Entrée du programme : Les Wall Drawing - profartspla

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Entrée du programme : Les Wall Drawing - profartspla
TERMINALE - Enseignement de spécialité –       SOL LEWITT et les Wall Drawing #

                  Entrée du programme :
                     Les Wall Drawing
                       de Sol LeWitt,
                      de 1968 à 2007.

«Utiliser une forme simple de façon répétée limite le champ
   de l’œuvre et concentre l’intensité, l’arrangement de la
forme. Cet arrangement devient la finalité de l’œuvre tandis
           que la forme n’en est plus que l’outil.»
                        Sol LeWitt.

        Séverine BRAUD enseignante au Lycée Michel de Montaigne - Académie de BORDEAUX
Entrée du programme : Les Wall Drawing - profartspla
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                                   Wall Drawing # 1136

                      formes               Série      Symétrie
         géométrie              COULEURS                WALL DRAWING

             VARIATIONS   assistants #
       champs colorés CERTIFICAT RIGUEUR

                 écriture DIAGRAMME                    art minimal

                  protocole            IN SITU           Recherches

                     Art Conceptuel                      DESSIN

        Séverine BRAUD enseignante au Lycée Michel de Montaigne - Académie de BORDEAUX
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                                      SOMMAIRE

                         I – PRESENTATION DE L'ARTISTE

           II – SA FORMATION ET SES INFLUENCES ARTISTIQUES
                       Une place à part entière dans l'art

                                III – ART CONCEPTUEL
                                        Contexte
                                        Définition

                              IV – LES WALL DRAWING
                                    Origine du dessin
                     Tradition de la technique de la peinture murale
                               Du concept à la réalisation
                               Mise en place d'un protocole
                           Le rapport à l'espace et au spectateur
                                       Variations
                                    Exemples d'oeuvres

                               V – LA COLLABORATION
                               Des assistants au spectateur

                                 VI – LA SCULPTURE
                         Mise en place d'un protocole rigoureux

                                    VII – CONCLUSION
                                    Questionnements
                           Lien avec la question du programme

                                     VIII – FILIATIONS

        Séverine BRAUD enseignante au Lycée Michel de Montaigne - Académie de BORDEAUX
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I – PRESENTATION DE L'ARTISTE
                             SOL LEWITT - Artiste Américain (1928-2007) minimaliste et conceptuel.
                             Après des études d'Art à l'Université de Syracuse, Sol LeWitt travaille comme
                             graphiste pour l'architecte I. M. Pei (architecte Sino-américain qui réalisera la
                             pyramide du Louvre en 1988). Il sera l'intermédiaire de deux grands courants
                             artistiques des années 1960, comme l'art minimal et l'art conceptuel. Il
                             travaillera d'abord la sculpture (cube, module) puis le dessin mural en
                             couleurs ou en noir et blanc dont la série s'intitule Wall Drawing et est assortie
                             d'un # suivi du numéro, ce qui lui permet de les classer chronologiquement.
                             Sol LeWitt est devenu l’un des plus influents de sa génération, aujourd’hui, il
        Sol LeWitt
                             est exposé dans les plus grands musées du monde.

II - SA FORMATION ET SES INFLUENCES ARTISTIQUES
Après ses études d'art, Sol LeWitt est engagé comme graphiste pour l'architecte I. M. Pei (architecte Sino-
américain qui réalisera la pyramide du Louvre en 1988) et devient ponctuellement un de ses assistants. Il va
ainsi apprendre à son contact et retenir de cette expérience architecturale que l'idée, le projet, le dessin
préparatoire occupent une place supérieure à la réalisation elle-même, cela l'aidera à mieux percevoir la
prédominance d'un projet par rapport à sa réalisation ce qui le marquera dans ses travaux personnels plus tard.
CITATION : « Un architecte ne part pas avec une pelle pour creuser les fondations et placer chaque brique. Un
architecte est encore un artiste ». Sol LeWitt

Les premières œuvres :
Les premières œuvres qu’il réalise vers 1962 sont encore des tableaux. Mais celles-
ci sont déjà en relief, structurées par des lettres et des surfaces géométriques. C'est
une préfiguration du langage minimal et d’une certaine conception sémiologique
des formes qu’il va développer par la suite. Ce vocabulaire élémentaire est dicté
par la conviction que « l’utilisation de formes complexes n’aboutit qu’à la
perturbation de l’unité de l’ensemble ».
                                                Carré rouge lettre blanches (1963) 8
Cette œuvre exprime pleinement les bases de ce qui sera défini comme étant de
l'art conceptuel. Sol LeWitt montre ici, la relation entre l’image et le texte. Le
spectateur y voit et y lit que ce sont des carrés rouges ou blancs avec des lettres
également rouges ou blanches dont la signification atteste ce qu'elles sont. C'est de
la tautologie (procédé rhétorique consistant à répéter la même idée en termes
différents, soit dans la même proposition, soit dans deux propositions voisines. « ce
qu’il y a lire est, ce que l’on voit ! ». C'est ce que constate le spectateur. L'artiste
conceptuel qui travaillera davantage ce principe est Joseph Kosuth.
                                  variations         Les sculptures modulaires :
                                             En 1965, Sol LeWitt expose ses premières sculptures
                                             modulaires à New York. Il s'agit de constructions qui
                                             répètent et ordonnent une forme cubique en respectant un
                                             protocole de progression géométrique défini par l'artiste. Ces
                                             oeuvres révèlent alors la filiation de LeWitt aux artistes de
                                             l'Art minimal. Les sculptures sont disposées à même le sol
                                             pour remettre en cause la sculpture classique et notamment
                        Cube without a Cube, l'usage du socle. Les formes sont épurées au maximum et
 Incomplete Open Cube, 1996, aluminium peint peintes le plus sobrement possible en blanc ou en noir pour
  1974, aluminium peint    20x20x20cm        produire une oeuvre émotionnellement neutre.
    106x106x106cm

         Séverine BRAUD enseignante au Lycée Michel de Montaigne - Académie de BORDEAUX
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III - ART CONCEPTUEL
 CONTEXTE : Depuis 1945, l'art a éclaté en une multitude de groupes et de mouvements dans le monde entier. Des
 duos, des groupes, avec la mise en place de manifestes, d'expositions communes, de nouvelles formes d'expression telles
 que la performance, le happening, l'art dans la rue, des installations passant du scandale à la censure à la révélation. L'art
 se réécrit, se redéfinit (référence à Harold Rosenberg, critique d'art Américain). L'art naît dans cet état d'esprit que tout
 peut devenir Art en remettant en cause le statut de l'oeuvre d'art mais aussi celui de l'artiste. L'art conceptuel va ainsi
 trouver sa place promouvant l'idée, le concept à la réalisation finale.
 DÉFINITION :
 L'art conceptuel, c'est un mouvement artistique Américain apparu
 dès 1965 dont l'objectif est de repousser les limites du champ
 artistique traditionnel en interrogeant le sens et la finalité du
 geste artistique. Le concept (l'idée) étant plus important que
 l'oeuvre elle-même. Artistes conceptuels : Joseph Kosuth, Joseph
 Beuys, Yoko Ono, Marcel Duchamp, Sol LeWitt.
 Certains sont passés par Fluxus ou bien ont cherché à s'isoler pour
 ne pas être classés à l'époque dans un isme.
                         Joseph Kosuth, One-and-Three-Chairs, 8
               1965, conservée au centre Georges Pompidou, Paris.

