Du tandem au Tele-Tandem1 Nouveaux apprentissages, nouveaux outils, nouveaux rôles
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Du tandem au Tele-Tandem®1 Nouveaux apprentissages, nouveaux outils, nouveaux rôles Dominique Macaire, Maître de Conférences IUFM d’Aquitaine, Bordeaux- France Ce texte se propose de présenter le concept d'apprentissage coopératif et intégré des langues en tandem avec les nouvelles technologies à l'intention d'enfants de 10-14 ans2. Ce projet est déposé sous le nom de Tele-Tandem par l'OFAJ/DFJW et est désormais homologué. Il a reçu en Allemagne le « Label Européen des Langues » en 2003. L'intérêt porté à ce mode d'apprentissage relaie des interrogations largement présentes en Europe sur l'utilisation des TIC en contexte scolaire et constitue un élément de réponse à des questionnements actuels sur les langues, tout spécialement en ce qui concerne les débuts de l’apprentissage, au cycle primaire et au collège, à l’exemple des pays concernés par le projet, la France et l'Allemagne. Nous nous situerons ici dans une perspective didactique. Le 40. anniversaire du Traité de l'Elysée, le contexte géopolitique actuel, ainsi que la situation économique des deux pays, ont certes favorisé la relance des relations bilatérales. Ceci n’a cependant pas encore conduit à des décisions concrètes de politique linguistique en faveur de l’apprentissage de la langue du partenaire. De plus, l'une des questions qui agite les pays européens en ce moment concerne la possible diversification linguistique. Cependant, le modèle du tout anglais tend à se répandre, sous la pression sociale, on le voit bien à l’école primaire. Il ne resterait, alors, de place pour d'autres langues qu'au collège, en "seconde langue" ou dans les filières « bilangues », auquel cas nos langues partenaires seraient les premières à en pâtir. Si 50% des échanges scolaires en France se font avec l’Allemagne, les 50% restants se répartissant entre tous les autres pays dont on apprend la langue à l’école, c'est en grande partie grâce aux efforts de l'OFAJ3. L'expérience de l'organisation de rencontres réelles entre des groupes de jeunes allemands et français, accumulée au fil des années, constitue le socle du projet Tele-Tandem. Les actions linguistiques extra-scolaires menées par l’OFAJ (cours de langue binationaux selon la méthodologie du tandem et animation linguistique) ont conduit à une réflexion sur leur possible transfert dans le secteur scolaire, à des moments clés de l’apprentissage de la langue du partenaire et dans l’esprit d’une meilleure articulation entre la société civile et la société scolaire. Le projet Tele-Tandem s’inscrit dans cette optique. 1 Tele-Tandem est désormais une marque déposée en Europe et ne peut être utilisé sans l’accord de l’OFAJ. Afin de na pas alourdir le texte, nous n’utiliserons plus le sigle « marque déposée » . 2 Ce texte a bénéficié de la contribution des deux autres membres de l'équipe de pilotage Tele- Tandem.(Bernadette Bricaud et Ulrich Dausendschön-Gay), ainsi que des apports de Anne Dussap, membre du groupe d'experts 3 Chiffres communiqués lors du séminaire franco-allemand au CIEP de Sèvres en octobre 2003. © Dominique Macaire, IUFM d’Aquitaine, OFAJ / DFJW 2004
Le dispositif Tele-Tandem en est à ses débuts, il a été initialisé courant 2002 par l'OFAJ. Il s'inscrit, en milieu institutionnel, à l'école dans un premier temps. Son organisation pédagogique concerne des élèves allemands et français de 10-14 ans, en fin de primaire ou en début de cycle secondaire. Tele-Tandem intègre les TIC dans un projet construit par les élèves eux-mêmes, autour d'une rencontre réelle, et au long duquel ils font des "expériences interculturelles et linguistiques" diverses dans des situations de communication authentiques donnant lieu à des résolutions de tâches précises. Les TIC interviennent comme outils à divers moments du projet. Un enseignement classique de langue peut exister à côté du dispositif mis en place. Pour comprendre l'approche sous-jacente, il convient dans un premier temps d'opérer un bref retour en arrière sur les démarches connues sous le nom de tandem et de montrer la filiation du Tele-Tandem à ces démarches. Nous consacrerons un second temps à la présentation du projet. Dans un troisième temps, nous formulerons quelques interrogations concernant les possibilités technologiques et les enjeux didactiques de ce projet. Nous conclurons par quelques perspectives que laisse entrevoir le démarrage de l'expérimentation dans les classes. I Du tandem au Tele-Tandem L'apprentissage en tandem consiste à mettre en contact deux personnes, ou groupes d’apprenants, de deux langues différentes, en l’occurrence un Français et un Allemand, et à leur proposer des activités en présentiel et à distance, pour qu'ils s'apprennent mutuellement leur langue, sous la conduite d’un tandem d’enseignants, français et allemand. La base du travail en tandem est l’aide mutuelle, la réciprocité et la responsabilité envers l’autre. La coopération est indispensable. Ceci implique une vision différente aussi bien de l’apprentissage que de l’enseignement. Les premières tentatives "d'apprentissage mutuel et réciproque" entre Français et Allemands sont liées aux noms de Albert Raasch et de Peter Scherfer. C’est à partir d’observations menées dans les programmes de l’OFAJ dès la fin des années 60 qu’ont été développées les premières expériences d'apprentissage linguistique en tandem. Le principe tel que défini par l’OFAJ repose sur la présence de deux groupes d’apprenants placés dans une situation de "besoin d'échange". Ces personnes s'apprennent mutuellement leur langue respective en co-responsabilité. La