Cherbourg : Sur le chantier des sous-marins Barracuda

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Cherbourg : Sur le chantier des sous-marins Barracuda
Ci-dessous la construction du prochain SNA (Sous-marin
Nucléaire d’Attaque) français nouvelle génération, le
SUFFREN.
Rappelons que Pierre-André de SUFFREN fut vice-amiral
de Louis XV. Il est un des héros de la Seconde Guerre de
Cent ans contre les Anglais pendant laquelle il a combattu
et vaincu la marine britannique en inventant et appliquant
de lumineuses nouvelles théories navales.
BARRACUDA : un concentré d'exploits technologiques

Reportage

Cherbourg : Sur le chantier des sous-
marins Barracuda
Le Suffren dans la nef Laubeuf de Naval Group à Cherbourg © MER ET MARINE -
MATTHIAS ESPERANDIEU

Publié le 30/11/2018 par Matthias Espérandieu
Cherbourg : Sur le chantier des sous-marins Barracuda
Mercredi, Naval Group a accueilli une délégation de journalistes pour
découvrir de l’intérieur le chantier de construction navale de Cherbourg.
Un site de 50 hectares, uniquement dédié aux sous-marins, où travaillent
3500 employés de Naval Group et de nombreux sous-traitants.
Cherbourg, ancien arsenal, a vu naître 107 sous-marins depuis 1899 dont
les 16 à propulsion nucléaire de la Marine nationale (classe Le
Redoutable, Rubis et Le Triomphant).

On y réalise actuellement les sous-marins nucléaires d’attaque (SNA)
issus du programme Barracuda, la classe Suffren, dont le coût total
avoisine les 9 milliards d’euros. C’est dans ce lieu ultra sécurisé que nous
avons pu en apprendre plus sur l’état d’avancement des premières unités
de cette nouvelle génération de SNA français.

Le Suffren à gauche et les deux morceaux de coque du Duguay-Trouin à droite (© NAVAL GROUP)

Dernière ligne droite pour le Suffren
Le Suffren, tête de série du programme, trône dans le grand hall d’assemblage nommé
en l’honneur de l’illustre ingénieur Laubeuf. Cette grande nef mesure 50 mètres de
hauteur. Elle a été conçue pour manutentionner les silos de missiles balistiques des
SNLE de seconde génération. Aujourd’hui, elle accueille l’assemblage final des
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nouveaux SNA. À côté du premier sous-marin en finition, on retrouve la partie avant et
la partie centrale du second Barracuda, le Duguay-Trouin. Dans un hall attenant, il y a
la partie arrière de ce bâtiment et les sections de coque du troisième de la série, le
Tourville.

À l’origine, il était prévu que le Suffren soit opérationnel en 2017. Mais sa construction
a subi d’importants retards qui atteignent désormais au moins trois ans. Sa livraison à
la Marine nationale est attendue pour l’été 2020. Il lui faudra entre-temps effectuer de
nombreux tests, et voir le cœur de son réacteur nucléaire être chargé.

Le Suffren (© NAVAL GROUP)

Pour les autres sous-marins de la série, le calendrier initial devrait être tenu avec des
livraisons tous les deux ans selon Naval Group. Quatre unités sont prévues d’ici la fin
de la LPM en 2025. Les deux derniers rejoindront la flotte française d’ici 2029. Dès
que le Suffren sera sorti de la nef, l’assemblage de la coque du Duguay-Trouin
débutera. En termes d’avancement, le De Grasse (4ème) en est à la phase de
constitution des tronçons de coque. Les travaux sur la cuve du réacteur ont débuté
pour le Rubis (5ème). Enfin, alors que la commande doit intervenir l’année prochaine,
Naval Group commence les approvisionnements en matière première pour le sixième
sous-marin (Casabianca).
Cherbourg : Sur le chantier des sous-marins Barracuda
Section avant du Duguay-Trouin @ NAVAL GROUP

Section avant du Duguay-Trouin @ NAVAL GROUP
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Mise à l’eau du Suffren à partir de l’été 2019

