" Défricher l'avenir " - NATO Allied Command Transformation : ACT I : " Défricher l'avenir
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SEPTEMRE 2014 NATO Allied Command Transformation : « Défricher l’avenir » ACT I : un « Centre d’excellence de la Transformation » ACT II : Résolument tourné vers l’avenir
Opérationnels sommaire Soutien Logistique Défense Sécurité Cet ouvrage est extrait de la revue Opérationnels SLDS / Soutien Logistique Défense Sécurité EDITORIAL 02 Numéros 19 et 20 – Printemps - Eté 2014 L’INTRODUCTION DU GÉNÉRAL PALOMÉROS www.operationnels.com / www.sldmag.com ACT : «Défricher l’avenir » 04 Dépôt légal : juin 2014 / ISSN : 2109-4594 Entretien avec le général d’armée aérienne Jean-Paul Paloméros, Commandant Suprême Directeur de publication / Rédacteur en chef Murielle Delaporte 04 Allié Transformation ACT I : UN « CENTRE D’EXCELLENCE DE LA TRANSFORMATION » m.delaporte-laird@operationnels.com ACT : Un programme d’entraînement ambitieux 14 Maquette Entretien avec le Lieutenant-Colonel Thozet, OF-4, SACT Joint Force Trainer, Joint Souris Graphik Education Training and Exercises/Training and Exercises Les opinions exprimées au sein de cette publication n’engagent que leurs auteurs. Trident Juncture 2015 16 Les publicités insérées sont sous la Une opportunité de développement capacitaire en matière d’interopérabilité responsabilité des annonceurs. Par le Commandant (U.S. Navy Lieutenant Commander) Chris Hahn Déchiffrer et défricher la logistique Otanienne 17 Entretien avec le Lieutenant-Colonel Laurent Fontaine, Section Mouvement (Logistics, Deployment and Sustainment, C2DS Division) Pour le général Paloméros, « ACT doit lui-même être le Centre d’Ex- cellence de la Transformation », une transformation constituant un 14 Le Services des essences des armées au cœur de la stratégie pétrolière de l’OTAN Entretien avec l’ingénieur en chef Olivier Naegellen-Roy, FRA Joint Petroleum Service 22 pont entre le passé et le présent et s’appuyant sur la continuité, la collaboration et l’innovation. ACT II : RÉSOLUMENT TOURNÉ VERS L’AVENIR Au travers du témoignage d’officiers basés à Norfolk en Virginie aux La technologie au cœur de la Transformation Etats-Unis, cette publication « Spécial ACT » se concentre en un Entretien avec l’ingénieur en chef de l’armement Raymond Levet 28 premier temps sur l’innovation au service de l’entraînement et de la formation en décrivant les nouveaux objectifs du vaste programme ACT, « Innovation Hub » d’exercices en cours sous l’égide d’ACT – interarmisation et intero- Entretien avec Eric Pouliquen 30 pérabilité – et les concepts novateurs en cours d’élaboration dans le La Smart Defence : Une rampe de lancement capacitaire domaine du soutien et de la logistique tant d’un point de vue doctri- Entretien avec le Capitaine de Frégate Olivier Bertrand 32 nal que formatif. Brique par brique… Une seconde partie se penche sur les évolutions de soutien santé et Entretien avec le Médecin en chef Michel Groud 35 les orientations en matière de recherche et d’innovation. Ce dossier est aussi l’occasion de faire le point sur la Smart Defence. 17 Photo de couverture : Soldats espagnols et américains s’apprêtant à quitter la FOB de Bala Murghab en Afghanistan à bord d’un Chinook CH-47 © OTAN, septembre 2008 Photo en page 39 : A bord d’un Caracal en mission de transport entre Nijrab-Tagab et 2 www.operationnels.com Kaboul © José Nicolas, Afghanistan, janvier 2000 28 30 32 35 3
L’INTRODUCTION DU GÉNÉRAL PALOMÉROS Entretien avec le général d’armée aérienne Jean-Paul Paloméros, Commandant Suprême Allié Transformation ACT : « Défricher l’avenir » « Avec la fin de l’Afghanistan, l’OTAN est en train de sortir progressivement d’une période d’engagement opérationnel très dense et en continu depuis une vingtaine d’années. Cette période de transition doit donc nous Entraînement de la Force de réaction de l’OTAN au cours de l’exercice Steadfast Jazz 2013 – qui s’est tenu en Pologne et permettre de préparer l’avenir. » Lettonie en novembre 2013 - en vue de la certification pour la prise d’alerte NRF en 2014 © Azakrzewski, OTAN, octobre 2013 D epuis sa prise de com- mandement d’ACT (Allied Command Transformation) en déjà ou sont programmés : de la sélection présente des 20% res- tant dépendent donc non seule- nant une part essentielle et no- vatrice -, mais aussi les techno- logies de rupture en multipliant « semer les graines » pour une Al- liance du futur « où chacun prend ses responsabilités », où il est da- interopérabilité entre alliés – qui a fait en particulier ses preuves en pays afghan et a rendu pos- dans l’anticipation des crises per- mettant une harmonisation en matière de prise de décision au septembre 2012, le général Pa- ment l’optimisation des équipe- les échanges avec le monde ci- vantage question de partage des sible une opération comme Har- niveau stratégique. loméros mène une double ac- ments actuels – notamment par vil font ainsi intégralement partie tâches et des missions (Task-sha- mattan – tant par le biais d’un Dans l’entretien ci-dessous, le tion : assister les forces de l’OTAN une meilleure interopérabilité de la mission d’ACT. ring) que du partage de fardeau calendrier d’exercice ambitieux, Commandant Suprême offre sa en opération (notamment par la et c’est tout l’objectif de l’Initia- traditionnel (Burden-sharing) : nouveau ciment de l’Alliance, • 90% des capacités de l’OTAN vision de l’OTAN à l’horizon 2025 formation des unités déployées tive des forces connectées (CFI : réaligner les capacités natio- que dans l’encouragement de proviennent aujourd’hui des et les outils sur lesquels ACT s’ap- en Afghanistan) et préparer ces Connected Forces Initiative) -, nales et les capacités de l’OTAN, programmes, tels les capacités nations, la part du socle OTAN puie pour que l’Alliance « ne forces pour le court et moyen mais aussi la capacité opéra- afin d’éviter les ruptures capaci- interalliées de renseignement, s’étant peu à peu réduite avec se résume pas à l’addition de termes. Deux chiffres illustrent tionnelle des forces de demain : taires et assurer la pérennité de observation et reconnaissance la fin de la Guerre froide et moyens individuels » et que « ce l’immensité du défi en jeu : identifier les programmes por- l’Alliance à un moment crucial (JISR : Joint Intelligence, Surveil- l’évolution des engagements de processus de transformation per- teurs notamment au travers de la de son existence est le souci lance and Reconnaissance), • Sur les vingt prochaines an- l’Alliance. Le général Palomé- mette à chacun de libérer son Smart Defense constant de SACT. Son effort prio- destinés à faciliter le partage des nées, 80% des matériels utilisés ros s’est donc efforcé dès 2012, potentiel de créativité »1. ritaire porte pour cette raison sur informations non seulement sur le par les pays de l’OTAN existent • le soutien et la logistique y te- selon sa propre expression, de le développement accru d’une terrain, mais également en amont 4 5
