Entrée du programme : Les Wall Drawing - profartspla
←
→
Transcription du contenu de la page
Si votre navigateur ne rend pas la page correctement, lisez s'il vous plaît le contenu de la page ci-dessous
TERMINALE - Enseignement de spécialité – SOL LEWITT et les Wall Drawing # Entrée du programme : Les Wall Drawing de Sol LeWitt, de 1968 à 2007. «Utiliser une forme simple de façon répétée limite le champ de l’œuvre et concentre l’intensité, l’arrangement de la forme. Cet arrangement devient la finalité de l’œuvre tandis que la forme n’en est plus que l’outil.» Sol LeWitt. Séverine BRAUD enseignante au Lycée Michel de Montaigne - Académie de BORDEAUX
TERMINALE - Enseignement de spécialité – SOL LEWITT et les Wall Drawing # Wall Drawing # 1136 formes Série Symétrie géométrie COULEURS WALL DRAWING VARIATIONS assistants # champs colorés CERTIFICAT RIGUEUR écriture DIAGRAMME art minimal protocole IN SITU Recherches Art Conceptuel DESSIN Séverine BRAUD enseignante au Lycée Michel de Montaigne - Académie de BORDEAUX
TERMINALE - Enseignement de spécialité – SOL LEWITT et les Wall Drawing # SOMMAIRE I – PRESENTATION DE L'ARTISTE II – SA FORMATION ET SES INFLUENCES ARTISTIQUES Une place à part entière dans l'art III – ART CONCEPTUEL Contexte Définition IV – LES WALL DRAWING Origine du dessin Tradition de la technique de la peinture murale Du concept à la réalisation Mise en place d'un protocole Le rapport à l'espace et au spectateur Variations Exemples d'oeuvres V – LA COLLABORATION Des assistants au spectateur VI – LA SCULPTURE Mise en place d'un protocole rigoureux VII – CONCLUSION Questionnements Lien avec la question du programme VIII – FILIATIONS Séverine BRAUD enseignante au Lycée Michel de Montaigne - Académie de BORDEAUX
TERMINALE - Enseignement de spécialité – SOL LEWITT et les Wall Drawing # I – PRESENTATION DE L'ARTISTE SOL LEWITT - Artiste Américain (1928-2007) minimaliste et conceptuel. Après des études d'Art à l'Université de Syracuse, Sol LeWitt travaille comme graphiste pour l'architecte I. M. Pei (architecte Sino-américain qui réalisera la pyramide du Louvre en 1988). Il sera l'intermédiaire de deux grands courants artistiques des années 1960, comme l'art minimal et l'art conceptuel. Il travaillera d'abord la sculpture (cube, module) puis le dessin mural en couleurs ou en noir et blanc dont la série s'intitule Wall Drawing et est assortie d'un # suivi du numéro, ce qui lui permet de les classer chronologiquement. Sol LeWitt est devenu l’un des plus influents de sa génération, aujourd’hui, il Sol LeWitt est exposé dans les plus grands musées du monde. II - SA FORMATION ET SES INFLUENCES ARTISTIQUES Après ses études d'art, Sol LeWitt est engagé comme graphiste pour l'architecte I. M. Pei (architecte Sino- américain qui réalisera la pyramide du Louvre en 1988) et devient ponctuellement un de ses assistants. Il va ainsi apprendre à son contact et retenir de cette expérience architecturale que l'idée, le projet, le dessin préparatoire occupent une place supérieure à la réalisation elle-même, cela l'aidera à mieux percevoir la prédominance d'un projet par rapport à sa réalisation ce qui le marquera dans ses travaux personnels plus tard. CITATION : « Un architecte ne part pas avec une pelle pour creuser les fondations et placer chaque brique. Un architecte est encore un artiste ». Sol LeWitt Les premières œuvres : Les premières œuvres qu’il réalise vers 1962 sont encore des tableaux. Mais celles- ci sont déjà en relief, structurées par des lettres et des surfaces géométriques. C'est une préfiguration du langage minimal et d’une certaine conception sémiologique des formes qu’il va développer par la suite. Ce vocabulaire élémentaire est dicté par la conviction que « l’utilisation de formes complexes n’aboutit qu’à la perturbation de l’unité de l’ensemble ». Carré rouge lettre blanches (1963) 8 Cette œuvre exprime pleinement les bases de ce qui sera défini comme étant de l'art conceptuel. Sol LeWitt montre ici, la relation entre l’image et le texte. Le spectateur y voit et y lit que ce sont des carrés rouges ou blancs avec des lettres également rouges ou blanches dont la signification atteste ce qu'elles sont. C'est de la tautologie (procédé rhétorique consistant à répéter la même idée en termes différents, soit dans la même proposition, soit dans deux propositions voisines. « ce qu’il y a lire est, ce que l’on voit ! ». C'est ce que constate le spectateur. L'artiste conceptuel qui travaillera davantage ce principe est Joseph Kosuth. variations Les sculptures modulaires : En 1965, Sol LeWitt expose ses premières sculptures modulaires à New York. Il s'agit de constructions qui répètent et ordonnent une forme cubique en respectant un protocole de progression géométrique défini par l'artiste. Ces oeuvres révèlent alors la filiation de LeWitt aux artistes de l'Art minimal. Les sculptures sont disposées à même le sol pour remettre en cause la sculpture classique et notamment Cube without a Cube, l'usage du socle. Les formes sont épurées au maximum et Incomplete Open Cube, 1996, aluminium peint peintes le plus sobrement possible en blanc ou en noir pour 1974, aluminium peint 20x20x20cm produire une oeuvre émotionnellement neutre. 106x106x106cm Séverine BRAUD enseignante au Lycée Michel de Montaigne - Académie de BORDEAUX