méthodologie a été par la suite intégrée de façon systématique dans les rencontres de jeunes par l'OFAJ, dans ce qu’on appelle les « Cours de langue binationaux ». L’une des particularités de ces programmes résident dans le fait qu’ils se déroulent pour une part en France et pour une part en Allemagne (bain linguistique et culturel d’une durée similaire pour les deux groupes). La méthode Tandem a stimulé une production de très nombreux jeux de découverte linguistique et interculturelle et de propositions d'organisation des phases de tandem que l'on trouvera dans les publications et sur le site de l'OFAJ. Le guide Tandem, paru en Allemagne en 1999, sera également publié en France. D'autres expériences bénéficiant de ces apports, ont été menées par la suite, comme par les Universités de Bochum (Brammerts), de Bielefeld ( Dausendschön-Gay) et plus récemment © Dominique Macaire, IUFM d’Aquitaine, OFAJ / DFJW 2004
de Leipzig (Kleppin) ou en lien avec le Goethe-Institut (Helmling). Dans l'enseignement secondaire français, des écoles ont également expérimenté et développé des applications méthodologiques du tandem (par exemple, Reymond). L’apprentissage en tandem pour les enfants est neuf en ce domaine. Les premiers stages de formation à la méthodologie du tandem pour instituteurs se sont déroulés récemment, sous l’égide de l’OFAJ. On retiendra du travail en tandem, tel que l’OFAJ le propose, les avantages suivants : − La rencontre permet un apprentissage à la fois linguistique et interculturel. − La langue est un réel moyen de communication et non seulement une matière scolaire. − La priorité est donnée à l’oral, à la compréhension et à la prise de parole (oser parler dans l’autre langue) et non à la correction grammaticale. − L’apprentissage est dédramatisé grâce au travail en binôme (l’apprenant est moins exposé) − Le temps de parole est démultiplié par rapport à une situation d’apprentissage classique (les apprenants disposent de plus de temps pour expérimenter, répéter, mémoriser, améliorer la prononciation etc., bref acquérir la langue). − L’apprentissage et la pratique pendant la rencontre sont simultanés et favorisent une meilleure acquisition. − Le plaisir est au centre de l’acquisition d’une langue étrangère. Des liens affectifs se tissent entre les jeunes, qui favorisent la motivation et l’apprentissage. − La responsabilité et la solidarité permettent un partage des savoirs et la réciprocité de l’échange. − L’hétérogénéité des niveaux des apprenants est plus simple à gérer que dans un cours classique, puisque chaque binôme travaille à son rythme, en fonction des compétences propres à chaque individu. − Le principe de l’alternance des lieux permet aux deux groupes de profiter du bain linguistique et culturel. − Un dispositif d’accompagnement du tandem proposé par l’OFAJ (stages de formation, réunions d’information et d’évaluation permet de créer un réseau d’échanges et d’entraide entre enseignants français et allemands). − L’apprentissage en tandem est autant un apprentissage de la langue/ culture du partenaire qu’un apprentissage de la coopération franco-allemande. Des expériences menées dans le cadre des cours de langue binationaux est née l’hypothèse selon laquelle des enfants plus jeunes auraient aussi à gagner de tels dispositifs. Sachant que les représentations de soi et de l’autre se construisent et se fixent pour une part avant 10 ans, l’enjeu d’une ouverture à l’altérité est bien réel. Le projet Tele-Tandem s’inscrit à la fois dans une volonté d’anticiper jeune sur la rencontre avec l’altérité et de faire naître du besoin de faire, de dire, d’apprendre ensemble, en d’autres termes, de mieux caractériser le rôle opérationnel des langues dans des situations de rencontre. A ces dimensions s’est ajoutée une nouvelle donne, l’intégration des TIC au travail en tandem. II Le dispositif Tele-Tandem de l’OFAJ Afin de mener à bien un tel projet, l’OFAJ a mis en place un dispositif qui se décline de la manière suivante : © Dominique Macaire, IUFM d’Aquitaine, OFAJ / DFJW 2004
Des acteurs • Une équipe de pilotage franco-allemande : Bernadette Bricaud, OFAJ, Ulrich Dausendschön-Gay, Université de Bielefeld, Dominique Macaire, IUFM d’Aquitaine, Daphne Wefelmeier, OFAJ • Un groupe d’experts franco-allemand, chargé d’accompagner le projet, composé d’universitaires, de formateurs, de responsables institutionnels et de praticiens • Des observateurs chargés de recueillir des données dans les classes et lors des rencontres • De manière ponctuelle, des personnes ou des groupes chargés de questions spécifiques (formation au tandem, aux TIC, développement de matériel, évaluation, etc.). Des soutiens • La DESCO • L‘inspection Générale d‘allemand • La KMK. Des classes expérimentales Pour l’année scolaire 2002/2003, 6 écoles primaires (soient 3 partenariats) ont été associées au projet. Elles ont permis de faire un repérage des fonctionnements et des obstacles, de type : o technique ou financier : accès Internet, ADSL, compatibilité des matériels, fonctionnement en réseau, etc. o organisationnel : dates des vacances, juridiction sur les échanges scolaires différente en France et en Allemagne, etc. o didactique : prépondérance de la technique sur la didactique, passage à une logique de projet, etc. o institutionnel : freins locaux, etc. Cette étape permet en effet de dégager de manière la plus réaliste possible les pré-requis et les nécessaires accompagnements d’une mise en œuvre de projet. Elle est un passage obligé dans une pédagogie de projet intégrant les TIC. Pour l’année scolaire 2003/2004, un appel d’offre a été lancé au printemps, avec le soutien institutionnel de la DESCO, de