Enquête VOTO relative à la votation populaire fédérale du 4 mars 2018 - Anke Tresch, Lukas Lauener et Laura Scaperrotta en collaboration avec ...
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Enquête VOTO relative à la votation populaire fédérale du 4 mars 2018 Anke Tresch, Lukas Lauener et Laura Scaperrotta en collaboration avec Thomas Milic et Georg Lutz Lausanne, Aarau et Lucerne ; avril 2018
Les enquêtes VOTO examinent le comportement aux urnes lors de votations fédérales. Elles sont financées par la Chancellerie fédérale suisse. La collecte des données et leur analyse relèvent d’un projet communautaire mené par le centre de recherche FORS à Lausanne, le Centre d’études sur la démocratie Aarau (ZDA) et l’institut LINK à Lucerne. La transparence est un élément central dans les enquêtes scientifiques. C’est pourquoi les rapports VOTO sont mis à disposition en allemand, français et italien sur le site : www.voto.swiss. Le questionnaire ainsi que les données brutes sont également en libre accès, à des fins scientifiques, sur le portail d’archives de FORS forsbase.unil.ch. Direction du projet VOTO Prof. Dr Georg Lutz, directeur de FORS (georg.lutz@fors.unil.ch) Prof. Dr Daniel Kübler, membre de la direction du ZDA (daniel.kuebler@zda.uzh.ch) Prof. Dr Anke Tresch, FORS (ankedaniela.tresch@fors.unil.ch) Dr Thomas Milic, ZDA (thomas.milic@zda.uzh.ch) PD Dr Oliver Lipps, FORS (oliver.lipps@fors.unil.ch) Laura Scaperrotta, FORS (laura.scaperrotta@fors.unil.ch) Lukas Lauener, FORS (lukas.lauener@fors.unil.ch) Urs Aellig, LINK (urs.aellig@link.ch) Matthias Winzer, LINK (matthias.winzer@link.ch) Mirjam Hausherr, LINK (mirjam.hausherr@link.ch) Auteurs de la présente enquête Anke Tresch, Lukas Lauener et Laura Scaperrotta, FORS en collaboration avec Thomas Milic, ZDA et Georg Lutz, FORS Contact VOTO, c/o FORS, Géopolis, 1015 Lausanne Tél. 021 692 37 30 www.voto.swiss info@voto.swiss Traduction Léo Benmenni (français), Francesco Papini (italien) Citation du présent rapport Anke Tresch, Lukas Lauener et Laura Scaperrotta (2018). Enquête VOTO relative à la votation populaire fédérale du 4 mars 2018. FORS, ZDA, LINK : Lausanne/Aarau/Lucerne. Photo de couverture © Simon Zenger/Shutterstock.com 2
Table des matières 1. Les principaux résultats ............................................................................................................................ 4 2. La participation......................................................................................................................................... 7 3. La formation de l’opinion ....................................................................................................................... 12 L’importance des objets .................................................................................................................................... 12 Les difficultés de compréhension et le moment de la décision ......................................................................... 13 L’information ..................................................................................................................................................... 15 La recherche d’information ............................................................................................................................... 16 4. L’arrêté fédéral sur le nouveau régime financier (NRF) 2021 .................................................................. 17 Le contexte ........................................................................................................................................................ 17 La décision de vote en fonction de critères sociaux et politiques ...................................................................... 17 Les motivations ................................................................................................................................................. 19 L’impact des arguments de vote ....................................................................................................................... 21 5. L’initiative populaire « Oui à la suppression des redevances radio et télévision (suppression des redevances Billag) » ....................................................................................................................................... 23 Le contexte ........................................................................................................................................................ 23 La décision de vote en fonction de critères sociaux et politiques ...................................................................... 24 Les motivations ................................................................................................................................................. 28 L’impact des arguments de vote ....................................................................................................................... 31 Annexe ........................................................................................................................................................... 34 La collecte des données ..................................................................................................................................... 34 La structure de l’échantillon .............................................................................................................................. 35 La pondération .................................................................................................................................................. 35 L’inférence ......................................................................................................................................................... 35 Les tableaux ...................................................................................................................................................... 36 3
