Et si les équidés étaient mieux intégrés dans la politique agricole ?

 
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Et si les équidés étaient mieux intégrés dans la politique agricole ?
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                                   Numéro 223   Juin 2016   Prix au numéro : 8 €

                      DOSSIER
                       Et si les équidés
                       étaient mieux intégrés dans
                       la politique agricole ?

     L’agriculture d’entreprise – L’agriculture pratique        • 179e année
Et si les équidés étaient mieux intégrés dans la politique agricole ?
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Et si les équidés étaient mieux intégrés dans la politique agricole ?
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           ÉDITORIAL

               Le monde du cheval,
               à la croisée des cultures
                                                                                                      Lors de l’agr’iDay du 2 juin 2016, organisé par saf agr’iDées, la place du cheval
                                                                                                      dans la politique agricole commune a été largement questionnée, mettant en
                                                                                                      exergue la mutation que vit aujourd’hui le cheval dans notre société.
                                                                                                      Certains auteurs considèrent que le monde du cheval a connu depuis les
                                                                                                      années 50 une révolution aussi majeure que la généralisation de la cavalerie
                                                                                                      il y a 3 000 ans.
                                                                                                      Avec la motorisation des transports, de l’agriculture et des armées, le cheval
                                                                                                      est passé de la sphère de l’utilitaire, de l’indispensable, du travail, à celle des
                                                                                                      loisirs. Ce passage, réalisé avec succès, s’est accompagné d’un formidable
                                                                                                      développement des activités équestres (2,2 millions de pratiquants et 700 000
                                                                                                      licenciés des sports équestres).
                                 Catherine Halbwachs                                                  Parallèlement, on assiste à un bouleversement sociologique, le mythe du noble
                      Administratrice de saf agr’iDées
        © DR

                                                                                                      chevalier millénaire a vécu, l’homme de cheval d’aujourd’hui est une jeune
                                                                                                      fille issue des classes moyennes.

                                                                                                      Permettre l’adaptation des filières économiques
                                                                                                      Dès lors on comprend mieux le changement de paradigme que le statut de
                                                                                                      cheval vit aujourd’hui entre animal de rente résolument agricole et celui
                                                                                                      d’animal de compagnie dont il se rapproche.
                                                                                                      Comme le dit Jean-Pierre Digard : le monde du cheval est aujourd’hui à la
                                                                                                      croisée des cultures, les unes en voie de disparition, les autres en cours de
                                                                                                      formation. Comprendre, accompagner ce choc est indispensable pour
                                                                                                      permettre l’adaptation des filières économiques du cheval et donc leur déve-
                                                                                                      loppement. Le monde agricole a tout à gagner, car le cheval est sans aucun
                                                                                                      doute son meilleur ambassadeur dans ce monde qui se métropolise. Un lien
                                                                                                      vivant, plein d’émotions entre ce qui fut et ce qui sera, tant il est vrai qu’il
                                                                                                      porte l’humanité. n

                                                                                                      Forme juridique : association loi 1901 reconnue d’utilité publique • Directeur de la publication : Laurent Klein
                                                                                                      • Rédacteur en chef : Patrick Ferrère • Rédactrice en chef adjointe : Isabelle Delourme • Abonnements : Christelle Vasseur
                                                                                                      • Maquette, composition et photogravure : C.A.G., 169, rue du Faubourg-Saint-Antoine, 75011 Paris • Ont participé
                                                                                                      à ce numéro : Y. Berger, G. Boone-Bartoli, C. Bourguignon, M.-C. Damave, B. Day, I. Delataille, I. Delourme, J.-B.
                                                                                                      Millard, D. Nedelec, B. Peignot, C. Sédillot • Liste des annonceurs : saf agr’iDées, SPACE • Crédit photo de couverture :
                                                                                                      © Fotolia • Dépôt légal : à parution • Imprimerie : Apothem, 47, rue Alexandre-Dumas, 59200 Tourcoing
                                                                                                      • Abonnement : 48 euros TTC • N° de Commission Paritaire de Presse : 1218 G 83987 • La reproduction,
                                                                                                      même partielle, de tout matériel publié dans la revue, sous quelque procédé que ce soit, est strictement interdite
               Agriculteurs de France est une revue éditée par la Société des Agriculteurs de         • ISNN : 0339-4433 • Périodicité bimestrielle.
               France : 8, rue d’Athènes, 75009 Paris. Tél. : 01 44 53 15 15. Fax : 01 44 53 15 25.
               E-mail : agriculteursdefrance@saf.asso.fr. Internet : www.safagridees.com
                                                                                                                                   Agriculteurs de France - n° 223, mai-juin 2016                                             3
Et si les équidés étaient mieux intégrés dans la politique agricole ?
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                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                             La filière
                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                              laitière

         SOMMAIRE                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                               Au sommaire du n° 224,
                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                      août 2016

                                                                                                                                                                                                         Numéro 223 – Juin 2016 – 179e année                                                                                                                                                 L’agriculture d’entreprise – L’agriculture pratique • 178e année

            ÉDITORIAL                                                                                                                                                                                                                                     ENTREPRISE
         p. 3 • Le monde du cheval, à la croisée des cultures                                                                                                                                                                                                                                                                                           p. 25 • Loi Sapin II : bientôt
                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                davantage de prérogatives
                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                pour les Safer
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                                                                                                            p. 5 • Des entreprises agricoles face                                                                                                                                                                                                               des herbes aromatiques
                                                                                                                   aux marchés                                                                                                                                                                                                                                  surgelées
                                                                                                            p. 5 • L’année 2015 de saf agr’iDées
                                                                                                                   en vidéo
                                                                                                            p. 6 • Du producteur spéculateur au
                                                                                                                   gestionnaire de risque
                                                                                                            p. 7 • Produits agricoles :                                                                                                                                                                                        p. 26
                                                                                                                   une offre abondante et une
                                                                                                                   demande asiatique en hausse                                                                                                            SAF AGR’IDÉES
         p. 7
                                                                                                           p. 8 • Meunerie : de nouvelles ambitions
                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                            p. 28 • Entreprise du Patrimoine Vivant :
         p. 9 • Regards sur...                                                                                                                                                                                                                                                                                                                      la Tonnellerie de Champagne
                l’Observatoire des espaces naturels agricoles et forestiers
                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                            p. 29 • Moutarde, fleurs comestibles et
         p. 10 • Les rôles des outils numériques, actés par les instances internationales                                                                                                                                                                                                                                                           tapis horticoles : l’innovation au
         p. 11 • Technologies Clés 2020                                                                                                                                                                                                                                                                                                             cœur de l’Eure-et-Loir

            DOSSIER
         p. 12 •Mieux intégrer les équidés dans la politique agricole

                                                                                                                                                                                                                                                                                                                 p. 28

                                                                                                                                                                                                                                                          CULTURE
                                                                                                                                                                                                                                                          p. 30 • Les arts équestres,
                                                                                                                                                                                                                                                                  symboles des relations
                                                                                                                                                                                                                                                                  entre l’homme et le cheval

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                                                                          À retourner sous enveloppe affranchie avec votre règlement à :
                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                     Conformément à la loi informatique et libertés du 6 janvier
                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                     1978 vous disposez d’un droit d’accès et de rectification

                                                    saf agr’iDées – Service abonnement – 8, rue d’Athènes, 75009 Paris
                                                                                                                                       OUI, je m’abonne pour 1 AN au tarif de 48 euros
                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                     aux données personnelles vous concernant.

