FRANCE - Immobilier résidentiel - Évolutions récentes et perspectives 2018-2019
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Trimestriel – n°18/220 – Octobre 2018 FRANCE – Immobilier résidentiel Évolutions récentes et perspectives 2018-2019 Atterrissage en douceur en 2018-2019 Sommaire Après une année exceptionnelle en 2017, avec des records historiques de ventes dans l’ancien et dans le neuf promoteur, le marché résidentiel Tendances récentes dans l’ancien et dans le neuf ... 2 reste soutenu en 2018, mais ne présente pas de symptômes Ancien : légère érosion de ventes après d’emballement ou de surchauffe. Au contraire, les signes d’accalmie les records de 2017 .............................................. 2 s’accumulent depuis le début de l’année : léger repli des ventes de Ancien : décélération graduelle des prix ............... 2 logements anciens, baisse plus marquée des ventes de neuf, tassement Neuf : tassement des ventes en 2018 .................. 2 des mises en chantier, freinage des prix et du crédit. Neuf : encours de logements à peu près stable .... 3 Ce tassement du marché s’explique par plusieurs facteurs : Construction : reprise en 2017, tassement - le recentrage graduel sur les zones tendues des mesures de soutien en 2018 ................................................................ 3 dans le neuf (dispositif Pinel et PTZ) ; Premier semestre 2018 : signes d’accalmie ............. 4 - les mesures de réorganisation du secteur HLM, et notamment les baisses de loyers, qui conduisent à un recul des ventes en bloc aux Tassement des ventes et du crédit ....................... 4 bailleurs sociaux ; Fin 2018 et 2019 : freinage en douceur du marché . 6 - l’effritement de la capacité d’achat des emprunteurs lié à la hausse Vers une lente remontée des taux de crédit ......... 6 des prix des logements ; Tassement du marché en 2018-2019 ................... 7 - l’insuffisance de l’offre. Ces facteurs vont continuer à jouer fin 2018 et en 2019. Par ailleurs, les taux de crédit, qui restent très attractifs et sont demeurés quasi stables sur les derniers mois, pourraient légèrement remonter au cours des prochains mois. Même si les actifs risqués sont jugés plus vulnérables, les taux des OAT 10 ans (qui servent de référence aux taux des crédits habitat) devraient légèrement s’accroître, vers 1% fin 2019, après 0,8% fin 2018, du fait des anticipations de relèvement du taux refi de la BCE, de l’arrêt du QE (achats d’actifs par la banque centrale) et de la remontée des taux longs américains. Ces éléments vont tempérer un marché qui reste par ailleurs soutenu par des fondamentaux structurels favorables et une conjoncture plutôt bien orientée. Fin 2018 et en 2019, le marché ne devrait donc connaître ni un emballement spéculatif ni une rupture brutale. Il va continuer à ralentir en douceur, avec des transactions en léger repli par rapport aux points hauts de 2017 et des prix qui décéléreraient peu à peu. Olivier ELUERE Études Économiques Groupe http://etudes-economiques.credit-agricole.com
FRANCE – Immobilier résidentiel Olivier ELUERE Évolutions récentes et perspectives 2018-2019 olivier.eluere@credit-agricole-sa.fr Tendances récentes dans l’ancien et dans le neuf Ancien : légère érosion de ventes après les records de 2017 Le marché du logement ancien reste bien orienté au premier semestre 2018, mais subit une légère érosion après les records Ventes de logements anciens 1 000 historiques atteints en 2017. milliers 950 Les volumes de ventes de logements anciens avaient connu un rebond 900 marqué à partir de 2015, atteignant un niveau de 800 000 ventes après 850 trois années médiocres (2012-2014), où les transactions plafonnaient à 700 000 par an. La reprise s’est poursuivie en 2016 (+6%) et en 2017 800 (+14%). Le nombre total de transactions a ainsi atteint l’an dernier le plus 750 haut niveau jamais enregistré, 959 000 unités. Ce niveau est nettement 700 supérieur, de 16%, à celui du boom des années 2000, 824 000 ventes par 650 an en 2004-2006. Cela est en bonne partie lié à des taux de crédit extrêmement bas et jugés proches de leur plancher, ce qui a créé un effet 600 d’aubaine. 