TERMINALE - Enseignement de spécialité – SOL LEWITT et les Wall Drawing # III - ART CONCEPTUEL CONTEXTE : Depuis 1945, l'art a éclaté en une multitude de groupes et de mouvements dans le monde entier. Des duos, des groupes, avec la mise en place de manifestes, d'expositions communes, de nouvelles formes d'expression telles que la performance, le happening, l'art dans la rue, des installations passant du scandale à la censure à la révélation. L'art se réécrit, se redéfinit (référence à Harold Rosenberg, critique d'art Américain). L'art naît dans cet état d'esprit que tout peut devenir Art en remettant en cause le statut de l'oeuvre d'art mais aussi celui de l'artiste. L'art conceptuel va ainsi trouver sa place promouvant l'idée, le concept à la réalisation finale. DÉFINITION : L'art conceptuel, c'est un mouvement artistique Américain apparu dès 1965 dont l'objectif est de repousser les limites du champ artistique traditionnel en interrogeant le sens et la finalité du geste artistique. Le concept (l'idée) étant plus important que l'oeuvre elle-même. Artistes conceptuels : Joseph Kosuth, Joseph Beuys, Yoko Ono, Marcel Duchamp, Sol LeWitt. Certains sont passés par Fluxus ou bien ont cherché à s'isoler pour ne pas être classés à l'époque dans un isme. Joseph Kosuth, One-and-Three-Chairs, 8 1965, conservée au centre Georges Pompidou, Paris. CITATION : « Je qualifierais le type d'art dans lequel je suis impliqué d'art conceptuel. Dans l'art conceptuel, l'idée ou le concept est l'aspect le plus important du travail. Quand un artiste fait usage d'une forme conceptuelle cela signifie que tout est arrêté et décidé préalablement et que l'exécution est une affaire de routine. L'idée devient une machine qui fait l'art ». Sol LeWitt - Extrait Paragraphs on Conceptual Art, 1967. L'héritage de l'art conceptuel Le travail de Sol LeWitt est fondé sur l’idée que le moment important est celui de la conceptualisation et que « l’exécution est une affaire sans importance ». Cela amène Sol LeWitt a créé des diagrammes (sorte de mode d'emploi) pour que la majorité des dessins soit conçue pour être effectués par d’autres personnes que l’artiste (assistants professionnels habilités par l’atelier LeWitt). Il se détache de l'oeuvre matérialisée mais pas de sa conception mentale. Léonard De Vinci disant de la peinture qu'elle était une chose mentale (cosa mentale), ici on ressent chez ces artistes que c'est l'art qui est une chose mentale. D'ailleurs, Sol LeWitt va théoriser sa pensée et définir l'art conceptuel. A travers deux textes : Paragraphs on conceptual art en 1967, puis Sentences on conceptual art publié en 1969. CITATION : « Ce type d'art n'est ni théorie ni illustration d'une théorie. Il est intuitif et lié à toutes sortes de processus mentaux. Il est d'une façon générale, indépendant de l'habileté de l'artiste et de son savoir-faire technique. L'artiste conceptuel a pour objectif de faire en sorte que son travail soit mentalement intéressant pour le spectateur. Il aimerait que son travail devienne émotionnellement neutre. » Extrait de Paragraphs on conceptual art, 1967. Remise en cause du statut de l'oeuvre d'art : Par-delà la dimension décorative de son oeuvre, l'enjeu intellectuel consiste à bouleverser totalement du rôle du musée. Il ne s’agit plus en effet de stocker une oeuvre ou de l’exposer, mais pour l’oeuvre dont il fait l’acquisition, il s’agit ensuite de la réaliser, alors qu’elle n’existait qu’à l’état virtuel (dématérialiser). Cette nouvelle conception de l'art va rejoindre celle d'Harald Szeemann (Suisse) qui sera le commissaire d'une exposition en 1969 qui annonce largement les nouvelles attitudes des artistes : « Quand les attitudes deviennent forme » au Kunsthalle de Berne en Suisse. Harald Szeemann cherche à démontrer et montrer que la question de l'art contemporain ne pouvait dans l'émergence des années 1960, trouver de réponse dans l'agencement chronologique des œuvres, mais dans l'activité même de l'artiste. L'art devait alors se re-définir, le mode de présentation des oeuvres aussi. Il pointe les notions de concepts, processus et situations pour mettre en évidence l'activité de l'artiste, quitte à ce que ce soit au détriment de l'objet fini. Séverine BRAUD enseignante au Lycée Michel de Montaigne - Académie de BORDEAUX
TERMINALE - Enseignement de spécialité – SOL LEWITT et les Wall Drawing # IV – LES WALL DRAWING Origine du dessin : L'origine du dessin : La légende de Dibutade raconte que pour conserver l'image de son bien-aimé partant au combat, la jeune femme décide de conserver le contour de l'ombre apparu à la bougie sur le mur. Ainsi serait né le dessin, la peinture, l'art de la fresque mais aussi le bas-relief car son père potier aurait appliqué de l'argile sur les contours pour créer ce profil de terre comme première sculpture en relief. 7 Illustration ci-contre : Jean-Baptiste Regnault, L'origine de la peinture, 1785. Tradition de la technique de la peinture murale : Héritage d'une pratique ancestrale : la fresque. Les premières œuvres sur des parois remontent à l'art préhistorique avec l'art Pariétal (Lascaux, Chauvet...). La tradition s'est perpétuée à l'Antiquité avec les fresques de Pompéi ou d'Herculanum, puis au Moyen-âge avec les fresques relatant la vie des Saints ou encore à la Renaissance avec un travail beaucoup plus in situ dans des chapelles (Giotto, Michel-Ange Raphaël...). La fresque est une technique de peinture murale. On parle de technique a fresco (enduit frais), soit une application des pigments colorés directement sur un enduit encore frais. Ainsi l'artiste n'a pas le droit à l'erreur, il doit finir avant que l'enduit ne sèche. L'autre technique, dite a secco, est constituée d'un enduit sec (plâtre) où l'artiste peut corriger si besoin. Au Mexique au XX°, le muralisme mené par Diego Ribera continuera d'utiliser l'art de la fresque. Remise indirectement au goût du jour par Sol LeWitt dans les musées, elle renaîtra grâce aux street artistes qui n'hésiteront pas à envahir les murs et les lieux désaffectés. Du concept à la réalisation Le dessin mural : S’ils rappellent la tradition des fresques de la Renaissance italienne, les Wall Drawing (1968/2007) de Sol LeWitt marquent, dès la fin des années 60, une évolution décisive dans l’histoire du dessin en particulier et de l’art en général. LeWitt a développé l'idée des dessins muraux à la fin des années 1960. Il confère au dessin, un rôle équivalent à celui de la peinture ou de la sculpture. « Je désirais créer une œuvre d'art qui soit aussi bidimensionnelle que possible : il paraît plus naturel de travailler à même le mur plutôt que de prendre un accessoire, de le travailler, puis de l'accrocher au mur". wall drawing # 51 Son premier Wall Drawing sera réalisé en 1968, à la galerie Paula Cooper Un réseau de lignes fait avec une à New-York, c'est le Wall Drawing #2. ficelle recouverte de craie, une fois Traduisant des processus mentaux (thought processes) conçus au tendue, la corde est pincée pour préalable par l’artiste, les dessins muraux sont ensuite