Club National des Bécassiers
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Club National des Bécassiers 105 rue Louis PERGAUD, Villeneuve 16430 CHAMPNIERS Tél : 05.45.69.83.56 E.mail : brumaloupi@wanadoo.fr Dessin d’Aline Michel-Rouxel Synthèse des données météorologiques, migratoires et biologiques recueillies en FRANCE durant la saison bécassière 2019/2020 Hors série n°5 de La Mordorée n°295 - Juillet 2020 -
Préambule Les responsables de la commission scientifique, malgré l’épisode particulier que nous venons de vivre, ont continué à travailler et ont pu rédiger ce hors-série n°5 retraçant le bilan de la saison 2019/2020. Cela montre bien la vitalité du club et la passion qui animent tous ces bénévoles. Un grand merci à eux. Je tenais également à remercier tous ceux qui bravant les difficultés (période de confinement, acheminement du courrier difficile) ont réussi à transmettre leurs données à nos responsables, je pense en particulier à toutes les ailes (plus de 10 000 !) qui sont parvenues jusqu’à nos lecteurs. Dans le domaine scientifique, cette année 2020 devait voir se développer de nouveaux projets. Une expédition en Sibérie était programmée, sur des lieux encore inexplorés en ce qui concerne la reproduction de la bécasse des bois. Le Covid-19 est passé par là et en a décidé autrement. Mais ce n’est que partie remise et nous espérons qu’elle pourra avoir lieu en 2021. La commission biotope était, elle aussi, sur la sellette. Des contacts avaient été pris pour lancer une étude sur le ver de terre, élément constitutif essentiel dans la nourriture de l’oiseau. Là encore, les circonstances n’ont pu pousser plus en avant ces premiers contacts, mais je ne doute pas que, dès que la situation le permettra, la commission reprendra le travail sur ce dossier. Nous allons relancer l’étude des gonades que Jean-Paul BOIDOT avait initiée, il y a maintenant 11 ans. Cette étude va nous permettre de voir si le réchauffement climatique a un impact sur la reproduction de la bécasse des bois. Pour l’instant, la mission en Biélorussie, pour équiper de balises des oiseaux sur leurs lieux de nidification, est maintenue. Pour revenir au bilan de cette année, vous constaterez que l’ICA est le meilleur depuis que nous avons débuté notre suivi sur la bécasse des bois. Oublié le faible pourcentage de l’âge-ratio de la saison 2017/2018. Notre oiseau ne cessera de nous surprendre et garde envers lui bon nombre de secrets qu’il nous est encore difficile de décrypter et d’analyser ! Heureusement, oserais-je dire, car c’est ce qui fait son charme et qui entretient l’attrait qu’elle exerce sur nous. Tous les voyants sont au vert, n’en déplaise à certains qui, sous le couvert d’études personnelles pseudo scientifiques s’évertuent à démontrer le contraire. Une expérience personnelle, une interprétation orientée des données disponibles, ne sauraient remplacer la rigueur scientifique dont on doit faire preuve quand on se lance dans une analyse de chiffres. Avec la bécasse des bois, oiseau si particulier, la prise en compte des résultats sur plusieurs années doit prévaloir. Ce sont bien les tendances qu’il faut prendre en ligne de compte et non pas, simplement, les résultats sur une année. Les études doivent s’ancrer dans la durée. C’est grâce à elles que nous pourrons avoir une connaissance fiable de l’évolution des populations bécassières. Sans aucune forfanterie, je peux affirmer que tous ceux qui ont œuvré à la rédaction de ce 5ème bilan, tous ceux qui, depuis vingt-cinq ans, collectent, rassemblent, traitent les données que vous leur fournissez, font preuve de cette rigueur sans laquelle une certaine crédibilité ne peut-être admise. Notre collaboration avec les scientifiques de l’OFB, avec des universitaires dans le cadre de la FANBPO, atteste du sérieux de nos travaux. Nous ne sommes que des bénévoles, mais des bénévoles passionnés, des bénévoles éclairés dans nos spécialités respectives. Je renouvelle mes remerciements à tous ceux qui oeuvrent au quotidien dans les différentes commissions, pour l’enthousiasme qu’ils déploient, pour leur acharnement à aller toujours plus loin dans la connaissance de la bécasse des bois. Bruno MEUNIER Président du CNB
SOMMAIRE I- BILAN METEOROLOGIQUE. ........................................................................................... p 1 1. Météorologie de la période migratoire. .............................................................................. p 1 2. Météorologie de la période hivernale. ................................................................................ p 4 3. Conclusion. ............................................................................................................................... p 5 II- BILAN DE L’OBSERVATOIRE GEL PROLONGE. ............................................ p 6 1. Sections et territoires participant au recueil des données.............................................. p 6 2. Conditions météorologiques et humidité des sols. .......................................................... p 7 3. Résultats et analyse des recensements. .............................................................................. p 8 4. Bilan des suivis et perspectives. .......................................................................................... p 9 5. La mise en place d’un réseau de bécassiers observateurs. .......................................... p 10 5.1. L’objectif. ........................................................................................................................ p 10 5.2. La méthode retenue. ..................................................................................................... p 10 5.3. La saisie des données. .................................................................................................. p 10 5.4. Le traitement et la restitution des données. ............................................................ p 11 5.5. Perspectives de mise en œuvre. ................................................................................. p 11 III- BILAN DES INDICES D’ABONDANCE : ICA MIGRATION et HIVERNAGE. ................................................................................................................................. p 12 1. Evolution mensuelle des ICA. ............................................................................................ p 12 2. Répartition géographique des oiseaux. ............................................................................ p 14 3. Conclusion. ............................................................................................................................. p 16 IV- BILAN DES DONNEES BIOLOGIQUES et BIOMETRIQUES. ................. p 18 1. Collecte des échantillons. .................................................................................................... p 18 2. l’âge-ratio. ............................................................................................................................... p 19 3. Etude des mues alaires. ........................................................................................................ p 21 3.1. Cotations en 2018/2019 et taux de mues suspendues. ......................................... p 21 3.2. Comparaison interannuelle des cotations. ............................................................... p 23 3.3. Répartition des catégories d’oiseaux par régions.................................................. p 24 4. Suivi des poids. ...................................................................................................................... p 25 5. Le sex-ratio. ............................................................................................................................ p 27 V- BILAN D’ACTIVITE DE LA COMMISSION BAGUAGE. ............................. p 28 CONCLUSION GENERALE. ...................................................................................................... p 32 LISTE DES FIGURES. ................................................................................................................... p 33 REMERCIEMENTS........................................................................................................................ p 34
I- Bilan Météorologique. Comme chaque année, Jean-Louis CAZENAVE fait le point des conditions météorologiques de la saison de chasse 2019/2020. Celle-ci, plus encore que la précédente, est marquée par la douceur et une excellente humidité des sols. 1. Météorologie de la période migratoire. A l’effet bénéfique des bonnes conditions météorologiques de la période de reproduction se sont ajoutées dès la fin septembre et pendant toute la période migratoire des conditions météorologiques favorables à la migration. Le début de saison est marqué en général par de la douceur, mais aussi par quelques périodes froides espacées régulièrement, qui sont autant de coups de boutoir pour la migration. Figure 1 : Carte de anomalies de température sur la dernière décade de septembre 2019. La première période froide intervient dès le mois de septembre (figure 1) et n’est pas étrangère à la présence précoce d’oiseaux sur notre territoire, dont les arrivées en quantité ont surpris début octobre. 1
Les périodes froides se succèdent ensuite régulièrement fin septembre, principalement en Russie, puis début octobre en Russie du nord-ouest et en Scandinavie. Le phénomène se renouvelle fin octobre / début novembre de la Finlande au sud de la Russie, puis fin novembre / début décembre, de nouveau en Russie de l’ouest. Entre ces périodes froides, une douceur relative domine, entretenue par le passage de dépressions qui véhiculent de l’air plus doux que la norme. De ce fait, en toutes zones, les températures minimales plongent régulièrement vers 0° mais elles remontent tout aussi régulièrement (figure 2). Dans la région de Moscou, entre le 15 octobre et le 15 novembre, si les températures minimales (courbe en bleu sur le graphique du bas) plongent vers le 0° à plusieurs reprises, la température moyenne de la période présente une anomalie tout à fait exceptionnelle de 5,3 degrés au-dessus de la norme des trente dernières années (trait vert du graphique du milieu). Figure 2 : Evolution des températures moyennes, minimales et maximales, d’octobre à mi-novembre 2019. Autrement dit, il est vraisemblable que les « plongées » régulières des températures minimales ont contribué à entretenir un flux migratoire régulier, et ce, en dépit de la douceur. 2
L’état des sols a subi ces variations, puisque l’extension du gel des sols et celle du manteau neigeux n’ont jamais été durables. C’est pourquoi, si les extensions maximales des sols gelés et du manteau neigeux ont pu atteindre l’Europe centrale début décembre, il n’en reste plus rien le 18 décembre (figures 3 et 4). A cette date, même les sols de la Russie de l’ouest ne sont ni gelés, ni enneigés. Figure 3 : Carte de la température des sols le 18 décembre 2019. Figure 4 : Carte du manteau neigeux le 18 décembre 2019. 3
