DESCRIPTIF SCIENTIFIQUE DU PROJET - Université Jean Moulin Lyon 3

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DESCRIPTIF SCIENTIFIQUE DU PROJET

État de l’art – exposé de la problématique et objectifs du projet

                  « Les Effets de temps : Perception et représentation de la vitesse »

         Depuis l’antiquité, le temps est un sujet d’étude particulièrement prisé des scientifiques et
philosophes. Afin de mieux comprendre cette notion, il est nécessaire d’étudier les multiples idées qui
lui sont liées et qui participent de sa définition. Il s’agit principalement de notions binaires,
d’oppositions. Ainsi le temps géologique s’oppose-t-il au temps biologique, le temps cyclique au temps
chronologique, ou encore l’infini au fini.
         La nature suit un cycle de mort et de renaissance sur fond d’infini. Les saisons sont l’une des
manifestations naturelles les plus emblématiques de la perception du temps biologique (cyclique).
Périodicité et rythme préludent alors à la vie aussi bien végétale et animale qu’humaine. Tout comme
l’idée de "temps", les notions de période, de durée, ou encore de rythme nourrissent une multitude
d’interprétations selon les disciplines1. Ainsi, la période de l’historien (unique, spécifique) diffère de
celle du physicien (répétitive, générique)2, d’où une distinction entre temps chronologique et temps
cyclique. Nous n’omettrons aucune de ces différences afin d’aborder les effets de temps de manière
universelle, et afin de considérer l’époque : celle du passé, du présent, du futur. Que signifient nos
schémas temporels ? Une compréhension des notions corrélées à celle de temps sera également
envisagée : mesure, mètre, histoire, instant, moment, point, fini, infini…3 mais aussi stase, mouvement,
inertie et autres notions spatiales4.

         Face à la multiplicité de théories et de notions, le projet proposé se présentera sous la forme
d’une étude des réponses artistiques face à la perception de la vitesse temporelle, et étudiera les
effets de temps et de vitesse à travers le regard de l’artiste. Notre objectif sera par conséquent d’étudier
les formes artistiques de la perception de la vitesse temporelle, témoignant d’une volonté de figurer le
passage du temps, de l’altérer, ou de représenter sa célérité. L’idée de figer le temps qui passe est
particulièrement présente aux époques marquées du sceau du progrès (scientifique, économique,
technologique, etc.), d’une "révolution" (industrielle, numérique…), et d’une sensation d’accélération,
de décélération, ou même de suspension temporelle. Ainsi, au XIXème siècle, la photographie fige pour
la première fois des images évanescentes, arrête le temps en quelque sorte, tandis que le train permet de
se déplacer à une vitesse encore jamais vue ; aujourd’hui, nous pouvons aller dans l’espace sans faire
des études d’astronomie, avoir accès à toute information en moins d’une minute, prendre une rafale de
photographies en une seconde, ou au contraire utiliser la technologie time-lapse pour dilater le temps.
A titre d’exemple, on pourra également citer le mouvement futuriste du début du XXème siècle, qui
tentait de représenter le mouvement et la vitesse en peinture et en sculpture (flou, représentation
simultanée de la position changeante d’un corps…, cf. Giacomo Balla), vitesse une fois encore associée
à l’avènement d’innovations techniques majeures, telles que l’automobile.