À l’été 2019, la tête de série sortira de son hall d’assemblage en vue de sa mise à
l'eau. Déplacé au moyen de marcheurs, il sera dirigé vers une zone nommée Cachin,
juste en face de la nef Laubeuf. L'étape du chargement du combustible nucléaire s’y
déroulera dans un bassin spécial. Ce site est une enclave de la DGA au sein de
l’établissement de Naval Group. Le Suffren y sera mis à l'eau. De là, un atelier mobile
sera positionné au-dessus du compartiment réacteur et sera utilisé pour les opérations
de chargement du combustible nucléaire. L’atelier de chargement est conçu selon les
normes drastiques de sécurité nucléaire. Par exemple, la pression est contrôlée de
sorte que rien ne puisse s’échapper lors des manipulations et ainsi contenir un
éventuel matériau radioactif en confinement. « Dans la nef Laubeuf, on travaille sur le
principe inverse. Rien ne doit rentrer dans le sous-marin, poussière, polluant, etc., tout
doit ressortir. Ainsi, aucune opération nucléaire n’y est entreprise, tout est réalisé sur
le site de la DGA », explique Alain Morvan, directeur du site Naval Group de
Cherbourg.

Le SNLE Le Terrible porté par des marcheurs jusqu'à la plateforme de la zone Cachin surplombant le
bassin (© NAVAL GROUP)

La chaufferie des nouveaux SNA est dérivée des réacteurs K15 équipant les SNLE et
le porte-avions Charles de Gaulle. « On réutilise certaines pièces. Toutefois, le modèle
est adapté à la taille du sous-marin. On a donc un engin unique. Il y a des paramètres
techniques différents qui entrent en jeux. À noter qu’à l’inverse d’une IPER (arrêt
technique majeur d'un bâtiment, ndlr), nous n’effectuons que du chargement de
combustible, il n’y a pas de phase de déchargement à prendre en compte au
préalable», détaille un ingénieur de la DGA.
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Une partie des essais déjà réalisée

Des essais ont déjà été menés dans des installations à terre. Naval Group, en tant que
maître d’œuvre du programme, a en effet développé plusieurs plateformes
d’intégration (PFI) sur ses sites de Toulon et Cherbourg. Elles servent à tester des
systèmes complexes, avec les mêmes équipements, consoles, serveurs et câblages
que l’on retrouve sur les sous-marins, mais sans les contraintes d’exiguïté.

C’est le cas de la propulsion qui ne pouvait pas recevoir de vapeur de la chaufferie
nucléaire, activée uniquement sur la zone de Cachin lors de la dernière phase, une
fois le sous-marin à l'eau. C’est donc par le biais d'une chaufferie thermique
conventionnelle, à terre, que des essais vapeur ont pu être menés.

L’avantage du numérique

La conception a été entièrement numérique. Naval Group en profite pour s'appuyer
des technologies innovantes de réalité virtuelle et de réalité augmentée. Ainsi,
l’industriel dispose de salles spéciales dans lesquelles il est possible pour quelqu’un
de se projeter à l’échelle 1 dans l’univers de la maquette numérique avec des lunettes
spéciales et des dispositifs de positionnement et de pointage. Les opérations de
montage, dans un environnement extrêmement dense, deviennent plus facilement
réalisables. Naval Group dispose de cinq salles de réalité virtuelle qui servent à
différents programmes : deux à Cherbourg, deux à Lorient et une à Ollioules. Une
sixième va voir le jour à Nantes-Indret. L’une des salles cherbourgeoises est par
ailleurs dotée de trois écrans, permettant une meilleure immersion 3D.

Les opérations des techniciens peuvent être appréhendées grâce à la réalité virtuelle (© NAVAL
GROUP)
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Le numérique gagne aussi les ateliers. À Cherbourg, il est utilisé depuis cinq ans avec
des Box 3D. Ce sont des systèmes informatiques mobiles donnant accès aux plans
en 3 dimensions des sous-marins. Chaque équipement est répertorié, référencé et
peut-être isolé à l’écran. Huit Box 3D sont utilisées. Ce système est par ailleurs en
cours de miniaturisation pour prendre la forme d’une tablette tactile pouvant être
transportée à l’intérieur de la coque des sous-marins lors de la phase d'assemblage.
Son arrivée est prévue pour l’année prochaine. La réalité augmentée pourrait aussi, à
l’avenir, être couplée à l’utilisation de lunettes équivalentes aux modèles HoloLens de
Microsoft par exemple.