550 04 05 06 07 08 09 10 11 12 13 14 15 16 17 18 En 2018, le cumul 12m reste élevé mais s’effrite, à 947 000 unités en août, nombre de transactions cumulé sur 12 m soit +1,6% sur un an et -1,3% par rapport au point haut de fin 2017. Le Sources : CGEDD, Notaires, Crédit Agricole S.A. marché reste dynamique, avec un nombre élevé d’acheteurs et de vendeurs et des acheteurs qui se décident vite. Mais on ne peut pas parler de surchauffe. Au contraire, les signes d’accalmie se multiplient (cf. page 4). En Ile-de-France, au T2 2018, les ventes restent très élevées, supérieures France : prix des logements anciens de 4% aux hauts niveaux des années 2000. Mais elles reculent de 6% sur 20 120 a/a indice un an. 15 Ancien : décélération graduelle des prix 100 10 Les prix des logements anciens ralentissent depuis quelques mois. Rappelons qu’après une baisse de 2% par an en 2012-2014, les prix 5 80 s’étaient stabilisés en 2015 (-0,4% sur un an au T4) puis accrus de 1,5% sur un an au T4 2016 et de 3,3% sur un an au T4 2017. Les prix 0 ralentissent légèrement en 2018, +2,8% sur un an au T2 2018. Ils 60 augmentent plus vite pour les appartements, 3,3%, que pour les maisons, -5 2,5%. Ces hausses de prix sont mesurées si on les compare à celles du -10 40 boom des années 2000, 12% par an en moyenne en 2004-2007, ce qui 97 99 01 03 05 07 09 11 13 15 17 confirme l’absence de surchauffe. A Paris toutefois, les hausses de prix Variation sur un an, % Indice base 100 T1 2010 restent fortes, 7,1% sur un an. Au regard des indicateurs avancés des Sources : INSEE, Notaires, Crédit Agricole S.A. Notaires Paris Ile-de-France, les hausses de prix des appartements anciens en Ile-de-France continueraient à ralentir, +3% sur un an en octobre 2018 (+4,8% en juillet) et +4,2% à Paris (+7,1% en juillet). Les données disponibles par ville s’arrêtent au T2 2018. Les prix des appartements anciens sont en hausse dans la plupart des villes. Les rythmes sont soutenus à Lyon (8,5%) Rennes (5,6%), Nantes (5,4%). Et les hausses restent très soutenues à Bordeaux (19,8%). Toutefois, les prix baissent à Saint-Etienne (-5,7%) ou Grenoble (-4%). Les hausses de prix récentes ont compensé la correction de 2012-2014. France : ventes de logements neufs 45 Par rapport au point haut du T4 2011, les prix sont quasiment stables, -1%, milliers par à comparer avec une hausse cumulée de 150% entre 1998 et 2011. 40 trim. 35 Neuf : tassement des ventes en 2018 30 Le marché du logement neuf est resté soutenu en 2017, mais connaît un léger repli en 2018. Dans le segment « promoteurs » (programmes 25 d’au moins cinq logements, ventes au détail), 130 400 logements neufs avaient été vendus en 2017, +2,1% par rapport à 2016. Ce niveau est un 20 record historique, supérieur d’environ 6% aux points hauts du cycle 15 précédent, 123 000 par an en 2006-2007. Au premier semestre 2018, les ventes tendent à se tasser. Au deuxième trimestre, elles progressent de 10 1,7% sur un an. Mais sur l’ensemble du premier semestre, elles baissent 91 94 97 00 03 06 09 12 15 de 1% sur un an. Ceci s’explique par la remontée des prix, la faiblesse de Mises en vente Ventes l’offre et le resserrement des mesures fiscales sur les zones tendues. Les Sources : Ministère de l'Ecologie, CA N°18/220 – octobre 2018 -2-
