Entretien avec Guillaume Piens - Ropac, Rech, Mennour, Continua... Les grandes galeries entrent à Art Paris - Le Quotidien de l'Art
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Édition spéciale – 09.2021
ART PARIS
Entretien
avec Guillaume Piens
Ropac, Rech, Mennour, Continua...
Les grandes galeries entrent
à Art Paris
Focus
Dans l'œil
d'Hervé Mikaeloff –
Portrait
et Figuration
Découvertes
Les galeries
internationales
Parcours créent la surprise
Une vingtaine
de solos shows
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Art Paris 2021 I
Un autre SOMMAIRE
Grand Palais p. 5 Entretien avec Guillaume Piens,
Art Paris a une lourde tâche : étrenner un commissaire général d'Art Paris
© Bertrand Rieger.
équipement culturel dont tout le monde parle, Stéphanie Pioda
le Grand Palais Éphémère. Responsabilité
et privilège qui reviennent à l’une des rares p. 8 Regard sur la scène française : portrait
Rafael PIC foires internationales ayant maintenu son et figuration
édition 2020 contre vents et marées : un cru Armelle Malvoisin
qui s’était tenu lors d’un moment d’embellie
à la fin de l’été, avec une fréquentation p. 13 L'art moderne reprend des couleurs
inattendue et un niveau de ventes très satisfaisant. Créneau Julie Chaizemartin
identique en ce mois de septembre 2021, le début d’année ayant été
une nouvelle fois durement affecté par le Covid. Grâce à une
p. 16 Le retour des galeries d'outre-
campagne efficace, l’Union européenne a atteint la barre des 70 %
d’adultes vaccinés, ce qui laisse pressentir un retour timide des
Atlantique
Stéphanie Pioda
visiteurs internationaux. Car si la foire ne cache pas son ambition
d’être une vitrine de la scène française – en restant évidemment
dans l’âge moderne et contemporain et en mettant en avant cette p. 18 Des solos shows conquérants
année le portrait et la figuration – elle n’en est pas pour autant Armelle Malvoisin
« franco-française ». À côté de l’arrivée de poids lourds – Almine
Rech, Continua, Ropac, pour n’en citer que quelques-uns – voici p. 20 C'est leur première fois
des galeries suisses, anglaises, italiennes, espagnoles – tout ce qui Julie Chaizemartin
nous est frontalier –, mais aussi, poussant plus loin, de Corée,
de Colombie, même du Guatemala ! C’est donc autant à un tour p. 22 Que voir à Paris pendant la foire ?
duxmonde – mission impossible depuis un bon moment – qu’à Stéphanie Pioda
une plongée dans l’histoire de l’art que nous sommes conviés.
Un « régionalisme cosmopolite » selon le mot bien trouvé de son
directeur, Guillaume Piens, avec une adresse facile à retenir : entre
tour Eiffel et École militaire, pas moyen de se perdre…
Art Paris Art Fair Horaires d’ouverture :
© Patrick Tourneboeuf/RMN_GP/Tendance Floue.
Jeudi 9 septembre, de midi à 20h.
Vendredi 10 septembre, de midi à 21h.
Du 9 au 12 septembre Samedi 11 septembre, de midi à 20h.
Dimanche 12 septembre, de midi à 20h.
Grand Palais Éphémère
Situation sanitaire : covid-19
Plateau Joffre. 75007 Paris En application des dernières décisions
www.artparis.com gouvernementales en vigueur concernant le Covid-19,
un pass sanitaire ou un test PCR sera demandé.
Le Quotidien de l’Art est édité par Beaux Arts & cie – sas au capital social de 1 303 309 euros– 9, boulevard de la Madeleine – 75001 Paris –
rcs Nanterre n°435 355 896 cppap 0319 W 91298 issn 2275-4407
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Président Frédéric Jousset Directrice générale Solenne Blanc
Directeur général délégué et directeur de la publication Jean-Baptiste Costa de Beauregard
Directeur de la rédaction Fabrice Bousteau Éditrice adjointe Marine Lefort
Le Quotidien de l’Art : Rédacteur en chef Rafael Pic (rpic@lequotidiendelart.com) Rédactrice Alison Moss (amoss@lequotidiendelart.com)
L’Hebdo du Quotidien de l’Art : Conseillère éditoriale Roxana Azimi Rédactrice en chef adjointe Magali Lesauvage (mlesauvage@lequotidiendelart.com) Rédactrice Marine Vazzoler
(mvazzoler@lequotidiendelart.com)
Coordination éditoriale de ce numéro Stéphanie Pioda Contributeurs Julie Chaizemartin, Armelle Malvoisin
Directeur artistique Bernard Borel Maquette Yvette Znaménak Iconographe Mathilde Bonniec Secrétaire de rédaction Manon Michel
Régie publicitaire Beaux-arts &Cie – advertising@lequotidiendelart.com tél. : +33 1 87 89 91 43
Dominique Thomas (directrice), Peggy Ribault (Pôle Art), Hedwige Thaler (Pôle hors captif), Adèle Le Garrec (Musées), Juliette Jabet (Marché de l’art)
Studio technique studio@lequotidiendelart.com Abonnements abonnement@lequotidiendelart.com - tél. : +33 (0)1 82 83 33 10
Imprimeur Réveil de la Marne. 4 rue Henry Dunant. 51200 Épernay
Visuels de Une Gregory Crewdson, Starkfield Lane, 2019, impression pigmentaire numérique, 145 × 243 × 58 cm. Galerie Templon, Paris. Courtesy Gregory Crewdsonn et galerie Templon, Paris..
© ADAGP, Paris, 2021 pour les œuvres des adhérents.
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Gilles Aillaud
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Alfred Courmes
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Robert Heinecken
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Tetsumi Kudo
Arnaud Labelle-Rojoux
Édouard Levé
Tony Matelli
Pierre Molinier
Lionel Morgaine
Michel Mortier
© Jakob Lena Knebl. Photo Christian Benesch.