En revanche, dans notre pays, quelques rares épisodes de sols gelés ont pu provoquer çà et là les premiers mouvements internes, alors qu’ils interviennent habituellement plus tard. Enfin, les sols de notre territoire, qui étaient très secs à la fin de l’été, se sont rapidement ré-humidifiés dès octobre pour être pratiquement à saturation fin novembre, garantissant de bonnes conditions d’accueil des migratrices. 2. Météorologie de la période hivernale. En France comme en Europe du nord, la douceur domine pendant la période d’hivernage, tout comme une très bonne humidité des sols sur l’ensemble du territoire national. L’hivernage est également marqué par une succession de tempêtes hivernales. Janvier est un mois très doux (figure 5), entraînant une quasi absence de gel des sols, sauf pendant de courtes périodes au nord-est du pays et dans les massifs montagneux. Les conditions sont propices au maintien des oiseaux dans leurs remises hivernales. Figure 5 : Ecarts à la normale des températures moyennes en janvier de 1971 à 2020 (météo France). Au cours des 10 dernières années, seules 3 années ont connu des températures moyennes inférieures à la norme. Dans un contexte de faibles précipitations, l’événement le plus marquant du mois demeure la tempête Gloria et les inondations dans le sud du pays, consécutives aux très fortes précipitations dans les Pyrénées orientales et dans l’Aude enregistrées entre le 20 et le 24 janvier 2020 (figure 6). 4
Figure 6 : Cumul des précipitations dans le sud-est de la France entre le 20 et 24 janvier 2020. Le dernier mois de chasse est également très doux, avec des températures printanières et des valeurs records. La situation des sols est très favorable à l’alimentation des oiseaux avant leur migration prénuptiale et la saison de chasse se termine juste avant un nouveau déferlement de tempêtes hivernales sur le pays. Février ne compte, en effet, pas moins de 5 tempêtes affectant directement ou indirectement la France. 3. Conclusion. En conclusion, après des conditions météorologiques de reproduction favorables, la période migratoire voit plusieurs périodes froides contribuer, probablement, à entretenir un flux migratoire régulier. L’hivernage est une période très douce, mais aussi très agitée en février. Pendant toute la saison, la douceur entretient une situation où les sols ne sont pratiquement pas enneigés et où le gel des sols est moins étendu que d’habitude et peu durable. Enfin, l’humidité des sols est très favorable à l’alimentation des oiseaux depuis les premières arrivées jusqu’à la fin de saison. Jean-Louis CAZENAVE, Commission météorologie. 5
II- Bilan de l’observatoire gel prolongé. 1. Sections et territoires participant au recueil des données. C’est un total de 10 territoires répartis sur 9 départements qui ont participé aux travaux de l’Observatoire pour la saison 2019/2020 (figure 7). Les 10 territoires ont fait l’objet d’un suivi mensuel, de novembre à mars : C’est donc 235 heures de comptage qui ont été effectuées (238 h en 2018/2019). Au total, 216 bécasses ont été comptabilisées contre 158 en 2018/2019. Figure 7 : Carte des territoires de référence de l’OGP opérationnels en 2019/2020 (9 départements pour 10 territoires). 6
2. Conditions météorologiques et humidité des sols. - 2019/2020 : Un hiver plus doux qu’en 2018/2019… Figure 8 : Ecart des températures à la moyenne saisonnière 1981-2010. Hiver 2019 (à gauche) vs hiver 2020 (à droite). … Mais des sols globalement beaucoup moins secs et plus accueillants. Figure 9 : Etat de l’humidité des sols comparé à la moyenne saisonnière 1981-2010. Hiver 2019 (à gauche) vs hiver 2020 (à droite). 7
3. Résultats et analyse des recensements. 235 h de prospection, 216 bécasses recensées. Lors de cette saison 2019/2020, l’effort de prospection a été identique à celui de la saison précédente (238 h). Sans surprise, nous observons une augmentation significative du nombre de bécasses différentes comptabilisées au cours de ces recensements (158 en 2018/2019). 30,0 2018/19 Saison 2019/20 Saison 24,0 25,0 20,0 16,4 13,1 13,3 15,0 11,1 10,3 10,1 7,8 8,6 10,0 6,5 6,7 7,2 5,2 4,43,5 5,5 5,1 5,0 1,4 2,32,3 1,6 0,0 0,0 Figure 10 : Comparaison des densités (D2) de bécasses /100ha sur les 10 territoires suivis. Saisons 2018/2019 et 2019/2020. La densité de bécasses observées/100 ha varie selon bien sûr la capacité d’accueil des territoires suivis (figure 10). La moyenne des densités observées sur ces 10 territoires de référence enregistre une progression de + 19 %, l’ICA national ayant pour sa part progressé de + 11%. 9,0 7,7 8,0 7,2 6,8 7,0 5,7 6,0 5,0 4,0 3,0 2,0 1,0 0,0 2018/19 Saison 2019/20 Saison D2 Tous territoires ZNR D2 Tous territoires ZR Figure 11 : Densités de bécasses (D2) /100 ha sur Zones "Refuge" (ZR) et "Non Refuge" (ZNR). Tous territoires - Saisons 2018/2019 et 2019/2020. Le territoire national ayant été, dans son ensemble, épargné par des périodes de gel significatives, les zones refuges de ces différents territoires n’ont pas été privilégiées par les bécasses, contrairement à la saison précédente (figure 11). 8
12 Saison 2018/19 Saison 2019/20 9,7 10 8,6 8 7,4 6 4,4 4 2 0 Densités migration Densités hivernage Figure 12 : Densités de bécasses /100 ha durant la migration et l’hivernage. Tous territoires - Saisons 2018/2019 et 2019/2020. Contrairement à la saison 2018/2019, la migration 2019/2020 a « rempli » les territoires avec un bon niveau de densité (figure 12). Comme l’indique le rapport de la commission météo, l’humidité des sols a été propice à un accueil des oiseaux dès le début de migration 2019/2020, ce qui était loin d’être le cas en novembre 2018. 8,0 6,8 6,9 7,0 5,6 6,0 5,0 4,0 3,0 2,0 1,0 0,0 2020 Mars Dec 1 2019/20 Migration 2019/20 Hivernage Figure 13 : Densités de bécasses /100 ha – 1ère décade de mars, migration et hivernage. Tous territoires - Saison 2019/2020 Pour les territoires ayant pu réaliser un comptage en mars, il est intéressant de constater que la densité observée en 1ère décade de mars est identique à celle de l’hivernage (figure 13). 4. Bilan des suivis et perspectives. Si le point faible de ce suivi réside dans la faible quantité de territoires suivis, son intérêt est de comparer des territoires stables d’une année sur l’autre et d’apporter des informations complémentaires aux données de Béc@notes, notamment sur le mois de mars pour lequel nous pouvons disposer de valeurs inédites. D’autre part, le paramètre « densité de bécasses/100 ha », est également un indicateur intéressant, disponible au travers de ces suivis. Les données ici présentées ne pourraient exister sans le concours des délégués et des bécassiers qui mettent en œuvre ces suivis, qui collectent et transmettent les données. Qu’ils soient ici chaleureusement remerciés pour leur indispensable contribution. 9