Une production modulaire

Ce programme fait appel à de nombreux sites industriels de Naval Group, dont Nantes-
Indret pour la propulsion, Angoulême-Ruelle pour des équipements (tubes lance-
armes, système de manutention des armes, etc.) et Toulon-Ollioules pour les
systèmes embarqués. Sans compter l’apport d’autres entreprises comme
TechnicAtome, Thales ou Safran. Plus de 1500 employés de Naval Group, dont un
tiers en Normandie, et plusieurs centaines de sous-traitants travaillent sur le projet.

Passé le retard du Suffren, la cadence industrielle devrait retrouver son rythme de
croisière. La construction est modulaire. Des blocs internes sont réalisés en atelier
pour être ensuite intégrés dans des tronçons de coque. Les blocs du réacteur, de la
propulsion et des auxiliaires sont constitués en premier. Cette méthode d’intégration
est d’autant plus pertinente, que les berceaux des systèmes sont reliés à la coque par
des amortisseurs pour diminuer le bruit du sous-marin.

Module destiné à des auxiliaires en cours de montage (© MER ET MARINE - MATTHIAS
ESPERANDIEU)
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À noter que la pompe-hélice, qui propulse le bâtiment, a été installée en petit comité,
avec des dispositifs pour masquer la pièce lors de sa pose. Depuis, l’organe est
totalement recouvert. La construction d’un tel sous-marin mêle donc des impératifs de
sécurité, d’économie et de secret défense qui représentent un vrai challenge. « Il ne
faut pas mettre de côté la complexité d’un tel projet. On parle d’engins qui comptent
plusieurs centaines de milliers de pièces, près d’un million pour un SNLE, le tout dans
un espace extrêmement réduit », rappelle Vincent Martinot-Lagarde, directeur du
programme Barracuda. La densité très importante rend de fait plus difficiles les
opérations d’assemblage.

Un sous-marin nucléaire d'attaquepour de nouveaux besoins

Par rapport aux Rubis, mis en service entre 1983 et 1993, les Barracuda vont apporter
une vraie plus-value à la Marine nationale avec de meilleures performances en
autonomie, vitesse tactique, discrétion, détection, emport d’armes et capacités
militaires.

Les futurs SNA reprendront les missions aujourd'hui dévolues à leurs aînés en étant à
même de faire face aux menaces actuelles et futures. Ils pourront ainsi protéger la
dissuasion nucléaire constituée par les SNLE de même que les grandes unités comme
les porte-avions et navires amphibies. Ils seront aussi utilisés pour des missions de
renseignement, notamment en zones littorales.

À côté de ces missions « traditionnelles », il y a l’ajout de nouvelles capacités. Les
Suffren pourront recevoir un caisson spécial pour des forces spéciales. Ce dry dock
shelter de 43 tonnes mesure 11 mètres de long et trois mètres de large. Situé derrière
le massif (kiosque), il communique avec l’intérieur du SNA par un sas. Il embarquera
notamment un propulseur sous-marin de nouvelle génération pour 6 commandos.

Essai d'un MdCN tiré en immersion en 2012 (© DGA)
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Enfin, l’armement pourra dorénavant comprendre, en plus des missiles antinavire et
des torpilles, des missiles de croisière MdCN. « On gagne une capacité double
puisque ce missile est aussi disponible sur les FREMM. Il deviendra possible d’utiliser
cet armement stratégique à partir de deux plateformes, de surface et sous-marine,
selon les besoins opérationnels et stratégiques », explique le capitaine de vaisseau
Bertrand Dumoulin, patron du SIRPA Marine.