Olivier Mosset
Michel Parmentier
Ashley Hans Scheirl
Les Simonnet
Daniel Spoerri…
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Art Paris 2021 I
Guillaume Piens,
commissaire général d’Art Paris
« Le modèle de foire régionale
est un atout essentiel »
Propos recueillis par Stéphanie Pioda
Art Paris est la première foire à inaugurer le Grand Palais
Éphémère. Est-ce que la dimension plus réduite des
lieux a été une contrainte pour la sélection des galeries ?
Il est vrai que par rapport au Grand Palais
historique, nous perdons 2000 m2, soit 25 % de la
surface totale. L’espace est donc compté, mais il
est spectaculaire avec cette grande baie vitrée qui
Photo Chiara Santarelli.
donne à la fois sur la Tour Eiffel et sur le Champ
de Mars, sur lequel nous allons créer une zone
derestauration en extérieur. J’aime la simplicité
presque cistercienne du bâtiment de Jean-Michel
Wilmotte dont la hauteur sous plafond est
d’une vingtaine de mètres, contre les 45 mètres
de la verrière du Grand Palais historique. Nous Là où nous comptions en moyenne auparavant
écrivons une autre histoire et nous sommes 150 galeries, nous descendons à 140. Ensuite, plus
contents d’être les premiers à y entrer. que les chiffres, nous sommes attachés au
Malgré cette contrainte de place, 57 galeries renouvellement qualitatif comme l’attestent
participent pour la première fois ou reviennent des galeries qui intègrent cette édition et qui
et le taux de renouvellement est de 40%. Il y a eu n’avaient jamais participé à Art Paris : Thaddaeus
beaucoup de mouvements ! Ropac, Almine Rech, Kamel Mennour, Continua,
Massimo de Carlo, etc...
Le Grand Palais
Éphémère sur le Champs
Pourquoi ces galeries qui ne sont jamais venues ont été
de Mars, Paris.
conquises et ont franchi le pas ?
Plusieurs choses. Grâce au travail que nous
faisons depuis 10 ans, je pense que tout le monde
a compris qu’Art Paris est aujourd’hui un
événement de qualité. Beaucoup de ces galeries
ont admiré notre geste de résistance en 2020
puisque nous avons été la seule foire au monde
à se tenir physiquement en septembre. Dans
ce contexte si particulier, notre bilan affichait
quand même 113 galeries et 56 000 visiteurs…
Après, le modèle de foire régionale est un atout
essentiel avec un cœur franco-français ouvert sur
les périphéries européennes. Le circuit
de proximité est ce qui marche aujourd’hui, tout
particulièrement en ces temps de pandémie. /…
© Patrick Tourneboeuf/RMN_GP/Tendance Floue.
« L’espace est donc compté, mais il est
spectaculaire avec cette grande baie vitrée
qui donne à la fois sur la Tour Eiffel et sur
le Champ de Mars. »
5/
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J’avais développé dès mon arrivée à la tête
de la foire en 2012 ce concept de régionalisme
cosmopolite et c’était finalement visionnaire par
rapport à ce qui se passe aujourd’hui.
Est-ce qu’avec l’arrivée de ces galeries poids lourds,
vous vous positionnez en concurrent de la Fiac malgré
tout ?
Nous ne souhaitons pas être une Fiac bis. Ce qui
m’intéresse est d’affirmer l’ADN Art Paris qui est
différent, où les galeries prestigieuses côtoient
des plus jeunes et des scènes émergentes comme
© Art Paris.
l’Afrique ou la Corée. Essayons de sortir des
autoroutes de l’art contemporain où on retrouve
les 50 sempiternels noms que l’on voit partout Des visiteurs lors de
et sortons du formatage des foires l'édition 2020 d'Art Paris « Essayons de sortir
internationales. Et surtout, nous soutenons au Grand Palais. des autoroutes de l’art
la scène française de façon officielle depuis 2018, contemporain où on retrouve
en invitant un commissaire à porter son regard
les 50 sempiternels noms
etproduire un travail critique.
que l’on voit partout et sortons
Cette année, vous avez confié cette lecture à Hervé du formatage des foires
Mikaeloff. Que va-t-il mettre en lumière ? internationales. »
Nous avons eu une rencontre décisive et son
thème autour du portrait et de la figuration m’a
paru évident. Il part de figures tutélaires comme
Yan Pei Ming ou Marc Desgrandchamps, pour
aborder de jeunes artistes à découvrir. Je pense
à Rose Barberat, François Malingrëy, Alin
Bozbiciu, Nazanin Pouyandeh, Alex Foxton ou
encore Marcella Barceló pour ne citer que
quelques noms. Le thème dépasse largement sa
sélection car beaucoup de galeries l’ont intégré,
dont Patrice Trigano qui présente des portraits
magnifiques de Derain, et Hervé Mikaeloff fait
le pont avec Poush Manifesto où sera présentée
au 16e étage une extension de son thème portrait présente
et figuration. Nous voulons être une foire
de découvertes et un salon manifeste. ARNAUD ADAMI — DHEWADI HADJAB
BILAL HAMDAD — BARBARA NAVI
En parallèle, la section moderne est très présente ?
De plus en plus de galeries jettent des ponts entre
Focus de Hervé Mikaeloff :
des artistes historiques et contemporains. Pauline
Pavec ou Anne-Sarah Bénichou incarnent cette
Hamdad et Adami
nouvelle génération de galeristes qui favorise
ce dialogue transgénérationnel. D’autres ART PARIS ART FAIR
renouvellent le regard sur certains artistes stand F6
comme Vasarely, Alicia Penalba ou Simon Hantaï
en présentant des pièces charnières. GRAND PALAIS ÉPHÉMÈRE
Cette édition 2021, par sa diversité et sa richesse, 8 - 12 septembre 2021
par les partenariats que nous avons pu monter +33 (0)1 48 06 67 38
avec les différents musées et nouveaux lieux
dynamiques, illustre la renaissance culturelle www.h-gallery.fr
de Paris, the place to be. Je suis certain qu’en
septembre tous les regards seront tournés vers
Paris et sa foire éponyme !
