COLORECTAUX LES CANCERS - COLLECTION COMPRENDRE ET AGIR - Fondation ARC
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Information pour les lecteurs Ce document a pour objectif de répondre à certaines questions que vous vous posez sur les cancers colorectaux, sans remplacer pour autant les temps individuels et personnalisés que vous avez eus/ aurez avec le(s) médecin(s) et le personnel médical. Les paragraphes peuvent être lus indépendamment les uns des autres en fonction des préoccupations et des questions du mo- ment. Ces informations vous aideront à mieux comprendre ce qui vous arrive et peuvent permettre de susciter de nouveaux échanges avec l’équipe médicale. Une bonne compréhension des informations transmises par l’équipe médicale est donc indispensable pour vous approprier le choix du protocole thérapeutique. Cette brochure est un outil supplémentaire pour vous aider dans cette démarche. La Fondation ARC pour la recherche sur le cancer édite des publications d’information médicale et scientifique, accessibles à tous. La collection « Comprendre et agir » s’adresse en priorité aux personnes concernées par la maladie et à tous les acteurs de la lutte contre le cancer. Ce document participe à la protection de l’environnement. Il est imprimé avec des encres à base d’huiles végétales et sur papier issu de forêts gérées durablement. Édition : avril 2022 - Impression : avril 2022 - Centr'Imprim. Création graphique.
Les cancers colorectaux 3 • LES CANCERS COLORECTAUX • REMERCIEMENTS QU’EST-CE QU’UN CANCER ? 4 Cette brochure a bénéficié QU’EST-CE QU’UN du concours du CANCER COLORECTAL ? Dr Maximilien Héran, 9 oncologue médical à l'Hôpital Saint- LES FACTEURS DE RISQUE Antoine, Paris. ET LES FACTEURS PROTECTEURS 14 LE DÉPISTAGE ORGANISÉ 18 LES SYMPTÔMES ET LE DIAGNOTIC 21 LES TRAITEMENTS Les mots soulignés 28 de pointillés sont définis dans le lexique. VIVRE AVEC ET APRÈS LA MALADIE 38 Afin de ne pas alourdir le texte de ce guide, LES ESPOIRS DE LA RECHERCHE nous avons employé le masculin comme genre 41 neutre, pour désigner aussi bien les femmes LES CONTACTS que les hommes. 45 FONDATION ARC POUR LA RECHERCHE SUR LE CANCER
4 Les cancers colorectaux • QU’EST-CE QU’UN CANCER ? Première cause de mortalité en France, les cancers se développent à partir de cellules anormales qui se multiplient de manière incontrôlée au détriment de l’organisme. La mutation de certains gènes est à l’origine de leur apparition. Chaque individu est constitué d’environ 50 000 milliards de cellules orga- nisées en sous-ensembles structurés pour assurer une fonction, appelés tissus (tissu conjonctif, épithélial, nerveux, musculaire, adipeux…) qui forment eux-mêmes des organes (cœur, cerveau, poumon, peau…). Au sein de chaque organe, des milliards de cellules assument donc des fonctions très diverses, propres au tissu auquel elles appartiennent (pro- duction d’enzymes digestives, contraction musculaire, conduction de messages nerveux…). D’autres se multiplient (par division cellulaire), et certaines meurent, de façon programmée. Cette répartition des tâches et ce renouvellement constant – mais maîtrisé – permettent d’assurer le bon fonctionnement de l’organisme. Dans un tissu donné, les cellules se divisent, meurent, ou assurent leur fonction sans se diviser, parce qu’elles captent des signaux et expriment certains gènes qui les poussent dans une direction plus que dans une autre. Ce « choix » repose sur la position – l’équilibre – de nombreux curseurs. On sait aujourd’hui que cette position est régulée par des milliers de para- mètres, dont certains ont un poids plus important que d’autres.
Les cancers colorectaux 5 • Une orchestration précise qui se dérègle • Pour que la régulation très fine du processus de division cellulaire soit assu- rée, les cellules comptent sur la bonne fonctionnalité des protéines qu’elles produisent et qui sont les opératrices de ces processus. En amont, c’est donc l’intégrité des gènes, qui sont les plans de fabrication des protéines, qui est cruciale. Or, sous l’effet du temps, d’agressions extérieures (alcool, tabac, soleil, virus, radiations…), ou encore du fait de prédispositions génétiques, des altérations peuvent survenir sur l’ADN, molécule qui porte l’ensemble du patrimoine génétique. Heureusement, les cellules possèdent des sys- tèmes de réparation qui permettent de repérer et de corriger ces anomalies. Parfois, une mutation affectant un gène im- pliqué dans le développement des tumeurs LA PRÉDISPOSITION est présente dans toutes les cellules d’une GÉNÉTIQUE AU CANCER personne, dès sa naissance. Dans cette situa- tion, une étape du processus tumoral étant franchie d’entrée, le risque de cancer de cette personne est plus élevé que celui de la population générale. On parle alors de « prédisposition génétique » au cancer. Dans le cancer du sein, elle représente par exemple environ 5% des cas. En temps normal, lorsque les mutations sont trop importantes ou nom- breuses pour être réparées, la cellule s’autodétruit, par apoptose (un mécanisme de mort cellulaire programmée). Mais parfois, ces systèmes de sécurité fonctionnent mal ou ne fonctionnent plus : la cellule continue alors à se multiplier malgré la présence de mutations non réparées. Si ces dernières touchent des gènes impliqués dans la régulation de la pro- lifération cellulaire ou de l’apoptose, la cellule peut rapidement devenir incontrôlable. Elle se multiplie et conduit à la formation d’une tumeur, maligne ou bénigne. FONDATION ARC POUR LA RECHERCHE SUR LE CANCER
6 Les cancers colorectaux • QU'EST CE QU'UN CANCER ? Toutefois, en règle générale, une cellule ne devient pas cancéreuse lorsqu’elle n’a acquis qu’une ou deux anomalies génétiques. C’est l’accu- mulation de nombreuses altérations au cours du temps qui lui confère les propriétés d’une cellule cancéreuse. Cela explique en partie pourquoi la fréquence des cancers augmente avec l’âge et avec la durée ou l’intensité d’exposition à des agents mutagènes.
