Immunité et cancer DFGSM3 - 2012 2013 Pr Michel Abbal Pr Henri Roche

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Immunité et cancer DFGSM3 - 2012 2013 Pr Michel Abbal Pr Henri Roche
Immunité et cancer

      DFGSM3
     2012 2013

     Pr Michel Abbal
      Pr Henri Roche
Immunité et cancer DFGSM3 - 2012 2013 Pr Michel Abbal Pr Henri Roche
historique
• Fin du XVIIIème siècle
  – Célèbre approche thérapeutique de William Coley
    (1862-1936) qui en 1891 fait une première tentative de
    TTT d’un sarcome par streptococcus pyogenes

  – puis il perfectionne cette approche grâce à 12 autres
    souches vaccinales ou leurs toxines : bcp de décès par
    infections mais des guérisons (ou régressions) de la
    tumeur

  – Encore au XXI siècle TTT K superficiel de la vessie par
    instillation de BCG

• Notion d’Immuno-surveillance Ehrlich (1909), Burnet
  (1957), Thomas (1982)
• La réponse immune est efficace mais a ses limites
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La cancérogénèse
• Nombreux mécanismes
• Dans cet exposé nous nous intéresserons
  uniquement à ceux qui rendent le système
  immunitaire inefficace
  – Insensibilité de la tumeur à des signaux de mort
    délivrés par les lymphocytes
  – Echappement de la tumeur à la réponse immune par
     • Non expression d’un caractère anormal de la tumeur pour
       échapper au SI (système Immunitaire). (C’est une stratégie
      comparable à celle des virus).
     • Inhibition par la tumeur des lymphocytes susceptibles de la
       détruire. (en corollaire activation des Treg).
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Caractéristiques des cellules cancéreuses
             (Hanahan, Cell, 2011)
• Anciennes
     prolifération
     résistance à l’apoptose
     induction d’angiogénèse
     immortalité
     capacité d’invasion
     pouvoir métastatique
• Nouvelles
     résiste à la destruction par le système immun.
     induit une inflammation chronique stimulant la prolifération
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L’Immunité joue un rôle dans le cancer

• La GVH dans la greffe allogénique permet l’éradication
  des cellules tumorales résiduelles (voir cours greffes)
• Les Tumeurs Infiltrées par des lymphocytes (TIL) sont en
  général de meilleur pronostic
• l’IL2 est efficace dans le TTT des K du rein et le mélanome
  (mais nombreux effets secondaires)
• Efficacité de certains TTT d’immunostimulation avec des
  antigènes tumoraux

• Cas particulier de protection anti cancéreuse par les
  vaccins anti HBV et anti PPV
   (mais on est amont du processus cancérigène)
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L’Immunité joue un rôle dans le cancer
• Certains déficits immunitaires favorisent l’émergence de
  cancers (surtout les cancers viro-induits)
   – Modèles animaux
   – Déficits humains
      •   Congénitaux (réponse cellulaire et NK)
      •   Acquis : SIDA,
      •   les TTT immunosuppresseurs dans les greffes d’organes X 7.1 le risque !
      •   Chediak –Higashi et défaut d’activité des NK

• La réponse immune anti cancer existe :
   – Vaccination préventive (chez l’animal, puis chez l’homme dans
     cas particulier (K col et papillomavirus)
   – "Vaccination thérapeutique" = immunothérapie en complément
     aux TTT classiques.
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Principe de la vaccination pour démontrer
l’intérêt de la réponse immune anti tumorale
                                                                    Tumeur
                                       Cellules Tumorales
                                       vivantes

    Cellules Tumorales
    tuées

                         Lymphocytes
                         T

 Il s’agit de modèles experimentaux sans application actuelle en médecine )
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L’immunosurveillance
Le concept d’immunosurveillance immunitaire ou la règle des 3 E :
Elimination continue des cellules tumorales au fur et à
   mesure de leur apparition

Equilibre : les cellules tumorales sont présentes mais sous
  contrôle sans être physiquement éliminées.
Exp de tumeur chimioinduites chez la souris par un cancérigène à forte dose. A faible
   dose pas de tumeur, mais si on déplète la souris en T CD8 => la tumeur apparait.
    Chez l’homme des cellules cancéreuses circulent des mois et des années après un
        TTT efficace sans la moindre récidive clinique