 CITATION : « Je qualifierais le type d'art dans lequel je suis impliqué d'art conceptuel. Dans l'art conceptuel,
 l'idée ou le concept est l'aspect le plus important du travail. Quand un artiste fait usage d'une forme conceptuelle
 cela signifie que tout est arrêté et décidé préalablement et que l'exécution est une affaire de routine. L'idée
 devient une machine qui fait l'art ».
  Sol LeWitt - Extrait Paragraphs on Conceptual Art, 1967.
 L'héritage de l'art conceptuel
 Le travail de Sol LeWitt est fondé sur l’idée que le moment important est celui de la conceptualisation et que «
 l’exécution est une affaire sans importance ». Cela amène Sol LeWitt a créé des diagrammes (sorte de mode
 d'emploi) pour que la majorité des dessins soit conçue pour être effectués par d’autres personnes que l’artiste
 (assistants professionnels habilités par l’atelier LeWitt). Il se détache de l'oeuvre matérialisée mais pas de sa
 conception mentale. Léonard De Vinci disant de la peinture qu'elle était une chose mentale (cosa mentale), ici
 on ressent chez ces artistes que c'est l'art qui est une chose mentale. D'ailleurs, Sol LeWitt va théoriser sa pensée
 et définir l'art conceptuel. A travers deux textes : Paragraphs on conceptual art en 1967, puis Sentences on
 conceptual art publié en 1969.
 CITATION : « Ce type d'art n'est ni théorie ni illustration d'une théorie. Il est intuitif et lié à toutes sortes de
 processus mentaux. Il est d'une façon générale, indépendant de l'habileté de l'artiste et de son savoir-faire
 technique. L'artiste conceptuel a pour objectif de faire en sorte que son travail soit mentalement intéressant
 pour le spectateur. Il aimerait que son travail devienne émotionnellement neutre. » Extrait de Paragraphs on
 conceptual art, 1967.
Remise en cause du statut de l'oeuvre d'art :
Par-delà la dimension décorative de son oeuvre, l'enjeu intellectuel consiste à bouleverser totalement du rôle
du musée. Il ne s’agit plus en effet de stocker une oeuvre ou de l’exposer, mais pour l’oeuvre dont il fait
l’acquisition, il s’agit ensuite de la réaliser, alors qu’elle n’existait qu’à l’état virtuel (dématérialiser).
Cette nouvelle conception de l'art va rejoindre celle d'Harald Szeemann (Suisse) qui sera le commissaire d'une
exposition en 1969 qui annonce largement les nouvelles attitudes des artistes : « Quand les attitudes deviennent
forme » au Kunsthalle de Berne en Suisse. Harald Szeemann cherche à démontrer et montrer que la question de
l'art contemporain ne pouvait dans l'émergence des années 1960, trouver de réponse dans l'agencement
chronologique des œuvres, mais dans l'activité même de l'artiste. L'art devait alors se re-définir, le mode de
présentation des oeuvres aussi. Il pointe les notions de concepts, processus et situations pour mettre en évidence
l'activité de l'artiste, quitte à ce que ce soit au détriment de l'objet fini.

           Séverine BRAUD enseignante au Lycée Michel de Montaigne - Académie de BORDEAUX
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IV – LES WALL DRAWING
Origine du dessin :
                              L'origine du dessin : La légende de Dibutade raconte que pour conserver l'image
                              de son bien-aimé partant au combat, la jeune femme décide de conserver le contour
                              de l'ombre apparu à la bougie sur le mur. Ainsi serait né le dessin, la peinture, l'art
                              de la fresque mais aussi le bas-relief car son père potier aurait appliqué de l'argile
                              sur les contours pour créer ce profil de terre comme première sculpture en relief.
                              7 Illustration ci-contre : Jean-Baptiste Regnault, L'origine de la peinture, 1785.

Tradition de la technique de la peinture murale :
 Héritage d'une pratique ancestrale : la fresque. Les premières œuvres sur des parois remontent à l'art
 préhistorique avec l'art Pariétal (Lascaux, Chauvet...). La tradition s'est perpétuée à l'Antiquité avec les fresques
 de Pompéi ou d'Herculanum, puis au Moyen-âge avec les fresques relatant la vie des Saints ou encore à la
 Renaissance avec un travail beaucoup plus in situ dans des chapelles (Giotto, Michel-Ange Raphaël...).
 La fresque est une technique de peinture murale. On parle de technique a fresco (enduit frais), soit une
 application des pigments colorés directement sur un enduit encore frais. Ainsi l'artiste n'a pas le droit à l'erreur,
 il doit finir avant que l'enduit ne sèche. L'autre technique, dite a secco, est constituée d'un enduit sec (plâtre) où
 l'artiste peut corriger si besoin. Au Mexique au XX°, le muralisme mené par Diego Ribera continuera d'utiliser
 l'art de la fresque. Remise indirectement au goût du jour par Sol LeWitt dans les musées, elle renaîtra grâce aux
 street artistes qui n'hésiteront pas à envahir les murs et les lieux désaffectés.
Du concept à la réalisation
 Le dessin mural : S’ils rappellent la tradition des fresques de la
 Renaissance italienne, les Wall Drawing (1968/2007) de Sol LeWitt
 marquent, dès la fin des années 60, une évolution décisive dans l’histoire
 du dessin en particulier et de l’art en général. LeWitt a développé l'idée
 des dessins muraux à la fin des années 1960.
 Il confère au dessin, un rôle équivalent à celui de la peinture ou de la
 sculpture.
 « Je désirais créer une œuvre d'art qui soit aussi bidimensionnelle que
 possible : il paraît plus naturel de travailler à même le mur plutôt que de
 prendre un accessoire, de le travailler, puis de l'accrocher au mur".        wall drawing # 51
 Son premier Wall Drawing sera réalisé en 1968, à la galerie Paula Cooper Un réseau de lignes fait avec une
 à New-York, c'est le Wall Drawing #2.                                         ficelle recouverte de craie, une fois
 Traduisant des processus mentaux (thought processes) conçus au                  tendue, la corde est pincée pour
 préalable par l’artiste, les dessins muraux sont ensuite exécutés                libérer au mur la craie faisant
 directement sur les murs, pour la plupart, à l’échelle du lieu d’accueil. apparaître une ligne bleue dessinée.
 Les dessins muraux réalisés in situ existent le temps de l’exposition ; ils
 sont ensuite détruits, les murs sont repeints, conférant ainsi à l’œuvre une
 dimension éphémère. Son contenu (ou concept) reste quant à lui,
 identique d’une présentation à l’autre jouant sur les formes, les couleurs
 et les interactions entre elles (produisant ainsi des variations). Chaque
 Wall Drawing est associé à un certificat et un mode d'emploi permettant
 de le réaliser à nouveau scrupuleusement, lui permettant aussi d'être
 vendu ou reproduit plusieurs fois.
 Sol LeWitt ne laisse pas fusionner conception et réalisation, c'est pourquoi ses dessins muraux ont pour
 origine un certificat accompagné d'un diagramme (schéma avec à un code couleurs ainsi que des consignes)
 qui permettent à des assistants de les exécuter dans le cadre d'une visualisation qui se veut essentiellement
 mentale. Les dessinateurs débutants sont invités à suivre rigoureusement les instructions et les diagrammes mis
 au point par LeWitt.