         Nom ...................................................................................................................................................................................................................................................................               Prénom                 .........................................................................................................................................

         Société                  ..........................................................................................................................................................................................................................................................   Profession ................................................................................................................................

         Adresse                    ........................................................................................................................................................................................................................................................   Téléphone ................................................................................................................................

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                                                                               o Je règle directement par carte ou virement bancaire à partir du site www.safagridees.com
Et si les équidés étaient mieux intégrés dans la politique agricole ?
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                                                                                                                                                    FORUM
                                                            Assemblée générale 2016

         Des entreprises agricoles
                                                                                                                                         REPÈRE
         face aux marchés
         Face aux soubresauts des marchés, trois chefs d’entreprise agricole
                                                                                                                                         ASSEMBLÉE GÉNÉRALE 2016
         témoignent de l’importance des stratégies de différenciation.
                                                                                                                                         L’année 2015
         Isabelle Delourme                                                                                                               de saf agr’iDées
                                                                                                                                         en vidéo

         D
                  es marchés de plus en plus volatils, une producteur individuel ou coopérateur est en                                   À l’occasion de son assemblée
                  redistribution des soutiens européens, concurrence avec son voisin, tout en étant com-                                 générale, saf agr’iDées a
                  la fin des garanties de volumes... Plus que plémentaire, car le marché est basé sur des                                présenté pour la première fois
         jamais, les chefs d’entreprise agricole doivent marques collectives ou individuelles. »                                         son rapport d’activité de l’année
         s’adapter à des situations susceptibles de mettre Patrick Durand, secrétaire général de saf                                     2015 sous la forme d’un film de
         en péril économiquement leurs activités. Comme agr’iDées et Président de la Coopérative céréa-                                  36 minutes. Une innovation qui
         l’ont expliqué trois agriculteurs (lait, vin, céréales), lière de Boisseaux (45) a aussi témoigné de la                         vient compléter la panoplie des
         le 9 juin 2016, lors de la Conférence-débat de saf nécessité de « produire pour un marché ». La                                 outils de communication
         agr’iDées(1), une des solutions passe                                 segmentation de la production des                         multimodaux du think tank,
         par une différenciation de l’offre.                                   120 agriculteurs de la coopérative,                       afin de permettre au plus grand
                                                                                                                                         nombre de découvrir ses thèmes
         Producteur de légumes près de                       Créer             via la contractualisation volontaire
                                                                                                                                         de réflexion. Accessible via le
         Perpignan (66), Jean Sales, a choisi
         dès 1987 de s’orienter hors de la
                                                       de la valeur (contrats              de semis, filière CRC ®
                                                                               (Culture raisonnée certifiée, contrat
                                                                                                                                         site internet de saf agr’iDées(1)
                                                                                                                                         ou via le site Youtube, la vidéo
         production de masse. « En me lan-                                     pluriannuel McDonald’s...) permet à
                                                                                                                                         met particulièrement en
         çant dans la production de mini-légumes, j’ai ses adhérents d’obtenir un différentiel, particu-
                                                                                                                                         évidence les acteurs de la
         cherché à créer et capter de la valeur » explique- lièrement intéressant en période de prix bas.                                réflexion de saf agr’iDées.
         t-il. Cette différenciation a retenu l’attention Les secteurs bovins lait et bovin viande pourront-                             Damien Bonduelle, président
         des restaurateurs, et lui permet d’être reconnu ils y parvenir ? C’est ce qu’espèrent les représen-                             actuel de saf agr’iDées et
         comme spécialiste et de vendre ses produits sur tants de ces filières, faisant écho aux notes lait et                           secrétaire général en 2015, qui a
         la base d’un prix d’acceptation et non plus du viande publiées en 2015 par saf agri’Dées(2). n                                  succédé à Laurent Klein, a
         seul coût de production.                                                                                                        notamment souligné la diversité
         En viticulture, il y a trente ans, les viticulteurs se (1) « Les entreprises agricoles face aux marchés ».                      des sujets traités et remercié la
         préoccupaient quasi uniquement du volume, Conférence-Débat organisée par saf agr’iDées le 9 juin                                participation active des
                                                                  2016, à la suite de l’assemblée générale 2016. Vous
         n’étant presque pas confrontés au marché, alors                                                                                 administrateurs, adhérents ou
                                                                  pouvez retrouver les interventions vidéo de tous les
         qu’aujourd’hui, tous y sont exposés. « Nous intervenants sur www.safagridees.com.                                               personnalités invitées qui ont
         avons fait notre révolution culturelle » fait remar- Voir aussi d’autres articles sur ce thème en page 6.                       contribué à enrichir les travaux
         quer Jean-Louis Salies, viticulteur près de (2) http://www.safagridees.com/publication/                                         du think tank.
         Perpignan et ancien président du CNIV. « Ce viande-bovine-cinq-defis-a-relever/ ;                                               Outre la pertinence des
         marché qui s’impose à vous a modifié ce qui http://www.safagridees.com/publication/viande-                                      conférences-débats (agr’iDay,
         “sortait” des exploitations. Chaque vigneron, bovine-cinq-defis-a-relever/                                                      agr’iDébat) qui ont été
                                                                                                                                         organisées, et pour la plupart
                                                                                                                                         filmées et mise en accès libre sur
                                                                                                                                         le site internet de saf agr’iDées,
                                                    Financements                                                                         plusieurs notes de think tank ont
                                                    Déterminer la capacité de résilience des agriculteurs                                également été publiées en 2015
                                                    Dans ce monde en pleine évolution, les banquiers font aussi évoluer                  et téléchargeables gratuitement.
                                                    leurs critères d’analyse de la situation économique des entreprises agri-            Tous ces sujets développés au
                                                    coles. Cyrille Brousse est responsable du marché de l’agriculture à la               sein des groupes de réflexion,
                                                    Banque Populaire Val de France. Il explique que « L’agriculture se rapproche         continuent de vivre et d’être
                                                    de plus en plus de la PME dans l’analyse des banques »(1). Plus que l’ana-           diffusés, grâce à la montée en
                                                    lyse de la rentabilité de productivité, c’est désormais la rentabilité de mar-       puissance de saf agr’iDées sur
         © I. Delourme