FRANCE – Immobilier résidentiel Olivier ELUERE Évolutions récentes et perspectives 2018-2019 olivier.eluere@credit-agricole-sa.fr ventes investisseurs reculent plus nettement, et la répartition entre ventes aux investisseurs et ventes aux accédants se modifie, à respectivement France : encours de milliers mois 49% et 51% du total. Par ailleurs, les « ventes en bloc » se replient logements neufs 130 23 fortement au premier semestre, -14% sur un an, notamment les ventes aux bailleurs sociaux, du fait de l’impact de la réorganisation du secteur HLM 110 19 et des baisses de loyers. Dans le segment « maisons individuelles hors promoteurs », le 90 15 nombre de transactions se réduit encore plus nettement depuis quelques mois. En 2017, les ventes avaient atteint 135 000 unités, niveau 70 11 quasi stable (+1%) par rapport à 2016. En août 2018, le cumul 12 mois est ramené à 123 000 unités, soit une baisse de 10,4% sur un an. Et à la 50 7 différence du segment promoteurs, le nombre de transactions demeure nettement en deçà des points hauts de 2006-2007 (189 000 unités par an). 30 3 91 94 97 00 03 06 09 12 15 En Ile-de-France, les ventes de neuf (promoteurs) continuent à se Encours à vendre Encours en mois de vente (éch. dr.) redresser nettement au premier semestre 2018, +10,8% sur un an. Source : Ministère de l'Ecologie D’après l’enquête Insee auprès des promoteurs, la tendance sur la demande de logements neufs se détériore légèrement. Le solde d’opinions atteint -10 en juillet 2018, en baisse par rapport à avril (-8). Il est proche de sa moyenne de long terme (-9). Neuf : encours de logements à peu près stable Les mises en vente de logements neufs (promoteurs) avaient reculé France : prix des logements de 2,6% en 2017, après une forte hausse marquée de 26% en 2016. Elles se sont à nouveau repliées fortement au premier semestre 2018, -6% sur 15 un an, et atteignent 121 000 unités en cumul 12 mois. Ceci s’explique notamment par les difficultés à initier de nouveaux projets (rareté du 10 foncier, poids des normes et des recours…). 5 L’encours de logements neufs (achevés, en cours ou en projet) pro- posés à la vente reste à peu près stable. Il atteint 110 100 unités au 0 T2 2018, contre 111 300 un an plus tôt. Le ratio encours/ventes, qui mesure le délai moyen d’écoulement de l’encours, atteint 10,2 mois de -5 vente, comme un an plus tôt. Ce ratio se situe à peu près à son niveau variation annuelle, % moyen historique, 10 mois sur la période 1985-2016, et un peu en deçà de -10 son niveau d’équilibre (12 mois environ). Les stocks proprement dits 00 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 13 14 15 16 17 (encours de logements achevés ou en cours de construction) sont faibles, Appartements neufs Logements anciens 35 000 unités : 4% des encours sont achevés, 24% en cours de Sources : Ministère de l'Ecologie, Insee-Notaires construction, 72% en projet. En Ile-de-France, l’encours de logements neufs est plus modéré, à 8,8 mois de vente au T2 2018. Les prix des logements neufs (promoteurs) accélèrent peu à peu. Les prix des appartements se sont accrus de 2,8% sur un an au T2 2018 (contre 0,3% un an plus tôt). Les prix des maisons (promoteurs) ont progressé de 3,2% sur un an au T2 2018 (après 0,8% un an plus tôt). Il s’agit des prix à la réservation. France : permis de construire et mises en chantier de logements 650 Construction : reprise en 2017, tassement en 2018 milliers, cumul 12m La reprise de la construction de logements s’était enclenchée en 2016. Les délais de réaction sont assez longs entre l’acte de vente d’un logement 550 neuf et le démarrage du chantier, de l’ordre de six à douze mois suivant les opérations. Le rebond des ventes de neuf, amorcé en 2015, s’est ainsi 450 répercuté sur l’activité de la construction à partir de 2016. Ce mouvement s’est confirmé en 2017, du fait de la hausse des ventes de logements neufs en 2016. Sur l’année, les mises en chantier ont atteint 350 430 000 unités, +16,4% sur un an, et les permis 495 000, +6,9% sur un an. En 2018, la construction est moins dynamique, avec en août (cumul 250 12m) 422 000 mises en chantier, +3% sur un an, et 475 000 permis, -5% 98 00 02 04 06 08 10 12 14 16 18 sur un an. Sur les trois derniers mois, l’activité se replie : les permis Mises en chantier Permis de construire baissent de 2,8% par rapport aux trois mois précédents et les mises en Source : Ministère de l'Ecologie chantier de 1,1% (données CVS). N°18/220 – octobre 2018 -3-