          Séverine BRAUD enseignante au Lycée Michel de Montaigne - Académie de BORDEAUX
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                Wall Drawing #2, 1968, crayon à mine noire (ci-dessous détail).
         Il appartient à la série II (A), il est composé de 24 dessins de 16 carrés chacun.

                                                                                                      4

                                                                               4
Organisé au sein d’une grille, le Wall Drawing #2, est issu de                Les lignes reproduites sont :
la série II (A) est composé de 24 dessins de 16 carrés chacun à      (dessinez-les ci-dessous : une série de
l'intérieur. Il présente l’une des quatre sections d’un système      verticales, horizontales, diagonales à 45 degrés
fini de combinaisons mis au point par LeWitt.                        de gauche à droite, et diagonales à 45 degrés de
Soit Vingt-quatre ensembles de seize carrés (16 carrés dans un       droite à gauche)
carré) proposant ainsi, sur le mode du miroir, les différentes
permutations possibles de lignes droites positionnées dans les
quatre directions géométriques fondamentales (verticale,
horizontale, diagonale à 45 degrés de gauche à droite, et
diagonale à 45 degrés de droite à gauche).
Ce système est explicité par un diagramme inscrit au mur,
à côté de l’oeuvre lors de l'exposition. L’artiste étant
soucieux à l'époque de donner les clés de lecture de ses
oeuvres au public, car c'était nouveau, cette forme d'art in situ.
La technique utilisée est le crayon à mine, qui est appliqué
directement sur le mur, mur qui est traité comme une page
vierge par les dessinateurs-assistants
Protocole d'utilisation des mines, taillées de manière
spécifique et assemblées en faisceaux de trois pour tracer
plusieurs lignes à la fois à intervalle régulier.
C'est un protocole minutieux et d'une grande rigueur.

         Séverine BRAUD enseignante au Lycée Michel de Montaigne - Académie de BORDEAUX
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Variations :
 L'artiste Américain Sol LeWitt n'est pas du genre à s'enfermer dans une forme ou un concept. Il le
 travaille, l'explore, le décortique et l'affine jusqu'à l'épuiser pour le rendre libre et indépendant. Ce qu'il
 fera dans le champ de la sculpture, il le fera aussi dans celui de la peinture avec ses Wall Drawing. Et c'est
 sa rigueur et les protocoles qu'il imagine qui lui permettent de créer inlassablement (1270 Wall Drawing
 réalisées entre 1968 et 2007).

 Dès 1967, il émerge chez LeWitt le fait que l’idée et le concept priment sur l’exécution. Il parle alors d'art
 conceptuel et se détache de l'art minimal où il avait été classé.
 En 1968, il entreprend la série des Wall Drawing, des dessins à même le mur, conçus pour un site spécifique,
 en noir et blanc au départ et qui doivent être effacés après exposition.
 En 1970, il intègre les courbes et les trois couleurs primaires. Puis inspiré par la découverte de l'oeuvre
 photographique de Muybridge (la chronophotographie), il développe des systèmes de variations logiques et
 mathématiques traduisant la sérialité.
 En 1978, les dessins de LeWitt, sont monumentaux et simplifiés, il ose les couleurs et devient plus lyrique, mais
 conserve les mêmes bases formelles, les mêmes structures primaires.
 Depuis 1981, il crée ses Wall Drawing en lavis où les couleurs sont superposées (souvent trois couleurs),
 l'utilisation d'encres lavables, d'encres aquarelles de couleur.
 Puis en 1982, le vocabulaire des formes géométriques utilisées par l'artiste se diversifie utilisant le rectangle, le
 trapèze, le parallélogramme (#343 ABCG 1980, formes géométriques noires).
 « Face à l'ampleur des murs, on doit commencer par tirer profit de leurs caractéristiques physiques. Le théâtral
 et le décoratif s'avèrent inévitables et devraient être utilisés pour rehausser l'œuvre » déclare LeWitt, ce qui le
 conduit à faire évoluer les formes et les techniques (#831, 1997, musée Guggenheim de Bilbao).
 A partir de 1997, l'acrylique fait son apparition dans ses Wall Drawing.
 Puis, c'est l'introduction de couleurs secondaires et du gris dans son travail. Ainsi, ses œuvres gagnent en
 picturalité. Ses Wall Drawing évoluent dans leurs formes et dans leurs couleurs mais aussi à travers une
 diversité d'outils-matériaux.
Les outils-matériaux:
Ils varient selon les projets :
     - Le graphite pour les réalisations les plus anciennes, l'exemple du Wall Drawing #1274 (2006)
     - la craie de cire, l'exemple du Wall Drawing #831 (1997, musée Guggenheim Bilbao)
     - le crayon de couleur, l'exemple du Wall Drawing #65 (1971)
     - l'encre de Chine colorée sous la forme de lavis (color ink), l'exemple du Wall Drawing # 711 (1992)
     - la peinture acrylique, l'exemple du Wall Drawing # 879 (1998, en noir et blanc)
     - le feutre, l'exemple du Wall Drawing # 797 (1995)
Certains dessins ont valeur de schémas ou quasiment de notes qui lui permettent de figurer des systèmes
combinatoires communs aux créations murales et sculpturales. Le dessin est important chez Sol LeWitt, il
l'utilise aussi pour ses sculptures, d'ailleurs, on retrouve parfois la forme du cube dans certains dessins muraux.

Sol LeWitt conçoit ses instructions comme une sorte de partition où les lignes et les formes à exécuter en seraient
les notes. Il accepte l'interprétation et la compréhension par le dessinateur assistant.
Il peut donc y avoir des erreurs dans les réalisations. Plusieurs textes théoriques fixent ces règles du jeu comme
en témoigne cet extrait d’un texte de 1971 de Sol LeWitt :
 "L’artiste conçoit et élabore le plan du dessin mural. Celui-ci est réalisé par des dessinateurs (l’artiste peut
être son propre dessinateur); le plan (écrit, oral ou dessiné) est interprété par le dessinateur. Des décisions sont
prises par le dessinateur, à l’intérieur du plan, en tant que parties du plan. Chaque individu étant unique, les
mêmes instructions sont comprises différemment et mises en œuvre différemment. Personne ne peut faire deux
fois la même chose. Tous les dessins muraux contiennent des erreurs, elles font partie de l’œuvre. Le plan
explicite devra accompagner le dessin mural achevé. Ils sont d’une égale importance."

