Caritas.mag - Une bonne alimentation, un atout pour la vie Bouger avec les Epiceries Caritas - Caritas Neuchâtel

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Caritas.mag - Une bonne alimentation, un atout pour la vie Bouger avec les Epiceries Caritas - Caritas Neuchâtel
N° 11 / AVRIL 2015

Caritas.mag

   Une bonne alimentation,
   un atout pour la vie
   Bouger avec les Epiceries Caritas

   Espace des Montagnes: manger sain et bon marché

Nous sommes solidaires                               Neuchâtel
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Sommaire

                                                               Editorial

                                                               Hubert Péquignot, directeur de Caritas Neuchâtel

                                                               Une bonne alimentation, un atout pour la vie

                                                               L’alimentation, miroir des inégalités sociales 4
                                                               Analyse et reportage autour de l’Epicerie mobile de
                                                               Caritas Vaud.

    4                                                          Autres organismes de distribution
                                                               de nourriture 8
L’alimentation, miroir des inégalités sociales.
Alors que, en Suisse, règne l’abondance, certains peinent
à se nourrir correctement.                                     François Hainard, sociologue, souligne
                                                               l’importance sociale de l’alimentation 8

                                                               Table couvre-toi 9
                                                               Reportage à Bulle et à Fribourg.

    .12                                                        Se nourrir à bon marché grâce aux
                                                               Epiceries Caritas 10
                                                               Commentaire de Rolph Maurer, directeur
                                                               de la Coopérative des Epiceries Caritas.

                                                               Annick Jeanmairet, une gourmande avisée 11
                                                               Ses conseils pour manger bon et pas cher.

Projet « Sain et pas cher dans mon assiette »
En remportant le concours « Santé et lien social » organisé
par la Fondation Prévention et santé, l’Espace des Montagnes   Caritas Neuchâtel                                                 .
peut développer un programme stimulant l’intérêt de tous
pour une alimentation saine et bon marché.                     Projet « Sain et pas cher dans mon assiette »
                                                               En remportant le concours « Santé et lien social »,
                                                               l’Espace des Montagnes peut développer un pro-
                                                               gramme stimulant l’intérêt de tous pour une ali-
                                                               mentation saine et bon marché. 12–14

                                                               Repas chauds et équilibrés pour 5 fr.,
                                                               aussi à Neuchâtel ! 15

                                                               Le Pantin – trois ans déjà ! 16-17
                                                               Alors que Le Pantin entame sa troisième année de
                                                               vie, le bilan de ce restaurant pas comme les autres
                                                               est plus que positif.

    .16                                                        La CarteCulture, c’est parti 18

                                                               Appels à votre soutien 19
Le Pantin – trois ans déjà ! La vocation première              Caritas Neuchâtel compte sur votre générosité
du Pantin est de permettre aux personnes isolées de            pour donner un coup de pouce à des personnes
recréer des liens sociaux autour d’un repas équilibré.         ou à des familles en difficulté.

2   Caritas.mag   11/15                                                Photo de la couverture, Fabien Perret-Gentil © Sedrik Nemeth
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Editorial

Alimentation et précarité
                                                Déclaration universelle des droits de l’homme          A travers ses études, Caritas démontre
                                                – article 25: «Toute personne a droit à un ni-    que plus on est pauvre et plus on économise
                                                veau de vie suffisant pour assurer sa santé,      sur le budget dévolu à l’alimentation, avec
                                                son bien-être et ceux de sa famille, notam-       pour conséquence, des effets préjudiciables
                                                ment pour l’alimentation, l’habillement, le       sur la santé, la concentration des enfants en
                                                logement, les soins médicaux ainsi que pour       classe, la résistance au travail, sans parler de
                                                les services sociaux nécessaires(…).»             l’atteinte à la dignité des personnes devant
                                                     Qui l’aurait cru? Dans notre îlot de pros-   faire la queue pour obtenir l’indispensable
                                                périté vivent aujourd’hui des femmes, des         cornet permettant, au propre et non au fi-
                                                hommes et même des enfants pour qui la            guré, de faire «bouillir la marmite»!
                                                nourriture fait souvent défaut ! Dans nos              Au-delà de la dénonciation, Caritas
                                                villes, les soupes populaires, les distribu-      s’engage concrètement pour soulager ces
                                                tions de cornets alimentaires ou autres car-      familles. Le réseau des Epiceries Caritas
                                                tons de victuailles remis discrètement à do-      – 25 en Suisse – propose des fruits et des lé-
                                                micile se multiplient. Souvent gérée par des      gumes ainsi que des produits de première
                                                bénévoles, une économie de la «récupéra-          nécessité 30% à 50% moins chers que les prix
Hubert Péquignot                                tion d’invendus» émerge. Animés d’un fort         du marché. Et, parce que Caritas tient au
Directeur de Caritas Neuchâtel
                                                engagement solidaire, ils deviennent des          maintien de la dignité, elle gère ces épice-
                                                spécialistes de la grande précarité urbaine       ries avec professionnalisme, tout en entrete-
                                                confrontés, à chaque distribution, à la diffi-    nant avec ses clients, qui paient leurs achats,
                                                cile question de savoir qui y a «droit» et aux    une relation identique à celle de n’importe
                                                exigences sanitaires imposées entre «date de      quel autre commerçant. La gestion des Epi-
                                                consommation» et «date de péremption».            ceries Caritas nous offre aussi l’opportunité
                                                     Il n’est donc pas inutile de se rappeler     d’agir sur un autre domaine essentiel de la
                                                l’article 25 de la Déclaration universelle des    lutte contre la pauvreté: la formation profes-
                                                droits de l’homme ! Certes, nos assurances        sionnelle. Nos magasins font appel à des chô-
                                                sociales et l’aide étatique protègent le plus     meurs, à des bénéficiaires de l’aide sociale
                                                grand nombre de la précarité. Mais les pres-      ou à des jeunes adultes en difficulté pour la
                                                sions exercées, ces dernières années, pour        vente et la gestion des stocks. Certains jeunes
                                                rétablir les finances de l’assurance chômage      y accomplissant même leur apprentissage.
                                                ou de l’AI ont poussé certaines personnes         Dans notre canton, les Epiceries Caritas
                                                vers l’aide sociale. Les récentes attaques        de La Chaux-de-Fonds et de Neuchâtel ré-
                                                portées dans certains cantons contre cette        pondent à une clientèle toujours plus nom-
                                                même aide sociale – notre dernier filet de        breuse et très satisfaite. Je tiens à remercier
                                                protection – risquent de précipiter les plus      chaleureusement toutes celles et tous ceux
                                                précaires à la rue. Les soupes populaires ne      qui nous soutiennent et nous permettent
                                                sont pas près de disparaître !                    de faire exister cette prestation très utile.