Des capacités en hausse

La classe Suffren affiche 99 mètres de longueur pour un diamètre de 8.8 mètres. Son
déplacement en surface sera de 4600 tonnes et de 5300 en plongée. À titre de
comparaison, les SNA Rubis mesurent 73.6 mètres de long et déplacent 2385 tonnes
(2670 en plongée). L’autonomie est estimée à 70 jours (contre 45 pour son
prédécesseur) et ne dépend que des limites humaines dues aux vivres ou à l’éventuel
besoin de renouvellement des munitions. Toutefois, ce chiffre est théorique. Il est en
effet possible de stocker épisodiquement des rations de combat prenant peu de place.
Un SNA peut rester plus longtemps en patrouille s’il est préparé pour le faire.

La profondeur maximale de plongée est donnée à plus de 350 mètres, bien en deçà
évidemment des possibilités réelles. Sa vitesse maximale, supérieure à 20 noeuds,
est également gardée secrète. Tout ce que l’on a pu apprendre cette semaine, c’est
que la « vitesse tactique » des nouveaux SNA est le double de celle des Rubis. Or,
c’est un critère primordial. Il s’agit en effet de la vitesse maximale à laquelle peut
naviguer un sous-marin tout en gardant une discrétion acoustique suffisante pour
réaliser sa mission. « Cela participe à l’avantage acoustique. Il faut entendre avant
d’être entendu. Cela repose sur de nombreux paramètres : les senseurs utilisés, la
discrétion et les possibilités de navigation du bâtiment », explique CV Dumoulin,
ancien commandant de sous-marin. La vitesse peut aussi être gagnée avec des
ailerons qui sont désormais situés le long de la coque et non plus sur le massif. Cela
leur permet d’être rétractables et de diminuer la traînée, donc d'améliorer
l'hydrodynamisme. En terme de manoeuvrabilité, le sous-marin bénéficie de barres de
plongée en forme de croix de Saint-André. Cette configuration en X accroît aussi les
capacités, sachant que le sous-marin pourra continuer à évoluer avec seulement deux
des quatre barres en état de marche.

L’emport d’armes est aussi réévalué par rapport aux Rubis : 20 (hors tubes) contre 14.
Elles sont toutes regroupées dans un compartiment à l’avant et mises en œuvre au
travers des quatre tubes. Il y a donc le MdCN avec une capacité de changement de
milieu, mais aussi la torpille lourde F21 de 533 mm, qui va devenir l’armement standard
en remplacement de la F-17 Mod2 équipant jusqu'ici les Rubis et Triomphant. On
trouvera également des missiles antinavires Exocet SM39. À noter que les Barracuda
sont également conçus, moyennant quelques adaptations, pour mettre en œuvre des
mines marines. L'actuelle FG29, un modèle déjà ancien, devrait être remplacée à
l'avenir par une mine de nouvelle génération mais ce projet n'a pour le moment pas vu
le jour.
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Image de synthèse de torpilles F21 sur un autre sous-marin (© NAVAL GROUP)

De son côté, la discrétion acoustique, élément essentiel d'un sous-marin, a été au
cœur des besoins exprimés par la Marine nationale et des travaux conduits par Naval
Group. « On cherche toujours à améliorer l’existant. C’est une course à la
performance. On arrive aujourd’hui à des niveaux de perfectionnement dans ce
domaine de très haut niveau », explique Vincent Martinot-Lagarde. « On a pris en
considération tout ce qu’on avait découvert par le passé, que ce soit dans la conception
d’anciens bâtiments ou dans les retours d'expérience avec la marine. Cela permet de
proposer des solutions plus performantes. Il a quand même fallu d’imposantes phases
de test et d’amélioration pour affiner nos choix ». Parmi les innovations permettant plus
de discrétion, il y a la propulsion. Celle-ci est hybride. Elle dispose d’un mode
« silencieux » à faible vitesse, où deux turboalternateurs fournissent de l’énergie pour
des moteurs électriques actionnant la pompe-hélice. Dans le second mode, un
turbopropulseur peut entraîner directement le propulseur, ce qui donne plus de
puissance, mais génère aussi plus de bruit.

