Enjeux sociopolitiques d'une " catégorie problématique " : Les " théories du complot " - Julien Giry
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Enjeux sociopolitiques d'une « catégorie problématique » : Les « théories du complot » Discours, (dis)qualifications, usages Sociopolitical Issues of a “Problematic Category”: “Conspiracy Theories” Discourses, (Dis)Qualification, Uses Conférence internationale / International Conference Julien GIRY (IDPSP/Rennes1) et Emmanuel KREIS (GSLR/EPHE) conferencetheoriesducomplot@gmail.com Argument scientifique / Call for Paper : Français : Renvoyées jusque dans les années 2000 à une marotte des « droites extrêmes » ou aux souvenirs de l’Affaire Dreyfus (1894-1906) et de l’État Français (1940-1944), les « théories du complot », en dépit de quelques travaux pionniers (Poliakov 1980, Girardet 1986, Politica Hermetica 1992), ont longtemps constitué un angle mort pour les sciences sociales francophones alors que l’étude des « conspiracy theories » s’était largement développée dans le monde académique anglo-saxon depuis la fin de la seconde Guerre Mondiale (Popper 1945 ; Hofstadter 1955, 1965 ; Davis 1971 ; Thurlow 1978). Cependant, depuis les années 2000 et l’intérêt suscité par les attentats du 11 septembre 2001, cette thématique a su s’imposer et donner naissance à une production pluridisciplinaire d’ampleur, aux approches diverses (Boltanski 2012 ; Bronner 2009 ; Campion-Vincent 2005 ; Damblon et Nicolas 2010 ; Giry 2015, 2017 ; Jamin 2009 ; Kreis 2009, 2015 ; Taguieff 2005, 2013 ; Taïeb 2010, etc. dans le monde francophone, Barkun 2003 ; Bratich 2008 ; Fenster 1999 ; Goldberg 2001 ; Knight 2000 ; Olmsted 2009 ; Parish et Parker 2001 ; Uscinski et Parent 2014 ; Uscinski 2018 ; Van Prooijen 2018, etc. dans le monde anglo-saxon) et la qualification, l’étiquette, voire le mot-valise, de « théories du complot » a, dans le même temps, été l’objet d’un processus de « naturalisation » à la fois académique, médiatique et politique. En effet, tout se passe comme si cette « formule » (Krieg-Planque 2009), malgré ses « effets vagues », faisait immédiatement sens au point qu’il serait inutile et vain d’en interroger les significations, les présupposés, les conditions sociales d’émergence et de production, les usages et les effets qu’elle profit/induit sur les acteurs sociaux ; sauf à être suspecté de complaisance vis-à-vis des « conspirationnistes ».
Plusieurs études scientifiques, productions journalistiques et discours politiques qui, dans certains cas, sont marqués par une approche passionnelle ou militante, pas toujours exempte de présupposés idéologiques, tendent ainsi à regrouper sous la dénomination unique de « théories du complot » des croyances, des représentations, des pratiques ou des discours critiques, marginaux ou radicaux qui, même s’ils peuvent présenter des liens, méritent indiscutablement d’être distingués et interrogés pour ce qu’ils sont. Aussi, la conspiration comme système idéologique et représentation symbolique, la peur provoquée par des complots fictifs, imaginaires ou impossibles à démontrer, au même titre que l’hypothèse de l’existence de complots derrière divers événements historiques, les dénonciations de certains groupes d’influence ou think-tanks, les expressions de diverses croyances alternatives, les rumeurs, les fausses informations, les « extrémismes » politiques et religieux voire certaines approches en sciences humaines et sociales, forment un ensemble hétéroclite dans bien des cas convoqué sans distinction lorsqu’il s’agit d’évoquer les « théories du complot ». Un exemple emblématique de cet usage « fourre-tout » de la catégorie « théorie(s) du complot » nous est fourni par un sondage, dont la méthodologie fut vivement critiquée, qui plaçait sur le même plan les « explications alternatives » de l'assassinat de Kennedy, l'adhésion à des préjugés racistes, la croyance en une Terre plate ou encore la consultation régulière de l'horoscope (IFOP 2018). Aussi, plus que les « théories du complot » en tant que telles, ce colloque entend interroger dans une perspective critique, d'une part, les discours et les