1. Les principaux résultats Non à No Billag par peur d’arrêt de transmission 60 pour cent des votantes et votants n’ont pas cru au maintien de la SSR sans redevances Billag. La conservation d’un service public fort dans toutes les régions du pays et, plus particulièrement, celui de la SSR sont les principales raisons du net échec de l’initiative No Billag. À une faible majorité, seuls les sympathisants de l’UDC se sont prononcés en faveur de l’initiative. Malgré ce net rejet de l’initiative, 58 pour cent des votantes et votants souhaitent tout de même voir la SSR se réformer ainsi que son offre diminuée. C’est ce que révèle l’analyse des résultats de l’enquête VOTO relative à la votation fédérale du 4 mars 2018, menée auprès de 1'531 votantes et votants. L’enquête financée par la Chancellerie fédérale a été réalisée conjointement par l’institut de recherche FORS, le Centre d’études sur la démocratie Aarau ZDA, et l’institut de sondage LINK. Les partisans et adhérents des Verts, du PS, du pvl, ainsi que du PDC ont clairement voté « non » à l’initiative No Billag, rejetant ainsi l’initiative populaire à un taux élevé oscillant entre 84 et 90 pour cent. Conformément au mot d’ordre du parti, les sympathisants de l’UDC ont, eux, soutenu l’initiative à une courte majorité (majorité obtenue à un taux de 54%). Une partie importante des adhérents de l’UDC s’est donc écartée de la ligne du parti. Les personnes se positionnant à l’extrême gauche ont unanimement rejeté la suppression de la redevance radio et télévision à un taux important de 94 pour cent. L’objet a recueilli plus de votes favorables parmi les personnes se situant au centre et au centre- droit de l’échiquier politique, mais sans obtenir de majorité (resp. 70% et 65% de « non »). Seuls les avis des votants se positionnant à l’extrême droite ont été profondément divisés (« oui » à 49%). Souvent citée, la « génération Netflix » est celle ayant le plus massivement rejeté l’initiative populaire. Parmi toutes les catégories d’âge, le pourcentage de vote en faveur de l’objet a été le plus bas pour le groupe des 18-29 ans, soit à hauteur de 20 pour cent. Le groupe 40-49 ans a été celui soutenant le plus souvent l’initiative No Billag (40% de « oui »). L’analyse montre également que la SSR bénéficie d’une confiance importante dans toutes les régions du pays : 73 pour cent des votantes et votants ont indiqué accorder une « haute confiance » voire une « très haute confiance » à la SSR. De plus, 70 pour cent des enquêtés ont indiqué consommer quotidiennement les programmes radiophoniques ou télévisuels de la SSR. La qualité des programmes de la SSR a aussi été évaluée par 69 pour cent des sondés comme étant « bonne » voire « très bonne ». Le souhait de maintenir un service public fort, ceci dans toutes les régions du pays, ainsi que l’appréciation globale positive de la SSR et de ses prestations ont composé les motivations principales du rejet de l’initiative populaire. 43 pour cent des personnes ayant exprimé un vote négatif ont donné un motif en rapport avec le service public comme raison principale de leur décision. À 26 pour cent, soit la deuxième raison la plus citée, la SSR directement ou la qualité de ses programmes ont été indiquées comme raisons principales du rejet de l’initiative. Pour 36 pour cent des personnes ayant exprimé un vote favorable à l’initiative, le montant de la redevance Billag a été cité comme raison déterminante de leur décision. Un quart a également critiqué la SSR et ses programmes comme raison de leur approbation à l’initiative. En revanche, les arguments libertaires, comme par exemple la possibilité de décider quels produits médiatiques consommer ou encore l’exemption d’une taxe obligatoire, n’ont été cités qu’à 17 pour cent comme raisons principales par les personnes ayant soutenu l’initiative. 4
Les opposants à l’initiative ont réussi à faire passer le message qu’en cas de « oui », la SSR arrêterait toute diffusion de programme. En effet, l’analyse montre que 60 pour cent des votantes et votants ont indiqué ne pas croire au maintien de la SSR sans redevances Billag. Malgré le net rejet de l’initiative No Billag, une majorité de 58 pour cents des enquêtés a indiqué que la SSR est pour eux devenue trop grande et que son offre se doit d’être réduite. Étonnamment, l’enquête démontre que plus les votantes et votants sont jeunes, plus l’approbation à cet argument diminue. En effet, parmi les 18-29 ans, une minorité de 42 pour cent a soutenu cet argument alors que chez les seniors deux tiers l’ont soutenu. Les sympathisantes et sympathisants de l’UDC sont les plus critiques envers le NRF 2021 La votation sur le nouveau régime financier 2021 était incontestée. Au sein d’aucun groupe spécifique une majorité s’est exprimée contre l’arrêté fédéral. Toutefois, en regard des affiliations partisanes, les sympathisantes et sympathisants de l’UDC ont été les plus critiques en regard du NRF 2021. Un tiers d’entre eux ont voté « non ». Les votantes et votants ont reconnu en grande majorité la nécessité de maintenir l’impôt fédéral direct et la taxe sur la valeur ajoutée comme sources principales des recettes pour la Confédération. Ceci dans le but de garantir la bonne réalisation de ses tâches. 