Et si les équidés étaient mieux intégrés dans la politique agricole ?
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COUVs 223_223 22/07/16 09:37 PageCOUV1 Numéro 223 Juin 2016 Prix au numéro : 8 € DOSSIER Et si les équidés étaient mieux intégrés dans la politique agricole ? L’agriculture d’entreprise – L’agriculture pratique • 179e année
P 03-04 Edito-somm_223 22/07/16 09:37 Page3 ÉDITORIAL Le monde du cheval, à la croisée des cultures Lors de l’agr’iDay du 2 juin 2016, organisé par saf agr’iDées, la place du cheval dans la politique agricole commune a été largement questionnée, mettant en exergue la mutation que vit aujourd’hui le cheval dans notre société. Certains auteurs considèrent que le monde du cheval a connu depuis les années 50 une révolution aussi majeure que la généralisation de la cavalerie il y a 3 000 ans. Avec la motorisation des transports, de l’agriculture et des armées, le cheval est passé de la sphère de l’utilitaire, de l’indispensable, du travail, à celle des loisirs. Ce passage, réalisé avec succès, s’est accompagné d’un formidable développement des activités équestres (2,2 millions de pratiquants et 700 000 licenciés des sports équestres). Catherine Halbwachs Parallèlement, on assiste à un bouleversement sociologique, le mythe du noble Administratrice de saf agr’iDées © DR chevalier millénaire a vécu, l’homme de cheval d’aujourd’hui est une jeune fille issue des classes moyennes. Permettre l’adaptation des filières économiques Dès lors on comprend mieux le changement de paradigme que le statut de cheval vit aujourd’hui entre animal de rente résolument agricole et celui d’animal de compagnie dont il se rapproche. Comme le dit Jean-Pierre Digard : le monde du cheval est aujourd’hui à la croisée des cultures, les unes en voie de disparition, les autres en cours de formation. Comprendre, accompagner ce choc est indispensable pour permettre l’adaptation des filières économiques du cheval et donc leur déve- loppement. Le monde agricole a tout à gagner, car le cheval est sans aucun doute son meilleur ambassadeur dans ce monde qui se métropolise. Un lien vivant, plein d’émotions entre ce qui fut et ce qui sera, tant il est vrai qu’il porte l’humanité. n Forme juridique : association loi 1901 reconnue d’utilité publique • Directeur de la publication : Laurent Klein • Rédacteur en chef : Patrick Ferrère • Rédactrice en chef adjointe : Isabelle Delourme • Abonnements : Christelle Vasseur • Maquette, composition et photogravure : C.A.G., 169, rue du Faubourg-Saint-Antoine, 75011 Paris • Ont participé à ce numéro : Y. Berger, G. Boone-Bartoli, C. Bourguignon, M.-C. Damave, B. Day, I. Delataille, I. Delourme, J.-B. Millard, D. Nedelec, B. Peignot, C. Sédillot • Liste des annonceurs : saf agr’iDées, SPACE • Crédit photo de couverture : © Fotolia • Dépôt légal : à parution • Imprimerie : Apothem, 47, rue Alexandre-Dumas, 59200 Tourcoing • Abonnement : 48 euros TTC • N° de Commission Paritaire de Presse : 1218 G 83987 • La reproduction, même partielle, de tout matériel publié dans la revue, sous quelque procédé que ce soit, est strictement interdite Agriculteurs de France est une revue éditée par la Société des Agriculteurs de • ISNN : 0339-4433 • Périodicité bimestrielle. France : 8, rue d’Athènes, 75009 Paris. Tél. : 01 44 53 15 15. Fax : 01 44 53 15 25. E-mail : agriculteursdefrance@saf.asso.fr. Internet : www.safagridees.com Agriculteurs de France - n° 223, mai-juin 2016 3
P 03-04 Edito-somm_223 22/07/16 09:38 Page4 Numéro 223 Juin 2016 Prix au numéro : 8 € La filière laitière SOMMAIRE Au sommaire du n° 224, août 2016 Numéro 223 – Juin 2016 – 179e année L’agriculture d’entreprise – L’agriculture pratique • 178e année ÉDITORIAL ENTREPRISE p. 3 • Le monde du cheval, à la croisée des cultures p. 25 • Loi Sapin II : bientôt davantage de prérogatives pour les Safer FORUM p. 26 • DAREGAL, leader mondial p. 5 • Des entreprises agricoles face des herbes aromatiques aux marchés surgelées p. 5 • L’année 2015 de saf agr’iDées en vidéo p. 6 • Du producteur spéculateur au gestionnaire de risque p. 7 • Produits agricoles : p. 26 une offre abondante et une demande asiatique en hausse SAF AGR’IDÉES p. 7 p. 8 • Meunerie : de nouvelles ambitions p. 28 • Entreprise du Patrimoine Vivant : p. 9 • Regards sur... la Tonnellerie de Champagne l’Observatoire des espaces naturels agricoles et forestiers p. 29 • Moutarde, fleurs comestibles et p. 10 • Les rôles des outils numériques, actés par les instances internationales tapis horticoles : l’innovation au p. 11 • Technologies Clés 2020 cœur de l’Eure-et-Loir DOSSIER p. 12 •Mieux intégrer les équidés dans la politique agricole p. 28 CULTURE p. 30 • Les arts équestres, symboles des relations entre l’homme et le cheval Abonnez-vous et devenez acteur de l’expertise avec saf agr’iDées À retourner sous enveloppe affranchie avec votre règlement à : Conformément à la loi informatique et libertés du 6 janvier 1978 vous disposez d’un droit d’accès et de rectification saf agr’iDées – Service abonnement – 8, rue d’Athènes, 75009 Paris OUI, je m’abonne pour 1 AN au tarif de 48 euros aux données personnelles vous concernant. Nom ................................................................................................................................................................................................................................................................... Prénom ......................................................................................................................................... Société .......................................................................................................................................................................................................................................................... Profession ................................................................................................................................ Adresse ........................................................................................................................................................................................................................................................ Téléphone ................................................................................................................................ Code postal Ville .......................................................................................................................................... E-mail .............................................................................................................................................. Mode de paiement o Ci-joint un chèque de 48 euros libellé à l’ordre de la SAF o Je règle directement par carte ou virement bancaire à partir du site www.safagridees.com
P 05-08 Forum_223 22/07/16 09:39 Page5 FORUM Assemblée générale 2016 Des entreprises agricoles REPÈRE face aux marchés Face aux soubresauts des marchés, trois chefs d’entreprise agricole ASSEMBLÉE GÉNÉRALE 2016 témoignent de l’importance des stratégies de différenciation. L’année 2015 Isabelle Delourme de saf agr’iDées en vidéo D es marchés de plus en plus volatils, une producteur individuel ou coopérateur est en À l’occasion de son assemblée redistribution des soutiens européens, concurrence avec son voisin, tout en étant com- générale, saf agr’iDées a la fin des garanties de volumes... Plus que plémentaire, car le marché est basé sur des présenté pour la première fois jamais, les chefs d’entreprise agricole doivent marques collectives ou individuelles. » son rapport d’activité de l’année s’adapter à des situations susceptibles de mettre Patrick Durand, secrétaire général de saf 2015 sous la forme d’un film de en péril économiquement leurs activités. Comme agr’iDées et Président de la Coopérative céréa- 36 minutes. Une innovation qui l’ont expliqué trois agriculteurs (lait, vin, céréales), lière de Boisseaux (45) a aussi témoigné de la vient compléter la panoplie des le 9 juin 2016, lors de la Conférence-débat de saf nécessité de « produire pour un marché ». La outils de communication agr’iDées(1), une des solutions passe segmentation de la production des multimodaux du think tank, par une différenciation de l’offre. 120 agriculteurs de la coopérative, afin de permettre au plus grand nombre de découvrir ses thèmes Producteur de légumes près de Créer via la contractualisation volontaire de réflexion. Accessible via le Perpignan (66), Jean Sales, a choisi dès 1987 de s’orienter hors de la de la valeur (contrats de semis, filière CRC ® (Culture raisonnée certifiée, contrat site internet de saf agr’iDées(1) ou via le site Youtube, la vidéo production de masse. « En me lan- pluriannuel McDonald’s...) permet à met particulièrement en çant dans la production de mini-légumes, j’ai ses adhérents d’obtenir un différentiel, particu- évidence les acteurs de la cherché à créer et capter de la valeur » explique- lièrement intéressant en période de prix bas. réflexion de saf agr’iDées. t-il. Cette différenciation a retenu l’attention Les secteurs bovins lait et bovin viande pourront- Damien Bonduelle, président des restaurateurs, et lui permet d’être reconnu ils y parvenir ? C’est ce qu’espèrent les représen- actuel de saf agr’iDées et comme spécialiste et de vendre ses produits sur tants de ces filières, faisant écho aux notes lait et secrétaire général en 2015, qui a la base d’un prix d’acceptation et non plus du viande publiées en 2015 par saf agri’Dées(2). n succédé à Laurent Klein, a seul coût de production. notamment souligné la diversité En viticulture, il y a trente ans, les viticulteurs se (1) « Les entreprises agricoles face aux marchés ». des sujets traités et remercié la préoccupaient quasi uniquement du volume, Conférence-Débat organisée par saf agr’iDées le 9 juin participation active des 2016, à la suite de l’assemblée générale 2016. Vous n’étant presque pas confrontés au marché, alors administrateurs, adhérents ou pouvez retrouver les interventions vidéo de tous les qu’aujourd’hui, tous y sont exposés. « Nous intervenants sur www.safagridees.com. personnalités invitées qui ont avons fait notre révolution culturelle » fait remar- Voir aussi d’autres articles sur ce thème en page 6. contribué à enrichir les travaux quer Jean-Louis Salies, viticulteur près de (2) http://www.safagridees.com/publication/ du think tank. Perpignan et ancien président du CNIV. « Ce viande-bovine-cinq-defis-a-relever/ ; Outre la pertinence des marché qui s’impose à vous a modifié ce qui http://www.safagridees.com/publication/viande- conférences-débats (agr’iDay, “sortait” des exploitations. Chaque vigneron, bovine-cinq-defis-a-relever/ agr’iDébat) qui ont été organisées, et pour la plupart filmées et mise en accès libre sur le site internet de saf agr’iDées, Financements plusieurs notes de think tank ont Déterminer la capacité de résilience des agriculteurs également été publiées en 2015 Dans ce monde en pleine évolution, les banquiers font aussi évoluer et téléchargeables gratuitement. leurs critères d’analyse de la situation économique des entreprises agri- Tous ces sujets développés au coles. Cyrille Brousse est responsable du marché de l’agriculture à la sein des groupes de réflexion, Banque Populaire Val de France. Il explique que « L’agriculture se rapproche continuent de vivre et d’être de plus en plus de la PME dans l’analyse des banques »(1). Plus que l’ana- diffusés, grâce à la montée en lyse de la rentabilité de productivité, c’est désormais la rentabilité de mar- puissance de saf agr’iDées sur © I. Delourme ché qui est scrutée. L’examen des coûts de production reste fondamental, Internet et sur les réseaux mais les banquiers s’intéressent de très près à la capacité de résistance des sociaux. agriculteurs à faire face à la flexibilité des cours (EBE de résilience). Ils sont Cyrille Brousse est Isabelle Delourme responsable du marché donc amenés à élaborer des matrices de risques et de gains, et à travailler de l’agriculture à la Banque de plus en plus avec l’ensemble des partenaires du monde agricole pour Populaire Val-de-France analyser plus finement les dossiers de financement. I. Delourme (1) http://www.safagridees.com/ rapport-dactivite-2015/ Agriculteurs de France - n° 223, mai-juin 2016 5
P 05-08 Forum_223 22/07/16 09:39 Page6 FORUM Commercialisation Du producteur spéculateur au gestionnaire de risque Le monde des matières premières agricoles a définitivement changé. Les agriculteurs sont de plus en plus seuls face à la volatilité, néanmoins les marchés offrent les outils nécessaires à tout un chacun pour assurer ses marges et la pérennité de son exploitation. Didier Nedelec, directeur groupe ODA D epuis les années 90, la Politique faitement adaptés à des situations de prix agricole commune (Pac) a abordé rémunérateurs et stables, mais ils s’avè- le démantèlement des prix garan- rent insuffisants pour gérer les situa- © I. Delourme tis pour laisser les agriculteurs face aux tions particulières de nombreuses exploi- marchés mondiaux. Il n’aura pas fallu tations ainsi que les périodes de prix longtemps pour que les exploitants fran- dégradés ou de forte volatilité. Pour Didier Nedelec, directeur général du Groupe ODA, la sécurisation des marges des çais prennent de plein fouet les consé- Tout un ensemble de solutions complé- agriculteurs passe par un investissement personnel quences de leur instabilité. En 2010 par mentaires de commercialisation ont donc et un accompagnement à la gestion de risque. exemple, les cours du blé se sont effon- été progressivement développé pour drés, et le bilan des fermes françaises a gérer les marges des producteurs : ferme...) et les contraintes (trésorerie...) suivi inexorablement la tendance. Et contrat avec option, prix indexé sur de chaque exploitation. Il s'avère donc pourtant, des outils Euronext, prix mini- nécessaire de fixer des objectifs de com- existent pour se pro- mum, contrat de pro- mercialisation pertinents et d’établir un téger de cette volatilité Savoir quand et duction, marchés à plan d’action clair. inhérente à un marché comment vendre terme, etc. Savoir quand et comment vendre sa pro- qui peine à adapter La boîte à outils s’est duction représente par ailleurs un défi de son offre à une demande en constante ainsi beaucoup enrichie et les agricul- taille qui demande beaucoup de temps augmentation. teurs peuvent y avoir accès directement, et d’investissement. Les marchés sont Jusqu’alors, les exploitants disposaient de ou par l’intermédiaire de leur organisme globalisés et leur analyse est en effet deux méthodes de commercialisation stockeur. Néanmoins, leur utilisation très compliquée. Cette difficulté n’est auprès de leurs organismes collecteurs : nécessite une formation pour les appré- d’ailleurs pas étrangère à la volatilité : les le prix moyen du marché observé lors de hender. Il est de surcroît nécessaire de opérateurs et les fonds d’investissements la campagne, ou un prix fixe prédéter- réaliser au préalable un diagnostic sur les réagissent brusquement à la moindre miné. Ces outils simples sont certes par- atouts (présence de stockage sur la information, et les prix explosent ou s’ef- fondrent violemment. Des organismes Bien gérer son entreprise de formation et des conseillers de mar- « Saisir les opportunités offertes en veillant aux ché se sont donc développés pour coûts de production » accompagner les agriculteurs dans la « La gestion des exploitations agricoles se fait avec des gradiations commercialisation de leur production. différentes » a expliqué Patrick Van Damme, expert-comptable, direc- teur d’AS76, administrateur saf agr’iDées, lors de la conférence- Cette nouvelle compétence que doivent débat du 9 juin 2016 « les Entreprises face aux marchés ». En pratique, développer les exploitants est sûrement certains chefs d’entreprises ont des préoccupations fiscales et sociales l’une des plus difficiles à maîtriser. Elle est qui passent avant la gestion économique. Il a ainsi regretté que de nou- cependant indispensable car elle veaux dispositifs tels que la DPI (déduction pour investissement), © I. Delourme concerne le revenu du producteur et la qui permet de déduire une partie du revenu pour investir aient été mis pérennité de son exploitation. Deux sujets en place avant la DPA (Déduction pour Aléas) qui offre la possibilité Pour Patrick Van Damme, à fort contenu émotionnel qui peuvent de reprendre une partie de la trésorerie bloquée sur un compte spé- de nouvelles mesures fiscales et cifique pour alimenter le compte courant. D’autres dispositions légis- rapidement pousser à une prise de déci- juridiques sont souhaitables. sion mal éclairée. latives et réglementaires pourraient toutefois aider au développement des entreprises. Ainsi, la valeur économique des éléments incorporels de l’exploitation agricole pour- Maîtriser les marchés est certes inenvi- rait être incorporée au fonds agricole, dès le début de l’activité. Autre piste, le fonds agricole pour- sageable, mais il est possible de réduire rait être nanti en cas de besoin. Enfin tous les revenus professionnels civils ou commerciaux pour- significativement leur impact sur l’ex- raient être regroupés dans une seule cédule fiscale pour alléger les contraintes. ploitation par un investissement en for- Autant de mesures qui permettraient de donner un peu d’oxygène à des entreprises aux prises avec mation personnel et un accompagne- des marchés de plus en plus instables. Isabelle Delourme ment d’expert de la gestion de risque. n 6 Agriculteurs de France - n° 223, mai-juin 2016