Les cancers colorectaux 7 • QUELLE EST LA DIFFÉRENCE ENTRE UNE TUMEUR BÉNIGNE ET UNE TUMEUR MALIGNE ? Qu’elles soient bénignes ou malignes (c’est-à-dire cancéreuses), les tumeurs sont formées de cellules qui se multiplient de façon très soutenue. La grande différence est le potentiel métastatique. Les cellules de tumeurs bénignes n’ont pas la capacité d’envahir d’autres organes. À l’inverse, les cellules cancéreuses ont la capacité d’in- fluencer les cellules de leur environnement, par exemple en stimulant la production de vaisseaux sanguins, en modifiant la structure du tissu dans lequel elles se déve- loppent ou en détournant les mécanismes de défenses immunitaires, par exemple. Les cellules cancéreuses peuvent donc donner des métastases. Les tumeurs bénignes sont donc généralement moins dangereuses. Toutefois, lorsqu’elles compriment un organe, certaines tumeurs bénignes doivent être traitées. D’autres peuvent évoluer en cancer : polypes intestinaux, condylome du col utérin… Ces tumeurs bénignes sont dites précancéreuses. Elles doivent être retirées avant que les cellules ne deviennent malignes. Les caractéristiques d’une cellule cancéreuse • Les cellules susceptibles de conduire à la formation d’un cancer présentent plusieurs particularités : • elles se multiplient activement, sont insensibles aux signaux qui devraient entraîner leur mort ou leur quiescence ; • elles n’assurent pas les fonctions des cellules normales dont elles dérivent : une cellule de cancer du sein ne va pas assurer les fonctions d’une cellule mammaire normale ; • elles s’accumulent pour former une tumeur ; • elles sont capables de détourner les ressources locales : les tumeurs développent souvent un réseau de vaisseaux sanguins qui leur permet d’être directement alimentées en oxygène, énergie et facteurs de croissance. Ce processus est nommé néo-angiogenèse ; • elles sont capables d’empêcher les défenses immunitaires de l’organisme de les attaquer. FONDATION ARC POUR LA RECHERCHE SUR LE CANCER
8 Les cancers colorectaux • QU'EST CE QU'UN CANCER ? L’évolution d’un cancer au sein de l’organisme • Au fur et à mesure du temps, les cellules cancéreuses continuent à accu- muler des anomalies. Elles acquièrent ainsi de nouvelles propriétés, dont certaines leur permettent de faire s’étendre la tumeur, localement puis plus largement. Les tumeurs finissent par envahir tous les tissus de l’organe dans lequel elles sont nées, puis par atteindre les tissus voisins : à ce stade, le cancer est dit « invasif ». Par ailleurs, certaines cellules cancéreuses peuvent devenir mobiles, se déta- cher de la tumeur et migrer, notamment à travers les systèmes sanguin ou lymphatique, pour former une tumeur secondaire ailleurs dans l’organisme. On parle de métastase. POUR EN SAVOIR PLUS, CONSULTEZ LA FICHE « COMBATTRE LES MÉTASTASES » Les décès par cancer sont surtout dus aux dommages causés par les métas- tases. C’est pourquoi il est important de diagnostiquer précocement la maladie, avant sa dissémination dans l’organisme.
Les cancers colorectaux 9 • QU’EST-CE QU’UN CANCER COLORECTAL ? Le côlon et le rectum font partie du tube digestif. Ils ont pour fonction de terminer la digestion puis d’évacuer les selles. Les cancers colorectaux regroupent toutes les tumeurs pouvant se développer sur l’une de ces deux parties du corps. Que sont le côlon et le rectum ? • Aussi appelé « gros intestin », le côlon prolonge l’intestin grêle et constitue la partie terminale du tube digestif. Cet organe long d’1,5 mètre débute par le cæcum où se trouve également l’appendice. Il est divisé en quatre zones principales définies par leur orientation : ascendant, transverse, descendant, sigmoïde. Autrement dit, le côlon « monte » d’abord sur le côté droit de l’abdomen, puis passe de droite à gauche au niveau du nombril, puis « descend » le long du flanc gauche. Sa partie terminale est appelée sigmoïde. Il se prolonge par le rectum, puis par l’anus. La paroi du côlon est formée de quatre couches de cellules assurant des fonctions différentes. De l’intérieur vers l’extérieur du côlon, on trouve : • la muqueuse, qui a principalement un rôle d’absorption des nutriments et de l’eau présents dans la matière en digestion ; • la sous-muqueuse, qui comporte de nombreux vaisseaux sanguins et vaisseaux lymphatiques ; • la musculeuse, qui assure les contractions de l’intestin nécessaires à la progression de son contenu ; • la séreuse, qui est le revêtement extérieur du côlon. Elle est absente au niveau du rectum. FONDATION ARC POUR LA RECHERCHE SUR LE CANCER
10 Les cancers colorectaux • QU’EST-CE QU’UN CANCER COLORECTAL ? La paroi interne des intestins forme des replis microscopiques qui facilitent l’absorption de l’eau et des nutriments. Cette alternance de villosités et de cryptes, au sein desquelles se retrouvent différentes glandes (glandes à mucus, glandes de Lieberkühn…), lui donne un aspect « en brosse ». Le mucus facilite le déplacement des selles dans le côlon et le rectum. Les matières fécales contenant les résidus de la digestion sont acheminées jusqu’à l’ampoule rectale qui joue un rôle de réservoir. La retenue des selles est assurée par un muscle, le sphincter anal. LES CANCERS COLORECTAUX EN CHIFFRES En 2018, plus de 43 300 cancers colorectaux ont été diagnostiqués en France. Il s’agit du troisième cancer le plus fréquent chez l’homme (après les cancers de la prostate et du poumon) et le deuxième chez la femme (après le cancer du sein). Il a entraîné un peu plus de 17 000 décès. L’incidence et la mortalité des cancers colorectaux ont diminué depuis une trentaine d’années. Cette évolution favorable semble liée à l’amélioration du dépistage de la maladie, donc à la mise en place de traitements plus pré- coces1. Les chances de guérison du cancer colorectal sont en effet directe- ment corrélées à son stade de progression au diagnostic : lorsque le cancer est localisé, les patients ont 90 % de chances de survie cinq ans ou plus après la maladie, mais seulement 13 % lorsqu’il a atteint le stade métastatique. La survie des patients atteints d’un cancer colorectal en France est parmi les plus élevée en Europe et dans le monde. 1. Estimations nationales de l’incidence et de la mortalité par cancer en France métropolitaine entre 1990 et 2018 – Étude à partir des registres des cancers du Réseau FRANCIM. Synthèse, juillet 2019.
