Faut-il isoler les patients porteurs de BMR ? - SRLF
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Réanimation (2016) 25:318-327 DOI 10.1007/s13546-016-1184-5 MISE AU POINT / UPDATE INFECTIEUX Faut-il isoler les patients porteurs de BMR ? Should Contact Precautions for Multidrug Resistant Organism Transmission Be Used? A. Durand · C. Dupré · L. Robriquet Reçu le 25 novembre 2015 ; accepté le 5 février 2016 © SRLF et Lavoisier SAS 2016 Résumé Les bactéries multirésistantes (BMR) endémiques, Abstract There is an increasing incidence on morbidity and telles que le Staphylococcus aureus résistant à la méticilline mortality related to endemic multi-drug resistant organism (SARM), mais surtout les entérobactéries productrices (MDRO) like methicillin-resistant Staphylococcus aureus d’une bêtalactamase à spectre étendu (EBLSE) ont une inci- (MRSA), or extended spectrum beta-lactamase (ESBL) ente- dence croissante. Elles sont associées à une augmentation de robacteria. MDRO originated from multiple roots, either la morbimortalité des patients de réanimation. Elles sont le endogenous acquisition with selection of spontaneously plus souvent d’origine endogène, par sélection de mutants resistant strains, or exogenous acquisition from skin contact, résistants, mais aussi exogène, par transmission croisée. La mostly hand related. The primary acquisition mode for transmission croisée se fait le plus souvent par manuportage. patients in intensive care is endogenous. ESBL producing Il existe plusieurs stratégies pour lutter contre la transmis- organisms pose challenging infection control issues, and sion croisée des BMR, organisées de manière graduelle : les require searching for new interventions. In order to fight précautions standard sont universelles et s’appliquent pour cross-transmission, different strategies can be implemented tous les patients, dans tous les secteurs d’hospitalisation. Les gradually. Standard precautions apply anywhere and any- précautions de type contact sont complémentaires et vien- time. Contact precautions are also widely recommended for nent s’ajouter aux précautions standard pour les patients MDRO. However, conflicting data exist regarding their porteurs de BMR. L’instauration de ces précautions ne fait effectiveness and potential link to multiple adverse effects. pas consensus, et leur efficacité n’est pas démontrée dans la Recommendations do not match for consensus, but they all littérature. De plus, ces mesures ne sont pas dénuées d’effets focus on contact precautions relief opposing the tightening indésirables. Les recommandations concernant l’application up of standard precautions, decreasing differences between des mesures de prévention tendent vers un allègement des both. Multiple targets are necessary to minimize nosocomial précautions complémentaires de type contact et un renforce- or community-acquired MDRO colonization or infection. ment des précautions standard. Ainsi par exemple, l’usage Hence, latest recommendations lean toward a more respon- systématique des gants est à proscrire. La lutte contre sible and rational use of contact isolation, consistent with l’émergence de BMR doit être multifactorielle et passe par bacterial virulence or epidemiologic situation. Many strate- une application systématique des précautions standard, aux- gies must be restricted, like unconditional glove usage. Fur- quelles viennent s’ajouter de manière raisonnée des précau- thermore, antibiotic use must be rationalized and tightly tions complémentaires, selon la virulence de la bactérie supervised, in order to better control the spread of MDRO. considérée et les conditions épidémiologiques. Il est égale- ment capital de limiter l’utilisation des antibiotiques, notam- Keywords Contact precautions · Patient isolation · ment à large spectre, élément central de l’émergence de ces Multidrug-resistant organism · Cross transmission pathogènes. Mots clés Précautions complémentaires contact · Isolement · Introduction Bactéries multirésistantes · Transmission croisée La résistance aux antibiotiques est considérée depuis 2014 A. Durand (*) · C. Dupré · L. Robriquet par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) comme une Réanimation médicale CHRU de Lille, hôpital Salengro, priorité de santé publique. Les bactéries multirésistantes centre hospitalier régional universitaire de Lille, 2, avenue Oscar-Lambret, F-59037 Lille cedex, France (BMR) sont en pleine expansion en France mais aussi dans e-mail : durand.arthur@gmail.com le monde. Les données du réseau d’alerte, d’investigation et
Réanimation (2016) 25:318-327 319 de surveillance des infections nosocomiales en réanimation de dépistage systématique selon le service et/ou l’établisse- (REA-Raisin) ont montré que 9 % des patients hospitalisés ment concerné [13]. En réanimation, 34 278 patients (soit en réanimation étaient porteurs de BMR en 2013, dont le 47 % des lits) ont été recensés [1]. Le taux de BMR était tiers le devenait lors du séjour en réanimation [1]. Le portage de 9 %, dont un tiers était acquis au cours du séjour en réa- et surtout l’infection par des BMR entraînent une augmen- nimation. Parmi ces 9 % de BMR, un tiers de SARM et deux tation de la mortalité et de la durée de séjour des patients tiers de BLSE étaient retrouvés. Les Acinetobacter et Pseu- hospitalisés en réanimation [2]. Il est primordial de réussir domonas résistants étaient minoritaires. Il existe en France à contrôler leur transmission croisée. Les précautions une diminution progressive du portage et des infections à complémentaires de type contact sont utilisées