COMMISSAIRE AUX DROITS DE L'HOMME DU CONSEIL DE L'EUROPE - Coe
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Rapport d’activité COMMISSAIRE AUX DROITS DE L’HOMME DU CONSEIL DE L’EUROPE DUNJA MIJATOVIĆ 3E RAPPORT TRIMESTRIEL D’ACTIVITE 2020 1er juillet au 30 septembre Présenté au Comité des Ministres et à l’Assemblée parlementaire Strasbourg, le 30 novembre 2020 CommDH(2020)29
CommDH(2020)29 Le présent rapport contient un résumé des activités menées par la Commissaire aux droits de l’homme, Dunja Mijatović, entre le 1er juillet et le 30 septembre. 1. Rapports et dialogue permanent Lettre au ministre de l’Intérieur et au ministre de l’Inclusion, de la Sécurité sociale et des Migrations de l’Espagne Dans une lettre adressée au ministre de l’Intérieur et au ministre de l’Inclusion, de la Sécurité sociale et des Migrations de l’Espagne, rendue publique le 3 septembre, la Commissaire se déclare préoccupée par la situation des migrants, y compris les demandeurs d'asile, qui sont hébergés dans les arènes de Melilla, en raison du confinement prolongé du centre d’accueil pour migrants de Melilla, consécutif à la pandémie de COVID-19. Elle a fait part de son inquiétude quant aux conditions déplorables dans lesquelles vivent environ 500 personnes, en particulier celles placées en quarantaine, dont la situation est encore plus précaire en raison du manque d’accès à des équipements de base, à un approvisionnement en eau et en nourriture insuffisant, et à la possibilité d’engager une procédure d’asile. Dans sa lettre, la Commissaire a demandé instamment aux autorités de trouver des moyens d’héberger ces personnes ailleurs que dans des arènes. Renvoyant à deux décisions de la Cour suprême de juillet 2020 confirmant que les personnes ayant demandé l’asile à Ceuta ou à Melilla ont le droit de se déplacer librement en Espagne, elle a souligné qu’il faudrait transférer davantage de personnes – en particulier des demandeurs d'asile et des personnes vulnérables - vers le continent, pour réduire la pression sur Melilla, dont les capacités d’accueil sont limitées, et pour proposer des solutions plus respectueuses des droits de l'homme. Enfin, la Commissaire s’est déclarée consternée par la série de noyades de personnes tentant d’atteindre les côtes espagnoles, notamment les îles Canaries, et attire l’attention des autorités sur sa recommandation de 2019 intitulée « Sauver des vies. Protéger les droits. Combler le manque de protection des réfugiés et des migrants en Méditerranée ». La lettre de la Commissaire et la réponse du ministre de l’Intérieur de l’Espagne sont disponibles sur le site web de la Commissaire. Lettre au Parlement de la République slovaque sur les propositions de restriction à l’accès à un avortement légal et sécurisé Le 10 septembre, la Commissaire a rendu publique la lettre qu’elle a adressée au Président du Conseil national de la République slovaque et aux Présidents des commissions des questions constitutionnelles et juridiques, de la santé et des questions sociales, dans laquelle elle se déclarait préoccupée par un projet de loi visant à limiter l’accès légal à un avortement dans des conditions sécurisées. La Commissaire attirait l’attention sur deux propositions en particulier : la première visant à prolonger le délai de réflexion obligatoire de 48 à 96 heures, et à étendre son application à toutes les situations sans danger immédiat pour la santé de la femme ; et la seconde proposition instaurant de nouvelles conditions pour l’accès à un avortement thérapeutique en exigeant, sauf en cas d’urgence, non plus un seul, mais deux certificats médicaux attestant que des raisons de santé 2
CommDH(2020)29 justifient de pratiquer un avortement. De plus, la Commissaire mettait en garde contre les conséquences d’autres changements proposés, comme ceux qui concernent l’information sur l’avortement, la collecte et le partage d’information à caractère personnel et l’interdiction de la « publicité » pour les services d’avortement, qui risquent d’entraver considérablement l’accès à un avortement sécurisé et légal et de stigmatiser les femmes qui veulent avorter. C’est pourquoi la Commissaire demandait instamment aux parlementaires de rejeter toute proposition de mesure qui, en droit ou en pratique, conduirait à une régression en ce qui concerne l’accès à la santé et aux droits sexuels et reproductifs des femmes. Le 20 octobre, à l’issue d’un vote organisé au sein du Conseil national, ce projet de loi a été rejeté. Lettre au ministre des Affaires étrangères de Saint-Marin concernant l’indépendance de la justice Le 15 septembre, la Commissaire a rendu publique une lettre adressée au ministre des Affaires étrangères de Saint-Marin, Luca Beccari, dans laquelle elle exposait un certain nombre de préoccupations concernant l’indépendance du pouvoir judiciaire dans le pays. Rappelant les normes internationales applicables, et notamment celles qui traitent du rôle des conseils de la magistrature, la Commissaire faisait état de sérieuses allégations d’ingérence politique dans les affaires judiciaires émanant de membres du système judiciaire de Saint-Marin. Gardant à l’esprit les travaux en cours des organes pertinents du Conseil de l’Europe qui évaluent le cadre institutionnel de l’indépendance du système judiciaire de Saint-Marin et l’assistance qu’ils pourraient apporter dans la conduite des réformes actuelles et futures, la Commissaire appelait les autorités à s’abstenir de prendre toute nouvelle mesure susceptible d’alimenter les allégations d’ingérence politique avant que des recommandations du Conseil de l’Europe ne soient éventuellement publiées et mises en œuvre. La lettre et la réponse du ministre des Affaires étrangères de Saint-Marin sont disponibles sur le site web de la Commissaire. Rencontre avec le