89 pour cent des sondés ont souligné cet argument. Il est à noter que même parmi les opposants au projet, une majorité de 59 pour cent a reconnu l’importance de ces deux sources de recettes pour la Confédération. L’argument le plus souvent cité contre le NRF 2021 (20%) relevait d’une aversion intrinsèque aux impôts. Les personnes ayant approuvé l’objet se sont principalement exprimées en faveur de la garantie du financement des tâches fédérales ainsi que de l’assurance du maintien du régime financier actuel (resp. 26% et 18% des principaux arguments cités). Avec un taux de 54,8 pour cent, la participation à cette votation fédérale a été particulièrement élevée. Tant bien les jeunes que les personnes âgées se sont déplacés plus qu’habituellement aux urnes. Cet important taux de participation a donc concerné toutes les classes d’âge. Cependant, ce 4 mars dernier, une importante majorité des 18-29 ans (65%) ne s’est pas prononcée. En comparaison à d’autres objets de votation, les votantes et votants ont été dans le cas de cette votation sur l’initiative No Billag particulièrement bien informés. Le taux de connaissance élevé en regard de l’objet a principalement été dû au fait que la question de vote était simple et concrète et que la campagne politique ait été longue et intensive. Objets soumis au vote Lors de la votation du 4 mars 2018, le peuple suisse devait se prononcer sur le nouveau régime financier 2021, ainsi que sur l’initiative populaire « Oui à la suppression des redevances radio et télévision (suppression des redevances Billag) ». L’arrêté fédéral sur le nouveau régime financier 2021 a été approuvé par l’électorat à 84,1% de oui. En revanche, l’initiative populaire sur la suppression des redevances Billag a été rejetée à 71,1% de non. 5
Enquêtes VOTO Les enquêtes VOTO sont un projet commun de l’institut de recherche FORS, du Centre d’études sur la démocratie Aarau ZDA et de l’institut de sondage LINK. Elles sont financées par la Chancellerie fédérale suisse. Depuis l’automne 2016, les enquêtes VOTO remplacent les sondages VOX, toujours sur mandat de la Confédération. Cette enquête a été réalisée par téléphone auprès de 1’531 votantes et votants entre le 6 et le 21 mars 2018. 770 entretiens ont été réalisés en Suisse alémanique, 425 en Suisse romande et 336 en Suisse italienne. Toutes les personnes interrogées ont été sélectionnées de manière aléatoire dans le registre d’échantillonnage de l’Office fédéral de la statistique. L’enquête a duré en moyenne 23,2 minutes. La formulation des questions, les enquêtes ainsi que l’analyse des données relèvent de la responsabilité exclusive de VOTO et reposent sur des critères purement scientifiques. Les sondages présentent une marge d’erreur qui varie en fonction du nombre de personnes interrogées ainsi que de leur répartition. 6
2. La participation Le 4 mars 2018, deux objets ont été soumis au vote du peuple suisse : l’arrêté fédéral concernant le nouveau régime financier NRF (2021) et l’initiative populaire fédérale « Oui à la suppression des redevances radio et télévision (suppression des redevances Billag) » (abrégée ci-après par : « initiative No Billag »). Pour cette dernière, selon les résultats officiels (provisoires), le taux de participation a atteint les 54,8 pour cent. Concernant la votation sur le nouveau régime financier 2021, le taux de participation s’est élevé à 53,6 pour cent, soit à un niveau légèrement inférieur. La participation à cette votation fédérale est alors nettement plus élevée que la moyenne des votations des sept dernières années qui s’élevait à 46,4 pour cent.1 Une des raisons expliquant cette mobilisation supérieure à la moyenne est la campagne intensive qui fut menée pendant plusieurs mois au sujet de l’initiative No Billag, objet ayant alors agit comme moteur principal de mobilisation.2 Comme cela a déjà été le cas lors de précédentes votations, la participation le 4 mars s’est accrue en fonction de l’âge, du niveau de formation ainsi que du revenu (tableau 2-1). Tableau 2-1 : participation en fonction de critères socio-démographiques (en % des votants) Critères Participation au n V de Cramer/erreur scrutin (%) (pondéré) standard Total 55 1’531 Age V = 0,26*** 18 à 29 ans 35 164 +/-7,3 30 à 39 ans 43 133 +/-8,5 40 à 49 ans 46 218 +/-6,6 50 à 59 ans 61 332 +/-5,3 60 à 69 ans 70 316 +/-5,0 70 ans et plus 69 368 +/-4,7 Niveau de formation (diplôme) V = 0,24*** Sans formation post-obligatoire 34 158 +/-7,4 Formation professionnelle initiale/apprentissage 49 650 +/-3,8 Maturité/formation professionnelle supérieure 59 306 +/-5,5 Haute école spécialisée/université/EPF 73 412 +/-4,3 1 Cf. Office fédéral de la statistique, Évolution de la participation aux votations populaires fédérales : https://www.bfs.admin.ch/bfs/fr/home/statistiques/politique/votations/participation.assetdetail.3602769.html. 2 Conformément au moniteur de votation (« Abstimmungsmonitor ») du fög (http://www.foeg.uzh.ch/de/analyse/alleanalysen/Update-Abstimmungen-vom-4.-M%C3%A4rz-2018.html), l’initiative No Billag, en comparaison à d’autres objets de votation (environ 50 objets étudiés), a connu une résonnance médiatique supérieure à la moyenne. La discussion sur cet objet avait alors déjà été entamée plus de quatre mois avant la votation et le sujet « No Billag » s’est constamment placé, de novembre 2017 à février 2018, dans les dix thèmes médiatiques les plus discutés du pays (source : http://www.foeg.uzh.ch/de/analyse/ medienagenda.html). 7
