ED Suivi Thérapeutique Pharmacologique et Adaptation posologique - CHU BORDEAUX Dr Karine TITIER Laboratoire de Pharmacologie
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ED Suivi Thérapeutique Pharmacologique et Adaptation posologique Dr Karine TITIER Laboratoire de Pharmacologie CHU BORDEAUX 1
Question 1 Définir le terme « suivi thérapeutique pharmacologique» (STP) 2
Définition STP STP = suivi thérapeutique pharmacologique = TDM = therapeutic drug monitoring Mesure de la concentration plasmatique d’un médicament pour adapter individuellement la posologie : Etablissement de la posologie optimale Etre efficace et non toxique 3
Buts du STP Les 2 buts principaux sont : • Diminuer le taux d’échecs thérapeutiques, – liés à une mauvaise observance – ou à une dose insuffisante • Réduire la fréquence des effets indésirables et/ou toxiques des médicaments – liés à une dose excessive 4
Question 2 Quels facteurs sont susceptibles de faire varier la réponse aux médicaments? 5
Relation concentration-effet dose concentration effets Sang site d’action pharmacocinétique pharmacodynamie • Même dose ne produit pas les mêmes effets d’un individu à l’autre • Variabilité réponse au médicament conséquence de 2 variabilités associées ou non : pharmacocinétique et pharmacodynamique 6
Facteurs de variation - Pharmacocinétiques : Pharmacodynamiques : - État physiologique (race, sexe, taille, - Sensibilité des récepteurs polymorphisme génétique…) - Polymorphisme génétique - Etat pathologique (IR, IH, IC, Iresp…) - interactions médicamenteuses - Traitements associés (interactions, induction, inhibition…) - Facteurs environnementaux, alimentation (fumeur…) Dosage plasmatique Pour maîtriser les variations de réponse au traitement dues aux variations pharmacocinétiques d’un individu à l’autre 7
Question 3 Parmi ces médicaments, lesquels peuvent faire l’objet d’un STP? a- digoxine (digitalique) b- acenocoumarol (AVK) c- ciclosporine (immunosuppresseur) d- lexomil (benzodiazépine) 8
Question 4 Quelles sont les indications du STP ? 9
Indications du STP • Traitement prophylaxique: réponse pharmacologique difficilement accessible par une mesure de l’effet • Evaluation du traitement : l’objectif a t-il été atteint? – médicaments avec mauvaise relation dose - concentration et bonne relation concentration-effet • Modification du traitement : dose, associations, voie d’administration • Echec thérapeutique : origine de l’échec – traitement inefficace, sous-dosage ou non observance ? • Suspicion de toxicité • Observance 10
Question 5 Quels sont les pré-requis pour qu’un médicament puisse faire l’objet d’un STP? 11
Justifications STP et pré-requis Le STP d’un médicament est justifié si : • Relation concentration - effet meilleur que la relation dose-effet • Relation dose-concentration présente une grande variabilité inter-individuelle • Zone thérapeutique étroite • Réponse pharmacologique difficilement accessible par une mesure de l’effet • Interactions médicamenteuses avec médicament susceptibles de modifier la PK 12
Quels médicaments ? - Antiépileptiques (carbamazepine, clonazepam…) - Immunosupresseurs (ciclosporine, tacrolimus…) - Antirétroviraux (antiproteases) - Antibiotiques (aminosides, glycopeptides) - Antiarythmiques (lidocaine, quinidine) -Cardiotoniques (digoxine, digitoxine) 13
Quels patients ? • Paramètres PK sont particuliers ou non prévisibles – IR, IH… • Indication spécifique dans laquelle le médicament peut présenter une zone thérapeutique étroite – MTX faible dose/PAR : pas de STP – MTX forte dose/chimiothérapie : STP • Association de médicaments « à risque » – Interactions PK (inducteur, inhibiteurs enzymatiques…) 14