depuis de SARM, avec en 2013 une densité d’incidence de 0,30 pour nombreuses années pour la limiter. Cependant, ces mesures 1 000 jours d’hospitalisation, soit en réanimation une dimi- d’isolement des patients ne sont pas dénuées d’effets secon- nution de 24 % depuis 2009. À l’inverse, on constate une daires. De plus, les dernières études n’ont pas réussi à augmentation du portage et des infections à BLSE avec démontrer l’efficacité des précautions complémentaires de une augmentation de la densité d’incidence en 2013 de type contact [3–10]. Il existe donc de nombreux points de 0,55 pour 1 000 jours d’hospitalisation, soit en réanimation discussion sur l’intérêt de l’isolement contact des patients une augmentation de 52 % depuis 2009, notamment portée porteurs de BMR endémiques en réanimation. par les Escherichia coli BLSE qui représentent la moitié des souches d’EBLSE isolées [13]. Définitions et épidémiologie Pathogenèse et mode de transmission Les BMR endémiques sont définies après effort conjoint de l’European Society of Clinical Microbiology Infectious Les modalités d’acquisition d’une BMR sont doubles. Tout Disease (ESCMID) et des centers for diseases control d’abord, l’acquisition peut être endogène dite « verticale », (CDC) comme des bactéries possédant une résistance à au par sélection d’un mutant résistant au sein de la flore bacté- moins trois familles d’antibiotiques auxquelles elles sont rienne commensale. Cette sélection se fait à la faveur d’un habituellement sensibles [11]. À noter l’exception de l’enté- facteur favorisant, principalement les antibiotiques qui sélec- rocoque résistant aux glycopeptides (ERG) et à moindre tionnent les souches résistantes au sein de cette flore, de par degré du Staphylococcus aureus résistant à la méticilline une pression dite de « sélection ». La seconde modalité d’ac- (SARM), dont le seul marqueur de résistance de significa- quisition est dite exogène ou « horizontale », c’est-à-dire par tion clinique majeure (respectivement aux glycopeptides et à transmission croisée entre le réservoir et l’hôte soit directe- la méticilline) les classe en BMR malgré l’absence de résis- ment, soit par l’intermédiaire d’un vecteur (manuporté, tance systématique à trois familles d’antibiotiques [12]. Au aérien…). La notion de réservoir est capitale et dépendante sein de ces BMR, certaines sont dites « prioritaires ». Elles du type de pathogène. Le réservoir peut être humain, formé présentent un haut risque de diffusion et sont endémiques. de porteurs connus ou méconnus, animal ou environnemen- Il s’agit des SARM et des entérobactéries sécrétrices de bêta- tal. Seule la transmission croisée correspondant à la trans- lactamase (EBLSE). Les bactéries telles que Pseudomo- mission contact majoritairement manuportée sera abordée nas aeruginosa multirésistant (PAR) et Acinetobacter bau- dans cette revue. L’intensité de cette transmission croisée mannii multirésistant (ABR) sont des bactéries saprophytes est dépendante de la pression de colonisation (importance pouvant être responsables d’épidémies de moindre niveau quantitative du réservoir) chez l’hôte et son environnement, dans des contextes particuliers. Elles sont définies comme mais aussi de la durée d’exposition au pathogène, de facteurs des BMR épidémiques. Les bactéries hautement résistantes liés à l’hôte, et des efforts et dispositions mis en place pour la émergentes (BHRe) sont caractérisées par un mécanisme de diminuer. La pression de sélection croissante et la transmis- résistance transférable évoluant sur un mode épidémique et sion croisée sont les principales explications de l’émergence issues de la flore commensale. Celles-ci ne seront pas abor- et de la dissémination de ces pathogènes. Concernant la dées dans cette revue. Ces dernières correspondent en France transmission croisée, il existe des disparités entre SARM et aux ERG et aux entérobactéries productrices de carbapénè- EBLSE, pouvant être une des explications des évolutions mases (EPC). épidémiologiques contrastées entre ces deux BMR. La dif- Les données épidémiologiques françaises sont fournies fusion des EBLSE dans l’environnement des patients por- par le réseau Raisin. En 2013, 1 347 établissements ont teurs et/ou infectés est en outre plus facile que celle des été analysés, couvrant 78 % des lits d’hospitalisation. Les SARM, car elle s’effectue à partir d’un réservoir (le tube données sont issues de déclarations des cinq centres de digestif) beaucoup plus important que celui des SARM coordination et de lutte contre les infections nosocomiales (peau et muqueuse), notamment en lien avec le péril fécal. (C-CLIN). Le recueil peut être sous-estimé par l’absence Elle intéresse à la fois le pathogène, mais également leurs
320 Réanimation (2016) 25:318-327 gènes de résistance inclus dans des éléments génétiques gène entre patients et soignants. Il en existe deux types. Les mobiles (plasmides, transposons…) facilement transférables précautions standard sont universelles et s’appliquent pour entre bactéries. Enfin, comme nous le verrons plus tard, la tout patient et tout le temps. Au sein de ces précautions, diffusion des EBLSE concerne aujourd’hui en France non certaines mesures proposées sont différentes selon les don- seulement les établissements de soins, mais aussi la commu- nées épidémiologiques du pays, de la région et du centre nauté où leur contrôle est rendu plus délicat par la néces- hospitalier concerné. En France, les précautions standard sité d’agir sur de nombreux facteurs supplémentaires au ont été harmonisées et redéfinies par la Société française