          Séverine BRAUD enseignante au Lycée Michel de Montaigne - Académie de BORDEAUX
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Mise en place d'un protocole :                 LE DIAGRAMME :
Exemples de documents transmis et associés à l'oeuvre :
 6 Ci-dessous, il s'agit, d'un schéma appelé Diagramme, il présente la forme destinée à être reproduite par les
 dessinateurs-assistants. La forme finale est associée à une partie de texte explicative (ici en anglais ci-dessous).
 Sol LeWitt a donc mis en place tout un processus autour de son travail afin d'insister sur ce protocole mais aussi
 de ce qui relève de la pensée, de l'idée de l'artiste. Il déplace ainsi la question de l'auteur (la part auctoriale) et
 s'approprie le concept et l'oeuvre achevée en son nom, en occultant la partie secondaire (selon lui), la réalisation
 faite par de simples exécutants. Cependant, il admet qu'il peut et qu'il y a un écart entre ce qui a été pensé par
 lui et ce qui est compris par le dessinateur-assistant lors de la lecture du protocole.
   A chaque dessin mural est
  associé un mode d'emploi,
 un diagramme, accompagné
    d'explications précises.
   Le dessin est associé à un
 code couleur signifié par des
       lettres majuscules.
         Y = YELLOW
            B = BLUE
            R = RED
           G = GRAY
  Les différentes parties du
      cube le sont par les
     mentions suivantes :
       Background = fond
  Left plane = plan de gauche
  Right plane = plan de droite
 Bottom plane = plan inférieur
  Top plane = plan supérieur
    Il y a plusieurs couleurs
  associées au même plan ce
  qui oblige à superposer les
  couches, créant parfois des
  variantes selon les couleurs                 Ici les noms des dessinateur-assistants apparaissent :
       ou la dose utilisées.                  Antoine bonhomme, Bruno Rousselot, Anthony Sansotta
            Exemple :                                    Les dimensions sont aussi précisées
 Dessin1                                          sur le premier et deuxième mur, 475 x 1275 cm,
 Left plane = YRY                                    troisième et quatrième mur, 475 x 1650 cm

                                                                            Le diagramme peut aussi se présenter
 Ci-contre, un exemple de                                                         comme une double page.
 Diagramme présenté avec                                                     7 On retrouve toujours le dessin
 deux pages, Chaque page                                                    schématisé avec le code couleurs et
 correspond à un mur. 8                                                       Des chiffres ou des lettres pour
                                                                                    identifier les formes.

                                             LE CERTIFICAT ©

          Séverine BRAUD enseignante au Lycée Michel de Montaigne - Académie de BORDEAUX
Entrée du programme : Les Wall Drawing - profartspla
TERMINALE - Enseignement de spécialité –                   SOL LEWITT et les Wall Drawing #

Un certificat est délivré pour chaque Wall Drawing qui est lui-même associé à un numéro car les Wall Drawing
n'ont pas de titre sauf exception (band of colors).
Le certificat est délivré au propriétaire (particulier, galerie, musée), mais il n'est délivré qu'une seule fois.
C'est un certificat d'authenticité qui suit l'oeuvre en fonction de ses déplacements ou de sa revente (This
certification is the signature for the Wall Drawing and must accompagny the Wall Drawing if it sold or otherwise
transfered).
 Il permet d'authentifier l'oeuvre et de l'associer à Sol LeWitt car il ne signe pas ses oeuvres puisque ce n'est pas
lui qui les réalise, il respecte cela. Cependant, un spectateur avisé sera reconnaître et associer pleinement l'artiste
à son oeuvre.

                                                                                   Wall Drawing numéro 541
                                                                                 Rédigé à la machine et complété
                                                                                            à la main.

                                                                                    Sur chacun des quatre murs
                                                                                        une forme inclinée
                                                                                       avec un lavis d'encre
                                                                                      de couleur superposées

                                                                                   Il est précisé ici où avait lieu
                                                                                      la première installation,
                                                                                  (Galerie Yvon Lambert à Paris)
                                                                                    et l'année sachant que cette
                                                                                   œuvre a été ensuite reproduite
                                                                                        à nouveau en 1990.

                                                                                       Code couleurs précisé

                                                                                     Ce certificat est la signature
                                                                                       du dessin mural et doit
                                                                                    accompagner le dessin mural
                                                                                      s'il est vendu ou transféré

                                        Signé par Sol LeWitt à la main

         Séverine BRAUD enseignante au Lycée Michel de Montaigne - Académie de BORDEAUX
TERMINALE - Enseignement de spécialité –                   SOL LEWITT et les Wall Drawing #

       Wall Drawing # 541 – version 1990,                                Wall Drawing # 541 (1987),
       Musée d'art contemporain, Sydney.                       à la galerie Yvon Lambert (1ère réalisation)

 Les couleurs de cette version proviennent de la superposition transparente de rouge (R), jaune (Y), bleu (B) et
 gris (G) directement sur le mur plutôt que de les mélanger auparavant. Les instructions de LeWitt spécifient le
 nombre de couches et l'ordre dans lequel les appliquer. Les cubes sont des dessins isométriques (tous les côtés
 opposés sont parallèles) qui représentent des formes tridimensionnelles sur des surfaces bidimensionnelles.
 LeWitt recadre certaines des formes pour créer l'illusion que les images continuent au-delà du plan du mur.

Le rapport à l'espace et au spectateur :
 L'in situ : Œuvre réalisée dans le lieu et en relation avec celui-ci.
 Le travail de LeWitt prendra de l'ampleur dans les espaces. Ainsi l'artiste n'intervient pas, c'est le public qui le
 fait en étant confronté à l'oeuvre qui inonde un espace par la couleur et les formes, par une grande force
 expressive créant une émotion sensible et visuelle.
« L’idée, une machine qui fabrique de l’art », c’est ainsi que Sol LeWitt définit son approche de la création.

                                          Wall Drawing # 65 a été exécuté pour la première fois en 1971 au
                                          Musée Guggenheim de New-York puis à cinq autres occasions. Les
                                          dessins de LeWitt sont installés à des emplacements désignés, pour
                                          la durée souhaitée par les propriétaires et datée selon la première
                                          année d'installation. Ils peuvent être redessinés à d'autres endroits à
                                          une date ultérieure mais le mur est toujours préparé à la demande de
                                          l'artiste. Il y a toujours un assistant qualifié de Sol LeWitt qui
                                          supervise l'exécution.
                                          Exemple : Les lignes ne sont ni courtes, ni droites, mais traversantes
 Assistante au travail Wall Drawing # 65 et touchantes, dessinées au hasard à l'aide de quatre côtés,
 Elle reproduit des lignes aux crayons de uniformément dispersés avec une densité maximale, couvrant toute
        couleurs et sans autre outil.     la surface du mur.