exécutés libérer au mur la craie faisant directement sur les murs, pour la plupart, à l’échelle du lieu d’accueil. apparaître une ligne bleue dessinée. Les dessins muraux réalisés in situ existent le temps de l’exposition ; ils sont ensuite détruits, les murs sont repeints, conférant ainsi à l’œuvre une dimension éphémère. Son contenu (ou concept) reste quant à lui, identique d’une présentation à l’autre jouant sur les formes, les couleurs et les interactions entre elles (produisant ainsi des variations). Chaque Wall Drawing est associé à un certificat et un mode d'emploi permettant de le réaliser à nouveau scrupuleusement, lui permettant aussi d'être vendu ou reproduit plusieurs fois. Sol LeWitt ne laisse pas fusionner conception et réalisation, c'est pourquoi ses dessins muraux ont pour origine un certificat accompagné d'un diagramme (schéma avec à un code couleurs ainsi que des consignes) qui permettent à des assistants de les exécuter dans le cadre d'une visualisation qui se veut essentiellement mentale. Les dessinateurs débutants sont invités à suivre rigoureusement les instructions et les diagrammes mis au point par LeWitt. Séverine BRAUD enseignante au Lycée Michel de Montaigne - Académie de BORDEAUX
TERMINALE - Enseignement de spécialité – SOL LEWITT et les Wall Drawing # Wall Drawing #2, 1968, crayon à mine noire (ci-dessous détail). Il appartient à la série II (A), il est composé de 24 dessins de 16 carrés chacun. 4 4 Organisé au sein d’une grille, le Wall Drawing #2, est issu de Les lignes reproduites sont : la série II (A) est composé de 24 dessins de 16 carrés chacun à (dessinez-les ci-dessous : une série de l'intérieur. Il présente l’une des quatre sections d’un système verticales, horizontales, diagonales à 45 degrés fini de combinaisons mis au point par LeWitt. de gauche à droite, et diagonales à 45 degrés de Soit Vingt-quatre ensembles de seize carrés (16 carrés dans un droite à gauche) carré) proposant ainsi, sur le mode du miroir, les différentes permutations possibles de lignes droites positionnées dans les quatre directions géométriques fondamentales (verticale, horizontale, diagonale à 45 degrés de gauche à droite, et diagonale à 45 degrés de droite à gauche). Ce système est explicité par un diagramme inscrit au mur, à côté de l’oeuvre lors de l'exposition. L’artiste étant soucieux à l'époque de donner les clés de lecture de ses oeuvres au public, car c'était nouveau, cette forme d'art in situ. La technique utilisée est le crayon à mine, qui est appliqué directement sur le mur, mur qui est traité comme une page vierge par les dessinateurs-assistants Protocole d'utilisation des mines, taillées de manière spécifique et assemblées en faisceaux de trois pour tracer plusieurs lignes à la fois à intervalle régulier. C'est un protocole minutieux et d'une grande rigueur. Séverine BRAUD enseignante au Lycée Michel de Montaigne - Académie de BORDEAUX
TERMINALE - Enseignement de spécialité – SOL LEWITT et les Wall Drawing # Variations : L'artiste Américain Sol LeWitt n'est pas du genre à s'enfermer dans une forme ou un concept. Il le travaille, l'explore, le décortique et l'affine jusqu'à l'épuiser pour le rendre libre et indépendant. Ce qu'il fera dans le champ de la sculpture, il le fera aussi dans celui de la peinture avec ses Wall Drawing. Et c'est sa rigueur et les protocoles qu'il imagine qui lui permettent de créer inlassablement (1270 Wall Drawing réalisées entre 1968 et 2007). Dès 1967, il émerge chez LeWitt le fait que l’idée et le concept priment sur l’exécution. Il parle alors d'art conceptuel et se détache de l'art minimal où il avait été classé. En 1968, il entreprend la série des Wall Drawing, des dessins à même le mur, conçus pour un site spécifique, en noir et blanc au départ et qui doivent être effacés après exposition. En 1970, il intègre les courbes et les trois couleurs primaires. Puis inspiré par la découverte de l'oeuvre photographique de Muybridge (la chronophotographie), il développe des systèmes de variations logiques et mathématiques traduisant la sérialité. En 1978, les dessins de LeWitt, sont monumentaux et simplifiés, il ose les couleurs et devient plus lyrique, mais conserve les mêmes bases formelles, les mêmes structures primaires. Depuis 1981, il crée ses Wall Drawing en lavis où les couleurs sont superposées (souvent trois couleurs), l'utilisation d'encres lavables, d'encres aquarelles de couleur. Puis en 1982, le vocabulaire des formes géométriques utilisées par l'artiste se diversifie utilisant le rectangle, le trapèze, le parallélogramme (#343 ABCG 1980, formes géométriques noires). « Face à l'ampleur des murs, on doit commencer par tirer profit de leurs caractéristiques physiques. Le théâtral et le décoratif s'avèrent inévitables et devraient être utilisés pour rehausser l'œuvre » déclare LeWitt, ce qui le conduit à faire évoluer les formes et les techniques (#831, 1997, musée Guggenheim de Bilbao). A partir de 1997, l'acrylique fait son apparition dans ses Wall Drawing. Puis, c'est l'introduction de couleurs secondaires et du gris dans son travail. Ainsi, ses œuvres gagnent en picturalité. Ses Wall Drawing évoluent dans leurs formes et dans leurs couleurs mais aussi à travers une diversité d'outils-matériaux. Les outils-matériaux: Ils varient selon les projets : - Le graphite pour les réalisations les plus anciennes, l'exemple du Wall Drawing #1274 (2006) - la craie de cire, l'exemple du Wall Drawing #831 (1997, musée Guggenheim Bilbao) - le crayon de couleur, l'exemple du Wall Drawing #65 (1971) - l'encre de Chine colorée sous la forme de lavis (color ink), l'exemple du Wall Drawing # 711 (1992) - la peinture acrylique, l'exemple du Wall Drawing # 879 (1998, en noir et blanc) - le feutre, l'exemple du Wall Drawing # 797 (1995) Certains dessins ont valeur de schémas ou quasiment de notes qui lui permettent de figurer des systèmes combinatoires communs aux créations murales et sculpturales. Le dessin est important chez Sol LeWitt, il l'utilise aussi pour ses sculptures, d'ailleurs, on retrouve parfois la forme du cube dans certains dessins muraux. Sol LeWitt conçoit ses instructions comme une sorte de partition où les lignes