l’Inspection Générale d’allemand et de la KMK4. Les conditions pour la mise en projet étaient les suivantes : disposer dans l'établissement d'un professeur des écoles/ instituteur pour le primaire (enseignant de la classe), ou d'un professeur de collège dans le secondaire, en charge de l'enseignement de la langue du partenaire et accompagnant la rencontre franco-allemande, faire de Tele-Tandem l'un des axes du projet de l'école, avoir le soutien de l'équipe enseignante et de l'équipe de direction, rechercher, le cas échéant, des aides complémentaires (organisationnelles, financières, pédagogiques, …) au niveau de la commune, des collectivités territoriales, de l’Inspection académique, etc. Les pré-requis techniques étaient les suivants : être équipé d'ordinateurs, au moins deux pour la/les classes concernée(s) (ou les groupements d'élèves concernés), de préférence dans le lieu-classe, disposer d'un accès Internet, de préférence haut-débit (adsl, cable) pour l'établissement, avoir une adresse e-mail pour la classe ou son enseignant, disposer d'une personne ressource pour les TIC dans l'établissement ou à proximité (conseiller TIC, élève de lycée voisin, fils de prof ou enseignant de l'école versé dans les nouvelles technologies, etc.) 4 KMK : Kultusministerkonferenz : il s’agit de la conférence des ministres en charge de l’éducation dans les Länder (Régions). © Dominique Macaire, IUFM d’Aquitaine, OFAJ / DFJW 2004
et capable d'intervenir sur le temps de classe. Les pré-requis didactiques pour leur part étaient : avoir utilisé certaines applications des TIC pour son enseignement dans une discipline ou une autre (CD-Rom, Internet, logiciels type power-point, netmeeting, téléchargement, scan, etc.), faire montre d'une ouverture aux approches innovantes dans l'enseignement de la langue du partenaire et/ou dans l'utilisation des nouvelles technologies dans l'enseignement, avoir une sensibilité à la démarche de rencontre interculturelle et d'apprentissage coopératif dans le cadre de rencontres franco-allemandes (simulation globale, tandem, etc.). Enfin, les pré-requis en termes d'échanges, stipulaient qu’il fallait avoir un partenariat avec une école/ classe allemande ou être disposé à monter un partenariat dès la rentrée suivante. Par ailleurs, un certain nombre d’obligations étaient énoncées, à savoir : participer au stage de mise en route (rentrée 2003) ainsi qu’au bilan final (été 2004), réaliser une rencontre franco-allemande au cours de l'année scolaire (subvention OFAJ), expérimenter des supports didactiques mis à la disposition par l'OFAJ, utiliser le Cahier Tele-Tandem, fournir des compte-rendus réguliers à l'OFAJ, accepter des observateurs mandatés par l'OFAJ dans la classe (observations prévues à l'avance sur calendrier en accord avec l'enseignant), mettre à disposition du groupe de pilotage de l'OFAJ les outils produits dans la classe, les données recueillies, qui pourront être utilisées pour d'éventuelles communications (écrites ou orales) et publications de l'OFAJ et du groupe de pilotage. Dix partenariats étaient envisagés et douze ont été finalement acceptés, vu l’intérêt rencontré. Les 24 écoles engagées se répartissent comme suit : 14 écoles primaires et 6 collèges, ainsi qu’un partenariat entre une école maternelle et un lycée. Ces choix ont été effectués pour les raisons suivantes : il s’agissait d’intervenir à un moment favorable à des innovations, celui du passage école-collège et qui s’avère être un moment clé pour les politiques linguistiques éducatives. Si l’école primaire offre un terrain privilégié à la mise en œuvre de projets intégrés, dans le secondaire, en revanche, les élèves disposent d’une certaine autonomie langagière et sociale. Le partenariat entre une classe de maternelle et un lycée devrait nous permettre, pour sa part, d’éclairer la question du tutorat linguistique entre élèves d’âges très différents. Un dispositif de formation et d’accompagnement des projets : • Un séminaire de mise en route de 2 jours • Un stage de formation aux TIC et au tandem • Un tutorat technique bilingue à distance, contractualisé dans un budget-temps de 2h par école • Un bilan d’étape à mi parcours • Une réunion d’évaluation-valorisation en fin d’année scolaire Des outils / des ressources • Un site Internet, qui contient les textes de références du projet et des textes complémentaires, ainsi qu’une bibliographie de sites et des liens • Une plate-forme réservée aux écoles, à la tutrice ainsi qu’à l’équipe de pilotage et permettant une communication plus aisée, l’entraide par les pairs, la mutualisation des outils, etc. • Des outils pour l’élève, en particulier le cahier Tele-Tandem (téléchargeable sur le site) © Dominique Macaire, IUFM d’Aquitaine, OFAJ / DFJW 2004
• Des outils pour l’enseignant, comme des scénarios pédagogiques et des pistes d’action (également disponibles sur le site) Un dispositif d’évaluation L’accompagnement du projet Tele-Tandem prévoit une évaluation de type qualitatif qui sera diffusée ultérieurement sous forme de rapport par l’OFAJ. Cette évaluation est portée par l’équipe de pilotage. Le dispositif mis en place s’appuie sur un recueil de données au cours des rencontres à distance ou en présentiel (rencontre chez l’un ou l’autre des partenaires ou en tiers-lieu). Il concerne les enseignants autant que les élèves. Le recueil de données s’appuie sur 2 types de source : des éléments fournis par les enseignants et leur classe et des données recueillies par l’équipe de pilotage. Dans le premier cas, il s’agit : • du descriptif du projet sur la plate-forme • de traces d’un journal de la formation • des commentaires spontanés sur l’avancée du projet, tant