 CITATION : « Une fois que l'idée de l'oeuvre est définie dans l'esprit de l'artiste et la forme finale décidée, les
 choses doivent suivre leur cours. Il peut y avoir des conséquences que l'artiste ne peut imaginer. Ce sont des
 idées qui sont à considérer comme des travaux d'art qui peuvent en entraîner d'autres. »
 Extrait de Sentences of conceptual art, 1969.

 Cette délégation de pouvoir à ceux (dessinateurs-assistants) qui réalisent un Wall Drawing ne marque pas
 l'impersonnalité de l'oeuvre, elle lui donne au contraire son autonomie artistique puisque sa forme ne peut plus
 dépendre de la subjectivité de l'artiste. C'est dire que pour être déplacé, vendu par exemple, un Wall Drawing
 devra être refait et bien qu'il changera alors d'aspect, il restera toujours le même : seul son concept est vendu.

          Séverine BRAUD enseignante au Lycée Michel de Montaigne - Académie de BORDEAUX
TERMINALE - Enseignement de spécialité –                SOL LEWITT et les Wall Drawing #

CITATION :
"Le "Wall Drawing" est une installation permanente même détruit. Quand quelque chose est fait (dans
l'esprit) il ne peut être défait" déclare Sol LeWitt, citation extraite de "On Wall Drawings" paru en avril 1970.

Pour LeWitt, chaque installation a sa propre valeur, tant que le concept est compris et respecté par les
dessinateurs, et que l’exécution n’altère pas la qualité artistique de l’oeuvre. L’oeuvre murale est adaptée à
l’échelle du nouvel espace, il ne s’agit donc pas de reproduire mais d’interpréter l’idée artistique. Les Wall
Drawing ne sont ainsi ni figés dans l’espace ni figés dans le temps. En démontrant que l’art, avant d’être une
chose, est une idée, LeWitt rend son oeuvre quasi permanente puisque le concept vit au-delà des installations et
pourra être repris dans d’autres lieux rendant ainsi l’oeuvre à chaque fois unique et différente.

                                                                               Wall Drawing # 797, 1995.
                                                                         Nécessite de la concentration, en effet
                                                                          les assistants doivent avec un feutre
                                                                              suivre en continu sur toute la
                                                                             longueur du mur la ligne faite
                                                                         précédemment par un autre assistant.
                                                                           Ainsi, le dessin mural dépend de la
                                                                         qualité et de la précision de chacune
                                                                          des lignes colorées faites à la main.

                                                                   Wall Drawing # 1113, 2003.
                                                                   Première installation en 2003 à la galerie d'art
                                                                   nationale de Smithsonian à Washington,
                                                                   USA. Sur un mur, on peut voir un grand
                                                                   triangle coloré prenant tout l'espace du mur
                                                                   qui lui-même délimite un rectangle. Le
                                                                   triangle est ainsi placé à l'intérieur et au milieu
                                                                   du rectangle, où chacune de ces deux formes
                                                                   se répondent et font écho à l'autre par un jeu
                                                                   de bandes colorées qui viennent définir leur
                                                                   surface.
                                                                   Le rectangle est représenté par des bandes
                                                                   colorées jaunes, violettes, rouges, oranges,
                                                                   bleues et vertes à la verticale, le triangle lui,
                                                                   présente ces mêmes bandes colorées mais
                                                                   dans trois sens différents en lien avec la
                                                                   direction des droites le constituant. Les
                     Wall Drawing # 1113                           bandes créent des rythmes plaçant la couleur
                                                                   au cœur de l'expression de ces jeux formels.

SOURCES :
Sol LeWitt : A Wall Drawing Retrospective, vidéo montrant la réalisation de plusieurs Wall Drawing
par des assistants et des techniques différentes.
                            https://www.youtube.com/watch?v=c4cgB4vJ2XY
Site montrant de nombreux wall drawing être réalisés par des assistants.
                            http://publicdelivery.org/sol-lewitt-wall-drawings/
Site présentant de nombreux wall drawing :
                                     https://massmoca.org/sol-lewitt/

         Séverine BRAUD enseignante au Lycée Michel de Montaigne - Académie de BORDEAUX
TERMINALE - Enseignement de spécialité –                           SOL LEWITT et les Wall Drawing #

                                                     Wall Drawing # 356 BB, 2003. Parfois il ne s'agit que d'une forme,
                                                     une figure isométrique (dont les dimensions sont égales), un cube
                                                     ouvert à l'intérieur duquel se trouvent des lignes noires espacées de
                                                     7,5 cm et se dispersent dans trois directions créant une perspective
                                                     mais aussi l'illusion de l'absence d'une partie de ce cube (forme
                                                     rejoignant ces sculptures nommées open cube). La première
                                                     installation s'est faite en 2003 et a été exécutée au musée Hirshhorn,
                                                     situé à Washington. Depuis d'autres versions ont eu lieu.
                                                     VARIATIONS : Ce motif de lignes noires donnera lieu à des
                                                     variations (#370) sur des formes géométriques, reprenant le
                                                     principe d'illusion d'optique, faisant écho au travail de l'artiste
                                                     Britannique Bridget Riley. On comprend donc ici l'importance de
                                                     l'effet visuel recherché dans l'oeuvre pour le spectateur. D'ailleurs
                                                     l'Op'art a intéressé Véra Molnar pour ses mêmes raisons.

 Wall Drawing # 532 – (1987, 1ère installation 1987), ci-dessous version 2016, Genève, Suisse.
 Il est réparti sur quatre murs, ce sont des formes inclues en continu dans des bandes réalisées avec des encres
 couleurs pastels (gris, rose pâle, blanc cassé) qui sont superposées pour créer ces effets de cubes flottants, ce
 sont des encres lavables à l'eau. Comme dans toutes les productions de Sol LeWitt, il y a la notion de traçabilité
 qui est essentielle, nous avons donc toujours les informations associées à l'oeuvre comme le nom des assistants.
 Ici il s'agit de Sylvie Bouchard, Jo Watanabe et Anne Youldon. La première installation s'est faite au Centre d'art
 contemporain de Montréal au Canada en Juin 1987.