Les cancers colorectaux 11 • © SophieJacopin.com Lorsque le cancer est localisé, les patients ont 90 % de chance de survie à 5 ans. FONDATION ARC POUR LA RECHERCHE SUR LE CANCER
12 Les cancers colorectaux • QU’EST-CE QU’UN CANCER COLORECTAL ? Des polypes aux tumeurs colorectales • Les cancers colorectaux prennent naissance au niveau de la muqueuse qui tapisse l’intérieur du côlon ou du rectum. Il s’agit dans la majorité des cas d’un adénocarcinome issu de la transformation maligne d’un polype intestinal. LE POLYPE, UNE TUMEUR BÉNIGNE QUI PEUT ÉVOLUER Les cancers colorectaux se développe dans 80 % des cas2 à partir d’une tumeur bénigne non cancéreuse apparaissant sur la muqueuse du colon, que l’on appelle polype adénomateux, adénome ou plus simplement « polype ». Les polypes sont fréquents et la plupart du temps sans gravité. Cependant, dans 2 à 3 % des cas, ils évoluent en 5 à 10 ans vers une tumeur cancéreuse. Plus un polype est volumineux et/ou plus il y a de polypes dans l’intestin, plus le risque de transformation maligne est élevé. Il est donc important de dépister et retirer les adénomes le plus précocement possible afin d’éviter le risque d’évolution vers un cancer. LA TUMEUR COLORECTALE : L’ADÉNOCARCINOME Les cancers colorectaux concernent pour 2/3 d’entre eux le côlon, pour 1/3 le rectum. Dans leur grande majorité (70 %), les tumeurs du côlon se développent sur le sigmoïde. L’adénocarcinome est la forme la plus fréquente des cancers colorectaux (95 % des cas). Il existe deux types principaux d’adénocarcinome : • L’adénocarcinome lieberkühnien, qui prend naissance dans les glandes de Lieberkühn de la muqueuse colique (85 % des cas) ; • L’adénocarcinome mucineux, autrement dit contenant une grande quantité de mucus (10 % des cas). Les 5 % restants correspondent à des cancers très rares (voir encadré). 2. www.e-cancer.fr/Patients-et-proches/Les-cancers/Cancer-du-colon/Les-points-cles
Les cancers colorectaux 13 • LES FORME RARES DE TUMEURS COLORECTALES Dans 5 % des cas, les cancers colorectaux se développent à partir d’autres types de cellules que celles à l’origine de l’adénocarcinome. On parle de : • tumeurs carcinoïdes quand elles se développent à partir de cellules nerveuses digestives ; • mélanomes quand le cancer apparaît à partir d’un mélanocyte du canal anal ; • lymphomes quand les cellules cancéreuses se forment dans un ganglion lymphatique. Ces cancers rares relèvent d’une prise en charge spécifique qui ne sera pas abordée dans cette brochure dédiée aux adénocarcinomes. L’ÉVOLUTION DU CANCER COLORECTAL On distingue différents stades de cancer colorectal en fonction de l’évo- lution de la tumeur. On parle ainsi de : • cancer in situ lorsque la tumeur reste localisée au niveau de la muqueuse interne de la paroi intestinale ; • cancer invasif lorsque la tumeur a progressé vers la couche sous-muqueuse ; • cancer métastasé ou métastatique lorsque des cellules malignes issues de la tumeur colorectale se sont disséminées en empruntant la circulation sanguine et lymphatique et se sont implantées dans les ganglions à proximité ou dans des organes distants comme le foie ou le poumon. FONDATION ARC POUR LA RECHERCHE SUR LE CANCER
14 Les cancers colorectaux • LES FACTEURS DE RISQUE & LES FACTEURS PROTECTEURS Comme beaucoup de cancers, les cancers colorectaux sont favorisés par la coexistence de plusieurs facteurs de risque chez une même personne. Si certains d’entre eux comme l’âge, l’hérédité et la génétique ne sont pas modifiables, les plus importants sont liés à notre mode de vie. L’avancée en âge • Les cancers colorectaux sont des cancers dont la fréquence augmente avec l’âge. Chez l’homme comme chez la femme, le risque de la maladie commence à s’élever à partir de 50 ans. L’âge moyen de survenue d’un cancer colorectal est de 71 ans chez l’homme et de 75 ans chez la femme. Le mode de vie3 • Les cancers colorectaux sont des cancers dont la fréquence augmente avec l’âge. Chez l’homme comme chez la femme, le risque de la maladie commence à s’élever à partir de 50 ans. L’âge moyen de survenue d’un cancer colorectal est de 71 ans chez l’homme et de 75 ans chez la femme. 3. Source : IARC : Colorectal Cancer Screening, IARC Handb Cancer Prev. 17:1–300, 2019
Les cancers colorectaux 15 • Le principal facteur de risque est le mode de vie © iStock / Christopher Ames (alimentation, activité physique, consomation d'alcool et tabagisme). LE RÉGIME ALIMENTAIRE Les facteurs de risque de cancer colorectal liés à l’alimentation sont les plus étudiés, donc les mieux connus des facteurs de risque de la mala- die. Les connaissances scientifiques acquises sur le rôle prépondérant de l’alimentation dans les cancers colorectaux ont permis de déterminer comment celle-ci pouvait augmenter ou diminuer le risque de ce cancer. Aujourd’hui, les recherches s’accordent sur le fait que la consomma- tion de viande rouge (en particulier de bœuf), de viande transformée (par salaison, fumage…) et de charcuterie augmente le risque de can- cers colorectaux. Elle ne devrait pas dépasser 500 g de viandes hors volailles – ce qui est pourtant le cas de 40 % des hommes en France – et 150 g de charcuterie par semaine. On estime qu’en 2015, 5 600 cas de cancers colorectaux pouvaient être attribués à la consommation de charcuterie. Plus largement, une alimentation riche en calories, riche en graisses et pauvre en fibres est associée à une augmentation du risque de cancer colorectal. À l’inverse, les fibres contenues dans les céréales complètes diminuent le risque de cancers colorectaux, tout comme les produits laitiers, grâce au calcium qu’ils contiennent. Enfin, les études suggèrent que les légumes (non féculents) et les fruits, le poisson, les aliments contenant de la vita- mine C et les aliments contenant de la vitamine D (poissons gras, cham- pignons, lait…) auraient également un effet protecteur. FONDATION ARC POUR LA RECHERCHE SUR LE CANCER