en terme de réussites que de difficultés rencontrées, tout particulièrement sur le forum, entre les membres du réseau d’écoles • du compte rendu systématique des séances Tele-Tandem à partir d’une fiche-guide élaborée par l’équipe de pilotage • de traces telles que des productions d’élèves, des photos, des séquences vidéos, etc. • de quelques transcriptions d’échanges en tandem en classe (sous MSN) • du programme de la rencontre en présentiel • d’un compte rendu du déroulement de la rencontre en présentiel • d’un bilan du projet global par les enseignants des tandems-classes, à partir de mots clés. Dans le second cas, il s’agit : • d’observations de séances Tele-Tandem à distance et en présentiel, accompagnées d’enregistrements vidéo pour quelques sites • d’interviews d’élèves (individuels et/ou en groupes, y compris en tandem binational) • d’interviews des enseignants (à chaque séance observée, en tandem lors de la rencontre en présentiel et par visio- ou télé-conférence). L’analyse de ces données devrait répondre à des questionnements sur : • la part de « tele » dans Tele-Tandem • l’impact sur la motivation à apprendre la langue du partenaire et à s’intéresser au pays partenaire • les acquisitions linguistiques, interculturelles et sociales • les pratiques des enseignants • les effets institutionnels du projet. III La didactique dans Tele-Tandem A Les principes La logique de projet et les objectifs de Tele-Tandem © Dominique Macaire, IUFM d’Aquitaine, OFAJ / DFJW 2004
Le Tele-Tandem s’inscrit le plus possible dans un projet de classe, de cycle et doit s’articuler avec le projet d’établissement. Ses visées sont avant tout d’éducation à une citoyenneté européenne. Il permet à des élèves, français et allemands, d’entrer en contact réel avec des jeunes de la langue et de la culture partenaire et de se familiariser avec leurs modes de vie, directement alimentés par l’expérience vécue. Par effet de miroir, les élèves se questionnent sur leur propre univers et apprennent à mieux le connaître. Une cohérence d’ensemble doit s’installer qui rend le projet plus accessible et transparent pour tous les partenaires (enseignants, personnels éducatifs, parents, élèves). Le projet doit être porté par l’équipe pédagogique de chaque établissement partenaire, négocié tout au long de son déroulement entre ces derniers en y impliquant le plus possible les élèves qui peuvent participer aux choix et n’en sont pas réduits à se soumettre aux activités proposées. Cela suppose qu'ils aient la connaissance des objectifs poursuivis. On leur demandera d'être conscients de ce qui est en jeu (enjeux), de ce qui se passe (processus) et d'avoir à certains moments des retours critiques sur leurs actes (distanciation). Le Tele-Tandem en contexte scolaire favorise l’approche pluridisciplinaire fondamentale dans la pédagogie de projet. Le projet, intégré dans le cursus scolaire et sa progression, doit pouvoir être lu au travers d'autres disciplines (sport, musique, histoire, géographie …). En conséquence, on favorisera chaque fois que ce sera possible des activités permettant un apprentissage interdisciplinaire et transversal. Le Tele-Tandem se conçoit et se construit autour d’une rencontre en présentiel des deux classes, rencontre préparée et accompagnée par la suite dans le cadre des enseignements. De manière réaliste, on peut envisager un espace-temps de 6 semaines, dont 4 semaines avant la rencontre, à raison de 2 séances de 45 minutes par semaine, la rencontre d’en général 5 jours et 2 semaines après cette dernière, à raison de nouveau de 2 séances de 45 minutes par semaine. Périodes Phases du projet Durée Objectifs 4 Préparation de la rencontre dont 8 séances de 45 minutes Susciter la semaines des séances en rencontre à motivation pour le distance projet Entrer en contact Construire une représentation de l’Autre et de son monde et du monde virtuel que l’on peut construire ensemble 1 Rencontre en présentiel 4 à 5 jours de rencontre semaine (au domicile du partenaire ou en tiers- lieu) 2 Suivi de la rencontre dont des 4 séances de 45 minutes semaines séances en rencontre à distance La logique de projet, bien répandue en Allemagne et de plus en plus présente en France, constitue la philosophie sous-jacente au Tele-Tandem qui profite de ces interactions entre les © Dominique Macaire, IUFM d’Aquitaine, OFAJ / DFJW 2004
cultures didactiques des deux institutions scolaires. Allemands et Français bénéficient pour part égale de ces échanges. Les objectifs généraux de Tele-Tandem sont d’ordre : - transversal : découverte de comportements et de savoir-faire favorisant la coopération avec l’autre tant au sein de la classe qu’avec la classe partenaire (aider l’autre à comprendre, parler distinctement, etc.) ; découverte de savoir- faire technologiques (usage des TIC, en lien avec le B2i en France) utiles pour transmettre ou construire ensemble quelque chose; - linguistique : acquisition d’éléments langagiers (verbaux et non verbaux) pour communiquer au service du projet poursuivi ; - interculturel : prise de conscience des différences culturelles, négociation des écarts, ouverture à l’altérité, développement d’attitudes positives à l’égard de l’autre. Les thèmes de Tele-Tandem Une entrée thématique permet de donner du sens à ce que des élèves vont apprendre, puisqu’ils vont relier les tâches pour lesquelles on les sollicite, à un ensemble cohérent. En ce qui concerne le primaire, en particulier, les enfants sont dans une phase de construction identitaire, dans laquelle la fiction se mélange encore à la réalité. On peut donc stimuler leur créativité pour qu’elle soit au service de l’apprentissage. On connaît le rôle du « magique » à cet âge (cf. Harry Potter), l’importance des rôles qu’on joue (le déguisement) et le fait que lorsqu’on crée on découvre son propre quotidien. Il relève de la mission éducative de cadrer la créativité pour que les enfants apprennent à identifier ce qui relève du fictif et ce qui relève du réel, afin d’éviter des dérives comme celles que l’on peut parfois observer dans la pratique de jeux de rôle à l’âge du collège et ultérieurement. Cela suppose que les enseignants soient conscients de l’importance de la créativité dans l’apprentissage et sachent la stimuler pour construire le rapport entre le réel et le fictif. On fait appel à certains aspects de la Simulation Globale (SG), comme l’architecture d’une SG (entre autres, planter le décors, l’habiter, les évènements et clore une SG), ou la diversité des activités langagières au service d’un projet (produire l’affiche publicitaire pour les représentations d’un cirque franco-allemand dans la région). Dans une SG, le monde que l’on construit doit être cohérent et viable. S’il est virtuel, ce monde s’appuie néanmoins à la fois sur les expériences réelles et les représentations culturelles des participants. Un travail de ce type a un impact sur la motivation des apprenants, puisque ceux-ci ont besoin de progresser dans l’apprentissage linguistique pour faire avancer le projet qu’ils se sont approprié, un besoin est créé. Ce travail permet par ailleurs de découvrir des modes de fonctionnement sociaux différents en France et en Allemagne, puisque l’on apprend à décoder des logiques différentes pour construire ensemble. Dans la SG, la phase d’ajustement et de négociation est importante pour aboutir à la co-construction, à un véritable travail coopératif interculturel. Les thèmes les plus porteurs font appel à l'imagination des enfants, à leur sens du réel autant qu'à leur goût pour la fiction : « Un monde franco-allemand », « Notre planète franco- allemande », « Le cirque », « Vivre dans le château-fort », « Partir en vaisseau spatial », « Vivre au temps de la Renaissance », etc. Les thèmes sont reliés aux centres d’intérêts des élèves : fabriquer des jeux ensemble et y jouer, la nourriture, la musique, les animaux, etc. Ce qui importe, c’est la construction commune, non pas en termes de produit (un jeu, un Wordpad…) mais en termes de processus et de rencontre humaine. © Dominique Macaire, IUFM d’Aquitaine, OFAJ / DFJW 2004
Les thématiques peuvent s’appuyer sur des dispositifs divers et ouverts tels que la création d'un spectacle (ex: musical, chanté, joué, dansé …) ou encore la production d'outils (par exemple: élaborer un livre interactif, produire le Cd-Rom du tour du monde en 80 « Mausklicks », fabriquer un tableau, une tapisserie à plusieurs). Les TIC et Tele-Tandem Les fonctions communément affectées aux TIC dans l'enseignement des langues sont encore relativement peu interactives. On y trouve: - une fonction de recherche (visite de sites, dépouillement de dossiers, constitution d'une banque de référence …), - une fonction illustrative lorsque l'on montre une image, une vidéo, pour enrichir un thème abordé en classe. L'ordinateur, Internet sont des relais, un complément de l'apprentissage effectué par ailleurs. De manière plus interactive, on constate l’existence d’: - une fonction de déclencheur de l'expression des élèves à l’écrit (correspondance par mail, Chats, forums). On note au passage le développement actuel de la compétence de production de l’écrit chez les jeunes (sms sur les téléphones cellulaires, causettes et/ ou msn par Internet, etc.), - une fonction de rencontre interculturelle (dans le cas des correspondances par e- mail de classe à classe, où chacun peut s’exprimer dans sa propre langue, et où l’accent est mis sur la négociation de concepts supposés communs), - une fonction de tutorat dans le cas de plates formes en ligne, de formation à distance, particulièrement utile pour différencier la pédagogie, accompagner des élèves malades etc. Tele-Tandem apporte une contribution originale à ces fonctions identifiées. Cet apport réside dans les poids respectifs accordés à chacune d’elles, dans leur articulation interne et dans le sens qui leur est conféré de par la logique de projet. Tele-Tandem entend relier la rencontre réelle entre deux groupes classe avec des temps de rencontre à distance par Internet, qu’ils soient synchrones (oral, écrit, visuels …) ou a-synchrones (partage d’échanges, de documents, réactions et production de nouveaux documents communs …), le tout dans un projet global. C’est parce que l’on a un projet commun que l’on a besoin de communiquer, de se comprendre. Si nous avions envisagé - dans un premier temps – de débuter par des modes de communication intégrant des ressources TIC « plus simples » (mails, fichiers attachés, scans), pour aller vers des outils « plus complexes » (communication synchrone, jeux interactifs et construction commune, voire plate forme interactive), il nous est vite apparu que l’on ne peut organiser à priori une progression de difficulté technique, mais plutôt une progression centrée sur les tâches afférentes aux besoins, thématisés dans le cadre du projet poursuivi. Dans la création en commun d’un monde, on va par exemple avoir besoin de trouver de l’information, ce qui entraîne des recherches sur Internet. On va aussi avoir besoin d’expliquer à l’autre ce que l’on veut dire, ce qui amène par exemple l’envoi d’un dessin par Internet. Confronté à l’altérité, on va devoir composer avec son partenaire et on va avoir besoin de comprendre ce qu’il dit au-delà des mots, ce qui nécessite d’organiser une rencontre © Dominique Macaire, IUFM d’Aquitaine, OFAJ / DFJW 2004
