Carcinome épidermoïde de l'hypopharynx et du larynx - Oncologik

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Carcinome épidermoïde de l'hypopharynx et du larynx
Ce référentiel, dont l'utilisation s'effectue sur le fondement des principes déontologiques d'exercice personnel de la médecine, a été élaboré par un
groupe de travail pluridisciplinaire de professionnels du réseau régional de cancérologie de Lorraine (ONCOLOR), en tenant compte des recommandations
nationales, et conformément aux données acquises de la science au 17 mars 2014.

1. Généralités
          Ce référentiel concerne les carcinomes épidermoïdes de l'hypopharynx et du larynx.

2. Bilan initial [1]
          Tout dossier doit être discuté en RCP.
          Le délai entre la première consultation par l’équipe qui va prendre en charge le patient et le recueil des éléments
          nécessaires à la prise de décision (en RCP) ne doit idéalement pas dépasser 4 semaines.
          Le bilan, identique pour les deux localisations (pharynx et larynx), doit comprendre :
                 un examen clinique ORL complet, du cavum à la bouche œsophagienne, avec étude de la mobilité laryngée (+++)
                 un examen clinique général (état nutritionnel, intoxication alcoolo-tabagique...)
                 un examen scanographique ORL, avec injection de produit de contraste (en l'absence de contre-indication), de la
                 base du crâne aux clavicules étudiant le T et le N. L'examen scanner sera réalisé si possible à distance de
                 l'endoscopie et des extractions dentaires. La réalisation de manœuvres dynamiques est souhaitable dans ces
                 localisations.
                 un scanner thoracique
                 un bilan odontologique avec OPT et avis du chirurgien dentiste
                 une panendoscopie (VADS - œsophage)
                 un schéma précis, daté, avec mensurations si possible des lésions, est indispensable à la prise de décision
                 thérapeutique et au suivi ultérieur.
                 un TEP scanner recommandé en cas de stade tumoral et/ou ganglionnaire avancé ou en cas de tentative de
                 préservation laryngée.

   Options à discuter au cas par cas
              Fibroscopie bronchique en cas d’image thoracique suspecte.
              Gastrostomie discutée en prévision de suites thérapeutiques difficiles (exemples : chirurgie lourde, radiochimiothérapie
              concomitante...).
              IRM : si bilan insuffisant pour préciser l'extension locale, au cas par cas après concertation avec les radiologues.
              Exploration hépatique.
              Pose d’une voie veineuse centrale en cas de traitement chimiothérapique.
              Scintigraphie osseuse uniquement si points d'appel.
              Evaluation de la fonction respiratoire en cas de chirurgie partielle.

              Ce bilan permet de déterminer le stade TNM de la lésion et de proposer une prise en charge.

3. Informations minimales pour présenter un dossier en RCP
          Données socio-démographiques
          Etat général OMS
          Poids habituel et perte de poids
          Antécédents médico-chirurgicaux
          Examen clinique et ORL
          Panendoscopie avec cavoscopie
          Scanner cervico-thoracique
          TEP
          Compte-rendu anatomo-pathologique (biopsie ou cytoponction ou pièce opératoire)
          Compte-rendu opératoire (si malade déjà opéré).

4. Anatomo-pathologie
          Le diagnostic repose sur l'examen anatomo-pathologique après biopsie de la tumeur. Plusieurs critères histologiques sont
          indispensables à la prise de décision thérapeutique après chirurgie d'une tumeur laryngée ou hypopharyngée.

                        Carcinome épidermoïde de l'hypopharynx et du larynx
ONCOLOGIK                                                                                                                               Page 1 sur 12
                        Version publiée le 16/03/2021
Tumeur
         Différenciation
         Taille tumorale
         Emboles lymphatiques
         Infiltration péri-nerveuse
         Infiltration cartilagineuse, musculaire ou des structures adjacentes (base de langue, œsophage)
         Limites d'exérèse (saines, envahies,
T - Tumeur primitive
   Larynx
            Les localisations anatomiques distinguées sont :
                   larynx sus ou supraglottique (épiglotte suprahyoïdienne, replis aryépiglottiques, aryténoïdes, épiglotte
                   infrahyoïdienne, bandes ventriculaires, ventricules)
                   glotte (cordes vocales, commissures antérieure et postérieure).
                   Ces 2 localisations sont les plus fréquemment atteintes.
                   larynx sous-glottique (du bord inférieur corde vocale au premier anneau trachéal) : localisation tumorale rare
                   (moins de 5 % des cas), de pronostic plus péjoratif, pouvant justifier de principe un avis en RCP.