« Nous sommes de plus SACT, General Jean-Paul Paloméros, au cours d’une qu’elle intègre la dimension politique L’INTRODUCTION DU GÉNÉRAL PALOMÉROS réunion des ministres de la défense de l’OTAN avec les et militaire en permanence au sein en plus dépendants des nations non-OTAN partenaires de l’ISAF © ADJ Edouard de sa structure intégrée. En tant que structures nationales, ce Bocquet, OTAN, Bruxelles, octobre 2013 commandeurs stratégiques, nous qui n’est pas un problème sommes en permanence en contact en soi, mais encore faut-il avec les décideurs politiques et c’est effectivement que les nations au final ce qui fait la force d’une or- contribuent : cela fait partie ganisation comme celle-ci. De nom- du dialogue que nous avons breux efforts sont par ailleurs en avec ces dernières. Ce faisant, cours en vue d’améliorer cette apti- tude à la décision stratégique et poli- nous espérons y gagner tique au sein de l’alliance. en souplesse en incitant au développement d’une Au début de votre prise de com- mandement, vous avez identifié la force de réaction qui soit Force de réaction de l’OTAN (NRF : effectivement peut-être plus National Response Force) comme modulable pour répondre aux le « catalyseur de la réforme » vi- crises de demain. » sant à améliorer l’efficacité et la disponibilité opérationnelle des Général, lors la dernière « Chiefs forces de l’OTAN. Comment voyez- of Transformation Conference » vous son rôle dans le cadre de l’Ini- en décembre 2013, vous avez tiative des forces connectées et cité un proverbe africain en in- comment envisagez-vous l’utilisa- troduction - « Si tu veux aller vite, tion de la NRF dans un environne- marche seul. Si tu veux aller loin, ment post-ISAF ? Pourrait-elle être marche avec les autres » - : avec utilisée de façon modulaire dans la fin de l’engagement des forces le cadre d’une coalition ad hoc combattantes de la Force interna- ou est-elle plutôt conçue pour être tionale d’assistance et de sécuri- déployée dans son ensemble pour té (FIAS) en Afghanistan, 2014 est Exercice Steadfas Jazz 2013, OTAN, octobre 2013 une mission de sécurité collective ? doit donc être à même de faire face travailler et préparer l’avenir en- une année de jonction pour votre à ces évolutions plus ou moins im- semble, à coopérer et optimiser Général Paloméros : La force de commandement en termes de « La clé de l’avenir de l’alliance, prévues et sans délai. Pour pouvoir tous les investissements que nous réaction de l’OTAN, la NRF, est une concrétisation des initiatives qui c’est la pertinence et l’efficacité. répondre à ces enjeux, l’objectif est faisons dans une logique capacitaire organisation très originale de par vous tiennent à cœur. Jusqu’où ainsi de maintenir la crédibilité de pour l’entraînement, pour les exer- (…) L’interopérabilité est en ce son principe : c’est évidemment une aimeriez-vous aller dans votre vi- nos forces et pour ce faire, de dé- cices, pour le soutien de manière à sens la véritable clé de cette force de réaction immédiate et in- sion idéale d’une OTAN transfor- velopper et d’entretenir leur intero- être plus efficaces. efficacité. » tensément soutenue, mais qui est mée et telle que vous l’imaginez pérabilité, leur aptitude à travailler La clé de l’avenir de l’alliance, c’est d’abord planifiée. Ce n’est pas une à l’horizon 2025 ? En particulier, ensemble, à optimiser les moyens la pertinence et l’efficacité. force de circonstance, en ce sens quels types d’engagements opé- communs et maintenir une haute qu’elle s’insère dans la planification rationnels convient-il de prépa- • La pertinence c’est-à-dire qu’il disponibilité. Nous devons pour opérationnelle de l’OTAN avec une rer : quitte-t-on l’ère des grands s’agit d’être prêt à répondre aux dé- cela tirer le maximum de leçons de certaine vision, puisque tout cela engagements et des coalitions fis tels qu’ils se présenteront à nous, tout ce que nous avons appris au se planifie avec plusieurs années massives comme le fut l’Afghanis- en prenant en compte toutes les cours de ces vingt dernières années, d’avance. La NRF est fondée sur la tan pour se diriger vers des coa- nouvelles formes de menaces ; essayer de capitaliser sur ce retour structure de commandement inté- litions « ad hoc » telles que ce fut • l’efficacité, je dirais même l’effi- d’expérience qui est une mine de gré, mais aussi sur des contributions le cas pour Harmattan ou Serval cience, c’est l’aptitude à le faire en connaissances et de savoir-faire de forces qui viennent des nations et/ou est-il nécessaire de parer à optimisant l’utilisation des moyens pour se projeter vers l’avenir. elles-mêmes. Chaque année est mené tout scénario ? et l’emploi des capacités. Il est fort probable que les crises Général Paloméros : Avec la fin L’interopérabilité est en ce sens du futur ne ressembleront pas aux « A la sortie de l’Afghanistan, de l’Afghanistan, l’OTAN est effecti- la véritable clé de cette efficacité. crises du passé, mais en termes Le système français a pu montrer ticipation stratégique assez perfor- il paraît essentiel de tirer vement en train de sortir progressi- Si nos forces savent travailler en- de stratégies et de capacités mili- son efficacité, mais d’autres pays bé- mants – ce qui s’est produit par le parti, d’une part, des acquis de vement d’une période d’engagement semble, elles seront plus efficaces taires, nombre de points communs néficient également de cet atout. Je passé –, la décision politique est ex- pratiquement deux décennies opérationnel très dense et en conti- et plus souples. nous paraissent évidents, que ce pense en fait que si nous parvenons trêmement difficile dans l’urgence. nu depuis une vingtaine d’années. soit en particulier dans le domaine d’opérations et, d’autre Cette période de transition doit Une des raisons de la réussite