 Impressum

 Caritas.mag – le magazine des Caritas romandes (Neuchâtel, Fribourg, Genève,
 Jura, Vaud) paraît deux fois par an                                                          Caritas Neuchâtel
                                                                                              par ZEWO depuis 2004.
 Tirage global: 36 463 ex. | Tirage Caritas Neuchâtel: 5000 ex.

 Responsable d’édition: Hubert Péquignot, directeur de Caritas Neuchâtel
 Rédactrice en cheffe: Corinne Jaquiéry
 Rédaction: Sébastien Winkler
 Maquette | Impression: www.tier-schule.ch | irl.ch

 Caritas Neuchâtel
 Vieux-Châtel 4 | 2000 Neuchâtel | 032 886 80 70
 caritas.neuchatel@ne.ch | www.caritas-neuchatel.ch

Photo de l’éditorial © Romano Riedo                                                                                       11/15   Caritas.mag   3
Caritas.mag - Une bonne alimentation, un atout pour la vie Bouger avec les Epiceries Caritas - Caritas Neuchâtel
L’alimentation, miroir
des inégalités sociales
Malgré les prix réduits des aliments proposés par l’Epicerie mobile de Caritas, le choix reste difficile pour les petites bourses, comme celle d’Isabel da Silva

Alors que règne l’abondance, voire la surabondance, dans                                                     Quant à Sylvie, jeune mère de famille du
                                                                                                             Chablais qui travaille quelques heures
notre pays, certains peinent à se nourrir correctement.                                                      par semaine, pour maigrement compléter
Des actions comme celles des Epiceries Caritas leur                                                          le salaire de son mari ouvrier, elle avoue
permettent d’accéder aux produits de base.                                                                   qu’elle calcule au plus juste ses fins de mois.
                                                                                                             « Ma foi, tant pis ! Il n’y a pas de honte à ve-
Textes : Corinne Jaquiéry, photos : Sedrik Nemeth     de chambre. Elle a été ravie d’apprendre que           nir, puisque j’en ai la possibilité et le droit.
                                                      le bus, transformé en enseigne par Caritas             J’ai aussi la CarteCulture qui m’a permis
                                                      Vaud, allait s’arrêter dans sa ville d’Aigle           d’aller au musée et à la piscine avec mes en-
« J’ai un tout petit budget pour l’alimenta-          et que, en tant que bénéficiaire d’une sub-            fants. Ce serait bien que l’Epicerie s’arrête
tion. Grâce à la nouvelle Epicerie mobile             vention de l’assurance maladie, elle aurait            aussi à Aigle au début de la soirée pour ceux
de Caritas Vaud qui a commencé sa tour-               l’opportunité d’y faire ses courses. « Je peux         qui travaillent toute la journée. »
née en janvier dernier, je trouve tout ce qu’il       ainsi nourrir mes deux enfants, Viviana,
me faut pour nourrir ma famille. » Isabel da          19 ans, et Pedro, 10 ans, sans les priver de           Un projet de longue haleine
Silva, 39 ans, mère célibataire, n’aurait ja-         tout, comme c’était le cas jusqu’il y a peu.               Neuf villes sont desservies par l’Epi-
mais pensé en avoir besoin, mais depuis un            Moi qui ne pouvais plus acheter de porc ni             cerie mobile de Caritas Vaud. Longtemps
an, à cause de graves problèmes de santé,             de morue, je pourrais de nouveau y son-                rêvé par Paul Zimmermann, son président,
elle a dû abandonner son travail de femme             ger de temps en temps », sourit-elle, enfin.           ce petit magasin roulant fait tout son effet

4    Caritas.mag   11/15                                                                                                                   Photos © Sedrik Nemeth
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dans les endroits où il passe, rappelant,
aux plus âgés, le camion d’un grand distri-
buteur, par ailleurs sponsor de l’aventure.
« Il y a plus de cinq ans que j’y pensais. Le
canton de Vaud est grand et je souhaitais
que Caritas ait une forte présence partout,
car, vraiment partout, il y a des personnes
dans le besoin. Eu égard aux clients poten-
tiels et à la rentabilité, nous ne pouvions
pas ouvrir des Epiceries fixes dans tous les
coins. Une Epicerie mobile était donc la
solution ! Je suis vraiment heureux que le
projet se soit réalisé. » Fourmillant d’idées,
le bouillonnant président pense déjà à un
nouveau projet à concrétiser avant son dé-
part à la retraite : une permanence accueil
mobile capable d’aider et d’orienter les per-
sonnes en difficulté.

                                                 11/15   Caritas.mag   5
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Une bonne alimentation, un atout pour la vie