Revenu équivalent V = 0,19*** er 1 quartile (≤ CHF 3’500) 42 336 +/-5,3 e 2 quartile (CHF 3’501-4’910) 56 311 +/-5,5 e 3 quartile (CHF 4’911-6’720) 60 348 +/-5,2 e 4 quartile (> CHF 6’720) 67 284 +/-5,5 Les valeurs indiquées correspondent au nombre non pondéré de personnes interrogées (n) par groupe de critères pour lequel l’intervalle de confiance (niveau de confiance = 95%) a été calculé. Le test du khi-carré de Pearson a été utilisé pour vérifier le caractère significatif du rapport entre deux variables (la plupart du temps) catégorielles. Le symbole *** indique une probabilité d’erreur inférieure à un pour mille (Pr < ,001), ** une probabilité d’erreur inférieure à un pour cent (Pr < ,01) et * une probabilité d’erreur inférieure à cinq pour cent (Pr < ,05). Le V de Cramer, une mesure d’association calculée à partir du khi-carré, permet d’établir le degré d’association entre deux variables (sur la base des valeurs pondérées). Le V de Cramer se situe entre 0 (aucune corrélation) et 1 (corrélation parfaite). Comparé à d’autres récentes votations populaires, il survient que, cette fois-ci, toutes les catégories d’âges ont sensiblement, dans les mêmes proportions, pris plus fortement part au vote.3 Jeunes et personnes âgées ont été, de la même façon, attirés à participer plus intensément que lors de votations précédentes. L’analyse du taux de participation en fonction du niveau de formation et du revenu livre un tableau différent. Parmi les votantes et votants sans formation post-obligatoire ainsi que les votantes et votants à bas revenu (« premier quartile ») aucune augmentation substantielle de la participation n’a été observée. Cependant, parmi les votantes et votants ayant obtenu un diplôme universitaire ou d’une haute école ainsi que les votantes et votants jouissant d’un haut revenu, leur mobilisation lors de cette votation a été significativement plus élevée. Cette mobilisation générale a donc été principalement la cause d’une forte mobilisation de ces citoyennes et citoyens jouissant d’un haut revenu, bien que les personnes disposant d’un bas revenu aient été les plus concernées par les sujets votés. En effet, la taxe sur la valeur ajoutée, prélevée de manière égale sur chaque consommatrice et chaque consommateur ainsi que les redevances Billag, commune à chaque ménage, les touchaient financièrement plus fortement. De manière similaire, les personnes indiquant avoir des difficultés à joindre les deux bouts à la fin du mois se sont également majoritairement abstenues.4 Le facteur motivant le plus la participation a été l’intérêt politique. Les personnes très intéressées par la politique se sont rendues presque dix fois plus aux urnes que les personnes pas du tout intéressées. En ce qui concerne les partis politiques, les sympathisantes et sympathisants du PLR se sont particulièrement mobilisés. En effet, en comparaison à d’autres récentes votations, le taux de participation de 72 pour cent chez les adhérents du PLR a été particulièrement élevé.5 Une des raisons de cette mobilisation a peut-être été due à l’important engagement de l’Union suisse des arts et des métiers (USAM), un acteur proche du PLR, pendant la campagne sur l’initiative No Billag. 3 En comparaison des dernières votations fédérales de septembre 2017, la participation lors de cette votation populaire du 4 mars 2018 a été plus haute pour toutes les catégories d’âge entre cinq et onze points de pourcentage. 4 Le 4 mars 2018, seules 33 pour cent des personnes déclarant leur revenu comme insuffisamment élevé pour vivre ont pris part à la votation. A contrario, la participation des personnes déclarant leur revenu comme suffisamment élevé pour vivre a été significativement plus importante et a atteint les 62 pour cent. 5 La participation des sympathisantes et sympathisants du PLR s’élevait par exemple à 56 pour cent en septembre 2017 et à 50 pour cent en mai 2017. 8
La participation des sympathisantes et sympathisants du PDC, du PS et du pvl a, elle aussi, été particulièrement élevée. Avec un taux de 51 pour cent, la participation des sympathisantes et sympathisants de l’UDC a été la plus faible. Le surprenant rejet massif à l’initiative No Billag pouvait alors laisser supposer une mobilisation massive des votantes et votants se positionnant à gauche. Cependant, notre analyse ne relève aucune évidence empirique dans ce sens. En effet, lors de cette votation, la participation a été supérieure à la moyenne aussi bien chez les personnes se positionnant à gauche qu’à droite du centre politique.6 Tableau 2-2 : participation en fonction de critères politiques (en % des votants) Critères Participation au n V de Cramer/ scrutin (%) (pondéré) erreur standard Total 55 1’531 Intérêt politique V = 0,45*** Très intéressé-e 86 310 +/-3,8 Plutôt intéressé-e 64 786 +/-3,4 Plutôt pas intéressé-e 36 343 +/-5,1 Pas du tout intéressé-e 9 91 +/-6,0 Sympathie politique V = 0,24*** PLR 72 258 +/-5,5 PDC 58 152 +/-7,9 PS 62 301 +/-5,5 UDC 51 213 +/-6,7 PVL 68 62 +/-11,8 Les Verts 55 72 +/-11,6 Autre parti 74 67 +/-10,6 Aucun parti 39 374 +/-5,0 Positionnement gauche-droite (0-10) V = 0,15* Tout à gauche (0-2) 61 106 +/-9,3 Gauche (3,4) 64 301 +/-5,4 Centre (5) 48 553 +/-4,2 Droite (6,7) 62 306 +/-5,4 Tout à droite (8-10) 64 153 +/-7,6 Confiance dans les médias (0-10) V = 0,24*** Très faible à faible (0-4) 39 377 +/-4,9 Moyenne (5) 56 417 +/-4,8 Elevée (6,7) 64 464 +/-4,4 Très élevée (8-10) 72 246 +/-5,6 6 En comparaison à la votation de septembre 2017, l’auto-positionnement politique permet de calculer l’évolution du taux de participation pour chaque catégorie politique et indique les évolutions suivantes : « tout à gauche (0-2) » : +0 point de pourcentage ; « gauche (3,4) » : +13 ; « centre (5) » : +4 ; « droite (6,7) » : +13 ; « tout à droite (8-10) » : +13. 9