et les formes à exécuter en seraient les notes. Il accepte l'interprétation et la compréhension par le dessinateur assistant. Il peut donc y avoir des erreurs dans les réalisations. Plusieurs textes théoriques fixent ces règles du jeu comme en témoigne cet extrait d’un texte de 1971 de Sol LeWitt : "L’artiste conçoit et élabore le plan du dessin mural. Celui-ci est réalisé par des dessinateurs (l’artiste peut être son propre dessinateur); le plan (écrit, oral ou dessiné) est interprété par le dessinateur. Des décisions sont prises par le dessinateur, à l’intérieur du plan, en tant que parties du plan. Chaque individu étant unique, les mêmes instructions sont comprises différemment et mises en œuvre différemment. Personne ne peut faire deux fois la même chose. Tous les dessins muraux contiennent des erreurs, elles font partie de l’œuvre. Le plan explicite devra accompagner le dessin mural achevé. Ils sont d’une égale importance." Séverine BRAUD enseignante au Lycée Michel de Montaigne - Académie de BORDEAUX
TERMINALE - Enseignement de spécialité – SOL LEWITT et les Wall Drawing # Mise en place d'un protocole : LE DIAGRAMME : Exemples de documents transmis et associés à l'oeuvre : 6 Ci-dessous, il s'agit, d'un schéma appelé Diagramme, il présente la forme destinée à être reproduite par les dessinateurs-assistants. La forme finale est associée à une partie de texte explicative (ici en anglais ci-dessous). Sol LeWitt a donc mis en place tout un processus autour de son travail afin d'insister sur ce protocole mais aussi de ce qui relève de la pensée, de l'idée de l'artiste. Il déplace ainsi la question de l'auteur (la part auctoriale) et s'approprie le concept et l'oeuvre achevée en son nom, en occultant la partie secondaire (selon lui), la réalisation faite par de simples exécutants. Cependant, il admet qu'il peut et qu'il y a un écart entre ce qui a été pensé par lui et ce qui est compris par le dessinateur-assistant lors de la lecture du protocole. A chaque dessin mural est associé un mode d'emploi, un diagramme, accompagné d'explications précises. Le dessin est associé à un code couleur signifié par des lettres majuscules. Y = YELLOW B = BLUE R = RED G = GRAY Les différentes parties du cube le sont par les mentions suivantes : Background = fond Left plane = plan de gauche Right plane = plan de droite Bottom plane = plan inférieur Top plane = plan supérieur Il y a plusieurs couleurs associées au même plan ce qui oblige à superposer les couches, créant parfois des variantes selon les couleurs Ici les noms des dessinateur-assistants apparaissent : ou la dose utilisées. Antoine bonhomme, Bruno Rousselot, Anthony Sansotta Exemple : Les dimensions sont aussi précisées Dessin1 sur le premier et deuxième mur, 475 x 1275 cm, Left plane = YRY troisième et quatrième mur, 475 x 1650 cm Le diagramme peut aussi se présenter Ci-contre, un exemple de comme une double page. Diagramme présenté avec 7 On retrouve toujours le dessin deux pages, Chaque page schématisé avec le code couleurs et correspond à un mur. 8 Des chiffres ou des lettres pour identifier les formes. LE CERTIFICAT © Séverine BRAUD enseignante au Lycée Michel de Montaigne - Académie de BORDEAUX
TERMINALE - Enseignement de spécialité – SOL LEWITT et les Wall Drawing # Un certificat est délivré pour chaque Wall Drawing qui est lui-même associé à un numéro car les Wall Drawing n'ont pas de titre sauf exception (band of colors). Le certificat est délivré au propriétaire (particulier, galerie, musée), mais il n'est délivré qu'une seule fois. C'est un certificat d'authenticité qui suit l'oeuvre en fonction de ses déplacements ou de sa revente (This certification is the signature for the Wall Drawing and must accompagny the Wall Drawing if it sold or otherwise transfered). Il permet d'authentifier l'oeuvre et de l'associer à Sol LeWitt car il ne signe pas ses oeuvres puisque ce n'est pas lui qui les réalise, il respecte cela. Cependant, un spectateur avisé sera reconnaître et associer pleinement l'artiste à son oeuvre. Wall Drawing numéro 541 Rédigé à la machine et complété à la main. Sur chacun des quatre murs une forme inclinée avec un lavis d'encre de couleur superposées Il est précisé ici où avait lieu la première installation, (Galerie Yvon Lambert à Paris) et l'année sachant que cette œuvre a été ensuite reproduite à nouveau en 1990. Code couleurs précisé Ce certificat est la signature du dessin mural et doit accompagner le dessin mural s'il est vendu ou transféré Signé par Sol LeWitt à la main Séverine BRAUD enseignante au Lycée Michel de Montaigne - Académie de BORDEAUX
TERMINALE - Enseignement de spécialité – SOL LEWITT et les Wall Drawing # Wall Drawing # 541 – version 1990, Wall Drawing # 541 (1987), Musée d'art contemporain, Sydney. à la galerie Yvon Lambert (1ère réalisation) Les couleurs de cette version proviennent de la superposition transparente de rouge (R), jaune (Y), bleu (B) et gris (G) directement sur le mur plutôt que de les mélanger auparavant. Les instructions de LeWitt spécifient le nombre de couches et l'ordre dans lequel les appliquer. Les cubes sont des dessins isométriques (tous les côtés opposés sont parallèles) qui représentent des formes tridimensionnelles sur des surfaces bidimensionnelles. LeWitt recadre certaines des formes pour créer l'illusion que les images continuent au-delà du plan du mur. Le rapport à l'espace et au spectateur : L'in situ : Œuvre réalisée dans le lieu et en relation avec celui-ci. Le travail de LeWitt prendra de l'ampleur dans les espaces. Ainsi l'artiste n'intervient pas, c'est le public qui le fait en étant confronté à l'oeuvre qui inonde un espace par la couleur et les formes, par une grande force expressive créant une émotion sensible et visuelle. « L’idée, une machine qui fabrique de l’art », c’est ainsi que Sol LeWitt définit son approche de la création. Wall Drawing # 65 a été exécuté pour la première fois en 1971 au Musée Guggenheim de New-York puis à cinq autres occasions. Les dessins de LeWitt sont installés à des emplacements désignés, pour la durée souhaitée par les propriétaires et datée selon la première année d'installation. Ils peuvent être redessinés