            Pour les 3 localisations :

                                                    Tumeur primitive non
                                              TX
                                                    évaluable
                                              T0    Tumeur non détectable
                                              Tis   Carcinome in situ
     Larynx sus-glottique
                         Tumeur limitée à une sous-localisation de l'étage sus-glottique avec mobilité
         T1
                         normale des cordes vocales
                         Tumeur envahissant plus d'une sous-localisation de l'étage sus-glottique ou
         T2              glottique ou extraglottique (ex : muqueuse de la base de langue, vallécule, paroi
                         interne du sinus piriforme) avec mobilité normale des cordes vocales
                         Tumeur limitée au larynx avec fixation glottique et/ou envahissant la ou les régions
         T3              suivantes : région rétro-cricoïdienne, loge pré-épiglottique, espace paralaryngé
                         et/ou avec lyse minima du cartilage thyroïde (corticale interne)
                         tumeur atteignant le cartilage thyroïde et/ou envahissant les tissus extralaryngés
                     T4a (trachée, tissus mous du cou y compris les muscles profonds ou extrinsèques de la
                         langue), les muscles sous-hyoïdiens, la glande thyroïde et l'œsophage
                         tumeur envahissant l'espace pré-vertébral, les structures médiastinales, ou
                     T4b
                         englobant l'artère carotide.
     Glotte
                            Tumeur pouvant atteindre la commissure antérieure ou postérieure, avec une
         T1
                            mobilité normale
                     T1a    limitée à une corde vocale
                     T1b    limitée aux 2 cordes vocales
                            Tumeur étendue à l'étage sus glottique et/ou au larynx sous glottique, et/ou avec
         T2
                            diminution de la mobilité de la corde vocale
                            Tumeur limitée au larynx avec fixation de la corde vocale et/ou envahissant
         T3                 l'espace para-glottique et/ou avec lyse minima du cartilage thyroïde (corticale
                            interne)
                            tumeur envahissant le cartilage thyroïde ou les tissus extralaryngés (tissus mous du
                     T4a    cou notamment la musculature profonde et extrinsèque de la langue), les muscles
                            sous-hyoïdiens, la glande thyroïde et l'œsophage
                            tumeur envahissant l'espace pré-vertébral, les structures médiastinales, ou
                     T4b
                            englobant l'artère carotide.
     Larynx sous-glottique
         T1              Tumeur limitée au larynx sous glottique
                         Tumeur étendue à une (aux) corde(s) vocale(s) avec une mobilité normale ou
         T2
                         diminuée
         T3              Tumeur limitée au larynx avec fixation d'une corde vocale
                         tumeur étendue au cartilage cricoïde ou thyroïde, et/ou les tissus extralaryngés
                     T4a (tissus mous du cou notamment la musculature profonde et extrinsèque de la
                         langue), les muscles sous-hyoïdiens, la glande thyroïde, et l'œsophage
                         tumeur envahissant l'espace pré-vertébral, les structures médiastinales, ou
                     T4b
                         englobant l'artère carotide.

                  Carcinome épidermoïde de l'hypopharynx et du larynx
ONCOLOGIK                                                                                                              Page 3 sur 12
                  Version publiée le 16/03/2021
Hypopharynx
            Il est divisé en 3 sites anatomiques :
                    jonction œsophagienne (rétro-cricoïde)
                    sinus piriforme
                    paroi pharyngée postérieure.