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Art Paris 2021 I
Regard sur la scène française :
portrait et figuration
La foire a invité le commissaire d’exposition indépendant Hervé Mikaeloff à livrer sa lecture de la scène
française. Un parcours autour de la question du portrait, du renouvellement de la peinture figurative
et une mise en pespective de notre rapport à l’image et au monde.
Par Armelle Malvoisin
« Pour Art Paris, Alin Bozbiciu, Les corps fantômatiques d’Alin Bozbiciu
j’ai sélectionné vingt Choreography of the Galerie Suzanne Tarasiève
artistes de Present, 2021, huile sur
toile, 200 x 315 cm. Galerie
Voilà un an et demi que Suzanne Tarasiève a eu un véri-
différentes origines Suzanne Tarasiève, Paris. table coup de foudre pour la peinture à la touche expres-
sionniste de ce génial artiste roumain, « avant même
et de différentes d’avoir visité son atelier, ce qui est extrêmement rare »
générations qui raconte-t-elle. Ses toiles sur les corps dansant ont tout
montrent un autant subjugué le public lors de son premier solo show à
la galerie à l’automne 2020, qui « sont parties comme
panorama éclectique des petits pains ! » Il propose une série sur ce thème pour
et foisonnant Art Paris. Passionné d’opéra, de musique classique, de
poésie et d’histoire de l’art qui l’inspirent tout autant, Alin
du portrait figuratif
© Mazen Saggar.
Bozbiciu (né en 1989) a une parfaite maîtrise des tech-
de la scène française niques picturales qu’il met au service de sa sensibilité.
en 2021. Ce qui lie Ses compositions monumentales ont la majesté de la
grande peinture d’histoire.
ces artistes, c’est
d’abord un hyper-réalisme
des personnages, une critique
de la société, un “déterminisme
social’’, une fenêtre sur notre
manière d’habiter le monde.
Courtesy Alin Bozbiciu et Galerie Suzanne Tarasieve, Paris.
On peut aussi parler
d’un témoignage d’un temps social.
Une “photographie du monde’’,
de l’espace dans lequel ils vivent.
Leurs peintures nous confrontent
à une réalité sociale du quotidien. »
Hervé Mikaeloff,
commissaire d'exposition invité.
Photo Romain Darnaud/© Jean-Luc Blanc/ADAGP Paris 2021/Courtesy Art : Concept, Paris
Cette sensation de déjà vu chez Jean-Luc Blanc
Art : Concept
D’où vient ce caractère ambigu, ce sentiment de déjà vu et d’étrangeté à la fois qui émane des
œuvres de Jean-Luc Blanc (né en 1965) ? Sans doute de sa pratique singulière de la réappropria-
tion des images, celles qu’il recueille dans des films, revues, articles de presse, cartes postales,
publicités ou dernièrement des peintures sur visage de Serge Diakonoff. « Ma passion me porte
vers ces images déjà constituées que j’organise d’une manière très disparate pour leur trouver une
autre respiration, une autre voix », explique-t-il. Tel un réalisateur, il recadre ses sujets, souvent en
plan rapproché, et leur ajoute une touche personnelle qui modifie leur expression et leur confère
un caractère énigmatique.
Jean-Luc Blanc,
Jeanne Angkor, 2020,
huile sur toile, 150 × 120 cm.
Art : Concept, Paris.
/…
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Art Paris 2021 I
Il y a du Schiele chez Ana Karkar !
Galerie Hors-Cadre
L’œuvre d’Ana Karkar (né en 1986) se nourrit d’images
collectées sur Internet, qu’elle a repérées au cinéma, à
la télévision ou dans des clips vidéo, et qu’elle retra-
vaille à sa manière, pour faire de ces photos « objec-
tives » des peintures « subjectives ». Elle cite Francis
Bacon, Peter Doig ou encore Daniel Richter comme
ayant influencé sa façon de transformer les clichés.
Son sujet d’étude est principalement le corps féminin
qu’elle réinterprète en le faisant onduler et en lui impo-
sant des distorsions un peu comme le faisait Egon
Schiele. Ainsi souhaite-t-elle provoquer une lecture
libre du spectateur sur des compositions affranchies
© Ana Karkar/ADAGP Paris 2021.
de toute objectivation.
Ana Karkar, Fever,
2021, huile sur toile, 97 x 130 cm.
Galerie Hors-Cadre, Paris.
Thomas Lévy-Lasne,
Le Champs, 2021, huile
© Thomas Lévy-Lasn/ADAGP Paris 2021/Courtesy Thomas Lévy-Lasne et galerie Les Filles du
sur toile, 120 x 120 cm.
Galerie Les Filles du Calvaire,
Paris.
/…
Calvaire, Paris.
Thomas Lévy-Lasne réinterprète
Rosa Bonheur
Galerie Les Filles du Calvaire
Pour son Champ, Thomas Lévy-Lasne (né en
1980) s’est inspiré du tableau Le labourage
nivernais (1849) de Rosa Bonheur qui, au-delà de la
banalité apparente du sujet, est aujourd’hui devenu
un témoignage sur un travail existentiel. « Et puis il
y a la boue peinte, la réussite spectaculaire du tableau
pour celui qui traine ses yeux généreusement »,
commente Thomas Lévy-Lasne qui a voulu à son
tour « rendre la boue par la boue ». Le Champ renvoie
à la culture de la betterave sucrière. « Les méfaits du
sucre à trop haute dose dans nos alimentations n’est
plus à prouver, rien d’existentiel donc à calibrer le
paysage par le tracteur, à éteindre la terre par la GEROLD MILLER x UN-SPACED
monoculture, ses additifs, ses pesticides. Je ne me ART PARIS 2021 - STAND A09
retrouve pas à peindre le petit monde poétique des
herbes folles comme Rosa mais bien un paysage de la Sept. 7 th - 12 th 2021
fin de l’époque thermo-industrielle. » Grand Palais Éphémère - Paris
© Gerold Miller
9/
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Art Paris 2021 I
Les moments d’inertie
de Marcella Barceló
Galerie Anne de Villepoix
Il faut lâcher prise pour apprécier la peinture
de Marcella Barceló (née en 1992), ses paysages
Photo Aurelien Mole/Courtesy galerie Anne de Villepoix, Paris.
oniriques aux coloris féériques qui sont animés
de figures adolescentes évanescentes, inspirées
par l’univers de Balthus, Lewis Carroll, Nabokov ou
encore Laura Kasischke, et dont l’atmosphère fait
aussi référence à l’ukiyo-e japonais (le « monde
flottant »). « J’aime l’idée de cet âge de
métamorphoses, moment déséquilibré que j’essaie
de représenter par des poses maladroites, attitudes
avachies, des états d’ennui provoqués par
les moments d’inertie : idéalement, je souhaiterais
représenter les pensées d’une lycéenne qui scrute
l’horloge en attendant qu’elle sonne, livre l’artiste.