5. La mise en place d’un réseau de bécassiers observateurs. 5.1 L’objectif. Face aux difficultés rencontrées par certains délégués pour mettre en place des suivis de territoires de référence, l’un des objectifs fixé à l’OGP était de mettre en place un réseau de «bécassiers observateurs», volontaires, chargés de faire un suivi sur leur territoire de chasse pendant la période de chasse, avec une attention particulière portée à la période d’hivernage, souvent propice aux périodes de gel prolongé. Le Conseil d’Administration du CNB a choisi de mettre en place un outil de suivi basé sur la structuration, dans chaque section, d’un réseau de « bécassiers observateurs », volontaires pour enregistrer leurs données de sorties de chasse selon un protocole identifié. 5.2 La méthode retenue. - Suivi en temps réel de l’évolution de l‘abondance des bécasses. - Sur des territoires régulièrement chassés. - Par des bécassiers qui utilisent Béc@notes (saisie en temps réel des données). - Identification, avec le délégué de chaque section, des bécassiers (5 à 10) et territoires abondant la base de données « Bécassiers Observateurs ». - Avec une qualification de la zone chassée : o en « Zone Refuge » (territoire ou partie de territoire situé en fond de vallée, versant ensoleillé, bord de cours d’eau, cordon maritime, etc …) ou/et o en « Zone Non Refuge » pour les zones de chasse normalement exposées au gel des sols. 5.3 La saisie des données. - Dans les 24h qui suivent chaque sortie de chasse effectuée par le bécassier observateur sur un territoire « gel prolongé ». - Enregistrement du CR de chasse sur Béc@notes en précisant qu’il s’agit d’une sortie Gel Prolongé en indiquant s’il s’agit d’une ZR ou ZNR. 10
5.4 Le traitement et la restitution des données. Les données saisies par les bécassiers observateurs seront exportées de Béc@notes, traitées par l’OGP (représentation graphique) et transmises aux délégués de chaque section ayant un réseau de bécassiers observateurs : - en fin de saison en année sans alerte Gel Prolongé. - en temps réel en cas d’apparition d’une vague de froid. 5.5 Perspectives de mise en œuvre. En raison de l’absence de réunion en juin 2020, cette étape n’a pu être étudiée par le CA du CNB, mais le sera pour le début de la saison 2020/2021. L’outil Béc@notes ayant été adapté pour permettre la saisie des données avec l’accès habituel et la synthèse par département, la saison prochaine pourrait donc être une année « test » pour sa mise en œuvre avec les sections qui le souhaiteraient. Remerciements Nous n’aurions pu faire avancer ce dossier, toujours un peu sensible, sans les observations constructives du CA, sans l’écoute et l’appui de B. Meunier et JM Desbieys, sans la disponibilité et la compétence de M. Bonzom. Merci à tous. Bruno BOUSSIRON, Didier NIOT, Joël VITTET, Commission Gel Prolongé 11
III- Bilan des indices d’abondance : ICA migration et hivernage. Depuis la médiocre saison 2002/2003 et une saison 2003/2004 très moyenne, les dernières saisons présentent toutes des ICA qui permettent de les qualifier quasiment toutes de supérieure ou d’égale à la moyenne. La dernière décennie présente huit saisons classées bonne ou très bonne. Avec ce cycle très favorable, l'ICA moyen augmente d’ailleurs régulièrement et conduit à se poser des questions sur les modes de saisies. Au-delà du biais éventuel que la saisie peut introduire sur la valeur précise de l'ICA, celui-ci reflète quand même de manière efficace la qualité d'une saison et ce sont bien les comparaisons inter annuelles et interdépartementales qui permettent à chacun de se rendre compte de la réalité nationale et de son ressenti local. Et si certains doutaient, soit par l’analyse des saisons réalisées à partir des ICA, soit à partir des constats de terrain, que le cheptel bécassier était en péril, la saison que nous venons de passer devrait les rassurer. 1. Evolution mensuelle des ICA. Figure 14 : ICA décadaires de septembre 2019 à février 2020 (source Béc@notes). L'Indice Cynégétique d'Abondance (ICA) annuel national de la saison 2019/2020 est de 2,00 (figure 14). Cet ICA classe la saison passée comme une très bonne saison, la meilleure des saisons analysées depuis que le CNB enregistre de manière chiffrée la présence des bécasses sur le territoire national (figure 15). L'ICA de la migration (1,98) est quasiment égal à celui de l'ICA annuel. Celui de l’hivernage (2,03) est légèrement supérieur à celui de la saison totale. La migration se présente comme celle de la saison passée mais à un niveau supérieur. L’ICA présente une progression croissante sur novembre et la première décade de décembre, à des valeurs nettement supérieures pour chaque décade à celles de l’an dernier. Puis les deux dernières décades de décembre présentent un léger repli par rapport à la première de ce mois, très relatif car à des valeurs très élevées. En effet les ICA des deux dernières décades de novembre et des trois de décembre sont tous supérieurs à 2. Ensuite la présence d’oiseaux reste constante et à haut niveau en janvier (l’ICA de chaque décade est supérieur à 2 pour un ICA du mois de 2,05) et en février malgré un léger repli sur la première décade de ce mois (ICA moyen de 1,95). Une saison qui s’est donc construite sur une excellente migration et a ensuite été entretenue par un très bon hivernage. Cette structuration temporelle de haut niveau finit par en faire la meilleure des saisons enregistrées (figure 15). A de rares exceptions, dont fait partie la région PACA pour laquelle la saison n’est que moyenne, toutes les autres régions ont connu une bonne à très bonne saison. 12