à d'autres endroits à une date ultérieure mais le mur est toujours préparé à la demande de l'artiste. Il y a toujours un assistant qualifié de Sol LeWitt qui supervise l'exécution. Exemple : Les lignes ne sont ni courtes, ni droites, mais traversantes Assistante au travail Wall Drawing # 65 et touchantes, dessinées au hasard à l'aide de quatre côtés, Elle reproduit des lignes aux crayons de uniformément dispersés avec une densité maximale, couvrant toute couleurs et sans autre outil. la surface du mur. CITATION : « Une fois que l'idée de l'oeuvre est définie dans l'esprit de l'artiste et la forme finale décidée, les choses doivent suivre leur cours. Il peut y avoir des conséquences que l'artiste ne peut imaginer. Ce sont des idées qui sont à considérer comme des travaux d'art qui peuvent en entraîner d'autres. » Extrait de Sentences of conceptual art, 1969. Cette délégation de pouvoir à ceux (dessinateurs-assistants) qui réalisent un Wall Drawing ne marque pas l'impersonnalité de l'oeuvre, elle lui donne au contraire son autonomie artistique puisque sa forme ne peut plus dépendre de la subjectivité de l'artiste. C'est dire que pour être déplacé, vendu par exemple, un Wall Drawing devra être refait et bien qu'il changera alors d'aspect, il restera toujours le même : seul son concept est vendu. Séverine BRAUD enseignante au Lycée Michel de Montaigne - Académie de BORDEAUX
TERMINALE - Enseignement de spécialité – SOL LEWITT et les Wall Drawing # CITATION : "Le "Wall Drawing" est une installation permanente même détruit. Quand quelque chose est fait (dans l'esprit) il ne peut être défait" déclare Sol LeWitt, citation extraite de "On Wall Drawings" paru en avril 1970. Pour LeWitt, chaque installation a sa propre valeur, tant que le concept est compris et respecté par les dessinateurs, et que l’exécution n’altère pas la qualité artistique de l’oeuvre. L’oeuvre murale est adaptée à l’échelle du nouvel espace, il ne s’agit donc pas de reproduire mais d’interpréter l’idée artistique. Les Wall Drawing ne sont ainsi ni figés dans l’espace ni figés dans le temps. En démontrant que l’art, avant d’être une chose, est une idée, LeWitt rend son oeuvre quasi permanente puisque le concept vit au-delà des installations et pourra être repris dans d’autres lieux rendant ainsi l’oeuvre à chaque fois unique et différente. Wall Drawing # 797, 1995. Nécessite de la concentration, en effet les assistants doivent avec un feutre suivre en continu sur toute la longueur du mur la ligne faite précédemment par un autre assistant. Ainsi, le dessin mural dépend de la qualité et de la précision de chacune des lignes colorées faites à la main. Wall Drawing # 1113, 2003. Première installation en 2003 à la galerie d'art nationale de Smithsonian à Washington, USA. Sur un mur, on peut voir un grand triangle coloré prenant tout l'espace du mur qui lui-même délimite un rectangle. Le triangle est ainsi placé à l'intérieur et au milieu du rectangle, où chacune de ces deux formes se répondent et font écho à l'autre par un jeu de bandes colorées qui viennent définir leur surface. Le rectangle est représenté par des bandes colorées jaunes, violettes, rouges, oranges, bleues et vertes à la verticale, le triangle lui, présente ces mêmes bandes colorées mais dans trois sens différents en lien avec la direction des droites le constituant. Les Wall Drawing # 1113 bandes créent des rythmes plaçant la couleur au cœur de l'expression de ces jeux formels. SOURCES : Sol LeWitt : A Wall Drawing Retrospective, vidéo montrant la réalisation de plusieurs Wall Drawing par des assistants et des techniques différentes. https://www.youtube.com/watch?v=c4cgB4vJ2XY Site montrant de nombreux wall drawing être réalisés par des assistants. http://publicdelivery.org/sol-lewitt-wall-drawings/ Site présentant de nombreux wall drawing : https://massmoca.org/sol-lewitt/ Séverine BRAUD enseignante au Lycée Michel de Montaigne - Académie de BORDEAUX
TERMINALE - Enseignement de spécialité – SOL LEWITT et les Wall Drawing # Wall Drawing # 356 BB, 2003. Parfois il ne s'agit que d'une forme, une figure isométrique (dont les dimensions sont égales), un cube ouvert à l'intérieur duquel se trouvent des lignes noires espacées de 7,5 cm et se dispersent dans trois directions créant une perspective mais aussi l'illusion de l'absence d'une partie de ce cube (forme rejoignant ces sculptures nommées open cube). La première installation s'est faite en 2003 et a été exécutée au musée Hirshhorn, situé à Washington. Depuis d'autres versions ont eu lieu. VARIATIONS : Ce motif de lignes noires donnera lieu à des variations (#370) sur des formes géométriques, reprenant le principe d'illusion d'optique, faisant écho au travail de l'artiste Britannique Bridget Riley. On comprend donc ici l'importance de l'effet visuel recherché dans l'oeuvre pour le spectateur. D'ailleurs l'Op'art a intéressé Véra Molnar pour ses mêmes raisons. Wall Drawing # 532 – (1987, 1ère installation 1987), ci-dessous version 2016, Genève, Suisse. Il est réparti sur quatre murs, ce sont des formes inclues en continu dans des bandes réalisées avec des encres couleurs pastels (gris, rose pâle, blanc cassé) qui sont superposées pour créer ces effets de cubes flottants, ce sont des encres lavables à l'eau. Comme dans toutes les productions de Sol LeWitt, il y a la notion de traçabilité qui est essentielle, nous avons donc toujours les informations associées à l'oeuvre comme le nom des assistants. Ici il s'agit de Sylvie Bouchard, Jo Watanabe et Anne Youldon. La première installation s'est faite au Centre d'art contemporain de Montréal au Canada en Juin 1987. Wall Drawing # 532 - Documents associés à l'oeuvre - Wall Drawing # 532 – œuvre réalisée in situ. Couleurs délavées (lavis). Dimensions : 40m de long x 3,5 m de haut. Reproduit en 2016 à Genève. Suisse. Les Wall Drawing # de Sol LeWitt évoluent dans l'espace, dans leurs formes et leurs couleurs. Certains sont des variations de dessins muraux déjà existants quand d'autres sont nouveaux mais toujours très graphiques. - Formes géométriques (cube, pavé droit, trapèze, croix, cercle...), #356bb, #439, #481, #527, #541, #610 - Lignes serpentines colorées