usages de cette labellisation infamante et (dis)qualifiante mis en œuvre par des chercheurs issus de différentes disciplines des sciences humaines et sociales (Bratich 2008 ; Kreis 2015 ; Giry 2017 ; Dentith 2018) et, d'autre part, les interactions entre ces approches académiques divergentes et les champs médiatique et politique au travers du développement d'un militantisme « anti- complotiste » dont il s'agira de comprendre les conditions sociales d'émergence et les formes de mobilisation(s). Pour ce faire, deux axes de réflexions, largement interpénétrés, seront envisagés à titre prioritaire. Les enjeux épistémologiques et de cadrage de la formule « théorie(s) du complot » Dans ce premier axe, les aspects relatifs à l’historicité ou à l’épistémologie des « théories du complot » seront abordés. Il s'agit d'étudier la manière dont ce vocabulaire, cette catégorie analytique relativement « lâche », tout autant que cet objet de recherche s'est progressivement imposé dans les sciences sociales et les champs médiatique et politique. Que désignent les « théories du complot » dans le monde académique ? Comment comprendre leur apparition en tant qu'objet de recherche ? Quelle place pour les trajectoires et les histoires individuelles des chercheurs ? Quel est le poids des interactions ou incitations extérieures qui poussent les chercheurs à s’intéresser à cet objet, ce terrain ? Quels sont les enjeux de cadrage relatifs aux différentes expressions utilisées par les chercheurs : « théorie(s) du complot », « complotisme », « conspirationnisme », « style paranoïaque/paranoïde », « théorie conspirationniste de
la société », « panique(s) complotiste(s) », « hypothèse du complot », « idéation complotiste », etc. ? Que nous indique cette compétition terminologique sur la nature et la complexité de l'objet « théorie(s) du complot » qui, comme la notion de « populisme » qui lui est souvent associée, semble souffrir du « complexe » d'une « introuvable de Cendrillon » (Berlin 1965). Parallèlement, comment expliquer et comprendre qu'un champ d'étude relativement neuf et disputé dans le monde académique ait pu, fort rapidement qui plus est, faire l'objet d'un processus de « naturalisation » et de « normalisation », pour ne pas dire même de banalisation voire d'emballement, dans les champs politique (militant) et médiatique ? On pense, par exemple ici, à la quasi-injonction donnée en 2015 aux enseignants du Secondaire par l’ancienne ministre de l’Éducation Nationale, madame Vallaud-Belkacem, de lutter contre la prolifération, affirmée mais jamais démontrée, des « théories du complot » parmi les « jeunes ». Aussi, on s’interrogera, du point de vue de l'histoire sociale des idées, sur l’épistémologie ou historicité de « l'anticomplotisme », et on se demandera dans quelle mesure celui-ci est comparable ou non, dans ses formes d'émergence et de production sociale, avec d'autres thématiques telles que la lutte contre le négationnisme par exemple. Les enjeux programmatiques et militants des différentes approches et usages du label « théorie(s) du complot » Hormis dans des dynamiques de retournement du stigmate, le phénomène complotiste ne se reconnaît pas comme tel et aucun « théoricien » ou « adepte du complot » ne se défini comme « complotiste ». S’agissant d’une catégorie hétéro- déterminée ou d’une labellisation exogène, il convient de s'interroger sur les enjeux programmatiques et/ou de (dis)qualification soulevés par cette étiquette pour les chercheurs, les journalistes, les pouvoirs publics ou les militants « anti- conspirationnistes ». Dans le champ académique, les travaux qui s’inscrivent dans la lignée de la sociologie critique/déterministe ou d'une approche critique du modèle économique néo-libéral dominant ont pu être accusés de participer d'une légitimation académique et jargonnante des « théories du complot » (Heinich 2009 ; Taguieff 2013 ; Bronner et Géhin 2017). Ces accusations, qu'elles proviennent de travaux optant pour une approche en termes de « style paranoïaque » ou de « sociologie cognitive », ont en commun de postuler des affinités entre le holisme, la critique sociale et le « complotisme » dont l’individualisme méthodologique et le libéralisme seraient exempts. De ce point de vue, il conviendra de déconstruire ces approches et leurs usages académiques, c'est-à-dire d'éclairer leurs soubassements idéologiques, leurs contradictions, leurs apories structurelles ainsi que leurs biais constitutifs. En d’autres termes, s'il n'est pas question de nier l’existence d'un « conspirationnisme » de gauche, il ne saurait également être question de postuler de manière irréfragable l'herméticité du libéralisme aux « théories du complot ». Et ce, d'autant plus que, par exemple, les théories climatosceptiques (Oreskes 2010) ou la dénégation des effets nocifs du tabac sur la santé sont bel et bien fondées sur les principes néo-libéraux et sont largement
propagées par des institutions (think-tanks, grandes entreprises, médias, personnalités politiques, etc.) favorables à la plus grande dérégulation économique. Toujours dans le champ académique, on étudiera également la manière dont les partisans des approches critiques et déterministes répondent, sur le terrain académique ou non, à leurs opposants qui bénéficient d’une large surface médiatique à telle enseigne que le public pourrait croire que leurs analysent bénéficient d’un large consensus. Dans les champs politique, y compris militant, et médiatique, deux conceptions du label « théorie(s) du complot » prolongent avec plus de vigueur encore les débats qui secouent le monde universitaire. A priori radicalement opposées, elles n'en constituent paradoxalement pas moins les deux facettes d'une même médaille. D'une part, comment déconstruire une approche « extensive » des « théories du complot », souvent l'œuvre des pouvoirs publics et de militants « anticonspirationnistes » (blogueurs, journalistes, associations, etc.), qui voit (quasi)immédiatement dans chaque expression de croyances ou pratiques sociales critiques, marginales, voire même incongrues, une forme plus ou moins aiguë de complotisme synonyme de « radicalisme » politique ou religieux à même de constituer un danger pour les régimes démocratiques ? D'autre part, les approches « négatrices », différentes par leurs natures mais souvent issues de la gauche anticapitaliste ou d’acteurs situés aux confins des droites nationales, radicales et identitaires, considèrent généralement l'étiquette « complotiste » comme une arme, entre les mains des dominants (à gauche) ou des « élites du système » (à la droite de la droite), destinée à disqualifier à dessein toute critique radicale du néo-libéralisme et des régimes représentatifs. Que nous disent ces approches « extensives » et « négatrices » de l'état de nos sociétés et de nos régimes politiques ? Comment s'ancrent-elles dans l'imaginaire politique et symbolique de différentes fractions de la population ? Quelles interactions entre les champs académique, médiatique et militant ? Enfin, dans une perspective plus sociologique, on étudiera les formes concrètes et contemporaines du militantisme et des mobilisations « anticomplotistes ». Qui sont les militants ? Quelles sont leurs trajectoires ou carrières ? Quelles sont leurs origines et leurs caractéristiques sociales et politiques ? Présentent-ils des points communs sociaux ou biographiques ? Quelles gratifications ou rétributions (symboliques) tirent- ils de leur engament ? Quels coûts supportent-ils ? Quelles formes concrètes d’engagements retrouve-t-on au sein du militantisme « anticomplotiste » ? S’agit-il de formes chronophages et/ou exigeantes d’engagements sacerdotaux ou vocationnels, d’engagements plus distanciés, individualisés ou « post-it », de cyber-mobilisations, ou bien d’une cohabitation/juxtaposition de ces différentes formes ? Quels sont les répertoires d'action, y compris télématiques, mobilisés ? Comment ceux-ci sont-ils contraints ou déterminés par les ressources individuelles et collectives à disposition des militants, leurs apprentissages sociaux, leurs conceptions idéologiques et leur insertion au sein de réseaux de sociabilité ? Se structure-t-il enfin des logiques individuelles et collectives d’alliance, de domination et/ou de rivalité ?