L’ICA d’octobre à 1,15 le place en deuxième position de ceux enregistrés pour ce mois. La migration de novembre démarre de très bonne manière sur sa première décade et va crescendo sur le mois (ICA de 1,78 à 2,26) pour en faire un très bon mois. L’ICA du mois de 2,05 est le meilleur de ceux enregistré pour ce mois sur les vingt-quatre dernières saisons. Et de loin, puisque l’ICA du meilleur mois de novembre suivant est de 1,82 (figure 16). Les trois décades de décembre montrent une amplification de la migration même si les deux dernières sont en repli par rapport à la première (ICA de 2,38 puis 2,07 et 2,08). Des ICA supérieurs à 2 ne sont pas rares mais sont significatifs d’une forte présence d’oiseaux sur le territoire. L’ICA de ce mois à 2,19 en fait également le meilleur des vingt-quatre dernières saisons. Après ce mouvement migratoire très correct, le mois de janvier apporte une contribution essentielle à l’ensemble de la saison. Les ICA des décades de janvier sont de 2,12 pour la première puis 2,01 pour les deux autres. L’ICA du mois de janvier à 2,05 le place en troisième position des mois de janvier enregistrés. Ensuite les décades de février, dont les ICA sont respectivement de 1,88 et 2,01, font au final un ICA du mois de 1,95 qui fait de ce mois de février le deuxième de ceux enregistrés. Figure 15 : Comparaison interannuelle des ICA migration, hivernage, et saison complète. National TB 1.999 - 1.802 ICA moyen = 1,507 intervalle moyen-meilleur 0,197 B 1.802 - 1.605 meilleur ICA = 1,999 intervalle moyen-plus mauvais 0,188 M 1.605 - 1.413 plus mauvais ICA = 1,037 TM 1.413 - 1.225 m 1.225 - 1.04 Figure 16 : Comparaison interannuelle des ICA mensuels sur les 14 dernières saisons. 13
2. Répartition géographique des oiseaux. De manière géographique, la France a été approvisionnée de manière très correcte sur l’ensemble du territoire, avec des disparités relevées ici ou là. Avec les différences d’ICA que l’on connait entre les différentes régions, ceux-ci font que le nord comme le sud peuvent être considérés comme ayant connu une très bonne saison (figure 17). Figure 17 : Carte des ICA départementaux par décade de novembre 2019 à février 2020. 14
De manière plus précise les régions Aquitaine, Bourgogne, Bretagne, Franche-Comté, Pays-de-Loire, Poitou-Charentes, Languedoc-Roussillon, Midi-Pyrénées et Normandie seront considérées comme ayant connu une très bonne saison. La saison des régions Auvergne, Centre et Rhône-Alpes sera classée bonne. Enfin seule la région PACA présente de manière générale des ICA départementaux qui font classer la saison comme moyenne. Au sein de ces jugements généraux par région, quelques départements se distinguent de manière plus négative comme l’Indre et L’Indre-et-Loire pour la région Centre ou le Rhône pour Rhône-Alpes. La carte de France des ICA montre bien visuellement les réalités de celle-ci (figure 18). Les départements laissés en blanc sont ceux pour lesquels il n’y a pas de relevés ou ceux pour lesquels une appréciation est difficile à donner. Alors que l'ICA est calculé à partir d'informations quantitatives, l'appréciation est obtenue à partir des données qualitatives des correspondants. Il est intéressant de noter comment, selon les régions, une même densité peut être différemment appréciée. L’ICA est le nombre moyen de bécasses différentes, vues le même jour, sur un même territoire (ici le département) par un chasseur et ses chiens, sur une sortie de durée fixée à 3,5 heures (convention). Les valeurs en italiques indiquent des départements où il y a peu de relevés (en général moins de 200 heures saisies). Figure 18 : Carte des ICA départementaux pour la saison 2019/2020. 15
3. Conclusion. Le bilan présenté résulte de l’exploitation de 1 312 relevés individuels qui ont tous été saisis sur béc@notes. La diminution du nombre de comptes-rendus est vraisemblablement due à la suppression des assemblées générales des sections qui n’a pas permis de collecter certains comptes-rendus. Les 1312 relevés ont permis de recenser : - 121 460 heures de chasse au total (34 703 sorties de 3,5 h.) - 69 355 bécasses levées (ICA = 2,00) - 14 342 bécasses prélevées (ICP = 0,41) Le bécassier moyen aurait donc réalisé 26 sorties, lui permettant de lever 53 oiseaux différents, et d’en prélever 11. L'analyse de cette saison peut se résumer de la manière suivante. Une migration excellente, qui va crescendo de début novembre jusqu’à début décembre. Un repli relatif sur les deux dernières décades du mois de décembre qui est très relatif puisque l’ICA de ces décades sont intrinsèquement très bons. Ce potentiel est largement renforcé par des bons mois de janvier et février. Jean-François CAU, Commission ICA. 16