                                                    ché qui est scrutée. L’examen des coûts de production reste fondamental,
                                                                                                                                         Internet et sur les réseaux
                                                    mais les banquiers s’intéressent de très près à la capacité de résistance des
                                                                                                                                         sociaux.
                                                    agriculteurs à faire face à la flexibilité des cours (EBE de résilience). Ils sont
                    Cyrille Brousse est                                                                                                                     Isabelle Delourme
                    responsable du marché           donc amenés à élaborer des matrices de risques et de gains, et à travailler
                    de l’agriculture à la Banque    de plus en plus avec l’ensemble des partenaires du monde agricole pour
                    Populaire Val-de-France         analyser plus finement les dossiers de financement.                 I. Delourme      (1) http://www.safagridees.com/
                                                                                                                                             rapport-dactivite-2015/

                                                   Agriculteurs de France - n° 223, mai-juin 2016                                                                          5
Et si les équidés étaient mieux intégrés dans la politique agricole ?
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                                                      Commercialisation

         Du producteur spéculateur
         au gestionnaire de risque
         Le monde des matières premières agricoles a définitivement changé. Les
         agriculteurs sont de plus en plus seuls face à la volatilité, néanmoins les
         marchés offrent les outils nécessaires à tout un chacun pour assurer ses
         marges et la pérennité de son exploitation.

         Didier Nedelec, directeur groupe ODA

                                    D
                                            epuis les années 90, la Politique faitement adaptés à des situations de prix
                                            agricole commune (Pac) a abordé rémunérateurs et stables, mais ils s’avè-
                                            le démantèlement des prix garan- rent insuffisants pour gérer les situa-

                                                                                                                                  © I. Delourme
                                    tis pour laisser les agriculteurs face aux tions particulières de nombreuses exploi-
                                    marchés mondiaux. Il n’aura pas fallu tations ainsi que les périodes de prix
                                    longtemps pour que les exploitants fran- dégradés ou de forte volatilité.                                                       Pour Didier Nedelec, directeur général
                                                                                                                                                           du Groupe ODA, la sécurisation des marges des
                                    çais prennent de plein fouet les consé- Tout un ensemble de solutions complé-
                                                                                                                                                       agriculteurs passe par un investissement personnel
                                    quences de leur instabilité. En 2010 par mentaires de commercialisation ont donc                                        et un accompagnement à la gestion de risque.
                                    exemple, les cours du blé se sont effon- été progressivement développé pour
                                    drés, et le bilan des fermes françaises a gérer les marges des producteurs :                                  ferme...) et les contraintes (trésorerie...)
                                    suivi inexorablement la tendance. Et contrat avec option, prix indexé sur                                     de chaque exploitation. Il s'avère donc
                                    pourtant, des outils                                           Euronext, prix mini-                           nécessaire de fixer des objectifs de com-
                                    existent pour se pro-                                          mum, contrat de pro-                           mercialisation pertinents et d’établir un
                                    téger de cette volatilité    Savoir quand et duction, marchés à                                               plan d’action clair.
                                    inhérente à un marché comment vendre terme, etc.                                                              Savoir quand et comment vendre sa pro-
                                    qui peine à adapter                                            La boîte à outils s’est                        duction représente par ailleurs un défi de
                                    son offre à une demande en constante ainsi beaucoup enrichie et les agricul-                                  taille qui demande beaucoup de temps
                                    augmentation.                               teurs peuvent y avoir accès directement,                          et d’investissement. Les marchés sont
                                    Jusqu’alors, les exploitants disposaient de ou par l’intermédiaire de leur organisme                          globalisés et leur analyse est en effet
                                    deux méthodes de commercialisation stockeur. Néanmoins, leur utilisation                                      très compliquée. Cette difficulté n’est
                                    auprès de leurs organismes collecteurs : nécessite une formation pour les appré-                              d’ailleurs pas étrangère à la volatilité : les
                                    le prix moyen du marché observé lors de hender. Il est de surcroît nécessaire de                              opérateurs et les fonds d’investissements
                                    la campagne, ou un prix fixe prédéter- réaliser au préalable un diagnostic sur les                            réagissent brusquement à la moindre
                                    miné. Ces outils simples sont certes par- atouts (présence de stockage sur la                                 information, et les prix explosent ou s’ef-
                                                                                                                                                  fondrent violemment. Des organismes
                                                      Bien gérer son entreprise                                                                   de formation et des conseillers de mar-
                                                      « Saisir les opportunités offertes en veillant aux                                          ché se sont donc développés pour
                                                      coûts de production »                                                                       accompagner les agriculteurs dans la
                                                       « La gestion des exploitations agricoles se fait avec des gradiations
                                                                                                                                                  commercialisation de leur production.
                                                       différentes » a expliqué Patrick Van Damme, expert-comptable, direc-
                                                       teur d’AS76, administrateur saf agr’iDées, lors de la conférence-                          Cette nouvelle compétence que doivent
                                                       débat du 9 juin 2016 « les Entreprises face aux marchés ». En pratique,                    développer les exploitants est sûrement
                                                       certains chefs d’entreprises ont des préoccupations fiscales et sociales                   l’une des plus difficiles à maîtriser. Elle est
                                                       qui passent avant la gestion économique. Il a ainsi regretté que de nou-                   cependant indispensable car elle
                                                       veaux dispositifs tels que la DPI (déduction pour investissement),
         © I. Delourme