Au final, le champ du colloque s'adresse sans distinction aux différentes disciplines des sciences humaines et sociales. Des contributions théoriques, historiques ou historiographiques, tout autant que des propositions davantage basées sur des données empiriques, des études de cas ou des approches comparatistes, seront appréciées. Des présentations envisageant d'autres aspects que ceux explicitement visés par l'appel à communication pourront également être retenues à condition d'entrer dans le cadre général de la conférence. English: Perceived since the 2000's as a Far Right mantra or memories of the Dreyfus Affair (1894-1906) and Vichy (1940-1944), the issue of “conspiracy theories”, despite some pioneering studies (Poliakov 1980; Girardet 1986; Politica Hermetica 1992), was understudied in the French speaking academic world while they constitute since the World War II a genuine field of research for the English speaking social sciences (Popper 1945; Hofstadter 1955, 1965; Davis 1971; Thurlow 1978). Nonetheless, in the 2000's, the publicity given to the 9-11 “conspiracy theories” caught the attention of a larger scholar community and initiate a dynamic interdisciplinary production with different approaches (Boltanski 2012; Bronner 2009; Campion-Vincent 2005; Damblon et Nicolas 2010; Giry 2015, 2017; Jamin 2009; Kreis 2009, 2015; Taguieff 2005, 2013; Taïeb 2010, etc. in the French speaking world / Barkun 2003; Bratich 2008; Fenster 1999; Goldberg 2001; Knight 2000; Olmsted 2009; Parish et Parker 2001; Uscinski et Parent 2014; Uscinski 2018; Van Prooijen 2018, etc. in the English speaking world). Since then, the label or the portmanteau “conspiracy theories” has underwent a process of naturalization in the scholar community, the media and politics. Indeed, it happens as if this category, and its “vague effects”, makes immediately sense that it is not necessary to question its meanings, presuppositions, biases, social conditions of emergence and production as much as its uses and effects on social actors. In this respect, many scientific or journalistic analyses and political discourses arose in the public sphere. Most of them are characterized by passionate or militant approaches with ideological biases that tend to amalgam under the sole category of “conspiracy theories” several kinds of radical, fringe or critical beliefs, representations, practices, behaviours, and discourses that, even though they can be sometimes linked, are undoubtedly to be distinguished and questioned apart. Hence, conspiracy as an ideological system and symbolic representation, the fear of bogus, imaginary or unproven plots, the hypothesis of secret plans behind historical events, the denunciation of certain pressure groups or think-tanks, the expression of alternative and/or fringe beliefs, rumours, fake news, political or religious extremisms and some critical/determinist approaches in social science, etc., all of them sometimes appear as a heterogeneous collection gathered under the “conspiracy theories” catch-all label. An example was given by a highly criticized survey which equally considered as “conspiracy theories” some “alternative explanations” on JFK's assassination, the endorsement of racist views, flat Earth beliefs or horoscope readings (IFOP 2018).
So say, more than “conspiracy theories” per se, this conference rather intend to first question through a critical perspective (Bratich 2008; Kreis 2015; Giry 2017; Dentith 2018) the competing academic discourses and uses produced by the different social sciences disciples of this infamous and (dis)qualification label. Secondly, we aim to investigate the interactions between those diverging academic approaches and the media and political fields through the development of an “anti-conspiracist” militancy that we will try to understand its social conditions of appearance and forms of mobilization. For this purpose, two main axes of reflexion, widely entwined, are favoured: The Epistemological and Framing Issues of the “Conspiracy Theory(ies)” Label: This first line of thinking tackles the historicity and epistemology of “conspiracy theories”. We will investigate how this formula progressively established itself as a loose category as much as a research object for social sciences and a fashion issue in the political field and the media. What do “conspiracy theories” mean in the academic world? How do they arise as a research object? What about researchers personal trajectories/careers and particular backgrounds? What is the weight of external interactions and incitements that led researchers to tackle the topic of “conspiracy theories”? What about the definition/guidance/framing issues of the different words or expressions used by scholars: “conspiracy theories”, “conspiratorialism”, “conspiracism”, “paranoid style”, “conspiracy hypothesis”, “conspiracist ideation”, etc.? What does this terminological competition tell us about the nature and complexity of the object/field “conspiracy theories” which, as the often associated notion of “populism”, seems to suffer from the “Cinderella syndrome” (Berlin 1965). In addition, how to explain and understand that a relatively new and disputed field of investigation in the academic world has undergone such a quick process on “naturalization” and “normalization”, not to say trivialization or uproar, in the media and the political field. See for instance in 2015 the case of the former French Minister for Education who pressed high school teachers to fight against a purported unprecedented popularity and development of “conspiracy theories” amongst the youth. So say, from a social history of ideas point of view, we will investigate the epistemology and historicity of “anti-conspiracism”. Can we or not compare “anti- conspiracism” in its conditions of emergence and modes of social production with other forms of commitments like, for instance, the struggle against Holocaust denial.