à améliorer nos capacités d’antici- Il faut donc partir du principe que le part, du fait que nous de l’acquisition et l’exploitation du d’opérations telles qu’Harmattan pation stratégique, le processus de processus décisionnel est ce qu’il est, donc nous permettre de préparer allons avoir davantage de renseignement - ce que j’appellerais et Serval tient à la rapidité du pro- décision en sera grandement facilité. que l’OTAN compte 28 pays, et que l’avenir. Ce qui signifie non seule- l’anticipation stratégique, à savoir la cessus de décision français ga- Une partie des difficultés du proces- ce constat est vrai pour toutes les forces disponibles pour les ment regarder sur le long terme les capacité à se préparer à la gestion rante d’un effet de surprise crucial sus de décision tient à la crédibilité institutions internationales quelles entraîner. C’est le moment ou évolutions en matière de stratégie des crises en amont -, que ce soit pour toute victoire sur le champ du renseignement stratégique que qu’elles soient, l’Union européenne jamais de réinvestir dans cet militaire et les réponses à apporter en termes de la souplesse d’emploi de bataille. Qu’en est-il pour nous pouvons fournir aux décideurs également. C’est donc effectivement entraînement collectif et dans face aux enjeux stratégiques, mais nécessaire et indispensable de nos l’OTAN qui réunit 28 nations ? politiques. Si déjà, nous avons cette une des contraintes dont il faut tenir aussi faire en sorte que l’Alliance forces et de nos structures de com- les exercices. Voilà l’ambition soit prête à répondre à toute sollici- Général Paloméros : La prise de capacité d’anticipation, les bases compte et voir comment l’alléger. majeure de la CFI, car nous mandement, ou de notre capacité d’une discussion au niveau politique Un des moyens consiste à entretenir tation, tel que l’environnement géos- décision est toujours plus compli- devons nous donner toutes à durer ensemble dans un environ- sont lancées pour des premières un bon dialogue politico-militaire : tratégique d’aujourd’hui peut nous y quée dans un cadre international et nement contraint, en particulier décisions. En revanche, si les poli- l’OTAN est de ce point de vue une les chances pour que la NRF pousser. L’histoire récente nous a parfois même dans des cadres na- budgétairement parlant. Ceci doit tiques sont pris de court parce que organisation qui est très adaptée et soit l’outil efficace et utile sur appris qu’il peut y avoir beaucoup tionaux, chaque pays ayant son nous pousser évidemment à mieux nous n’avons pas de moyens d’an- a été conçue pour cela en ce sens lequel nous comptons. » de surprises stratégiques. L’alliance propre système politico-militaire. 6 7
ce que l’on appelle le processus de s’avère donc très avancé et très qua- tion qui soit effectivement peut-être L’INTRODUCTION DU GÉNÉRAL PALOMÉROS génération de force, au sein duquel litatif. La phase initiale de généra- plus modulable pour répondre aux chaque pays, ainsi que l’OTAN lui- tion de forces est évidemment assez crises de demain. Se posent la ques- même avec sa structure intégrée, difficile, puisqu’il faut convaincre tion du renseignement par rapport proposent la contribution d’une de les pays, ou alors aller puiser dans à l’anticipation de ces dernières, leurs composantes destinée à ali- le réservoir de l’OTAN qui n’est pas mais aussi la question du soutien de menter cette force de réaction. Une inépuisable, et ce d’autant plus que cette force, lequel peut provenir de fois que cette génération de force l’on vient de le réformer et que les moyens de soutien intégrés à partir est faite, il nous revient d’entraîner structures de commandement ont des contributions nationales, ou des ces structures, puis de les certifier. encore maigri. Nous sommes donc moyens collectifs issus des contri- Il s’agit donc d’une sorte de proces- de plus en plus dépendants des butions de l’OTAN. sus de qualité qui est en place et qui structures nationales, ce qui n’est Pour que tout cet ensemble puisse permet de garantir aux décideurs pas un problème en soi, mais encore travailler ensemble, il faut qu’il soit politiques et militaires que cette faut-il effectivement que les nations là aussi interopérable, d’où une po- force de réaction rapide qui tourne contribuent : cela fait partie du dia- litique d’exercice et d’entraînement chaque année est non seulement logue que nous avons avec ces der- ambitieuse. C’est exactement ce que disponible, mais aussi qu’elle a la nières. Ce faisant, nous espérons y nous avons proposé dans le cadre qualité nécessaire et suffisante pour gagner en souplesse en incitant au de l’initiative des forces connectées remplir sa mission. Ce processus développement d’une force de réac- (CFI). A la sortie de l’Afghanistan, © ministère de la défense du Royaume Uni il paraît essentiel de tirer parti, d’une part, des acquis de pratique- ment deux décennies d’opérations et, d’autre part, du fait que nous al- lons avoir davantage de forces dis- ponibles pour les entraîner. C’est Un soldat britannique garder un pont le moment où jamais de réinvestir sur la route de Pristina en 1999 dans cet entraînement collectif et dans les exercices. Voilà l’ambition les retours d’expérience. Cet exer- une contribution de plus en plus « Le jour où l’on part en majeure de la CFI, car nous devons cice est également important dans forte des pays partenaires et c’est ce opération, si nos chaînes nous donner toutes les chances sa fonction de certification et de va- que l’on voit aussi dans l’Opération pour que la NRF soit l’outil efficace logistiques sont déficientes lidation de la NRF pour 2016. Il s’agit Ocean Shield [de lutte contre la pi- et utile sur lequel nous comptons. et si on n’a pas le soutien d’un objectif majeur et d’une respon- raterie dans la Corne de l’Afrique] C’est dans cet esprit qu’est actuel- médical, c’est non seulement sabilité nouvelle, car ce sera le plus au sein de laquelle un nombre crois- lement organisé l’exercice Trident Juncture 2015 : il s’agit là d’un exer- gros exercice organise par ACT. sant de pays partenaires contribue. la protection de nos Si les futures crises, ainsi que le de- Ce qui est intéressant est le fait que forces qui est en jeu au cice extrêmement important, car gré de participation des nations et cela démultiplie l’effet des forces ota- niveau sécurité, mais aussi cela va être le premier