P 05-08 Forum_223 22/07/16 09:39 Page7 FORUM Marchés mondiaux Produits agricoles : une offre abondante et une demande asiatique en hausse À la « mi-temps » de l’année en cours, cette période est l’occasion de faire un premier bilan des marchés mondiaux des produits agricoles. Marie-Cécile Damave L ’analyse conjointe des derniers rap- ports de la FAO, de l’USDA et de Cyclope(1) permet de comprendre que nous sommes aujourd’hui sur les marchés mondiaux de produits agricoles dans une situation d’offre abondante, de stocks élevés, et donc de prix plutôt bas au niveau mondial. D’où le titre du rap- port Cyclope 2016 : « à la recherche des sommets perdus ». La tonalité de ce rapport est assez morose concernant les tendances de prix sur les marchés inter- nationaux, et ne prévoit qu’à moyen- long terme un choc de la demande en provenance de l’Inde et des pays afri- cains(2). Les dernières estimations de la FAO sont moins pessimistes. Elles souli- © SENALIA gnent en effet la hausse de la demande asiatique, et pas seulement en Chine. Les Les marchés produits concernés par cette tendance les estimations. Une bonne récolte est à 324 millions de tonnes contre mondiaux sont divers (soja, poudres de lait, et attendue aux États-Unis, qui produisent 313 millions de tonnes l’année précé- de produits viande de porc en particulier) et portent plus d’un tiers de la production mon- dente. États-Unis et Brésil sont les deux agricoles sont actuellement sur des volumes importants. Les mar- diale. La production européenne, qui ne leaders de ce marché avec 103 millions dans une chés pourraient donc se retourner plus représente que 6 % de l’offre mondiale de tonnes attendues pour chacun. situation tôt que certains ne le prévoient. de maïs, devrait L’abon dance de d’offre Examinons plus précisément la situation passer de 58 mil- cette récolte devrait abondante, produit par produit. lions de tonnes en Production de blé : permettre à l’aliment de stocks élevés, et donc En blé, la production mondiale qui s’éle- 2015-2016 à l’UE en légère baisse d’avoir un prix de prix plutôt vait à 734 millions de tonnes en 2015- 64 millions de attractif pour les éle- bas au niveau 2016, devrait rester élevée en 2016- tonnes en 2016-2017, grâce à de veurs de l’UE. mondial. 2017 : entre 724 et 731 millions de meilleurs rendements qu’en 2015, où L’UE est un des principaux producteurs tonnes selon les estimations. Les stocks ils avaient été limités par la sécheresse. mondiaux de produits laitiers. devraient rester à des niveaux très éle- En colza, la production mondiale est L’augmentation de la production lai- vés en 2016-2017, au-delà de 210 mil- estimée stable à plus de 66 millions de tière mondiale en 2016 pousse les prix lions de tonnes. L’Union européenne tonnes, dont 22 millions produits en à la baisse et les stocks s’accumulent(3). ◗◗◗ représente 22 % de la production mon- Europe. La production mondiale de diale de blé. Elle est attendue en légère tournesol est attendue en hausse, (1) FAO (juin 2016) Perspectives de l’ali- baisse cette année, passant de 160 mil- passant de 39 millions de tonnes en mentation – les marchés en bref ; USDA lions de tonnes en 2015-2016 à 154- 2015-2016 à 42 millions de tonnes en (juin 2016) World Agricultural Production ; 157 millions de tonnes selon les sources. 2016-2017. L’UE contribue à hauteur Cyclope (2016) Les marchés mondiaux – Les chiffres pourraient être révisés à la de 20 % à ces volumes. Les productions matières premières, monnaies, services, agri- culture, énergie, finance, industrie, commo- baisse avec des rendements finalement ukrainienne et européenne sont atten- dités – À la recherche des sommets perdus, plus bas que prévu. dues en hausse en 2016-2017. Mais Economica. En maïs, la production mondiale est c’est le soja qui domine le monde des (2) Analyse de saf agr’iDées (26 mai 2016) : attendue à la hausse passant de 966- oléagineux, avec 60 % de la production Cyclope 2016 : en attendant le choc des 970 millions de tonnes en 2015-2016 à mondiale. Une récolte abondante est demandes indienne et africaine... publiée 1 milliard de tonnes en 2016-2017 selon prévue en cette année 2016-2017, sur notre site internet. Agriculteurs de France - n° 223, mai-juin 2016 7