            Pour les 3 localisations :

      TX              Tumeur primitive non évaluable
      T0              Tumeur non détectable
      Tis             Carcinome in situ
                      Tumeur limitée à un des sites anatomiques, ≤ à 2 cm dans sa plus grande dimension,
      T1
                      sans fixation de l'hémilarynx
                      Tumeur atteignant plus d'un site anatomique, ou de plus grande dimension >2cm et
      T2
                      ≤ à 4 cm, sans fixation de l'hémilarynx
                      Tumeur >4 cm dans sa plus grande dimension ou fixation de l'hémilarynx et/ou avec
      T3
                      lyse minima du cartilage thyroïde (corticale interne)
                      tumeur envahissant une des structures suivantes : cartilage cricoïde et/ou thyroïde, os
                  T4a hyoïde, glande thyroïde, œsophage et tissu mou du compartiment central
                      (comprenant les muscles sous-hyoïdiens pré-laryngés et la graisse sous-cutanée)
                      tumeur envahissant les muscles pré-vertébraux, englobant l'artère carotide ou
                  T4b
                      envahissant les structures médiastinales.
 N - Ganglions
         La classification N est la même pour le larynx et l'hypopharynx

    N0            Pas de signe d'atteinte des ganglions lymphatiques régionaux
                  Métastase dans un seul ganglion lymphatique homolatéral ≤ 3 cm dans sa plus grande
    N1
                  dimension
                  Métastase unique dans un seul ganglion lymphatique régional homolatéral >3 cm et ≤
    N2            6 cm dans sa plus grande dimension, ou métastases ganglionnaires multiples toutes ≤ 6
                  cm
              N2a métastase dans un seul ganglion lymphatique >3 cm mais ≤ 6 cm
              N2b métastases homolatérales multiples toutes ≤ 6 cm
              N2c métastases bilatérales ou controlatérales ≤ 6 cm
    N3            Métastase dans un ganglion lymphatique >6 cm dans sa plus grande dimension

 M - Métastases à distance
         La classification M est la même pour le larynx et l'hypopharynx

                                         M0 Pas de métastase à distance
                                            Présence de métastase(s) à
                                         M1
                                            distance
 Groupement par stades
   Larynx
                                                                           TNM
                     Stade 0                          Tis                  N0        M0

                     Stade I                          T1                   N0        M0

                     Stade II                         T2                   N0        M0
                     Stade III                        T3                N0, N1       M0
                                                   T1, T2                 N1         M0
                     Stade IV A                   T4a, T4b              N0, N1       M0
                                                  T1, T2, T3              N2         M0
                     Stade IV B                      T4b                tous N       M0
                                                    tous T                N3         M0
                     Stade IV C                     tous T              tous N       M1

                  Carcinome épidermoïde de l'hypopharynx et du larynx
ONCOLOGIK                                                                                                Page 4 sur 12
                  Version publiée le 16/03/2021
Hypopharynx
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                  Stade 0                           Tis                  N0        M0

                  Stade I                           T1                   N0        M0

                  Stade II                          T2                   N0        M0
                  Stade III                         T3                    N0       M0
                                                T1, T2, T3                N1       M0
                  Stade IV A                    T1, T2, T3                N2       M0
                                                   T4a                N0, N1, N2   M0
                  Stade IV B                       T4b                  tous N     M0
                                                  tous T                  N3       M0
                  Stade IV C                      tous T                tous N     M1

6. Arbres de décision
     Quatre arbres de décision sont disponibles :
          T1-T2 N0 de la glotte
          T1-T2 N0-N3 sus-glottique et de l'hypopharynx
          T3-T4 N0-N3 du larynx et de l'hypopharynx
          Protocole de préservation laryngée

 T1-T2 N0 de la glotte

                Carcinome épidermoïde de l'hypopharynx et du larynx
ONCOLOGIK                                                                               Page 5 sur 12
                Version publiée le 16/03/2021
T1-T2 N0-N3 de l'étage sus-glottique et de l'hypopharynx

   T1-T2 N0 ou N1 de petite taille

               Carcinome épidermoïde de l'hypopharynx et du larynx
ONCOLOGIK                                                            Page 6 sur 12
               Version publiée le 16/03/2021
T3-T4 N0-N3 du larynx et de l'hypopharynx

 T3-T4 N0-N3 du larynx et de l'hypopharynx (préservation laryngée)

7. Moyens thérapeutiques
 Chirurgie
       Pour les 2 localisations et sauf cas particulier, la chirurgie conservatrice n’est indiquée :
             qu’en l’absence d’atteinte cartilagineuse
             qu’en l’absence de trouble de la mobilité laryngée
             quand les suites fonctionnelles (respiration, déglutition) postopératoires semblent acceptables.