Confiance dans le conseil fédéral (0-10) V = 0,17*** Très faible à faible (0-4) 38 119 +/-8,7 Moyenne (5) 40 157 +/-7,7 Elevée (6,7) 60 551 +/-4,1 Très élevée (8-10) 58 690 +/-3,7 La confiance accordée aux médias suisses ainsi que celle accordée au gouvernement ont fortement influencé le taux de participation. En effet, les personnes témoignant une confiance « élevée » voire « très élevée » à l’égard des médias suisses ainsi qu’à l’égard du Conseil fédéral ont été surreprésentées parmi les votantes et votants. Il en va également de même pour les personnes accordant une confiance importante à la SSR en particulier.7 L’analyse VOTO vise également à identifier les raisons de la non-participation aux votations fédérales. Parmi les quelques 300 personnes interrogées ayant indiqué s’être abstenues de voter le 4 mars dernier, « l’empêchement » a été la cause la plus citée comme raison de non-participation (35%). Ce motif étant généralement le plus cité avec la raison « d’oubli d’aller voter ». Toutefois, lors de cette votation, cette raison n’a représenté que 27 pour cent des causes reportées de non-participation. Un taux plus bas que lors de précédentes votations et étant probablement dû à la campagne longue et intense autour de l’initiative No Billag. Il est surprenant de remarquer qu’un tiers des non-participants ont manifesté un désintérêt pour les objets soumis à la votation. Cette valeur étant même la plus élevée depuis le début des enquêtes VOTO (septembre 2016). L’analyse selon les régions linguistiques révèle que ce désintérêt a été particulièrement élevé en Suisse alémanique : 36 pour cent ont indiqué ce motif comme raison de non-participation. En Romandie, tout comme au Tessin, cette valeur a été plus faible (resp. 27% et 15%). En outre, ce désintérêt s’est fortement manifesté chez les personnes sans formation post-obligatoire. Ces dernières ont indiqué cette raison à 38 pour cent alors que les diplômés d’universités ou des hautes écoles l’ont indiqué à 19 pour cent, soit deux fois moins. La seconde raison la plus citée comme motif de non-participation à la votation du 4 mars a été le sentiment que l’issue de la votation était d’emblée connue (35%). En effet, l’unanimité concernant la votation sur le NRF 2021 - aucune grande formation politique ne s’y opposait – a donné, dès le début, une indication claire quant à l’issue de la votation. Et pour l’initiative No Billag, tant le sondage SSR que l’étude sur les intentions de vote menée par Tamedia avaient déjà annoncé en amont un potentiel net rejet de l’initiative.8 7 Les personnes sondées ayant déclaré, sur une échelle de 0 à 10, faire confiance à la SSR à hauteur de 8 voire 10 ont participé à hauteur de 64 pour cent lors de cette dernière votation fédérale. En contrepartie, les personnes témoignant d’une faible confiance envers la SSR (0 à 4) n’ont représenté que 39 pour cent des votantes et votants. 8 Cf. pour le sondage SSR http://www.gfsbern.ch/de-ch/Detail/category/srg-trendumfragen-1 et pour le questionnaire sur les intentions de vote Tamedia https://www.tamedia.ch/fr/sondage. 10
Tableau 2-3 : raisons de la non-participation au scrutin (en % des abstentionnistes) Raisons de la non-participation Part (%) Empêchement (vacances, maladie, etc.) 35 Le résultat de la votation était clair 35 Désintérêt pour l’objet de la votation 33 Le résultat ne dépend pas de ma seule voix 28 Oubli d’aller voter 27 Indécision 22 Objet de la votation trop compliqué 19 Les votations ne peuvent rien changer de toute façon 18 Le nombre d’abstentionnistes est de 297. Les pourcentages ont été calculés sur la base du nombre total de réponses matérielles données (hors « ne sait pas » et « aucune indication »). Plusieurs réponses étaient possibles. 11
3. La formation de l’opinion L’importance des objets Les personnes interrogées, ayant pris part à la votation, ont été priées d’indiquer, sur une échelle allant de 0 (« très faible importance ») à 10 (« très grande importance »), l’importance que les deux objets votés représentaient pour elles personnellement. Le nouveau régime financier a recueilli une moyenne de 6,6 points. En comparaison à novembre 2004 où les citoyennes et citoyens suisses avaient également été invités à se prononcer sur la prolongation du régime financier, cette moyenne a été significativement plus élevée en 2018. En effet, en 2004, les votantes et votants avaient alors évalué l’importance personnelle de cet objet à une valeur moyenne de 4,7 points. L’initiative populaire en faveur de la suppression des redevances radio et télévision a, quant à elle, été évaluée à une moyenne arithmétique particulièrement élevée de 7,6 points. Cette importance moyenne accordée à un objet de votation représente l’une des plus élevées de la présente législature. Seul le référendum facultatif sur la prévoyance vieillesse 2020 (voté en septembre 2017) avait obtenu une valeur moyenne plus élevée (7,7 points). Tableau 3-1 : importance personnelle accordée aux objets de votation (part en % des votants) Degré d’importance Nouveau régime financier (NRF) Initiative No Billag 2021 Très faible (0,1) 3 2 Faible (2-4) 16 7 Moyenne (5) 16 8 Grande (6-8) 45 44 Très grande (9,10) 21 40 Total 100 100 Moyenne arithmétique (n) 6,6 (1’066) 7,6 (1’193) Remarques : les réponses « ne sait pas » et les refus de se prononcer n’ont pas été pris en compte. Les résultats ont été pondérés. Les chiffres ayant été arrondis, le total n’est pas toujours égal à 100%. Au regard de l’importance personnelle