FRANCE – Immobilier résidentiel Olivier ELUERE Évolutions récentes et perspectives 2018-2019 olivier.eluere@credit-agricole-sa.fr Premier semestre 2018 : signes d’accalmie Tassement des ventes et du crédit Le marché résidentiel, en reprise depuis 2015, a connu une année excep- France : encours de crédits tionnelle en 2017. En particulier, le nombre de transactions a connu des Mds € habitat ménages %, a/a records historiques dans le logement ancien, 959 000 unités, et dans le 20 neuf promoteur, 130 000 unités (cf. pages prédédentes). Les prix de vente 1 000 ont accéléré, avec des hausses plus fortes dans les grandes villes, 800 15 notamment Paris, Lyon, Nantes et Bordeaux ; même s’ils sont restés en croissance assez mesurée, compte tenu du dynamisme de la demande. Ceci était lié à deux principaux facteurs : le très bas niveau des taux de 600 10 crédit habitat et les mesures de soutien dans le logement neuf (cf. éditions 400 précédentes). 5 En 2018, le marché reste soutenu mais on ne peut pas parler 200 d’emballement ou de surchauffe. Au contraire, les signes d’accalmie s’accumulent depuis le début de l’année. 0 0 05 07 09 11 13 15 17 - Ventes de logements anciens : léger repli de 1,3% du cumul sur douze Montants Croissance sur 12 m (dr.) mois en août 2018, 947 000 unités/ fin 2017 ; Sources : BdF, Crédit Agricole - Prix des logements anciens : légère décélération, 2,8% sur un an au T2 2018 contre 3,3% au T4 2017 ; - Ventes de neuf promoteur (au détail) : recul de 1% sur un an au premier semestre 2018 ; - Ventes de neuf promoteur (en bloc) : net repli de 14% sur un an au premier semestre 2018, lié à la réorganisation du secteur HLM ; France : production de crédits - Ventes de maisons individuelles neuves (secteur diffus) : net repli de habitat (cumuls 12 mois) 10,4% sur un an à 123 000 (cumul sur douze mois) en août 2018 ; 400 M€ a/a, % 70 360 - Mises en chantier de logements : baisse de 1,1 % sur la période juin-août 320 2018 par rapport aux trois mois précédents. 50 280 De même, le crédit habitat aux ménages s’infléchit en 2018. La croissance 240 30 de l’encours freine légèrement, 5,9% sur un an en août 2018, après 6,2% 200 10 fin 2017. Surtout, la production de nouveaux prêts à l’habitat, en hausse 160 de 6,4% en 2017, se replie très fortement en 2018, -40% en août (cumul 120 -10 12 mois). Ceci est en bonne partie lié au poids des rachats de crédits 80 -30 externes et des renégociations, très élevé fin 2016-début 2017, 59% de la 40 production, et ramené à seulement 18% en 2018. Les taux sont à peu près 0 -50 stables et une bonne partie des opérations de rachat ou de renégociation 03 05 07 09 11 13 15 17 liées au bas niveau des taux ont déjà été effectuées. La production hors montants croissance sur 12m (éch.dr.) rachats et renégociations, c’est-à-dire le flux de nouveaux crédits qui Source : BdF, CA financent des achats de logements neufs et anciens, est en très léger repli, -1% sur un an sur les huit premiers mois de 2018, après +16% en 2017. Ce léger repli est cohérent avec la baisse des ventes et le freinage des prix. Trois facteurs expliquent cette décélération du marché France : taux de crédit habitat Les taux de crédit habitat, qui étaient légèrement remontés en 2017, 1,67% 3,5 en octobre après 1,5% fin 2016, se sont à nouveau effrités en 2018, jusqu’à 1,53% en août (taux des crédits nouveaux à long terme à taux fixe 3,0 hors assurance). On peut donc estimer que les taux ne baissent plus massivement comme en 2012-2016, mais qu’ils restent quasi stables à un 2,5 bas niveau, donc très attractifs. De plus, la durée moyenne des crédits 2,0 s’est un peu accrue sur les derniers trimestres. Le tassement récent du marché ne s’explique donc pas par les conditions de crédit. Il est lié aux 1,5 facteurs suivants. Moyennes mensuelles en % Recentrage des mesures de soutien 1,0 Le dispositif Pinel pour l’investissement locatif dans le neuf et le PTZ sont prolongés a priori jusqu’à fin 2021 mais sont progressivement recentrés sur les zones tendues (majeure partie de l’Ile-de-France, Côte d’Azur, Taux crédit habitat à long terme hors assurances Franco-genevois, la plupart des grandes agglomérations). Le Pinel est Sources : BdF, Crédit Agricole S.A. N°18/220 – octobre 2018 -4-