(sur Internet et en réel) pour se questionner l’un l’autre et, après négociation, permettre d’aboutir à un accord. Il n’est plus nécessaire de provoquer le déclenchement de la parole/de l’écrit, le besoin partagé dans un projet commun l’entraîne de lui-même. La parole devient outil. A chaque fois, le besoin est vital et la tâche centrale. Combler ce besoin lors de la tâche peut être facilité par un outil technologique en particulier, comme l’envoi d’un dessin scanné et complété par l’autre, l’utilisation d’une webcam pour se rencontrer afin d’expliquer par gestes, de manière non verbale, ce que l’on veut dire, etc. Les technologies TIC prennent alors tout leur sens au service de la tâche liée au besoin identifié pour le projet. Enseignants et élèves vont peu à peu développer de nouveaux besoins, les combler par le recours à des ressources et le maniement d’outils TIC, sans en être pour autant des spécialistes au départ. Leur compétence technique (cf. B2i) peut se développer au fil du temps. Les lieux où se trouvent les ordinateurs nécessaires aux séances Tele-Tandem, que ce soient un coin multimedia dans la classe ou un espace langues et multimedia, favorisent le déplacement, y compris physique, vers un autre type de coopération. Ces lieux sont plus ouverts, laissent un espace pour le choix, tant celui du support, que des stratégies d'apprentissage, du temps nécessaire à la tâche. Ils favorisent le recours à des ressources que les élèves ne vont pas spontanément rechercher en classe. Ils contribuent à des modes de groupement d’élèves variés (travaux de groupe et en tandem plus fréquents). L’outil permet de travailler plus librement, au rythme de chacun, de façon plus différenciée (tâches différentes selon les postes de travail) de manière plus individuelle (en tandem) et au moyen de types de supports plus diversifiés (images, textes, sons, vidéos peuvent intervenir, tant produits par les élèves que capturés sur des sites ou reçus du partenaire Tele-Tandem). En fonction du nombre de postes informatiques disponibles dans les deux classes, les tâches et les groupements d’élèves seront modulés. Les difficultés rencontrées en matière d’équipement des écoles et tout particulièrement les protections des réseaux (firewall), mais aussi en termes de compatibilité, de temps de réaction de la machine entre émission et transmission du message, de coût, de serveur requis, de connections intempestives d'internautes sur la conversation, d’enregistrement de la conversation difficile, de risques de virus à l’ouverture des ports, etc. ne sont pas à négliger dans la mise en œuvre d’un tel dispositif. Ces difficultés confortent par ailleurs l’hypothèse de départ, selon laquelle l’outil est au service des usages. Elles engagent à une certaine modestie quant à l’ampleur des moyens TIC à proposer dans les classes. Avec l'équipement disponible, il convient, rappelons-le, de faire des choix qui s'appuient prioritairement sur les intentions didactiques. La méthodologie de Tele-Tandem L’approche Tele-Tandem repose sur une pédagogie de la découverte et de l’appropriation progressive de savoirs, savoir-faire et savoir-être par le biais de l’échange. Les savoirs se construisent de manière coopérative par les élèves entre eux, en groupe classe ou en tandems, selon les tâches. Par son fonctionnement spiralaire, la socio-construction génère de nouveaux apprentissages et stimule la motivation. © Dominique Macaire, IUFM d’Aquitaine, OFAJ / DFJW 2004
Dans l’approche Tele-Tandem, les élèves, au cœur du dispositif, sont amenés à travailler en groupe classe ou en petits groupes nationaux, en groupe binational et en tandem. Ils possèdent le savoir en usage dans leur groupe de référence qu’ils sont amenés à transmettre à leur partenaire. Ils sont ainsi « pairs », et « experts » de la langue, non comme des enseignants experts de l’enseignement/apprentissage, mais « experts » de l’usage qu’ils font de la langue de manière spontanée, dans des situations authentiques de communication, spécifiques à leur âge. De ce fait, non seulement ils sont amenés à transmettre les usages qu’ils font de la langue (langue-outil), mais également à prendre conscience de ces mêmes usages pour eux-mêmes, voire à réfléchir sur leur langue et celle du partenaire (langue-objet). Les séances Tele-Tandem favorisent la construction progressive d’une compétence d’ « acteur social interculturel », vitale pour la rencontre, autant pour les élèves que pour leurs enseignants. L’acteur social est l’élève inscrit dans la culture de son groupe de référence, la classe ou le groupe Tele-Tandem. Le besoin de communication interculturelle est celui du groupe-classe en tant que micro-société, et du groupe des classes partenaires, autant que celui d'individus en situation de classe. Le travail en Tele-Tandem va amener les élèves à construire une compétence d'acteur social, c’est-à-dire à prendre conscience des capacités nécessaires pour « apprendre, faire et vivre » dans la langue du partenaire. A cet effet, on développera des stratégies communicatives : - pour se faire comprendre, - pour aider à la compréhension (rythme et débit de la voix, reformulation, stratégies compensatoires, usage des gestes et des paroles …), - pour comprendre soi-même (décodage …), - pour orienter l'autre et de lui dire ce qu'il doit faire, - pour mémoriser. Ainsi, pour préparer une rencontre Tele-Tandem, l’enseignant guide les élèves vers la prise de conscience de la nécessité de parler lentement, de prononcer clairement pour être compris et de demander à son partenaire de faire de même pour qu’on le comprenne. S’y ajoutent des stratégies pragmatiques telle la prise de risque. En outre, seront