exercice de le cadre d’intervention qui prévau- niennes en créant un environnement l’efficacité opérationnelle grande ampleur mené en grandeur dront, sont difficiles à anticiper, ce multinational plus coopératif. La sé- nature (livex) qui viendra concréti- de ces forces. A ACT, nous qui est sûr est que la NRF doit consti- curité globale s’en trouve améliorée ser l’initiative des forces connectées sommes pour l’OTAN les tuer la réponse rapide et efficace de et le fait que ces forces apprennent à et la nouvelle structure de comman- garants de cette cohérence. » l’OTAN à toute crise quelle qu’elle travailler ensemble est un facteur de dement. Un exercice de cette nature soit, et s’organiser ensuite en fonc- progrès considérable. nécessite près de deux ans de pla- Général Paloméros : A ACT, nous nification, si l’on veut que l’exercice tion de l’endroit, des intérêts, de la Quand on parle de capacité à durer, il considérons que la logistique fait soit utile et efficace. Il ne s’agit pas volonté des nations de l’OTAN ou est clair que la contribution de nom- partie intégrante du développement simplement de générer des forces et d’autres nations partenaires, voire breux pays à l’extérieur de l’OTAN des capacités, c’est pour nous un de les mettre ensemble, mais d’en ti- non partenaires, de s’impliquer dans est un facteur important. Car lors- ensemble comprenant la doctrine, rer le maximum et de les mettre en la crise. Un des objectifs de cette qu’il s’agit d’organiser des relèves, l’organisation, l’entraînement, la phase avec notre perception. Exer- initiative des forces connectées est, comme en Afghanistan par exemple, logistique justement et les équipe- cice de gestion de crise de haute dans cet esprit, de faire en sorte que on soulève la question du partage des ments : cela fait un tout qu’il ne faut intensité avec projection de force les pays qui souhaitent s’engager tâches et des charges au sens large. pas dissocier. Chaque pilier, chaque et utilisation des structures de com- puissent venir se « plugger » et venir Quelle que soit l’opération, lorsque capacité, est aussi important que mandement adaptées, Trident Junc- travailler en coalition avec l’OTAN et l’on a un partenaire qui veut et sait l’autre et si l’un des piliers est défici- ture 2015 va se passer dans le sud avec la NRF. Cette volonté d’obtenir travailler avec nous, non seulement taire, c’est l’édifice qui s’écroule. La de l’Europe avec l’Espagne, le Por- des partenariats utiles et efficaces, la charge s’en trouve diminuée, mais chaîne est aussi forte que son mail- tugal, et l’Italie comme nations sou- fondés là aussi sur l’interopérabilité la visibilité politique de l’action est lon le plus faible et la logistique est tien et devrait rassembler au moins et sur la contribution des partenaires accrue. un maillon essentiel de cet ensemble. 25000 hommes. Le but est de tendre aux exercices et activités de l’OTAN, Il faut donc que dans nos exercices, En termes de capacité à durer vers un exercice très réaliste avec fait partie des objectifs de sécurité notre entraînement, nos concepts, justement, allez-vous intégrer les une forte interaction des différents coopérative qui est une des missions nous donnions une part importante à stratégiques de l’Alliance. C’est exac- acquis des programmes de Smart participants incluant toutes les di- Defense en matière de soutien et la logistique dans toutes ses dimen- mensions - terre, air, mer -, les com- tement d’ailleurs ce qui s’est passé en sions. C’est pour cette raison que Lybie où nous avons intégré de nom- de logistique (tels que celui piloté posantes et capacités clés dans tous par le Service des Essences des se sont développés, dans le cadre les domaines en tenant compte à la breuses forces aériennes de pays de la Smart Defense, de nombreux partenaires, en l’occurrence qataris, Armées dans le domaine du sou- fois des nouvelles formes de me- tien carburant) et d’un exercice projets multinationaux intéressants Un blessé afghan est pris en charge au role 2 de naces comme la menace balistique, émiratis et, à titre européen, sué- touchant à la logistique au sens large doises. Cela s’est également vérifié comme Capable Logistician 2013 Camp Arena en Afghanistan © USAF TSgt Laura K. cyber et des formes de menaces dans l’exercice Trident Juncture (soutien essences, soutien médical, Smith, ISAF, Herat, Afghanistan, septembre 2008 plus classiques et en intégrant tous au fil du temps en Afghanistan avec soutien des hélicoptères). Il existe 2015 ? 8 9
« Si l’OTAN est efficace mais aussi en termes d’exécution. (CASPOA à Lyon), un autre au sein périeure, leur permettant de n’être L’INTRODUCTION DU GÉNÉRAL PALOMÉROS depuis 65 ans, c’est parce Tertio, il y a de vraies contraintes de l’OTAN basé à Norfolk dirigé par qualifié que tous les six ans. Nous budgétaires qui nous poussent à es- l’US Navy et qui porte sur les opéra- avons donc une grande confiance en que nos prédécesseurs ont sayer d’harmoniser les choix qui sont tions conjointes à partir de la mer. ces centres et que ce soit dans les eu l’intelligence de l’adapter faits et de vérifier qu’ils sont bien en Nous en avons une vingtaine au to- domaines de la logistique, de l’éner- aux circonstances et aux cohérence avec nos ambitions. Enfin tal2. gie, de la santé, du carburant, tout situations avec finalement il faut arriver à concilier les perspec- L’objectif maintenant est de mettre n’a pas été dit et il y a encore beau- beaucoup de succès que tives nationales, chaque pays ayant en réseau ces centres d’excellence de coup à faire. Nous avons donc un très ce soit pendant la Guerre sa stratégie avec des ambitions dif- façon à profiter au maximum de leur beau réseau (civil - military affairs Patrouille italienne en Afghanistan © USAF TSgt Laura K. Smith, ISAF, Afghanistan, septembre 2008 froide ou après. Notre défi férentes, et à tirer le meilleur parti expertise et retour d’expérience : - ; CBRN ; activités maritimes ; etc), de ce que les uns apportent tout en par la simulation, les séminaires que même si certains domaines peuvent est d’imaginer ce que sera essayant de compenser le déficit qui encore être développés. cet avenir dans les 20 ans nous organisons, le mentorat, le pi- existe. Lorsque nous promouvons la lotage des programmes d’activité de pour essayer d’anticiper les D’énormes progrès ont été réalisés flexibilité et la souplesse d’emploi