    Françoise Crausaz, responsable du suivi       le bon projet au bon moment. Le bus avait
du projet et, par ailleurs, chargée de com-       encore de la valeur, mais, comme Caritas
munication pour Caritas Vaud, est aux             Vaud était intéressée, pour les TPF, il n’était
anges : « C’est fantastique. Caritas circule      pas question de le vendre. C’est notre sou-
concrètement dans tout le canton. Il n’y a        tien à cette belle entreprise sociale. »
rien de plus efficace et de plus positif pour         Fabien Perret-Gentil, responsable du
sa notoriété et son image. » Avec ses collè-      secteur vente de Caritas Vaud (photo de
gues, ils ont pris leur bâton de pèlerin pour     couverture) est, lui aussi, enchanté de la
dénicher un bus bon marché et convaincre          tournure prise par ce projet. « C’est un pro-
les communes d’accueillir ponctuellement          jet un peu fou, mais je suis ravi d’y par-
l’Epicerie mobile. « Nous sommes notam-           ticiper en travaillant notamment avec des
ment allés trouver les Transports publics         vendeuses et des vendeurs en insertion pro-
fribourgeois (TPF) qui ont immédiatement          fessionnelle, même si la régularité n’est pas
joué le jeu. C’était assez incroyable… après      toujours leur fort. L’aventure se passe bien,
cinq minutes de discussion, nous avions           mais nous devons expliquer assez souvent,
notre bus. Et gratuitement ! »                    notamment aux personnes âgées, qu’il faut
    Pour Vincent Ducrot, directeur géné-          une carte spécifique pour pouvoir faire ses
ral des TPF, c’était une évidence. « C’est une    courses dans notre camion. »
belle histoire. Caritas Vaud cherchait un
bus depuis longtemps. Elle nous a appro-          Santé et précarité
chés. Nous avons tout de suite été séduits        Selon Jean-Pierre Poulain, sociologue
par son projet. Il se trouvait aussi que nous     français, spécialiste des cultures alimen-
entamions une phase de renouvellement de          taires, la précarité entraîne des modifi-
nos véhicules pour le trafic régional. Nous       cations des pratiques alimentaires quoti-
avions donc un véhicule disponible. C’était       diennes avec de possibles conséquences sur
                                                  l’état de santé. Pouvoir se procurer des pro-
                                                  duits d’alimentation courante à bas prix est
    Qui peut faire ses achats dans                donc essentiel.
    l’une des Épiceries Caritas ?                      « Si certains travaux mettent l’accent
                                                  sur les risques de dénutrition, d’autres
    Une carte est indispensable pour pouvoir
                                                  insistent sur l’augmentation des cas d’obé-
    faire ses achats dans l’une des Épiceries
    Caritas en Suisse.                            sité », relève-t-il. Un point de vue corroboré
                                                  par une étude de Nestlé, relayée par l’Ali-
    Ces cartes sont délivrées par les offices
                                                  mentarium de Vevey, qui indique que le
    sociaux, les institutions sociales parois-
    siales et privées ainsi que les Caritas
                                                  riche d’autrefois, au ventre bien rebondi, se
    régionales. Les personnes qui y ont droit     doit d’être mince aujourd’hui en Occident,
    sont des personnes défavorisées :             mais pas en Afrique ou en Orient. Quant au
     • qui vivent au seuil du minimum vital       pauvre de maintenant, il peut être sous-ali-      s’alimenter qu’un ménage plus aisé. Placée
       ou en dessous,                             menté, et donc maigre lui aussi, mais par-        dans les premières catégories des dépenses
     • qui bénéficient de l’aide sociale,          fois obèse parce que mal nourri. Les pays         dans le budget des ménages, l’alimenta-
     • qui perçoivent des prestations com-
                                                  riches débordent d’habitants en surpoids          tion se fait donc le miroir d’inégalités
       plémentaires, comme des subven-            et, paradoxalement, certaines contrées            sociales. Secondaire pour les consomma-
       tions à l’assurance maladie,               pauvres également.                                teurs aisés, elle constitue le premier sec-
     • qui se trouvent dans un processus               Réalisée pour la Fédération romande          teur budgétaire dans les ménages à plus bas
       d’assainissement financier à la suite       des consommateurs, l’enquête de François          revenu. Une enquête du budget des familles
       d’un surendettement.                       Hainard, professeur honoraire de sociolo-         (Insee 2006) indique cependant que l’écart
    Pour exemple, 30 000 cartes ont été déli-     gie de l’Université de Neuchâtel (lire aussi      des dépenses alimentaires entre riches et
    vrées l’année dernière dans le canton de      page 8) sur les « Pratiques de consomma-          pauvres se réduit légèrement.
    Vaud sur 160 000 personnes qui pour-          tion en Suisse romande », relève que, dans            « Un repas cuisiné à la maison ne coûte
    raient l’obtenir.                             une perspective économique, la distinc-           que 17 cents au Mali contre 5,5 dollars aux
    Les clients des Epiceries Caritas ne de-      tion entre haut et bas revenus semble expli-      USA, mais l’Africain consacre près de la
    mandent pas la charité, ils prennent leur     quer la proportion différente accordée aux        moitié de son revenu en nourriture contre
    responsabilité et paient leurs achats, mais   dépenses dans l’alimentation, selon les           seulement 6,6% pour l’Américain. L’as-
    à prix réduits.                               types de ménage. Il rappelle d’ailleurs la        siette du premier est cependant plus riche
    La carte est personnelle et doit être         loi d’Engel selon laquelle un ménage avec         en fibres et en sucres complexes et moins
    renouvelée chaque année.                      un revenu modeste aura tendance à dépen-          grasse que celle du second », relève égale-
                                                  ser proportionnellement davantage pour            ment l’enquête de l’Alimentarium.

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Caritas.mag - Une bonne alimentation, un atout pour la vie Bouger avec les Epiceries Caritas - Caritas Neuchâtel
Editorial

                                                           Des légumes frais donnent de la couleur à la pauvreté de son alimentation quotidienne

    A la FRC (Fédération romande des            dans toute la Suisse – en Suisse romande         tantielles. Une partie des marchandises
consommateurs), Elisabeth Kim, rédac-           dans les cantons de Vaud, Genève et Neu-         provient de surplus, de problèmes de livrai-
trice en chef du magazine Mieux choisir,        châtel et Berne (Bienne) – permettent aux        son, de séries endommagées et de liquida-
note que, à la suite d’un récent sondage,       personnes touchées par la pauvreté et pos-       tions de plus de 400 fournisseurs – mais
il apparaît que manger sain ne coûterait        sédant une carte d’achat de se procurer des      la qualité des produits est irréprochable
pas excessivement plus cher que se nour-        victuailles à des prix fortement réduits.        et répond entièrement aux réglementa-
rir de plats précuisinés. « Nous avions déjà                                                     tions de la loi sur les denrées alimentaires
sorti un guide intitulé Bien manger à petit     «L’être humain est la proie                      (LDA). Presque 35% de l’assortiment est
prix qui va tout à fait dans ce sens, et plu-                                                    offert gratuitement aux Epiceries Caritas
sieurs de nos publications alertent sur les
                                                 de trois maladies chro-                         par les fournisseurs, le reste étant acheté
problèmes liés à l’alimentation. »              niques et inguérissables :                       pour satisfaire le plus de clients possible.
                                                 le besoin de nourriture,                            On le voit, l’alimentation est au cœur de
La force des Epiceries Caritas                                                                   la vie des femmes et des hommes. Si cet as-
contre les dangers de la précarité
                                                 le besoin de sommeil et                         pect se péjore, les parcours de vie peuvent
Les personnes disposant d’un petit bud-            le besoin d’égards. »                         en être sérieusement perturbés. L’aide de
get peuvent se procurer des produits ali-                  Henry de Montherlant                  structures, comme les Epiceries Caritas ou
mentaires et des articles d’usage courant à                                                      différents organismes alimentaires, asso-
des prix très bas dans les Epiceries Cari-      Par rapport aux commerces de détail,             ciée à d’autres éléments de solidarité per-
tas ou par l’intermédiaire d’autres orga-       l’économie peut aller jusqu’à 50% du prix        mettent de rester en bonne santé et d’évi-
nismes. Les 25 Epiceries Caritas réparties      normal et autorise des économies subs-           ter l’exclusion. Q

Photo © Sedrik Nemeth                                                                                                    11/15   Caritas.mag   7
Caritas.mag - Une bonne alimentation, un atout pour la vie Bouger avec les Epiceries Caritas - Caritas Neuchâtel
Une bonne alimentation, un atout pour la vie

    Autres organismes de
    distribution de nourriture
    La Carl (Centrale Alimentaire Région Lau-
    sannoise): assure le lien entre les donateurs
    de denrées alimentaires et les associations
    caritatives de la région lausannoise.
                             www.carl-lausanne.ch