        L’une des définitions classiques de l’œuvre d’art, ce qui la différencie des autres objets, est
qu’elle résiste au passage du temps, à la fois parce qu’on la conserve, et parce qu’elle garde sa
pertinence5. Néanmoins, malgré cette dimension universelle, elle reste une production emblématique de
son époque, étant l’expression de l’esprit de son siècle6. La question de la représentation du temps dans
les arts pose également la question des possibilités inhérentes à chaque médium. On pourra ainsi
considérer les liaisons ou ruptures entre ces arts (entre peinture, sculpture et poésie notamment), par
l’étude particulière de concepts tels que l’ut pictura poesis, d’enargeia, d’ekphrasis, ou encore de
1
  cf. Jean-Jacques Wunenburger (dir.), Les Rythmes—Lectures et théories, Paris : L’Harmattan, 1992.
2
  cf. Olivier Dumouin, "L’art de la période ou le rythme des historiens", in J.-J. Wunenburger (dir.), Les Rythmes—Lectures et théories, op. cit.
3
  cf. Ronald Shusterman (dir.), Des Histoires du Temps—Conceptions et représentations de la temporalité, Bordeaux : PUB, 2003, cf. Françoise
Monnoyeur (dir.), Infini des Mathématiciens, Infinis des Philosophes, Paris : Belin, 1996, cf. Françoise Monnoyeur (dir.), Infini des
Philosophes, Infini des Astronomes, Paris : Belin, 1995.
4
  cf. Jean-Marie Shaeffer, L’Image précaire du dispositif photographique, Paris : Seuil, 1987.
5
  cf. Hannah Arendt, Condition de l’homme moderne, trad. de Georges Fradier, Paris : Pocket, 1988 (1ère publication du texte allemand en
1958).
6
  cf. Georg Wilhem Friedrich Hegel, Esthétique, Paris : Presses Universitaires de France, 1967 (1ère publication en allemand en 1835).

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punctum temporis. L’influence de l’image sur le texte est souvent perçue comme une menace de
pétrification, l’image figeant le temps en y introduisant la stase et l’immobilité (cf. la figure de Méduse,
utilisée à profusion dans l’ekphrasis, chez Shelley, Pater ou Wilde par exemple). Dans Laocoön, Lessing
décrie les influences mutuelles entre poésie et peinture, et se dresse contre ce qu’il considère comme
des transgressions génériques. Il établit ainsi la distinction entre la poésie comme art du temps, et la
peinture comme art de l’espace, dont toute tentative de représenter la temporalité viendrait dégrader sa
nature7.

        Rosalind Krauss prend le contre-pied cette distinction, et constate une véritable évolution (ou
révolution) du traitement de la question du temps dans la sculpture : après la sculpture classique, qui
appartenait au temps analytique (analytic time), la sculpture, avec Marcel Duchamp, est devenue
surprenante et énigmatique introduisant un temps spéculatif (speculative time8). Le XXème siècle fait
évoluer la sculpture dans le temps réel (cf. sculpture vivantes, parlantes, chantantes… de Gilbert and
George). Le sculpteur devient même chorégraphe (cf. Antony Gormley) ; il comprend le rythme du
temps et s’en empare pour créer une œuvre chronographique. La sculpture devient ainsi un art du
présent, de l’instant, une nouvelle figuration du Kairos9 ; elle n’imite plus le vivant, elle est le vivant.
Grâce à de nouveaux moyens technologiques de plus en plus poussés, l’homme poursuit sa quête
presque Faustienne afin de se rapprocher de Dieu créant lui-même la vie.10 Les sculpteurs ont aussi tenté
de figer le temps (cf. "empreintes du temps11" de Giuseppe Penone, cf. Damien Hirst, Marc Quinn,
Daniel Arsham…), de le "piéger" pour capturer, pour marquer le temps de leurs sculptures verticales
(cf. Gormley). Le temps "commun" est alors arrêté dans sa fuite "horizontale", chronologique, objective,
et devient éminemment poétique12.