ces centres. Nous encourageons et dans de nombreux domaines (lutte grandes tendances, voire de des forces pour essayer de répondre facilitons le développement de ces anti-IED et HME – homemade ex- les influencer si possible aux crises modernes, cette capacité centres auprès des pays intéressés plosives - ; réseau CAI – Coopera- là où c’est possible de projection est absolument fon- et je constate d’ailleurs que de nom- tive Airspace Initiative -; etc) et dif- dans le développement damentale et ne peut se concevoir breux pays sont en train de rejoindre férentes priorités ont été soulignées qu’avec un soutien logistique intégré. le centre d’excellence Cyber de Tal- capacitaire, dans l’utilisation C’est une grande force pour l’OTAN (Cyber défense ; défense anti-mis- des technologies, dans lin, ce qui est une bonne nouvelle sile …) : quelles sont pour vous d’avoir un certain nombre de pays pour nous. Car sur un domaine aus- la formation, dans les plus grands succès, les plus qui ont cette aptitude autonome à si critique que la Cyber, mais c’est grandes priorités et les principaux l’entraînement des hommes, déployer des forces comme cela a vrai aussi pour d’autres domaines, obstacles à surmonter pour les me- dans les exercices. » été démontré pendant Serval par la il nous faut rassembler nos forces et ner à bien (notamment comment France, mais avec le soutien aussi de le fait d’avoir un centre d’excellence réconcilier priorités stratégiques et des exemples très concrets de coo- nombreux pays de l’alliance. contribue aux échanges et à se poser enjeux industriels divisifs) ? Quel pération internationale générateurs Dans l’optique d’un nouveau par- les bonnes questions ensemble. Je premier bilan faites-vous à l’issue de gains d’efficacité assez considé- tage des tâches au sein de l’Al- crois beaucoup aux centres d’excel- de ces quinze mois comme Com- rables. C’est vrai pour la logistique, liance, quel bilan faites-vous des lence, qui représentent une occasion mandant Suprême Allié Transfor- mais aussi pour les transports égale- centres d’excellence et comment unique de valoriser les contributions mation ? ment qui sont associés. Nous avons voyez-vous leur développement de chaque pays souvent fier d’ap- Général Paloméros : Quinze mois soutenu l’exercice Capable Logisti- et leur rôle en termes de forma- porter leur expertise non seulement cela passe vite et donc il faut utiliser cian, qui était au départ un exercice tion, RETEX, voire spécialisation à l’OTAN, mais aussi dans le cadre chaque heure; chaque jour il n’y a national pour devenir multinatio- de certaines nations comme na- d’ouverture à d’autres partenariats; pas de temps à perdre pour préparer nal. Les procédures otaniennes ont tion-cadre dans des domaines de le centre d’excellence de Tallin tra- l’avenir qui commence aujourd’hui. été appliquées dans cet exercice et compétences spécifiques ? vaille aussi avec l’Union Européenne Une mission passionnante, car l’Al- nous avions des équipes sur place et avec d’autres pays hors OTAN. Général Paloméros : L’investisse- liance fait face à des défis considé- qui ont non seulement veillé à ce Nous ne sommes pas dans des lo- ment dans des centres d’excellence rables. Avec le redéploiement de sa que ces procédures soient bien ap- giques de propriétés, mais dans des est une initiative remarquable qui mission en Afghanistan et d’autres pliquées, mais aussi pour tirer les logiques de partage. repose sur la volonté des nations de perspectives, elle est peut-être à un leçons de l’exercice. Le pays hôte Nous nous appuyons de façon crois- promouvoir des compétences par- nouveau tournant de son histoire, qui était la Slovaquie a apprécié le cas précis la Slovaquie et la Répu- pour l’OTAN les garants de cette co- sante sur ces centres et faisons ticulières. Le rôle en la matière de mais elle a aussi des forces consi- soutien et la dimension otanienne : blique Tchèque). Cette coopération hérence. C’est pour cette raison que même appel à des personnes quali- l’OTAN et en particulier d’ACT est de dérables qui sont produites par ce Capable Logistician était presque entre groupes de nations – sur une je soutiens de nombreux projets de fiées de ces centres dans le cadre de faire en sorte que la répartition des réseau des nations et de toutes les la préfiguration de l’initiative des base de proximité géographique ou logistique, moins visibles, mais qui nos exercices et de nos activités. De tâches et des charges soit bien har- compétences qu’il recèle, par l’orga- forces connectées (CFI). Il s’agit de logique capacitaire - correspond fonctionnent bien. Nous avons la plus en plus d’interactions existent monisée, de manière à ce que l’on ait nisation en tant que telle. Quand on déjà d’un exercice multinational au- exactement au concept de Smart chance d’avoir au sein de l’OTAN entre ces composantes nationales et un minimum de duplication au sein parle de l’OTAN, on parle d’ailleurs quel on a donné une dimension ota- Defense que nous souhaitons pro- un Comité logistique au sein duquel ACT, qui doit lui-même être le Centre de ces centres d’excellence et au de l’Organisation du traité de l’Atlan- nienne. Et les leçons apprises, liées les décisions sont prises, ainsi qu’un d’excellence de la Transformation. mouvoir. contraire que l’on développe une fois tique Nord, tandis que l’Alliance en à l’interoperabilité, aux procédures, forum réunissant à la fois la logis- de plus la synergie. La seconde res- Nous faisons partie de la gouver- est l’objectif et la raison d’être. Les projets qui touchent au soutien à l’organisation des structures de tique intégrée de l’OTAN et celle des ponsabilité d’ACT en ce domaine est nance des Comités de pilotage et Les contraintes existent et les défis commandement logistique ont été médical sont aussi extrêmement im- autres pays, lequel promeut l’intero- de certifier que ces centres sont bien avons donc un rôle très particu- sécuritaires sont considérables et extrêmement intéressantes. C’est portants et le risque d’aujourd’hui pérabilité et la coopération dans ce lier en tant que moniteurs de ces lié aux réductions budgétaires est des centres d’excellence et qu’ils difficiles à imaginer dans leur nature. un sujet compliqué et tous ceux domaine. respectent les standards de l’OTAN. centres: nous devons laisser la place La difficulté réside surtout dans le qui ont participé à cet exercice