    Epiceries du cœur : l’association distribue
    de la nourriture aux personnes qui en ont
    besoin. Elle est gérée par des bénévoles et
    fonctionne grâce aux dons de nourriture
    et d’argent.
                     www.epiceries-du-cœur.ch           Table Suisse: récupère dans onze régions du          Colis du coeur: Est une association à but
                                                        pays, la nourriture excédentaire de qualité ir-      non lucratif, créée en 1993 qui vient en
    Cartons du cœurs : cette association offre          réprochable issue des grands distributeurs,          aide aux personnes vivant au-dessous des
    des prestations sous deux formes, des car-          producteurs et détaillants. Elle est ensuite dis-    normes d’assistance, envoyées par les ser-
    tons de nourriture (soit livrés par des bé-         tribuée gratuitement aux institutions sociales       vices sociaux genevois. Elle distribue à ces
    névoles, soit à aller chercher si véhicule) ;       qui s’occupent de personnes touchées par la          personnes, des denrées alimentaires une
    des moments d’écoute anonyme par un                 pauvreté. En 2014, 4 379 tonnes de nourriture        fois par semaine.
    travailleur social.                                 ont été distribuées à 500 institutions sociales.                           www.colisducoeur.ch
                      www.cartons-du-coeur.ch                                   www.schweizertafel.ch

    FRANÇOIS HAINARD, SOCIOLOGUE, SPÉCIALISTE DE L A CONSOMMATION

    Pourquoi mange-t-on ce qu’on mange et qu’est-ce que
    manger veut dire ? En répondant à ces deux questions, la
    sociologie de l’alimentation éclaire les disparités sociales.
    «L’alimentation dit qui on est», souligne Fran-     de se distinguer socialement en mangeant du
    çois Hainard, professeur honoraire de socio-        caviar plutôt que de la saucisse ou, culturel-
    logie de l’Université de Neuchâtel et ancien        lement, en ne mangeant pas du serpent ou
    directeur de l’Institut de sociologie. Auteur       du rat, mais des cuisses de grenouille ! »
    d’un rapport sur les pratiques de consom-           Selon François Hainard, ne pas manger
    mation en Suisse romande, il relève que l’ali-      comme les autres peut être un facteur d’ex-
    mentation est un fait social total, un objet        clusion qui commence déjà par la manière de
    d’étude qui intéresse plusieurs disciplines:        se tenir à table. Puis, par de mauvaises habi-
    la sociologie, l’histoire, la biologie, l’anthro-   tudes alimentaires avec des repas préfabri-
    pologie, l’économie, le droit et l’écologie.        qués ou des aliments trop gras ou trop sucrés.       nombre de calories contenues par le pro-
    Pourquoi mange-t-on ce qu’on mange ?                « Tout cela s’hérite. On peut changer, mais il       duit. Le plus grand désastre actuel, c’est le
    concerne les contenus, les pratiques, les in-       faut être conscient du problème et, parfois,         gaspillage avec des quantités astrono-
    terdits et tous les aspects culturels. Avec         cette conscience fait défaut. En revanche,           miques de nourriture jetée.
    une dimension symbolique importante                 l’apprentissage de nouveaux codes peut se            Il y a toutefois une évolution évidente en
    puisqu’on insère quelque chose dans le              faire très vite grâce aux pairs qui évoluent dans    termes d’information, de changements
    corps. Qu’est-ce que manger veut dire ?             le groupe social que l’on vient de rejoindre. »      dans les comportements, de conscientisa-
    évoque le statut du consommateur de nour-           François Hainard est relativement pessimiste         tion des problèmes. Avec, notamment, la
    riture. On ne consomme pas tous de la               sur l’évolution sociale actuelle concernant          prise en compte d’une dimension éthique
    même manière en termes de rituels, de re-           l’alimentation, même s’il observe aussi des          dans la production. Cela n’existait pas, il y
    cettes, de plats. Les différences se                progrès considérables. « Nous allons vers une        a cinquante ans. »
    marquent aussi selon son statut socioéco-           alimentation à deux vitesses. Avec, pour les         A lire : Hainard F., Jacot S., & Cecchini A.
    nomique, sa position sociale et sa forma-           plus démunis, une alimentation produite in-          Pratiques de consommation en Suisse ro-
    tion. « Ce sont des choses qui s’héritent et        dustriellement où les aspects nutritifs sont la      mande : enquête auprès des membres de la
    qui sont de forts marqueurs du statut et de         seule préoccupation et, pour les plus riches,        Fédération romande des consommateurs.
    l’identité de la personne qui consomme. Il y        une alimentation produite artisanalement,            Neuchâtel, Institut de sociologie, 2012.
    a des catégories de gens qui se comportent          plutôt bio, qui s’intéresse davantage à la qua-
    de la même manière et il y a des volontés           lité et à l’utilisation ou non de pesticides qu’au                         www2.unine.ch/socio

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Caritas.mag - Une bonne alimentation, un atout pour la vie Bouger avec les Epiceries Caritas - Caritas Neuchâtel
A Bulle et à Fribourg, les bénévoles de Table couvre-toi s’activent, chaque jeudi, pour le plus grand bonheur des bénéficiaires

Quand le conte de fée rejoint la réalité
En sauvant des tonnes de nourriture de la destruction, l’Association Table couvre-toi
peut la redistribuer auprès de quelque 15 000 personnes touchées par la pauvreté.

«Demander me gêne. Je ne veux pas profiter,                 Pour Salih Hilafu, la situation est encore      de distribution, dont une quinzaine se
mais, ici, à Table couvre-toi Fribourg, je vois         plus tendue. Cet Erythréen de 45 ans est            trouvent en Suisse romande. Une carte
qu’il y a plein d’autres personnes comme                arrivé en Suisse en 1990. Il n’a jamais cessé       émise par des organisations sociales pri-
moi.» A 28 ans, Sanela est soutien de famille.          de travailler jusqu’il y a quatre ans. En fin       vées et publiques permet d’accéder aux
Elle s’occupe de sa mère et de son frère, tous          de droits, il est venu chercher de l’aide à         denrées alimentaires proposées.
les deux en dépression. «Je suis vendeuse. J’ai         Caritas Fribourg qui lui a parlé de Table               A Bulle, environ 150 familles sont repré-
été licenciée, il y a quelques mois. Je veux            couvre-toi. « Je ne saurais pas comment             sentées par une soixantaine de clients bénéfi-
travailler, ne serait-ce que pour prendre l’air,        manger autrement... »                               ciant, chaque jeudi, des produits d’alimenta-
mais personne ne m’engage. Recevoir de la                   L’Association suisse Table couvre-toi           tion proposés. De la nourriture accompagnée
nourriture m’aide beaucoup.»                            et sa cousine Tables du Rhône, en Valais,           d’une tranche d’humanité offerte par l’un
    Sanela ne vit pas vraiment le conte des             redistribuent chaque année près de                  ou l’autre des bénévoles qui, comme Betty,
frères Grimm où l’heureux propriétaire                  3 millions de tonnes de denrées alimen-             retraitée et veuve, donne ainsi un sens à
d’une table magique voit celle-ci se cou-               taires irréprochables qui, sinon, seraient          sa vie. Alors qu’à Fribourg, le même jour,
vrir de mets fins et savoureux à la simple              détruites. Plus de 15 000 personnes dans le         le centre de distribution accueille près de
injonction « Table couvre-toi ! » ; mais elle a         besoin ont pu accéder à des sacs de nourri-         50 clients pour 215 familles. Q
retrouvé le sourire.                                    ture pour 1 franc dans un des 106 centres                                             www.tischlein.ch