ministre des Affaires étrangères et du Commerce de la Hongrie Le 22 septembre, la Commissaire a rencontré le ministre des Affaires étrangères et du Commerce de la Hongrie, Péter Szijjártó, pour discuter avec lui des priorités et défis de la prochaine Présidence hongroise du Comité des Ministres (mai-novembre 2021). La Commissaire a évoqué ses préoccupations au sujet de la liberté des médias et des droits des personnes transgenres en Hongrie et a souligné la nécessité de garantir l’accès des femmes aux services de santé et l’importance de l’éducation sexuelle pour l’ensemble de la société. La Commissaire et M. Szijjártó ont aussi discuté des principaux défis auxquels est confrontée la Hongrie en ce qui concerne la pandémie de COVID- 19, notamment ses conséquences économiques et sociales. Lettre à la Chambre des députés de la République tchèque sur la réparation aux victimes de stérilisation forcée Le 29 septembre, la Commissaire a rendu publique la lettre qu’elle a adressée au Président et aux membres de la Chambre des députés de la République tchèque concernant le projet de loi sur l’indemnisation unique des victimes de stérilisations forcées ou sous contrainte. Dans cette lettre, elle invitait les parlementaires à faire en sorte que ce texte franchisse l’étape de la première lecture et qu’un mécanisme d’indemnisation équitable et adapté soit mis en place rapidement. La Commissaire a écrit que le projet de loi sur l’indemnisation des victimes de stérilisations forcées ou sous contrainte, dont beaucoup sont des femmes roms, est pour les représentants élus de la 3
CommDH(2020)29 République tchèque une importante occasion de réparer cette injustice historique, ajoutant qu’il constituait peut-être la dernière chance de rendre justice aux victimes et qu’il fallait la saisir. 2. Thèmes Droits de l’homme des migrants, des réfugiés et des demandeurs d’asile Le 2 juillet, la Commissaire a participé à l’événement organisé par le Représentant spécial de la Secrétaire Générale sur les migrations et les réfugiés pour le lancement du manuel intitulé « Regroupement familial pour les enfants réfugiés et migrants – Normes juridiques et pratiques prometteuses ». À cette occasion, elle a prononcé un discours dans lequel elle a souligné que le regroupement familial était de plus en plus perçu comme une question secondaire, ou du moins non essentielle, dans les États membres et comme une charge de plus, entraînant la mise en place de restrictions à cet égard. La Commissaire a attiré l’attention sur le coût humain de la séparation familiale, citant divers cas dans les États membres où des familles, notamment des familles de réfugiés et de migrants, étaient séparées en raison de mesures restrictives ou d’une mauvaise mise en œuvre des politiques de regroupement familial. Elle a également évoqué l’impact de la séparation sur la santé mentale des personnes se trouvant déjà en Europe et ses conséquences négatives pour l’intégration. La Commissaire a aussi souligné que le regroupement familial était un élément clé de la protection des droits des réfugiés et des migrants, en particulier des enfants, et de la promotion de sociétés inclusives et prospères. Elle a précisé qu’il était nécessaire d’agir sur plusieurs fronts, et notamment de remettre ces restrictions en question par le biais d’actions en justice et de ses propres interventions devant la Cour. La Commissaire a en outre souligné qu’il était nécessaire de donner des orientations positives aux États pour les aider à concevoir de meilleures politiques, et que le manuel constituait un complément utile aux instruments que les États membres ont à leur disposition, saluant le fait qu’il place la situation des personnes pour lesquelles le regroupement familial a le plus d’importance – à savoir les enfants réfugiés et migrants – au cœur de la discussion. Le 6 juillet, la Commissaire a attiré l’attention sur les désaccords concernant le débarquement des personnes secourues en mer. Elle a demandé aux États membres de ne pas tolérer que cette année encore, l’été soit marqué par de telles tensions car les retards dans le débarquement en lieu sûr de ces personnes prolongent d’autant leur souffrance et menacent leurs droits de l’homme. Elle a appelé à la prévention du débarquement dans des lieux dangereux, en particulier la Libye, à faire passer les considérations humanitaires avant les désaccords entre les États et à s’entendre sur des solutions structurelles pour le partage des responsabilités. Le 9 septembre, à la suite de l’incendie qui a détruit la plus grande partie du Centre d’enregistrement et d’identification de Moria et les campements informels qui l’entourent sur l’île grecque de Lesbos, la Commissaire a publié une déclaration dans laquelle elle appelait les autorités grecques à fournir d’urgence une assistance adéquate à tous les sinistrés, à protéger les demandeurs d'asile et les migrants contre les agressions et à s’abstenir de tenir des propos qui pourraient attiser les tensions. La Commissaire a invité en outre les autorités de la Grèce, mais aussi celles d’autres États membres du Conseil de l’Europe, à revoir leur approche en profondeur et à régler les problèmes structurels d’une politique migratoire qui a déjà causé tant de souffrances humaines inutiles. À cet égard, elle a attiré l’attention sur le confinement des demandeurs d’asile et des migrants sur les îles de la mer Égée, le manque de structures d’accueil, sur les îles comme sur le continent, et le manque de solidarité européenne. 4