en que la priorité soit donnée aux capa- La logistique a toujours été tradi- à la concertation, tout en essayant de cités du haut du spectre et que l’on A partir de là, on parle de centres fait que si anticiper les risques re- ont tiré un grand profit. Cela pose tionnellement une responsabilité d’excellence au standard OTAN qui mettre en place notre plan d’activi- lève du domaine du possible, savoir des tas de questions qui sont aussi délaisse plus ou moins ce qui touche nationale : c’est un fait, mais on se té, notre plan de charge et le répar- sont la propriété et la responsabilité quand ces risques vont se transfor- des questions doctrinales et il est au soutien parce que c’est moins vi- rend de plus en plus compte qu’elle tir avec ces centres. C’est ainsi que des nations, mais dotés de ce label mer en vraies menaces s’avère beau- pour nous essentiel de faire évoluer sible. Or on sait très bien que si l’on peut donner lieu à un partage et que nous leur confions de plus en plus de OTAN nous permettant de nous ap- coup plus difficile. A quel moment, nos doctrines en s’appuyant sur réduit sensiblement ces capacités c’est aussi une responsabilité col- puyer dessus pour développer nos responsabilités en matière d’entraî- à quel endroit ? Les Américains ont l’expérience réelle qu’elle soit en de soutien, le jour où l’on part en lective, car toute l’efficacité de l’Al- concepts, entraîner nos forces, nous nement. On assiste à une déconcen- toujours prévu qu’ils pouvaient être opération ou en exercice. Capable opération, si nos chaînes logistiques liance en dépend. Secondo, il faut en servir comme centre expert. Je tration des responsabilités, puisque soumis à des risques comme celui du Logistician était un exercice très sont déficientes et si on n’a pas le organiser tout le commandement citerai le cas connu du Centre Cyber nous ne pouvons pas tout faire et que 11 septembre 2001, sauf qu’ils ne sa- valorisant permettant d’identifier soutien médical, c’est non seule- de cette composante logistique et de Tallin en Estonie ou encore celui ces centres possèdent l’expérience. vaient pas que cela se produirait à ce des domaines où on peut envisager ment la protection de nos forces qui cela fait également partie des attri- du Centre pour la lutte anti-IEDs en Nous avons d’ailleurs développé moment précis et sous cette forme. certaines spécialisations et voir si est en jeu au niveau sécurité, mais butions de l’OTAN. La logistique est Espagne, un Centre de la conduite un processus de qualité au sein du- L’avenir est devant nous : il s’agit de plusieurs nations veulent s’associer aussi l’efficacité opérationnelle de donc importante pour l’OTAN non des opérations aériennes en France quel certains centres d’excellence le défricher, ce qui est vraiment la dans un domaine (comme dans ce ces forces. A ACT, nous sommes seulement en termes de conception, ont déjà acquis le niveau qualité su- 10 11
mission d’ACT. Ce qui est passion- telligence de l’adapter aux circons- pendance active. Il nous faut plus L’INTRODUCTION DU GÉNÉRAL PALOMÉROS ACT nant est de travailler à la fois sur le tances et aux situations avec fina- que jamais développer de nouvelles futur lointain - ce qui est indispen- lement beaucoup de succès que ce approches pour organiser, tirer le sable si l’on veut préparer nos capa- soit pendant la Guerre froide ou meilleur parti de cette interdépen- cités, nos forces de demain, adapter nos concepts et pouvoir anticiper après. Notre défi est d’imaginer ce que sera cet avenir dans les 20 ans dance et c’est ce vers quoi les Chefs d’état au Conseil européen nous en- Un « centre d’excellence de sur cette évolution stratégique -, pour essayer d’anticiper les grandes gagent à aller. Je suis certain qu’en mais aussi répondre aux défis d’au- jourd’hui – c’est-à-dire assurer prio- tendances, voire de les influencer si possible là où c’est possible dans septembre, dans le cadre du Som- met de l’OTAN, ils renouvèleront la transformation » ritairement le soutien des opéra- le développement capacitaire, dans cette volonté de voir l’Union euro- tions de l’OTAN aujourd’hui partout l’utilisation des technologies, dans péenne et l’OTAN travailler non seu- Pour le général Paloméros, « ACT doit lui-même être où nos forces sont engagées et plus la formation, dans l’entraînement lement main dans la main. le Centre d’Excellence de la Transformation », une particulièrement en Afghanistan. des hommes, dans les exercices. Ce transformation constituant un pont entre le passé ACT, ce sont les opérations d’au- sont des domaines où nous avons 1 Général Paloméros, discours d’ouverture et le présent et s’appuyant sur la continuité, la jourd’hui, de demain et d’après-de- une responsabilité en propre et où de la Conférence COTC, décembre 2012 : nous devons essayer d’intégrer tout collaboration et l’innovation. main. La Transformation, c’est un « Transformation is a moving target. The continuum : le grand Jour de la ce qui se passe à l’extérieur, ce qui solution is to act together, [so that NATO Au travers du témoignage d’officiers basés à Transformation n’existe pas. La va pouvoir améliorer notre effi- is] a greater sum of individual assets Norfolk en Virginie aux Etats-Unis, cette publication cacité en créant des partenariats through vision, acquisition and training. Transformation est un état d’esprit, (…) [Transformation must] empower the « Spécial ACT » se concentre en un premier temps un processus et un objectif... Nous avec des pays, des organisations, people for creativity to flow, unleash and sur l’innovation au service de l’entraînement devons adapter notre Alliance à avec d’autres institutions, les Na- release their potential and their imagina- et de la formation en décrivant les l’environnement géostratégique in- tions Unies, l’Union Européenne… tion. » Avec 22 pays communs aux deux nouveaux objectifs du vaste programme certain qui caractérise notre monde 2 Pour une description de ces Centres d’excel- organisations, il s’agit plus que d’un d’exercices en cours sous l’égide d’ACT actuel. Et d’ailleurs si l’OTAN est lence, voir : The Transformer, vol 9, Issue 2, efficace depuis 65 ans, c’est parce partenariat, entre l’OTAN et l’UE, je Fall 2013, ACT, Norfolk, Virginie. – interarmisation et interopérabilité – que nos prédécesseurs ont eu l’in- crois que l’on peut parler d’interdé- et les concepts novateurs en cours