attribuée à l’objet NFR 2021, l’analyse n’a révélé aucune différence significative entre les sous-groupes identifiés selon des critères politiques ou socio- démographiques. Par exemple, les femmes et les hommes ont attribué la même importance à l’objet et parmi les sympathisantes et sympathisants des différents partis aucune différence significative n’a été révélée. L’analyse démontre cependant des différences selon le degré de confiance accordée au Conseil fédéral. Alors que les personnes ne faisant que peu confiance à l’exécutif du pays ont jugé l’importance de l’objet en moyenne à 4,9 points, les votantes et votants accordant une grande confiance au Conseil fédéral, ont, au contraire, jugé l’objet à une valeur nettement supérieure s’élevant à 7,1 points. L’initiative No Billag a été perçue comme particulièrement importante dans quasiment toutes les couches de la population. Entre les femmes et les hommes ou entre les personnes à haut et à faible revenu, seules des différences mineures et statistiquement non significatives ont été observées. Si l’importance personnelle accordée à cet objet augmente avec l’âge, les disparités entre les classes d’âges ne sont toutefois pas statistiquement significatives.9 Bien que les minorités linguistiques auraient potentiellement été les plus touchées par l’acceptation de l’initiative No Billag, la différence de degré d’importance attribué à ce sujet en fonction des régions n’a pas été statistiquement démontrée. 9 18-29 ans : 7,3 ; 30-39 ans : 7,4 ; 40-49 ans : 7,7 ; 50-59 ans : 7,6 ; 60-69 ans : 7,9 ; 70 ans et plus : 7,7. 12
L’orientation politique a, cependant, joué un rôle central dans l’importance personnelle accordée à l’initiative No Billag. Sur l’axe politique gauche-droite, les votantes et votants se situant tout à gauche (0-2) ont décrit l’objet comme extrêmement important (8,9). Pour les personnes se situant à droite de l’échiquier politique (6-10), l’initiative populaire a été en moyenne évaluée comme moins importante (7,3). Les sympathisantes et sympathisants des Verts et du PS ont, eux, attribué un degré très élevé d’importance à l’initiative No Billag (resp. 8,7 et 8,0). À contrario, aussi bien les partisans du PLR que de l’UDC ont attribué à l’objet de vote une valeur moyenne plus faible (7,3). En tenant compte du fait que les adhérents du PLR se soient fortement mobilisés lors de cette votation, cette constatation est étonnante. L’analyse démontre également que l’importance attribuée au sujet « No Billag » augmente significativement en fonction de la confiance témoignée à l’égard du Conseil fédéral, des médias suisses et de la SSR.10 Enfin, le sentiment d’être personnellement concerné ainsi que l’appréciation personnelle faite envers la SSR ont été des facteurs explicatifs importants de l’évaluation de l’importance du sujet voté. Pour les personnes sondées indiquant écouter ou regarder quotidiennement les programmes SSR, l’initiative No Billag a relevé d’une importance plus grande que pour les sondés indiquant consulter moins d’une fois par semaine les programmes SSR (valeurs respectives : 7,8 et 6,9). Les votantes et votants ayant considéré que la SSR pouvait continuer d’exister sans les redevances Billag ont exprimé une importance personnelle plus faible envers l’objet voté que les personnes soutenant le point de vue opposé (valeurs respectives : 7,1 et 8,0). Avec une valeur moyenne de 7,8 points, la signification personnelle du thème voté a également été élevée pour les votantes et votants déclarant la SSR comme contributrice à la cohésion nationale et à la solidarité entre les différentes régions linguistiques. Au contraire, le degré d’importance pour les personnes ne partageant pas cet avis a été nettement plus faible (6,8). Les difficultés de compréhension et le moment de la décision Les projets des autorités ayant rapport aux questions financières, la plupart du temps complexes, suscitent plus de difficulté de compréhension chez l’électorat que les questions des initiatives populaires. Le référendum obligatoire visant à prolonger de 15 ans le présent régime financier a alors suscité plus de difficulté de compréhension chez les votantes et votants que l’initiative No Billag. En effet, 35 pour cent des personnes sondées ayant pris part au vote ont indiqué avoir plutôt eu de la peine à comprendre exactement en quoi le sujet comportait. En comparaison à la dernière votation sur le régime financier de 2004 où 45 pour cent des personnes sondées avaient témoigné avoir eu des difficultés dans la compréhension du sujet, cette année ce taux d’incompréhension a été nettement plus faible. La formation de l’opinion relative à l’initiative No Billag n’a, quant à elle, pas souffert de difficulté de compréhension majeure. En effet, 90 pour cent des personnes interrogées ont indiqué avoir aisément compris l’objet. En comparant ces résultats avec les dernières votations depuis les années 2000, ce taux élevé de 90 pour cent n’a été qu’une seule fois dépassé lors de la votation de février 2017 sur la naturalisation facilitée des jeunes étrangers de la troisième génération.11 92 pour cent des votantes et votants sondés avaient indiqué n’avoir eu aucune difficulté à saisir le contenu de l’objet voté. 10 La différence de degré d’importance de l’électorat témoignant une « très faible » voire « faible » confiance envers le Conseil fédéral et celui lui accordant une confiance « très élevée » est de 1,8 point. En ce qui concerne la confiance accordée aux médias, cette différence est également de 1,8 alors qu’au regard de la confiance accordée à la SSR, cette différence s’élève à 2,2 points. 