                                                                                                                                                  concerne le revenu du producteur et la
                                                       qui permet de déduire une partie du revenu pour investir aient été mis                     pérennité de son exploitation. Deux sujets
                                                       en place avant la DPA (Déduction pour Aléas) qui offre la possibilité
                     Pour Patrick Van Damme,                                                                                                      à fort contenu émotionnel qui peuvent
                                                       de reprendre une partie de la trésorerie bloquée sur un compte spé-
                     de nouvelles mesures fiscales et
                                                       cifique pour alimenter le compte courant. D’autres dispositions légis-                     rapidement pousser à une prise de déci-
                     juridiques sont souhaitables.                                                                                                sion mal éclairée.
                                                       latives et réglementaires pourraient toutefois aider au développement
                     des entreprises. Ainsi, la valeur économique des éléments incorporels de l’exploitation agricole pour-                       Maîtriser les marchés est certes inenvi-
                     rait être incorporée au fonds agricole, dès le début de l’activité. Autre piste, le fonds agricole pour-                     sageable, mais il est possible de réduire
                     rait être nanti en cas de besoin. Enfin tous les revenus professionnels civils ou commerciaux pour-                          significativement leur impact sur l’ex-
                     raient être regroupés dans une seule cédule fiscale pour alléger les contraintes.                                            ploitation par un investissement en for-
                     Autant de mesures qui permettraient de donner un peu d’oxygène à des entreprises aux prises avec
                                                                                                                                                  mation personnel et un accompagne-
                     des marchés de plus en plus instables.                                                 Isabelle Delourme
                                                                                                                                                  ment d’expert de la gestion de risque. n

         6                                                                        Agriculteurs de France - n° 223, mai-juin 2016
Et si les équidés étaient mieux intégrés dans la politique agricole ?
P 05-08 Forum_223 22/07/16 09:39 Page7

                                                                                                                                       FORUM
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         Produits agricoles : une offre abondante
         et une demande asiatique en hausse
         À la « mi-temps » de l’année en cours, cette période est l’occasion de faire un premier bilan
         des marchés mondiaux des produits agricoles.

         Marie-Cécile Damave

         L
               ’analyse conjointe des derniers rap-
               ports de la FAO, de l’USDA et de
               Cyclope(1) permet de comprendre
         que nous sommes aujourd’hui sur les
         marchés mondiaux de produits agricoles
         dans une situation d’offre abondante, de
         stocks élevés, et donc de prix plutôt bas
         au niveau mondial. D’où le titre du rap-
         port Cyclope 2016 : « à la recherche
         des sommets perdus ». La tonalité de ce
         rapport est assez morose concernant les
         tendances de prix sur les marchés inter-
         nationaux, et ne prévoit qu’à moyen-
         long terme un choc de la demande en
         provenance de l’Inde et des pays afri-
         cains(2). Les dernières estimations de la
         FAO sont moins pessimistes. Elles souli-

                                                                                                                                                                       © SENALIA
         gnent en effet la hausse de la demande
         asiatique, et pas seulement en Chine. Les
                                                                                                                                                     Les marchés
         produits concernés par cette tendance          les estimations. Une bonne récolte est à 324 millions de tonnes contre                       mondiaux
         sont divers (soja, poudres de lait, et         attendue aux États-Unis, qui produisent 313 millions de tonnes l’année précé-                de produits
         viande de porc en particulier) et portent      plus d’un tiers de la production mon- dente. États-Unis et Brésil sont les deux              agricoles sont
                                                                                                                                                     actuellement
         sur des volumes importants. Les mar-           diale. La production européenne, qui ne leaders de ce marché avec 103 millions
                                                                                                                                                     dans une
         chés pourraient donc se retourner plus         représente que 6 % de l’offre mondiale de tonnes attendues pour chacun.                      situation
         tôt que certains ne le prévoient.              de maïs, devrait                                                 L’abon dance de             d’offre
         Examinons plus précisément la situation        passer de 58 mil-                                                cette récolte devrait       abondante,

         produit par produit.                           lions de tonnes en Production de blé : permettre à l’aliment                                 de stocks
                                                                                                                                                     élevés, et donc
         En blé, la production mondiale qui s’éle-      2015-2016 à l’UE en légère baisse d’avoir un prix                                            de prix plutôt
         vait à 734 millions de tonnes en 2015-         64 millions de                                                   attractif pour les éle-     bas au niveau
         2016, devrait rester élevée en 2016-           tonnes en 2016-2017, grâce à de veurs de l’UE.                                               mondial.

         2017 : entre 724 et 731 millions de            meilleurs rendements qu’en 2015, où L’UE est un des principaux producteurs
         tonnes selon les estimations. Les stocks       ils avaient été limités par la sécheresse. mondiaux de produits laitiers.
         devraient rester à des niveaux très éle-       En colza, la production mondiale est L’augmentation de la production lai-
         vés en 2016-2017, au-delà de 210 mil-          estimée stable à plus de 66 millions de tière mondiale en 2016 pousse les prix
         lions de tonnes. L’Union européenne            tonnes, dont 22 millions produits en à la baisse et les stocks s’accumulent(3).            ◗◗◗
         représente 22 % de la production mon-          Europe. La production mondiale de
         diale de blé. Elle est attendue en légère      tournesol est attendue en hausse, (1) FAO (juin 2016) Perspectives de l’ali-
         baisse cette année, passant de 160 mil-        passant de 39 millions de tonnes en mentation – les marchés en bref ; USDA
         lions de tonnes en 2015-2016 à 154-            2015-2016 à 42 millions de tonnes en (juin 2016) World Agricultural Production ;
         157 millions de tonnes selon les sources.      2016-2017. L’UE contribue à hauteur Cyclope (2016) Les marchés mondiaux –
         Les chiffres pourraient être révisés à la      de 20 % à ces volumes. Les productions matières premières, monnaies, services, agri-
                                                                                                   culture, énergie, finance, industrie, commo-
         baisse avec des rendements finalement          ukrainienne et européenne sont atten-
                                                                                                   dités – À la recherche des sommets perdus,
         plus bas que prévu.                            dues en hausse en 2016-2017. Mais Economica.
         En maïs, la production mondiale est            c’est le soja qui domine le monde des (2) Analyse de saf agr’iDées (26 mai 2016) :
         attendue à la hausse passant de 966-           oléagineux, avec 60 % de la production Cyclope 2016 : en attendant le choc des
         970 millions de tonnes en 2015-2016 à          mondiale. Une récolte abondante est demandes indienne et africaine... publiée
         1 milliard de tonnes en 2016-2017 selon        prévue en cette année 2016-2017, sur notre site internet.

