgie partielle par voie externe (exemple : Alonso, Paul André). Chirurgie radicale : pharyngo-laryngectomie "presque totale" (Pearson) pharyngo-laryngectomie totale avec ou sans hémithyroïdectomie homolatérale à la tumeur pharyngo-laryngectomie totale circulaire avec ou sans thyroïdectomie totale et reconstruction pharyngée par lambeau libre ou musculo-cutané. Chirurgie sur N Evidement radical ou évidement conservateur possible selon le statut N initial. Si évidement conservateur, nécessité de traiter les groupes II, III, IV, et VI en cas d’extension sous glottique. La chirurgie sur N est habituellement associée à la chirurgie sur T à l'exception : des T1N0 de la glotte (chirurgie T isolée) dans les N2N3, l'option de chirurgie isolée sur N associée à la radiothérapie + chimiothérapie sur T et N (selon facteurs histopronostiques et en l’absence de CI à la chimiothérapie) après avis RCP. Nécessité d'un évidement ganglionnaire bilatéral si tumeur touchant la paroi pharyngée postérieure, le vestibule laryngé, la région rétrocricoïdienne. Référence Voir NCCN Guidelines Version 2[5] Chirurgie de rattrapage La réalisation d’un bilan précis d’opérabilité, endoscopique et radiologique (scanner et souvent TEP scanner) est préconisée avant la prise de décision de rattrapage chirurgical. Les risques accrus de complications (difficultés de cicatrisation, risques hémorragiques) postopératoires justifient certaines recommandations : sur T : couverture par lambeau à discuter sur N : pas d’indication de geste ganglionnaire de principe chez un patient N0 en l’absence de N radiologique pas de supériorité du curage par rapport à l’adénectomie, le geste ganglionnaire devant être dicté par l’imagerie (nombre et localisation des adénopathies). Références Voir NCCN Guidelines Version 2 [5] Givi B, Linkov G, Ganly I, Patel SG, et al . Selective neck dissection in node-positive squamous cell carcinoma of the head and neck. Otolaryngol Head Neck Surg. 2012;147:707-15 8. Radiothérapie Carcinome épidermoïde de l'hypopharynx et du larynx ONCOLOGIK Page 8 sur 12 Version publiée le 16/03/2021
La radiothérapie externe peut être associée aux autres modalités thérapeutiques : après chirurgie concomitamment à une chimiothérapie : en traitement des tumeurs localement avancées inopérables (l'anticorps monoclonal cétuximab peut également être proposé dans cette situation en cas de contre-indication à la chimiothérapie) après chirurgie dans certaines situations (voir chapitre chimiothérapie). La radiothérapie externe peut également être délivrée de façon exclusive : pour des tumeurs T1 T2 N0 pour des tumeurs de stade III-IV en cas de contre-indication à une chirurgie, à une chimiothérapie et à l'anticorps monoclonal cétuximab en traitement palliatif à visée symptomatique (SPLIT-COURSE, hypofractionnement). En dehors des irradiations exclusives limitées au larynx (T1T2N0 du plan glottique), la radiothérapie conformationnelle avec modulation d’intensité (RCMI) est recommandée car elle permet une couverture optimale des volumes cibles et une réduction de la dose délivrée aux tissus sains. Le bénéfice clinique de la RCMI est démontré pour les patients traités pour un cancer ORL en termes de réduction de la toxicité ([6], [7], [8]). Elle utilise des rayonnements X de 4 à 6 MV. La radiothérapie externe pourra être réalisée en mode séquentiel selon un fractionnement et un étalement standard. Néanmoins, pour les tumeurs localement avancées, si la chimiothérapie et le cétuximab sont contre-indiqués, discuter une radiothérapie externe hyperfractionnée et/ou modérément accélérée ([9], [10]). En technique RCMI, si un complément de dose est prescrit après l’irradiation prophylactique (45-50 Gy), la technique du boost intégré (SIB, Simultaneous Integrated Boost) peut être proposée [11]. Le délai entre la