11 Nous disposons des valeurs relatives à la difficulté de compréhension des objets votés pour la période de 2000 à 2018. Outre la valeur maximale de 92 pour cent indiquant que les votantes et votants avaient relativement aisément compris le message de la votation sur la naturalisation facilitée des jeunes étrangers de la troisième génération, l’arrêté fédéral sur la promotion de la formation musicale des jeunes ainsi que l’initiative populaire fédérale sur la protection contre le tabagisme passif (septembre 2012) avaient tous deux été décrétés par 90 pour cent des votantes et votants comme sujets aisément compréhensibles. Toutefois, il est important de noter que la question posée aux personnes sondées a depuis septembre 2017 légèrement changé. En effet, la question VOX posée ultérieurement était : « Pour l’objet [titre de l’objet], a-t-il été plutôt facile ou plutôt difficile de se faire une idée des conséquences personnelles sur la base des informations reçues ? ». Dans le cadre des présentes enquêtes VOTO, la question est désormais posée en ces termes : « En ce qui concerne l’objet [titre de l’objet], avez-vous compris de quoi il s’agissait plutôt facilement ou plutôt difficilement ? » 13
Tableau 3-2 : difficultés de compréhension (en % des votants) Difficultés de compréhension Nouveau régime financier (NRF) Initiative No Billag 2021 Décision plutôt aisée 63 90 Décision plutôt compliquée 35 10 Aucune indication, ne sait pas 2
L’information Afin de déterminer à quel degré les votantes et votants avaient connaissance des objets soumis au vote, nous avons développé un indice combinant la question sur la connaissance des objets de la votation et celle sur les raisons de la décision de vote. Il a été construit comme suit : les personnes ayant pu citer les objets de la votation ont obtenu un point. Aucun point n’a été attribué si les personnes n’ont pas réussi à donner de raisons concrètes pour justifier leur vote (« ne sait pas », « pas de réponse » et « pas compris / trop compliqué », etc.). Les raisons d’ordre général, sans rapport avec le contenu, ou les recommandations ont donné lieu à un point. Les personnes ayant mentionné une raison de fond, indépendamment du degré de sophistication de leur réponse, ont reçu deux points. En conséquence, un total maximal de trois points était possible. Le degré d’information des votantes et votants a été en moyenne de 2,2 points pour le NRF 2021 et de 2,7 points pour l’initiative No Billag. Le degré de connaissance sur l’objet NRF a alors été plus faible et s’est élevé au même degré de connaissance mesuré pour des objets tels que l’arrêté fédéral sur la sécurité alimentaire (septembre 2017) ou encore l’initiative populaire « pour une économie durable et fondée sur une gestion efficiente des ressources (économie verte) » de septembre 2016. En contrepartie, le niveau d’information quant à l’objet No Billag a été particulièrement élevé. Une telle valeur n’a été récemment atteinte que lors de la votation sur la naturalisation facilitée des étrangères et étrangers de la troisième génération (février 2017). Les personnes s’étant décidées au dernier moment ont en moyenne été moins bien informées, et ce aussi bien pour le NFR 2021 que pour l’initiative No Billag, que les personnes ayant pris rapidement leur décision de vote.13 Tableau 3-4 : le niveau d’information (en % des votants) Niveau d’information Nouveau régime financier (NRF) Initiative No Billag 2021 0 point : pas informé-e 10 1 1 point 15 4 2 points 26 16 3 points : informé-e 50 79 Total 100 100 Moyenne arithmétique (n) 2,2 (1’076) 2,7 (1’196) Remarques : les résultats ont été pondérés. Les chiffres ayant été arrondis, le total n’est pas toujours égal à 100%. 13 Les votantes et votantes ayant pris leur décision au dernier moment, ont obtenu une valeur moyenne de 1,8 quant à leur niveau d’information en regard de l’objet NRF. Pour les personnes s’étant rapidement décidées, cette valeur a atteint les 2,4. Pour ce qui est de l’initiative No Billag, cette valeur moyenne s’est élevée à 2,4 pour les premiers et 2,8 pour les seconds. 15
La recherche d’information Les votantes et votants ont été invités à indiquer dans quelle mesure ils ont eu recours aux différentes sources d’information à disposition. Le tableau 3-5 indique la proportion de votantes et de votants qui se sont appuyés sur chaque source et avec quelle intensité. Pour le calcul de l’intensité d’utilisation, les personnes ayant indiqué ne pas avoir du tout utilisé la source correspondante n’ont pas été prises en compte. Comme à l’accoutumée, les articles de journaux et le livret d’explications du Conseil fédéral ont été les deux sources d’information les plus utilisées par les votantes et votants (resp. 90% et 86%). Avec une moyenne de 6,3 et 6,4 points sur une échelle de 1 à 10, leur intensité d’utilisation s’avère également la plus élevée. Plus de deux tiers des votantes et votants ont consulté les émissions télévisées et radiophoniques concernant la votation, les journaux ou prospectus de votation, les courriers de lecteurs dans les journaux ou les commentaires de lecteurs, ainsi que les annonces dans les journaux. En fin de liste viennent les films et vidéoclips postés sur internet ainsi que les médias sociaux. Il est pertinent de relever que, pour ces deux sources d’informations, aussi bien le taux d’utilisation que l’intensité d’utilisation de ces sources ont atteint leurs plus hautes valeurs depuis la création des analyses VOTO (septembre 2016). Le départ en trombe de la campagne de votation sur l’initiative No Billag et l’intensité