                Carcinome épidermoïde de l'hypopharynx et du larynx
ONCOLOGIK                                                                                                       Page 7 sur 12
                Version publiée le 16/03/2021
Tumeur laryngée
     Chirurgie sur T
               Chirurgie conservatrice :
                     éxérèse par voie endoscopique (laser C02) pour les petites tumeurs bien exposables avec mobilité
                     conservée
                     chirurgie partielle transcartilagineuse (exemple : cordectomie, frontolatérale, Tücker...) ou subtotale
                     reconstructive (exemple : crico-hyoïdo-épiglotto-pexie ou CHEP, crico-hyoïdo-pexie ou CHP)

               Chirurgie radicale :
                     laryngectomie "presque totale" (Pearson)
                     laryngectomie totale plus ou moins étendue selon l'extension tumorale aux structures anatomiques
                     adjacentes avec possibilité de mise en place d'un implant phonatoire immédiatement ou dans un deuxième
                     temps.

   Tumeur hypopharyngée
     Chirurgie sur T
               Chirurgie conservatrice :
                     éxérèse par voie endoscopique (laser C0 2) pour les petites tumeurs bien exposables avec mobilité
                     conservée
                     chirurgie partielle par voie externe (exemple : Alonso, Paul André).

               Chirurgie radicale :
                     pharyngo-laryngectomie "presque totale" (Pearson)
                     pharyngo-laryngectomie totale avec ou sans hémithyroïdectomie homolatérale à la tumeur
                     pharyngo-laryngectomie totale circulaire avec ou sans thyroïdectomie totale et reconstruction pharyngée
                     par lambeau libre ou musculo-cutané.

   Chirurgie sur N
            Evidement radical ou évidement conservateur possible selon le statut N initial.
            Si évidement conservateur, nécessité de traiter les groupes II, III, IV, et VI en cas d’extension sous glottique.
            La chirurgie sur N est habituellement associée à la chirurgie sur T à l'exception :
                   des T1N0 de la glotte (chirurgie T isolée)
                   dans les N2N3, l'option de chirurgie isolée sur N associée à la radiothérapie + chimiothérapie sur T et N (selon
                   facteurs histopronostiques et en l’absence de CI à la chimiothérapie) après avis RCP.
            Nécessité d'un évidement ganglionnaire bilatéral si tumeur touchant la paroi pharyngée postérieure, le vestibule
            laryngé, la région rétrocricoïdienne.

     Référence
     Voir NCCN Guidelines Version 2[5]

   Chirurgie de rattrapage
            La réalisation d’un bilan précis d’opérabilité, endoscopique et radiologique (scanner et souvent TEP scanner) est
            préconisée avant la prise de décision de rattrapage chirurgical.

            Les risques accrus de complications (difficultés de cicatrisation, risques hémorragiques) postopératoires justifient
            certaines recommandations :
                   sur T : couverture par lambeau à discuter
                   sur N :
                          pas d’indication de geste ganglionnaire de principe chez un patient N0 en l’absence de N radiologique
                          pas de supériorité du curage par rapport à l’adénectomie, le geste ganglionnaire devant être dicté par
                          l’imagerie (nombre et localisation des adénopathies).