                                                      Agriculteurs de France - n° 223, mai-juin 2016                                                              7
Et si les équidés étaient mieux intégrés dans la politique agricole ?
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           FORUM
                                              Industrie
     ◗◗◗   Pour la FAO, les signaux de marchés
           sont plutôt encourageants en prove-
                                                           Meunerie :
           nance de l’Asie, dont la demande
           devrait progresser en 2016. C’est le            de nouvelles ambitions
           cas de la poudre de lait écrémée en             Le rôle des industriels de la meunerie dans l’activité nationale et
           Chine, au Vietnam, aux Philippines, en
           Malaisie, en Thaïlande, en Indonésie            régionale n’est pas assez connu. C’est fort de ce constat que Lionel
           et à Singapour. Idem pour les importa-          Deloingce, président de l’Association nationale de la meunerie française
           tions chinoises de poudre grasse, qui
                                                           (ANMF) a présenté à la presse le 16 juin 2016 le programme « Meunerie :
           devraient rebondir après la baisse de
           2015. Ces perspectives devraient être           nouvelles ambitions ».
           favorables aux exportations françaises
                                                           Isabelle Delourme
           en 2016. Une bonne nouvelle pour nos

                                                           C
           producteurs, dont la situation écono-                   ette organisation professionnelle qui
           mique reste tendue.                                     regroupe 94 % des meuniers français a
           L’UE est un grand producteur de viande                  donc identifié trois axes de travail pour
           bovine mais est peu engagée sur les             redonner à la meunerie « une identité plus
           marchés internationaux. La production           forte et une légitimité unique, au sein de la
           mondiale de ce produit est stable à             filière céréalière et du secteur agroalimentaire
           68 millions de tonnes, mais seulement           français ». Ce programme entend encourager
           9 millions de tonnes font l’objet               les entreprises à investir pour optimiser la pro-
           d’échanges commerciaux à travers le             duction et la logistique, à développer la R&D
           monde, assurés essentiellement par le           et l’innovation et également à se valoriser en
           Brésil, l’Inde et l’Australie.                  communiquant davantage notamment auprès

                                                                                                                                                                     © ANMF
           Il n’en est pas de même pour la viande          du grand public.
           de porc. La FAO prévoit une production          Deuxième producteur européen de farine, der-       La Turquie concurrence fortement la France
           mondiale à 116 millions de tonnes en            rière l’Allemagne (voir la note publiée par        sur ses exportations de farine, souligne
                                                                                   [1]                        Bernard Valluis, président délégué de l’ANMF.
           2016. Sur ces volumes, un peu plus de           saf agr’iDées en 2014 ) et dixième mondial, la
           7 millions de tonnes sont exportées.            meunerie française fait face depuis cinq ans à facturés introduits en France n’y sont pas sou-
           L’UE est le premier exportateur mon-            une érosion de ses parts de marché. En cause : mis et que le mode déclaratif laisse planer des
           dial de viande de porc, avec 2,5 millions       une baisse de la consommation intérieure, une doutes, compte tenu du doublement des intro-
           de tonnes exportées en 2016 selon la            augmentation des importations de                               ductions de farine dans les cinq
           FAO, devant les États-Unis. En 2015, les        farine (essentiellement en provenance                          dernières années.
           exportations européennes avaient été            d’Allemagne – 175 000 t en Supprimer À l’export, la Turquie a pris des
           mises à mal par l’embargo russe, mais           2011/286 000 t en 2015) et une              la « taxe parts de marché à l’UE et aux USA,
           elles ont été réorientées vers d’autres         nette baisse de l’export (forte concur-      farine » en raison d’un prix de la farine
           destinations (la Chine en particulier).         rence de la Turquie).                                          extrêmement compétitif. Le sys-
           Le retrait des produits européens sur le        Sur le marché national, la « taxe farine » est tème de subventions turc associé à des impor-
           marché russe en 2015 a été favorable            mise en cause et l’ANMF demande sa sup- tations sans droit de douane aurait fait l’objet
           aux produits brésiliens. C’est en direction     pression. Destinée à abonder le budget de la d’une plainte à Genève des producteurs de
           de la Chine que les exportations euro-          MSA, cette taxe qui s’élève à 15,24 €/ tonne blé américains. En dépit des demandes de la
           péennes devraient progresser en 2016            de farine commercialisée sur le marché intérieur, meunerie française, l’Union européenne n’a pas
           selon la FAO.                                   représente l’équivalent de l’EBE de la meune- souhaité pour l’instant aller dans le même
           Enfin, l’UE est le troisième exportateur        rie (environ 62 millions d’euros/an). « Elle pose sens, au grand regret des meuniers français. n
           mondial de viande de volaille (1,3 million      des problèmes de distorsion de concurrence »
                                                                                                             1. http://www.safagridees.com/publication/france-
           de tonnes attendues en 2016 selon la            a souligné Bernard Valluis, président délégué de allemagne-forces-et-faiblesses-de-lagriculture-et-
           FAO), loin derrière le Brésil (4,5 millions     l’ANMF. Il a expliqué que les produits manu- agro-industrie
           de tonnes) et les États-Unis (3,5 mil-
           lions de tonnes). En 2015, les exporta-          Quelques chiffres
           tions brésiliennes ont augmenté signifi-         La meunerie française se place au 2e rang européen et au 10e rang mondial pour la production de
                                                            farine.
           cativement en direction de la Chine, de          ◗ En 2015, on comptait 427 unités de production représentant 360 entreprises et employant
           l’Arabie Saoudite, du Japon et des               6 000 personnes.
           Émirats Arabes Unis en particulier. n            ◗ La meunerie française a utilisé 5,34 millions de tonnes de blé et produit 4,17 millions de tonnes
                                                            de farine (dont 389 640 tonnes à l’export). 62 % sont destinées à la panification. 35 moulins de plus
                                                            de 50 000 t (8 % du total) ont écrasé 3,41 Mt (64 % de l’écrasement total).
           (3) Analyse de saf agr’iDées « Marchés lai-
                                                            Son activité a généré en 2015 un chiffre d’affaires de 1,9 milliard d’euros (dont 175 millions d’euros
           tiers : bilan 2015 et orientations 2016 » du
                                                            à l’export).
           24 mars 2016 publiée sur notre site internet.

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Et si les équidés étaient mieux intégrés dans la politique agricole ?
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                 Forêt des Cévennes
              ardéchoises composée
            de pins maritimes et de
                                         L’Observatoire des espaces naturels agricoles et forestiers
             châtaigniers. Reconnue      Stéphane Le Foll, ministre de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la Forêt a installé,
               Groupement d’intérêt
                     économique et       le 21 juin 2016, l’Observatoire des espaces naturels agricoles et forestiers (OENAF).
         environnemental forestier       Prenant la suite de l’Observatoire de la consommation des espaces agricoles, avec une
               (GIEEF), l’Association
          syndicale libre de gestion     compétence élargie aux espaces naturels et forestiers, il devient une instance de réflexion
                  forestière (ASLGF)
         des Cévennes ardéchoises
                                         et de débats, pour guider l’ensemble de la société vers une utilisation économe des sols
            réunit des propriétaires     agricoles, naturels et forestiers.
                  privés volontaires
         de parcelles forestières de
                                         Cet observatoire, placé auprès du ministre :
                toutes surfaces. Son     – est chargé d’élaborer des outils pertinents pour mesurer le changement de destination
                 objectif : entretenir
            et valoriser la forêt par
                                         des espaces naturels, forestiers et agricoles et homologuer des indicateurs d’évolution ;
                une gestion durable.     – d’évaluer la consommation de ces espaces en coopération avec les observatoires régionaux
                                         des espaces naturels, agricoles et forestiers ;
                                         – d’apporter un appui méthodologique aux collectivités territoriales et aux commissions
                                         départementales de préservation des espaces naturels, agricoles et forestiers pour l’analyse
                                         de leur consommation.
                                         L’Observatoire des espaces naturels, agricoles et forestiers s’appuie pour effectuer ses missions
                                         sur les travaux et les outils de l’Institut national de l’information géographique et forestière.
                                         Présidé par la députée de l’Hérault Fanny Dombre-Coste, il est composé d’un sénateur,
                                         des présidents des associations de collectivités territoriales, de représentants de l’État, des
                                         organisations professionnelles agricoles et forestières et des associations environnementales.