Saison 2019/2020 - Nombre de correspondants National 1312 REGIO N département REGIO N département Alsace Bas-Rhin - Languedoc-Roussillon Aude 26 0 Haut-Rhin - Gard 47 Aquitaine Dordogne 73 130 Hérault 40 Gironde 84 Lozère 28 271 Landes 88 Pyrénées-Orientales 17 Lot-et-Garonne 17 Limousin Corrèze 48 Pyrénées-Atlantiques 38 114 Creuse 46 Auvergne Allier 19 Haute-Vienne 41 Cantal 17 Lorraine Meurthe-et-Moselle 1 91 Haute-Loire 40 Meuse - Puy-de-Dôme 33 8 Moselle - Basse-Normandie Calvados 5 Vosges 7 26 Manche 17 Midi-Pyrénées Ariège 18 Orne 8 Aveyron 22 Bourgogne Côte-d’Or 19 Haute-Garonne 17 Nièvre 29 180 Gers 29 64 Saône-et-Loire 26 Lot 49 Yonne 11 Hautes-Pyrénées 15 Bretagne Côtes-d’Armor 43 Tarn 31 Finistère 57 Tarn-et-Garonne 34 132 Ille-et-Vilaine 13 Nord-Pas-de-Calais Nord 5 Morbihan 61 13 Pas-de-Calais 13 Centre Cher 30 Pays de la Loire Loire-Atlantique 13 Eure-et-Loir 5 Maine-et-Loire 28 Indre 15 67 Mayenne 7 67 Indre-et-Loire 17 Sarthe 11 Loir-et-Cher 14 Vendée 26 Loiret 14 Picardie Aisne 3 Champagne-Ardenne Ardennes 1 11 Oise 5 Aube 4 Somme 4 13 Haute-Marne 1 Poitou-Charentes Charente 30 Marne 8 Charente-Maritime 70 Corse Corse-du-Sud 5 119 Deux-Sèvres 9 6 Haute-Corse 1 Vienne 22 Franche-Comté Doubs 30 Provence-Alpes-Côte d’Azur Alpes-de-Haute-Provence 29 Jura 35 Hautes-Alpes 20 77 Haute-Saône 27 Alpes-Maritimes 15 Territoire-de-Belfort 3 102 Bouches-du-Rhône 19 Haute-Normandie Eure 7 Var 24 11 Seine-Maritime 6 Vaucluse 16 Ile-de-France Essonne 1 Rhônes-Alpes Ain 24 Hauts-de-Seine - Ardèche 37 Paris - Drôme 63 Seine-et-Marne 3 Isère 75 5 Seine-St-Denis - 232 Loire 30 Val-d’Oise - Rhône 14 Val-de-Marne - Savoie 28 Yvelines 2 Haute-Savoie 18 Pour prendre en compte le fait que certains chassent sur plusieurs départements ou régions, le protocole de dénombrement est le suivant : chaque chasseur est comptabilisé sur chaque département où il pratique. Il est compté une seule fois pour chaque région sur laquelle il pratique. Enfin il n’est compté qu’une fois pour le total national. 17
IV- Bilan des données biologiques et biométriques. 1. Collecte des échantillons. L’étude des données démographiques, biologiques et biométriques a porté sur un échantillonnage de 10 746 ailes, dont 10 048 étaient associées à une pesée de l’oiseau, et 1 355 à un sexage (figure 19). Les ailes ont été fournies par 1 231 correspondants (membres du club ou non), ce qui représente la participation de près d’un tiers des membres. L’annulation des assemblées générales départementales en raison de la pandémie COVID19 explique très certainement le plus faible nombre d’ailes reçu en comparaison avec l’année dernière, malgré la très bonne saison observée. Figure 19 : Evolution interannuelle des collectes d’ailes, pesées et sexages. La quantité d’ailes reçues chaque année s’est stabilisée autour de 10 000 ailes depuis la saison 2004/2005, avec toujours une très grosse proportion d’oiseaux pesés (environ 90%). Le sexage est associé à environ 15% des échantillons recueillis, c’est une pratique qui a du mal à se développer. Figure 20 : Répartition des échantillons d’ailes collectés en 2019/2020 selon les régions. 18
Les échantillons proviennent pour la plupart des régions de la façade atlantique (Aquitaine, Pays- de-Loire, Bretagne et Poitou-Charentes), du sud (Midi-Pyrénées, Languedoc Roussillon) et du sud-est (PACA, Rhône-Alpes) (figure 20). Les régions Centre, Limousin, Auvergne, Bourgogne, Franche-Comté, Picardie et Nord-Pas-de-Calais participent un peu moins avec entre 100 et 500 échantillons. Figure 21 : Répartition décadaire des échantillons au cours de la saison 2019/2020. Concernant la répartition temporelle des échantillons, ils ont été anecdotiques en septembre avec seulement 5 retours d’ailes sur ce mois-ci, provenant des régions Rhône-Alpes, Bourgogne et Limousin (figure 21). Les premiers prélèvements liés à un mouvement migratoire débutent réellement sur la 2ème décade d’octobre, avec des oiseaux prélevés dans des régions d’accueil comme par exemple l’Aquitaine, la Bretagne ou les Pays de la Loire. Les prélèvements sont ensuite typiquement majoritaires en novembre (37%) et décembre (32%), avec deux pics de retour d’échantillons situés sur la 2ème décade de novembre et la 1ère de décembre. Malgré une présence encore élevée d’oiseaux sur le territoire durant l’hivernage (ICA encore supérieurs à 2,00 sur janvier), les retours d’échantillons baissent ensuite régulièrement jusqu’en fin de saison (18% pour janvier et 8% pour février). 2. l’âge-ratio. Figure 22 : Evolution interannuelle de l’âge-ratio national. 19
L’âge-ratio moyen de la saison 2019/2020, calculé sur un échantillon de 10 734 ailes exploitables, est de 70,2% (figure 22). C’est un très bon âge-ratio, supérieur de 4 points à la moyenne des 24 dernières saisons, et cohérent avec les constatations faites par l’OFB sur les sites de nidification avant les départs migratoires. Figure 23 : Age-ratios moyens 2019/2020 par région et comparés à la moyenne locale sur 24 ans. L’âge-ratio a été proche de la moyenne locale ou supérieur à celle-ci, sur la totalité du territoire (figure 23). Il a été localement très élevé, comme par exemple en région Centre avec +23%. La seule baisse significative observée concerne la région Champagne Ardenne mais vu le très faible nombre d’ailes collectées (19 échantillons), la valeur de l’âge-ratio local, comme par ailleurs pour la Loraine ou l’Ile de France, est très certainement peu fiable. La combinaison de l’état hydrique des sols qui était en début de saison très satisfaisant sur la totalité du territoire (figure 9), et de la douceur constatée tout au long de l’hiver, a visiblement permis aux jeunes oiseaux de rester dans le centre de la France plus que d’habitude, sans se bousculer vers les zones côtières, ni sans délaisser aucune région comme ça avait pu être le cas les deux saisons passées. Concernant l’évolution de l’âge-ratio au cours de cette saison, la hiérarchie migratoire telle que nous la connaissons est respectée. Il est resté à des valeurs très hautes entre 70 et 74% durant la phase migratoire d’octobre à fin décembre, puis a légèrement baissé durant l’hivernage avec environ 65% en janvier et 60% en février (figure 24). 20