Cas clinique 1 • Un de vos patient traité par imatinib (glivec) ne répond pas au traitement. L’imatinib est un nouvel antileucemique administré en 1 prise par jour à la dose de 400 mg en général. Son seuil d’efficacité in vitro est de 500 ng/ml. Pour explorer les causes de cet échec, vous faite réaliser un dosage plasmatique d’imatinib avant la prochaine prise du médicament ? A- Le dosage réalisé au laboratoire rapporte une concentration < 10 ng/ml. Qu’en déduisez-vous ? B- Le dosage réalisé au laboratoire rapporte une concentration = 1120 ng/ml. Qu’en déduisez-vous ? 15
Cas clinique 2 Mme S., âgée de 62 ans vient vous consulter suite à l’apparition de nausées, vomissements, et d’une anorexie. Cette patiente est traitée par de la digoxine pour une insuffisance cardiaque depuis 15 jours. Ce médicament est éliminé principalement par voie urinaire et a une demi-vie de 2 jours. Dans son dossier, vous constatez que la posologie initiale de 0,375 mg/j a été augmentée à 0,5 mg/j suite à résultat de dosage plasmatique effectué 4 jours après le début du traitement inférieur à la zone thérapeutique. Sachant que la fonction rénale de cette patiente est normale, quelle peut être l’explication de ce tableau clinique ? 16
- Intoxication digoxine :IR ou dosage trop tôt Pas IR - Dosage 4j au lieu de (4 1/2 vie = au min 8 j) : taux plasmatique pas à l’équilibre donc inférieurs : il ne fallait pas augmenter la posologie. - Dosage pour confirmer le surdosage 17
Quand prélever ? Rappel :Administration discontinue 5 x T1/2 Cmax Seuil toxique Concentration mg/l Zone thérapeutique Cmoy Cmin Seuil efficace X τ = intervalle entre deux injections D D D D D D D D D D Heures 18
Cas clinique 3 : perfusion continue Vous devez administrer de la vancomycine (antibiotique glycopeptide) à un patient en perfusion continue, à la seringue électrique.Les caractéristiques pharmacocinétiques de ce produit sont les suivantes : 1/2 vie 6 heures et clairance plasmatique totale 62 ml/min. La zone thérapeutique de ce produit est de 10 µg/ml à 35 µg/ml. 1- définir la notion de zone thérapeutique 2- Proposez un schéma thérapeutique : dose de charge, vitesse de perfusion 19
Notion de zone thérapeutique • Notion statistique – La plupart des patients répondent et ne présentent pas d’effet toxique pour ces concentrations – Mais • certains patients pouvant répondre pour des concentrations plus faibles • Certains patients peuvent faire des effets indésirables pour des concentrations dans la zone thérapeutique correctement traités Nb Sujets Concentration Fourchette thérapeutique 20
• Varie selon la pathologie … – Seuil d’efficacité différents selon la pathologie • ex. psychiatrie : antidépresseurs, neuroleptiques • Ex: immunosuppresseurs(IS) : selon type de greffe, temps après la greffe, IS associés – diminution des concentrations cibles avec le temps – Rein :concentrations plus faibles que pour coeur car nephrotoxique (ex. ciclo) – Si plusieurs IS: conc cible de chacun plus faible (permet de diminuer la toxicité de ces molécules)que si utilisé en monothérapie 21
Perfusion continue Quantité dans le sang Ve = Vp Css 5 x T1/2 temps Le niveau de Css est déterminé par la vitesse de perfusion 22
Le niveau de Css est déterminé par la vitesse de perfusion V Css = p Cl • Vitesse de perfusion (Vp) pour Css de 25 µg/ml 62 x 25 = 1550 µg/min 23
Perfusion continue et modification de la vitesse Quantité dans le sang Vp Vp/2 5 x T1/2 5 x T1/2 temps 24
Dose de charge + Perfusion continue D =Vd.Css Quantité dans le sang Css Sang Perfusion temps Extravasculaire 25
• Clairance Cl : Cl= KeVd Ke= ln2/T1/2 = 0,116 h-1 Cl=3,720 l/h Vd= 32 l Dose charge = Vd x Css = 32 000x 25 µg/ml = 800 mg 26
Cas clinique 4 : relai IV Per OS Un antibiotique a une demi-vie d’élimination de 8 heures et sa biodisponibilité par voie orale est de 40 %. Ses métabolites sont inactifs. Vous avez prescrit un traitement par voie IV à raison de 100 mg toutes les 8 h. Au bout de 3 jours le traitement étant efficace, vous décidez de passer par voie orale; pour cela vous disposez de comprimés dosés à 250 mg. Proposez un schéma posologique (dose, rythme d’administration) pour obtenir un traitement équivalent. 27