CommDH(2020)29 Sécurité des journalistes, liberté d’expression et liberté des médias Le 1er juillet, la Commissaire a déploré l’usage excessif de la force par la police à l’encontre du journaliste David Frenkel alors qu’il se trouvait dans l’exercice de ses fonctions. Qualifiant cet incident, survenu à Saint-Pétersbourg, d’ingérence inacceptable dans la liberté de la presse, elle a rappelé que les autorités russes ont l’obligation de protéger les journalistes et appuyé l’appel de l’ombudsman de Saint-Pétersbourg à l’ouverture d’une enquête. Le 6 juillet, la Commissaire a publié une déclaration sur le problème persistant des restrictions indues de la liberté de réunion, de la liberté d’expression et de la liberté de la presse en Fédération de Russie. Citant la récente arrestation de plusieurs journalistes et la condamnation pénale de l’une de leurs consœurs, Svetlana Prokopyeva, comme exemples des failles dans les lois régissant ces libertés dans le pays, la Commissaire a souligné la nécessité de revoir d’urgence la législation russe applicable en la matière. Elle a fait également observer que l’utilisation abusive de la législation et des pratiques de lutte contre le terrorisme et l’extrémisme limite la divulgation d’informations ou la critique légitime des autorités étatiques et a un effet paralysant sur tous les professionnels des médias, ce qui va à l’encontre des dispositions de la Convention européenne des droits de l’homme. La Commissaire a également recommandé aux autorités russes d’abandonner toutes les procédures pénales en cours à l’encontre de journalistes, de défenseurs des droits de l’homme et de personnes prises pour cible pour avoir exercé leurs droits à la liberté de réunion, à la liberté d’expression et à la liberté de la presse. Le 8 juillet, dans le cadre de la Conférence annuelle du réseau HELP, la Commissaire a prononcé un discours retransmis par vidéo sur la liberté d’expression pendant la pandémie de COVID-19, dans lequel elle a souligné que souvent, en temps de crise, la liberté de la presse et le droit de recevoir des informations et d’exprimer librement son point de vue faisaient partie des premiers droits à être restreints. Elle a tout particulièrement déclaré que l’accès à des informations fiables émanant de professionnels des médias respectueux des normes éthiques est l’un des meilleurs remèdes à la désinformation qu’une société puisse réclamer. Les journalistes devraient notamment pouvoir travailler en toute sécurité, sans craindre d’être harcelés ou attaqués, que ce soit en ligne ou hors ligne. La Commissaire a aussi souligné que les outils numériques, qui peuvent, de fait, contribuer à rendre la société plus résiliente, même face à des situations d’urgence, peuvent aussi exacerber les problèmes. Elle a conclu que, dans tous ces domaines, il est clairement nécessaire de renforcer l’éducation aux droits de l’homme. La Commissaire a aussi réagi sur les réseaux sociaux à plusieurs événements intervenus dans les États membres du Conseil de l’Europe concernant la liberté des médias. Elle a appelé le Gouvernement de la Slovénie à veiller à prévoir suffisamment de temps pour pouvoir tenir de véritables consultations sur les nouveaux projets de lois relatifs aux médias. Elle a aussi fait part de sa préoccupation au sujet d’une décision de justice relative aux meurtres de Ján Kuciak et Martina Kušnírová en Slovaquie et abordé la décision du Conseil hongrois des médias de ne pas renouveler la licence de Klubrádió. En outre, elle a exhorté le Gouvernement de la Turquie à retirer les propositions d’amendements à la loi relative à internet, qui rendraient le cadre juridique encore moins compatible avec les normes du Conseil de l’Europe qu’il ne l’est actuellement. Le 3 septembre, la Commissaire a publié une déclaration dans laquelle elle se disait préoccupée par les témoignages faisant état de violences policières contre des journalistes qui couvraient les manifestations de Sofia. Elle a souligné que la violence exercée contre des journalistes, particulièrement par des agents de l’État, est contraire à l’obligation incombant aux autorités de 5
CommDH(2020)29 faire respecter la liberté de la presse et de protéger la sécurité des journalistes. Elle a demandé aux autorités bulgares de veiller à ce que des enquêtes effectives soient diligentées pour tous les cas signalés de violences contre des journalistes et à ce que les policiers responsables de ces actes soient sanctionnés, déclarant en outre qu’il est urgent de donner des instructions claires aux policiers pour qu’ils respectent la liberté de la presse et permettent aux journalistes et aux professionnels des médias de couvrir les manifestations en toute sécurité. Le 17 septembre, la Commissaire a prononcé le discours d’éloge pour le lauréat de l’édition 2020 du prix « M100 Media », le Hongrois Szabolcs Dull, journaliste et ancien rédacteur en chef du site d’information indépendant Index.hu. Dans son discours, la Commissaire a salué la résilience dont a fait preuve la société hongroise, et notamment le lauréat et l’ensemble de ses confrères, face à l’ingérence politique et économique dans l’indépendance des médias en Hongrie. Renvoyant à la décision du Conseil hongrois des médias de ne pas renouveler la licence de Klubrádió, en date du 11 septembre, elle a déploré le fait que la plupart des médias d’information en activité en Hongrie aient perdu leur indépendance, attiré l’attention sur les risques que cela suppose pour la démocratie pluraliste et appelé à persister à défendre et à tenter de renforcer les droits de l’homme, la démocratie et l’État de droit. Liberté de réunion Dans sa déclaration du 6 juillet évoquée plus haut, la Commissaire a souligné que le cadre juridique russe entourant les manifestations publiques et son application sur le terrain, notamment l’arrestation de manifestants pacifiques et l’usage excessif de la force par la police, ont été systématiquement jugés contraires aux normes de droits de l’homme applicables. Elle a souligné par conséquent la nécessité de modifier la loi en