courant sur les murs des galeries, #1136 lignes colorées, #999 lignes noires... - Rayures de couleurs horizontales, verticales ou en obliques, # 391, #419, #1084... - Rayures en noir et blanc, horizontales, verticales ou en obliques, #340A, #370 - Réseaux de lignes répétées et superposées recouvrant des zones dont l'intensité varie selon l'ordre, #1274... - Verticales, horizontales et obliques fines répétées et superposées les unes aux autres, #65, #289, #1180... Sol LeWitt explore les notions d’impermanence et d’immatérialité de l’art, son travail démystifie l’oeuvre en tant qu’objet physique puisqu’elle se confond avec l’espace d’exposition qui l’accueille. Privilégiant les figures géométriques, LeWitt met sur pied un système qui se base sur la répétition de formes simples. Cette approche lui permet de se concentrer sur l’idée qui constitue l’oeuvre, une idée qu’il transmet aux dessinateurs (assistants) par des instructions précises et un diagramme. LeWitt définit ainsi sa pratique en séparant la conception de l’exécution : « l’exécution est une affaire sans importance ». Comme c’est le cas dans la musique, le théâtre ou l’architecture, l’art est conçu avant sa matérialisation. Le concept prime sur l’exécution, raison pour laquelle les dessins muraux sont éphémères, ils existent le temps de l’exposition et une fois celle-ci terminée, les murs sont repeints. C'est ainsi qu'ils relèvent de l'art conceptuel. Il en réalisera plus de 1200 entre le premier en 1968 et l'année de sa mort en 2007. Séverine BRAUD enseignante au Lycée Michel de Montaigne - Académie de BORDEAUX
TERMINALE - Enseignement de spécialité – SOL LEWITT et les Wall Drawing # Wall Drawing #340A - (1993) - Pastel noir. 1ère réalisation : Brian Colernan, Shawn Perry Première installation : Addison Gallery of American Art, Phillips Academy Andover, Massachusetts (USA) en Avril 1993 Ci-dessous : Vue d 'installation au Centre Pompidou-Metz, février 2012. TRADUCTION du diagramme : Dessin en six parties. Le mur est divisé horizontalement et verticalement en six carrés égaux, bordés et séparés par des bandes blanches de 6 pouces (15 cm). A l'intérieur de chaque carré, une figure géométrique à l'extérieur de laquelle se trouvent des lignes parallèles noires horizontales, et à l'intérieur de laquelle se trouvent des lignes parallèles noires verticales. Toutes les lignes sont distantes de 1 pouce (soit 2,5 cm). Les lignes horizontales ne pénètrent pas dans les figures. Composé au départ de lignes dans les quatre directions, le vocabulaire visuel de LeWitt s’enrichit d’un ensemble de formes géométriques simples, que l’artiste classe en figures primaires (carré, cercle, triangle) et figures secondaires (rectangle, trapèze, parallélogramme), comme en témoignent les deux rangées de figures rayées du Wall Drawing #340A (1993). Technique : au pastel gras, tracer une ligne implique de travailler au moins à deux personnes, à l’aide d’une règle fabriquée aux dimensions adéquates, en repassant plusieurs fois afin d’obtenir la densité et l’épaisseur requise Séverine BRAUD enseignante au Lycée Michel de Montaigne - Académie de BORDEAUX
TERMINALE - Enseignement de spécialité – SOL LEWITT et les Wall Drawing # Wall Drawing # 457 - 1985 Pyramides à doubles asymétries avec des lavis d'encre de couleur superposés. Lavage d'encre de couleur ensuite. Première réalisation : Andrea Marescalchi, Luigi Morrone, Anthony Sansotta. Première installation : à la galerie Mario Pieroni, à Rome, en Italie. Détail de deux pyramides 6 Ici, conformément au protocole de Sol LeWitt, c’est à même les murs de la galerie que les « Wall Drawing » ont été exécutés, transformant la galerie en un véritable atelier d’artistes. Aussi, les œuvres de Sol LeWitt demeurent éphémères, puisqu’à la fin de l’exposition, les murs de la galerie seront poncés et les œuvres retourneront alors au néant, ou à un état de « poussière », disons. Repeints ou physiquement détruits dès lors que les véritables murs étaient protégés par des supports sur lesquels les Wall Drawing ont été peints. Effectivement, Sol LeWitt estime que ce qui prime dans l’art, ce n’est pas tant l’exécution ou la matérialisation de l’œuvre qui prime mais l’idée. Pendant près de trois semaines, la galerie Marian Goodman s’est transformée en atelier, prêtant ses murs à deux assistants officiels de Sol LeWitt et à huit artistes, afin qu’ils y reproduisent selon les plans du maître quatre Wall Drawing pyramidaux pour le moins impressionnants, inspirés du Quattrocento italien. Ce n’est pas un hasard si les œuvres évoquent les fresques de la Renaissance italienne puisque Sol LeWitt a développé cette technique spécifique du lavis d’encre après avoir quitté New York en 1980 pour vivre à Spoleto en Italie. Fasciné par les œuvres des peintres du Trecento et Quattrocento, LeWitt a écrit à l’époque où il habitait en Italie qu’il voulait « produire quelque chose qu’il n’aurait pas honte de montrer à Giotto ». Séverine BRAUD enseignante au Lycée Michel de Montaigne - Académie de BORDEAUX
TERMINALE - Enseignement de spécialité – SOL LEWITT et les Wall Drawing # Wall Drawing # 711 - 1992 Lavis d'encres de couleurs Musée de Picardie, Amiens. Installation in situ permanente, rotonde. La commande publique menée par la ville et la Délégation aux arts plastiques ont permis de faire réaliser en 1992, un des rares et seuls Wall Drawing de Sol LeWitt réalisé et France et ce de façon permanente, à l'intérieur du musée de Picardie à Amiens, dans la rotonde, lieu de passage et croisement de trois grandes salles du musée. Mur Sud (carré) Les assistants au travail 3 Diagramme du plafond 7Diagramme du mur C (ouest) avec le triangle gris (peint en jaune) Le motif de l'étoile et des bandes de couleurs sera repris pour un projet pour les JO de 1992.4 Séverine BRAUD enseignante au Lycée Michel de Montaigne - Académie de BORDEAUX