Il y a dans mes peintures une dimension
autobiographique, à la manière d’un journal intime : Marcella Barceló, Marjane Satrapi
les scènes d’extérieur sont des souvenirs de mon Sans titre, 2021, acrylique
enfance passée sur l’île de Majorque, des étés chauds sur toile, 200 x 200 cm. redonne le pouvoir à la femme
et de l’odeur des fleurs cueillies qui pourrissent Galerie Anne de Villepoix, Galerie Françoise Livinec
Paris.
au soleil. »
Jérome Zonder réinvente le dessin
Galerie Nathalie Obadia
« Dessiner revient pour moi à créer un espace sym-
bolique qui fonctionne ; construire un système dans
lequel on peut faire entrer le monde et ses ques-
tions », confie Jérôme Zonder (né en 1974), qui déve-
loppe depuis près de vingt ans une œuvre centrée
sur la pratique constamment réinventée du dessin
qu’il explore à sa limite. À partir d’un flot d’images
numériques, son œuvre polygraphique au fusain et à
la mine de plomb procède d’un travail critique qui
oscille entre réel et fiction, posant des interrogations
sur la condition humaine. En référence aux trois pro-
Courtesy galerie Françoise Livinec, Paris.
tagonistes du film Les Enfants du Paradis de Marcel
Carné, Garance, Baptiste et Pierre-François sont par
exemple devenus des personnages récurrents de
ses œuvres, évoluant dans le temps. Tandis que ses
Marjane Satrapi, Eris et
séries Fruits de l’histoire et Chairs grises proposent
Léthé,
une mise en scène de notre histoire collective, titil- 2020, acrylique sur toile,
lant notre conscience. 120 x 100 cm. Galerie
Françoise Livinec, Paris.
Reconnue internationalement pour sa bande
dessinée Persepolis et ses films d’animation,
Marjane Satrapi (née en 1969) s’impose
magistralement en peinture en représentant
© ADAGP Paris 2021/Courtesy Jérôme Zonder et galerie Nathalie Obadia, Paris
des femmes qui évoquent les personnalités fortes
de son enfance en Iran. Bien que figuratifs, ses
tableaux ne sont pas narratifs : chaque œuvre est
construite comme un plan séquence qui ouvre
un mystère jamais élucidé, même pas par un titre
qui reste énigmatique. L’artiste a choisi de
s’exprimer dans une gamme chromatique forte
mais limitée à quatre coloris principaux : le noir
profond qui marque la chevelure, souligne
Jérôme Zonder, Étude un vêtement et structure un décor, le rouge vif
pour un portrait de des lèvres et des robes épousant les corps sculptés,
Pierre-François #22, le bleu et le rose en complément. Enfin, dans
2020, mine de plomb et
fusain sur papier,
des proportions volontairement exagérées,
150 x 150 cm. Galerie les femmes monumentales occupent tout l’espace.
Nathalie Obadia, Paris. Histoire de bien marquer le coup. /…
10 /
HSArtParis-Portraits2.indd 10 06/09/2021 16:11Art Paris 2021 I
Les autoportraits de Yan Pei-Ming
Galerie Thaddaeus Ropac
Mondialement connu et apprécié pour son coup
de pinceau expressionniste, notamment hérité
de Goya et de Rembrandt, qui donne à ses portraits
monumentaux, souvent monochromes, un point
de vue inédit sur ses sujets, Yan Pei-Ming (né
en 1960) a une actualité intense dans l’Hexagone.
Montré actuellement à Avignon (Palais des Papes
et collection Lambert) et à Colmar (musée
Unterlinden), il est aussi à l’honneur à Art Paris,
à travers une série d’autoportraits, marquant
un retour du peintre à sa propre image. Créées
au cours des derniers mois, ces œuvres reflètent
les sentiments d’isolement et de solitude vécus
par l’artiste pendant le confinement, et mettent
Photo Clérin-Morin/© Yan Pei-Ming/ADAGP Paris 2021/Courtesy Thaddaeus Ropac, Paris.
en exergue les formes du conflit intérieur dans
une double démarche à la fois intime
et universelle.
Yan Pei-Ming,
Autoportrait, le calme,
2020, huile sur toile,
50 x 40 x 2,5 cm. Galerie
Thaddaeus Ropac, Paris.
Exposition des œuvres des lauréats de la Commande nationale d’estampes dans le cadre
de l’année de la Bande dessinée. À la Drawing Factory, Paris du 15 au 30 septembre 2021
11 /
HSArtParis-Portraits2.indd 11 06/09/2021 16:1111.14 NOV 2021 Grand Palais Éphémère
11.17 ONLINE VIEWING ROOM
GALERIES – SECTEUR PRINCIPAL GEORGES-PHILIPPE & NATHALIE ODILE OUIZEMAN Paris PHOTON Ljubljana
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FRANÇOISE PAVIOT Paris INTERVALLE Paris
NAILYA ALEXANDER New York
GAGOSIAN Paris JUDITH ANDREAE Bonn Index 26 août 2021
NATHALIE OBADIA Paris
GALERIE DU JOUR AGNÈS B. KOMINEK Berlin Sujet à modifications
Paris NICHOLAS METIVIER Toronto
NIKOLAUS RUZICSKA Salzbourg NIL Paris
GALERIE M Bochum OVER THE INFLUENCE Honk Kong
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PP21_210x297_LE QUOTIDIEN DE L'ART_FR.indd 1 27/08/2021 16:37
PP-ParisPhoto.indd 12 06/09/2021 16:07Art Paris 2021 I
L’art moderne reprend des couleurs
Modernes et contemporains en regard. L’occasion pour les galeries de mettre en valeur leurs artistes
historiques et de dévoiler des pièces rares ou emblématiques, parfois même des figures oubliées.