                             Page réalisée en partenariat avec la photothèque du ministère de l’Agriculture – http://photo.agriculture.gouv.fr

                                                              Agriculteurs de France - n° 223, mai-juin 2016                                     9
Et si les équidés étaient mieux intégrés dans la politique agricole ?
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         FORUM
                                            International

         Les rôles des outils numériques,
         actés par les instances internationales
         Pendant les mois de mai et juin, l’OCDE s’est focalisée sur le développement de l’économie numérique,
         tandis que le G20 agricole soulignait, pour la première fois, l’importance des Technologies de
         l’information et de communication (TIC) dans et pour l’agriculture.
         Marie-Cécile Damave

                         L
                                  e Forum annuel de l’OCDE, qui Elle a en outre souligné les problèmes                     tions mobiles, les outils de communi-
                                  s’est tenu les 31 mai et 1er juin de couverture du territoire en télépho-                cation, une meilleure connectivité avec
                                  2016 à Paris, s’est particulière- nie mobile et en très haut débit qui                   des infrastructures et des réseaux de
                            ment focalisé sur le développement de touchent certaines de nos régions agri-                  communication, ainsi que les banques
                            l’économie numérique à travers le coles (2).                                                   d’informations numériques, peuvent
                            monde (1) . Ce fut l’occasion pour la À la suite de ce forum, l’OCDE a convié                  être sources de valeur ajoutée, alimen-
                            secrétaire d’État française chargée du la troisième réunion ministérielle du                   ter la distribution et le commerce de
                            numérique, Axelle Lemaire, de mettre 21 au 23 juin 2106 à Cancun au                            produits agricoles au niveau mondial ».
                            en avant le positionnement de la Mexique, consacrée à l’économie                               Pendant cette réunion ministérielle du
                            France, à l’avant-garde des pays enga- numérique (3). L’OCDE s’intéresse par-                  G20, le Commissaire européen à l’agri-
                            gés dans cette voie inno-                                        ticulièrement à cette         culture Phil Hogan a indiqué qu’« il
                            vante, avec une « French                                         thématique, car ces           existe une nouvelle vague d’innova-
                            Tech » dynamique et un À la portée des innovations doivent                                     tion des TIC dans et pour l’agriculture,
                            environnement favorable                                          pour elle se développer       dont l’internet des objets, l’informa-
                            aux affaires et aux start-
                                                                agriculteurs « dans une optique stra-                      tique du “Cloud”, et les “Big Data” »,
                            up. Pour elle, « les nou-                                        tégique pour relever cer-     et que « les technologies d’agriculture
                            veaux outils numériques bouleversent tains défis essentiels, dont font partie                  de précision peuvent contribuer à
                            les relations institutionnelles et le fonc- la lutte contre le chômage et les inéga-           répondre à la demande alimentaire
                            tionnement de la société, au bénéfice lités de même que l’éradication de la                    mondiale croissante tout en assurant la
                            du “pouvoir d’agir” de chacun, de sa pauvreté (4) ».                                           durabilité de la production primaire,
                            capacité à participer et à contribuer à la Pas de mention spécifique à l’agricul-              grâce à une gestion de la production
                            décision et à la production ».                   ture dans ces travaux de l’OCDE. Par          plus précise et utilisant les ressources
                                                                             contre, l’importance des Technologies         plus efficacement ».
                                                                             de l’information et de communication          Les travaux du groupe de travail de
                                                                             (TIC) dans l’agriculture a été soulignée      saf agr’iDées sur les « Big data : quels
                                                                             pour la première fois par le G20              usages pour l’agriculture d’aujourd’hui
                                                                             (groupe des vingt pays les plus puis-         et de demain ? » sont, on le voit, plus
                                                                             sants du monde), le 3 juin 2016, dans         que jamais d’actualité (6) ! n
                                                                             le communiqué (5) des ministres de
                                                                             l’Agriculture des pays membres, réunis        (1) www.oecd.org/fr/forum.
                                                                             à Xi’an en Chine. Ce troisième G20            (2) www.observateurocde.org/news/fullstory.
                                                                             agricole (le premier s’était tenu à Paris     php/aid/4037/Pour_une_r_E9volution_num_
                                                                             en 2011 sous présidence française)            E9rique_inclusive.html.
                                                                             avait pour fil conducteur l’innovation        (3) www.oecd.org/fr/internet/ministerielle/
                                                                             agricole et le développement durable.         reunion.
                                                                             Il a conclu que les TIC sont « à la por-      (4) www.oecd.org/fr/internet/perspectives-
                                                                             tée des agriculteurs, notamment des           de-l-economie-numerique-de-l-ocde-97892
                                                                             petits exploitants et des agriculteurs        64243767-fr.htm.
                                                                                                                           (5) www.g20.org/English/Documents/
                                                                       © OECD / Hervé Cortinat

                                                                             familiaux, pour leur fournir des infor-
                                                                                                                           Current/201606/t20160608_2301.html.
                                                                             mations en temps voulu sur les mar-
                                                                                                                           (6) Retour sur l’agr’iDébat du 2 février 2016 :
                                                                             chés, permettre des pratiques agricoles       « Plateformisation de l’agriculture : nou-
                                                                             durables et efficaces, et de nouvelles        veaux services, nouvelles perspectives »,
                Lors du forum 2016 de l’OCDE, la secrétaire d’État française technologies ».                               www.safagridees.com/publication/points-
                      chargée du numérique, Axelle Lemaire, a mis en avant
          le positionnement de la France, à l’avant-garde des pays engagés
                                                                             Le  communiqué final du G20 agricole          cles-de-lagridebat-la-plateformisation-de-
            dans cette voie innovante, avec une « French Tech » dynamique    2016   poursuit « Internet et l’agriculture   lagriculture-nouveaux-services-nouvelles-
                et un environnement favorable aux affaires et aux start-up.  moderne, dont internet et les applica-        perspectives.