16 Les cancers colorectaux • LES FACTEURS DE RISQUES ET LES FACTEURS PROTECTEURS L'EXPOSITION À L'AMIANTE Plusieurs études suggèrent une association entre une exposition à l’amiante en milieu professionnel et la survenue de cancer colorectal, en particulier de cancer du côlon. L’augmentation du risque est plus importante si l’exposition s’est prolongée sur de nombreuses années4. 4. Launoy G. Épidémiologie du cancer colorectal. EMC - Gastro-entérologie 2019 ; 14(1) : 1-6. LE SURPOIDS ET L’OBÉSITÉ Le risque de cancer du côlon augmente régulièrement à partir du surpoids (IMC supérieur à 25 kg/m2). Il s’élève encore davantage en cas d’obésité (IMC supérieur à 30 kg/m2). Il est entendu que la part de graisse du corps compte plus que l’IMC, qui peut être élevé chez des sportifs. La présence d’une adipo- sité abdominale (sur le ventre) augmente ainsi également le risque. LA SÉDENTARITÉ ET L’ACTIVITÉ PHYSIQUE Un comportement sédentaire avec de longues stations assises est éga- lement un facteur de risque établi de cancer du côlon. À l’inverse, la pratique d’une activité physique diminue le risque de cancer du côlon : jusqu’à 40 à 50 % par rapport aux personnes sédentaires, en fonction de la régularité et de l’intensité de l’effort, une activité légère apportant déjà des bénéfices. La sédentarité ou l’activité physique ne semble cependant pas avoir d’impact sur le cancer du rectum. LA CONSOMMATION D’ALCOOL ET LE TABAGISME La consommation d’alcool augmente le risque de cancer colorectal à partir de 2 verres par jour, en particulier chez les hommes, et d’au- tant plus qu’elle est ancienne. Le vin, la bière ou les alcools forts sont concernés de la même manière. Le tabagisme augmente modérément le risque de cancer colorectal, en particulier de cancer du rectum. Le risque est plus élevé chez les gros fumeurs et les fumeurs de longue date.
Les cancers colorectaux 17 • Les facteurs familiaux et génétiques • Dans 15 % des cas, le cancer colorectal apparaît sur un terrain familial prédisposé. Le risque est plus élevé Dans 15 % des cas, lorsqu’un ou plusieurs parents du premier degré (père, le cancer colorectal mère, frère ou sœur) ont été concernés par la maladie, apparaît sur un notamment avant l’âge de 50 ans. terrain familial Les cancers colorectaux liés à une mutation génétique prédisposé. précisément identifiée représentent 5 % des cas. Il en existe deux formes : • La polypose adénomateuse familiale, liée à la mutation de gènes (APC, MUYTH) responsable de l’apparition de centaines, voire de milliers de polypes colorectaux à l’âge adulte. En l’absence de traitement de ces polypes, le risque de cancer colorectal atteint les 100 %. • Le syndrome de Lynch, ou cancer héréditaire du côlon sans polypose, se caractérise par des anomalies de gènes dont la fonction est de corriger des mutations conduisant au développement d’un cancer : on parle d’instabilité microsatellitaire (MSI). Le risque de cancer colorectal chez les personnes concernées pourrait atteindre 80 %. POUR EN SAVOIR PLUS, VOIR LA BROCHURE « CANCER ET HÉRÉDITÉ » DES MALADIES PRÉDISPOSANTES Les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI), comme la maladie de Crohn et la rectocolite hémorragique, augmentent le risque de cancer colorectal, notamment lors- qu’elles sont sévères et évoluent depuis plus de 10 ans. Les personnes qui en souffrent bénéficient d’un dépistage individuel du cancer colorectal. FONDATION ARC POUR LA RECHERCHE SUR LE CANCER
18 Les cancers colorectaux • LE DESPISTAGE ORGANISÉ En France, un programme de dépistage organisé du cancer colorectal est mis en place sur l’ensemble du territoire depuis 2010 afin de détecter la maladie à un stade précoce et ainsi réduire sa mortalité. Il s’adresse aux personnes âgées de 50 à 74 ans. À quoi sert le dépistage organisé du cancer colorectal ? • Un dépistage organisé consiste à inviter systématiquement une popula- tion, reconnue comme étant à risque de cancer, à faire un test permettant de détecter la maladie à un stade précoce. En effet, les chances de gué- rison sont dans ce cas beaucoup plus grandes. L’objectif d’un dépistage organisé est donc de réduire la mortalité globale liée à ce cancer. Le dépistage organisé du cancer colorectal concerne les hommes et les femmes âgés de 50 à 74 ans, même s’ils n’ont pas d’histoire familiale ou personnelle de cancer colorectal et ne présentent aucun symptôme évo- cateur. Ces personnes sont invitées tous les deux ans à pratiquer un test de dépistage. Malheureusement, le taux de participation à ce dépistage est aujourd’hui d’environ 30 %, bien en-dessous du seuil de 45 %, préconisé au niveau européen et qui pourrait éviter 4 000 décès par an. Le dépistage consiste en la recherche de sang "occulte" dans les selles.