adoptant des dispositions autorisant explicitement la tenue de manifestations publiques et de mettre en place des mécanismes adéquats, qui garantiraient la réalisation effective de la liberté de réunion dans la pratique. La Commissaire a souligné en outre la nécessité de modifier la culture judiciaire et policière en vue d’appliquer effectivement les normes internationales et européennes des droits de l’homme sur la liberté de réunion et de cesser de procéder à l’arrestation de manifestants pacifiques ou d’engager des procédures pénales à leur encontre. Droits des femmes et égalité de genre Dans une déclaration publiée le 22 juillet, la Commissaire a regretté, dans les modifications de la loi polonaise sur les professions médicales, adoptées par la chambre basse du Parlement polonais (le Sejm), l’absence d’une disposition fondamentale qui obligerait explicitement tout prestataire de soins refusant de fournir un service médical à un patient pour des motifs de conscience à adresser le patient à un autre professionnel de santé prêt à fournir le service demandé. Elle a objecté au rejet par le Sejm de cette disposition, qui avait été présentée par le Gouvernement polonais et avait également reçu l’appui du Sénat. En effet, ceci va à l’encontre non seulement des recommandations qu’elle avait préalablement émises concernant le fait de remédier d’urgence aux insuffisances du cadre juridique et institutionnel applicable aux refus de pratiquer un avortement pour des motifs de conscience, mais aussi d’une décision récente du Comité des Ministres du Conseil de l'Europe, qui, dans le cadre de la surveillance de l’exécution d’un arrêt rendu par la Cour européenne des droits de l'homme contre la Pologne, a vivement encouragé les autorités à adopter une telle disposition dans les plus brefs délais. La Commissaire a donc demandé au Président polonais de mettre son veto à ces amendements et appelé le Sejm à revoir le texte pour le rendre compatible 6
CommDH(2020)29 avec les normes du Conseil de l'Europe relatives aux droits de l'homme, ainsi qu’avec les obligations de la Pologne. Droits des enfants Le 3 juillet, la Commissaire a participé à un événement en ligne sur le rapatriement en Europe des enfants de « combattant étrangers » présumés, organisé par le Délégué général aux droits de l’enfant de la communauté française de Belgique (voir « Lutte contre le terrorisme et droits de l’homme », ci-dessous). Le 21 juillet, la Commissaire a publié, dans le Carnet des droits de l’homme, un article intitulé « Une éducation sexuelle complète protège les enfants et contribue à rendre la société plus sûre et inclusive », dans lequel elle soulignait que, malgré tous les éléments prouvant l’intérêt que présente pour les enfants et pour la société tout entière une éducation complète à la sexualité, les cours d’éducation sexuelle obligatoires à l’école se heurtent de nouveau à des oppositions, au motif qu’ils constituent une menace pour les valeurs traditionnelles et religieuses. Elle a attiré l’attention sur la nécessité de déconstruire les mythes entourant l’éducation sexuelle, de lutter contre la mésinformation dans ce domaine et d’établir clairement que la responsabilité de l’éducation à la sexualité ne peut être laissée aux seules familles, ou que l’on ne peut s’en remettre entièrement à internet à cet égard. La Commissaire a également souligné la pertinence d’une éducation complète à la sexualité pour la protection des droits de l’homme en tant qu’outil pour lutter contre la violence et les abus sexuels sur enfants, promouvoir l’égalité de genre et sensibiliser à la violence domestique et à la santé et aux droits sexuels et reproductifs des femmes, aider les jeunes à comprendre ce que sont l’orientation sexuelle et l’identité de genre, et dissoudre les stéréotypes associés aux personnes LGBTI. Le texte contient diverses recommandations pour améliorer la mise en œuvre de l’éducation complète à la sexualité dans les écoles, telles que le fait de rendre l’éducation sexuelle obligatoire, de l’intégrer dans le système éducatif, en l’adaptant aux différents stades de développement des enfants et en veillant à ce que les informations présentées aux enfants dans ce contexte soient fondées sur des données scientifiques et sur les normes des droits de l'homme. La Commissaire a attiré également l’attention sur la nécessité de donner aux familles des informations précises sur les questions qui sont traitées dans le cadre de l’éducation sexuelle, de consulter et d’associer les jeunes au processus, et de faire en sorte que les enseignants reçoivent une formation et un soutien spécifiques adéquats. Pour finir, elle a souligné qu’il est essentiel que les responsables politiques prennent clairement position et rappellent à la population que l’accès à une éducation complète à la sexualité est un droit de l’homme et qu’il présente des avantages pour tous les membres de la société. Droits des personnes LGBTI Le 2 juillet, la Commissaire a salué l’adoption par le Parlement du Monténégro d’un projet de loi sur l’union civile des couples de même sexe, qu’elle a qualifiée de tournant et de grand pas en avant dans la reconnaissance des droits fondamentaux des personnes LGBTI dans le pays, rappelant qu’un nombre croissant d’États membres du Conseil de l’Europe (29 à ce moment-là) prévoyaient une forme de reconnaissance juridique des partenariats stables entre personnes de même sexe. Le 8 août, la Commissaire a appelé à la libération immédiate d’une militante polonaise pour les droits des personnes LGBTI qui avait participé à un certain nombre d’actions publiques visant à dénoncer la stigmatisation de ces personnes dans le pays, notamment le blocage d’une camionnette qui portait des inscriptions anti-LGBTI et la mise en place de drapeaux arc-en-ciel sur divers 7