F= 40 % Par voie orale, après administration de 100 mg seulement 40 mg se retrouvent dans la circulation générale. Pour avoir 100 mg il faut administrer 250 mg Par voie orale, la demi-vie n’est pas modifiée 250 mg toutes les 8h 28
Cas clinique 5 : immunosuppresseur Mme C. , 41 ans vient vous voir pour une visite de contrôle. Suite à une greffe de rein il y a un mois , elle prend un traitement immunosuppresseur avec de la ciclosporine. Après un mois de traitement vous notez une augmentation de la créatininémie de 150 µM/l à 250 µM/l. 1- Quelles peuvent en être les raisons. Comment le prouver ? 2- Comment procédez-vous 29
- IR, ou surdosage -Dosage de la ciclosporine 30
Ex. STP ciclosporine • Immunosuppresseur • Premières études montraient une relation C min - efficacité – STP par C0 • Ciclo adm. en 2 prise/j • Prélèvement 12 heures après la dernière prise (avant la prise du matin) – Zone thérapeutique, selon • type greffe et le temps après la greffe 31
Pic T+2h +/-15 min • Variabilité inter-individuelle de l’absorption de la ciclosporine mieux objectivée par la Cmax que la Cmin Cmin T+12h • Nouvelles études montrent C max mieux corrélé à l’efficacité – STP par C 2 – Prélèvement 2 h +/- 15 min • Attention à être précis dans l’heure de prélèvement • Grandes variations des concentrations vers le Tmax : erreurs d’interprétations des résultats – Zone thérapeutique selon • Type de greffe et temps après la greffe 32
Modalités pratique du STP Index d’exposition le plus pertinent • AUC : aire sous la courbe – exposition totale au médicament – Impossible à réaliser en pratique : trop de prélèvements • Cmin • Cmax • AUC estimée 33
Cas général A l’équilibre, Selon index d’exposition du médicament Selon l’indication, l’information recherchée : • Efficacité – Med relation effet - Cmin démontrée – – Vérification objectif atteint Recherche cause d’un échec de traitement C min = vallée – Med asso : interaction… (= résiduelle) • observance 34
• Toxicité • Efficacité – Med relation effet - Cmax démontrée C max = pic – Ex. Aminosides • Pb absorption : C min et C max – Med avec mauvaise biodisponibilité – Ex . itraconazole 35
Comment ? • Type d’échantillon – Sérum, plasma (tube rouge sec voire hépariné) – Sang total (tube EDTA, violet) : • médicament fortement fixés sur GR (ciclosporine, tacrolimus) • Attention : administration IV ou perfusion – Prélever côté opposé à l’administration – Sinon conc. >>>> aux normes !! 36
Informations devant accompagner le prélèvement Attention au prélèvement : Erreurs interprétation Erreurs fréquentes des résultats : • Avant l’état d’équilibre - Augmentation • Cmax prélevée trop tard posologie non • Fausse Cmin nécessaire : risque de • Prélèvement côté perfusion surdosage • Mauvais échantillon (sang total) - Diminution de • AUC (erreurs dans les temps de prélèvements posologie non : trop tard ou trop tôt) nécessaire : risque d’inefficacité 37
Informations nécessaires à l’interprétation correcte des résultats : permet de vérifier que le prélèvement a été réalisé correctement (pic, état d’équilibre, interactions …) prescripteur patient Date et heure de prélèvement Médicament(atte exacts ntion à forme : LP, gastroR…), posologie, date Date et heure de début de de prise exacts traitement, traitements associés, pathologies 38
Ex. STP mycophénolate • C min (Co : avant la prise) • Réalisé en pratique MAIS • peut d’intérêt pas de véritable corrélation avec l’efficacité selon les études • Cible : 1-3,5 µg/ml • AUC estimée: – Corrélation avec diminution du rejet de greffe bien démontré – Différents modèles (Régression linéaire, Méthode bayésienne) 39