         L’architecture, à bien des égards, suit la même logique que celle de la sculpture, entre verticalité
et horizontalité, à la fois marque du temps qui passe (d’un temps passé) et illustration d’un temps
suspendu. L’architecture est l’art de l’immuabilité, de la stase, de l’inertie ; elle ralentit le temps et le
fige en une période bien précise. Le bâtiment (en particulier la ruine), vanité à grande échelle, possède
en ce sens un statut paradoxal, entre symbole de gloire passée et représentation physique de la
persistance et de la résistance au temps13. Ce caractère hybride se répercute sur toutes les disciplines
architecturales ; le jardin (discipline de "landscape architecture" en anglais), par exemple, se décline lui-
aussi en horizontalité(s) et verticalité(s), et illustre le passage du temps de multiples manières
(immuabilité de l’architecture du jardin, mais cyclicité de ses éléments constitutifs (végétaux) selon les
saisons…). C’est en considérant le paysage (et sa représentation dans l’art) comme organisme vivant
que les architectes paysagers anglais du XIXème siècle ont changé l’approche du jardin et de
l’architecture, mêlant innovations technologiques, références à l’antiquité et au moyen-âge, et exotisme,
selon les goûts de l’époque (cf. Lancelot ‘Capability’ Brown, Humphrey Repton, William Shenstone…).
Ainsi construisent-ils des "images[s] du monde vivant" : cathédrales de végétation, de fausses ruines, et
autres artifices de temps accéléré ou décéléré.

        Des considérations architecturales existent également en littérature, dans l’architecture du texte.
En effet, l’auteur est maître du temps dans son œuvre (cf. narratologie) ; il joue avec la chronologie
(prolepses, analepses…), et contrôle la perception de la durée au sein de l’œuvre. Le temps de la
narration est souvent conçu comme un écoulement, dont le rythme est celui de la conscience14. En effet,
l’auteur peut introduire des distorsions entre temps de "l’histoire" et temps du "récit"15 : il peut ainsi
7
  cf. Gotthold Ephraim Lessing, Laocoön. An Essay on the Limits of Painting and Poetry, traduit par Edward Allen McCormick, Baltimore et
Londres : The John Hopkins University Press, 1962 (1ère édition 1766).
8
  cf. Rosalind Krauss, Passages in Modern Sculpture, Cambridge : MIT Press, 1981 (1ère édition 1977).
9
  cf. Paul-Louis Rinuy, La Sculpture Contemporaine, St Denis : Presses Universitaires de Vincennes, 2016.
10
   cf. Jack Burnhman, Beyond Modern Sculpture : The Effects of Science and Technology on the Sculpture of this Century, New York : George
Braziller Inc, 1982.
11
   cf. Georges Didi-Huberman, Être crâne, Paris : Les éditions de Minuit, 2000.
12
   cf. Gaston Bachelard, L’Intuition de l’Instant, Paris : Le Livre de Poche, 1994, cf. David S. Landes, L’Heure qu’il est. Les horloges, la
mesure du temps et la formation du monde moderne, Paris : Gallimard, 1987, cf. Jean-Claude Schmitt, Le Corps, les Rites, les Rêves, le Temps.
Essais d’anthropologie médiévale, Paris : Gallimard, 2001.
13
   cf. Ernst Hans Gombrich, Histoire de l’art, Paris : Phaidon, 2006, cf. Moisseï lakovlévitch Guinzbourg, Le rythme en architecture, intro. de
Jean-Louis Cohen, traduit du russe par Marina Berger, Gollion : In folio, 2010.
14
   cf. Henri Bergson, La Pensée et le mouvant, Paris : Presses Universitaires de France, 1975 (1ère édition 1934).
15
   cf. Gérard Genette, Figure III, Paris : Seuil, 1972.

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manipuler la perception temporelle du lecteur, choisir de dilater ou au contraire de contracter jusqu’à
l’ellipse le temps consacré dans le récit à la narration d’un épisode. Ainsi se créent des effets de rythme,
apparentant le canevas de la narration à une partition musicale, et se développent des stratégies d’évasion
d’un temps qui court toujours vers la mort (voir aussi les relations texte-image16).