Wall Drawing # 532 - Documents associés à l'oeuvre - Wall Drawing # 532 – œuvre réalisée in situ.
Couleurs délavées (lavis). Dimensions : 40m de long x 3,5 m de haut. Reproduit en 2016 à Genève. Suisse.
  Les Wall Drawing # de Sol LeWitt évoluent dans l'espace, dans leurs formes et leurs couleurs. Certains sont
 des variations de dessins muraux déjà existants quand d'autres sont nouveaux mais toujours très graphiques.
 - Formes géométriques (cube, pavé droit, trapèze, croix, cercle...), #356bb, #439, #481, #527, #541, #610
 - Lignes serpentines colorées courant sur les murs des galeries, #1136 lignes colorées, #999 lignes noires...
 - Rayures de couleurs horizontales, verticales ou en obliques, # 391, #419, #1084...
 - Rayures en noir et blanc, horizontales, verticales ou en obliques, #340A, #370
 - Réseaux de lignes répétées et superposées recouvrant des zones dont l'intensité varie selon l'ordre, #1274...
 - Verticales, horizontales et obliques fines répétées et superposées les unes aux autres, #65, #289, #1180...
 Sol LeWitt explore les notions d’impermanence et d’immatérialité de l’art, son travail démystifie l’oeuvre en tant
 qu’objet physique puisqu’elle se confond avec l’espace d’exposition qui l’accueille. Privilégiant les figures géométriques,
 LeWitt met sur pied un système qui se base sur la répétition de formes simples. Cette approche lui permet de se concentrer
 sur l’idée qui constitue l’oeuvre, une idée qu’il transmet aux dessinateurs (assistants) par des instructions précises et un
 diagramme. LeWitt définit ainsi sa pratique en séparant la conception de l’exécution : « l’exécution est une affaire
 sans importance ». Comme c’est le cas dans la musique, le théâtre ou l’architecture, l’art est conçu avant sa matérialisation.
 Le concept prime sur l’exécution, raison pour laquelle les dessins muraux sont éphémères, ils existent le temps de
 l’exposition et une fois celle-ci terminée, les murs sont repeints. C'est ainsi qu'ils relèvent de l'art conceptuel. Il en réalisera
 plus de 1200 entre le premier en 1968 et l'année de sa mort en 2007.

           Séverine BRAUD enseignante au Lycée Michel de Montaigne - Académie de BORDEAUX
TERMINALE - Enseignement de spécialité –             SOL LEWITT et les Wall Drawing #

                            Wall Drawing #340A - (1993) - Pastel noir.
1ère réalisation :
Brian Colernan, Shawn Perry
Première installation :
Addison Gallery of American Art, Phillips Academy Andover, Massachusetts (USA) en Avril 1993
               Ci-dessous : Vue d 'installation au Centre Pompidou-Metz, février 2012.

TRADUCTION du diagramme :
Dessin en six parties. Le mur est divisé horizontalement et verticalement en six carrés égaux, bordés et
séparés par des bandes blanches de 6 pouces (15 cm).
A l'intérieur de chaque carré, une figure géométrique à l'extérieur de laquelle se trouvent des lignes
parallèles noires horizontales, et à l'intérieur de laquelle se trouvent des lignes parallèles noires
verticales. Toutes les lignes sont distantes de 1 pouce (soit 2,5 cm). Les lignes horizontales ne pénètrent
pas dans les figures.
Composé au départ de lignes dans les quatre directions, le vocabulaire visuel de LeWitt s’enrichit d’un
ensemble de formes géométriques simples, que l’artiste classe en figures primaires (carré, cercle,
triangle) et figures secondaires (rectangle, trapèze, parallélogramme), comme en témoignent les deux
rangées de figures rayées du Wall Drawing #340A (1993).
Technique : au pastel gras, tracer une ligne implique de travailler au moins à deux personnes, à l’aide
d’une règle fabriquée aux dimensions adéquates, en repassant plusieurs fois afin d’obtenir la densité et
l’épaisseur requise

        Séverine BRAUD enseignante au Lycée Michel de Montaigne - Académie de BORDEAUX
TERMINALE - Enseignement de spécialité –                   SOL LEWITT et les Wall Drawing #

                                          Wall Drawing # 457 - 1985

              Pyramides à doubles asymétries avec des lavis d'encre de couleur superposés.
                                  Lavage d'encre de couleur ensuite.
                Première réalisation : Andrea Marescalchi, Luigi Morrone, Anthony Sansotta.
                    Première installation : à la galerie Mario Pieroni, à Rome, en Italie.

                                           Détail de deux pyramides 6

Ici, conformément au protocole de Sol LeWitt, c’est à même les murs de la galerie que les « Wall Drawing » ont
été exécutés, transformant la galerie en un véritable atelier d’artistes.
Aussi, les œuvres de Sol LeWitt demeurent éphémères, puisqu’à la fin de l’exposition, les murs de la galerie
seront poncés et les œuvres retourneront alors au néant, ou à un état de « poussière », disons. Repeints ou
physiquement détruits dès lors que les véritables murs étaient protégés par des supports sur lesquels les Wall
Drawing ont été peints.

Effectivement, Sol LeWitt estime que ce qui prime dans l’art, ce n’est pas tant l’exécution ou la matérialisation
de l’œuvre qui prime mais l’idée.

Pendant près de trois semaines, la galerie Marian Goodman s’est transformée en atelier, prêtant ses murs à
deux assistants officiels de Sol LeWitt et à huit artistes, afin qu’ils y reproduisent selon les plans du maître quatre
Wall Drawing pyramidaux pour le moins impressionnants, inspirés du Quattrocento italien.

Ce n’est pas un hasard si les œuvres évoquent les fresques de la Renaissance italienne puisque Sol LeWitt a
développé cette technique spécifique du lavis d’encre après avoir quitté New York en 1980 pour vivre à Spoleto
en Italie. Fasciné par les œuvres des peintres du Trecento et Quattrocento, LeWitt a écrit à l’époque où il habitait
en Italie qu’il voulait « produire quelque chose qu’il n’aurait pas honte de montrer à Giotto ».

         Séverine BRAUD enseignante au Lycée Michel de Montaigne - Académie de BORDEAUX
TERMINALE - Enseignement de spécialité –                SOL LEWITT et les Wall Drawing #

                                        Wall Drawing # 711 - 1992
                                      Lavis d'encres de couleurs
                  Musée de Picardie, Amiens. Installation in situ permanente, rotonde.
La commande publique menée par la ville et la Délégation aux arts plastiques ont permis de faire réaliser en
1992, un des rares et seuls Wall Drawing de Sol LeWitt réalisé et France et ce de façon permanente, à l'intérieur
du musée de Picardie à Amiens, dans la rotonde, lieu de passage et croisement de trois grandes salles du musée.