P 05-08 Forum_223 22/07/16 09:39 Page8 FORUM Industrie ◗◗◗ Pour la FAO, les signaux de marchés sont plutôt encourageants en prove- Meunerie : nance de l’Asie, dont la demande devrait progresser en 2016. C’est le de nouvelles ambitions cas de la poudre de lait écrémée en Le rôle des industriels de la meunerie dans l’activité nationale et Chine, au Vietnam, aux Philippines, en Malaisie, en Thaïlande, en Indonésie régionale n’est pas assez connu. C’est fort de ce constat que Lionel et à Singapour. Idem pour les importa- Deloingce, président de l’Association nationale de la meunerie française tions chinoises de poudre grasse, qui (ANMF) a présenté à la presse le 16 juin 2016 le programme « Meunerie : devraient rebondir après la baisse de 2015. Ces perspectives devraient être nouvelles ambitions ». favorables aux exportations françaises Isabelle Delourme en 2016. Une bonne nouvelle pour nos C producteurs, dont la situation écono- ette organisation professionnelle qui mique reste tendue. regroupe 94 % des meuniers français a L’UE est un grand producteur de viande donc identifié trois axes de travail pour bovine mais est peu engagée sur les redonner à la meunerie « une identité plus marchés internationaux. La production forte et une légitimité unique, au sein de la mondiale de ce produit est stable à filière céréalière et du secteur agroalimentaire 68 millions de tonnes, mais seulement français ». Ce programme entend encourager 9 millions de tonnes font l’objet les entreprises à investir pour optimiser la pro- d’échanges commerciaux à travers le duction et la logistique, à développer la R&D monde, assurés essentiellement par le et l’innovation et également à se valoriser en Brésil, l’Inde et l’Australie. communiquant davantage notamment auprès © ANMF Il n’en est pas de même pour la viande du grand public. de porc. La FAO prévoit une production Deuxième producteur européen de farine, der- La Turquie concurrence fortement la France mondiale à 116 millions de tonnes en rière l’Allemagne (voir la note publiée par sur ses exportations de farine, souligne [1] Bernard Valluis, président délégué de l’ANMF. 2016. Sur ces volumes, un peu plus de saf agr’iDées en 2014 ) et dixième mondial, la 7 millions de tonnes sont exportées. meunerie française fait face depuis cinq ans à facturés introduits en France n’y sont pas sou- L’UE est le premier exportateur mon- une érosion de ses parts de marché. En cause : mis et que le mode déclaratif laisse planer des dial de viande de porc, avec 2,5 millions une baisse de la consommation intérieure, une doutes, compte tenu du doublement des intro- de tonnes exportées en 2016 selon la augmentation des importations de ductions de farine dans les cinq FAO, devant les États-Unis. En 2015, les farine (essentiellement en provenance dernières années. exportations européennes avaient été d’Allemagne – 175 000 t en Supprimer À l’export, la Turquie a pris des mises à mal par l’embargo russe, mais 2011/286 000 t en 2015) et une la « taxe parts de marché à l’UE et aux USA, elles ont été réorientées vers d’autres nette baisse de l’export (forte concur- farine » en raison d’un prix de la farine destinations (la Chine en particulier). rence de la Turquie). extrêmement compétitif. Le sys- Le retrait des produits européens sur le Sur le marché national, la « taxe farine » est tème de subventions turc associé à des impor- marché russe en 2015 a été favorable mise en cause et l’ANMF demande sa sup- tations sans droit de douane aurait fait l’objet aux produits brésiliens. C’est en direction pression. Destinée à abonder le budget de la d’une plainte à Genève des producteurs de de la Chine que les exportations euro- MSA, cette taxe qui s’élève à 15,24 €/ tonne blé américains. En dépit des demandes de la péennes devraient progresser en 2016 de farine commercialisée sur le marché intérieur, meunerie française, l’Union européenne n’a pas selon la FAO. représente l’équivalent de l’EBE de la meune- souhaité pour l’instant aller dans le même Enfin, l’UE est le troisième exportateur rie (environ 62 millions d’euros/an). « Elle pose sens, au grand regret des meuniers français. n mondial de viande de volaille (1,3 million des problèmes de distorsion de concurrence » 1. http://www.safagridees.com/publication/france- de tonnes attendues en 2016 selon la a souligné Bernard Valluis, président délégué de allemagne-forces-et-faiblesses-de-lagriculture-et- FAO), loin derrière le Brésil (4,5 millions l’ANMF. Il a expliqué que les produits manu- agro-industrie de tonnes) et les États-Unis (3,5 mil- lions de tonnes). En 2015, les exporta- Quelques chiffres tions brésiliennes ont augmenté signifi- La meunerie française se place au 2e rang européen et au 10e rang mondial pour la production de farine. cativement en direction de la Chine, de ◗ En 2015, on comptait 427 unités de production représentant 360 entreprises et employant l’Arabie Saoudite, du Japon et des 6 000 personnes. Émirats Arabes Unis en particulier. n ◗ La meunerie française a utilisé 5,34 millions de tonnes de blé et produit 4,17 millions de tonnes de farine (dont 389 640 tonnes à l’export). 62 % sont destinées à la panification. 35 moulins de plus de 50 000 t (8 % du total) ont écrasé 3,41 Mt (64 % de l’écrasement total). (3) Analyse de saf agr’iDées « Marchés lai- Son activité a généré en 2015 un chiffre d’affaires de 1,9 milliard d’euros (dont 175 millions d’euros tiers : bilan 2015 et orientations 2016 » du à l’export). 24 mars 2016 publiée sur notre site internet. 8 Agriculteurs de France - n° 223, mai-juin 2016
P 09 Regard sur_223 22/07/16 09:39 Page9 Regard sur... © Pascal Xicluna / Min.Agri.Fr Forêt des Cévennes ardéchoises composée de pins maritimes et de L’Observatoire des espaces naturels agricoles et forestiers châtaigniers. Reconnue Stéphane Le Foll, ministre de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la Forêt a installé, Groupement d’intérêt économique et le 21 juin 2016, l’Observatoire des espaces naturels agricoles et forestiers (OENAF). environnemental forestier Prenant la suite de l’Observatoire de la consommation des espaces agricoles, avec une (GIEEF), l’Association syndicale libre de gestion compétence élargie aux espaces naturels et forestiers, il devient une instance de réflexion forestière (ASLGF) des Cévennes ardéchoises et de débats, pour guider l’ensemble de la société vers une utilisation économe des sols réunit des propriétaires agricoles, naturels et forestiers. privés