Par Julie Chaizemartin
Tobey or not to be ? Mark Tobey,
Image,
Galerie Jeanne Bucher Jaeger
Photo Jean-Louis Losi/© Mark Tobey/ADAGP Paris 2021/Courtesy Galerie Jeanne Bucher Jaeger, Paris.
1970, gouache sur papier,
Un focus sur les artistes femmes, un hommage 53 x 47 cm. Galerie Jeanne
à Gérard Fromanger récemment disparu et trois Bucher Jaeger, Paris.
œuvres de Mark Tobey (1890-1976) correspondant
à la période française du peintre américain. Parmi
elles, Image de 1970 (450 000 euros), une grande
gouache sur papier – technique assez rare pour
l’artiste qui usait plus traditionnellement
de latempera – reflète l’énergie d’un homme
de 80 ans et témoigne d’une histoire continue
avec la galerie, première à l’exposer en Europe
en 1955, et qui lui a consacré une importante
rétrospective l’hiver dernier.
L’abstraction mécanique
de Jean Dewasne
Galerie Lahumière
1970, première foire de Bâle. Lahumière y présente
des œuvres de Dewasne (1921-1999), alors que
l’artiste participait à la Biennale de Venise deux
plus tôt. De cette époque datent les grandes laques Hélène Valentin,
sur isorel dont La danse du feu est caractéristique. Angel Storm,
Champion de l’abstraction mécanique, l’artiste, 1975, acrylique sur toile,
défendu par la galerie depuis 1969, n’est pas encore 142 x 224 cm. Galerie Jean
reconnu à sa juste valeur selon Diane Lahumière : Fournier, Paris.
« Cette grande œuvre met en avant la force
Courtesy Galerie Jean Fournier, Paris.
de Dewasne dans l’emploi de la couleur tranchée. Il a
beaucoup travaillé avec des architectes et en dernier
lieu avec Otto von Spreckelsen sur les fresques Jean Dewasne,
intérieures de la Grande Arche de La Défense. Si La dance du feu,
Beaubourg est revêtu de couleurs, c’est aussi grâce à 1973, laque sur panneau
Dewasne sinon le bâtiment aurait été livré en gris ! » d’isorel, 97 x 130 cm. Galerie
Lahumière, Paris.
De Simon Hantaï à Hélène Valentin
Galerie Jean Fournier
La relation artistique fusionnelle de Simon Hantaï
(1922-2008) avec Jean Fournier date de leur
rencontre en 1954. L’huile sur toile Sans
titre de 1960 agit comme éclaireuse de la période
© Jean Dewasne/ADAGP Paris 2021/Courtesy galerie Lahumière, Paris.
cruciale où le peintre adopte le pliage. Le stand
dévoile aussi une magnifique acrylique d’Hélène
Valentin (1927-2012), Française qui connaît
le succès à New York en 1970-80, mais reste
largement méconnue. Ses grandes abstractions
nuageuses résonnent avec l’exposition « Elles font
l’abstraction » présentée au Centre Pompidou
tandis que la galerie montrait sa première
exposition personnelle en 2020.
/…
13 /
HSARTPARIS-ArtModerne.indd 13 06/09/2021 16:06Art Paris 2021 I
Rare céramique de Picasso
Galerie Hélène Bailly
Céramiques, dessins, sculptures, un réjouissant
solo show de Picasso ! En fleuron, « une pièce
unique, exceptionnelle par sa dimension et très rare
par son modèle » selon la galeriste. Acquis
récemment d’une collection privée, le Vase aztèque
aux deux visages de 1957 (300 000/ 400 000 euros)
est issu de la période
Gorgone Alberto Giacometti, de l’atelier de Madoura
© Succession Alberto Giacometti (Fondation Alberto et Annette Giacometti, Paris + ADAGP
de Giacometti Tête de Gorgone ou Tête à Vallauris. Il se démarque par
Galerie de Méduse, dite applique ses 51 cm de hauteur,
Jean-François Cazeau modèle « Masque aux sa forme à anse
serpents », inspirée des vases
Tête de Gorgone ou de Méduse,
applique dite masque aux serpents modèle conçu en 1934, précolombiens et son
de 1934
bronze à patine brun vert, motif original
Paris) 2021/Courtesy galerie Jean-François Cazeau, Paris.
hauteur : 24,5 cm. Galerie rappelant le mythe
(650 000/850 000 euros) est Jean-François Cazeau, Paris.
© Succession Picasso et ADAGP Paris 2021/Courtesy Helene Bailly Gallery, Paris
emblématique des objets de de Janus.
décoration inspirés
du monde antique et étrusque que réalise
Giacometti pour Jean-Michel Frank ou Elsa
Schiaparelli. On peut y voir un écho à l’exposition
de la Fondation Maeght qui présente des objets Pablo Picasso,
semblables, dont plusieurs réalisés à deux mains Vase aztèque aux deux
par Giacometti et son frère Diego. Cette pièce visages,
sera insérée dans le catalogue raisonné
du sculpteur de la Fondation Giacometti. 1957, pièce unique, terre
de faïence blanche,
partiellement gravée, aux
engobes colorés et émaillés,
Victor Vasarely, B, hauteur : 51,4 cm. Helene
1950, huile sur panneau, Bailly Gallery, Paris.
64 x 59 cm. Galerie AB,
Paris. /…
Contes d ’Illusions
Dragana
© ADAGP Paris 2021/Courtesy galerie AB, Paris.
MARKOVIC
Œuvre pionnière de Vasarely
Galerie AB
Exposée dès 1950 chez Denise René, B de Vasarely
(80 000/100 000 euros) est « l’une des premières
œuvres colorées du mouvement de l’Art optique dont
Vasarely sera le leader. Le rythme des lignes
horizontales verticales et diagonales provoque une
tension des formes et donne l’impression d’un relief
en trois dimensions » explique Agnès Aittouarès.