Programmatic and Militant Issues of the Different Approaches and Uses of the “Conspiracy Theory(ies)” Label : Apart from sigma reversal strategies, nobody considers himself as a “conspiracy theorist” or a “conspiracy theory” supporter insofar as it is a hetero- determinate category or an exogenous label. So that, it is necessary to question the programmatic and (dis)qualification issues raised by this label for researchers, journalists, governments officials, and “anti-conspiracist” militants. In the academic world, studies inspired by the critical/determinist sociology or criticizing the neoliberal economic model are sometimes accused to offer “conspiracy theories” a scientific and jargony legitimization (Heinich 2009; Taguieff 2013; Bronner and Géhin 2017). Those accusations, whatever they come from studies that adopt “paranoid style” or “cognitive sociology” perspectives, assume some affinities between holism, social criticism and “conspiracy theories” that, conversely, methodological individualism and liberalism are exempted. On that basis, it will be necessary to deconstruct those approaches and their academic uses. More precisely, we aim to enlighten their ideological background, contradictions, structural aporia and constitutive biases. In other words, if it is no question to deny the reality of a left-wing “conspiracism”, it would either be a mistake to conclusively stress that liberalism is totally hermetic to “conspiracy theories”. See for instance “skeptical” theories about the global warming (Oreskes 2010) or others that deny tobacco dangerousness; both are based on neoliberal and free-market principles and originates from institutions (think-tanks, big companies, media, etc.) which push for further economic deregulation. Still in the academic field, we will also investigate how the partisans of the critical/determinist sociology respond, in and out of the academic field, to their opponents who benefit from an overwhelming media surface that tend to led the public assume that their views reflect an academic consensus. In the political/militant field and the media, two conceptions of the “conspiracy theory” label perpetuate, with even more strength and visibility, academic debates. Apparently opposed at first glance, they paradoxically constitute the two sides of the same coin. On the one hand, we encounter an “extensive” appraisal of “conspiracy theories”, often used by government officials and “anti-conspiracist” militants (bloggers, journalists, associations, etc.), which almost immediately considers every critical, fringe, or even incongruous, belief or social practice as “conspiracy theories” and/or forms of political or religious radicalism that threaten democratic regimes. On the other hand, different “denying” appraisals, usually coming from the anti-capitalist Left and the Far Right, consider the “conspiracy theory” label as a weapon of disqualification in the hand of the dominants (Left) or the “system elites” (Far Right) to delegitimize on purpose every criticism addressed toward neoliberalism and representative regimes. How to deconstruct those “extensive” and “denying” approaches of “conspiracy theories”? What do they tell us about the structural distrust in public institutions and established social structures? How do they fit with political
and symbolic imaginaries of different parts of the society? What interactions between academic, media and militant fields? Finally, from a sociological perspective, we will study the contemporary “anti- conspiracist” mobilizations and forms of militancy. Who are the militants? Where do they come from sociologically and politically speaking? What about their political and sociological characteristics? Do they share any similar social properties or biographic features? What (symbolic) gratifications or retributions do they earn from their activism/commitment? What costs? What about the forms of militant commitment? Are we facing time-consuming or demanding forms of sacerdotal and vocational militancy, lighter, individualized, or a la carte forms of commitments, cyber- mobilizations, or something that mixes or juxtaposes some different modes? What are the collective action frames and repertoires, included digital ones, mobilized? How are they tight or determinate by militants' individual and collective resources, social learnings, ideological conceptions and integration in sociability networks? Finally, do any individual or collective dynamics of alliance, domination or rivalry appear? In sum, the scope of the conference is open to scholars from all the social sciences disciplines. Theoretical, historical or historiographical contributions as well as case studies empirical and comparative analyses are warmly welcomed. Presentations that tackle other issues than those mentions in the call for paper may also be accepted if they fit with the conference general purpose. Bibliographie indicative / Indicative Bibliography: BARKUN, M. (2003), A Culture of Conspiracy: Apocalyptic Vision in Contemporary America, Berkeley: University of California Press. BOLTANSKI, L. (2012), Énigmes et complots. Une enquête à propos d'enquêtes, Paris : Gallimard. BERLIN I. (1965), « J. G. Herder », Encounter, n°25, vol.1-2, p. 42-51. BRATICH, Z. (2008), Conspiracy Panics: Political Rationality and Popular Culture, New York: State University of New York Press. BRONNER, G. (2009), La Pensée extrême. Comment des hommes ordinaires deviennent des fanatiques, Paris : Denöel. BRONNER G. et GEHIN E. (2017), Le Danger sociologique, Paris : PUF. CAMPION-VINCENT, V. (2007), La société parano. Théories du complot, menaces et incertitudes, Paris : Petite Bibliothèque Payot. COLLECTIF. (1992), « Le Complot », Politica Hermetica, n°6. DAMBLON, E. et NICOLAS, L. (dir.) (2010), Les rhétoriques de la conspiration, Paris : CNRS éditions.
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Adresse / Location : Maison des Sciences de l’Homme 54 Boulevard Raspail 75006 PARIS Salle/Room : 01 Métro : Sèvre-Babylone, lignes/lines 10 & 12 Contact : Pour toute question / For any query : conferencetheoriesducomplot@gmail.com
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