         Cette évasion – ou représentation – de la mort est particulièrement prégnante en photographie.
La photographie occupe une position esthétique instable et contestée depuis son invention en 1839. Elle
est restée associée à la culture instrumentale et factuelle ainsi qu’à la culture de masse (Kodak 1870),
même si elle fait maintenant partie des catégories académiques. Mais par sa technicité, elle a permis de
se saisir du moment présent et de générer l’illusion d’arrêter le passage du temps. C’est par sa nature
visuelle que la photographie témoigne de l’absence présence.17 La photographie est image survivante,
image-fantôme, image-pathos et image-symptôme,18 et le photographié devient spectre, spectrum,19
s’offrant en spectacle et figurant le "retour de la mort". La photographie possède un statut transitif, qui
se situe entre visible et invisible, informe et forme, monde du désir et monde de la loi, photographe et
photographié, sujets et objets, entre vivants et morts, entre espace et temps.

        Les tableaux vivants (photographiques ou non), par leur hybridité, présupposent eux aussi une
analyse de l’espace-temps. La gestion de l’espace photographique s’apparente à une mise en scène
théâtrale et l’approche temporelle correspond à l’instant prégnant que le tableau vivant incarne, donc à
l’idée d’intensifier l’attention portée à un arrêt sur image (cf. kaïros). Le choix de cet instant doit être
pensé par le photographe afin que le spectateur face à un tableau vivant ressente le punctum
(mémorable), par contraste avec le studium (factuel, unaire20).

         Le temps imprime ainsi son empreinte sur tous les arts21, et non seulement en musique et en
danse, arts du temps par excellence. Parler des effets de temps, du temps et de sa vitesse, présuppose
également un intérêt tout particulier porté à la perception de celui-ci chez le lecteur/spectateur. Les
études scientifiques récentes pourront à ce titre s’avérer particulièrement utiles, nous permettant
d’élargir le champ de notre recherche et de mieux comprendre les phénomènes créés chez le
lecteur/spectateur lorsqu’il se retrouve confronté à une œuvre d’art. Alors que tous nos sens - la vue, le
toucher, l'ouïe, l'odorat et le goût - mettent en jeu des récepteurs sensoriels spécialisés, il n'existe aucun
récepteur spécifique pour le temps. Pourtant, il est présent en nous, notre cerveau étant un chronomètre
(cf. modèle d’horloge interne de Treisman22 et théorie de temps scalaire23). Les structures cérébrales
impliquées dans le traitement des données liées au temps diffèrent selon qu'elles estiment la durée d'un
stimulus (synchronisation explicite) ou qu'elles mesurent le laps de temps ou l'intervalle, nous séparant
d'un événement prévu en quelques secondes ou minutes (synchronisation implicite) (ex. : la colère, la
peur, la joie et la tristesse produisent des perceptions de "time dragging", alors que la honte produit des
perceptions de "time flying", et que le dégoût n'a aucun effet sur la perception du temps24). Le nombre
d'événements au cours d'une période donnée est corrélé positivement avec la perception du temps qui
passe. Ainsi, un plus grand nombre d'événements se produisant dans un laps de temps donné entraînera
une augmentation du temps perçu25.