FRANCE – Immobilier résidentiel Olivier ELUERE Évolutions récentes et perspectives 2018-2019 olivier.eluere@credit-agricole-sa.fr recentré dès 2018 sur les zones tendues (sauf si la demande de permis a en été déposée fin 2017), d’où une baisse des ventes investisseurs. Le PTZ est % Ventes de logements neufs par type d'acheteurs maintenu en zones non tendues en 2018-2019. Mais, dans ces zones, la 75 réduction de 40 à 20% de la part du prêt dans le coût d’acquisition tend à Périssol Besson Scellier réduire le nombre d’achats. Au total, pour les ventes en neuf promoteurs, Robien-Borloo Duflot en 2018, la baisse des ventes serait de l’ordre de 11 000 unités par Pinel rapport au niveau de 2017, -8%. En 2020, elle serait de 20 000 unités par rapport au niveau de 2017, -15%. Pour les ventes de maisons 50 individuelles (secteur diffus), la baisse des ventes serait de 12 000 en 2018, -9%, et de 40 000 en 2020, - 30%, par rapport au niveau de 2017. Le repli des ventes de neuf constaté dans les maisons individuelles en 2018 est en bonne partie dû à l’effet PTZ. 25 95 97 99 01 03 05 07 09 11 13 15 17 Par ailleurs, les mesures de réorganisation du secteur HLM prévues dans investisseurs accédants source : Ministère de l'Ecologie, FPI le plan ELAN, et notamment les baisses de loyers, destinées à compenser la baisse des APL, expliquent en bonne partie la baisse des ventes en bloc aux bailleurs sociaux. Remontée des prix et moindre capacité d’achat La hausse des prix des logements reste relativement mesurée mais entame un peu le pouvoir d’achat immobilier des ménages, que l’on mesure par leur Capacité d'achat de logement « capacité d’achat »1. Celle-ci s’était nettement redressée entre 2012 et des ménages 2016, la surface achetable passant de 75 à 94 m2, soit une hausse de 25%. 115 en m2 Les prix ont baissé mais très modérément sur cette période, de -4%, à la 110 différence de la plupart des pays européens. La resolvabilisation des 105 prix sous évalués ménages était essentiellement due à la baisse des taux de crédit. Les prix 100 étaient ainsi redevenus légèrement sous-évalués. 95 Mais depuis début 2017, cette capacité d’achat se réduit peu à peu. 90 L’accélération des prix, notamment dans certaines grandes villes, et la 85 stabilisation des taux de crédit réduisent la surface achetable, qui est passée 80 prix surévalués de 94 m2 au T1 2017 à 90 au T2 2018. Cette tendance devrait se poursuivre, 75 ce qui va rendre les acheteurs plus hésitants et attentistes, notamment les 70 primo accédants à revenu modéré. 86 88 90 92 94 96 98 00 02 04 06 08 10 12 14 16 Surface achetable avec taux d'effort à 30% Faiblesse de l’offre Sources : BdF, Notaires, calculs CA Dans le logement neuf notamment, le tassement des ventes s’explique en partie par la faiblesse de l’offre. Les mises en vente ont reculé en 2017 (-2,6% sur un an) et au premier semestre 2018 (-6% sur un an). C’est notamment le cas en zone B1 (grandes agglomérations hors Paris et Côte d’Azur), avec une baisse des mises en vente de 7,5% sur un an au premier semestre 2018 après un recul de 7,5% sur un an en 2017. La faiblesse de l’offre nouvelle se répercute sur le nombre de transactions. Le déficit de logements en zones tendues s’explique par la rareté du foncier, le poids des normes de construction, des recours abusifs, les délais d’obtention des permis, etc. Le plan ELAN propose une série de mesures pour réduire ces contraintes, construire plus et à un moindre coût. Mais l’effet sur la construction et la vente de logements de ce choc d’offre sera très graduel et mesuré à l’horizon 2018-2019. 