TERMINALE - Enseignement de spécialité – SOL LEWITT et les Wall Drawing # Wall Drawing # 1091 réalisé en 2003 Wall Drawing # 1136 réalisé en 2004 Coller ici la carte postale couleur donnée 5 Colors bands série réalisée en 2000, il s'agit d'une recherche pas d'un dessin mural, recherche sur les possibilités quasi infinies de couleurs et de lignes qui sera ensuite transposée dans de nombreux Wall Drawing Color Bands est une série de huit impressions sur papier issues de linogravures où courbes et lignes jouent sur les effets optiques des couleurs adjacentes. Influence des fresques Italiennes. (73.7 x 73.7 cm chacun) Séverine BRAUD enseignante au Lycée Michel de Montaigne - Académie de BORDEAUX
TERMINALE - Enseignement de spécialité – SOL LEWITT et les Wall Drawing # Le noir et blanc Wall Drawing #462 réalisé en 1986 Aujourd'hui au MOMA, et ci-contre, vue de la version originale de 1975. Wall Drawing # 260 (1975) - acheté par M.O.M.A de NewYork réalisé dans une salle. Il a été reproduit à la fondation Louis Vuitton en 2017 lors de l'exposition « Etre moderne ». Même si les dessins muraux de LeWitt évoquent la tradition de la fresque italienne. Les peintures ont établi une tradition distincte dans laquelle des systèmes linéaires, déterminés à l’avance par LeWitt, sont mis en oeuvre par d’autres artistes, qu’ils soient artistes, assistants qualifiés ou volontaires novices, sur la base de ses instructions. LeWitt a comparé son rôle à celui d'un compositeur qui crée une partition pouvant être jouée par des musiciens pendant des générations. Le concept - ou partition - reste constant, mais le dessin mural, comme une performance musicale, variera légèrement chaque fois qu'il sera réalisé à nouveau. Le diagramme présenté sur le mur au public, ci-contre mur de la fondation Louis Vuitton (rez-de-chaussée, mur face aux escalators), où on peut observer les croisements des différents motifs sur le mur peint en noir. Séverine BRAUD enseignante au Lycée Michel de Montaigne - Académie de BORDEAUX
TERMINALE - Enseignement de spécialité – SOL LEWITT et les Wall Drawing # Wall Drawing #370 (1982) au Metropolitan Museum of Art, à New York Wall Drawing #295 5 Wall Drawing #289 réalisé en 1976 - Série de 9 points répartis à égale distance 15 cm, d'où partent une série de douze lignes tracées en blanc. Ici, c'est un protocole rigoureux qui est mis en place. Wall Drawing #136, 1972 Wall Drawing #1180 (détail), à New Haven, Connecticut, 2017 Variation sur mur blanc du futur #260 installé à la Yale University Art Gallery, - Marqueur noir. Séverine BRAUD enseignante au Lycée Michel de Montaigne - Académie de BORDEAUX
TERMINALE - Enseignement de spécialité – SOL LEWITT et les Wall Drawing # LA COLLABORATION Des assistants au spectateur Wall Drawing #1274 Scribble Column (Horizontal) Colonne griffonnée au graphite mesurant 14 m et ayant nécessitée 4 semaines de travail. L'intensité du geste varie entre les parties hautes de celles du milieu. Wall Drawing #1274, 2006 Détail : Les lignes tracées au graphite sont visibles, c'est un réseau de lignes circulaire qui est repérable par l’œil Les assistants (Nicolai Angelov, Timothy Dale et Jemima Flett ci-dessus) répètent inlassablement les mêmes gestes afin de reporter le même motif sur toute la longueur, tout en respectant le mode d'emploi. C'est une autre façon d'aborder le dessin où le geste se doit de rester précis. Les dessinateurs-assistants : Comme on peut le voir ici, l'oeuvre n'existe pas si elle n'est pas réalisée. C'est là qu'entre en jeu les dessinateurs- assistants, certains sont reconnus par Sol LeWitt d'ailleurs les noms sont mentionnés et associés aux productions. Parfois, tout comme pour la mise en oeuvre des projets de Christo et Jeanne-Claude, la galerie ou le musée peut faire appel à des étudiants d'écoles d'art ou d'écoles d'architecture (ils sont été associés au projet lors de la rétrospective tenue en 2012 au musée Georges Pompidou-Metz). Cela semble faire partie du protocole mais là pas de confirmation. Une collaboration plus large : La collaboration avec les œuvres de Sol LeWitt ne s'arrête pas aux assistants car, le spectateur en fait aussi partie. Par sa présence, il confère au Wall Drawing sa réalité et donc sa légitimité une fois matérialisée par les assistants, l'oeuvre appartient aux visiteurs. Ce dernier est privilégié car l'oeuvre sera détruite après l'exposition, il en aura donc fait l'expérience sensible, éphémère. C'est lui qui la fait vivre au-delà de sa conception (artiste), de sa réalisation (assistants), il y a sa présence et ce qu'elle fait éprouver, elle n'est donc pas neutre (spectateur face à l'oeuvre). Séverine BRAUD enseignante au Lycée Michel de Montaigne - Académie de BORDEAUX
TERMINALE - Enseignement de spécialité – SOL LEWITT et les Wall Drawing # VI – LA SCULPTURE Mise en place d'un protocole rigoureux En 1965, pour la première fois, Sol LeWitt expose à New York ses structures modulaires. Ses structures modulaires sont en aluminium peinture émaillée blanche, sont composées d’éléments primaires, tel que le carré et le parallélépipède, qui s’assemblent. Chacune d’entre elles est la transposition matérielle d’un concept générateur. Les combinaisons s’agencent selon des procédures plus ou moins complexes fondées sur la progression, la permutation ou l’inversion des modules. L’objectif n’est pas d’élaborer un espace de perception, au sens classique du terme, mais de montrer un système d’organisation formel prédéterminé. Les "Incomplete open cubes" (1974/1982) existent, chacun, en tant qu'élément singulier d'un ensemble de variations : ils sont constitués d'entités qui sont à considérer chacune en relation avec toutes les autres possibilités soit 122 cubes. variations Les sculptures modulaires : Il s'agit de constructions qui répètent et ordonnent une forme cubique en respectant un protocole de progression géométrique (défini par l'artiste). Ces oeuvres révèlent alors la filiation de LeWitt aux artistes de l'Art minimal. Les sculptures sont disposées à même le sol pour remettre en cause la sculpture classique et notamment l'usage du socle. Les formes sont épurées au maximum et peintes le plus Incomplete Open Cube, Cube without a Cube, sobrement possible en blanc ou en noir pour produire une 1974, aluminium peint 1996, aluminium peint oeuvre expressivement et émotionnellement neutre. 