Son originalité provient du traitement mêlant
plusieurs matières et techniques : petites touches,
hachures, marbrures et vibrations de feuilles
3, rue Saint-Philippe du Roule - 75008 Paris
galerieboris@gmail.com / www.galerie-boris.com
13/09
d’argent. Elle est mise en regard de Polos, 03/12
une œuvre plus tardive de l’artiste.
14 /
HSARTPARIS-ArtModerne.indd 14 06/09/2021 16:06Art Paris 2021 I
Confidences d’Antonin Artaud Autour de Jean Arp
Galerie Trigano Galerie Anne-Sarah
Modeste, ce petit dessin d’Artaud renferme
Bénichou
cependant une page de l’histoire intime Pour sa première
de l’écrivain : un joueur de mandoline – participation à la foire,
comprenons du pipo ! – croqué, sous le coup la galerie fait dialoguer
de l’émotion, au dos de la lettre de refus de son ses artistes
manuscrit Artaud, le Mômo envoyée par Claude contemporains avec
Gallimard, en date du 29 octobre 1946. Le poète une pièce historique
blessé a aussi jeté sur le papier un petit texte de Jean Arp, Petite Vénus
surréaliste bien tourné. de Meudon de 1957,
provenant d’une
collection privée.
L’accrochage, sur
© ADAGP Paris 2021/Courtesy galerie Anne-Sarah Bénichou, Paris.
la thématique de Vénus,
relie Arp et les œuvres
de Mireille Blanc, Yann
Lacroix ou Julien Discrit,
toutes respirant la même
épure et les mêmes tons
délicats. « Cette pièce
de Arp me plaît beaucoup.
Sa douceur, le plâtre blanc
d’atelier, rarissime
et superbe. Il y a quelque
chose de très
contemporain » confie
la galeriste.
Jean Arp,
Petite Vénus
de Meudon,
1957, plâtre,
Courtesy Antonin Artaud et galerie Patrice Trigano, Paris.
49,5 x 13 x 9,5 cm. Galerie
Anne-Sarah Bénichou, Paris.
Antonin Artaud,
Le joueur de mandoline,
1946. Galerie Patrice
Trigano, Paris.
Alicia Penalba sort de l’ombre
Galerie Jean-Marc Lelouch
et Galerie A&R Fleury
En 2019, Jean-Marc Lelouch est le premier
à consacrer une exposition à la sculptrice Alicia
Penalba, éclipsée par le marché suite à sa mort
accidentelle en 1982. Artiste d’origine argentine,
elle arrive en France en 1948, découvre la
Courtesy galerie Jean-Marc Lelouch, Paris.
sculpture avec Zadkine et se lie avec Giacometti.
Ses œuvres abstraites et expressives sont
exposées à la fin des années 1950 par Claude
Bernard. « Elle cherchait le vide, se battait contre
la pesanteur » analyse Jean-Marc Lelouch en
évoquant Étincelle, un bronze de 1958 qui marque
le passage de la forme totémique à la ronde-bosse.
Penalba est aussi mise à l’honneur sur le stand
d’A&R Fleury en écho à l’exposition
Alicia Penalba,
monographique que lui consacre la galerie
Étincelle n°3, 1958,
du 15 septembre au 30 octobre 2021, doublé
bronze sur base en pierre,
d’un pendant à la Maison de l’Amérique latine fondeur Valsuani,
du 17 septembre au 15 décembre 2021. 40 x 19 x 19 cm (sans
la base). Galerie Jean-Marc
Lelouch, Paris.
15 /
HSARTPARIS-ArtModerne.indd 15 06/09/2021 16:06Art Paris 2021 I
Le retour des galeries d’outre-Atlantique
Si la foire est ancrée dans un positionnement franco-européen, elle n’en néglige pas pour autant
un vivier de galeries aux géographies plus lointaines : Canada, Guatemala, Uruguay, Corée.
Une sélection qui dépote.
Par Stéphanie Pioda
Les labyrinthes de l’esprit Maiko Kobayashi,
Blue Impression,
de JJ Estrada T.
La Galería Rebelde (Guatemala City)
2021, acrylique sur toile,
avec papier Washi japonais,
Labyrinthine Being appartient à la série 91 x 72,7 cm. Galerie Jouen,
Séoul.
« Distensiones » dans laquelle JJ Estrada T. (né
en 1982) passe en revue la religion, l’économie,
l’opposition technologie/nature, l’ère de
l’information, les classes sociales... Ici, il juxtapose
Courtesy galerie Jouen, Séoul.
deux images : un homme en costume et cravate
noire et une voiture circulant de nuit sur une route
chaotique, « comme si elle s’enfonçait dans les
profondeurs de l’esprit, vers l’inconnu » détaille Ana
Estrada de la galerie. « L’œuvre fait également
référence à une allégorie au tableau Le Fils de
l’homme de René Magritte » : notre esprit est
irrémédiablement attiré par ce qui est caché,
JJ Estrada T.,
Espoirs et désespoirs de Maiko
Labyrinthine Being,
curieux de ce qui est masqué. Kobayashi
2019, photographie
La Galería Rebelde est la première galerie argentique. La Galería Gallery Jeoun (Séoul)
d’Amérique centrale à participer à Art Paris avec Rebelde, Guatemala City.
Ce sont des créatures imaginaires aux silhouettes
deux autres artistes, Clara de
simples, prélevées du monde de l’enfance, qui sont
Tezanos et Marlov Barrios.
au cœur des œuvres de Maiko Kobayashi (née
en 1977). Elle les peint sur Washi depuis 2015,
un papier traditionnel japonais qui absorbe
différemment la peinture acrylique par rapport
Courtesy La Galería Rebelde, Guatemala City.
à une toile, avec plus de vibrations colorées. Elle
compare cette impression de fragilité du papier
à l’existence humaine qui est le sujet de ses
tableaux. « Plus j’apprends à connaître le monde,
plus je me sens impuissante. Mais lorsque je découvre
la vitalité et les ressources que possèdent les êtres
humains, mon cœur se remplit de courage et d’espoir.