1 À chaque période, on calcule la surface qu’un ménage moyen peut acheter, au prix, au taux et à la durée de crédit du marché, en respectant la règle d’un taux d’effort (remboursement du crédit/revenu) de 30%. Cet indicateur mesure donc la capacité d’achat de logement d’un ménage. La surface achetable par ce ménage moyen évolue de façon cyclique autour d’une moyenne d’environ 90 m 2. N°18/220 – octobre 2018 -5-
FRANCE – Immobilier résidentiel Olivier ELUERE Évolutions récentes et perspectives 2018-2019 olivier.eluere@credit-agricole-sa.fr Fin 2018 et 2019 : freinage en douceur du marché Fin 2018 et en 2019, ce mouvement de tassement devrait se poursuivre. Un en % scénario d’emballement, voire de bulle spéculative, nous semble très peu France : credit habitat probable, même si on constate à Paris, ou dans certaines villes, une hausse ratio encours douteux/encours total des prix assez marquée. Globalement, les prix et les encours de crédit sont 2 en hausse raisonnable. On ne constate pas de comportements spéculatifs 1,8 marqués. Le marché est stimulé par le très bas niveau des taux mais est 1,6 guidé avant tout par des facteurs de soutien structurels : désir d’accession 1,4 à la propriété, démographie assez dynamique, phénomènes de 1,2 décohabitation, préparation de la retraite, saturation du marché locatif, effet 1 « valeur refuge » de l’immobilier. 0,8 De plus, le modèle français de crédit habitat est prudent, avec des critères 0,6 d’octroi assez stricts. Le taux d’effort moyen (remboursement 0,4 mensuel/revenu) reste à peu près stable autour de 30%. Le taux de 0,2 créances douteuses sur encours de crédit habitat reste bas et diminue 0 légèrement, 1,47% en 2017 après 1,54% en 2016. La production de crédit 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 13 14 15 16 17 demeure quasi exclusivement à taux fixe. Certes, le taux d’endettement habitat des ménages (encours de crédit sur revenu des ménages) continue à s’accroître, à 77% au T2 2018. On constate une diminution de l’apport personnel et un léger allongement de la durée des crédits (19 ans en moyenne en 2017 après 18,6 en 2016), mais cette durée reste raisonnable. Il n’y a pas de montée significative des risques sur le crédit habitat. Taux OAT et Bunds 10 ans 3,0 Fin 2018 et en 2019, le marché ne devrait donc connaître ni un 2,5 emballement spéculatif ni une rupture brutale. Il va se stabiliser, ou plus précisément, ralentir en douceur, avec des transactions en léger repli par 2,0 rapport aux points hauts de 2017 et des prix qui décélereraient peu à peu. 1,5 Ce tassement sera motivé par les mêmes facteurs que ceux qui ont joué au 1,0 premier semestre 2018 : le recentrage sur les zones tendues des mesures 0,5 de soutien dans le neuf, l’effritement de la capacité d’achat des emprunteurs lié à la hausse des prix des logements et l’insuffisance de l’offre. Un autre 0,0 facteur devrait jouer, une lente remontée des taux de crédit. -0,5 Vers une lente remontée des taux de crédit Les taux de crédit devraient très légèrement remonter fin 2018 et 2019. France Allemagne Les crédits étant essentiellement à taux fixe, le niveau des taux de crédit Sources : Bloomberg, Crédit Agricole S.A. dépend en bonne partie de celui des obligations d’État à dix ans. Les taux OAT dix ans étaient très bas en 2017, 0,81% en moyenne. Sur les 9 premiers mois de 2018, leur niveau moyen reste du même ordre, 0,79%. Ceci s’explique par une aversion au risque marquée de la part des investisseurs, qui privilégient ainsi les valeurs refuges et notamment les Bunds et les OAT. Cette aversion au risque était déjà présente depuis