chirurgie et la radiothérapie doit être ≤ 6 semaines sauf complications incompatibles avec l’initiation de la radiothérapie [12]. Compte-tenu du temps de mise en œuvre des traitements de radiothérapie adjuvante, la coordination des équipes doit être optimisée pour favoriser le respect de ces délais. Un orostome, une désunion peu importante, ne doivent pas faire retarder le début de la radiothérapie en dehors d'exceptions argumentées. La RCMI en mode séquentiel selon un fractionnement et un étalement standard délivre les doses suivantes : tumeur en place RTE exclusive : T et N palpable : 70 Gy / 35 fr / 7 semaines N0 : 45 à 50 Gy / 25 fr / 5 semaines postopératoire lit opératoire et N0/N-/N+ R- : 45 à 50 Gy / 25 fr / 5 semaines compléments de dose nécessaires en cas de : a) N+ R+ : 16 Gy / 8 fr / 1,5 semaines Résidu macroscopique ou zone à haut risque : 20 Gy / 10 fr / 2 semaines b) lit opératoire à risque: 16 Gy / 8 fr / 1,5 semaines. Si la RCMI est délivrée en mode SIB, il est recommandé d’utiliser des schémas de prescription de dose proposés dans la littérature [11]. L'étalement joue un rôle essentiel et doit être respecté [13]. L'apparition d'une mucite ou d’une dysphagie ne doit pas interrompre le traitement sauf exception argumentée et impose une prise en charge nutritionnelle et symptomatique. Il en est de même pour les dermites, qui justifient une prise en charge cutanée étroite. Facteurs pronostiques défavorables un intervalle >6 semaines entre la chirurgie et la radiothérapie l'interruption et l'allongement de la radiothérapie. Carcinome épidermoïde de l'hypopharynx et du larynx ONCOLOGIK Page 9 sur 12 Version publiée le 16/03/2021
9. Chimiothérapie Les tentatives de préservation laryngée peuvent être proposées pour les tumeurs du larynx et de l’hypopharynx classées T3 , T4 et les tumeurs T2 non accessibles à une chirurgie partielle. Elles sont possibles : si le patient accepte, avant le début de la tentative de préservation, la possibilité d’effectuer une chirurgie mutilante (LT ou PLT) en cas d’effets toxiques graves après chimiothérapie ou de non réponse ou réponse insuffisante après chimiothérapie s’il n’existe pas de lyse cartilagineuse manifeste s’il n’existe pas d’extension sous glottique importante s'il n'existe pas d'atteinte rétrocricoïdienne. Les protocoles de préservation laryngée (voir arbre) utilisent, en l'absence de contre-indications à ce type de traitement, l'association CDDP-5FU-docétaxel : CDDP 75 mg/m 2/j à J1 + 5 FU 750 mg/m2/j de J1 à J5 + docétaxel 75 mg/m2/j à J1. L’utilisation de facteurs de croissance (G-CSF) est recommandée. En dehors des protocoles de préservation laryngée, les seules indications de la chimiothérapie sont : concomitante à la radiothérapie : dans les tumeurs localement avancées pour lesquelles la chirurgie n'est pas retenue. Elle utilisera de préférence un protocole à base de cispaltine. en postopératoire (RCP) : en cas de N+ R+ (facteurs histopronostiques défavorables) [3]; la décision doit être prise en tenant compte de l'état général du patient, du risque de complications et des contre-indications au cisplatine en cas de marge + : à discuter en RCP le seul schéma validé utilise du cisplatine à la dose de 100 mg/m² à J1 – J22 – J43 de la radiothérapie. palliative (maladie métastatique, récidive ou seconde localisation en territoire irradié inaccessible à un traitement locorégional). Elle utilise un protocole à base de cisplatine (CDDP-5FU-cétuximab en première ligne ou carboplatine- paclitaxel…). Le cétuximab, anticorps monoclonal antirécepteur du facteur de croissance épidermique (EGFR), est préconisé en association à la radiothérapie dans les tumeurs localement avancées pour lesquelles la chirurgie n'est pas retenue et en cas de contre-indication à la chimiothérapie [14]. 