Le 'frottement' provoqué par cette sensation
contradictoire est ma motivation pour dessiner. »
/…
Virgilio Villalba ou l’aliénation sociale
des individus
Galería de las Misiones (Montevideo)
La galerie présente un solo show de l’artiste Virgilio
Villalba, né en Espagne en 1925, émigré en Argentine
avec sa famille lorsqu’il a trois ans et mort en France en
2009. Intitulée « Le réalisme de l’aliénation » cette ex-
position, confiée au commissaire Manuel Neves, se
concentre sur les années 1960-1970 et présente pour
la première fois une sélection d’œuvres produites à
Paris. S’il concourt activement au développement de
Courtesy Galería de las Misiones, Montevideo.
l’art concret latino-américain dans les années 1940, la
production de Villalba évolue dans ces années 1960-
1970 au moment où éclot le Nouveau Réalisme, la Fi-
guration Narrative et le Pop Art. Ses sujets sont alors
empreints d’une certaine nostalgie et d’une solitude
traduisant l’aliénation de l’individu submergé par l’ano-
nymat des grandes villes.
Virgilio Villalba, Dîner sous la coupole, 1974, huile sur toile, 81 x 116 cm. Galería de las Misiones, Montevideo.
16 /
HSArtParis-GalOutreAtlantiques.indd 16 06/09/2021 16:02Art Paris 2021 I
Les visions hallucinées de Mat Brown
Christopher Cutts Gallery (Toronto)
Si l’année dernière la galerie avait fait un sold out
de son stand avec un solo show de Xiao Guo Hui,
elle revient cette année avec deux autres en plus
de cet artiste dans la veine surréaliste : Richard
Stipl et Mat Brown (né en 1980). Les dessins
de ce dernier fourmillent de détails, d’anecdotes,
de narrations, un véritable brouhaha génial où
certaines figures se détachent, Barabas à côté
d’un Christ noir, nu et inversé, Saint Georges
devenu une femme transperçant de sa lance
un monstre... Entre références à l’histoire de l’art
(La nef des fous de Bosch, Napoléon traversant
le Col du Grand Saint-Bernard de David....), sujets
religieux, SF, le tout détourné et réinterprété par
l’imagination délirante et débordante de Mat
Brown. À ne pas rater !
Courtesy Christopher Cutts Gallery, Toronto.
Mat Brown,
2020 first century 21:
Lapsed Judgment,
2020, encre sur toile de
coton épaisse,
165,1 x 111,8 cm (avec
cadre). Christopher Cutts
Gallery, Toronto.
ARTPARIS STAND A04
Artistes présentés :
MATHIEU DUCOURNAU
PHILIPPE HIQUILY
FRANÇOISE PARESSANT
VICTORIA TANTO
YENTELE
www.galerie-chevalier.com
galerie_chevalier_parsua
La Détachée, H. 2,00 x L. 1,50 m
Tapisserie d’après l’œuvre de Philippe Hiquily (1925-2013)
17 /
HSArtParis-GalOutreAtlantiques.indd 17 06/09/2021 16:02Art Paris 2021 I
Des solos shows conquérants
Qu’elle porte sur des travaux récents ou qu’elle soit rétrospective, l’exposition monographique nous immerge
en profondeur dans l’univers d’un artiste pour mieux l’appréhender, favorisant sa (re)connaissance. C’est
pourquoi, à juste titre, Art Paris a toujours donné une place singulière aux solos shows.
Par Armelle Malvoisin
Le Mexico baroque de Nicolas de Crécy
Huberty & Breyne gallery
Artiste de l’univers de la BD ayant une vraie
démarche plasticienne, Nicolas de Crécy (né
en 1966) reçoit en 2014 la commande par Louis
Vuitton d’un carnet de dessins sur le Mexique,
pour sa collection de Travel Book. « J’imaginais
le Mexique sans le connaître, je l’ai abordé de façon
© Nicolas de Crécy/Courtesy Galerie Huberty & Breyne, Paris.
intuitive », rapporte l’artiste. « Mexico est une ville
passionnante, organique. La lumière, les couleurs,
les différentes strates d’architectures y sont
extraordinaires. C’est une ville paradoxale où
les contraires cohabitent. Ce sont autant d’éléments
baroques qui existent par ailleurs dans mon propre
univers. » Pour Art Paris, il livre une sélection
de ces dessins ainsi que des œuvres inédites,
retraçant l’atmosphère culturelle féconde du pays,
de Mexico à Oaxaca, en passant par Tepozlán,
Cuetzalan, Puerto Angel et de nombreux villages
nichés sur la côte pacifique.
Nicolas de Crécy,
Depuis la route 175, état de Oaxaca, soir orange,
2021, aquarelle, encre et acrylique sur papier,
29,6 x 39,8 cm. Galerie Huberty & Breyne, Paris. /…
Monique Frydman version XS
Galerie Bogéna
Figure de l’abstraction française, Monique Frydman (née en 1943) a développé un travail immersif autour de la couleur, d’une maîtrise
extraordinaire. À côté de toiles anciennes issues de séries majeures « Les Dames de Nage », « Les Jaunes », « Senantes », « Violet »,
« Tabula », « Les révélés » et « Des saisons avec Bonnard », l’artiste présente le résultat de ses recherches picturales réalisées à
l’automne 2020. Dans cette nouvelle série intitulée « Un automne particulier », de petits formats – ce qui est assez inhabituel pour la
peintre –, les encres et pigments révèlent une explosion de teintes vives. Pour cette galerie de peintures qui se présente comme un
feu d’artifice de couleurs où chaque toile est d’une telle force qu’elle pourrait constituer un bouquet final, l’artiste y associe le mot
« Jubilation », titre de son solo show. Et qui sonne comme un manifeste.
© ADAGP Paris 2021/Courtesy Monique Frydman et Bogéna galerie,
Saint-Paul-de-Vence.