Photos © Corinne Jaquiéry | Sedrik Nemeth                                                                                             11/15    Caritas.mag   9
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Une bonne alimentation, un atout pour la vie

                                                                          COMMENTAIRE

Se nourrir à bon
marché grâce aux
Epiceries Caritas
Les personnes en difficulté sont de plus
en plus nombreuses à faire leurs achats
dans les 25 Epiceries Caritas proposant
des denrées à prix réduit.
                                                                          Une alimentation saine et abordable
Texte : CJ/Caritas Suisse
                                                                          pour les déshérités

                                                                          Selon une enquête de l’Office fédéral de la statistique, pu-
En 2014, les Epiceries Caritas ont augmenté leur chiffre d’affaires       bliée en novembre 2014, 13,3% de la population vivant en
de 19%. Positive pour un magasin ordinaire, cette augmenta-               Suisse est exposée au risque de pauvreté, soit plus d’un
tion l’est aussi pour Caritas, mais elle a également un goût amer,        million de personnes. Les Epiceries Caritas sont un des
puisque cela signifie que les personnes en difficulté sont de plus en     projets phares de Caritas Suisse pour lutter contre la pau-
plus nombreuses à acheter des produits de première nécessité dans         vreté. Les 25 Epiceries Caritas réparties dans toute la
ses épiceries. Le chiffre d’affaires de ses 25 enseignes se monte dé-     Suisse, dont une Epicerie mobile, fournissent une aide
sormais à 12,7 millions de francs. A Zurich, une seconde Epicerie         simple et rapide à ceux dans le besoin. Ces épiceries
a ouvert ses portes, alors que le canton de Vaud a innové avec une        contribuent également à sensibiliser la population aux
Epicerie Caritas mobile.                                                  questions relatives à la pauvreté, un sujet encore tabou
                                                                          en Suisse. Dans le cadre de sa campagne «Réduire la
    La première Epicerie Caritas proposant des produits de pre-           pauvreté de moitié», Caritas Suisse s’est fixé pour objec-
mière nécessité à prix réduit aux personnes dans la précarité a été       tif d’élever, dans notre pays, le nombre de ses magasins
inaugurée en 1992 à Bâle. Depuis, le concept a essaimé dans tout          à 30 d’ici à 2020.
le pays. Aujourd’hui, la multiplication des clients donne presque         Les personnes touchées par la pauvreté sont souvent obli-
le vertige. Plus d’un million de litres de lait, 80 000 litres d’huile,   gées d’économiser sur l’alimentation. Si bien qu’elles se
250 000 kg de farine, 130 000 kg de sucre et 120 000 kg de pâtes ont      nourrissent mal, ce qui a, alors, des répercussions sur leur
été écoulés en 2014.                                                      santé et génère de nouveaux coûts. Dans un pays riche
                                                                          comme la Suisse, il est inacceptable que des enfants et
    La demande en hausse place les Epiceries Caritas devant un cer-       même des adultes n’aient pas les moyens de se nourrir
tain nombre de défis dont le plus important est de répondre à ces         sainement. Les Epiceries Caritas offrent des denrées ali-
besoins. Grâce au soutien des principaux acteurs du commerce de           mentaires et des produits de première nécessité 30% à
détail, comme Coop, Migros, Denner, Spar, Manor, Nestlé, Lindt            50% moins chers à celles et à ceux dans le besoin et les
& Sprüngli ainsi que quelque 500 autres fournisseurs, les Epice-          aident à sortir de ce cercle vicieux.
ries font face.                                                           Avec le projet «Epiceries Caritas – espace santé!», il est
                                                                          possible d’acheter des fruits et des légumes frais à des
    La SV Fondation et la Fondation Ernst Göhner versent des              prix particulièrement avantageux, ce qui encourage tout
montants considérables pour permettre aux Epiceries Caritas de            un chacun à se nourrir plus sainement. Les clients des
proposer des fruits et des légumes frais à des prix accessibles. Un       Epiceries Caritas reçoivent aussi des informations sur une
rôle essentiel dans la promotion d’une alimentation saine et pour         alimentation équilibrée et des suggestions pour rester en
l’amélioration de l’égalité des chances en matière de santé.              bonne santé. En outre, les Epiceries Caritas proposent
                                                                          des emplois à des chômeurs, aux exclus, aux bénéficiaires
    Délivrée par un Office des affaires sociales ou la consultation       de prestations AI et à des jeunes sans place d’apprentis-
sociale de Caritas, une carte d’achat permet d’accéder aux produits       sage pour les réinsérer dans le monde du travail.
des Epiceries Caritas. Les quelque 590 000 personnes dans le besoin
en Suisse pourraient devoir y faire appel, un jour ou l’autre. Q
                                                                          Rolf Maurer,
                                            www.caritas-markt.ch/fr/      directeur de la Coopérative des Epiceries Caritas

10   Caritas.mag   11/15                                                                                                Photo © Caritas Suisse
ANNICK JEANMAIRET

« Bien manger ne coûte pas cher »
Le plaisir avant tout ! Méditerranéenne, accessible et facile à faire, la cuisine proposée
par la pétulante gourmande de la télé stimule les papilles et ne grève pas le budget.