Figure 24 : Evolution décadaire de l’âge-ratio au cours de la saison 2019/2020. 3. Etude des mues alaires. 3.1. Cotations en 2019/2020 et taux de mues suspendues. Figure 25 : Répartition des cotations juvéniles. Figure 26 : Répartition des cotations adultes. 21
Au sein de la population des oiseaux juvéniles, les proportions de cotations JC0 et JC1 sont très proches des moyennes sur 24ans (figure 25). En revanche, il est observé moins de cotations JC4 au profit des JC2 et JC3. Les jeunes oiseaux n’ont donc pas forcément présenté des mues très avancées puisque les classes JC0/1 sont dans la moyenne, mais peu d’oiseaux présentaient des mues très en retard de type JC4. Concernant les adultes, 19% étaient des oiseaux d’un an (An+1), 34% des oiseaux d’au moins 2 ans (An+x) et 47% étaient en mue terminée (AC0), sans distinction possible de leur catégorie d’âge (figure 26). La proportion d’adultes AC0 en mue terminée a été significativement supérieure à la moyenne calculée sur 24 ans (+6%). Cela c’est traduit par une proportion plus faible d’adultes en mue suspendue, aussi bien chez les jeunes adultes d’un an (-3% d’An+1) que chez les vieux adultes (-3% d’An+x). Au sein de la classe des jeunes adultes An+1, la répartition des cotations montre moins d’oiseaux en en cotation C3/C4 au profit des oiseaux en cotation C1/C2 (figure 26). Au sein de la classe des vieux adultes An+x, la répartition des cotations montre peu d’oiseaux avec des mues très en retard de type C4, et également moins de C2/C3 au profit des C1 dont la proportion est nettement supérieure à la moyenne sur 24ans. Les adultes ont donc présenté des mues très bien avancées, et particulièrement les vieux adultes d’au moins 2 ans. Figure 27 : Comparaison interannuelle des Taux de Mues Suspendues (TMS). Le TMS (Taux de Mues Suspendues) est un indicateur de l’état d’avancement de la mue. Il est calculé à partir des proportions de chaque cotation observée dans les classes d’âge adulte et juvénile. Plus il est élevé, plus la proportion d’oiseaux à mue peu avancée est importante, ce qui peut refléter des difficultés rencontrées sur les zones de nidification (manque de nourriture pour achever correctement la mue) et/ou le déroulement de nichées plus ou moins tardives (jeunes précoces à mues avancées, jeunes tardifs à mues suspendues importantes), et/ou un départ en migration plus ou moins précoce (le départ en migration stoppant le processus de la mue) Pour la saison 2019/2020, le taux de mues suspendues s’élève à 1,56 pour les jeunes oiseaux et à 0,95 pour les oiseaux adultes (figure 27). Dans les deux cas il est inférieur aux moyennes calculées sur les 24 dernières années et reflète le fait que les deux catégories ont présenté des mues plus avancées qu’habituellement, comme cela a pu être détaillé ci-dessus dans l’analyse des cotations (figures 25 et 26). 22
3.2. Comparaison interannuelle des cotations. Concernant les oiseaux juvéniles, on observe une légère tendance à la hausse, ou au moins une très bonne stabilité, des effectifs en mue « terminée » qui représentent chaque année entre 15 et 20% du cheptel juvénile (figure 28) (Sachant que la mue n’est jamais terminée chez les jeunes oiseaux, ce terme est employé ici uniquement pour qualifier les oiseaux juvéniles cotés JC0, en comparaison avec les adultes cotés AC0). Ceci est certainement un signe du bon état de santé des populations de juvéniles et de conditions propices à une reproduction précoce et à une bonne alimentation globale sur les sites de nidification. Figure 28 : Evolution interannuelle des juvéniles en mue « terminée » et mue suspendue. Concernant les oiseaux adultes, l’évolution des oiseaux de première année (An+1), qui représentent environ 20% du cheptel adulte, est régulièrement en corrélation étroite avec la courbe des oiseaux adultes ayant terminé la mue (AC0, environ 40% du cheptel). Les oiseaux d’un an représenteraient donc probablement une bonne majorité des oiseaux adultes en mue terminée (figure 29). Par contre, ponctuellement comme en 2007/2008, 2012/2013 ou cette sainson, les variations des proportions d’AC0 sont davantage corrélées avec les variations d’An+x, ce qui montre que les vieux oiseaux peuvent également être bien représentés dans la classe AC0. Cependant, en l’état actuel de nos connaissances, nous ne pouvons pas identifier, au sein de la catégorie des oiseaux en mue terminée (AC0), les proportions d’oiseaux de première année An+1 ou d’oiseaux plus vieux An+x. Figure 29 : Evolution interannuelle des catégories adultes ACO, An+1 et An+x. 23
3.3. Répartition des catégories d’oiseaux par régions. Concernant les oiseaux juvéniles, il ne semble pas vraiment y avoir de relation entre l’avancée de la mue et la région d’hivernage, sans doute en lien avec la douceur constatée tout au long de cette saison. En effet, des jeunes en mue suspendue, et donc avec un plumage moins efficace pour lutter contre le froid, se sont retrouvés en proportions importantes aussi bien en zones montagneuses ou centrales (Auvergne, Rhône-Alpes, Midi-Pyrénées) qu’en zones côtières (Normandie, Bretagne, Poitou-Charentes) (figures 31). Les régions Normandie, Auvergne et Corse ont présenté très peu de jeunes en cotation JC0, contrairement à la saison passée (figure 30). Figure 30 : Répartition des jeunes JC0. Figure 31 : Répartition des jeunes JC1 à JC4. Concernant les oiseaux adultes, ceux en mue terminée (AC0) ont été en proportions importantes en Languedoc-Roussillon, PACA, Rhône Alpes, Corse, Bretagne et Picardie (> 50%, figure 32). Ils ont été en faible proportion en Normandie, Centre et Limousin (50%). A l’inverse ils ont été très peu représentés en région PACA (< 20%). Partout ailleurs leurs proportions ont varié entre 20 et 40% du cheptel adulte (figure 34). 24