volontaires de parcelles forestières de Cet observatoire, placé auprès du ministre : toutes surfaces. Son – est chargé d’élaborer des outils pertinents pour mesurer le changement de destination objectif : entretenir et valoriser la forêt par des espaces naturels, forestiers et agricoles et homologuer des indicateurs d’évolution ; une gestion durable. – d’évaluer la consommation de ces espaces en coopération avec les observatoires régionaux des espaces naturels, agricoles et forestiers ; – d’apporter un appui méthodologique aux collectivités territoriales et aux commissions départementales de préservation des espaces naturels, agricoles et forestiers pour l’analyse de leur consommation. L’Observatoire des espaces naturels, agricoles et forestiers s’appuie pour effectuer ses missions sur les travaux et les outils de l’Institut national de l’information géographique et forestière. Présidé par la députée de l’Hérault Fanny Dombre-Coste, il est composé d’un sénateur, des présidents des associations de collectivités territoriales, de représentants de l’État, des organisations professionnelles agricoles et forestières et des associations environnementales. Page réalisée en partenariat avec la photothèque du ministère de l’Agriculture – http://photo.agriculture.gouv.fr Agriculteurs de France - n° 223, mai-juin 2016 9
P 10-11 Forum_223 22/07/16 09:40 Page10 FORUM International Les rôles des outils numériques, actés par les instances internationales Pendant les mois de mai et juin, l’OCDE s’est focalisée sur le développement de l’économie numérique, tandis que le G20 agricole soulignait, pour la première fois, l’importance des Technologies de l’information et de communication (TIC) dans et pour l’agriculture. Marie-Cécile Damave L e Forum annuel de l’OCDE, qui Elle a en outre souligné les problèmes tions mobiles, les outils de communi- s’est tenu les 31 mai et 1er juin de couverture du territoire en télépho- cation, une meilleure connectivité avec 2016 à Paris, s’est particulière- nie mobile et en très haut débit qui des infrastructures et des réseaux de ment focalisé sur le développement de touchent certaines de nos régions agri- communication, ainsi que les banques l’économie numérique à travers le coles (2). d’informations numériques, peuvent monde (1) . Ce fut l’occasion pour la À la suite de ce forum, l’OCDE a convié être sources de valeur ajoutée, alimen- secrétaire d’État française chargée du la troisième réunion ministérielle du ter la distribution et le commerce de numérique, Axelle Lemaire, de mettre 21 au 23 juin 2106 à Cancun au produits agricoles au niveau mondial ». en avant le positionnement de la Mexique, consacrée à l’économie Pendant cette réunion ministérielle du France, à l’avant-garde des pays enga- numérique (3). L’OCDE s’intéresse par- G20, le Commissaire européen à l’agri- gés dans cette voie inno- ticulièrement à cette culture Phil Hogan a indiqué qu’« il vante, avec une « French thématique, car ces existe une nouvelle vague d’innova- Tech » dynamique et un À la portée des innovations doivent tion des TIC dans et pour l’agriculture, environnement favorable pour elle se développer dont l’internet des objets, l’informa- aux affaires et aux start- agriculteurs « dans une optique stra- tique du “Cloud”, et les “Big Data” », up. Pour elle, « les nou- tégique pour relever cer- et que « les technologies d’agriculture veaux outils numériques bouleversent tains défis essentiels, dont font partie de précision peuvent contribuer à les relations institutionnelles et le fonc- la lutte contre le chômage et les inéga- répondre à la demande alimentaire tionnement de la société, au bénéfice lités de même que l’éradication de la mondiale croissante tout en assurant la du “pouvoir d’agir” de chacun, de sa pauvreté (4) ». durabilité de la production primaire, capacité à participer et à contribuer à la Pas de mention spécifique à l’agricul- grâce à une gestion de la production décision et à la production ». ture dans ces travaux de l’OCDE. Par plus précise et utilisant les ressources contre, l’importance des Technologies plus efficacement ». de l’information et de communication Les travaux du groupe de travail de (TIC) dans l’agriculture a été soulignée saf agr’iDées sur les « Big data : quels pour la première fois par le G20 usages pour l’agriculture d’aujourd’hui (groupe des vingt pays les plus puis- et de demain ? » sont, on le voit, plus sants du monde), le 3 juin 2016, dans que jamais d’actualité (6) ! n le communiqué (5) des ministres de l’Agriculture des pays membres, réunis (1) www.oecd.org/fr/forum. à Xi’an en Chine. Ce troisième G20 (2) www.observateurocde.org/news/fullstory. agricole (le premier s’était tenu à Paris php/aid/4037/Pour_une_r_E9volution_num_ en 2011 sous présidence française) E9rique_inclusive.html. avait pour fil conducteur l’innovation (3) www.oecd.org/fr/internet/ministerielle/ agricole et le développement durable. reunion. Il a conclu que les TIC sont « à la por- (4) www.oecd.org/fr/internet/perspectives- tée des agriculteurs, notamment des de-l-economie-numerique-de-l-ocde-97892 petits exploitants et des agriculteurs 64243767-fr.htm. (5) www.g20.org/English/Documents/ © OECD / Hervé Cortinat familiaux, pour leur fournir des infor- Current/201606/t20160608_2301.html. mations en temps voulu sur les mar- (6) Retour sur l’agr’iDébat du 2 février 2016 : chés, permettre des pratiques agricoles « Plateformisation de l’agriculture : nou- durables et efficaces, et de nouvelles veaux services, nouvelles perspectives », Lors du forum 2016 de l’OCDE, la secrétaire d’État française technologies ». www.safagridees.com/publication/points- chargée du numérique, Axelle Lemaire, a mis en avant le positionnement de la France, à l’avant-garde des pays engagés Le communiqué final du G20 agricole cles-de-lagridebat-la-plateformisation-de- dans cette voie innovante, avec une « French Tech » dynamique 2016 poursuit « Internet et l’agriculture lagriculture-nouveaux-services-nouvelles- et un environnement favorable aux affaires et aux start-up. moderne, dont internet et les applica- perspectives. 10 Agriculteurs de France - n° 223, mai-juin 2016