SARM (lutte contre le péril fécal, rôle de l’alimentation, d’hygiène hospitalière (SFHH) en 2009 comme des objectifs des effluents…). Enfin, l’émergence des EBLSE préfigure globaux visant notamment à une qualité exemplaire de l’hy- l’émergence déjà constatée de souches d’entérobactéries giène des mains, avec respect des modalités et de la fré- productrices de carbapénèmase appartenant aux BHRe. quence de l’utilisation des solutés hydroalcooliques (SHA), la protection de la contamination des soignants lors de soins avec contact du sang ou de liquides biologiques, la bonne Transmission croisée en réanimation gestion des excreta, ainsi qu’un isolement géographique en chambre seule concernant les patients hospitalisés en réani- La transmission croisée dans l’acquisition des BMR endémi- mation [19]. Les précautions de type contact sont complé- ques hospitalières et en réanimation existe bel et bien. Elle mentaires et peuvent être associées à d’autres mesures telles est toutefois de façon surprenante plus faible que présuppo- que le dépistage systématique des BMR, la décontamina- sée [14]. Kim et al. ont récemment démontré dans une étude tion sélective ou non des patients porteurs et des mesures monocentrique son faible impact dans l’acquisition de BMR d’isolement géographique définies comme le cohorting des en cas de bonne application des précautions standard [15]. patients. Elles représentent des mesures ajoutées aux précau- Par des techniques de surveillance du portage et d’identifi- tions standard pour renforcer la lutte contre la transmission cation génotypique, ceux-ci évaluent l’impact de l’acquisi- croisée par l’ajout d’une signalisation, de matériel de protec- tion exogène à 30 % des acquisitions de BMR dans leur tion individuelle supplémentaire (surblouses, matériel dédié unité de réanimation. Harris et al. ont évalué dans une au patient en chambre) et en général associées à un regrou- cohorte prospective sur trois ans, selon des critères épidé- pement géographique des soins. Ces précautions peuvent miologiques et après analyse des souches bactériennes par être appliquées chez des patients infectés ou rentrer dans le électrophorèse en champs pulsé, que la transmission croisée cadre d’un dépistage ciblé ou systématique de la colonisa- d’E. coli BLSE était seulement responsable de 13 % des tion. Il existe actuellement de nombreux points de discussion acquisitions de BMR [16]. La première cause d’acquisition concernant les mesures à mettre en œuvre pour lutter contre de BMR en réanimation est donc a priori une acquisition les BMR endémiques. Les principaux sont le recours à endogène par sélection d’un mutant résistant liée à la pres- une éventuelle stratégie de dépistage systématique ou ciblée, sion de « sélection » des antibiotiques. Dans deux revues, la décontamination cutanée ou digestive systématique et Carlet et al. proposent une alliance pour le « sauvetage des l’usage de précautions complémentaires contact. Nous abor- antibiotiques » tentant de diminuer la pression de sélection, derons ici le débat en exposant les éléments pour et contre mesure phare de la diminution d’acquisition (endogène) des l’usage des précautions complémentaires contact chez les BMR endémiques [17,18]. La France fait partie des plus patients porteurs de BMR endémiques (SARM et EBLSE). grands consommateurs européens d’antibiotiques. Environ 75 % des patients sont traités par antibiothérapie au cours de leur séjour en réanimation. Les auteurs préconisent une Précautions standard : importance et limites désescalade précoce, un traitement de plus courte durée et une prescription sur avis spécialisé pour certains antibio- La transmission croisée contact est fondée sur la volonté de tiques. Cependant, ces mesures ne peuvent être efficaces prévenir l’acquisition d’une BMR chez un patient hôte dont qu’en cas d’action conjointe entre les différents états euro- l’origine est l’environnement ou un autre individu. En effet, péens et mondiaux. l’environnement est fréquemment le lieu d’une contamina- tion avec un taux de 30–80 % pour le SARM, de 5–10 % pour les EBLSE [20,21]. La notion capitale est la notion de Mesures barrières transmission manuportée par le personnel au décours des soins réalisés. Dans ce cas, l’application de règles d’hygiène Pour contrôler le risque de transmission croisée, il est capital simples et efficaces constitue la clé de voûte du contrôle de d’identifier le réservoir, ce qui peut être mis en défaut. Puis la transmission croisée contact. L’hygiène des mains, via des mesures dites « barrières » peuvent être associées pour l’utilisation de SHA, revêt en ce sens une importance consi- lutter contre le risque de transmission croisée d’agent patho- dérable. L’application de SHA est réalisée avant et après tout