plusieurs trimestres, dans un environnement mondial incertain (Brexit, France : taux de crédit habitat soutenabilité de la croissance chinoise, prix des matières premières, 10 tensions géopolitiques). Elle s’est accentuée récemment, pour au moins Moyennes trimestrielles en % deux raisons : 8 Les actifs risqués (actifs émergents, actions, obligations corporate) sont jugés plus vulnérables. Ils sont fragilisés par le resserrement en cours 6 des politiques monétaires, notamment de la Federal Reserve, et les craintes d’un ralentissement économique marqué aux États-Unis à 4 l’horizon 2020 (fin du stimulus fiscal, effets des hausses de taux...). A cela s’ajoutent deux risques spécifiques marqués, la guerre 2 commerciale Chine/États-Unis et les négociations budgétaires en Italie. Tout ceci favorise les arbitrages en faveur des titres jugés les plus sûrs et 0 notamment les OAT. 96 98 00 02 04 06 08 10 12 14 16 18 Taux moyen d'un crédit habitat à taux fixe (TEG) Les taux à long terme français devraient toutefois remonter légèrement, vers 1% fin 2019 après 0,8% fin 2018, dans le sillage d’une lente hausse des Taux OAT 10 ans Sources : BdF, Crédit Agricole Bunds allemands, pour trois raisons : N°18/220 – octobre 2018 -6-
FRANCE – Immobilier résidentiel Olivier ELUERE Évolutions récentes et perspectives 2018-2019 olivier.eluere@credit-agricole-sa.fr Les anticipations de relèvement du taux refi de la BCE, qui devrait France : prix des logements s’amorcer fin 2019, avec une croissance qui résiste en zone euro, 2,1% anciens et taux de chômage en 2018, 1,8% en 2019, un output gap qui redevient positif à partir de 20 6 % 2018 et une légère remontée attendue de l’inflation sous-jacente. L’inflation globale atteindrait 1,8% en 2018 et 1,7% en 2019. 15 7 Une réduction des achats de titres par la BCE (dans le cadre de son QE) 10 8 à 15 milliards par mois fin 2018, puis 0 en 2019. La remontée des taux longs américains, liée aux relèvements des taux 5 9 directeurs de la Fed. 0 10 Dans ces conditions, les taux de crédit pourraient remonter très légèrement au cours des prochains trimestres. -5 11 -10 12 Tassement du marché en 2018-2019 87 89 91 93 95 97 99 01 03 05 07 09 11 13 15 17 Hausse des prix sur un an En sens inverse, le contexte conjoncturel reste relativement bien orienté. La Sources : Notaires, Insee Taux de chômage (dr. inv.) croissance atteindrait 1,6% en 2018 et 1,6% en 2019 (après 2,3% en 2017), le taux de chômage (métropole) baisserait à 8,7% en 2018 et 8,4% en 2019 (après 9,1% en 2017) et la confiance des ménages s’améliorerait peu à peu. En 2018, les volumes de transactions dans l’ancien seraient en repli de l’ordre de 5%. Ils seraient en recul de 9% dans le neuf en 2018 (8% dans le France : ventes et prix segment promoteurs et 9% dans les maisons individuelles), du fait du de logements anciens recentrage des mesures fiscales. En 2019, les ventes s’effriteraient encore 1 000 milliers % 20 dans l’ancien et seraient à peu près stables dans le neuf. Les prix de l’ancien 15 900 seraient en hausse de 3% en 2018 et 2% en 2019. 10 Par rapport à ce scénario central, le principal risque serait celui d’une 800 remontée plus marquée et plus rapide des taux longs français. Cela 5 700 pourrait se produire par exemple dans l’hypothèse d’une croissance 0 américaine soutenue, avec relance budgétaire, guerre commerciale et 600 hausse des tarifs, remontée sensible de l’inflation, resserrement plus -5 prév. rapide et plus fort que prévu de la Federal Reserve. Ceci pourrait susciter 500 -10 de fortes inquiétudes des investisseurs et une forte hausse des taux longs américains qui se transmettrait aux taux longs européens. Le 400 -15 rebond des taux de crédit qui s’ensuivrait entraînerait une correction 92 94 96 98 00 02 04 06 08 10 12 14 16 18 significative des ventes et des prix immobiliers. Cela relève toutefois Ventes Variations de prix sur un an (dr.) plutôt d’un « stress scénario » et nous semble peu probable en 2018- Sources : CGEDD, Notaires, CA 2019. Achevé de rédiger le 24 octobre 2018 N°18/220 – octobre 2018 -7-