développées des compétences transversales (prendre la parole à son tour, respecter le groupe, mobiliser des ressources diverses, savoir observer, prendre de la distance, du recul critique, y compris vis-à-vis de soi pour comprendre l'altérité … ). Rencontrer l’autre, en classe par Internet ou en situation réelle d’échange, suppose de prendre des risques non seulement cognitifs et linguistiques, mais également de l’ordre de l’affect, risques qui s’avèrent riches en expériences pour qui veut bien oser les assumer. En effet, les facteurs émotionnels sont indispensables à l’ancrage et la mémorisation. Le projet Tele- Tandem présuppose en effet de vivre la langue dans un contexte authentique de communication. Non seulement, les échanges par Internet, qu’ils soient synchrones ou a- synchrones, relèvent du travail en tandem (apprentissages coopératifs), tout comme dans la rencontre réelle, mais en outre ils permettent de démultiplier en quantité les rencontres avec les pairs (confrontation plus fréquente et plus régulière avec la langue et la culture du partenaire, occasions répétées d’expériences ancrées dans l’affect), de répartir dans le temps la prise de risque, de dynamiser l’apprentissage scolaire en vue de la rencontre réelle ou dans son prolongement. L’échange réel est toutefois essentiel, il ne faudrait pas en rester à un univers virtuel, il faut « oser la rencontre ». Se prêtent particulièrement bien au Tele-Tandem les activités à distance suivantes: © Dominique Macaire, IUFM d’Aquitaine, OFAJ / DFJW 2004
- des activités en synchrone : mini vidéo-conférence, tableau blanc, partage de fichiers ou d'applications, Chat, etc. - des activités en a-synchrone : envoi de jeux, de dessins en morceaux à compléter, de mails, écoute/ lecture/ visionnement d'informations rédigées par les partenaires, forum, accès à des ressources image, son, textes pour fabriquer une banque de données (exemple un dictionnaire sonore construit au fil de l’année) ou accès à des logiciels pour fabriquer des outils, des activités. Les activités en a-synchrone peuvent servir à préparer des activités en synchrone, les suivre ou alimenter une séance de classe. L’enseignant, tout comme l’élève, voit son rôle évoluer dans le projet Tele-Tandem. Il est amené à créer des parcours d'apprentissage, à orienter et à guider, mais à laisser l'initiative aux élèves. Du rôle de celui qui traditionnellement transmettait les savoirs, il passe à celui de médiateur de l’apprentissage, d’organisateur de l’acquisition linguistique et culturelle. Cela amène à s’éloigner d’un modèle souvent utilisé en classe, à savoir reproduire un discours préparé en cours à l’avance, pour oser faire des essais et apprendre grâce aux erreurs. B Tele-Tandem par l’exemple : « Notre planète franco-allemande » Le projet se déroule dans le cadre de la classe (avant une rencontre, pendant et après celle-ci), en lien étroit avec le programme. Le principe selon lequel le projet n'est pas détaché du cursus est essentiel pour son intégration dans le déroulement des apprentissages. Pour être réaliste, le projet de « Planète franco-allemande » sera de durée modeste. On fera coïncider les objectifs de la « Planète franco-allemande » avec ceux poursuivis par ailleurs dans la classe. Ainsi, il n’y aura pas concurrence entre ces objectifs mais plutôt complémentarité. Considérons de manière prospective, avec la prudence que l'on accorde à un « modèle » en devenir ce que peut signifier la mise en place d'une « Planète franco-allemande » dont le thème aura été choisi entre les enseignants des deux classes, éventuellement en accord avec les élèves. Les classes se mettront d'accord pour créer un monde commun virtuel en tandem et en Tele-Tandem et le faire vivre avec des événements extérieurs (le principe des cartes événements qui serait réservé à la rencontre). Ce monde s’élabore durant la phase de préparation, s’enrichit durant la rencontre, car on n'a jamais fini d'inventer, et continue à évoluer par la suite. Ce qui importe ici, c’est un processus en devenir constant (la construction d’un monde commun) bien plus qu’un produit fini (la planète en soi). Il convient de veiller à l’entrée et à la sortie de ce monde virtuel pour éviter que les élèves confondent la simulation et la réalité et se construisent leurs repères. De quoi a-t-on besoin pour inventer ce monde virtuel qu’est la Planète? De ce qu’aiment les enfants, de ce qui favorise leur imagination, stimule création et usage de la langue comme outil : les aventures, les animaux, la nourriture, les déguisements pour jouer des rôles, la magie, les jeux. Pour construire sa planète, il faudra se renseigner sur les astres et le système solaire. La dimension transdisciplinaire prendra ici sa place. Lire des textes dans la langue de l’école sur la vie dans les planètes inconnues, les petits hommes verts de Mars, l'histoire du Petit Prince de Saint Exupéry, etc. deviendra un besoin dans le cadre du projet. Retrouver les mêmes éléments dans le même texte, cette fois en langue étrangère, va permettre la construction commune. Forts des connaissances acquises, il faudra ensuite par exemple dessiner la planète à plusieurs, en groupe national d'abord puis en groupe binational (jeu des cadavres exquis, avec wordpad), lui donner un nom, etc. © Dominique Macaire, IUFM d’Aquitaine, OFAJ / DFJW 2004