En matière de senseurs, le sous-marin bénéficie nativement d’antennes de flanc. Il est
également équipé d’un sonar d’étrave, d’un sonar d’évitement de mines et peut
recevoir une antenne remorquée. Des études sont d’ailleurs menées pour installer à
terme un système de ravalement pour cette antenne remorquée sur les prochains
exemplaires de la classe. Les mâts radars et optroniques ne sont pas pénétrants, ils
n'entrent pas dans la coque interne du sous-marin, ils restent dans le massif.

Un bâtiment très automatisé

Profitant des derniers développements technologiques entrevus sur les SNLE Le
Triomphant ou les Scorpène, Naval Group a largement automatisé le sous-marin. Cela
se vérifie dans deux des postes clés, le poste central navigation opérations (PCNO) et
le poste central propulsion (PCP).

Pour le PCNO, il y a deux évolutions majeures. La première est l’absence de périscope
pénétrant. Le programme Barracuda est le premier en France à incorporer des mâts
(radars et optroniques) tous extérieurs à la coque épaisse. Ils apportent plusieurs
avantages dont celui de ne pas gêner la circulation du personnel dans le PCNO qui
est d’ailleurs légèrement décalé et non plus centré autour d’un périscope. Le deuxième
point est le système de combat SYCOBS, dérivé de celui du SNLE Le Terrible (2010)
et de ses trois aînés après refonte. Il permet une meilleure synchronisation des
données issues des senseurs. Les marins auront comme interfaces des consoles
multifonctions.

Au niveau du PCP, là aussi il y a du changement. Traditionnellement situé à l’arrière
du bâtiment, près du compartiment réacteur, il est maintenant déporté près du PCNO.
La commande de nombreux systèmes est automatisée au sein d’un système
d’exploitation de conduite de la plateforme.

L’équipage passe de 60 à 63 personnes

À l’origine, il était prévu 60 sous-mariniers pour la classe Suffren. Seulement, après
réflexion, la Marine nationale a décidé de rajouter trois marins supplémentaires pour
atteindre le chiffre de 63. Il n’est pas impossible que ce nombre évolue encore à la
hausse selon le retour d’expérience des premières années de service. Si besoin, le
bâtiment dispose de place pour accueillir d’autres sous-mariniers. Il comprend en effet
des logements réservés à des passagers (comme des commandos des forces
spéciales), qui pourraient éventuellement être réaffectés en faveur de l’équipage. Ce
qui en revanche peut obliger à réduire légèrement les capacités allouées aux
opérations spéciales.

Intérieur d'une cabine témoin (© MER ET MARINE - MATTHIAS ESPERANDIEU)

On notera que l’ergonomie des espaces, en particulier les locaux vie, été
particulièrement soignée par rapport à la génération précédente. Les cabines
comprennent maintenant seulement deux, quatre ou six couchages avec une bannette
par personne. Toutes sont regroupées à l’avant du sous-marin. C’est un vrai plus pour
l’équipage et cela permet d’entrevoir une féminisation à terme. Cette dernière est pour
l’instant uniquement expérimentée sur les SNLE (voir notre reportage avec les
premières femmes sous-mariniers).

Un premier équipage complet fin 2019

Un noyau d’équipage est déjà constitué depuis 2015. Il comprend actuellement 70
sous-mariniers. Il faudra deux équipages, un rouge et un bleu, pour chaque unité et
donc 126 membres formés pour le Suffren. La Marine planche sur un équipage
complet fin 2019 et un deuxième fin 2020. Les hommes choisis sont expérimentés, ils
ont en moyenne 35 ans et près de 12.000 heures de plongée à leur actif. Leur rôle est
actuellement triple. Ils suivent la construction sur le chantier, participent à la réalisation
de corpus documentaires et enfin bien évidemment s’entraînent et maintiennent à
niveau leurs compétences. Des marins plus jeunes seront incorporés peu à peu de
sorte à constituer un vivier humain pour les années à venir.

La conduite des futurs SNA sera vraisemblablement différente de la génération
précédente, ne serait-ce que par le recours exclusif à des mâts optroniques pour la
surveillance visuelle qui demanderont, de l’avis même des marins, un effort
d’adaptation. Il reste que les performances attendues doivent permettre à la classe de
rester particulièrement crédible jusqu’en 2060.

(© NAVAL GROUP)
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