FRANCE – Immobilier résidentiel Olivier ELUERE Évolutions récentes et perspectives 2018-2019 olivier.eluere@credit-agricole-sa.fr Consultez nos dernières parutions en accès libre sur Internet Date Titre Thème 23/10/2018 Italie – Conjoncture : la pression monte Italie, Macro, Banques 22/10/2018 Allemagne ‒ Scénario 2018-2019 : vers un ralentissement de la croissance Allemagne 19/10/2018 Italie – Finances publiques : loi de finances 2019, un défi européen Italie 16/10/2018 Allemagne - La débâcle en Bavière affaiblit encore un peu plus la grande coalition Allemagne 15/10/2018 Le Baromètre e-Commerce en France et son infographie France, Sectoriel 15/10/2018 France : Scénario 2018-2019 France 12/10/2018 Monde - L'actualité de la semaine Monde 09/10/2018 Le baromètre des Médias en France - Infographie France, Sectoriel 09/10/2018 Infographie - Transport aérien mondial Monde, Sectoriel 08/10/2018 France – Établissements de santé : tendances à mi-octobre 2018 France, Sectoriel 03/10/2018 Monde – Scénario macro-économique 2018-2019 : "Et pourtant elle tourne" Monde 03/10/2018 PRISME – L'analyse de la conjoncture et de l'actualité agricole et agroalimentaire du Crédit Agricole France, Agri-Agro 26/09/2018 France – Projet de loi de finances pour 2019 France 29/08/2018 Royaume-Uni – Brexit : les négociations entrent dans la phase critique Royaume-Uni, Brexit 09/08/2018 Royaume-Uni – BoE : en route vers un resserrement lent malgré les incertitudes du Brexit Royaume-Uni, BoE 01/08/2018 Italie - Scénario 2018-2019 : une croissance stabilisée Italie 31/07/2018 France - Travail temporaire : tendances à fin juillet 2018 France, Sectoriel 31/07/2018 France – Transports routiers de marchandises : tendances à fin juillet 2018 France, Sectoriel 26/07/2018 France – Immobilier résidentiel : évolutions récentes et perspectives 2018-2019 France, immobilier 05/07/2018 Italie – Un contexte encore porteur au T1 2018 Italie, Macro, banques 27/06/2018 France - Compétitivité et parts de marché France Crédit Agricole S.A. – Études Économiques Groupe 12 place des États-Unis – 92127 Montrouge Cedex Copyright Crédit Agricole S.A. – ISSN : 1768-9538 Directeur de la Publication : Isabelle Job-Bazille Rédacteur en chef : Armelle Sarda Documentation : Gisèle Walter – Statistiques : Robin Mourier Réalisation & secrétariat de rédaction : Véronique Champion Contact : publication.eco@credit-agricole-sa.com Consultez les Études Économiques et abonnez-vous gratuitement à nos publications sur : Internet : http://etudes-economiques.credit-agricole.com iPad : application Etudes ECO disponible sur l’App store Android : application Etudes ECO disponible sur Google Play Cette publication reflète l’opinion de Crédit Agricole S.A. à la date de sa publication, sauf mention contraire (contributeurs extérieurs). Cette opinion est susceptible d’être modifiée à tout moment sans notification. Elle est réalisée à titre purement informatif. Ni l’information contenue, ni les analyses qui y sont exprimées ne constituent en aucune façon une offre de vente ou une sollicitation commerciale et ne sauraient engager la responsabilité du Crédit Agricole S.A. ou de l’une de ses filiales ou d’une Caisse Régionale. Crédit Agricole S.A. ne garantit ni l’exactitude, ni l’exhaustivité de ces opinions comme des sources d’informations à partir desquelles elles ont été obtenues, bien que ces sources d’informations soient réputées fiables. Ni Crédit Agricole S.A., ni une de ses filiales ou une Caisse Régionale, ne sauraient donc engager sa responsabilité au titre de la divulgation ou de l’utilisation des informations contenues dans cette publication. N°18/220 – octobre 2018 -8-
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