16
   cf. Liliane Louvel, L’Œil du texte : texte et image dans la littérature de langue anglaise, Toulouse : Presses Universitaires du Mirail, 1998.
17
   cf. Marie José Mondzain, Homo Spectator, Paris : Bayard, 2007.
18
   cf. Georges Didi-Huberman, L’Image survivante. Histoire de l’art et temps des fantômes selon Aby Warburg, Paris : Les éditions de Minuit,
2002.
19
   cf. Roland Barthes, La Chambre claire, Paris : Editions de l’Etoile : Gallimard : Seuil, 1980.
20
   Idem.
21
   cf. Georges Didi-Huberman, L’Empreinte, Paris : Centre Georges Pompidou, 1997.
22
   cf. B. Burle et L. Casini, "Dissociation between activation and attention effects in time estimation : Implications for internal clock models ",
in Journal of Experimental Psychology : Human Perception and Performance 27 (1), 2001.
23
   cf. J. Gibbon, R. M. Church et W. H. Meck, "Scalar timing in memory", in Annals of the New York Academy of Sciences, 423 : Timing and
Time Perception, eds. J. Gibbon et L. Allan, New York, NY : New York Academy of Sciences, 1984.
24
   cf. Sylvie Droit-Volet, S. Fayolle, M. Lamotte et S. Gil, "Time, emotion and the embodiment of timing", Timing Time Percept. 1, 2013, cf.
S. Droit-Volet et J. Wearden, "Passage of Time Judgments Are Not Duration Judgments : Evidence from a Study Using Experience Sampling
Methodology", Frontiers in Psychology 19, 2016, cf. S. Droit-Volet et W. H. Meck, "How Emotions Colour our Perception of Time", Trends
in Cognitive Sciences, 2007.
25
   cf. J. Gibbon, R. M. Church et W. H. Meck, "Scalar timing in memory", op. cit., cf. B. Burle et L. Casini, "Dissociation between activation
and attention effects in time estimation : Implications for internal clock models", op. cit., cf. J. H. Wearden, "The perception of time : basic
research and some potential links to the study of language", in Language Learning 58, 2008.

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En dernière analyse, "Il n'y a pas de temps unique et uniforme, mais plutôt plusieurs fois que
nous vivons. Nos distorsions temporelles sont une traduction directe de la façon dont notre cerveau et
notre corps s'adaptent à ces temps multiples, les temps de la vie."26 Ainsi, notre perception du temps
finit par altérer le temps lui-même.

         Cet état de l’art souligne l’importance que nous accordons à l’interaction entre les différents arts
d’une part, mais aussi entre arts et sciences. Nos observations nous ont amenés à nous intéresser à une
étude pluridisciplinaire de la question du temps, alliant nos divers domaines d’étude avec pour objectif
d’établir un véritable dialogue entre ces multiples disciplines. Les personnalités que nous avons invitées
à participer aux manifestations scientifiques que nous allons organiser, par la différence de leurs
domaines d’expertise, éveilleront le public aux multiples degrés de communication entre sciences et arts
en relation avec la notion de représentation du temps et de sa vitesse, par la remise en question de nos
perceptions et de notre compréhension du temps. Pr. Carlo Rovelli, philosophe et physicien, Professeur
à l’Université Aix-Marseille et Directeur du "Quantum Gravity Group" du Centre de Physique
Théorique de Luminy (Université Aix-Marseille) est le spécialiste que nous avons invité à donner la
conférence plénière de notre journée d’étude. Il a publié extensivement sur la question de la perception
du temps, remettant en question la valeur objective de celui-ci et conduisant des expériences en physique
quantique indépendamment de toute notion temporelle. Selon lui, le temps existe uniquement dans un
contexte thermodynamique ou statistique, ce qu’il appelle "hypothèse de temps thermal" ; en d’autres
termes le temps ne serait qu’une illusion, une construction nous permettant de combler les lacunes de
notre savoir. Michaël Cros est l’artiste qui exposera ses œuvres à l’Université Jean Moulin Lyon 3 du
23 janvier au 9 février 2020, en marge de la journée d’étude. Ses BB végétaux, sculptures vivantes,
végétales et végétatives, proposeront au public un questionnement sur le temps biologique et le temps
géologique, une redécouverte du temps à travers l’observation de ces œuvres. Sophie Charlotte Barth,
quant à elle, a été conviée à faire une performance artistique pour le vernissage de l’exposition. Mme
Barth est une artiste norvégienne basée à Oslo, spécialisée dans les spectacles vivants, et propose à son
public des ateliers qu’elle appelle "artistic research", invitant les spectateurs à participer activement à la
réécriture d’œuvres littéraires à travers des performances, comme par exemple à travers son nouveau
projet "Butoh for Beckett", revisitant La Dernière Bande de Samuel Beckett. Ces performances incitent
le public à percevoir différemment l’activité de lecture, rendant actuelles les sensations des personnages
face aux répétitions, longueurs et autres stratégies mises en place par Beckett pour altérer l’expérience
du temps, et éveillant l’intérêt du spectateur/acteur pour la subjectivité interprétative de la performance
artistique. Parmi les autres personnes que nous avons invitées à participer à la journée d’étude finale
figurent Jordan Girardin, spécialiste d’histoire du voyage, affilié à l’Université de Mayence
(Allemagne), Marta Benanti, doctorante en philosophie et neurosciences à l’Université de Turin (Italie),
Giovanna Fazzuoli, doctorante en philosophie et histoire de l’art, ainsi que Yimon Lo, doctorante en
anglais et histoire des idées à l’Université de Durham (UK).