• Modalités prélèvement pour AUC: – 3 prélèvements, temps selon la méthode d’estimation • Régression linéaire : T0, 30, 120 (attention à prélever exactement à T30 et T120) • Méthode bayésienne : T 20, T 60, T 180 (attention à noter les horaires exacts de prélèvement) – AUC cible : 45 mg/lxh (30 à 60 mg/lxh ) – Modèle validé que pour le MPA sous forme mycophénolate mofetil CELLCEPT et non mycophénolate sodique MYFORTIC : • MYFORTIC : cp gasrtorésistant, PK différente • importance de bien spécifier le nom de spécialité ou dci – AUC réalisées en général à J7, J15 et M2 (à l’arrêt des corticoides : augmentation de l’AUC du MPA) 40
– Co = 1,6 µg/ml Dans la fourchette – C30 = 2,6 µg/ml – C120 = 1,9 µg/ml • AUC = – 11,34+3,1xC0+1,02xC30+1,909xC2 = 25,21 µg/ml.h – AUC cible = 30 -60 h.mg/l < à la fourchette • Posologie estimée pour une AUC de 50 h.mg/l : – 2 g/j 41
Cas clinique 6 : aminosides Julien M., 55 ans, 80 kg, souffre d’une endocardite. Vous décidez de le traiter par amikacine Amiklin® 400 mg toutes les 8 heures soit une posologie de 15mg/kg/j par voie IV. Dans le Vidal vous apprenez que ce médicament est un aminoside qui a une toxicité temps-dépendante et une activité concentration- dépendante. L’amikacine a une demi-vie de 8h. 1- La clairance de la créatinine de votre patient est diminuée. Quels seront les conséquences sur les concentrations plasmatiques à l’équilibre et sur le temps d’obtention de l’équilibre plasmatique? 2- Pour adapter la posologie à votre patient vous décidez de réaliser des dosages plasmatiques ? Comment procédez-vous ? 3- La demi-vie chez votre patient est de 12h. Quel schéma posologique proposez- vous ? 42
Influence de la demi vie Concentrations plasmatiques T1/2=17h T1/2= 8h J1 J2 J3 J4 J5 J6 Jours Le délai pour atteindre le plateau et le niveau du plateau augmente avec la demi-vie 43
STP aminosides (cas particulier) • Généralités – Ex. amikacine – toxicité temps dépendante (néphrotoxicté) – efficacité concentration dépendante • Index d’exposition : – C min < seuil de toxicité – Cmax > seuil d’efficacité • Prélèvement : – Avant atteinte de l’équilibre pour prévenir tout risque de toxicité – C min : avant l’administration suivante – C max : 30 min après la fin de l’injection IV (modèle à 2 compartiments, attendre la phase de distribution) – administration en une prise par jour et non fractionnée – STP moins d’intérêt – D’autant que durées de ttt : 3-5 j maxi 44
Influence de la dose Influence du rythme d’administration Concentrations plasmatiques 3 mg une fois/jour D= 2mg 1 mg matin midi soir Concentration mg/l T1/2=17h D=1 mg Heures Jours D D D D D D D D D D J1 J2 J3 J4 J5 J6 La diminution de la dose diminue : la concentration moyenne, La diminution de fréquence augmente Cmax et diminue Cmin, ne modifie pas Cmoy l’amplitude de variation des concentrations Attention si marge thérapeutique étroite mais pas le temps pour atteindre le plateau 3- 400 mg toutes les 12 h 45
Cas clinique 7 : administration discontinue Un patient est soumis à un traitement chronique par administrations intraveineuses réitérées d’un médicament. La demi-vie de ce médicament est de 6 h et son volume de distribution est de 55 l. 1- Déterminer le schéma posologique (dose d’entretien et rythme d’administration) permettant d’obtenir une concentration plasmatique à l’équilibre de 20 mg/l, correspondant à la concentration efficace. 2_ Au bout de combien de temps les concentrations efficaces seront atteintes ? 3- Calculer la dose de charge nécessaire pour obtenir d’emblée la concentration d’équilibre recherchée 46
A l’équilibre : entrées=sorties FxD/ T = Cl x Css IV: F= 1 1/2 vie = 6h : T (intervalle prise) = 6 h Cl = Ke x Vd Ke = Ln2/t1/2 = 0,11 h-1 Cl = 55 x 0,11 = 6,05 l/h D = T x Cl x Css = 6 x 6,05 x 20 = 726 mg 700 mg toutes les 6 heures 47
- Réponse 2 : 5 1/2 vie = 30 h - Réponse 3 : D = Vx Css / F IV : F = 1 D = 55 x 20 = 1, 1 g 48
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