«    « Allez, viens goûter… arrête de filmer ! »
C’est une phrase que j’aime bien lancer de-
                                                   De l’huile d’olive, de l’ail, du piment et des
                                                   pâtes, par exemple. Pour faire un plat my-
                                                                                                    de la «cucina povera». Ce n’est pas la cuisine
                                                                                                    du pauvre au sens propre du terme, mais
puis le début de l’émission, parce que je          thique et économique : spaghetti olio, aglio     une cuisine humble, faite avec bon sens. Une
souhaite que les téléspectateurs de Pique-         e peperoncino ! Les Italiens sont les rois de    cuisine qui dit : puisqu’il faut manger, man-
assiette se sentent comme à la maison. Je les      la cuisine simple. Leur gastronomie est an-      geons bien, avec ce que l’on a. Un grand plat
reçois chez moi, dans la cuisine de l’appar-       crée dans le quotidien. Un de leurs concepts     italien, ce sont les pasta e fagioli, des pâtes
tement que j’occupe depuis près de vingt           est particulièrement intéressant, c’est celui    avec des haricots. Cela peut paraître bour-
ans dans le quartier de Plainpa-                                                                               ratif, mais c’est un repas délicieux
lais, à Genève. J’y ai passé mon                                                                               qui lie céréales et légumineuses. Il
enfance. Ma mère était infirmière                                                                              couvre tous les besoins nutritifs
en psychiatrie, mon père mécani-                                                                               en acides aminés et en protéines.
cien de précision au CERN. Rien à                                                                                   On peut vraiment manger bon
voir avec la cuisine. Il est vrai que                                                                          et bon marché. Pour moins de
j’avais une grand-mère cuisinière                                                                              10 francs, on réalise un plat pour
qui avait travaillé dans les mai-                                                                              quatre personnes. Par exemple,
sons bourgeoises, mais ce n’est                                                                                des ravioli à la chair à saucisse ou
pas elle qui m’a transmis le goût                                                                              des gnocchi à l’ail des ours que
de la gastronomie. Elle était plu-                                                                             l’on trouve en se promenant dans
tôt une mamie gâteau qui me ga-                                                                                la forêt. Et ça tombe bien, c’est jus-
vait de crêpes et de sucre. Depuis                                                                             tement la saison, en avril !
que je cuisine moi-même, j’aime                                                                                     Je suis très sensible au gaspil-
les saveurs amères. La cuisine qui                                                                             lage alimentaire. En Suisse, on
a du relief et « de la mâche », mais                                                                           jette jusqu’à 100 kilos de den-
je ne pensais pas du tout en faire                                                                             rées par an et par habitant. Les
un métier.                                                                                                     causes, c’est le manque de pla-
     Je voulais être sage-femme,                                                                               nification, la mauvaise conser-
car il me semblait que chaque                                                                                  vation, le fait de mal gérer son
naissance était une nouvelle aven-                                                                             stock et le manque d’idées pour
ture. Mon intérêt pour la nour-                                                                                cuisiner les restes. On n’est pas
riture s’est développé par obli-                                                                               obligé de revenir au temps où les
gation quand j’étais étudiante et                                                                              miettes de pain se récupéraient
que je devais me faire à manger.                                                                               dans un tiroir de la table de la
Comme tous les autodidactes, au                                                                                cuisine pour épaissir des sauces
début, je faisais des plats extrê-                                                                             ou faire des gâteaux avec la mie,
mement compliqués. Petit à pe-                                                                                 mais on peut s’amuser et inventer
tit, je suis allée vers une cuisine                                                                            plein de nouvelles recettes à par-
beaucoup plus pure. A l’italienne.                                                                             tir de nos surplus.   »     Q

 BIO
 1968 Naissance en juillet à Genève.               2004 Crée l’émission télévisée Pique-as-         2013 Création de Pique-Assiette invite
 1991 Après des études en science politique,            siette qui connaît un succès fulgurant,          les chefs, nouveau concept d’émis-
      elle entre au Journal de Genève.                  d’abord sur des chaînes locales, puis            sion où elle invite des chefs dans sa
                                                        sur la RTS (Radio Télévision Suisse).            cuisine pour concocter des recettes
 1992 Coup de foudre viticole à travers
                                                                                                         du quotidien.
      une bouteille de Château Figeac.             2005 Sort son premier livre. Le douzième,
 1998 Devient journaliste indépendante et               Pique-assiette invite les chefs – Le        2015 Troisième saison de Pique-assiette
      chroniqueuse gastronomique.                       livre 2 : Toutes les recettes des chefs          invite des chefs. Prochaine émission,
                                                        invités + Les recettes d’Annick, vient           le 25 avril 2015.
 1999 Ecole du vin à la Station fédérale
                                                        de paraître aux Editions Favre.
      de recherches agronomiques
      de Changins.                                 2011 Naissance de son fils, Anselme.                                    www.pique-assiette.ch

                                                                                                                             11/15   Caritas.mag   11
Caritas Neuchâtel

Projet « Sain et pas cher
dans mon assiette »

Gagné ! En remportant le concours « Santé et lien social »,                                    L’alimentation tient un rôle fondamental
l’Espace des Montagnes peut développer un programme                                            pour la santé. Bien s’alimenter n’est pas
                                                                                               chose facile pour des personnes en situation
stimulant l’intérêt de tous pour une alimentation saine et                                     de précarité. En effet, de nombreux pro-
bon marché.                                                                                    duits bons pour la santé, comme les fruits
                                                                                               et les légumes ainsi que les produits laitiers,
                                                                                               coûtent cher et ne donnent pas la possibilité
Le 19 janvier dernier, l’Espace des Mon-        per un programme en rapport avec une           d’équilibrer les repas. Aussi, les personnes
tagnes a remporté le concours « Santé et lien   nourriture saine et bon marché autour des      seules se tournent plus facilement vers les
social », organisé par la Fondation Préven-     trois lieux de Caritas Neuchâtel à La Chaux-   produits élaborés qui présentent le défaut
tion et santé. Un montant de 10 000 fr., qui    de-Fonds que sont Le Pantin, l’Espace des      non seulement d’être chers mais souvent
permettra à notre lieu d’accueil de dévelop-    Montagnes et l’Epicerie.                       trop salés ou trop gras …

12   Caritas.mag   11/15
C’est donc au mois de novembre 2014                2. Les participants au programme d’in-
                             que Corinne Saurant et Séverine Ummel                 sertion sociale et professionnelle
                             Débieux, respectivement responsable inser-            (ISP) de l’Espace des Montagnes ne
                             tion et animatrice à Caritas Neuchâtel, ont           sont pas forcément clients à l’Epi-
                             soumis leur dossier, afin de présenter ce projet      cerie Caritas ou au Pantin.
                             à la Fondation Prévention et santé. Leur idée         De même, les personnes qui viennent
                             nommée « Sain et pas cher dans mon assiette »         manger au Restaurant Le Pantin et
                             se basait sur les deux constats suivants.             qui pourraient accéder à l’Epicerie n’y
                                                                                   viennent pas forcément. Il arrive éga-
                             1. Il ne fait pas bon cuisiner                        lement que des bénéficiaires de l’aide
                                quand on souffre de solitude                       sociale, qui commencent un programme
                                et de précarité.                                   (ISP) sur un des sites, ne connaissent pas
                                En effet, faire les courses et élaborer            les prestations offertes et n’en profitent
                                des menus est relaté comme une tâche               pas. Caritas Neuchâtel a donc agi pour
                                démoralisante et pénible par beaucoup,             renforcer les liens et créer une anima-
                                souvent persuadés qu’un menu équili-               tion qui incite à circuler entre les diffé-
                                bré et complet est hors de prix. Cette             rents lieux. Le fil rouge semblait claire-
                                pensée invite donc plutôt à réagir au              ment être l’alimentation. A travers cette
                                coup par coup et à dépenser moins                  action, Caritas Neuchâtel a souhaité
                                rationnellement pour des produits pas              mettre en avant l’idée que, en passant
                                toujours sains. Bien souvent, ceux qui             par les différents lieux, on peut acquérir
                                ne sont pas investis dans un rôle relié            des connaissances et des produits pour
                                au travail ont affaire à des états d’âme et        prendre de bonnes habitudes chez soi et
                                des tracas autour de la santé psychique            cuisiner des plats sains et bon marché.
                                et physique. Ce peut être un effort de             En utilisant les ressources de chaque
                                prendre soin de soi et de maintenir un             lieu, il s’agit donc d’imaginer un concept
                                capital bien-être stable.                          permettant de créer des liens et des sti-
                                                                                   mulations bénéfiques pour celles et ceux
                                                                                   qui fréquentent nos lieux.