Figure 32 : Répartition des adultes AC0. Figure 33 : Répartition des adultes An+1. Figure 34 : Répartition des adultes An+x. 4. Suivi des poids. Le poids moyen, toutes catégories d’oiseaux confondues, s’élève à 311g pour la saison 2019/2020 (figure 35). C’est le poids le plus faible observé sur les 17 dernières années (figure 36), et il s’inscrit dans la très légère tendance à la baisse observée depuis le début du suivi, même si des variations parfois marquées existent d’une année à l’autre (313g en 2011/2012 puis 316g en 2012/2013 et à nouveau 312g en 2013/2014). Ce faible poids moyen résulte d’un très faible poids observé aussi bien chez les adultes (313g) que chez les jeunes (310g) (figure 36). Et il est à noter que l’écart de poids moyen entre jeunes et adultes cette année été très faible (seulement 3g). Concernant les différences entre catégories d’oiseaux (âges et sexes), les écarts habituels sont respectés. Les mâles ont été en moyenne plus légers que les femelles (7g d’écart). Les jeunes mâles ont été les plus légers (305g) et les femelles adultes les plus lourdes (318g). 25
Les poids ont été maximums sur la 2ème décade de décembre avec un pic très net à 321g alors qu’ils ont été stables entre 311 et 313g d’octobre à mi-janvier (figure 37). Ils ont ensuite été très faibles sur les 3 dernières décades de la saison. Il est difficile d’expliquer ces faibles poids alors que les sols ont présentés une bonne humidité cette année et que les taux de mues suspendues ont plutôt témoigné d’oiseaux en bonne forme physique. Figure 35 : Poids des différentes catégories d’oiseaux en 2019/2020. Figure 36 : Evolution interannuelle des poids moyens, toutes catégories d’oiseaux. Figure 37 : Evolution décadaire des poids moyens en 2019/2020. 26
5. le sex-ratio. Figure 38 : Evolution interannuelle du sex-ratio. Concernant le sex-ratio, il s’élève à 37,6% de mâles cette année (figure 38). Il est légèrement en dessous de la moyenne calculée sur les 24 dernières années (39,3%), au cours desquelles ce ratio présente une très légère tendance à la baisse. Un point obscur demeure : nous ne connaissons pas le sex-ratio à la naissance. Nous pouvons penser qu’il est de 50 % mais vraiment sans aucune certitude puisqu’aucune étude n’a jamais été réalisée dans ce sens. A moins que la constance du sex-ratio observée chaque année soit révélatrice d'une proportion de femelles plus importante à la naissance. Jean-Christophe BLANCHARD, Gérard AUROUSSEAU, Bernard GALIBERT, Rémy FULCHIC, commission lecture d’ailes/biométrie/biologie. 27
V- Bilan d’activité de la commission baguage. La saison 2019/2020 constitue une excellente saison avec un record de captures au baguage. La transformation de l’ONCFS en OFB a maintenu le réseau bécasse avec les mêmes interlocuteurs. Nous travaillons en partenariat avec Kevin Le REST, Damien COREAU et Maxime PASSERAULT sur plusieurs dossiers, avec d'excellentes relations. Nous les remercions sincèrement. Voici en détail, au 5 juin 2020, le bilan provisoire de cette saison 2019/2020, communiqué par le réseau Bécasse OFB, qu’il faut remercier : - 89 Départements - 400 Bagueurs - 1 568 communes prospectées avec 5714 heures de prospection - 31 490 contacts - 8 962 bécasses baguées - 398 reprises directes – 540 reprises indirectes - 41 reprises étrangères en France - 585 contrôles - IAN : 5,51 - Age-ratio : 62,7 % La réussite d'une saison dépend de 3 facteurs : la qualité de la reproduction, les conditions climatiques, et l’hygrométrie des sols pour le stationnement des oiseaux. Tous les signaux étaient au vert. La saison de baguage a été marquée par une douceur exceptionnelle (figure 40), des précipitations abondantes (figure 39) et pas de coup de froid marqué. Malgré cela, la migration s’est effectuée largement sur novembre et décembre, alimentant les bagueurs et les bécassiers. Les données brutes des Indices d’Abondance Nocturne augmentent régulièrement ( IAN nov: 5,13 – déc : 5,97 – janv : 5,93 – fév : 5,54 – données OFB). Cette douceur et la bonne humidité des sols ont maintenu des effectifs sur l’ensemble du territoire jusqu’à la fin de saison, permettant ainsi aux bagueurs des zones habituellement moins fournies de continuer à capturer efficacement. Cela explique le record de captures. Le mode d’accès au site du réseau bécasse et la facilité de la saisie en ligne des sorties de baguage contribuent également à ce résultat. Figure 39 : Anomalie des cumuls de précipitation sur l’hiver 2019/2020 par rapport à la moyenne saisonnière 1981-2010. 28
Figure 40 : Anomalie des températures de l’hiver 2019/2020 par rapport à la moyenne saisonnière 1981-2010. Le suivi des effectifs hivernants se fait grâce aux 2 indices de suivi ICA et IAN. Les données brutes de 2,00 pour l’ICA et de 5,51 pour l’IAN témoignent d’une forte présence de bécasses pendant cet hiver et d’une stabilité des effectifs pour ce limicole (figure 41). Figure 41 : Evolution interannuelle comparée des ICA et IAN. Ces 2 indices ont des modes d’échantillonnage différents. Cependant, ce sont les variations inter annuelles qui permettent d’apprécier la réalité de la saison. Concernant les classes d’âge, il est constaté une forte présence de jeunes dans les échantillons à la chasse mais aussi au baguage, avec une valeur forte de l’âge-ratio bagage : 62,7 % (figure 42). 29
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