d’élaboration dans le domaine du soutien et de ACT, premier fournisseur mondial d’enseignement à distance la logistique tant « Au sein d’ACT, nous les réseaux. Il existe beaucoup de synergies et de valeurs d’un point de travaillons beaucoup sur ajoutées dans ces réseaux, beaucoup de bonnes volontés vue doctrinal que l’enseignement à dis- et de savoir-faire. La CFI, c’est aussi connecter les cer- formatif. tance pour l’ensemble veaux et les volontés, en tirer l’essence et avoir des idées de l’OTAN (e-learning, et innovantes et des solutions constructives dans un détenons un vrai savoir- monde et un environnement difficiles et contraints. faire. Nous sommes un Il nous faut trouver des solutions nouvelles en des premiers fournisseurs mettant en connexion les milieux scientifiques, d’enseignement à distance technologiques, sociaux, industriels, des penseurs, des Nous avons en particulier chercheurs : ce sont tous des acteurs de la sécurité et de développé cette capaci- la défense, mais ils n’en sont pas tous conscients. Nous té pour l’Afghanistan et © OTAN, juin 2013 sommes dans un monde global avec les risques que cela nous nous sommes rendu comporte, mais c’est aussi l’occasion de mieux mettre compte que pour préparer en synergie des acteurs qui jusqu’à présent avaient ten- les gens à leur poste, il n’y dance à s’ignorer, alors que les univers sont beaucoup avait rien de mieux que plus connectés qu’il n’y paraît à première vue. C’est le de le faire en un premier temps à distance, puis de faire un entraînement qua- cas dans le domaine de l’éducation: ce que nous lifiant in situ. Nous avons tiré de nombreux enseigne- développons dans le cadre du leadership pour nos ments de cette grande expérience pour la suite et commandeurs militaires est tout à fait applicable dans le milieu civil, tandis qu’il existe aussi d’excellentes Participation de parachutistes américains - Troop A, 1st Squadron, allons donc poursuivre cette voie. Nous essayons de 91st Cavalry Regiment (Airborne), 173rd Infantry Brigade Combat valoriser les universités et l’enseignement, au sein de pratiques dans le domaine civil transposables dans le Team (Airborne) - à l’exercice Steadfast Jazz 2013 l’OTAN et de chaque pays, pour que toutes ces structures milieu militaire. C’est également le cas en matière de se valorisent mutuellement et partagent judicieusement technologies duales : les recherches fondamentales sur les tâches dans le cadre de la programmation globale les technologies du futur menées dans le secteur privé 14 ACT : Un programme d’entraînement ambitieux de nos activités d’éducation et d’entraînement. Nous dé- et au sein des Etats sont cruciales pour l’avenir des ca- Entretien avec le Lieutenant-Colonel Thierry Thozet veloppons les interactions avec le monde universitaire, pacités de l’Alliance. Nous devons tirer le meilleur parti car l’avenir de l’alliance repose avant tout sur la jeu- de ce que la technologie peut apporter de mieux, tout 17 Trident Juncture 2015 nesse et il faut que nous arrivions à créer un dialogue en prenant garde aux excès de cette dernière. Tout cela Une opportunité de développement capacitaire en matière d’interopérabilité et participions à l’éducation des jeunes aux besoins de demande de l’expertise et des compétences rares ; nous défense et de sécurité et sur ce qu’apporte l’Alliance. ne pouvons le faire seul. C’est vrai en ce qui concerne Par le Commandant (U.S. Navy Lieutenant Commander) Chris Hahn les systèmes d’information de demain, la Cyber La vision que nous avons de l’Initiative des forces connectées (CFI) est très large et inclut l’éducation au défense, les nanotechnologies, l’impression 3D, etc. 22 Déchiffrer et défricher la logistique Otanienne sens propre du terme et bien sur l’entraînement. Le but Nous devons donc déterminer les technologies de rup- Entretien avec le Lieutenant-Colonel Laurent Fontaine ture de demain pour pouvoir commencer à imaginer n’est pas que l’OTAN s’occupe de tout, mais d’optimiser toutes nos actions et d’en démultiplier les effets en s’ap- comment nous allons les utiliser, mais aussi nous en 26 Le Services des essences des armées au cœur de la stratégie pétrolière de l’OTAN puyant sur les systèmes d’information modernes et sur protéger si nécessaire. » Entretien avec l’ingénieur en chef Olivier Naegellen-Roy © US Army Sgt. A.M. LaVey/173 ABN PAO, octobre 2013 12 13
ACT : Un programme La demande croissante des nations est la rançon du succès de l’effet de levier S’entraîner à plus haut niveau : le défi de l’interarmées La durée des exercices est généra- négocier avec chacun ce qu’il peut contribuer et ce qui peut lui être four- ni pour sa formation. Je suis respon- sable du premier exercice (de la série d’entraînement ambitieux de la CFI, en ce sens que la lement de 15 jours avec un premier Jaguar) en 2014 entraînant le NATO difficulté est cette adéquation cycle de mise en ordre de bataille Rapid Deployment Corps (NRDC) entre aspirations nationales pendant cinq jours et une dizaine Spain et la Strike Force NATO (Na- d’entraînement et de de jours de montée en puissance. val Striking and Support Forces © MD, Norfolf, Virginie, février 2014 certification, objectifs OTAN et Le nombre de personnes à entraî- NATO, qui inclue 11 marines). Bien moyens à mettre à disposition. ner varie en LIVEX et peut donc al- que de niveau corps, on va requérir ler jusqu’à plus de 20 000 personnes. de ces états-majors de la NFS la ca- Entretien avec le Lieutenant-Colonel Thierry Thozet, OF-4, SACT tiative des forces connectés-CFI) est En CAX, le nombre de participants pacité à commander au niveau JFC, Joint Force Trainer, Joint Education Training and Exercises/Training and Exercises tourne autour de 2000 personnes, ce qui représente un véritable défi de mettre tous les efforts en com- car pour entraîner 1000 personnes, pour nombre de nations en termes de mun pour faire face à la réduction il faut un ratio incompressible de moyens à fournir. générale des budgets. La demande 750 personnes « en-dessous » et 250 croissante des nations est la ran- La France fournit cette année la com- personnes « au-dessus ». Ce qui est posante aérienne de Trident Junc- çon du succès de l’effet de levier de consommateur de moyens est le la CFI, en ce sens que la difficulté ture 2014 (exercice CAX certifiant le Le Lieutenant-Colonel Thozet (Supreme Headquarters Allied année, puis font un exercice