Echappement : le système immunitaire n’élimine ni ne
  contrôle plus la prolifération : la tumeur gagne
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Mécanismes d’échappement de la tumeur
          au système immunitaire (1)
• La tumeur :
  – résiste à l’apoptose induite par les lymphocytes T CD8

  – inhibe la production de cytokines anti tumorales

  – produit des cytokines inhibitrices de l’immunité TGFb et IL-
    10 et IDO actives sur les CPA et les T CD8

  – exprime FasL qui entraine la mort des lymphocytes
  – Induit des Treg

  – Diminue l’expression de MICA nécessaire pour activer les
    NK
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Mécanismes d’échappement de la tumeur
          au système immunitaire (2)
      La tumeur échappe à la "vue" par le Système
                   Immunitaire en :

• N’exprimant pas sélectivement ses antigènes tumoraux
   (les autres antigènes normaux sont correctement présentés)

• Diminuant l‘expression de tous les peptides
  normaux ou anormaux (comme le font de nombreux virus pour échapper au SI)
       Selon 2 mécanismes
          Diminution de l’expression membranaire de HLA classe I
          Diminution de la production de peptides présentables par HLA
               (rôle du proteasome, de TAP, ..).
       Dégradation du TCR.
En résumé
Régression spontanée de tumeur
Quelle est la part du système immunitaire ?

        Escudier, Ann Oncol., vol 23, suppl8, 2012
Ne pas confondre
• Antigène associé aux tumeurs AAT (TAA en anglais)
    Molécules (protéines) produites par la tumeur +ou –
     spécifiques de celle-ci.
    Cibles potentielles d’une réponse immune spontanée ou
     d’un TTT
                           et
Marqueurs tumoraux (souvent dits antigènes….)
   Molécules (protéines) produites par la tumeur et
   des tissus sains
   Dosables dans le sang mais rarement utiles au
   diagnostic (sauf hcg) mais utiles pour la surveillance
   du TTT.
   Tissulaires intérêt diagnostique (anapath)
Marqueurs tumoraux
• Il y en a plus d’une centaine connus.
• Des exemples
    – ACE
    – AFP
    – CA 15.3 (sein) suivi K TT
    – CA 19.9 (sein & ovaire)
    – CA125 endomètre & ovaire
    – bHCG (mole, seminomes testicule)
    – TSH (thyroïde)
    – Phosphatases alcalines
    – PSA (prostate)
Antigènes des tumeurs (TAA)
Cas particulier d’un Ag viral
   exprimé par la cellule que le virus a transformé :
   ex : Ag E6 ou E7 du HPV (K du col)

•Molécule normale devenue anormale
     (dès lors reconnue comme étrangère par le SI).
 •   Mutation créant des néo-épitopes ex : p53
 •   Modifications post traductionnelle
 •          (altérations de la glycosylatio) ex : MUC1
 •   Expression hors d’un site privilégié ex : NY-ESO-1

•Mais aussi surexpression d’une molécule normale
Les 3 grands types de TAA

      Les peptides d’intérêt
     O. Finn, N. Eng. J. Med., 2008
Cas particulier des marqueurs clonotypiques

• Notion d’idiotype :
   – lors des proliférations clonales des B (leucémies
     lymphomes) et plasmocytes (myélome) l’idiotype
     est le site anticorps de L’Ig clonale

   – lors des proliférations clonales de lymphocytes T
     même particularité idiotypique au niveau du TCR
     du clone malin.
Mais pour être reconnu par le SI, il faut être "présentable"

       Antigène    cancer                   epitope     Présenté par HLA
       MAGE-A1     K du sein, prostate,     EADPTGHSY           A1
                   Œsophage, et testicule
                   normal
       MART-1      mélanome                 AAGIGILTV           A2

   Ces deux exemples illustrent s’il en était besoin, la limitation à
     l’utilisation de tels peptides en vaccinologie.

   Seuls certains HLA peuvent présenter et permettre l’initiation d’une
     réponse.
      les patients HLA A1 sont vaccinables avec MAGE-A1
      les patients HLA A2 sont vaccinables avec MART-1.