Photos © Caritas Neuchâtel                                                                             11/15   Caritas.mag   13
Caritas Neuchâtel

    Ainsi, le projet prévoit un travail en coor-        Du coté du Pantin, la mise en appli-          La réalisation de ce projet donne une
dination sur nos trois sites de La Chaux-de-       cation de ce menu permettra de le réali-       réelle cohérence à l’action de Caritas Neu-
Fonds, Le Pantin, l’Espace des Montagnes et        ser concrètement et de le faire goûter aux     châtel à La Chaux-de-Fonds et présente, une
l’Epicerie de La Chaux-de-Fonds.                   personnes qui y viennent. Des rencontres       fois de plus, la nécessité de souligner l’im-
                                                   autour du thème de la santé et de l’alimen-    portance de l’alimentation auprès des per-
    Une synergie entre ces différents lieux est    tation seront organisées périodiquement.       sonnes précarisées, pour lesquelles une cui-
plus qu’évidente. Tous les trois situés dans le    Il s’agira, par exemple, de faire intervenir   sine équilibrée n’est pas toujours la priorité.
quartier de la rue du Collège, ils œuvrent à       une personnalité d’un des sites ou une invi-
l’amélioration du mode de vie des personnes        tée ou un invité pour une conférence sur la         Un jury composé de cinq personnes a
marginalisées ou en détresse.                      consommation, la nutrition ou un échange       donc félicité les protagonistes de ce pro-
                                                   autour d’un produit.                           jet, et le montant de 10 000 fr. prévu dans
    Les personnes présentes au programme                                                          le budget du projet a donc été remis, le
de l’Espace des Montagnes travaillent                  Comme « La pomme dans tous ses             9 mars 2015, par la Fondation Prévention
chaque semaine autour de l’écriture et, le         états », « La pomme de terre – exposé des      et santé, lors d’une cérémonie en compa-
jeudi, ils réalisent un repas de A à Z. Grâce      vertus » ou encore « Seul à midi ? Quelques    gnie des autres lauréats. Q
à ce projet, ils pourront concocter le menu        astuces pour égayer votre assiette ». Ces
de la semaine. Dans un premier temps, en           moments pourront être animés par des
rédigeant ce menu et en faisant la liste des       échanges de recettes, des astuces autour
ingrédients et, dans un deuxième temps, en         du produit ou encore un atelier de concep-
allant faire les achats nécessaires en denrées     tion de recettes.
alimentaires à l’Epicerie Caritas.

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Repas chauds et équilibrés
pour 5 fr., aussi à Neuchâtel !
Le 1er février 2015, l’Espace des Solidarités a fêté son 15e anni-    Survol historique
versaire. Cette entreprise sociale située à l’Hôtel des Associa-
                                                                      1er février 2000    Ouverture de l’Espace des Solidarités à la rue
tions à Neuchâtel est un lieu de rencontre et d’échange ouvert à
                                                                                          de la Place-d’Armes 3 à Neuchâtel
toute personne sans distinction de confession et d’origine. Un
                                                                      2006                Les repas sont préparés selon les critères
repas chaud, équilibré et à prix modique (5 fr.) est servi quo-
                                                                                          de la « Fourchette Verte »
tidiennement à une trentaine de personnes. Des animations
sont organisées les après-midi.                                       2008                Déménagement dans l’Hôtel des Associations
                                                                                          à la rue Louis-Favre 1 à Neuchâtel
    Jusqu’en 2013, l’Espace des Solidarités était un programme        2009                L’Espace des Solidarités met à disposition
d’insertion. Depuis 2014, il est devenu une entreprise sociale                            une place d’apprentissage de cuisinier
reconnue officiellement par l’Etat, la première d’ailleurs à l’être   2010                10e anniversaire et obtention du label ISO
selon le concept cantonal. Au niveau fédéral, le Secrétariat          2014                L’Espace des Solidarités est une entreprise
d’Etat à l’économie (Seco) a également considéré que l’Espace                             sociale reconnue officiellement par l’Etat
des Solidarités répond, en tous points, à la logique d’une entre-     2015                15e anniversaire et agrandissement de la cuisine
prise du premier marché du travail et que les postes créés cor-
respondent à de véritables contrats de travail.                         L’Espace des Solidarités en chiffres

   A l’occasion de son 15e anniversaire et pour célébrer les            •   Six postes de travail créés pour les bénéficiaires de l’aide sociale
importants travaux d’agrandissement des infrastructures                 •   8561 repas servis sur place à l’Espace des Solidarités en 2013
de cuisine, l’Espace des Solidarités organisera, le samedi              •   18 752 repas livrés chaque année à domicile
24 octobre 2015, une journée portes ouvertes. Plus d’infor-             •   Dans le cadre des repas livrés dans les structures d’accueil liées
mations suivront dans notre édition du mois d’octobre. Q                    à l’enfance, ce sont 12 184 repas qui ont été livrés en 2014

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Caritas Neuchâtel

Le Pantin – trois ans déjà!

                                                          Alors que Le Pantin entame sa troisième
                                                          année de vie, le bilan de ce restaurant pas
                                                          comme les autres est plus que positif. Une
                                                          équipe d’enfer, des bons repas équilibrés
                                                          et une fréquentation relativement stable.

                                                Bien s’alimenter est toujours un peu diffi-     La vocation première du Pantin est
                                                cile quand on est seul : on ne prend pas le     de permettre aux personnes isolées
 Portrait de Sarah Thiemard-                    temps de se faire à manger, on mange vite,      de recréer des liens sociaux autour
 Bersot, responsable du Pantin                  souvent par obligation. Ce qui fait la dif-     d’un repas équilibré et dans un lieu
                                                férence, au Pantin, c’est aussi le fait de ne   d’accueil.
 Sarah est cuisinière en diététique. Cela
                                                pas être seul devant son assiette et de par-
 signifie qu’elle a complété sa formation
                                                tager le repas avec d’autres. Cela permet de    Selon Sarah, la responsable du Pantin,
 de cuisinière par une spécialisation en
 diététique, dans laquelle elle a appris à
                                                prendre davantage de plaisir à manger, et       il n’est pas difficile de donner un bon équi-
 cuisiner la nourriture en milieu hospitalier   certains retrouvent ainsi de l’appétit. Parmi   libre à un repas, mais cela demande de la
 et à travailler sur l’équilibre des denrées    les clients réguliers du Pantin sont orientés   rigueur et de l’organisation. En effet, on
 alimentaires. Un passage par l’Ecole           aussi celles et ceux qui cherchent à retrou-    considère souvent que la réalisation d’un
 hôtelière de Genève lui a permis de par-       ver de bonnes habitudes alimentaires (sou-      repas sain est hors de prix, alors que les
 faire sa gestion administrative et de tra-     vent pour raison de santé), habitudes qu’ils    légumes et la salade sont toujours moins
 vailler plusieurs années comme gérante         ne peuvent trouver en mangeant seuls à          chers que la viande et le fromage. Selon
 adjointe d’un grand groupe de restaura-        la maison.                                      Sarah, il faut tordre le coup aux mau-
 tion rapide.                                                                                   vaises habitudes et favoriser la présence