CommDH(2020)29 monuments de Varsovie. En raison de ses actions, notamment un incident impliquant le chauffeur de cette camionnette, cette militante a été arrêtée à plusieurs reprises par la police, avant d’être finalement placée en détention provisoire pour une période de deux mois à compter du 7 août. La Commissaire a considéré que le fait de placer cette femme en détention pendant deux mois, ainsi que le traitement brutal infligé par la police aux militants LGBTI qui manifestaient contre son arrestation, envoyaient un message plus qu’inquiétant pour la liberté d’expression et d’autres droits de l’homme des personnes LGBTI en Pologne. Cette militante a été libérée le 28 août, à l’issue d’un recours en appel. Le 21 septembre, la Commissaire a rendu publique l’intervention qu’elle a effectuée en qualité de tierce partie devant la Cour européenne des droits de l’homme dans l’affaire Florin Buhuceanu et Victor Ciobotaru c. Roumanie et dans 12 autres affaires contre la Roumanie, qui portent sur l’absence de cadre permettant la reconnaissance des relations stables entre personnes de même sexe dans ce pays (voir « Système de la Cour européenne des droits de l’homme », ci-dessous). Droits des Roms Le 31 juillet, à l’approche de la commémoration de l’Holocauste des Roms, le 2 août, la Commissaire a publié une déclaration dans laquelle elle soulignait l’importance des initiatives visant à étudier les pages tragiques de l’histoire des Roms, au moyen de commissions pour la vérité et la réconciliation et d’autres mécanismes analogues, pour favoriser la réconciliation et la confiance. Elle a souligné que la pandémie de covid-19 a été un nouveau révélateur de la vulnérabilité particulière des Roms aux violations des droits de l'homme et a renvoie à sa déclaration du 7 avril 2020, dans laquelle elle dénonce des propos haineux visant les Roms, faisant d’eux des boucs émissaires, ainsi que des pratiques de profilage ethnique et d’autres mesures discriminatoires, et demande instamment aux gouvernements de veiller à ce que, durant la crise, les Roms bénéficient de la même protection et des mêmes soins que le reste de la population. Enfin, elle déplore le fait que les expulsions forcées, le discours de haine et les brutalités policières à l’encontre des Roms n’aient pas cessé et rappelle qu’il est essentiel d’avoir bien conscience que si les préjugés, le racisme et la discrimination persistent, de graves violations des droits de l'homme ne manqueront pas de se reproduire. Comportement des forces de l’ordre Le 8 juillet, la Commissaire a publié une déclaration dans laquelle elle se déclarait vivement préoccupée par la dispersion violente de manifestants par la police serbe à Belgrade, qui s’était produite la veille. Elle souligne que la violence policière et l’usage disproportionné de la force par la police ne sauraient en aucun cas être tolérés, même lorsque les opérations visant à maintenir l’ordre public pendant une manifestation sont particulièrement complexes et que les agents des forces de l’ordre exercent leurs fonctions dans un contexte très tendu. Elle a rappelé qu’il incombe aux autorités serbes de mener des enquêtes effectives pour faire la lumière sur ces événements et sanctionner les agents responsables, conformément à la jurisprudence pertinente de la Cour européenne des droits de l’homme et aux Lignes directrices du Comité des Ministres du Conseil de l’Europe pour éliminer l’impunité pour les violations graves des droits de l’homme adoptées en 2011. Enfin, elle a attiré l’attention sur le fait que la tolérance zéro est essentielle à l’égard des agents des forces de l’ordre qui enfreignent les règles de déontologie ou de droit pénal pour empêcher que ces actes restent impunis et renforcer la confiance de la population dans la police. 8
CommDH(2020)29 Justice transitionnelle Le 11 juillet, la Commissaire a lancé un site internet consacré au génocide de Srebrenica qui contient des informations sur la lutte contre l’impunité, la négation du génocide, les personnes disparues, les réparations et l’éducation. Le même jour, elle a publié une tribune intitulée « Genocide denial concern us all » (la négation du génocide nous concerne tous), dans laquelle elle soulignait que le meilleur moyen d’empêcher la commission d’autres génocides est de protéger la vérité contre les négationnistes et de rendre justice aux victimes du génocide de Srebrenica. En effet, la négation du génocide affaiblit la capacité de la société à détecter la réémergence de propos et d’actes susceptibles de conduire à de nouvelles atrocités. En outre, elle déshumanise les survivants et les victimes, entrave la lutte contre l'impunité des crimes commis en temps de guerre, et, en fin de compte, empêche toute possibilité de réconciliation. Pour ce faire, la première étape consiste à adopter des lois nationales qui incriminent la négation du génocide, comme l’ont fait plusieurs pays européens. Ceci peut contribuer de manière significative à rétablir la vérité et à réduire les risques que les dirigeants politiques et autres leaders d’opinion ne tiennent des propos honteux au sujet des génocides. L’instauration d’une Journée internationale de commémoration du génocide de Srebrenica, comme le demandent les Mères de Srebrenica depuis longtemps, représenterait un autre pas en avant. Pour finir, dans cette tribune, la Commissaire a évoqué la mission incombant aux écoles d’enseigner l’histoire de façon objective aux enfants, afin de déconstruire certains mythes dangereux et de les sensibiliser aux principes la justice et de l’égalité pour tous. Le 31 juillet, en vue de la commémoration de l’Holocauste des Roms, la Commissaire a publié une déclaration dans laquelle elle soulignait l’importance des initiatives visant à étudier les pages