     Références

            Voir NCCN Guidelines Version 2 [5]

            Givi B, Linkov G, Ganly I, Patel SG, et al .
            Selective neck dissection in node-positive squamous cell carcinoma of the head and neck.
            Otolaryngol Head Neck Surg. 2012;147:707-15

8. Radiothérapie
                   Carcinome épidermoïde de l'hypopharynx et du larynx
ONCOLOGIK                                                                                                                Page 8 sur 12
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La radiothérapie externe peut être associée aux autres modalités thérapeutiques :
           après chirurgie
           concomitamment à une chimiothérapie :
                  en traitement des tumeurs localement avancées inopérables (l'anticorps monoclonal cétuximab peut
                  également être proposé dans cette situation en cas de contre-indication à la chimiothérapie)
                  après chirurgie dans certaines situations (voir chapitre chimiothérapie).

     La radiothérapie externe peut également être délivrée de façon exclusive :
           pour des tumeurs T1 T2 N0
           pour des tumeurs de stade III-IV en cas de contre-indication à une chirurgie, à une chimiothérapie et à l'anticorps
           monoclonal cétuximab
           en traitement palliatif à visée symptomatique (SPLIT-COURSE, hypofractionnement).

     En dehors des irradiations exclusives limitées au larynx (T1T2N0 du plan glottique), la radiothérapie conformationnelle avec
     modulation d’intensité (RCMI) est recommandée car elle permet une couverture optimale des volumes cibles et une
     réduction de la dose délivrée aux tissus sains. Le bénéfice clinique de la RCMI est démontré pour les patients traités pour
     un cancer ORL en termes de réduction de la toxicité ([6], [7], [8]). Elle utilise des rayonnements X de 4 à 6 MV.

     La radiothérapie externe pourra être réalisée en mode séquentiel selon un fractionnement et un étalement standard.
     Néanmoins, pour les tumeurs localement avancées, si la chimiothérapie et le cétuximab sont contre-indiqués, discuter une
     radiothérapie externe hyperfractionnée et/ou modérément accélérée ([9], [10]).

     En technique RCMI, si un complément de dose est prescrit après l’irradiation prophylactique (45-50 Gy), la technique du
     boost intégré (SIB, Simultaneous Integrated Boost) peut être proposée [11].

     Le délai entre la chirurgie et la radiothérapie doit être ≤ 6 semaines sauf complications incompatibles avec l’initiation de la
     radiothérapie [12]. Compte-tenu du temps de mise en œuvre des traitements de radiothérapie adjuvante, la coordination
     des équipes doit être optimisée pour favoriser le respect de ces délais.

     Un orostome, une désunion peu importante, ne doivent pas faire retarder le début de la radiothérapie en dehors
     d'exceptions argumentées.

     La RCMI en mode séquentiel selon un fractionnement et un étalement standard délivre les doses suivantes :
          tumeur en place
                RTE exclusive :
                       T et N palpable : 70 Gy / 35 fr / 7 semaines
                       N0 : 45 à 50 Gy / 25 fr / 5 semaines
          postopératoire
                lit opératoire et N0/N-/N+ R- :
                       45 à 50 Gy / 25 fr / 5 semaines
                       compléments de dose nécessaires en cas de :
                              a) N+ R+ : 16 Gy / 8 fr / 1,5 semaines
                              Résidu macroscopique ou zone à haut risque : 20 Gy / 10 fr / 2 semaines
                              b) lit opératoire à risque: 16 Gy / 8 fr / 1,5 semaines.

     Si la RCMI est délivrée en mode SIB, il est recommandé d’utiliser des schémas de prescription de dose proposés dans la
     littérature [11].

     L'étalement joue un rôle essentiel et doit être respecté [13]. L'apparition d'une mucite ou d’une dysphagie ne doit pas
     interrompre le traitement sauf exception argumentée et impose une prise en charge nutritionnelle et symptomatique. Il en
     est de même pour les dermites, qui justifient une prise en charge cutanée étroite.

     Facteurs pronostiques défavorables
           un intervalle >6 semaines entre la chirurgie et la radiothérapie
           l'interruption et l'allongement de la radiothérapie.