   La cause :
   la fameuse restriction au CMH (voir cours DFGSM-2)
   Il faut que la CPA, les lymphocytes T CD4, CD8 et la cible cellulaire
        soient du même groupe HLA.
L’immunosurveillance repose sur :
• Les NK (cellule tueuse)

• Les T CD8 (cellule cytotoxique)
• Les IKDC (Ifn producing Killer Dendritic Cells)

• Les B (ADCC via leur production d’anticorps)

• Les médiateurs (très nombreux) produits par les T
   –   MAF activateur des macrophages
   –   IFNg activation des NK
   –   IL-2 activation des T et NK
   –   TNF (ciblent la tumeur et les vaisseaux environnants)
   –   Et …… bcp d’autres
Le rôle des Tils
                                      TILS :
                                      Lymphocytes Infiltrant la Tumeur

                        CD8

Tissu sain    Tumeur   Cellule tuée

             CD
                                         CD8

                                 CD4

                              ganglion
Pronostic en fonction de l’infiltrat
        cellulaire peri et intra tumoral (1)
• Présence de CPA :
  – Bénéfique si ce sont des CD matures

               O. Finn, N. Eng. J. Med., 2008
Pronostic en fonction de l’infiltrat
        cellulaire peri et intra tumoral (2)

• Présence de TILs (Tumor Infiltrating Lymphocytes)

  – Bénéfique, si :
     • CD8 (parce que cytotoxiques)

  – Néfaste, si :
     • Th17 (parce que proinflammatoires)
     • Treg (parce qu’immunosuppresseurs)
Les Tils : T CD8 et NK

                                         NK
                      CD8
                                                      NK
             CD8

    Si la tumeur exprime HLA I      Si la tumeur n’exprime pas HLA I
    Les CD8 sont opérationnels            pour échapper au CD8
                                    Les NK deviennent opérationnels

En résumé la tumeur doit exprimer un niveau faible de molécules HLA
           de classe I pour échapper aux T CD8 et aux NK
Les Tils : les Treg inhibent les
           CD8 et NK
       CD8

                    CD8
   NK

        CD8

             Treg
  NK
Pronostic en fonction du rapport
                       Th1/Th17 infiltrant la tumeur :
                                      bcp de Th1/ peu de Th17
Survie sans maladie

                                                    peu de Th1/ peu de Th17
                                                    bcp de Th1/ bcp de Th17
                                                    peu de Th1/ bcp de Th17

                              Cancer res 71(4) Feb 15, 2011
Un exemple de l’influence du rapport CD8/Treg
     des cellules infiltrant la tumeur (cancer du sein)
         Survie sans rechute                             Survie

                               CD8/Treg
                                 haut
                                CD8/Treg
                                  bas

                           J Pathol 2011; 224: 389–400

Dans d’autres cancers et avec des TTT différents les choses ne sont
pas aussi tranchées.

On n’en est pas encore à des TTT validés ciblant la destruction plus
sélective des Treg
L’immunité innée joue elle aussi un rôle.

 La mutation de TLR4 en position 299 diminue la capacité de présentation de cellules
tumorales tuées par chimio et irradiation dans le cancer du sein et en conséquence la
                         réponse du système immunitaire
                                                                  Apetoh, Nat Med, 2007
Et la réponse humorale !
Les anticorps anti TAA existent même chez le sujet sain :
  1% des individus

Ils ciblent des TAA localisés :
   Dans le cytoplasme : 40% (donc inaccessibles)
   Dans le noyau : 25% (donc inaccessibles)
   A la membrane cellulaire : 20% (donc accessibles)
   Extra cellulaires (solubles) : 10% (donc inefficaces)

Sont ils capables de tuer les cellules ?
   Avec l’aide du complément : probablement non !
   En permettant l’ADCC des NK : probablement oui !
L’autoimmunité :
           Une réponse spontanée inadaptée
• Syndrome para-neoplasique autoimmun révélateur d’un
  K ; par exemple : anti onco-neuronaux et K du poumon à
  petites cellules. La maladie autoimmune (svt grave)
  perdure même après éradication complète de la tumeur.

       Un effet secondaire inattendu du TTT
                      immunostimulant
• Le TTT immunostimulant du mélanome peut entrainer
  l’apparition d’un vitiligo

• Le TTT immunostimulant par IL-2 peut induire une
  thyroïdite
Role of tumor high endothelial venules (HEV) in breast cancer (
Martinet et al. Cancer Research 2011, Moussion and Girard, Nature 2011; Funding:
Fondation RTIC, Programme ARC)
                                                                                            Tumor cells
                                  No lymphocyte infiltration      Cytotoxic                 destruction
HEV blood vessels are major                                     lymphocyte
gateways for tumor-infiltrating                                  infiltration
lymphocytes

                                  Tumor                Tumor      HEV
                                  stroma                cells    blood
                                                                vessels

 DAPIT                                                                          HEVhigh Tumor
 lymphocyteHEV                        HEVlowTumor

  Tumor HEVs and benefits of chemotherapy and Trastuzumab ? Mechanisms
  regulating development of tumorHEVs ?
Immunothérapie
                                Passive
• Cytokines adjuvantes IL2, IFNg
• Anticorps monoclonaux ciblant directement la tumeur
   – ex anti CD20 dans les lymphomes
• Anticorps ou autre thérapeutique ciblant les Treg ????