Les cancers colorectaux 19 • Comment fonctionne le test ? • Les tumeurs de l’intestin et les polypes qui grossissent étant sujets à des saignements, le dépistage du cancer colorectal repose sur la recherche de sang dans les selles. Ces saignements sont généralement très discrets, souvent invisibles à l’œil nu : on parle de sang « occulte ». Leur détection nécessite la réalisation d’un examen microscopique ou biochimique des selles. Le dépistage en pratique ? • Les personnes concernées par le dépistage reçoivent par courrier de l’Assurance Maladie une invitation à retirer un kit de test auprès de leur médecin traitant. Elles peuvent également commander le test sur le site monkit.depistage-colorectal.fr en renseignant le numéro d’invitation qui figure sur le courrier. Pour réaliser le test immunologique, la personne doit prélever un échantillon de ses selles à son domicile. Un mode d’emploi joint au kit explique la pro- cédure, simple, rapide et hygiénique. L’échantillon doit ensuite être envoyé pour analyse au laboratoire indiqué dans le kit. Le test et cet envoi sont gratuits. Son interprétation est prise en charge à 100 %. Lorsque l’analyse du prélèvement a été réalisée au sein d’un laboratoire agréé, les résultats sont envoyés au patient et à son médecin traitant. Il est également possible pour le patient de les consulter sur internet en s’inscri- vant sur www.resultat-depistage.fr. Si le test est positif, un examen de l’intestin par coloscopie s’impose : il permet de visualiser la muqueuse colique pour confirmer ou non la présence de lésions évocatrices d’un cancer. FONDATION ARC POUR LA RECHERCHE SUR LE CANCER
20 Les cancers colorectaux • LE DÉPISTAGE ORGANISÉ monkit.depistage-colorectal.fr © Cnam Site de commande en ligne du kit de dépistage du cancer colorectal accessible depuis l'adresse suivante : monkit.depistage-colorectal.fr LE DÉPISTAGE INDIVIUEL EN CAS DE PRÉDISPOSITION FAMILIALE OU GÉNÉTIQUE Un dépistage individuel est proposé aux personnes présentant un risque familial ou génétique de développer un cancer colorectal. Dans ce cas, les méthodes de dépistage sont différentes. En cas d’antécédent de cancer colorectal ou d’adénome de plus d’1 cm chez un parent du premier degré de moins de 65 ans ou chez les deux parents quel que soit leur âge5, il est recommandé de pratiquer une coloscopie tous les cinq ans dès 45 ans. Enfin, les personnes atteintes d’un syndrome de Lynch ou d’une polypose adé- nomateuse familiale doivent bénéficier d’un suivi spécifique à intervalles très réguliers. 5. www.e-cancer.fr/Professionnels-de-sante/Depistage-et-detection-precoce/Depistage-du-cancer-colorectal/Ni- veaux-de-risque-chez-les-patients
Les cancers colorectaux 21 • LES SYMPTÔMES ET LE DIAGNOSTIC Les cancers colorectaux restent longtemps discrets, mais ils entraînent l’apparition progressive de symptômes digestifs et abdominaux s’ils ne sont pas détectés. Comme pour tous les cancers, un diagnostic précoce est gage d’un meilleur pronostic. Les signes et les symptômes des cancers colorectaux • Les cancers colorectaux restent longtemps asymptomatiques. Ainsi, lorsque les symptômes apparaissent, ils sont souvent le signe d’une maladie déjà évoluée. Plus le diagnostic tarde à être posé et plus ces symptômes sont nombreux et fréquents : • des douleurs abdominales liées à des contractions de l’intestin, évoluant par crises de deux ou trois jours et accompagnées parfois de bruits abdominaux ; • des troubles du transit intestinal : constipation brutale ou diarrhée prolongée, voire alternance des deux ; • une présence de sang dans les selles, passant le plus souvent inaperçue ou associée à tort à des hémorroïdes ; • une masse perceptible à la palpation de l’abdomen ; • une anémie (taux d’hémoglobine dans le sang inférieur à la normale) ; • un amaigrissement inexpliqué, une altération de l’état de santé général et/ou une légère fièvre persistante ; • des saignements du rectum (ou rectorragies) et des envies fréquentes d’aller à la selle en cas de cancer du rectum. FONDATION ARC POUR LA RECHERCHE SUR LE CANCER
22 Les cancers colorectaux • LES SYMPTÔMES ET LE DIAGNOSTIC À un stade plus avancé, des complications peuvent survenir comme l’occlusion intestinale ou la perforation tumorale (déchirure de l’intes- tin par la tumeur) ; elles exigent une prise en charge en urgence. Les examens de diagnostic • En premier lieu, un examen clinique et un interrogatoire permettent au médecin d’évaluer l’état général du patient et de rechercher les facteurs de risque ainsi que les antécédents personnels ou familiaux du patient. LE TOUCHER RECTAL Le toucher rectal permet de diagnostiquer un cancer du rectum s’il est situé à moins de 8 cm de l’anus. Il permet en particulier d’évaluer la taille d’une tumeur rectale et sa distance par rapport au sphincter. Pour cela, le médecin introduit un doigt ganté et lubrifié dans l’anus du patient afin de palper la paroi du rectum. © iStock / Natalia Garmasheva La coloscopie consiste à introduire dans l'anus un endoscope, tube souple muni d'une caméra vidéo, pour explorer l'intestin.