Descriptif de la méthodologie et du programme de travail

         Le projet que nous proposons a pour objectif de traiter de tous les arts, et de leur interaction
avec les disciplines des différents spécialistes que nous avons invités. Ainsi, nous avons décidé
d’organiser non seulement une journée d’étude, mais également trois autres manifestations
scientifiques : une exposition, une projection de film, et une conférence-débat. L’exposition présentera
l’œuvre de Michaël Cros (BB végétaux, trace, vidéos et potentiellement installation interactive), le film
sera projeté au Comoedia et sera suivi d’un débat, tandis que la conférence-débat permettra au public
d’échanger avec l’artiste Sophie Charlotte Barth à propos de son art et l’interprétation qu’elle propose
de la problématique de notre sujet.

26
  cf. Wang On Li, Kenneth S. L. Yuen, "The Perception of Time while Perceiving Dynamic Emotional Faces", Frontiers in Psychology, 2005,
cf. S. Droit-Volet et al., "Time, Emotion and the Embodiment of Timing", op. cit., S. Droit-Volet et J. Wearden, "Passage of Time Judgments
Are Not Duration Judgments : Evidence form a Study Using Experience Sampling Methodology", op. cit., cf. S. Droit-Volet et W. H. Meck,
"How Emotions Colour our Perception of Time", op. cit., cf. Henri Bergson, La Pensée et le mouvant, op. cit., cf. Albert Einstein, The Meaning
of Relativity, trad. Edwin Plimpton Adams, Londres et New York : Routledge, 2007.

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Afin d’organiser ces multiples manifestations, deux réunions de travail seront planifiées pour
l’élaboration d’un programme de travail, le choix des thématiques abordées lors de celle-ci, et le
lancement de l’appel à communications, ainsi que la confection des affiches, du programme, etc., et la
gestion de la logistique (transport, hébergement des participants, etc.). Parallèlement, nous convierons
les participants à plusieurs ateliers scientifiques au cours desquels nous définirons les différents vecteurs
de la journée d’étude et nous élaborerons le déroulement des diverses manifestations artistiques en
marge de celle-ci.

Calendrier :
   -   25 janvier 2019 : 1ère réunion de travail pour la logistique
   -   15 février 2019 : 1er atelier scientifique
   -   19 avril 2019 : 2nd atelier scientifique
   -   14 juin 2019 : 3ème atelier scientifique
   -   28 juin 2019 : 2nde réunion de travail pour la logistique
   -   16 août 2019 : 4ème atelier scientifique
   -   18 octobre 2019 : 5ème atelier scientifique
   -   13 décembre 2019 : 6ème atelier scientifique
   -   17 janvier 2019 : réunion finale avant journée d’étude
   -   23 janvier 2020 : vernissage de l’exposition
   -   24 janvier 2020 : journée d’étude puis projection du film
   -   23 janvier – 9 février 2020 : exposition (salle d’exposition de Lyon 3)
   -   Décembre 2020 : publication des communications