Réanimation (2016) 25:318-327 321 contact avec le patient ou son environnement immédiat. inférieure à la quantité théorique nécessaire par jour et par Depuis les années 2000, l’utilisation de plus en plus répan- patient [30]. L’efficacité des précautions standard fondées due de ces solutés est en grande partie responsable de la principalement sur l’hygiène des mains semble démontrée. diminution drastique de l’incidence du taux de SARM. Dans Cependant, elles sont en règle générale insuffisamment res- une méta-analyse, Tschudin-Sutter et al. ont démontré une pectées, de compliance variable au cours du nycthémère et corrélation linéaire entre le pourcentage de consommation dépendent de l’évaluation du niveau d’observance ainsi que des SHA et la prévalence du SARM en réanimation [22]. de l’implication pour la formation du personnel soignant. Une autre étude semble observer les mêmes effets sur les Ainsi, il semble logique en cas de portage de BMR d’asso- EBLSE, permettant une réduction du taux d’acquisition cier des précautions complémentaires contact. Mais celles-ci après une meilleure observance de l’hygiène des mains sont-elles réellement efficaces ? Quelles en sont les limites ? [23]. L’effet semble moins marqué que pour le SARM, en lien avec le réservoir (digestif) plus important pour les EBLSE. D’autres mesures inhérentes aux précautions stan- Précautions complémentaires contact, analyse dard ont également démontré leur effet dans la littérature de la littérature, efficacité et limites médicale. Ainsi, l’utilisation de chambre seule est associée à une diminution significative de transmission de BMR L’adjonction de mesures barrières supplémentaires paraît (SARM, Pseudomonas) ou encore de Candida [24]. rationnelle pour limiter le risque de transmission croisée, Toutefois, de nombreuses études ont montré que l’adhé- surtout lorsque celui-ci reste insuffisamment contrôlé par rence des soignants aux gestes d’hygiène des mains reste les précautions standard peu respectées. Nous allons voir insuffisante. Su et al. ont montré que dans cinq services de que son efficacité reste débattue, ainsi que son usage com- réanimation chinois elle n’était que de 51 % à l’état de base porte de nombreuses limites et potentiels effets indésirables. [25]. Après une période de formation intensive de trois mois, Un des intérêts démontrés des précautions complémentaires l’adhérence augmentait à 67 %, soit seulement deux tiers contact réside dans l’amélioration de la qualité et du respect d’observance. De plus, l’observance semble très variable des précautions standard. Dans une étude observationnelle, en fonction de la période de travail, avec une diminution Almaguer et al. ont démontré que l’observance aux gestes significative la nuit, et ce chez tous les intervenants (méde- d’hygiène des mains était améliorée lors de l’utilisation des cins et infirmières) [26]. Les études concernant le recueil de précautions complémentaires, et qu’elle pouvait dépasser l’adhérence des soignants à l’hygiène des mains sont fon- 90 % lors de la présence d’un isolement contact, contre seu- dées sur des données collectées par un observateur externe lement 68,9 % en son absence [31]. Par contre, l’usage sys- présent dans l’unité de soin. Il peut exister alors un biais tématique de gants n’est pas associé à une diminution du potentiel d’adhérence augmentée lors des évaluations, taux d’acquisition de BMR, mais à l’effet inverse, puisqu’il appelé effet Hawthorne comme dans l’étude princeps où a été démontré dans plusieurs travaux que l’utilisation systé- l’adhérence passe de 29 à 45 % lorsque le soignant se sait matique de gants était associée à une diminution de l’obser- observé [27]. Pour diminuer ces biais d’observation, de nou- vance de l’hygiène des mains et d’application des SHA velles modalités d’évaluation émergent comme l’utilisation [32,33]. Leur utilisation doit être limitée à des actes à haut de vidéos, de capteurs électroniques ou l’évaluation de la risque, notamment lors de contact avec des liquides biolo- consommation totale de SHA au sein d’un service hospita- giques et ne doit pas limiter le respect des précautions stan- lier [28]. Dans une étude allemande, Scheithauer et al. ont dard. Le Tableau 1 regroupe les études dont la méthodologie montré une différence significative lorsqu’une mesure objec- de réalisation semble la plus robuste, concernant l’efficacité tive, comme la quantité de SHA réellement consommée, des précautions complémentaires contact sur la prévention était utilisée comparativement à la quantité de SHA prédite de la transmission croisée des BMR, notamment endémi- en fonction du nombre de lavages de mains [29]. En effet, ques [3–10]. Qu’elles soient en faveur ou en défaveur des l’observation externe laissait supposer 73 % d’adhérence, mesures de précautions complémentaires contact, les résul- alors que le calcul de la consommation de SHA objectivait tats sont parfois contradictoires, ce qui peut être expliqué par 22 % d’adhérence des soignants à l’hygiène des mains. Des un certain nombre de biais et limites. Pour la plupart, elles calculs empiriques en réanimation évaluent en fonction du sont de faible qualité méthodologique et posent la même nombre de contacts moyen par jour et par patient la nécessité question dans des contextes épidémiologiques très diffé- d’une consommation entre 450 et 500 ml de SHA par jour et rents. Elles ont souvent été réalisées au cours d’hyperendé- par patient. La consommation mensuelle de SHA est pour les mies avec une forte prévalence de SARM par exemple. Ces services d’hygiène hospitalière un critère indirect du respect données épidémiologiques ne sont pas comparables avec les des précautions standard, et elle est corrélée à l’incidence des données françaises actuelles, notamment en ce qui concerne BMR, avec en France en 2010 une consommation en réani- la pression de colonisation. Le recueil de l’usage d’antibio- mation s’élevant à environ 108 ml par journée-patient, bien tique (pression de sélection) n’est que rarement rapporté. De