10. Traitement de rattrapage La prise en charge d’une récidive qu’elle soit locale, locorégionale ou métastatique doit faire l’objet d’une discussion et d’un avis en RCP : en cas de récidive locale ou locorégionale, une chirurgie de rattrapage doit être privilégiée si elle est possible techniquement et acceptable fonctionnellement. Après la chirurgie ou de manière exclusive (en cas de contre- indications à la chirurgie), une ré-irradiation avec chimiothérapie peut être proposée [15] en cas de récidive non opérable ou de métastases, la chimiothérapie de référence en première ligne est l’association : sels de platine + 5-FU + cétuximab [16]. 11. Soins dentaires Avant tout traitement, une remise en état dentaire est indispensable avec détartrage, soins et extractions de toutes les dents délabrées et mobiles (Cf. également référentiel sur les soins dentaires). En cas de radiothérapie externe, on ne conserve dans les champs que les dents parfaitement saines. Le patient devra s'astreindre à une fluoroprophylaxie quotidienne et non limitée dans le temps. 12. Surveillance La surveillance n'a pas de spécificité par rapport aux autres carcinomes épidermoïdes de la sphère ORL en dehors des tentatives de préservation laryngée. Carcinome épidermoïde de l'hypopharynx et du larynx ONCOLOGIK Page 10 sur 12 Version publiée le 16/03/2021
Surveillance classique La surveillance est idéalement alternée conjointement par les chirurgiens ORL, oncologues médicaux et radiothérapeutes qui ont participé au bilan et au traitement de la maladie. Elle fait intervenir de nombreux soignants dans la rééducation et la prise en charge globale de ces patients. La surveillance ne se contente pas de rechercher une récidive, mais évalue le contrôle de la maladie, les séquelles douloureuses et fonctionnelles du traitement et leur prise en charge, les conséquences psychologiques et leur répercussion sur la qualité de vie, la survenue de métastases et de deuxièmes localisations. Les objectifs de la surveillance consistent : en la prise en charge des effets secondaires et des séquelles en un soutien psychologique à une aide au sevrage alcoolo-tabagique à la vérification de l’hygiène dentaire et de la compliance à la fluoroprophylaxie au dépistage des deuxièmes localisations ORL et au dépistage des récidives locorégionales à la recherche d’une autre localisation tumorale partageant les facteurs de risque alcoolo-tabagiques (essentiellement œsophage et poumon) à assurer un suivi nutritionnel (perte de poids, dénutrition, gastrostomie, SNG) en coordination avec une diététicienne. à une prise en charge de la douleur en coordination avec UTD. "Calendrier" de surveillance : Examens Rythme de surveillance Tous les 3 mois pendant 2 ans Examen clinique et puis tous les 6 mois pendant 3 ans nasofibroscopique puis 1 fois par an jusqu'à 10 ans Régulière : Surveillance dentaire consultation bi-annuelle chez un dentiste pour un patient denté Scanner cervico- A 3 mois de la fin des traitements (référence pour le suivi ultérieur) faciale Surveillance ganglionnaire par échographie si l'examen clinique n'est pas aisé (gros cou, cou court) cervicale Dosage de TSH 1 fois par an si la thyroïde est dans les champs d'irradiation A discuter si doute clinique ou scanographique en cas de récidive tumorale TEP scanner suspectée ou dans la surveillance après préservation laryngée. Surveillance spécifique Surveillance stricte par examen ORL et contrôle nasofibroscopique tous les 3 mois pendant les 2 premières années + scanner cervical et laryngoscopie directe une fois par an pendant 2 ans + surveillance classique. Surveillance et réhabilitation des séquelles après laryngectomie totale Rééducation orthophonique pour apprentissage de la voix oro-œsophagienne et rééducation de la déglutition et/ou voix trachéo-œsophagienne par implant phonatoire changé régulièrement et/ou larynx artificiel discuter la pose et l'intérêt d'un Echangeur Chaleur Humidité sur le trachéostome. 