         10                                                           Agriculteurs de France - n° 223, mai-juin 2016
P 10-11 Forum_223 22/07/16 09:40 Page11

                                                                                                                                                            FORUM
                                                        Politique internationale

         Brexit : le Royaume-Uni
                                                                                                                                         REPÈRE
         fait tanguer l’Europe
         Le 23 juin 2016, les citoyens britanniques, appelés à se prononcer lors
         d’un référendum sur la sortie ou le maintien de leur pays dans l’Union                                                          INDUSTRIE
         européenne (UE), ont voté à 51,9 % en faveur de la sortie de l’UE                                                               Technologies clés
         qu’ils avaient rejointe en 1973.                                                                                                2020
                                                                                                                                         Pour tous ceux qui s’intéressent
         Camille Bourguignon
                                                                                                                                         à l’industrie du futur et aux

         L
                e résultat inattendu du référendum bri-                                                                                  implications que l’innovation peut
                tannique a eu pour conséquence de pro-                                                                                   avoir sur les entreprises agricoles
                voquer immédiatement une déstabilisation                                                                                 et agroalimentaires, la lecture de
         des marchés financiers et une crise politique qui                                                                               l’étude « Technologies Clés 2020,
         a entraîné la démission du Premier ministre                                                                                     préparer l’Industrie du futur »
         britannique, David Cameron, puis celle de plu-                                                                                  s’impose.
         sieurs autres personnalités politiques des deux                                                                                 Ce document de 640 pages a été
         camps. Une situation qui a également conduit                                                                                    remis à Emmanuel Macron,
         à d’importantes interrogations de la part de                                                                                    ministre de l’Économie, de
         tous les acteurs politiques et économiques                                                                                      l’Industrie et du Numérique par
                                                                                                                                         Philippe Varin, président du
         européens. En effet, bien que la sortie d’un
                                                                                                                                         Cercle de l’Industrie, à l’occasion
         État membre soit prévue dans les grandes lignes
                                                                                                                                         du point d’étape sur la Nouvelle
         par l’article 50 du traité sur l’Union européenne,
                                                                                                                                         France Industrielle organisé
         les modalités pratiques ne sont pas détaillées,
                                                                                                                                         le 23 mai 2016 (1).
         ni l’échéance précise.
                                                                                                                         © I. Delourme

                                                                                                                                         Il identifie 47 technologies
         En matière agricole, la sortie de l’Union euro-
                                                                                                                                         stratégiques pour la compétitivité
         péenne implique que le Royaume-Uni ne sera
                                                            Plus de la moitié des exportations britanniques de denrées                   et l’attractivité de la France dans
         plus lié par la Politique agricole commune alimentaires et de boissons ont pour destination l’UE.
                                                                                                                                         les cinq à dix années à venir, ainsi
         (PAC), la réglementation intra-européenne ou
                                                                                                                                         que les opportunités à saisir pour
         les accords négociés par l’UE. Le principal syn- coles européens, au vu des liens économiques                                   conquérir de nouveaux marchés.
         dicat agricole britannique, la NFU (National forts entre le continent et le Royaume-Uni et de                                   Ces technologies clés trouvent leurs
         Farmers Union) a pris acte des conséquences du la crise actuelle sur les marchés agricoles. Il                                  applications dans les domaines de
         Brexit. Il a tenu à souligner l’importance des est primordial de maintenir la stabilité du mar-                                 l’alimentation, de l’environnement,
         décisions politiques natio-                                                ché » a souligné Pekka                               de l’habitat, de la sécurité, de la
         nales qui en découleront                                                   Pesonen, secrétaire général                          santé et du bien-être, de la mobilité,
         pour le secteur agroalimen-                 Des liens                      du Copa et de la Cogeca,                             de l’énergie, du numérique, ou
         taire (food and drinks indus- économiques forts la voix des agriculteurs euro-                                                  encore des loisirs et de la culture.
         trie), dont l’activité est éva-                                            péens et de leurs coopéra-                                               Camille Bourguignon
         luée à 108 milliards de livres sterling et emploie tives, le 24 juin dernier. « Plus de la moitié
         3,9 millions de personnes. Le 8 juillet 2016, il des exportations britanniques de denrées ali-                                  (1) http://www.entreprises.gouv.fr/
         a décidé de lancer une vaste consultation auprès mentaires et de boissons ont pour destination                                  politique-et-enjeux/technologies-cles-2020.
         de ses membres et au-delà pour esquisser une l’UE et le marché britannique représente éga-
         nouvelle politique agricole et rurale, plus adap- lement un gros marché d’exportation pour les
         tée à leurs besoins et capable de conserver denrées alimentaires et les boissons des autres
         leur compétitivité sur les marchés internationaux. États membres, fournissant aux consomma-
         L’analyse précise des conséquences de ce vote teurs européens un large choix de produits de
         sur l’agriculture du Royaume-Uni, et plus lar- grande qualité. Nous mettrons tout en œuvre
         gement sur ses échanges économiques dépen- pour que la communauté agricole de l’UE et du
         dra bien sûr des décisions qui seront prises Royaume-Uni ne subisse pas les conséquences
         par les institutions européennes et le gouver- de décisions politiques internationales et pour
                                                                                                                                                                                                       © DR

         nement britannique.                                que l’impact sur le commerce soit limité. Les
         Du côté des organisations professionnelles agri- négociations concernant le départ du Royaume-                                  Ce projet piloté par John Deere en partenariat avec
                                                                                                                                         SULKY et trois autres sociétés (Landdata Eurosoft,
         coles européennes, l’heure est aussi au prag- Uni de l’UE devraient être finalisées dans un                                     Vista et Rauch) permet une gestion globale de
         matisme. « Nous avons à cœur d’éviter toute délai de deux ans, comme cela est stipulé dans                                      la fertilisation des cultures, grâce à la technologie
         perturbation supplémentaire des marchés agri- le Traité de Lisbonne » a estimé M. Pesonen. n                                    Internet et aux connectivités entre matériels et logiciels.