A l’exemple du projet « Le cirque », on trouvera en Annexe quelques séances Tele-Tandem qui exemplifient une partie de la typologie d’activités proposées : - Echange d’informations suivie d’une négociation pour aboutir à un accord: choisir des personnages de cirque dans une banque de données, les présenter à son partenaire et décider qui on emmène en tournée (alternance des langues pour la négociation) ; préparer le programme de la tournée. - Activité ludique de fixation lexicale : mimer à distance des personnages (artistes, animaux ou musiciens) et les identifier. - Acquisition linguistique contextualisée: apprendre à distance à son partenaire à dire des phrases en situation, pour présenter un artiste lors d’une représentation, faire applaudir le public, etc. IV Conclusion Les premières expériences montrent un fort intérêt des élèves en termes de concentration en classe, d’attitudes positives, tant vis à vis des autres élèves de la classe que des partenaires et de leurs modes de vie. Outre des comportements d’ouverture, les élèves contribuent au cours de manière plus active (propositions de solutions, apports de ressources…) et s’entraident mutuellement pour apprendre, faire et vivre la langue. Tele-Tandem contribue à la réflexion sur l’enseignement/ apprentissage des langues au niveau: - des politiques linguistiques éducatives : • Tele-Tandem constitue un apport aux politiques de diversification linguistique en Europe. • Tele-Tandem valorise l’enseignement de l’allemand/ du français dans les pays partenaires. • Tele-Tandem développe de nouvelles pistes pour la didactique des langues et la communication interculturelle dans les débuts de l’apprentissage, au sein de l'institution scolaire. • Tele-Tandem se veut un apport concret à l’éducation à la citoyenneté européenne. - de la classe : • Tele-Tandem est souple et peut s'adapter à des contextes scolaires divers. • Tele-Tandem apporte une dimension coopérative dans l'enseignement des langues et favorise une pédagogie différenciée. • L'apprentissage de la langue du partenaire est indissociable du principe de réciprocité et de ce fait d'un apprentissage citoyen de l'ouverture à l'altérité, de compétences de négociation. • L'apprentissage linguistique et interculturel s'inscrit dans un projet global de classe à classe et dans une approche intégrative des langues partenaires. • Tele-Tandem est inscrit dans la classe et hors de la classe, la rencontre constituant le cœur du projet. • Dans Tele-Tandem, les langues sont à la fois outil de communication et objet de l'école. • L'apprentissage en tandem avec l'aide des TIC est stimulante pour un partage des savoirs mais aussi un échange de stratégies d'apprentissage. © Dominique Macaire, IUFM d’Aquitaine, OFAJ / DFJW 2004
• Tele-Tandem favorise l'autonomisation de chaque élève au travers de trois principes conjugués: choix concerté, interactivité et co-construction réflexive. • Tele-Tandem stimule de nouveaux contenus, de nouveaux rôles pour les acteurs de la classe. Toutes les questions que soulève Tele-Tandem dans sa phase actuelle constituent un socle pour un projet dont les potentialités en termes d’apprentissage coopératif avec l’aide des TIC sont nombreuses. © Dominique Macaire, IUFM d’Aquitaine, OFAJ / DFJW 2004
Annexes5 Projet : « Le Cirque » 1 « Qui part en tournée?/ Wer kommt mit? » Objectifs Echange d'informations Négociation Construction d'une réalité commune/ accord Phase et objectif de la phase Mode de Activité groupement et Matériel PREPARATION Groupe - En langue de l'école : mononational quels artistes trouve – Choisir des artistes et des fonctions t-on dans un cirque? - En langue cible révision des structures Banque de données et du lexique (FICHIER CIRQUE ou CD ROM): Impliquer les élèves en leur Galerie d'images donnant le choix des animées + noms des personnages, la représentation artistes (Son), des du cirque : constitution d'un animaux, des monde du cirque (dans lequel instruments de les élèves ne jouent pas l'un musique… ou l'autre rôle). Personnages possibles: au nombre Choisir dans une banque de de 19 environ (liste données les personnages (ex.: de Catherine L) artistes, animaux, instruments de l'orchestre). Maximum 10 personnages On peut avoir 3 groupes: Groupe: artistes 'Moi, je veux un clown." Groupe: animaux Groupe: orchestre On peut avoir trois groupe sur un seul thème, sachant qu'ensuite il faudra uniformiser les trois 5 Ces annexes ont été élaborées par un groupe de travail de l’OFAJ composé de : Irmi Baumann, Bernadette Bricaud, Ulrich Dausendschön-Gay, Anne Dussap, Catherine Dupeyron, Catherine Lainé, Dominique Macaire, Martina Wörner, Daphne Wefelmeier © Dominique Macaire, IUFM d’Aquitaine, OFAJ / DFJW 2004
productions. N.B. : Chaque groupe de 6 à 7 élèves se retrouvera ensuite devant l'ordinateur (continuité de la tâche) ECHANGE Groupe binational en "On a … et vous?" 3 petits groupes (3 présenter son groupe à l'autre classe ordinateurs) Pictogrammes/iconos à choisir (20 artistes) dans la banque de données Echange par Internet (galerie animée) et à glisser (oral) sur le dessin commun. Outils: ORAL + Tableau haut-parleur et micro blanc Langue: série en français, puis série en allemand Moyens linguistiques (Redemittel) On a… / Wir nehmen … Nous on a… Wir haben …. Nous aussi…/ Wir auch/ Ok Pas nous!/ Wir nicht Oh non…!/ Ach nee... Ah oui! / Ach ja… Rôles: Groupe de 6 à 7 enfants assis devant un ordinateur: un technicien qui manipule la souris, un enfant qui parle, un autre ensuite, etc… NEGOCIATION/STABLISATION/ Groupe binational en "On a droit à 10 personnages. ACCORD 3 groupes (3 Comment fait-on?". ordinateurs) Trier les artistes (types se mettre d'accord pour savoir qui on Echange par Internet d'artistes) emmène (oral) Contraintes: nombre d'artistes limité (5 artistes incontournables et 5 artistes possibles) Outils: ORAL + Tableau Blanc Langue: série en allemand, série en français © Dominique Macaire, IUFM d’Aquitaine, OFAJ / DFJW 2004
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