322 Tableau 1 Tableau récapitulatif des principales études prospectives sur l’utilisation des précautions complémentaires contacts (PCC) chez les patients porteurs de BMR endémi- ques à l’hôpital Étude Design Intervention Critère jugement Chronologie Résultats principaux Observance HM Cepeda et al. Étude prospective – Surblouse et gants Taux de colonisation Période 1 : 3 mois Taux acquisition SARM 21 % d’observance 2005 [3] bicentrique (3 unités systématiques, chambre seule ou d’infection Période 2 : 6 mois identique entre les 3 périodes d’hygiène des mains de réanimation) (périodes 1 et 3) acquise à SARM Période 3 : 3 mois – Surblouse et gants systématiques sans isolement en chambre seule (période 2) Huang et al. Étude rétrospective – Amélioration de l’asepsie lors Taux de bactériémie Période 1 : 1 an Seul le dépistage systématique 40 % d’observance 2006 de modèle de séries de la mise en place de voies acquise à SARM Période 2 : 2 ans et PCC permet de diminuer augmentée à 80 % [4] chronologiques veineuses centrales (période 1) Période 3 : 1 an la densité d’incidence après la phase 2 interrompues – SHA et campagne d’hygiène de bactériémie acquise (8 unités des mains (période 2) à SARM de 67 % (p = 0,02) de réanimation) – Dépistage hebdomadaire portage nasal et PCC chez patients colonisés (période 3) Bearman et al. Étude Période 1 : PCC Prévalence Période 1 : 3 mois Pas de modification du taux Observance de 57 % 2007 [5] monocentrique, Période 2 : utilisation et incidence Période 2 : 3 mois d’acquisition de SARM (5,7 vs en période 1 et 52 % prospective, systématique de gants de colonisation 5 % ; p = 0,92) ou d’ERG en période 2 contrôlée ou d’infection (14 vs 18 % ; p = 0,19) à SARM et ERG au cours des 2 phases Robicsek et Étude prospective Période 1 : période contrôle Taux d’infections Période 1 : 1 an Diminution significative Absence de données al.2008 observationnelle Dépistage systématique (PCR), nosocomiales Période 2 : 1 an du taux d’infections acquises recueillies [6] dans 3 centres PCC et décolonisation patients acquises à SARM Période 3 : 1 an à SARM hormis bactériémies admis en réanimation (période 2) uniquement significative ou admis à l’hôpital (période 3) en période 3, diminution de 69,6 % (IC 95 % : 19,6– 89,2 %), p = 0,03 Gbaguidi- Centre académique Périodes 1 et 3 : PCC Taux de colonisation Période 1 : 3 ans L’implémentation des mesures Absence de données Haore et al. monocentrique Période 2 : absence de PCC ou d’infection Période 2 : 3 ans de PCC était associée disponibles 2008 [7] nosocomiale à Période 3 : 2 ans à une diminution A. baumannii de la colonisation à A. baumannii RR : 0,5 ; IC 95 % : 0,4–0,64 ; p < 0,001 (Suite page suivante) Réanimation (2016) 25:318-327
Tableau 1 (suite) Réanimation (2016) 25:318-327 Étude Design Intervention Critère jugement Chronologie Résultats principaux Observance HM Cheng et al. Étude Période 1 : cohorting Tendance ou densité Période 1 : 27 mois Absence de changement Observance passant 2010 [8] monocentrique Période 2 : PCC et isolement d’incidence Période 2 : 27 mois de densité d’incidence de 29 à 63 % en fin centre universitaireen chambre seule d’infection acquises Période 3 : 35 mois d’infection acquise à SARM de période 3 Hong Kong Période 3 : isolement en chambre en réanimation ou EBLSE seule et campagne d’hygiène à SARM ou EBLSE des mains Jain et al. Étude prospective Bundle de prévention : dépistage Taux d’infections 3 ans Diminution de la transmission Absence de données 2011 [9] multicentrique nasal à l’admission et sortie nosocomiales liée aux soins et du nombre recueillies service de médecine de l’hôpital, PCC chez patients acquises à SARM d’infections acquises à SARM et de réanimation colonisés à SARM, amélioration (diminution de 62 % ; hygiène des mains p < 0,001 du taux d’infections à SARM) Huskins et al. Étude prospective Randomisation en 3 stratégies : Taux d’infections Contrôle : 8 mois Supériorité de la décolonisation 22 % d’observance 2011 [10] randomisée 1) Dépistage systématique et PCC nosocomiales Randomisation universelle sur le risque d’hygiène des mains en cluster, préemptives acquises à SARM et implémentation : d’infection à SARM sans feed-back en réanimation 2) Dépistage systématique PCC 3 mois par rapport aux périodes 1 ou 2 aux équipes 43 hôpitaux préemptives et décolonisation Intervention : 6 mois soignantes 74 unités sélective Utilisation de réanimation 3) Décolonisation non sélective systématique de gants de tous les patients SARM : Staphylocoque aureus résistant à la méthicilline ; ERG : entérocoque résistant aux glycopeptides ; PCC : précautions complémentaires contact ; PCR : polymerase chain reaction ; HM : hygiène des mains ; SHA : solution hydroalcoolique. 323
324 Réanimation (2016) 25:318-327 plus, elles consistent pour la majorité en l’application d’un à l’admission de 13 %), et de bonne application des précau- bundle de prévention alliant plusieurs stratégies de lutte tions standard, il n’y avait pas de bénéfice en termes d’ac- contre l’expansion des BMR. Au sein de toutes ces straté- quisition des BMR endémiques à l’application d’une poli- gies (dépistage, cohorting, décontamination, précautions tique de dépistage systématique et d’isolement des patients complémentaires), la place des précautions complémen- porteurs de BMR. Il est également important d’insister sur le taires de type contact seule reste à confirmer. Enfin, dans fait que le contrôle consistait en une pratique « courante » ces études, de nombreuses données ne sont pas maîtrisées, avec choix de la politique de dépistage et de mise en place notamment la pression de sélection (gestion de l’antibiothé- des précautions complémentaires, cette étude n’atteste en rapie), la pression de colonisation (données épidémiolo- rien de l’inefficacité de celles-ci. Par ailleurs, elle souligne giques) ou les taux d’observance et de respect des précau- une nouvelle fois la nécessité d’une observance de l’hygiène tions