Les cancers colorectaux 23 • LA COLOSCOPIE La coloscopie est un examen prescrit dans le cadre : • d’un dépistage individuel chez les personnes présentant des facteurs de risque ou des symptômes évocateurs de cancer colorectal ou, • du dépistage organisé chez les personnes dont le test immunologique s’est avéré positif (voir « Le dépistage organisé», page 18). La coloscopie a pour objectif de permettre au médecin de visualiser la muqueuse de la paroi intestinale du patient. Elle peut être mise en œuvre selon deux protocoles. La coloscopie classique consiste à introduire par l’anus, sous anesthésie générale de courte durée, un endoscope, qui est un tube souple muni d’une caméra vidéo et d’une pince permettant d’effectuer des prélèvements. L’examen ne peut être réalisé dans de bonnes conditions que si le côlon a été au préalable « préparé » (voir encadré en page suivante). Si une ou plusieurs lésions suspectes sont découvertes, l’appareillage de cette coloscopie clas- sique permet, pendant le temps de l’examen, de les retirer entièrement ou partiellement afin qu’elles soient analysées au microscope. La coloscopie virtuelle par scanner ou coloscanner est proposée lorsque la coloscopie classique n’est pas conclusive ou pas possible : personnes âgées et/ou fragiles, contre-indication à l’anesthésie générale, crainte du patient, troubles de la coagulation… Elle ne nécessite qu’une préparation colique légère la veille de l’examen, dure une dizaine de minutes et est réalisée sans anesthésie. Bien que le coloscanner soit aujourd’hui très performant, il n'est pas aussi efficace que la coloscopie classique, en particulier parce qu’il ne permet pas de geste chirurgical. Si l’examen révèle une (ou des) lésions, une ablation partielle ou totale sera réalisée ultérieurement par endoscopie. Quel que soit le type de coloscopie réalisée, c’est l’aspect des anoma- lies observées et l’analyse des prélèvements qui permet de confirmer ou d’infirmer le diagnostic de cancer colorectal. Si le cas où le diagnostic de cancer est posé, des examens complémentaires sont nécessaires afin d’établir le bilan d’extension. FONDATION ARC POUR LA RECHERCHE SUR LE CANCER
24 Les cancers colorectaux • LES SYMPTÔMES ET LE DIAGNOSTIC LES RÈGLES À RESPECTER AVANT UNE COLOSCOPIE « CLASSIQUE » • Il convient de ne pas prendre d’aspirine dans les dix jours précédant l’interven- tion. Les patients traités par anticoagulant doivent impérativement le signaler. • Afin de permettre une visualisation optimale des parois intestinales, il est impor- tant de nettoyer les intestins des matières qui s’y trouvent. Pour cela, deux jours avant l’examen, le patient doit adopter un régime sans résidus, c’est-à-dire sans fruits, sans légumes et sans viandes grasses. Sont autorisés le riz, les pâtes, les poissons et les viandes maigres. • L’anesthésie générale pratiquée lors de la coloscopie permet que celle-ci soit indolore. Mais elle nécessite une consultation au moins 48 heures avant la réa- lisation de l’examen. • La coloscopie dure une vingtaine de minutes et la sortie de l’hôpital peut se faire après une période d’observatiotn de quelques heures suivant l’examen. Cependant, le patient ne doit pas conduire à sa sortie et doit être accompagné pour revenir à son domicile. Le bilan d'extension • Le bilan d’extension est indispensable si le diagnostic de cancer est établi : il permet d’évaluer les degrés d’évolution et d’agressivité de la tumeur à partir desquels l’équipe médicale va choisir le traitement le plus adapté. LES ANALYSES BIOLOGIQUES Une analyse appelée « dosage de l’antigène carcino-embryonnaire » (ACE) peut être prescrite dans le cadre du bilan d’extension. L’ACE est une proté- ine normalement présente dans l’organisme mais elle peut être produite en excès par certaines cellules cancéreuses. Ainsi, un taux normal d’ACE dans le sang n’exclut pas un cancer mais un taux anormalement élevé peut être corrélé à la présence d’une tumeur cancéreuse. En pratique, le dosage de l’ACE permet l’évaluation initiale des cancers métastatiques.