des débats y relatifs ont notamment été causés par cette utilisation des médias sociaux. Ces derniers ayant joué un rôle central de catalyseur de l’information.14 Tableau 3-5 : utilisation des sources d’information (en % des votants, n = 1’177-1’233) Source d’information Taux d’utilisation Intensité en % d’utilisation Articles dans les journaux 90 6,3 Livret d’explications du Conseil fédéral 86 6,4 Emissions sur la votation à la télévision 79 6,1 Emissions sur la votation à la radio 69 5,5 Journaux ou prospectus de votation 69 4,8 Courriers de lecteurs dans les journaux ou commentaires de lecteurs 68 4,9 sur les forums en ligne Annonces dans les journaux 68 4,5 Affiches dans la rue 64 3,9 Pages d’actualités sur Internet 62 5,4 Sondages 62 4,7 Informations sur le lieu de travail 40 4,9 Films et vidéoclips sur Internet 40 4,0 Médias sociaux comme Facebook ou Twitter 34 4,5 Les résultats ont été pondérés. Remarques : la deuxième colonne (« taux d’utilisation en % ») indique la proportion de votantes et votants qui ont utilisé la source d’information en question. La troisième colonne (« intensité d’utilisation ») informe sur la mesure dans laquelle chaque média a été mis à profit (moyenne arithmétique de l’intensité d’utilisation entre 1 et 10). La moyenne repose uniquement sur les indications fournies par les personnes qui ont effectivement utilisé le média en question. 14 Sur la campagne de votation concernant l’initiative No Billag sur Twitter : Lo Russo et Willi (2018) (http://www.politan.ch/nobillag/) ou Rauchfleisch et Vogler (2018) (http://www.foeg.uzh.ch/dam/jcr:7b9901f5-2942-43e3-b3b3- e1345ae6a62b/%23NoBil-lag%20auf%20Twitter.pdf). 16
4. L’arrêté fédéral sur le nouveau régime financier (NRF) 2021 Le contexte Depuis près de 60 ans, le peuple et les cantons sont régulièrement appelés aux urnes pour renouveler l’autorisation de la Confédération à prélever ses principales ressources financières, respectivement l’impôt fédéral direct (IFD) et la taxe sur la valeur ajoutée (TVA), qui représentent près des deux tiers de ses recettes totales. Étant donné le caractère limité de ce droit de perception dans le temps, expirant à la fin 2020, le Parlement a adopté un nouveau régime financier valable jusqu’à la fin 2035. S’agissant d’un amendement constitutionnel, la nouvelle échéance a donc obligatoirement été soumise au vote populaire le 4 mars 2018. Dans ce nouveau régime financier 2021, aucune modification des impôts n’était prévue. La votation était avant tout caractérisée comme un vote de principe, qui s’inscrit dans la longue tradition du fédéralisme et de la démocratie directe. En outre, le projet retire de la Constitution une disposition transitoire relative à l'impôt sur la bière, dont la loi sur son imposition est entrée en vigueur le 1er juillet 2007. L’arrêté n’a guère rencontré de détracteurs. Le Conseil fédéral et le Parlement ont tous deux recommandé de l’approuver, aucune voix ne s’y opposait aux Chambres fédérales. Seul le petit parti libertarien alémanique up! a fait campagne pour le rejeter, en collaboration avec quelques membres de l'UDC, du Parti pirate et des Jeunes libéraux-radicaux. Ainsi, on peut dire que la campagne précédant le vote s’est distinguée par sa quasi inexistence. Cela s’est confirmé par un accueil nettement favorable aux urnes : 84,1 pour cent des votantes et votants et tous les cantons ont approuvé la disposition constitutionnelle. La décision de vote en fonction de critères sociaux et politiques La votation sur le nouveau régime financier 2021 était incontestée. L’ampleur du taux d’approbation est exceptionnelle si l’on considère que l’objet est avalisé à plus de dix points de pourcentage en comparaison au dernier scrutin de novembre 2004 (73,8%). En outre, selon les décisions de vote de ces vingt dernières années, seuls six objets ont été acceptés avec un score plus élevé15, montrant également l’incontestabilité du sujet. Les critères socio-démographiques n’ont joué qu’un rôle secondaire dans la décision de vote (tableau 4-1). Un des rares critères où l’on distingue une différence notable dans le comportement de vote a été le niveau de formation : les personnes ayant fait une formation de degré tertiaire (haute école spécialisée/université/EPF), ainsi que les personnes ayant accompli une formation professionnelle supérieure ou une maturité ont davantage approuvé le nouveau régime financier 2021 que celles au bénéfice d’un diplôme de niveau inférieur. Une différence s’observe également chez les votantes et votants travaillant dans le secteur public qui ont approuvé le régime financier plus fortement que celles et ceux provenant du secteur privé (resp. 90% et 81%). Ni le sexe, l’âge ou encore le niveau de revenu n’ont eu d’influence significative sur la décision de vote. 15 07.02.1999 : Arrêté fédéral concernant un article constitutionnel sur la médecine de la transplantation : 87,8%. 12.03.2000 : Arrêté fédéral relatif à la réforme de la justice : 86,4%. 02.12.2001 : Arrêté fédéral concernant un frein à l'endettement : 84,7%. 21.05.2006 : Arrêté fédéral du 16.12.2005 modifiant les articles de la Constitution sur la formation : 85,6%. 11.03.2012 : Arrêté fédéral du 29.09.2011 concernant la réglementation des jeux d’argent en faveur de l’utilité publique (Contre-projet à l’initiative 'Pour des jeux d’argent au service du bien commun') : 87,1%. 18.05.2014 : Arrêté fédéral du 19.09.2013 concernant les soins médicaux de base (Contre-projet direct à l'initiative populaire « Oui à la médecine de famille ») : 88,1%. 17
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