standard. L’étude MOSAR-ICU répond actuellement des mains qui doit être supérieure à 80 %. le mieux à la question de la place des précautions complé- Cepedant, les précautions complémentaires contact ne mentaires contact, grâce à une méthodologie robuste ainsi sont pas dénuées d’effets indésirables. Ceux-ci ont été colli- que des données épidémiologiques semblables à celles ren- gés dans deux revues de la littérature médicale publiées en contrées dans notre pratique quotidienne, et comprend à la 2009 et 2010 [35,36]. Les principales conséquences indivi- fois l’évaluation du SARM et des EBLSE [34]. Les chiffres duelles retrouvées étaient que : recensés au cours de la phase d’observation chez les patients dépistés étaient une prévalence de portage à l’admission de • les patients isolés sont moins surveillés par le personnel soignant (durée et nombre de visites), et ce quel que soit le 12,9 % de BMR avec 7,4 % d’EBLSE, 4,9 % de SARM et statut du soignant (paramédical ou médical). Ce constat 3,8 % d’ERG. Les données ont été collectées de façon pros- amène à évoquer un biais potentiel dans l’interprétation pective entre 2009 et 2011 dans 13 unités de réanimation en des données, puisque le risque de transmission croisée Europe. Cette étude séquentielle se déroulait en trois pério- est dépendant de la durée cumulée d’exposition au risque. des. La première d’une durée de six mois était la période Il peut donc en résulter une diminution de la transmission témoin, avec recueil des données de base. La première croisée dans le groupe de patients isolés [37] ; période d’intervention (phase 2), durant six mois, consistait en l’association d’un programme d’amélioration de l’obser- • la question de la qualité des soins prodigués se pose aussi. En effet, il a été retrouvé une augmentation signi- vance des précautions standard et surtout de l’hygiène des ficative d’effets indésirables évitables chez les patients mains, avec audit et rétro-information aux équipes soignan- soumis aux précautions complémentaires contact. Ces tes, associé à une politique de décontamination cutanée quo- données ont été confirmées plus récemment par une tidienne par toilette à la chlorhexidine appliquée à tous les étude française issue de la base de données OUTCO- malades. Pendant les phases 1 et 2, les précautions complé- MEREA [38]. Il a été mis en évidence par un modèle mentaires contact étaient mises en place selon les stratégies de risque compétitif une augmentation du risque de dys- habituelles des services concernés avec ou sans dépistage de glycémie, de développement de pneumopathies acquises colonisation. La deuxième période d’intervention (phase 3) sous ventilation mécanique (à germes résistants) et d’er- durait 12 mois. En plus des premières mesures, on appli- reurs de prescriptions d’anticoagulants chez les patients quait également un dépistage systématique des BMR et pré- isolés ; cautions complémentaires contact (comportant signalisa- tion, isolement en chambre seule si possible, cohorting, • une augmentation de la durée totale de prise en charge hospitalière en médecine ainsi qu’en réanimation a été surblouse et usage systématique de gants avant contact constatée. Ces données peuvent à la fois s’expliquer par avec le patient ou son environnement) chez les patients une gravité éventuelle plus importante des patients por- porteurs de BMR. Les principaux résultats étaient une teurs de BMR, mais également par des difficultés de trans- réduction significative du taux d’acquisition de toutes les fert de ces patients vers d’autres services [39] ; BMR, surtout le SARM à partir de la première période d’intervention (phase 2) après amélioration de l’observance • l’isolement contact est également responsable de consé- quences psychologiques chez les patients hospitalisés pour des précautions standard et toilette à la chlorhexidine (obser- une durée prolongée. Ceux-ci présentent des symptômes vance de l’hygiène des mains passant de 52 % en phase 1 à plus importants d’anxiété ou de dépression. Par ailleurs, 69 % en phase 2, puis 77 % en phase 3), mais l’absence de ils l’expriment en formulant plus de plaintes concernant diminution significative du taux d’acquisition de BMR leur prise en charge au décours de leur hospitalisation [35]. après dépistage et isolement des patients porteurs. L’appli- cation des mesures de précautions complémentaires contact Croft et al. ont publié en 2015 deux études de meilleure passait de 6,7 à 13,7 % des patients entre les deux pério- qualité méthodologique venant nuancer ces données [40,41]. des d’intervention. L’étude démontre qu’en cas de préva- Dans une cohorte appariée, les auteurs retrouvent une dimi- lence « moyenne » de BMR endémiques (taux de portage nution du nombre d’effets indésirables non infectieux