106x106x106cm 20x20x20cm Le matériau utilisé est un matériau industriel : l'aluminium. =ART MINIMAL ou Minimalisme : courant artistique du début des années 1960 apparu aux États-Unis. Les artistes cherchent à exprimer des formes avec peu de moyens et des matériaux non nobles (bois, feutre, acier) mais industriels (aluminium, pvc...). Ils s'opposent à l'Expressionnisme abstrait Américain qu'ils qualifient de peinture lyrique. Le Minimalisme est l'héritier du Modernisme alliant formes et couleurs dans des formes simples. Parmi les grands représentants du Minimalisme, il faut citer les sculpteurs Robert Morris, Carl André, et Donald Judd, le peintre Frank Stella et Sol Le Witt, qui lui est rattaché aux deux domaines. Sol LeWitt n'a jamais caché que le qualificatif "minimal" lui semblait en contradiction par son côté "primaire", avec l'élaboration mentale que nécessite l'oeuvre. C'est pour cela que l'art conceptuel lui correspond mieux. Three X Four X Three, 1984 Two Open Modular Cubes 1972 Séverine BRAUD enseignante au Lycée Michel de Montaigne - Académie de BORDEAUX
TERMINALE - Enseignement de spécialité – SOL LEWITT et les Wall Drawing # VII – CONCLUSION Questionnements : Que peut-on dire du geste artistique de Sol LeWitt ? En quoi sa démarche artistique remet-elle en cause l'acte artistique ? Sol LeWitt propose quelque chose de nouveau et certes déroutant compte tenu des traditions du savoir- faire de l'artiste, il ne le remet pas en cause, mais il s'en éloigne. Aujourd'hui, on constate que l'artiste abandonne la matière physique pour laisser la matière spirituelle reprendre le dessus, conduisant à déplacer le geste artistique en dehors de l'oeuvre. C'est la primauté de l'idée qui compte et non plus la réalisation car l'artiste se décharge de sa conception finale (œuvre matérialisée), il se contente d'en imaginer sa conception originelle (œuvre immatérielle). Les gestes ont pris ainsi une importance singulière, participant à la désincarnation et à la distance avec la matière au profit du concept. L'oeuvre de l'artiste Américain Sol LeWitt, incarne trois états différents. 1/ Celui de sa naissance, l'oeuvre a une forme immatérielle, elle n'est que l'idée de l'oeuvre. 2/ Puis celui de la vente à travers les productions d'un diagramme et d'un certificat, l'oeuvre est ainsi dématérialisée. 3/ Et pour terminer, l'oeuvre prend forme sous les mains d'autres que celles de l'artiste, l'oeuvre est enfin matérialisée. C'est ainsi, la visibilité d’une intention qu'il manifeste à travers un protocole rigoureux et cohérent. Lien avec la question du programme : Sol LeWitt génère des dessins uniquement dans un premier temps dans sa tête (concept) puis de façon esquissée (étude préparatoire). Il n'utilise pas de programmes informatiques, l'unique machine qu'il utilise est son cerveau. Par contre, il a mis en place un protocole rigoureux qui permet de rendre visible son intention artistique. La machine chez Sol LeWitt : La machine, c'est le cerveau, la pensée donnant naissance au concept (idée). Puis ce seront les petites mains des assistants qui répéteront inlassablement les gestes, les bandes colorées, les recouvrements des couleurs les uns sur les autres ou encore le remplissage au graphite d'une grande surface. Un travail laborieux. Souvent trois semaines en moyenne. Sol LeWitt a aussi réalisé des motifs sur toiles et des impressions sur papier suite à des tirages réalisés en linogravure (colors bands, 2000), ce qui témoigne à nouveau ici de l'utilisation de la machine (presse). La place du spectateur : L'œuvre de Sol LeWitt colorée ou en noir et blanc offre au-delà de cette palette chromatique, une expérience sensorielle, à travers les vibrations des couleurs, les jeux de formes, la profondeur de certains Wall Drawing, le toucher est sollicité par la vue à travers ces effets de superpositions dans certaines des œuvres (dès 1997 par le travail à l'acrylique générant aussi de la picturalité). Parfois ce sont des effets d'optiques qui perturbent le spectateur par l'ampleur du recouvrement sur les murs. Séverine BRAUD enseignante au Lycée Michel de Montaigne - Académie de BORDEAUX
TERMINALE - Enseignement de spécialité – SOL LEWITT et les Wall Drawing # VIII - FILIATIONS Stephen Wiltshire (1974) Stephen Wiltshire est un artiste anglais. Autiste doté d'une mémoire eidétique (syndrome du savant), diagnostiqué autiste à 3 ans il ne parlera qu'à l'âge de 9 ans, la légende raconte que ses premiers auraient été papier et stylo. Stephen est capable de dessiner des paysages dans les moindres détails après les avoir visualisés pendant quelques minutes. Des capacités extraordinaires qui lui ont valu le surnom d'homme caméra. Il dessine depuis son enfance, en 1987, il est découvert par une émission de télé sur l'autisme ce qui a permis de produire son premier recueil de dessins datant de ses 11 ans. Aujourd'hui, il poursuit ce travail nécessaire et ancré dans sa vie. Il travaille son sens de l'observation, se promène beaucoup et dessine les monuments de certaines villes. Son travail se fait au crayon de papier (graphite) et au stylo feutre fin. Parfois la couleur est présente. Ci-contre, Stephen a survolé la ville de New-York en hélicoptère pendant 20 minutes. C'est plus qu'il n'en faut pour ce génie qui, une fois redescendu sur terre, a réussi Stephen a également dessiné les villes de Rome, l'exploit de dessiner la ville au détail près, avec chaque Hong-Kong, Madrid, Mexico, Montréal ou encore bâtiment esquissé à l'échelle, uniquement grâce à sa Londres de la même manière. mémoire. Son travail relève de la performance malgré lui. Cet exemple est intéressant pour sa capacité à produire sur de grandes surfaces, ici sur du papier, des villes comme un décor ce qui ferait écho aux fresques peintes dans certaines villas Italiennes. Au-delà du lien avec la technique de la fresque (taille) et de sa présentation frontale, il y a l'aspect mécanique. En effet, Stephen Wiltshire se comporte comme une machine, restituant mécaniquement les images qu'il a dans la tête, enregistrées comme un ordinateur. Il se comporte à cause de son handicap et ce, bien malgré lui, comme une machine à réciter, sauf que ce qu'il produit est sensible et artistique. Séverine BRAUD enseignante au Lycée Michel de Montaigne - Académie de BORDEAUX
Vous pouvez aussi lire