de répé- fait de fonctionner en interarmées, JFC de Naples dans sa préparation à dresse le portrait complexe Powers Europe) et SACEUR (Supre- tition de moindre ampleur pendant est cette adéquation entre aspira- car chacun doit fonctionner dans la me Allied Commander Europe) dans l’alerte (ce sont les exercices Joust)2. tions nationales d’entraînement et la rotation NRF 2015) avec le JFAC du calendrier d’exercices pleine capacité de sa composante. France, un état-major composé par le cadre d’une planification glissante SHAPE a également une cellule de de certification, objectifs OTAN et L’OTAN ayant réduit sa structure otaniens - étant lui-même l’armée de l’air pour cet objectif sur cinq ans. Au vu des déploiements commandement d’opération qui s’en- moyens à mettre à disposition. Si la permanente et ayant perdu un de ses responsable de la préparation en cours en Afghanistan et en Afrique traîne au même niveau. Ce qui est partie CAX de Trident Juncture 2015 et basé à Lyon-Mont Verdun. Pour trois commandements interarmées Trident Juncture 2015, la France sera de quatre exercices annuels - en particulier, les priorités définies nouveau avec la période post-ISAF a pour objectif principal de certifier (Lisbonne) suite à la réforme struc- présente avec deux avions de com- en soulignant le double-défi par SACEUR sont le maintien de la est de focaliser l’entraînement sur la l’état-major de Brunssun dans son turelle de 2002 s’appuie davantage bat, quelques bateaux et très proba- auquel est confronté SACT, capacité à mener une guerre de haute NRF en incluant les neuf Etats-ma- rôle d’alerte NRF (NATO Response sur les nations (y compris les nations blement une capacité logistique d’ou- tandis que la transition vers intensité sous toutes ses formes et jors nationaux de niveau corps, ain- Force), la partie LIVEX est en fait la partenaires, telles que la Suède, avec dans toute sa complexité (renseigne- si que les nouvelles composantes verture de théâtre en premier (APOD l’après-Afghanistan est en combinaison d’exercices nationaux lesquelles les liens se sont intensifiés et SPOD). Mais c’est en 2017 qu’elle ment recueilli par drone ; défense an- mer, air, terre de la nouvelle struc- et non un grand exercice commun au cours de cette dernière décennie) marche : la nécessité de « faire ti-missile…), mais aussi la capacité à devra prendre en compte la fonc- ture de l’OTAN : MARCOM (Allied qui serait difficile à mettre en œuvre sous forme de postes à remplir ou plus avec moins » en assurant faire du « 3-block-war »1, du CIMIC Maritime Command) à Ramstein ; tion d’état-major interarmées avec avec les quelques 24000 participants d’états-majors nationaux, qui appar- le Corps de Réaction Rapide France une cadence d’entraînement (action civilo-militaire), de la lutte AIRCOM (Allied Air Command) à qui ont déjà répondu présents. ACT tiennent donc à la NATO Force Struc- (CRR-FR). Elle bénéficie de ce point intensive et, grande première anti-IED, de la cyberdéfense, etc. Northwood et LANDCOM (Allied doit ainsi veiller à la bonne coor- ture (NFS) et non à la NATO Com- de vue d’un triple-avantage : issue de la réforme structurelle Land Command) à Izmir. Ce qui fait dination des capacités que les na- mand Structure (NCS constituée par S’entraîner plus : l’effet CFI 12 états-majors à entraîner, sur un de l’OTAN de 2002, en tions proposent (notamment via les ACO et ACT)). La nouveauté tient au demandant aux Etats-majors La responsabilité d’ACT est d’assurer cycle de trois ans pour les trois der- L’OTAN ayant réduit sa centres d’excellence), de façon à fait qu’en se recentrant sur les capa- nationaux de commander en l’entraînement individuel et collec- niers. Le cycle d’entraînement des éviter redondances ou ruptures ca- cités NRF et en raison de cette évolu- structure permanente et tif des forces armées participantes, trois composantes encore en cours ayant perdu un de ses interarmées. pacitaires, et une certaine vigilance tion structurelle, la façon d’entraîner fournies par les nations membres et de montée en puissance commence trois commandements s’impose face à la tentation de se re- les 12 états-majors est interarmées. partenaires, en y intégrant ses prio- cette année avec l’exercice Trident poser davantage sur certaines capa- En ce qui concerne les 9 états-majors interarmées (Lisbonne) suite C haque année l’Alliance atlantique recense entre 150 et 250 exer- cices militaires organisés sous la rités (définies au sein d’un cycle de planification d’un an) ; il s’agit du MTEP (Military Training Exer- Lance pour LANDCOM, puis ce sera Trident Jewel pour MARCOM en 2015 et Trident Jet pour AIRCOM en cités OTAN au détriment du maintien de capacités nationales essentielles. nationaux qui sont fournis, armés et payés par les pays membres, ACT va à la réforme structurelle de 2002 s’appuie davantage sur forme d’un exercice OTAN ou sous cise Program). Une fois ces prio- 2016. les nations la forme de préparations nationales rités établies, l’officier « leader » et J’ai pour ma part en charge, avec une pour des missions OTAN. L’objectif l’équipe de marque (entre dix et vingt équipe de huit personnes, la prépara- commun est fixé par les directives personnes) prennent en compte la tion de quatre exercices par an : un établies chaque année par SHAPE conception et la coordination des Trident, un Joust, un Jaguar et, à tour exercices. Un de rôle, un Jewel, Jet ou Lance dédié des principes aux trois composantes Air, Terre et d’organisation Mer. © OTAN, février 2014 de l’OTAN est Dans toute préparation d’exercice, il d’avoir une force y a quatre étapes, la première étant d’action dispo- la phase de conception au cours de nible, une force laquelle nous devons définir les res- d’alerte : la NRF. sources et les plateformes néces- Les états-majors saires pour une obligation de résultat (Naples et Bruns- en termes d’objectifs opérationnels. sun) s’entraînent Le principe de base de l’initiative deux fois dans le d’interconnexion des forces (ou ini- cycle NRF pour être certifiés l’an- Un des principes d’organisation née avant l’alerte (ce sont les exer- de l’OTAN est d’avoir une force cices Juncture qui d’action disponible, une force ont lieu chaque d’alerte : la NRF Contre-attaque par des véhicules blindés de l’armée estonienne, Exercice Steadfast Jazz 2013 © OTAN, novembre 2013 14 15
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