tragiques de l’histoire des Roms, au moyen de commissions pour la vérité et la réconciliation et d’autres mécanismes analogues, pour favoriser la réconciliation et la confiance (voir également la partie intitulée « Droits des Roms »). Le 28 août, à l’approche de la Journée internationale des victimes de disparition forcée, la Commissaire a publié une déclaration dans laquelle elle appelait les États membres du Conseil de l’Europe concernés à agir avec détermination pour établir la vérité au sujet des personnes disparues. Elle rappelle qu’en Europe, il y a des milliers de cas de personnes disparues pour lesquels la vérité n’a pas été établie et la justice n’a pas été rendue, ce qui porte gravement atteinte aux droits de l'homme, et que des disparitions forcées continuent à se produire sur notre continent. Aussi a-t-elle invité les États concernés à rechercher plus activement les personnes disparues, à mener des enquêtes pour déterminer ce qui leur est arrivé, à punir les responsables et à reconnaître les souffrances qu’endurent les proches des victimes et à répondre à leurs besoins. Enfin, elle a appelé les États membres du Conseil de l’Europe qui ne l’ont pas encore fait à ratifier la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées. Le 23 septembre, la Commissaire a publié une déclaration dans laquelle elle soulignait qu’il est important de fournir une protection et un soutien effectifs aux témoins dans les procédures relatives aux crimes commis pendant les conflits des années 1990 en ex-Yougoslavie. Publiée en réaction à deux faits intervenus récemment (la publication, dans des médias locaux, du nom d’un témoin protégé dans une affaire concernant un crime de guerre en Bosnie-Herzégovine et l’envoi anonyme à une association d’anciens combattants au Kosovo* de dossiers sur les crimes de guerre *Toute référence au Kosovo dans le présent document, qu'il s'agisse de son territoire, de ses institutions ou de sa population, doit être entendue dans le plein respect de la Résolution 1244 du Conseil de sécurité de l'Organisation des Nations Unies, sans préjuger du statut du Kosovo. 9
CommDH(2020)29 appartenant aux Chambres spécialisées pour le Kosovo qui contiendraient les noms de témoins), cette déclaration insistait sur le fait que ces agissements sont inacceptables et soulevait un certain nombre de questions qui devront être traitées par les autorités, les bureaux des procureurs et les tribunaux. La protection insuffisante des témoins est un sujet de préoccupation dans les pays de la région depuis de nombreuses années, aussi la Commissaire a appelé les responsables politiques et les membres de l’appareil judiciaire à se pencher sérieusement sur ce problème et à veiller à ce qu’aucun témoin n’ait à craindre pour sa vie lorsqu’il comparaît dans une affaire liée à un crime de guerre, ce qui suppose notamment d’identifier et de traduire rapidement en justice les personnes qui tentent d’intimider les témoins. La Commissaire a appelé également les professionnels des médias à ne pas divulguer d’informations sur l’identité des témoins protégés car en se livrant à une telle pratique, non seulement ils enfreignent les codes de déontologie du journalisme, mais ils sont susceptibles de voir leur responsabilité pénale engagée. Lutte contre le terrorisme et droits de l’homme Le 3 juillet, la Commissaire a participé à un événement en ligne sur le rapatriement en Europe des enfants de « combattant étrangers » présumés, organisé par le Délégué général aux droits de l’enfant de la communauté française de Belgique. À cette occasion, elle a déclaré que le rapatriement de ces enfants était le seul moyen d’avancer non seulement sur le plan des droits de l’homme, mais aussi sur le plan sécuritaire. De fait, de nombreux membres des services de renseignement et de sécurité sont également favorables au rapatriement, afin de mieux exercer le contrôle nécessaire ou de mettre en œuvre des mesures de désengagement ou de réhabilitation. Rappelant que les États membres du Conseil de l’Europe ont l’obligation de prendre toutes les mesures possibles pour que les enfants touchés par un conflit armé bénéficient d’une protection et de soins, comme le prévoient plusieurs des conventions que tous les États membres ont ratifiées, la Commissaire a souligné que ces enfants devaient être traités avant tout comme des victimes. En vertu du principe de l’intérêt supérieur de l’enfant, elle a également invité les États membres du Conseil de l’Europe à envisager de rapatrier également les mères de ces enfants, rappelant que leur rapatriement n’empêchait pas de les déférer à la justice, le cas échéant, conformément à la législation nationale et aux normes internationales et européennes applicables. Répercussions de la pandémie de COVID-19 sur les droits de l’homme Le 1er juillet, la Commissaire a pris part à une audition organisée au Parlement allemand sur la protection des droits de l’homme dans le contexte de la pandémie de COVID-19. Lors de son intervention, elle a déclaré que depuis le début des restrictions, elle tentait d’attirer l’attention sur les risques que le confinement pouvait poser pour les droits de l’homme, et en particulier, pour ceux de certains groupes de personnes dont les droits étaient déjà largement négligés avant la pandémie, tels que les personnes âgées, les personnes handicapées, les femmes, les enfants, les Roms, les personnes LGBTI, les détenus et les migrants. Elle a tout particulièrement mis l’accent sur trois sujets, à savoir les défis relatifs à la liberté d’expression et d’information et à la liberté les médias, l’intersection entre les technologies numériques et les droits de l’homme, et les défis relatifs aux questions migratoires. 10