                                                      Mur Sud (carré)
                                                                                  Les assistants au travail
                                                          3 Diagramme du plafond

                                                          7Diagramme du mur C
                                                         (ouest) avec le triangle gris
                                                              (peint en jaune)

                                                            Le motif de l'étoile et des
                                                               bandes de couleurs
                                                            sera repris pour un projet
                                                             pour les JO de 1992.4

         Séverine BRAUD enseignante au Lycée Michel de Montaigne - Académie de BORDEAUX
TERMINALE - Enseignement de spécialité –               SOL LEWITT et les Wall Drawing #

  Wall Drawing # 1091 réalisé en 2003                   Wall Drawing # 1136 réalisé en 2004

Coller ici la carte postale couleur donnée

 5 Colors bands série réalisée en 2000, il s'agit d'une recherche pas d'un dessin mural, recherche sur les
possibilités quasi infinies de couleurs et de lignes qui sera ensuite transposée dans de nombreux Wall Drawing
  Color Bands est une série de huit impressions sur papier issues de linogravures où courbes et lignes jouent
 sur les effets optiques des couleurs adjacentes. Influence des fresques Italiennes. (73.7 x 73.7 cm chacun)

         Séverine BRAUD enseignante au Lycée Michel de Montaigne - Académie de BORDEAUX
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                                              Le noir et blanc

  Wall Drawing #462 réalisé en 1986

              Aujourd'hui au MOMA, et ci-contre, vue de la version originale de 1975.

Wall Drawing # 260 (1975) - acheté par M.O.M.A de NewYork réalisé dans une salle. Il a été reproduit à
 la fondation Louis Vuitton en 2017 lors de l'exposition « Etre moderne ». Même si les dessins muraux de LeWitt
 évoquent la tradition de la fresque italienne. Les peintures ont établi une tradition distincte dans laquelle des
 systèmes linéaires, déterminés à l’avance par LeWitt, sont mis en oeuvre par d’autres artistes, qu’ils soient
 artistes, assistants qualifiés ou volontaires novices, sur la base de ses instructions. LeWitt a comparé son rôle à
 celui d'un compositeur qui crée une partition pouvant être jouée par des musiciens pendant des générations. Le
 concept - ou partition - reste constant, mais le dessin mural, comme une performance musicale, variera
 légèrement chaque fois qu'il sera réalisé à nouveau.
Le diagramme présenté sur le mur au public, ci-contre mur de la fondation Louis Vuitton (rez-de-chaussée, mur
     face aux escalators), où on peut observer les croisements des différents motifs sur le mur peint en noir.

          Séverine BRAUD enseignante au Lycée Michel de Montaigne - Académie de BORDEAUX
TERMINALE - Enseignement de spécialité –               SOL LEWITT et les Wall Drawing #

    Wall Drawing #370 (1982) au Metropolitan Museum of Art, à New York

                                                                                    Wall Drawing #295

   5 Wall Drawing #289 réalisé en 1976 - Série de 9 points répartis à égale distance 15 cm, d'où partent
     une série de douze lignes tracées en blanc. Ici, c'est un protocole rigoureux qui est mis en place.

        Wall Drawing #136, 1972                Wall Drawing #1180 (détail), à New Haven, Connecticut, 2017
  Variation sur mur blanc du futur #260           installé à la Yale University Art Gallery, - Marqueur noir.

         Séverine BRAUD enseignante au Lycée Michel de Montaigne - Académie de BORDEAUX
TERMINALE - Enseignement de spécialité –                   SOL LEWITT et les Wall Drawing #

LA COLLABORATION
Des assistants au spectateur
                                                                                     Wall Drawing #1274
                                                                                 Scribble Column (Horizontal)
                                                                                 Colonne griffonnée au graphite
                                                                                mesurant 14 m et ayant nécessitée
                                                                                4 semaines de travail. L'intensité
                                                                                 du geste varie entre les parties
                                                                                    hautes de celles du milieu.
 Wall Drawing #1274, 2006

                                                                                                       Détail :
                                                                                                 Les lignes tracées
                                                                                                  au graphite sont
                                                                                                  visibles, c'est un
                                                                                                  réseau de lignes
                                                                                                  circulaire qui est
                                                                                                 repérable par l’œil

  Les assistants (Nicolai Angelov, Timothy Dale et Jemima Flett ci-dessus) répètent inlassablement les mêmes
 gestes afin de reporter le même motif sur toute la longueur, tout en respectant le mode d'emploi. C'est une
 autre façon d'aborder le dessin où le geste se doit de rester précis.
Les dessinateurs-assistants :
Comme on peut le voir ici, l'oeuvre n'existe pas si elle n'est pas réalisée. C'est là qu'entre en jeu les dessinateurs-
assistants, certains sont reconnus par Sol LeWitt d'ailleurs les noms sont mentionnés et associés aux productions.
Parfois, tout comme pour la mise en oeuvre des projets de Christo et Jeanne-Claude, la galerie ou le musée peut
faire appel à des étudiants d'écoles d'art ou d'écoles d'architecture (ils sont été associés au projet lors de la
rétrospective tenue en 2012 au musée Georges Pompidou-Metz). Cela semble faire partie du protocole mais là
pas de confirmation.

Une collaboration plus large :
La collaboration avec les œuvres de Sol LeWitt ne s'arrête pas aux assistants car, le spectateur en fait aussi partie.
Par sa présence, il confère au Wall Drawing sa réalité et donc sa légitimité une fois matérialisée par les assistants,
l'oeuvre appartient aux visiteurs. Ce dernier est privilégié car l'oeuvre sera détruite après l'exposition, il en aura
donc fait l'expérience sensible, éphémère. C'est lui qui la fait vivre au-delà de sa conception (artiste), de sa
réalisation (assistants), il y a sa présence et ce qu'elle fait éprouver, elle n'est donc pas neutre (spectateur face à
l'oeuvre).

         Séverine BRAUD enseignante au Lycée Michel de Montaigne - Académie de BORDEAUX
TERMINALE - Enseignement de spécialité –                  SOL LEWITT et les Wall Drawing #

VI – LA SCULPTURE
Mise en place d'un protocole rigoureux
En 1965, pour la première fois, Sol LeWitt expose à New York ses structures modulaires.
Ses structures modulaires sont en aluminium peinture émaillée blanche, sont composées d’éléments primaires,
tel que le carré et le parallélépipède, qui s’assemblent. Chacune d’entre elles est la transposition matérielle d’un
concept générateur. Les combinaisons s’agencent selon des procédures plus ou moins complexes fondées sur la
progression, la permutation ou l’inversion des modules. L’objectif n’est pas d’élaborer un espace de perception,
au sens classique du terme, mais de montrer un système d’organisation formel prédéterminé. Les "Incomplete
open cubes" (1974/1982) existent, chacun, en tant qu'élément singulier d'un ensemble de variations : ils sont
constitués d'entités qui sont à considérer chacune en relation avec toutes les autres possibilités soit 122 cubes.

                                 variations   Les sculptures modulaires :
                                              Il s'agit de constructions qui répètent et ordonnent une forme
                                              cubique en respectant un protocole de progression
                                              géométrique (défini par l'artiste). Ces oeuvres révèlent alors
                                              la filiation de LeWitt aux artistes de l'Art minimal. Les
                                              sculptures sont disposées à même le sol pour remettre en
                                              cause la sculpture classique et notamment l'usage du socle.
                                              Les formes sont épurées au maximum et peintes le plus
 Incomplete Open Cube, Cube without a Cube, sobrement possible en blanc ou en noir pour produire une
  1974, aluminium peint 1996, aluminium peint oeuvre expressivement et émotionnellement neutre.
    106x106x106cm           20x20x20cm        Le matériau utilisé est un matériau industriel : l'aluminium.