Les cancers colorectaux 25 • D’autres examens sanguins classiques sont également effectués, comme une numération de formule sanguine et la mesure du taux de créatinine afin de vérifier le fonctionnement du rein. LE SCANNER THORACO-ABDOMINO-PELVIEN C’est une technique d’investigation utilisant les rayons X qui permet d’ob- tenir des images en coupes et en 3 dimensions de l’abdomen, y compris de l’intestin et du rectum, de la région pelvienne et du thorax. Réalisé de façon systématique, le scanner sert à bien repérer l’emplacement des lésions sur le tube digestif et surtout, à voir s’il existe des anomalies, même très petites, au niveau des organes voisins. L’examen requiert l’injection d’un produit de contraste et dure une vingtaine de minutes. Au cas par cas, d’autres examens peuvent s’avérer nécessaires : • une échographie ou une IRM (Imagerie à Résonance Magnétique) hépa- tique en cas de suspicion de métastases au niveau du foie ; • une IRM pelvienne ou une échographie endorectale en cas de suspicion de cancer du rectum ; • un TEP-scan (Tomographie à Émission de Positons) en cas de suspicion de cancer métastatique. Grâce à l’injection au patient d’un sucre faiblement radioactif qui se fixe sur les cellules cancéreuses et à un système d’ima- gerie par scintigraphie, le TEP-scan permet de repérer sur ordinateur des foyers de cellules malignes dans tout le corps. Le scanner © Amélie Benoist / Image Point FR / BSIP thoraco- abdomino- pelvien fait partie du bilan d'extension. FONDATION ARC POUR LA RECHERCHE SUR LE CANCER
26 Les cancers colorectaux • LES SYMPTÔMES ET LE DIAGNOSTIC L’EXAMEN ANATOMOPATHOLOGIQUE ET LA RECHERCHE DE MUTATIONS GÉNÉTIQUES L’analyse par un anatomopathologiste du prélèvement réalisé par coloscopie permet de confirmer le diagnostic de cancer, mais aussi de connaître les caractéristiques de la tumeur : par exemple, si c’est un adénocarcinome et de quel type, mais aussi s’il est « bien différencié » ou « indifférencié », ce qui détermine sa rapidité d’évolution. De plus, on recherche aujourd’hui certaines particularités génétiques favorisant les tumeurs colorectales comme une mutation des gènes RAS ou BRAF ou encore une instabilité microsatellitaire (MSI). Les résultats permettront selon les cas de dépister une forme génétique de cancer colorectal, d’évaluer le pronostic de la maladie ou encore d’orienter le traitement vers des thérapies ciblées6. POUR EN SAVOIR PLUS, VOIR LA BROCHURE « CANCER ET HÉRÉDITÉ » 6. www.e-cancer.fr/Patients-et-proches/Les-cancers/Cancer-du-colon/Le-diagnostic LES STADES DES CANCERS COLORECTAUX Le traitement des cancers colorectaux dépend de l’étendue de la tumeur et de son extension à des organes voisins ou à distance : • les stades 0 et I sont les stades les plus précoces de la maladie et ceux qui ont le meilleur pronostic : dans le stade 0, la tumeur touche uniquement la couche muqueuse de la paroi intestinale ; dans le stade I, la tumeur s’est étendue dans les couches sous-muqueuse et musculeuse ; • les stades II correspondent aux tumeurs qui ont traversé toutes les couches de la paroi intestinale (muqueuse, sous-muqueuse, musculeuse et séreuse), sans avoir touché d’autres organes ; • dans les stades III, des cellules cancéreuses se sont propagées aux ganglions lymphatiques voisins ; • enfin, les stades IV sont des stades évolués de la maladie dans lesquels des cellules cancéreuses se sont disséminées à distance pour former des métastases sur d’autres organes (foie, poumon…).
Les cancers colorectaux 27 • © B. Buissonnet / BSIP LA CLASSIFICATION TNM À côté de la classification par stade, il existe également une classi- fication dite « TNM » dans laquelle : • le T indique le stade d’extension locale (de 1 à 4), • le N (de 0 à 2) indique la présence ou non de métastases dans les ganglions, • le M (0 ou 1) indique la présence ou non de métastases à distance. FONDATION ARC POUR LA RECHERCHE SUR LE CANCER
28 Les cancers colorectaux • LES TRAITEMENTS Si la chirurgie constitue le traitement de base des cancers colorectaux, la chimiothérapie et les thérapies ciblées seront parfois utilisées seules ou en association, selon les caractéristiques de la tumeur et le stade de la maladie. L’ablation de la tumeur au cours d’une coloscopie • Les polypes précancéreux et les tumeurs in situ repérées pendant la coloscopie sont retirés pendant l’examen et ne nécessitent pas de nou- velle intervention : leur ablation est à elle seule curative. En revanche, si l’analyse indique la présence de cellules cancéreuses sur les bords du tissu prélevé ou un envahissement en profondeur de la paroi, il faut en général planifier une intervention chirurgicale complémentaire. La chirurgie • La chirurgie constitue le traitement de référence des cancers colorectaux. À moins d’une contre-indication particulière (âge, état général du patient…), elle est proposée à tous les stades de la maladie. L’intervention consiste à enlever la zone du côlon ou du rectum comprenant la tumeur ainsi qu’une marge de sécurité (5 cm minimum en général, 1 cm minimum pour certains cancers du rectum) autour de la tumeur afin de ne pas laisser de cellules cancéreuses en place. La zone retirée est plus ou moins importante selon la localisation de la tumeur et son extension :
Les cancers colorectaux 29 • La chirgurgie est le traitement de référence des cancers colorectaux. • l’hémicolectomie droite ou gauche est nécessaire lorsque la tumeur est respectivement dans le côlon droit ou gauche ; ce geste consiste à reti- rer la moitié droite ou gauche du côlon ainsi que la moitié adjacente du côlon transverse ; • on parle de sigmoïdectomie lorsque la tumeur est située sur la partie terminale (sigmoïde) du côlon ; • pour quelques cas très avancés, il est nécessaire de retirer la totalité du côlon : on parle de colectomie totale ; • pour les tumeurs localisées au niveau du rectum, tout ou partie de ce dernier doit être retiré : c’est une proctectomie. Dans tous les cas, les ganglions lymphatiques drainant la zone du corps affectée doivent également être retirés car ils peuvent contenir des cellules cancéreuses ayant déjà commencé à se disséminer. Par ailleurs, le retrait de la partie du mésocôlon ou du mésorectum qui entoure la tumeur permet d’améliorer le succès de l’opération en diminuant le risque de récidive. Si la tumeur est très localisée et sans atteinte ganglionnaire, l’interven- tion chirurgicale est dite curative, c’est-à-dire que le patient est considéré comme traité par la chirurgie seule. Si la tumeur a envahi les organes voisins, l’ensemble des lésions locales doit être retiré en même temps. Une chimiothérapie est souvent prescrite avant la chirurgie pour diminuer le volume des lésions à retirer. Enfin, si le cancer est métastatique, il est possible de retirer les métastases immédiatement et/ou dans un second temps, mais à ce stade, l’intérêt de la chirurgie dépendra de l’extension de la maladie, de l’effet du traitement par chimiothérapie et de l’état général du patient. FONDATION ARC POUR LA RECHERCHE SUR LE CANCER
30 Les cancers colorectaux • LES TRAITEMENTS LE DÉROULEMENT DE L’OPÉRATION La chirurgie nécessite une préparation du côlon comme celle qui est réalisée avant une coloscopie (voir « Les règles à respecter avant une coloscopie classique », page 24). Elle se déroule sous anesthésie générale. Trois possibilités s’offrent au chirurgien : • la laparotomie : c’est l’opération chirurgicale classique qui consiste à faire une incision dans la paroi abdominale. Le chirurgien retire la tumeur et la partie de l’intestin touchée, ainsi que les vaisseaux et les zones voisines contenant des ganglions lymphatiques. Une suture relie alors les deux extrémités du côlon ; • la cœlioscopie : c’est une alternative fréquente à la laparotomie, aujourd’hui recommandée pour les tumeurs n’ayant pas envahi les organes à proximité. Elle permet d’éviter de faire une large incision à travers la paroi abdominale : trois ou quatre petits orifices d’environ un centimètre suffisent pour faire passer une micro-caméra et les instru- ments chirurgicaux. La tumeur et le tissu adjacent sont prélevés par l’un de ces orifices. Les deux extrémités du tube digestif sont ensuite raccor- dées. La cœlioscopie offre la même sécurité que la laparotomie tout en améliorant la qualité de vie des patients en diminuant la douleur pos- topératoire, la durée d’hospitalisation ainsi que les risques d’occlusion intestinale et d’éventration abdominale. • l’exérèse par voie transanale : il est possible de passer par les voies natu- relles pour retirer les tumeurs petites et superficielles du rectum situées suffisamment près de l’anus. La microchirurgie endoscopique transanale consiste à retirer la paroi malade du rectum en utilisant un appareil de visualisation (rectoscope) permettant l’insertion des instruments chirur- gicaux. Encore en développement en France, cette procédure nécessite une expertise particulière. La tumeur et tous les tissus retirés lors de l’opération sont analysés par microscopie. Cet examen permet d’affiner le stade d’évolution de la tumeur et de déterminer si une chimiothérapie devra être prescrite après l’opération.