CommDH(2020)29 3. Défenseurs des droits de l’homme Au cours de la période de référence, la Commissaire a suivi avec attention la situation des défenseurs des droits de l'homme en Europe. Le2 juillet, elle a publié une déclaration dans laquelle elle a fait part de sa préoccupation au sujet des changements proposés au cadre juridique turc relatif aux avocats et à leurs associations professionnelles, qui viseraient notamment à permettre la coexistence de plusieurs barreaux dans certaines provinces et à modifier les procédures d’élection applicables aux barreaux et à l’union des barreaux. La Commissaire a souligné que ces changements, lorsqu’on les replace dans le contexte des problèmes concernant le système judiciaire et les pratiques répressives à l’encontre des avocats et des défenseurs des droits de l’homme qu’elle a décrits dans son rapport sur la Turquie, rendu public en février 2020, risquent d’aggraver une situation qui est déjà préoccupante. Elle a évoqué notamment le risque de stigmatisation des avocats en raison de leur affiliation à une association professionnelle donnée, et que cela ne nuise encore davantage à l’image d’impartialité de la justice ; le risque de rendre l’Union des barreaux de Turquie moins représentative, ainsi que l’absence totale de consultation des associations d’avocats de Turquie et leur opposition quasi unanime aux changements proposés. Par conséquent, elle a demandé aux autorités turques de ne pas imposer ces changements et de n’adopter une réforme qu’à l’issue d’un large processus de consultation auquel la société civile serait pleinement associée. Le 3 juillet, la Commissaire a rendu publique la communication qu’elle a transmise au Comité des Ministres dans le cadre de l’exécution de l’arrêt rendu par la Cour européenne des droits de l’homme dans l’affaire Kavala c. Turquie, le 10 décembre 2019 (voir « Système de la Cour européenne des droits de l’homme », ci-dessous). Le 20 juillet, la Commissaire a publié une déclaration sur l’inculpation à Sotchi de Semyen Simonov, un défenseur russe des droits de l’homme, pour infraction à la législation sur les organisations non commerciales. Soulignant que l’ONG de M. Simonov a été sanctionnée pour avoir mené des activités en faveur des droits de l'homme, la Commissaire a fait observer que les poursuites engagées à l’encontre de ce dernier auront un effet extrêmement dissuasif sur l’ensemble des acteurs œuvrant pour les droits de l'homme en Russie. Elle a donc demandé aux autorités de la Fédération de Russie d’abandonner ces poursuites. Elle a conclu en soulignant que le cadre juridique en vigueur limite de manière excessive les activités des organisations de la société civile dans le pays et qu’il doit être révisé à la lumière des normes de droits de l’homme du Conseil de l’Europe. Le 8 août, la Commissaire a appelé à la libération immédiate d’une militante polonaise pour les droits des LGBTI qui avait participé à un certain nombre d’actions publiques visant à dénoncer la stigmatisation de ces personnes en Pologne (voir « Droits des personnes LGBTI », ci-dessus). Le 26 août, la Commissaire a publié une déclaration concernant les circonstances qui ont conduit Alexei Navalny, militant anticorruption, blogueur et personnalité publique de premier plan, à tomber dans le coma. Elle a souligné qu’il est capital que les autorités russes diligentent des enquêtes afin de faire toute la lumière sur l’ensemble des aspects de cette affaire, et en particulier sur les allégations d'empoisonnement intentionnel. La Commissaire a estimé que les autorités le doivent non seulement à M. Navalny, mais aussi à la société dans son ensemble, en tant qu’élément essentiel de leurs obligations de protéger la liberté d'expression et d'assurer un environnement 11
CommDH(2020)29 favorable et sûr pour les activités de la société civile. La Commissaire a exprimé également sa sympathie à Alexey Navalny, ainsi qu’à ses proches, et a espéré qu’il sera bientôt totalement rétabli. Le 28 août, la Commissaire a publié une déclaration concernant la mort de l’avocate Ebru Timtik, décédée dans un hôpital de Turquie après une grève de la faim de 238 jours pendant lesquels sa requête de procès équitable est restée sans réponse. Mme Timtik était l’un des avocats de l’Association des avocats progressistes, qui étaient visés par des procédures pénales en lien avec l’exercice de leurs activités professionnelles. Exprimant ses sincères condoléances à la famille de Mme Timtik, la Commissaire a souligné que sa mort est une illustration tragique de la souffrance humaine provoquée en Turquie par un système judiciaire qui est devenu un outil pour faire taire les avocats, les défenseurs des droits de l’homme et les journalistes en faisant systématiquement fi des principes les plus fondamentaux de l’État de droit. En leur double qualité de défenseurs des droits de l’homme et d’acteurs fondamentaux d’un système judiciaire qui leur est de plus en plus hostile, les avocats sont les premières victimes de ces pratiques. La Commissaire a demandé aux autorités turques de respecter les principes liés à un procès équitable en revenant sur les restrictions des droits procéduraux de la défense introduites pendant l’état d’urgence, et à garantir que nul ne soit placé en détention sans respect des procédures. Elle les a également invitées à s’attaquer à l’attitude consistant à considérer que les avocats partagent la culpabilité de leurs clients, de plus en plus courante au sein du système judiciaire turque. Le 10 septembre, la Commissaire a publié une déclaration en réaction à l’enlèvement de Salman Tepsurkaev et aux mauvais traitements infligés à ce jeune homme de 19 ans, modérateur de « chat » sur la chaîne d’information Telegram qui a mis en lumière des violations des droits de l'homme perpétrées en Tchétchénie. La Commissaire a souligné que son enlèvement, sa