Réanimation (2016) 25:318-327 325 (risque relatif [RR] = 0,7 ; intervalle de confiance 95 % [IC Recommandations en 2016 95 %] = [0,51–0,95] ; p = 0,02) secondaires à l’application des précautions complémentaires. Les résultats n’étant pas L’ESCMID a publié en janvier 2014 des recommandations significatifs concernant les effets indésirables sévères ou pré- sur les EBLSE. Elle recommandait, en période endémique visibles [41]. À noter que l’étude est monocentrique et n’est comme épidémique, de mettre en œuvre des précautions pas réalisée en milieu de réanimation. complémentaires de type contact pour les patients porteurs L’application des précautions complémentaires contact d’EBLSE, d’Acinetobacter et de Pseudomonas résistants comporte des limites propres aux mesures appliquées [47]. Ces recommandations portaient également sur l’im- comme par exemple le port systématique de gants, mais éga- portance d’éduquer les soignants sur les gestes d’hygiène lement des limites dépendant de l’épidémiologie propre des des mains et d’en analyser l’observance régulièrement. De BMR, dont l’expansion communautaire, ainsi que des moda- manière surprenante, le port des gants était préconisé pour lités de détection et de dépistage. Pour rationaliser leur utili- tout contact avec le patient porteur d’EBLSE. Le Haut sation, la mise en place de précautions complémentaires Conseil de la santé publique a établi des recommandations contact nécessite le dépistage de la colonisation à BMR ciblé françaises en 2010, en préconisant d’instaurer des précau- ou systématique. Cette politique de dépistage comporte de tions contact pour tous les patients infectés ou colonisés à nombreux écueils. Le dépistage n’est pas une technique EBLSE [48]. Il insistait également sur l’importance de la infaillible et sous-évalue de façon importante le taux de por- gestion des excreta des patients porteurs d’EBLSE, ainsi teurs de BMR (≈ 30 % d’écouvillons rectaux faussement que sur l’hygiène des mains. La SFHH a recommandé, en négatifs). Cette sous-évaluation est tout d’abord en lien avec avril 2009 [19], d’instaurer des précautions complémen- des facteurs liés à l’hôte, dont le portage peut être intermit- taires type contact pour le SARM, l’Acinetobacter résistant, tent, par ailleurs, en lien avec des facteurs liés aux BMR, les entérobactéries BLSE et le Pseudomonas résistant. La dont leur éventuelle absence sur des sites de dépistage pré- SFHH confirmait le retrait du port de gants systématique férentiel. Enfin, des facteurs liés aux techniques de dépistage dans le cadre des précautions contact. Elle précisait que elles-mêmes, avec des seuils de charge bactérienne mini- l’isolement devait être maintenu après le séjour en réanima- maux pour être mis en évidence par culture ou PCR [42]. tion, dans les services de médecine, de chirurgie et de soins La fréquence du portage de BMR endémiques est en pleine de suite et de réadaptation. Enfin, le conseil scientifique augmentation avec de nombreuses espèces de BMR présen- SFHH a publié une revue importante à lire, qui reprend les tes dans l’environnement extrahospitalier [43]. En effet, principaux éléments et mesures pour lutter contre la trans- conséquence d’une pression de sélection importante en mission croisée, ainsi qu’une analyse de risque des diffé- médecine humaine, animale et industrielle, la résistance bac- rents éléments à considérer (microbiologiques, épidémiolo- térienne s’est étendue à de nombreux domaines extrahospi- giques, situation locale et éléments de santé publique) taliers, avec un impact différent selon le pays concerné. Dans [49]. Cette revue propose également des critères d’instaura- une étude suédoise, 262 voyageurs à but touristique étaient tion d’une politique de maîtrise du risque de transmission dépistés avant et après le retour d’un pays étranger. Le taux croisée. Les précautions complémentaires contact sont de colonisation à BMR au retour d’un voyage touristique indiquées dans les situations où l’hygiène des mains est était de 2,3 à 30 % en moyenne, pouvant atteindre 80 % dans moyenne, en cas d’épidémie récente ou de cas sporadique, certains pays à risque comme l’Inde et jusqu’à 30 % pour pour des BMR commensales. certains pays européens comme le Portugal [44]. L’expan- sion communautaire des BMR endémiques est également aggravée par un portage pouvant être prolongé chez le Conclusion patient sortant de réanimation avec possible transmission à l’entourage responsable d’une transmission interhumaine Le portage des BMR est un problème fréquent en réanima- communautaire importante et prouvée [45,46]. La littérature tion et croissant en milieu extrahospitalier. L’acquisition médicale ne permet pas à ce jour de prouver l’efficacité de BMR par transmission croisée manuportée n’est pas d’une politique stricte de dépistage et d’utilisation des pré- le mode d’acquisition majoritaire à l’hôpital et surtout en cautions complémentaires contact concernant les BMR réanimation. Comparativement aux germes sensibles, les endémiques. Elles améliorent l’observance des précautions infections à germes résistants occasionnent une surmorta- standard, mais comportent également de nombreuses limites lité, une augmentation des durées de séjour en réanima- et potentiels effets indésirables. Le contexte de modification tion et à l’hôpital, ainsi qu’une probable augmentation des épidémiologique avec expansion communautaire des BMR coûts. Les précautions complémentaires contact ont du mal endémiques pose la question du rapport bénéfice/risque et de à faire preuve de leur efficacité dans la littérature avec des la rationalisation de la prescription des précautions complé- résultats divergents et une littérature très hétérogène. Elles mentaires contact. ont également des effets délétères sur la qualité de prise en