                                 Active
• Vaccination directe avec la tumeur (tuée) trop risqué
• CPA (CD) du patient "chargées en peptides" ex vivo et réinjectées au
  patient pour stimuler els bons lymphocytes T (CD8). C’est un TTT
  personnalisé parce que :
        a chaque patient ses antigènes tumoraux avec leurs particularités
          propres
        a chaque patient ses cellules CPA (ou éventuellement T produits
          ex vivo) pour respecter la restriction au CMH
L’immunotherapie a plusieurs
               objectifs
• Activer lesbonnes CPA (CD surtout)

• Sélectionner et activer de nouvelles cellules T (donc des
  naïves)

• Réorienter la réponse de cellules mémoires anergiques
  ou même régulatrices (suppressives) pour en faire des
  cytotoxiques.

• Le rôle essentiel est dévolu au cellules dendritiques qui
  doivent initier une réponse efficace (plutôt Th1 et pas
  Treg)
L’immunothérapie active est un
       adjuvant des TTT classiques
• Peu de résultats très significatifs mais des signaux
  d’induction de rejet de la tumeur
• Exemple : Sipuleucel T (cellules dendritiques autologues
  chargées avec une protéine recombinante PAP/GM-CSF) et cancer de
  la prostate
  pas de régression tumorale franche , mais
  allongement de la survie

• Perspectives nouvelles : Combinaison vaccin et
  chimiothérapie immuno suppressive anti Treg
Les cellules dendritiques
• Elle sont produites à partir de précurseurs sanguins
  du patient lui même
• Elles sont cultivées en présence de divers facteurs
  pour acquérir les bonne propriétés
  –   GM-CSF, IFN-a, IL-4, ou IL-15
  –   Si leur phénotype est immature elles entrainent la
      production de Treg et favorisent la croissance de la
      tumeur !
• Elles sont chargées en peptides vaccinaux
• Puis injectées au patient
Un schéma d’immunothérapie anti
          cancéreuse

                                 Monocytes
                                 + GmCSF
 Cellules dendritiques           + cytokines

                     antigènes
                     tumoraux                  Biopsie
                                    Cellules
                                               tumeur
                                   tumorales

  Cellules dendritiques
  Chargées d’antigènes
Maio, Ann Oncol, vol 23, suppl8, 2012
Immunostimulation non spécifique

 Wolchok, Ann Oncol., vol 23, suppl8, 2012
Anticorps thérapeutiques

• Contre la tumeur ou son environnement
  – TAA,
  – récepteur,
  – vaisseaux, ..
  – Les Tregs
  – L’activation des T
     • (Ac dits immunostimulants en fait ils sont inhibiteurs de
       la désactivation physiologique)
Déjà en 2008 en cancérologie
(a titre d’illustration en prévision du cours a venirsur l’immunothérapie en général)

                          O. Finn, N. Eng. J. Med., 2008
Un exemple : le mélanome
• Ag Associés aux Tumeurs décelés très tôt
• Régression spontanée possible
• Dépigmentation auto immune ( vitiligo) signe
  d’une réponse immune

• Traitements par IL2, TIL, LAK, ..
• Critères connus de prédiction de réponse:
  séquences hypo méthylées
Les anticorps anti TAA
       ont’ils un intérêt pronostic ?

A défaut d’intérêt thérapeutique on constate que :

 A systematic review of humoral immune responses against tumor antigens
                Cancer Immunol Immunother (2009) 58:1535–1544

                  En pratique ce n’est utilisé
Immunoprévention
• Rôle protecteur de certaines maladies
  infectieuses de l’enfance et risque de
  développer un cancer

• Vaccins anti viraux dans la prévention des
  cancers viroinduits
Vaccin préventif

• Cas particulier des tumeurs viro-induites

• La réponse immune peut agir très en amont en
  éradiquant les cellules infectées avant qu’elles
  ne deviennent anormales (malignes)
Vous pouvez aussi lire