=ART MINIMAL ou Minimalisme : courant artistique du début des années 1960 apparu aux États-Unis. Les
artistes cherchent à exprimer des formes avec peu de moyens et des matériaux non nobles (bois, feutre, acier)
mais industriels (aluminium, pvc...). Ils s'opposent à l'Expressionnisme abstrait Américain qu'ils qualifient de
peinture lyrique. Le Minimalisme est l'héritier du Modernisme alliant formes et couleurs dans des formes
simples. Parmi les grands représentants du Minimalisme, il faut citer les sculpteurs Robert Morris, Carl André,
et Donald Judd, le peintre Frank Stella et Sol Le Witt, qui lui est rattaché aux deux domaines.

Sol LeWitt n'a jamais caché que le qualificatif "minimal" lui semblait en contradiction par son côté "primaire",
avec l'élaboration mentale que nécessite l'oeuvre. C'est pour cela que l'art conceptuel lui correspond mieux.

         Three X Four X Three, 1984                                    Two Open Modular Cubes 1972

         Séverine BRAUD enseignante au Lycée Michel de Montaigne - Académie de BORDEAUX
TERMINALE - Enseignement de spécialité –               SOL LEWITT et les Wall Drawing #

VII – CONCLUSION

Questionnements :
Que peut-on dire du geste artistique de Sol LeWitt ?
En quoi sa démarche artistique remet-elle en cause l'acte artistique ?
Sol LeWitt propose quelque chose de nouveau et certes déroutant compte tenu des traditions du savoir-
faire de l'artiste, il ne le remet pas en cause, mais il s'en éloigne.
Aujourd'hui, on constate que l'artiste abandonne la matière physique pour laisser la matière spirituelle
reprendre le dessus, conduisant à déplacer le geste artistique en dehors de l'oeuvre.
C'est la primauté de l'idée qui compte et non plus la réalisation car l'artiste se décharge de sa conception
finale (œuvre matérialisée), il se contente d'en imaginer sa conception originelle (œuvre immatérielle).
Les gestes ont pris ainsi une importance singulière, participant à la désincarnation et à la distance avec
la matière au profit du concept.
L'oeuvre de l'artiste Américain Sol LeWitt, incarne trois états différents.
1/ Celui de sa naissance, l'oeuvre a une forme immatérielle, elle n'est que l'idée de l'oeuvre.
2/ Puis celui de la vente à travers les productions d'un diagramme et d'un certificat, l'oeuvre est ainsi
dématérialisée.
3/ Et pour terminer, l'oeuvre prend forme sous les mains d'autres que celles de l'artiste, l'oeuvre est enfin
matérialisée.
C'est ainsi, la visibilité d’une intention qu'il manifeste à travers un protocole rigoureux et cohérent.

 Lien avec la question du programme :
 Sol LeWitt génère des dessins uniquement dans un premier temps dans sa tête (concept) puis de façon
 esquissée (étude préparatoire). Il n'utilise pas de programmes informatiques, l'unique machine qu'il
 utilise est son cerveau. Par contre, il a mis en place un protocole rigoureux qui permet de rendre visible
 son intention artistique.

 La machine chez Sol LeWitt :
 La machine, c'est le cerveau, la pensée donnant naissance au concept (idée).
 Puis ce seront les petites mains des assistants qui répéteront inlassablement les gestes, les bandes
 colorées, les recouvrements des couleurs les uns sur les autres ou encore le remplissage au graphite
 d'une grande surface. Un travail laborieux. Souvent trois semaines en moyenne.
 Sol LeWitt a aussi réalisé des motifs sur toiles et des impressions sur papier suite à des tirages réalisés
 en linogravure (colors bands, 2000), ce qui témoigne à nouveau ici de l'utilisation de la machine
 (presse).

 La place du spectateur :
 L'œuvre de Sol LeWitt colorée ou en noir et blanc offre au-delà de cette palette chromatique, une
 expérience sensorielle, à travers les vibrations des couleurs, les jeux de formes, la profondeur de certains
 Wall Drawing, le toucher est sollicité par la vue à travers ces effets de superpositions dans certaines des
 œuvres (dès 1997 par le travail à l'acrylique générant aussi de la picturalité).
 Parfois ce sont des effets d'optiques qui perturbent le spectateur par l'ampleur du recouvrement sur les
 murs.

         Séverine BRAUD enseignante au Lycée Michel de Montaigne - Académie de BORDEAUX
TERMINALE - Enseignement de spécialité –                    SOL LEWITT et les Wall Drawing #

VIII - FILIATIONS

Stephen Wiltshire (1974)
Stephen Wiltshire est un artiste anglais. Autiste doté d'une
mémoire eidétique (syndrome du savant), diagnostiqué
autiste à 3 ans il ne parlera qu'à l'âge de 9 ans, la légende
raconte que ses premiers auraient été papier et stylo.
Stephen est capable de dessiner des paysages dans les
moindres détails après les avoir visualisés pendant
quelques minutes. Des capacités extraordinaires qui lui ont
valu le surnom d'homme caméra. Il dessine depuis son
enfance, en 1987, il est découvert par une émission de télé
sur l'autisme ce qui a permis de produire son premier
recueil de dessins datant de ses 11 ans. Aujourd'hui, il
poursuit ce travail nécessaire et ancré dans sa vie.
Il travaille son sens de l'observation, se promène beaucoup
et dessine les monuments de certaines villes. Son travail se
fait au crayon de papier (graphite) et au stylo feutre fin.
Parfois la couleur est présente.

Ci-contre, Stephen a survolé la ville de New-York en
hélicoptère pendant 20 minutes. C'est plus qu'il n'en faut
pour ce génie qui, une fois redescendu sur terre, a réussi Stephen a également dessiné les villes de Rome,
l'exploit de dessiner la ville au détail près, avec chaque Hong-Kong, Madrid, Mexico, Montréal ou encore
bâtiment esquissé à l'échelle, uniquement grâce à sa Londres de la même manière.
mémoire. Son travail relève de la performance malgré lui.

 Cet exemple est intéressant pour sa capacité à produire sur de grandes surfaces, ici sur du papier, des villes
 comme un décor ce qui ferait écho aux fresques peintes dans certaines villas Italiennes. Au-delà du lien avec la
 technique de la fresque (taille) et de sa présentation frontale, il y a l'aspect mécanique. En effet, Stephen Wiltshire
 se comporte comme une machine, restituant mécaniquement les images qu'il a dans la tête, enregistrées comme
 un ordinateur. Il se comporte à cause de son handicap et ce, bien malgré lui, comme une machine à réciter, sauf
 que ce qu'il produit est sensible et artistique.

          Séverine BRAUD enseignante au Lycée Michel de Montaigne - Académie de BORDEAUX
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