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9. Chimiothérapie
     Les tentatives de préservation laryngée peuvent être proposées pour les tumeurs du larynx et de l’hypopharynx classées
     T3 , T4 et les tumeurs T2 non accessibles à une chirurgie partielle. Elles sont possibles :
            si le patient accepte, avant le début de la tentative de préservation, la possibilité d’effectuer une chirurgie mutilante
            (LT ou PLT) en cas d’effets toxiques graves après chimiothérapie ou de non réponse ou réponse insuffisante après
            chimiothérapie
            s’il n’existe pas de lyse cartilagineuse manifeste
            s’il n’existe pas d’extension sous glottique importante
            s'il n'existe pas d'atteinte rétrocricoïdienne.

     Les protocoles de préservation laryngée (voir arbre) utilisent, en l'absence de contre-indications à ce type de traitement,
     l'association CDDP-5FU-docétaxel :
            CDDP 75 mg/m 2/j à J1
            + 5 FU 750 mg/m2/j de J1 à J5
            + docétaxel 75 mg/m2/j à J1.

     L’utilisation de facteurs de croissance (G-CSF) est recommandée.

     En dehors des protocoles de préservation laryngée, les seules indications de la chimiothérapie sont :
          concomitante à la radiothérapie :
                 dans les tumeurs localement avancées pour lesquelles la chirurgie n'est pas retenue. Elle utilisera de
                 préférence un protocole à base de cispaltine.
          en postopératoire (RCP) :
                 en cas de N+ R+ (facteurs histopronostiques défavorables) [3]; la décision doit être prise en tenant compte
                 de l'état général du patient, du risque de complications et des contre-indications au cisplatine
                 en cas de marge + : à discuter en RCP
                 le seul schéma validé utilise du cisplatine à la dose de 100 mg/m² à J1 – J22 – J43 de la radiothérapie.
          palliative (maladie métastatique, récidive ou seconde localisation en territoire irradié inaccessible à un traitement
          locorégional). Elle utilise un protocole à base de cisplatine (CDDP-5FU-cétuximab en première ligne ou carboplatine-
          paclitaxel…).

     Le cétuximab, anticorps monoclonal antirécepteur du facteur de croissance épidermique (EGFR), est préconisé en
     association à la radiothérapie dans les tumeurs localement avancées pour lesquelles la chirurgie n'est pas retenue et en cas
     de contre-indication à la chimiothérapie [14].

10. Traitement de rattrapage
     La prise en charge d’une récidive qu’elle soit locale, locorégionale ou métastatique doit faire l’objet d’une discussion et
     d’un avis en RCP :
            en cas de récidive locale ou locorégionale, une chirurgie de rattrapage doit être privilégiée si elle est possible
            techniquement et acceptable fonctionnellement. Après la chirurgie ou de manière exclusive (en cas de contre-
            indications à la chirurgie), une ré-irradiation avec chimiothérapie peut être proposée [15]
            en cas de récidive non opérable ou de métastases, la chimiothérapie de référence en première ligne est
            l’association : sels de platine + 5-FU + cétuximab [16].

11. Soins dentaires
     Avant tout traitement, une remise en état dentaire est indispensable avec détartrage, soins et extractions de toutes les
     dents délabrées et mobiles (Cf. également référentiel sur les soins dentaires).

     En cas de radiothérapie externe, on ne conserve dans les champs que les dents parfaitement saines. Le patient devra
     s'astreindre à une fluoroprophylaxie quotidienne et non limitée dans le temps.

12. Surveillance
     La surveillance n'a pas de spécificité par rapport aux autres carcinomes épidermoïdes de la sphère ORL en dehors des
     tentatives de préservation laryngée.

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Surveillance classique
          La surveillance est idéalement alternée conjointement par les chirurgiens ORL, oncologues médicaux et
          radiothérapeutes qui ont participé au bilan et au traitement de la maladie. Elle fait intervenir de nombreux soignants
          dans la rééducation et la prise en charge globale de ces patients.

          La surveillance ne se contente pas de rechercher une récidive, mais évalue le contrôle de la maladie, les séquelles
          douloureuses et fonctionnelles du traitement et leur prise en charge, les conséquences psychologiques et leur
          répercussion sur la qualité de vie, la survenue de métastases et de deuxièmes localisations.