P 10-11 Forum_223 22/07/16 09:40 Page11 FORUM Politique internationale Brexit : le Royaume-Uni REPÈRE fait tanguer l’Europe Le 23 juin 2016, les citoyens britanniques, appelés à se prononcer lors d’un référendum sur la sortie ou le maintien de leur pays dans l’Union INDUSTRIE européenne (UE), ont voté à 51,9 % en faveur de la sortie de l’UE Technologies clés qu’ils avaient rejointe en 1973. 2020 Pour tous ceux qui s’intéressent Camille Bourguignon à l’industrie du futur et aux L e résultat inattendu du référendum bri- implications que l’innovation peut tannique a eu pour conséquence de pro- avoir sur les entreprises agricoles voquer immédiatement une déstabilisation et agroalimentaires, la lecture de des marchés financiers et une crise politique qui l’étude « Technologies Clés 2020, a entraîné la démission du Premier ministre préparer l’Industrie du futur » britannique, David Cameron, puis celle de plu- s’impose. sieurs autres personnalités politiques des deux Ce document de 640 pages a été camps. Une situation qui a également conduit remis à Emmanuel Macron, à d’importantes interrogations de la part de ministre de l’Économie, de tous les acteurs politiques et économiques l’Industrie et du Numérique par Philippe Varin, président du européens. En effet, bien que la sortie d’un Cercle de l’Industrie, à l’occasion État membre soit prévue dans les grandes lignes du point d’étape sur la Nouvelle par l’article 50 du traité sur l’Union européenne, France Industrielle organisé les modalités pratiques ne sont pas détaillées, le 23 mai 2016 (1). ni l’échéance précise. © I. Delourme Il identifie 47 technologies En matière agricole, la sortie de l’Union euro- stratégiques pour la compétitivité péenne implique que le Royaume-Uni ne sera Plus de la moitié des exportations britanniques de denrées et l’attractivité de la France dans plus lié par la Politique agricole commune alimentaires et de boissons ont pour destination l’UE. les cinq à dix années à venir, ainsi (PAC), la réglementation intra-européenne ou que les opportunités à saisir pour les accords négociés par l’UE. Le principal syn- coles européens, au vu des liens économiques conquérir de nouveaux marchés. dicat agricole britannique, la NFU (National forts entre le continent et le Royaume-Uni et de Ces technologies clés trouvent leurs Farmers Union) a pris acte des conséquences du la crise actuelle sur les marchés agricoles. Il applications dans les domaines de Brexit. Il a tenu à souligner l’importance des est primordial de maintenir la stabilité du mar- l’alimentation, de l’environnement, décisions politiques natio- ché » a souligné Pekka de l’habitat, de la sécurité, de la nales qui en découleront Pesonen, secrétaire général santé et du bien-être, de la mobilité, pour le secteur agroalimen- Des liens du Copa et de la Cogeca, de l’énergie, du numérique, ou taire (food and drinks indus- économiques forts la voix des agriculteurs euro- encore des loisirs et de la culture. trie), dont l’activité est éva- péens et de leurs coopéra- Camille Bourguignon luée à 108 milliards de livres sterling et emploie tives, le 24 juin dernier. « Plus de la moitié 3,9 millions de personnes. Le 8 juillet 2016, il des exportations britanniques de denrées ali- (1) http://www.entreprises.gouv.fr/ a décidé de lancer une vaste consultation auprès mentaires et de boissons ont pour destination politique-et-enjeux/technologies-cles-2020. de ses membres et au-delà pour esquisser une l’UE et le marché britannique représente éga- nouvelle politique agricole et rurale, plus adap- lement un gros marché d’exportation pour les tée à leurs besoins et capable de conserver denrées alimentaires et les boissons des autres leur compétitivité sur les marchés internationaux. États membres, fournissant aux consomma- L’analyse précise des conséquences de ce vote teurs européens un large choix de produits de sur l’agriculture du Royaume-Uni, et plus lar- grande qualité. Nous mettrons tout en œuvre gement sur ses échanges économiques dépen- pour que la communauté agricole de l’UE et du dra bien sûr des décisions qui seront prises Royaume-Uni ne subisse pas les conséquences par les institutions européennes et le gouver- de décisions politiques internationales et pour © DR nement britannique. que l’impact sur le commerce soit limité. Les Du côté des organisations professionnelles agri- négociations concernant le départ du Royaume- Ce projet piloté par John Deere en partenariat avec SULKY et trois autres sociétés (Landdata Eurosoft, coles européennes, l’heure est aussi au prag- Uni de l’UE devraient être finalisées dans un Vista et Rauch) permet une gestion globale de matisme. « Nous avons à cœur d’éviter toute délai de deux ans, comme cela est stipulé dans la fertilisation des cultures, grâce à la technologie perturbation supplémentaire des marchés agri- le Traité de Lisbonne » a estimé M. Pesonen. n Internet et aux connectivités entre matériels et logiciels. Agriculteurs de France - n° 223, mai-juin 2016 11