Les cancers colorectaux 31 • © iStock / Eugene Nekrasov La cœlioscopie permet d'éviter de faire une large incision à travers la paroi abdominale. LES SUITES ET LES EFFETS SECONDAIRES DE LA CHIRURGIE Si, au cours de l’opération, l’inflammation locale est trop importante ou que la cicatrisation des deux extrémités du tube digestif semble difficile, le chirurgien peut décider de mettre en place une colostomie : il s’agit d’une poche collée à un orifice de l’abdomen dans laquelle sont récoltées les selles. La plupart du temps, celle-ci est temporaire et la continuité du tran- sit est rétablie une fois la cicatrisation achevée. À l’issue de l’opération, des antalgiques sont prescrits pour soulager les douleurs fréquemment ressenties au niveau du ventre. Un drain est mis en place pour collecter durant les quelques jours postopéra- toires le sang ou la lymphe qui pourraient s’accumuler dans la zone opérée. Il n’est pas possible de reprendre immédiatement une alimentation nor- male. Des perfusions intraveineuses de nutrition la remplacent pendant un à deux jours. Ensuite, une alimentation entérale, administrée par sonde, peut être temporairement nécessaire. Progressivement, le patient pourra manger à nouveau normalement. Des diarrhées, parfois invalidantes, peuvent cependant persister deux à trois mois après l’opération. La chimiothérapie • La chimiothérapie consiste à administrer au malade un ou plusieurs médicaments destinés à détruire les cellules cancéreuses. Elle peut être prescrite à tous les stades de la maladie, hormis pour les cancers in situ qui sont traités par la chirurgie. Pour les tumeurs plus évoluées, elle est re- commandée après la chirurgie dans le but de réduire le risque de récidive : on parle de chimiothérapie adjuvante. Enfin, pour les cancers colorectaux métastasés, la chimiothérapie est systématiquement prescrite, que ce soit avant une première opération chirurgicale afin de la faciliter ou à la place de la chirurgie lorsque celle-ci n’est pas envisageable. FONDATION ARC POUR LA RECHERCHE SUR LE CANCER
32 Les cancers colorectaux • LES TRAITEMENTS LES MÉDICAMENTS DE CHIMIOTHÉRAPIE CLASSIQUE ET LEUR MODE D’ADMINISTRATION Les médicaments de chimiothérapie classique ou conventionnelle dits « cytotoxiques » agissent sur les mécanismes de la division cellulaire. Les plus fréquemment utilisés sont : • le 5-fluoro-uracile ou 5-FU (voie intraveineuse) ; • la capécitabine ou Xéloda® (voie orale) ; • l’oxaliplatine ou Eloxatine® (voie intraveineuse ) ; • l’irinotécan ou Campto® (voie intraveineuse ) ; • le trifluridine/tipiracil ou Lonsurf® (voie orale). Les médicaments de chimiothérapie conventionnelle du cancer du côlon et du rectum sont administrés en cures de plusieurs jours, espacées chacune de plusieurs jours ou semaines. Lorsque c’est possible, les cures de chimiothérapie par intraveineuse sont réalisées en ambulatoire (sans nécessité de nuitée à l’hôpital) : le patient reste dans la structure de soins en hôpital de jour pour une demi-journée puis retourne à domicile jusqu’à la prochaine cure. Pour faciliter l’administration des traitements injectables, il est générale- ment proposé au patient la pose d’une chambre implantable : ce petit boî- tier, implanté sous la clavicule lors d’une rapide intervention, est relié à une veine. Cela permet aux infirmières d’injecter directement les traitements dans le boîtier sans avoir à piquer les veines à chaque administration. Les médicaments par voie orale permettent aux patients de prendre leur traitement chez eux. C’est plus confortable pour les patients qui évitent ain- si le trajet et le séjour à l’hôpital, mais c’est parfois pour eux plus inquiétant de ne pas être pris en charge en milieu médical. De nombreux centres de lutte contre le cancer disposent donc de « pôles de chimiothérapie orale ». Leurs équipes contactent régulièrement par téléphone et accueillent sur place les patients afin de vérifier si le traitement se passe bien. Le patient doit suivre rigoureusement les modalités de prises indiquées par le médecin.
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