          Les objectifs de la surveillance consistent :
                en la prise en charge des effets secondaires et des séquelles
                en un soutien psychologique
                à une aide au sevrage alcoolo-tabagique
                à la vérification de l’hygiène dentaire et de la compliance à la fluoroprophylaxie
                au dépistage des deuxièmes localisations ORL et au dépistage des récidives locorégionales
                à la recherche d’une autre localisation tumorale partageant les facteurs de risque alcoolo-tabagiques
                (essentiellement œsophage et poumon)
                à assurer un suivi nutritionnel (perte de poids, dénutrition, gastrostomie, SNG) en coordination avec une
                diététicienne.
                à une prise en charge de la douleur en coordination avec UTD.

          "Calendrier" de surveillance :

   Examens                Rythme de surveillance
                           Tous les 3 mois pendant 2 ans
    Examen clinique et
                           puis tous les 6 mois pendant 3 ans
    nasofibroscopique
                           puis 1 fois par an jusqu'à 10 ans
                           Régulière :
    Surveillance dentaire
                           consultation bi-annuelle chez un dentiste pour un patient denté
    Scanner cervico-
                           A 3 mois de la fin des traitements (référence pour le suivi ultérieur)
    faciale
    Surveillance
    ganglionnaire          par échographie si l'examen clinique n'est pas aisé (gros cou, cou court)
    cervicale
    Dosage de TSH          1 fois par an si la thyroïde est dans les champs d'irradiation
                           A discuter si doute clinique ou scanographique en cas de récidive tumorale
    TEP scanner
                           suspectée ou dans la surveillance après préservation laryngée.
 Surveillance spécifique
          Surveillance stricte par examen ORL et contrôle nasofibroscopique tous les 3 mois pendant les 2 premières années +
          scanner cervical et laryngoscopie directe une fois par an pendant 2 ans + surveillance classique.

 Surveillance et réhabilitation des séquelles après laryngectomie totale
          Rééducation orthophonique pour apprentissage de la voix oro-œsophagienne et rééducation de la déglutition
          et/ou voix trachéo-œsophagienne par implant phonatoire changé régulièrement
          et/ou larynx artificiel
          discuter la pose et l'intérêt d'un Echangeur Chaleur Humidité sur le trachéostome.

13. Essais cliniques
       Accès au listing des essais cliniques en Lorraine (Mai 2014)
       Essais cliniques en ligne sur le site de l'INCa

14. Références bibliographiques
    1. ↑ Référentiel SFORL 2012.
       Bilan préthérapeutique des carcinomes des VADS.
       http://www.orlfrance.org

    2. ↑ Robbins KT, Clayman G, Levine PA, Medina J et al.
       Neck dissection classification update : revisions proposed by the American Head and Neck Society and the American Academy of
       Otolaryngology-Head and Neck Surgery.
       Arch Otolaryngol Head Neck Surg, 2002. 128 : p. 751-758.

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                     Carcinome épidermoïde de l'hypopharynx et du larynx
ONCOLOGIK                                                                                                                             Page 11 sur 12
                     Version publiée le 16/03/2021
3. ↑ 3,0 et 3,1 Bernier J, Cooper JS, Pajak TF, van Glabbeke M,et al.
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       Head Neck 2005;27: 843-850

    4. ↑ Green FL, Compton CC, Fritz AG, Shah JP, Winchester DP
       AJCC Cancer staging. Atlas. Chicago : Springer Science Business Media 2006, révisée en 2010.

    5. ↑ 5,0 et 5,1 NCCN Guidelines Version 2 (2013) : http://www.nccn.org

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       Parotid-sparing intensity modulated versus conventional radiotherapy in head and neck cancer (PARSPORT) : a phase 3 multicentre randomised
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    8. ↑ Toledano I, Graff P, Serre A, Boisselier P,et al.
       Intensity-modulated radiotherapy in head and neck cancer : results of the prospective study GORTEC 2004-03.
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    9. ↑ Bourhis J, Overgaard J, Audry H, Ang KK, et al.
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   10. ↑ Baujat B, Bourhis J, Blanchard P, Overgaard J, et al.
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       Lancet Oncol. 2010;11:21-8

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