Répartition des tâches :
   -   Chargée du budget : Lucie Ratail
   -   Chargée du pôle logistique : Lucie Ratail
   -   Chargée de communication : Narimene Ibrahim
   -   Chargé des relations publiques : Coralie Griffon
   -   Chargée de la coordination scientifique : Adrien Halliez

Descriptif du partenariat éventuel et de l’apport des partenaires

          Les partenaires de ce projet seront multiples. Tout d’abord, Mme. France Laredo, du Service
des Affaires Culturelles de l’Université Jean Moulin Lyon 3, nous encadrera tout au long du projet pour
la partie artistique, nous aidant pour l’élaboration des manifestations artistiques en marge de la journée
d’étude. Elle mettra également à notre disposition les divers outils et réseaux de communication du
service afin de nous aider à promouvoir notre projet, au sein de l’université ainsi que dans la sphère
culturelle lyonnaise en général (suggestion de contacts, etc.). M. Lionel Lacour, qui conduit l’Atelier
Ciné-Smart de l’université, nous soutiendra pour la projection de film, en collaboration avec Mme
Laredo et le cinéma Comoedia.
          Le partenariat avec la Villa Gillet nous permettra d’exporter notre projet hors des murs de
l’Université Lyon 3, avec pour objectif de viser un public plus large à travers une conversation avec
l’artiste norvégienne Sophie Charlotte Barth.
          Pour finir, le café « Second Cup » proposera des pauses-café aux participants.

Descriptif de la stratégie de communication

         Afin de garantir une bonne visibilité à notre projet, nous ferons plusieurs communiqués sur le
site officiel de l’Université Jean Moulin Lyon 3 par le biais du Service des Affaires Culturelles, qui
assurera également la présence de notre projet sur tous ses supports de service (affiches, flyers,

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programme culturel, site internet…). Sous couvert et égide officielle de l’IETT, nous assurerons par
ailleurs d’une visibilité sur les réseaux sociaux et nous proposerons si nécessaire de documenter un blog
(avancées du projet, de l’organisation de la journée d’étude…), tous ces outils nous permettant de tenir
les membres de la communauté scientifique au courant de notre projet, et d’inviter un maximum de
personnes à assister à la journée d’étude ainsi qu’aux autres manifestations. Pour la projection filmique,
un partenariat avec M. Lionel Lacour et l’IDAC est également envisagé dans le cadre des cours qu’il
dispense, afin de proposer à des étudiants de participer à l’élaboration d’une campagne de promotion de
l’événement. Notre projet étant initié par des doctorants et visant les étudiants au même titre que les
enseignants-chercheurs, nous accorderons une place toute particulière à la communication avec les
divers ateliers culturels de l’Université.

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ANNEXE

Bibliographie:

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  ARSHAM, Daniel, MATIJCIO, Steven, QUINN, Marc, Fictional Archeology – Daniel Arsham, Galerie
     Perrotin, Paris : Editions Dilecta, 2015.
  BACHELARD, Gaston, L’Intuition de l’Instant, Paris : Le Livre de Poche, 1994.
  BALTRUSAITIS, Jurgis, Aberrations—Essai sur la légende des formes, Paris : Flammarion, 1995.
  BARTHES, Roland, La Chambre claire, Paris : Editions de l’Etoile : Gallimard : Seuil, 1980.
  BERGSON, Henri, La Pensée et le mouvant, Paris : Presses Universitaires de France, 1975 (1ère édition 1934).
  BURLE, B. et CASINI, L., "Dissociation Between Activation and Attention Effects in Time Estimation:
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  BURKE, Edmund, A Philosophical Enquiry into the Origins of our Ideas of the Sublime and Beautiful, Oxford,
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  BURNHMAN, Jack, Beyond Modern Sculpture : The Effects of Science and Technology on the Sculpture of
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  DIDI-HUBERMAN, Georges, Devant le Temps, Paris : Les éditions de Minuits, 2000.
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