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CARITAS – Resto Le Pantin à La Chaux-de-Fonds
                                                              Semaine de menu du 02.02 au 06.02.2015

                                Lundi 02.02.2015      Mardi 03.02.2015     Mercredi 04.02.2015   Jeudi 05.02.2015   Vendredi 06.02.2015

                                   Potage                Potage                 Potage              Potage               Potage
                                      ***                   ***                   ***                  ***                 ***

                                 Poisson à la       Lasagnes Viande et   Escalopes de poulet      Agneau et           Croûtes aux
                                  Bordelaise           Légumes (CH)          panées (Brésil)     Merguez (CH)          fromages

                                      Riz                                 Pommes de terre          Couscous
                                                         Salades                                                        Salades
                                  Légumes                                      Légumes             Légumes

                                      ***                   ***                   ***                  ***                 ***
                                   Dessert               Dessert               Dessert              Dessert             Dessert

de légumes par rapport à la viande. Ce qui             Trente-cinq à 45 repas sont réalisés chaque                  Le Pantin en quelques mots
permet souvent de réaliser un repas sain et            jour de l’année avec une augmentation de
bon marché, tout en gardant un ventre bien             50 à 60 repas durant la période d’été où des                 Situé à la rue de la Ronde 5 à La Chaux-
plein. Ainsi, au Pantin, on trouvera durant            tables sont installées en terrasse. L’ambiance               de-Fonds, ce lieu chaleureux permet à
la semaine, un menu de porc, un menu avec              bistrot, qui a été conservée, en fait un espace              tout un chacun de manger un repas sain
de la viande rouge, un menu de poisson, un             chaleureux et permet d’accueillir les clients                et équilibré, tous les jours pour seulement
menu avec de la volaille et un menu végéta-            dans des conditions semblables à un véri-                    5 fr. Il offre plusieurs places pour des per-
rien, ce dernier étant souvent assorti d’un            table restaurant.                                            sonnes qui cherchent à se réinsérer dans
dessert lacté ou de fromage pour complé-                                                                            la vie active.
ter les protéines. Ces repas sont toujours             Le Pantin est donc aussi un lieu de
accompagnés de légumes et de féculents.                sensibilisation à l’alimentation et à                        Le Pantin c’est:
    Ouvert en 2012, Le Pantin a très rapide-           la santé : venir manger au Pantin per-                            9048 repas sur l’année 2014
ment connu un franc succès en faisant régu-            met de s’alimenter correctement et
                                                                                                                       Une moyenne de 40 repas par jour
lièrement salle comble. Après trois ans d’acti-        de consommer un repas quotidien
vité, la frénésie des débuts s’est un peu calmée,      sain et équilibré. La santé ne s’en                             12 personnes en insertion en 2014
mais la salle à manger est souvent remplie.            porte que mieux ! Q

Photos © Caritas Neuchâtel                                                                                                                 11/15   Caritas.mag   17
Caritas Neuchâtel

La CarteCulture,
c’est parti

Au mois d’avril 2015, Caritas Neuchâtel         personnes défavorisées dans notre pays.         dans les meilleures conditions, et bien que
lance sa CarteCulture, afin d’offrir aux            La mise en place de cette nouvelle pres-    l’offre au niveau national soit déjà impor-
personnes à revenu modeste la possibilité       tation prend forme. Nous procéderons au         tante, il nous semblait primordial de pou-
de participer à la vie sociale et culturelle,   lancement officiel de la CarteCulture du        voir nous appuyer sur le soutien de par-
malgré leurs difficultés financières. Cette     canton de Neuchâtel au mois d’avril 2015.       tenaires locaux. Nous avons ainsi pris
prestation, qui existe déjà dans la plupart     Nous préparons, à ce titre, un événement        contact avec les établissements suivants,
des cantons suisses, est un moyen de plus       qui devrait attirer l’attention.                qui nous ont tous donné un préavis favo-
pour lutter contre l’exclusion sociale des          Afin de pouvoir lancer la CarteCulture      rable à une collaboration :

• Centre de Culture ABC – Théâtre et            • Piscine et Patinoire de la ville du Locle     • Le Laténium, Parc et Musée
  Cinéma à la Chaux-de-Fonds                    • Piscine de la ville de Neuchâtel                d’archéologie à Hauterive
• CCN-Théâtre du Pommier à Neuchâtel            • Tourisme neuchâtelois - Trains                • Festineuch
• Théâtre du Passage à Neuchâtel                  touristiques, La Chaux-de-Fonds,              • NIFFF – Neuchâtel International
• Club 44 à la Chaux-de-Fonds                     Neuchâtel, Le Locle                             Fantastic Film Festival

• Théâtre Casino - La Grange au Locle           • Tourisme neuchâtelois – Visites
                                                  guidées de l’urbanisme horloger,
• TPR – Théâtre populaire romand à la             La Chaux-de-Fonds, Le Locle
  Chaux-de-Fonds
                                                • Musées de la Ville de la Chaux-de-
• NUC – Neuchâtel Université                      Fonds (MBA, MH et MIH)
  Club Volleyball
                                                • Théâtre de la Poudrière à Neuchâtel
• Théâtre atelier de marionnettes
  La Turlutaine à la Chaux-de-Fonds             • QUARTIER GENERAL, Centre d’art
                                                  contemporain de la Chaux-de-Fonds
• Piscines et Patinoire de la ville de la                                                       Plus d’infos :
  Chaux-de-Fonds                                                                                www.carteculture.ch/fr/neuchatel

                                                  Décès de Jacques Delorenzi, responsable financier
                                                  au sein du comité de Caritas Neuchâtel

                                                  Jacques Delorenzi nous a quittés. Nous savions que son état de santé s’était dégradé,
                                                  mais son décès nous a surpris. Jacques a donné beaucoup de son temps et de ses com-
                                                  pétences à Caritas Neuchâtel. Il connaissait parfaitement la norme comptable RPC21 et
                                                  il tenait à ce que celle-ci soit appliquée scrupuleusement. Jacques va nous manquer, tant
                                                  par sa gentillesse que par ses connaissances et son intelligence toujours vive.

18   Caritas.mag   11/15                                                                                                Photos © Caritas Neuchâtel
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