                                                               Agriculteurs de France - n° 223, mai-juin 2016                                                                          11
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         DOSSIER

         Mieux intégrer les équidés
         dans la politique agricole
 © DR

                                               Parallèlement au glissement de leurs utilisations vers le loisir et le sport,
           Agr’iDay
                                               les équidés ont perdu dans notre société une part de leur qualification
           « Perspectives et ambitions
                                               d’animaux de rente pour celle d’animaux domestiques de compagnie.
           pour la filière équine » :
           la parole aux éleveurs     p. 13
                                               L’Union Européenne a entériné dans un certain nombre de ses textes et déci-
                                               sions cette évolution.
           Vers une 4e domestication           Saf agr’iDées, en sa qualité de laboratoire d’idées, s’est trouvé être le
           du cheval, celle de                 lieu adéquat pour rappeler que les équidés sont profondément liés au
           l’homme par le cheval     p. 15
                                               monde agricole et cette nécessité de mieux les intégrer dans notre
           Négociations délicates au           agriculture, dans les dispositifs de notre politique agricole.
           regard des multiples                À la demande du GESCA, avec plusieurs partenaires dont les sociétés-mères,
           dénominations européennes p. 16     l’IFCE et des professionnels de terrain, nous avons travaillé, réfléchi,
           La Charte du Bien-Être Équin :      comparé notre situation à celles d’autres pays européens avec des traditions
           pour le respect du cheval p. 18     équestres : l’Espagne, l’Allemagne.
                                               Oui, les équidés sont des animaux de rente à caractère agricole ; ils sont
           La fin de vie des chevaux : entre   élevés, soignés, utilisés par des acteurs reconnus agricoles depuis dix ans en
           éthique et réglementation p. 19
                                               France. Alors oui, il convient d’en tirer les conséquences : les équidés doivent
           Pour une reconnaissance             être considérés à part entière dans les dispositifs agricoles et bénéficier des
           agricole des activités              réglementations, notamment fiscales appliquées à l’agriculture.
           de gardiennage de chevaux                                                  Patrick Ferrère, délégué général de saf agr’iDées
                                       p. 20
                                               Dossier coordonné par Isabelle Delourme

         12                                                          Agriculteurs de France - n° 223, mai-juin 2016
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                        Agr’iDay
                                                                                                                                                     DOSSIER
                        « Perspectives et ambitions
                        pour la filière équine » :
                        la parole aux éleveurs
                        Espace d’expression, l’agr’iDay organisé le 2 juin 2016 par saf agr’iDées sur
                        le thème des équidés et de la politique agricole, a contribué à faire émerger
                        des idées importantes pour l’avenir de la filière.

                   F
                               ilière d’excellence, la filière équine française   déjà s’est complexifiée à partir de la mise en
                               est saluée dans tous les domaines. Pourtant        application de la Pac 2014-2020, qui a d’abord

                                                                                                                                                                                            © I. Delourme
                               nombreux sont les sujets qui interpellent le       exigé la présence d’un cheval, puis les a inscrit sur
                        monde du cheval et ne lui permettent pas un               une liste négative. Elle a fait remarquer les diffé-
                        développement serein. Tout au long de cette               rences qui existent entre le règlement européen
                        journée consacrée au monde des équidés, vingt             et l’application française. Par ailleurs, le second                « C’est une filière
                        intervenants ont pu dialoguer et évoquer leurs dif-       pilier étant désormais géré par les conseils géné-                 de passionnés,
                        ficultés, pour construire les                                            raux, certaines primes à la race sont               aujourd’hui confrontée
                        bases d’un avenir meilleur(1).                                           menacées dans le contexte des                       à de nombreuses
                        Pour réfléchir plus précisément        Distinguer les                    grandes régions.                                    cultures différentes
                        sur le thème « Perspectives et
                        ambitions pour la filière
                                                               professionnels                    Christian Morel a développé un éle-
                                                                                                 vage de chevaux de sport (Selle
                                                                                                                                                     qui ne sont pas faciles
                                                                                                                                                     à mettre ensemble ».
                        équine » saf agr’iDées a sou-          des amateurs                      Français) en parallèle de la produc-                « Il y a un gros potentiel
                        haité donner la parole à des                                             tion laitière. Il bénéficie des aides               d’actions communes à faire
                        éleveurs de chevaux et à leurs représentants, afin        Pac (DPB 260 €/ha) sur la totalité de ses surfaces                 dans nos filières » a constaté
                                                                                                                                                     Louis Romanet, président
                        qu’ils puissent préciser leurs attentes. Magaly           y compris sur les prairies, et reçoit également                    de la Fédération Internationale
                        Bogaert, chargée de mission à la Fédération               différentes aides via l’association Selle Français.                des Autorités Hippiques (FIAH)
                        Nationale des Conseils de Chevaux (FNCC) a                Pour Jean Lesne, « la reconnaissance de la filière                 venu clôturer l’agr’iDay. Il a
                        souligné la confusion qui existe quant à l’accès          cheval au sein du monde agricole est importante ».                 également rappelé que la filière
                        aux aides de la Pac pour les entraîneurs et les           Céréalier, mais aussi éleveur de bovins viande et                  équine française était une filière
                                                                                                                                                     d’excellence dans tous tous
                        centres équestres. Précédemment il était toutefois        de chevaux trotteurs, cet ancien président des                     les domaines (plat, obstacle, trot,
                        clair que les éleveurs de chevaux avaient la pos-         Haras Nationaux estime toutefois qu’il faut abso-                  chevaux de sport, poney club,
                        sibilité dans le cadre du premier pilier de la PAC        lument « distinguer les professionnels, et les ama-                chevaux lourds).
                        de faire appel à la réserve des DPU, et de béné-          teurs éclairés, qui bien que très sympathiques, ne
                        ficier d’aides pour les races menacées. Au titre du       sont pas soumis aux mêmes charges ». ◗◗◗
                        deuxième pilier, en tant qu’acteurs du dévelop-
                        pement des territoires ruraux, ils avaient accès à        (1) Retrouvez l’essentiel des interventions de l’Agr’iDay
                                                                                  organisé le 2 juin 2016 sur le thème « Mieux intégrer les
                        des aides à la modernisation des bâtiments d’éle-         équidés dans la politique agricole » sur la chaîne
                        vage. Pour les entraîneurs et les exploitants de          Youtube ou sur le site internet wwsafagridees.com,
                        centre équestre, la situation confuse qui existait        espace vidéo)

                                                                                                                                              De gauche à droite :
                                                                                                                                              M. Bogaert (FNCC), I. Quenin (animatrice),
        © I. Delourme

                                                                                                                                              C. Morel (éleveur de chevaux de sport),
                                                                                                                                              J. Lesne (éleveur de chevaux de trot),
                                                                                                                                              E. Rousseaux (éleveur de chevaux de trait).

                                                        Agriculteurs de France - n° 223, mai-juin 2016                                                                              13
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