détention non reconnue et les actes de torture auxquels il a été soumis dans des locaux des forces de l’ordre à Grozny sont inacceptables et appelle les autorités russes à prendre immédiatement des mesures pour assurer sa sécurité et mener une enquête sur ce crime. Elle a dénoncé également l’attitude consistant à faire taire les voix critiques qui prévaut en Tchétchénie depuis des dizaines d’années et appelé les autorités russes à remplir leurs obligations en matière de droits de l'homme. Le 30 septembre, la Commissaire a publié une déclaration à la suite à la condamnation de Yuri Dmitriev, historien et défenseur des droits de l'homme russe qui a été condamné à 13 ans d’emprisonnement dans un établissement de haute sécurité en Fédération de Russie. Elle a souligné tout particulièrement qu’on ne peut considérer que le procès ayant abouti à une si lourde condamnation présente les caractéristiques d’un procès équitable étant donné qu’il s’est déroulé en l’absence de l’avocat de Yuri Dmitriev. La Commissaire a souligné en outre que le harcèlement judiciaire contre les défenseurs des droits de l'homme, les journalistes et d’autres voix indépendantes ou critiques s’intensifie en Fédération de Russie ces dernières années et a appelé à l’adoption de mesures structurelles de manière à créer l’environnement dont ces derniers ont besoin pour travailler en sécurité. Elle a également demandé aux autorités russes de mettre immédiatement un terme aux procédures pénales engagées contre un certain nombre de défenseurs des droits de l'homme et de journalistes, dont Abdulmumin Gadzhiyev, Yulia Tsvetkova, Anastasia Shevchenko et Semyen Simonov. La situation des droits de l’homme au Bélarus Dans une déclaration publiée le 21 septembre, la Commissaire a souligné que plus d’un mois après le début des manifestations de masse qui ont suivi l’élection présidentielle au Bélarus, la situation des droits de l’homme dans le pays reste extrêmement inquiétante. Elle a appelé à mettre 12
CommDH(2020)29 immédiatement un terme aux violations systématiques et massives des droits de l’homme telles que l’arrestation de manifestants pacifiques, les mauvais traitements et les actes de torture infligés aux détenus ou le harcèlement des journalistes et des défenseurs des droits de l’homme. La Commissaire a noté que si le Bélarus n’est pas un État membre du Conseil de l’Europe, il n’en est pas moins tenu par des obligations au regard du droit international des droits de l’homme, y compris celles de mettre un terme aux violations graves de ces droits, de mener des enquêtes sur tous ces crimes et de prévenir de nouvelles violations. Elle a souligné en outre que la communauté internationale, et notamment le Conseil de l’Europe, pourrait jouer un rôle important dans les initiatives visant à mettre fin aux violations des droits de l’homme au Bélarus et a salué le fait que diverses mesures aient été prises à cet égard, notamment le déclenchement, par l’OSCE, du mécanisme de Moscou pour le Bélarus. La Commissaire a souligné également que toutes les victimes de mauvais traitements et d’actes de torture doivent être réhabilitées et a appelé les États membres du Conseil de l’Europe à venir en aide aux victimes bélarussiennes de tels actes et à toutes les personnes qui viennent chercher protection sur leur territoire. Enfin, la Commissaire a attiré l’attention sur le fait que les défenseurs des droits de l’homme et la société civile pourraient jouer un rôle fondamental dans la prévention de nouvelles violations des droits de l’homme au Bélarus, en particulier en assurant un suivi indépendant de la situation dans les centres de détention. 4. Système de la Convention européenne des droits de l’homme Communication au Comité des Ministres concernant la surveillance de l’exécution des arrêts rendus par la Cour européenne des droits de l’homme dans l’affaire Kavala c. Turquie Le 3 juillet, la Commissaire a rendu publique la communication qu’elle a transmise au Comité des Ministres concernant la surveillance de l’exécution des arrêts rendus par la Cour européenne des droits de l’homme dans l’affaire Kavala c. Turquie (requête n°28749/18, arrêt du 10 décembre 2019), conformément à la règle 9.4 des Règles du Comité des Ministres pour la surveillance de l’exécution des arrêts. Dans cette communication, la Commissaire a fait part de son point de vue selon lequel le maintien en détention d’Osman Kavala et les poursuites pénales engagées à son encontre, bien qu’officiellement sous des chefs d’accusation différents de ceux examinés par la Cour, s’inscrivent dans le droit fil des violations constatées par cette dernière et les prolongent. Par conséquent, elle considère que l’exécution de l’arrêt requiert la libération immédiate et inconditionnelle du requérant et l’arrêt des poursuites pénales à son encontre. En ce qui concerne les mesures générales nécessaires pour prévenir la commission de nouvelles violations en Turquie, la Commissaire a renvoyé à ses travaux approfondis sur la Turquie et à ses recommandations sur le système judiciaire turc, qui soulignent notamment la nécessité de rétablir des garanties constitutionnelles et de les renforcer, de réviser la législation pénale, d’assurer le respect de la garantie fondamentale d’un procès équitable et de s’attaquer aux graves problèmes auxquels sont confrontés les défenseurs des droits de l’homme. Communication au Comité des Ministres concernant la surveillance de l’exécution des arrêts rendus par la Cour européenne des droits de l’homme dans l’affaire Bălșan c. Roumanie Le 5 août, la Commissaire a rendu publique la communication qu’elle a transmise au Comité des Ministres dans le cadre de la surveillance de l’exécution des arrêts rendus par la Cour européenne 13
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