P 12 a 24 Dossier_223 22/07/16 10:40 Page12 DOSSIER Mieux intégrer les équidés dans la politique agricole © DR Parallèlement au glissement de leurs utilisations vers le loisir et le sport, Agr’iDay les équidés ont perdu dans notre société une part de leur qualification « Perspectives et ambitions d’animaux de rente pour celle d’animaux domestiques de compagnie. pour la filière équine » : la parole aux éleveurs p. 13 L’Union Européenne a entériné dans un certain nombre de ses textes et déci- sions cette évolution. Vers une 4e domestication Saf agr’iDées, en sa qualité de laboratoire d’idées, s’est trouvé être le du cheval, celle de lieu adéquat pour rappeler que les équidés sont profondément liés au l’homme par le cheval p. 15 monde agricole et cette nécessité de mieux les intégrer dans notre Négociations délicates au agriculture, dans les dispositifs de notre politique agricole. regard des multiples À la demande du GESCA, avec plusieurs partenaires dont les sociétés-mères, dénominations européennes p. 16 l’IFCE et des professionnels de terrain, nous avons travaillé, réfléchi, La Charte du Bien-Être Équin : comparé notre situation à celles d’autres pays européens avec des traditions pour le respect du cheval p. 18 équestres : l’Espagne, l’Allemagne. Oui, les équidés sont des animaux de rente à caractère agricole ; ils sont La fin de vie des chevaux : entre élevés, soignés, utilisés par des acteurs reconnus agricoles depuis dix ans en éthique et réglementation p. 19 France. Alors oui, il convient d’en tirer les conséquences : les équidés doivent Pour une reconnaissance être considérés à part entière dans les dispositifs agricoles et bénéficier des agricole des activités réglementations, notamment fiscales appliquées à l’agriculture. de gardiennage de chevaux Patrick Ferrère, délégué général de saf agr’iDées p. 20 Dossier coordonné par Isabelle Delourme 12 Agriculteurs de France - n° 223, mai-juin 2016
P 12 a 24 Dossier_223 22/07/16 09:45 Page13 Agr’iDay DOSSIER « Perspectives et ambitions pour la filière équine » : la parole aux éleveurs Espace d’expression, l’agr’iDay organisé le 2 juin 2016 par saf agr’iDées sur le thème des équidés et de la politique agricole, a contribué à faire émerger des idées importantes pour l’avenir de la filière. F ilière d’excellence, la filière équine française déjà s’est complexifiée à partir de la mise en est saluée dans tous les domaines. Pourtant application de la Pac 2014-2020, qui a d’abord © I. Delourme nombreux sont les sujets qui interpellent le exigé la présence d’un cheval, puis les a inscrit sur monde du cheval et ne lui permettent pas un une liste négative. Elle a fait remarquer les diffé- développement serein. Tout au long de cette rences qui existent entre le règlement européen journée consacrée au monde des équidés, vingt et l’application française. Par ailleurs, le second « C’est une filière intervenants ont pu dialoguer et évoquer leurs dif- pilier étant désormais géré par les conseils géné- de passionnés, ficultés, pour construire les raux, certaines primes à la race sont aujourd’hui confrontée bases d’un avenir meilleur(1). menacées dans le contexte des à de nombreuses Pour réfléchir plus précisément Distinguer les grandes régions. cultures différentes sur le thème « Perspectives et ambitions pour la filière professionnels Christian Morel a développé un éle- vage de chevaux de sport (Selle qui ne sont pas faciles à mettre ensemble ». équine » saf agr’iDées a sou- des amateurs Français) en parallèle de la produc- « Il y a un gros potentiel haité donner la parole à des tion laitière. Il bénéficie des aides d’actions communes à faire éleveurs de chevaux et à leurs représentants, afin Pac (DPB 260 €/ha) sur la totalité de ses surfaces dans nos filières » a constaté Louis Romanet, président qu’ils puissent préciser leurs attentes. Magaly y compris sur les prairies, et reçoit également de la Fédération Internationale Bogaert, chargée de mission à la Fédération différentes aides via l’association Selle Français. des Autorités Hippiques (FIAH) Nationale des Conseils de Chevaux (FNCC) a Pour Jean Lesne, « la reconnaissance de la filière venu clôturer l’agr’iDay. Il a souligné la confusion qui existe quant à l’accès cheval au sein du monde agricole est importante ». également rappelé que la filière aux aides de la Pac pour les entraîneurs et les Céréalier, mais aussi éleveur de bovins viande et équine française était une filière d’excellence dans tous tous centres équestres. Précédemment il était toutefois de chevaux trotteurs, cet ancien président des les domaines (plat, obstacle, trot, clair que les éleveurs de chevaux avaient la pos- Haras Nationaux estime toutefois qu’il faut abso- chevaux de sport, poney club, sibilité dans le cadre du premier pilier de la PAC lument « distinguer les professionnels, et les ama- chevaux lourds). de faire appel à la réserve des DPU, et de béné- teurs éclairés, qui bien que très sympathiques, ne ficier d’aides pour les races menacées. Au titre du sont pas soumis aux mêmes charges ». ◗◗◗ deuxième pilier, en tant qu’acteurs du dévelop- pement des territoires ruraux, ils avaient accès à (1) Retrouvez l’essentiel des interventions de l’Agr’iDay organisé le 2 juin 2016 sur le thème « Mieux intégrer les des aides à la modernisation des bâtiments d’éle- équidés dans la politique agricole » sur la chaîne vage. Pour les entraîneurs et les exploitants de Youtube ou sur le site internet wwsafagridees.com, centre équestre, la situation confuse qui existait espace vidéo) De gauche à droite : M. Bogaert (FNCC), I. Quenin (animatrice), © I. Delourme C. Morel (éleveur de chevaux de sport), J. Lesne (éleveur de chevaux de trot), E. Rousseaux (éleveur de chevaux de trait). Agriculteurs de France - n° 223, mai-juin 2016 13
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