13. Essais cliniques Accès au listing des essais cliniques en Lorraine (Mai 2014) Essais cliniques en ligne sur le site de l'INCa 14. Références bibliographiques 1. ↑ Référentiel SFORL 2012. Bilan préthérapeutique des carcinomes des VADS. http://www.orlfrance.org 2. ↑ Robbins KT, Clayman G, Levine PA, Medina J et al. Neck dissection classification update : revisions proposed by the American Head and Neck Society and the American Academy of Otolaryngology-Head and Neck Surgery. Arch Otolaryngol Head Neck Surg, 2002. 128 : p. 751-758. 3,0 3,1 Carcinome épidermoïde de l'hypopharynx et du larynx ONCOLOGIK Page 11 sur 12 Version publiée le 16/03/2021
3. ↑ 3,0 et 3,1 Bernier J, Cooper JS, Pajak TF, van Glabbeke M,et al. Defining risks levels in locally advanced head and neck cancers. A comparative analysis of concurrent postoperative radiation plus chemotherapy trials of the EORTC and the RTOG. Head Neck 2005;27: 843-850 4. ↑ Green FL, Compton CC, Fritz AG, Shah JP, Winchester DP AJCC Cancer staging. Atlas. Chicago : Springer Science Business Media 2006, révisée en 2010. 5. ↑ 5,0 et 5,1 NCCN Guidelines Version 2 (2013) : http://www.nccn.org 6. ↑ Graff P, Lapeyre M, Desandes E, Ortholan C,et al. Impact of intensity-modulated radiotherapy on health-related quality of life for head and neck cancer patients : matched-pair comparison with conventional radiotherapy. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2007;67:1309-1317. 7. ↑ Nutting CM, Morden JP, Harrington KJ, Urbano TG, et al. Parotid-sparing intensity modulated versus conventional radiotherapy in head and neck cancer (PARSPORT) : a phase 3 multicentre randomised controlled trial. Lancet Oncol 2011;12:127-136. 8. ↑ Toledano I, Graff P, Serre A, Boisselier P,et al. Intensity-modulated radiotherapy in head and neck cancer : results of the prospective study GORTEC 2004-03. Radiother Oncol 2012;103:57-62. 9. ↑ Bourhis J, Overgaard J, Audry H, Ang KK, et al. Hyperfractionated or accelerated radiotherapy in head and neck cancer : a meta-analysis. Lancet 2006;368:843-854. 10. ↑ Baujat B, Bourhis J, Blanchard P, Overgaard J, et al. Hyperfractionated or accelerated radiotherapy for head and neck cancer. Cochrane Database Syst Rev 2010:CD002026 11. ↑ 11,0 et 11,1 Giraud P, Servagi-Vernat S. [IMRT and head and neck tumours : does differential fractionation have an interest?]. Cancer Radiother 2013;17:502-507. 12. ↑ Ang KK, Trotti A, Brown BW, Garden AS,et al. Randomized trial addressing risk features and time factors of surgery plus radiotherapy in advanced head-and-neck cancer. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2001;51:571-578. 13. ↑ Rosenthal DI, Liu L, Lee JH, Vapiwala N, et al. Importance of the treatment package time in surgery and postoperative radiation therapy for squamous carcinoma of the head and neck. Head Neck 2002;24:115-126. 14. ↑ Bonner JA, Harari PM, Giralt J, Cohen RB, et al. Radiotherapy plus cetuximab for locoregionally advanced head and neck cancer : 5-year survival data from a phase 3 randomised trial, and relation between cetuximab-induced rash and survival. Lancet Oncol. 2010;11:21-8 15. ↑ Janot F, de Raucourt D, Benhamou E, Ferron C,et al. Randomized trial of postoperative reirradiation combined with chemotherapy after salvage surgery compared with salvage surgery alone in head and neck carcinoma. J Clin Oncol. 2008;26:5518-23 16. ↑ Vermorken JB, Mesia R, Rivera F, Remenar E, et al. Platinum-based chemotherapy plus cetuximab in head and neck cancer. N Engl J Med. 2008;359:1116-27 Carcinome épidermoïde de l'hypopharynx et du larynx ONCOLOGIK Page 12 sur 12 Version publiée le 16/03/2021
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