326 Réanimation (2016) 25:318-327 charge des patients et pourraient entraîner des conséquen- Références ces psychologiques chez ceux-ci. Les différentes sociétés savantes continuent de proposer l’isolement de type contact 1. Surveillance des infections nosocomiales en réanimation adulte. pour éviter la transmission croisée des germes résistants. Réseau REA-Raisin, France, Résultats 2013. http://www.invs. Par ailleurs, elles ont renforcé les précautions standard et sante.fr/fr/Publications-et-outils/Rapports-et-syntheses/Maladies- infectieuses/2015/Surveillance-des-infections-nosocomiales-en- lissé les différences avec les précautions complémentaires reanimation-adulte contact. Les précautions standard sont fondées sur la bonne 2. Antimicrobial resistance: global report on surveillance 2014. réalisation des gestes d’hygiène des mains, notamment World Health Organisation. http://www.who.int/drugresistance/ avec l’usage rigoureux de SHA. Si l’adhésion à ces gestes documents/surveillancereport/en/ 3. Cepeda JA, Whitehouse T, Cooper B, et al (2005) Isolation of d’hygiène des mains était supérieure à 80 % ou la consom- patients in single rooms or cohorts to reduce spread of MRSA in mation quotidienne de SHA supérieure à 500 ml par jour intensive-care units: prospective two-centre study. Lancet 365: et par patient, il se pourrait que l’on puisse se passer de 295–304 précautions complémentaires contact. Or, l’adhésion aux 4. Huang SS, Yokoe DS, Hinrichsen VL, et al (2006) Impact of routine intensive care unit surveillance cultures and resultant bar- gestes d’hygiène des mains est souvent insuffisante, mais rier precautions on hospital-wide methicillin-resistant Staphylo- semble être renforcée par les mesures complémentaires de coccus aureus bacteremia. Clin Infect Dis 43:971–8 type contact. À l’inverse, le port de gants diminue forte- 5. Bearman GML, Marra AR, Sessler CN, et al (2007) A controlled ment l’adhésion aux gestes d’hygiène des mains. Le port trial of universal gloving versus contact precautions for preven- ting the transmission of multidrug-resistant organisms. Am J de gants systématique n’est d’ailleurs plus recommandé, Infect Control 35:650–5 en dehors de soins souillants ou de présence de lésions 6. Robicsek A, Beaumont JL, Paule SM, et al (2008) Universal sur- cutanées. De plus, l’existence d’un portage prolongé et veillance for methicillin-resistant Staphylococcus aureus in 3 affi- d’une contamination communautaire interhumaine, envi- liated hospitals. Ann Intern Med 148:409–18 7. Gbaguidi-Haore H, Legast S, Thouverez M, et al (2008) Ecologi- ronnementale ou alimentaire très fréquente pose aussi la cal study of the effectiveness of isolation precautions in the mana- question des modalités de lutte extrahospitalière contre gement of hospitalized patients colonized or infected with Acineto- l’émergence des BMR endémiques. La lutte contre la trans- bacter baumannii. Infect Control Hosp Epidemiol 29:1118–23 mission croisée fait partie des actions à mener pour endi- 8. Cohen CC, Cohen B, Shang J (2015) Effectiveness of contact precautions against multidrug-resistant organism transmission in guer l’émergence des BMR, mais n’est pas l’unique axe de acute care: a systematic review of the literature. J Hosp Infect travail. Rappelons pour conclure le rôle central de la ges- 90:275–84 tion de nos prescriptions antibiotiques et la nécessité d’une 9. Jain R, Kralovic SM, Evans ME, et al (2011) Veterans Affairs action conjointe multinationale. initiative to prevent methicillin-resistant infections. N Engl J Med 364:1419–30 10. Huskins WC, Huckabee CM, O’Grady NP, et al (2011) Interven- Liens d’intérêts : les auteurs déclarent ne pas avoir de lien tion to reduce transmission of resistant bacteria in intensive care. N Engl J Med 364:1407–18 d’intérêt. 11. European Centre for Disease Prevention and Control/European Medicines Agency. ECDC/EMEA joint technical report: the bacterial challenge: time to react. European Centre for Disease Prevention and Control & European Medicines Agency, Stock- holm, Sweden & London, United Kingdom, 2009. http://ecdc. Messages clés europa.eu/en/publications/Publications/0909_TER_The_Bacterial_ Challenge_Time_to_React.pdf • Le port de gant systématique est à bannir : il diminue l’ob- 12. Magiorakos AP, Srinivasan A, Carey RB, et al (2012) Multidrug- resistant, extensively drug-resistant and pandrug-resistant bacte- servance aux gestes d’hygiène des mains. Il reste cependant ria: an international expert proposal for interim standard defini- indiqué lors de tout contact avec le sang ou liquide tions for acquired resistance. Clin Microbiol Infect 18:268–81 biologique ; 13. Surveillance des bactéries multirésistantes dans les établissements • il est nécessaire de former en continu le personnel médical et de santé en France. Réseau BMR-Raisin — Résultats 2013. http:// www.invs.sante.fr/Publications-et-outils/Rapports-et-syntheses/ paramédical sur les gestes d’hygiène des mains pour obtenir Maladies-infectieuses/2015/Surveillance-des-bacteries-multi une observance supérieure à 80 % ; resistantes-dans-les-etablissements-de-sante-en-France • dans ce contexte, il semble capital de recourir à une évalua- 14. Tschudin-Sutter S, Frei R, Dangel M, et al (2012) Rate of trans- tion régulière du taux d’observance des précautions standard, mission of extended-spectrum beta-lactamase-producing Entero- dont l’hygiène des mains ; bacteriaceae without contact isolation. Clin Infect Dis 55:1505–11 • les précautions standard ont été renforcées ; 15. Kim J, Lee JY, Kim SI, et al (2014) Rates of fecal transmission of extended-spectrum β-lactamase-producing and carbapenem- • les précautions complémentaires contact sont encore recom- resistant Enterobacteriaceae among patients in intensive care mandées en 2016, mais ne sont pas dénuées d’effets indésira- units in Korea. Ann Lab Med 34:20–5 bles, et les données dans la littérature sont contradictoires en 16. Harris AD, Kotetishvili M, Shurland S, et al (2007) How impor- ce qui concerne leur efficacité. tant is patient-to-patient transmission in extended-spectrum beta- lactamase Escherichia coli acquisition 35:97–101
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