Monique Frydman, Un automne particulier n°4, Monique Frydman, Un automne particulier n°8, Monique Frydman, Un automne particulier n°14,
2020, encre de gravure et pigment sur toile de coton, 2020, encre de gravure et pigment sur toile de coton, 2020, encre de gravure et pigment sur toile de coton,
33 x 29,5 x 4 cm. Bogéna galerie, Saint-Paul-de-Vence. 32 x 32 x 4 cm. Bogéna galerie, Saint-Paul-de-Vence. 32 x 32 x 4 cm. Bogéna galerie, Saint-Paul-de-Vence.
18 /
HSARTPARIS-16-17.indd 18 06/09/2021 16:00Art Paris 2021 I
Les papiers sculptés
de Young-sé Lee
© ADAGP Paris 2021/Courtesy galerie Vazieux, Paris.
Galerie Vazieux
© ADAGP Paris 2021/Courtesy galerie Vazieux, Paris.
À l’occasion de la sortie cette
année de la toute première
monographie (éd. Skira)
consacrée à l’œuvre peint
de Young-sé Lee (né en 1956) ,
la galerie Vazieux a souhaité
montrer l’étendue d’un travail
méditatif empreint de poésie,
prenant sa source
au carrefour de l’Orient
Young-sé Lee,
et de l’Occident. S’appuyant sur une technique
Rosée Matinale,
personnelle d’estampage, l’artiste d’origine
La question de la disparition 1989, papier hanji, encre coréenne plaque le papier hanji (de mûrier) imbibé
chez Pierrick Naud de Chine, couleur végétale
et minérale,
d’encres végétales ou minérales et d’eau sur
des planches de bois préalablement entaillées
Galerie Modulab 194,5 x 190,5 cm. Galerie
de motifs abstraits. Sous cette action, les bandes
Vazieux, Paris.
Pierrick Naud (né en 1969) est un dessinateur- de papier se gaufrent pour laisser apparaitre
conteur (également céramiste-sculpteur) à l’imagi- Young-sé Lee, formes sculptées, tracés et veinures du bois.
nation très féconde, ayant adopté une technique au Villes Bleues, Ces effets de matière du papier donnent aux
fusain et graphite en noir et blanc pour mieux maîtri- tableaux l’aspect d’écorce, de surface rocheuse,
1991, papier hanji, encre
ser les jeux d’ombre et de lumière qui font écho aux de Chine, couleur végétale terreuse ou aqueuse. Ainsi se révèle un œuvre
notions d’apparitions et de disparitions abordées et minérale, collage, tirant son inspiration de la Nature.
dans son œuvre. Dans ses dessins à l’univers fan- 170 x 196 cm. Galerie
tastique mêlant étrangeté, mystère et poésie, il fait Vazieux, Paris.
cohabiter l’humain, l’animal et le végétal, en procé-
dant par hybridation, superposition ou métamor-
phose, et aussi par effacement. Pour ce faire, il va
chercher des illustrations dans des ouvrages et sur
Internet. Il les assemble ensuite par collage ou mon-
tage, provoquant « la rencontre d’images qui ne de-
vaient pas se rencontrer », avant de passer à l’étape
du dessin sublimé par une ultime couche de vernis.
© ADAGP Paris 2021/Courtesy Galerie Modulab, Metz.
Pierrick Naud, Les limites du cavalier n°50,
2021, fusain, pastel sec, encre et graphite sur papier, 120 x 80 cm. Galerie
Modulab, Metz.
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HSARTPARIS-16-17.indd 19 06/09/2021 16:00Art Paris 2021 I
C’est leur première fois
Elles participent pour la première fois à la foire avec des solo shows qui dévoilent de jeunes talents
tournés vers une peinture figurative ambitieuse, fusionnant subtilement les références historiques
à un réalisme contemporain. Les propositions de ces galeries s’inscrivent dans le parcours pensé par
le commissaire Hervé Mikaeloff.
Par Julie Chaizemartin
Rose Barberat, le monde en bleu
Galerie PACT
C’est une découverte. Tout juste diplômée
Courtesy galerie Le Feuvre & Roze, Paris.
des Beaux-Arts de Paris en juillet 2021, Rose
Barberat (née en 1994) expose une sélection
de peintures baignées par la couleur bleue. Dans
le même temps, sa première exposition personnelle
à la galerie montre des peintures à dominante
rouge. Ces filtres colorés, comme l’imaginait déjà
Monory, créent des récits fictionnels, ici empreints
de références mythologiques. Sa grande toile
L’Avenir infuse avec clairvoyance la solitude d’un
François Malingrëy, élégies perdues François Malingrëy,
Confinement, symbole ancestral – le cyclope – à notre humanité
Galerie Le Feuvre & Roze 2021, huile sur toile,
contemporaine. Là encore, au diapason de l’esprit
155 x 191 cm. Galerie défricheur de PACT, ce solo show est porté par
On ne sait quelles scènes jouent les grandes
Le Feuvre & Roze, Paris. la thématique « Portrait et figuration » qui aiguille
figures de François Malingrëy (né en 1989). Avec
le parcours de la scène contemporaine française
leurs poses empruntées dans un temps suspendu,
sur la foire.
assombri d’un silence pesant, elles suggèrent
les gestes lents des anciens porteurs d’offrandes
ou les nudités mystérieuses des symbolistes.
Ces peintures irréelles, qui mêlent les inspirations
iconologiques, créent des décors magnétiques.
Récompensé au Salon de Montrouge en 2015,
l’artiste est représenté par Le Feuvre & Roze
depuis 2018. C’est à la faveur de la sélection François Malingrëy,
de Hervé Mikaeloff que la galerie consacre un Le vol de Vallotton,
stand aux œuvres évocatrices de l’artiste (de 3 500 2021, huile sur bois
à 20 000 euros), en écho à son exposition découpé, 142 x 185 cm.
personnelle qu’elle lui dédie du 9 au 18 septembre Galerie Le Feuvre & Roze,
2021. Paris.
Photo Romain Darnaud/Courtesy Galerie Pact, Paris.
Courtesy galerie Le Feuvre & Roze, Paris.
Rose Barberat, L’Avenir,
2021, huile et acrylique sur toile, 210 x 180 cm. Galerie Pact, Paris. /…
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HSArtParis-PremiereFois.indd 20 06/09/2021 15:56Vous pouvez aussi lire
