Fièvre catarrhale ovine - en Europe du nord - OIE
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Fièvre catarrhale ovine en Europe du nord Édité par Claude Saegerman, Francisco Reviriego-Gordejo et Paul-Pierre Pastoret Publié par l’Organisation Mondiale de la Santé Animale (OIE), Paris et l’Unité d’Épidémiologie et d’Analyse de risques appliquées aux Sciences Vétérinaires, Département des maladies infectieuses et parasitaires, Faculté de médecine vétérinaire, Université de Liège Cette publication a été subventionnée par la Commission Européenne (Direction Générale de la Santé et des Consommateurs), le Centre d’Étude et de Recherches Vétérinaires et Agrochimiques, Bruxelles, l’Institut de Médecine Tropicale, Anvers, les Facultés Universitaires Notre-Dame de la Paix, Namur, le Service Public Fédéral Santé Publique, Sécurité de la Chaîne alimentaire et Environnement, Bruxelles et l’Agence Fédérale pour la Sécurité de la Chaîne alimentaire, Bruxelles 1 Blue_Tongue_FRANS.indd 1 04/05/2009 16:29:05
Toutes les publications de l’OIE (Organisation mondiale de la santé animale) sont protégées par le droit d’auteur international. La copie, la reproduction, la traduction, l’adaptation ou la publication d’extraits, dans des journaux, des documents, des ouvrages ou des supports électroniques et tous autres supports destinés au public, à des fins d’information, didactiques ou commerciales, requièrent l’obtention préalable d’une autorisation écrite de l’OIE. Les désignations et dénominations utilisées et la présentation des données figurant dans cette publication ne reflètent aucune prise de position de l’OIE quant au statut légal de quelque pays, territoire, ville ou zone que ce soit, à leurs autorités, aux délimitations de leur territoire ou au tracé de leurs frontières. Les auteurs sont seuls responsables des opinions exprimées dans les articles signés. La mention de sociétés spécifiques ou de produits enregistrés par un fabriquant, qu’ils soient ou non protégés par une marque, ne signifie pas que ceux-ci sont recommandés ou soutenus par l’OIE par rapport à d’autres similaires qui ne seraient pas mentionnés. © Copyright OIE, ULg 2009 Couverture (conception) – P. Blandin, OIE ISBN 978-92-9044-724-5 2 Blue_Tongue_FRANS.indd 2 04/05/2009 16:29:05
Liste des donateurs Organisation Mondiale de la Santé Animale, Paris, France Commission Européenne, Direction Générale de la Santé et des Consommateurs, Bruxelles, Belgique Faculté de Médecine Vétérinaire, Université de Liège, Belgique Centre d’Étude et de Recherches Vétérinaires et Agrochimiques, Bruxelles, Belgique Institut de Médecine Tropicale, Anvers, Belgique Faculté des Sciences, Facultés Universitaires Notre-Dame de la Paix, à Namur, Belgique Service Public Fédéral Santé Publique, Sécurité de la Chaîne alimentaire et Environnement, Bruxelles, Belgique Agence Fédérale pour la Sécurité de la Chaîne Alimentaire, Bruxelles, Belgique 3 Blue_Tongue_FRANS.indd 3 04/05/2009 16:29:06
Table des matières Liste des auteurs – Préface de Bernard Vallat – Remerciements 1. Fièvre catarrhale ovine : introduction générale 1 Claude Saegerman, Francesco Reviriego-Gordejo, Paul-Pierre Pastoret 2. Fièvre catarrhale ovine : virologie, pathogénie et biologie du vecteur culicoïde 3 Étienne Thiry, Jean-Yves Zimmer, Éric Haubruge 3. Fièvre catarrhale ovine : épidémiologie dans l’Union Européenne 13 Claude Saegerman, Dirk Berkvens, Philip Mellor 4. Politique européenne de prévention et de contrôle de la fièvre catarrhale ovine 24 Francisco Reviriego-Gordejo, Alberto Laddomada, Bernard Van Goethem 5. Rôle de l’Organisation Mondiale de la Santé Animale 29 Gidéon Brückner, Jean-Luc Angot 6. Aspects cliniques de la fièvre catarrhale ovine chez les ruminants 34 Hugues Guyot, Axel Mauroy, Nathalie Kirschvink, Frédéric Rollin, Claude Saegerman 7. Fièvre catarrhale ovine : lésions macroscopiques 53 Dominique Cassart, Kris De Clercq 8. Diagnostic différenciel de la fièvre catarrhale ovine 57 Ricardo Bexiga, Hugues Guyot, Claude Saegerman 9. Fièvre catarrhale ovine : diagnostic de laboratoire 68 de Clercq Kris, Frank Vandenbussche, Tine Vanbinst, Élise Vandemeulebroucke, Nesya Goris, Stéphan Zientara 10. Conclusions : quels enseignements tirer de la fièvre catarrhale ovine 80 Claude Saegerman, Francesco Reviriego-Gordejo, Paul-Pierre Pastoret 11. Fièvre catarrhale ovine chez les ruminants : formulaire standardisé d’évaluation clinique pour les différentes espèces 82 Claude Saegerman, Axel Mauroy, Hugues Guyot iv Blue_Tongue_FRANS.indd 4 04/05/2009 16:29:06
Liste des auteurs Jean-Luc Angot Organisation Mondiale de la Santé Animale, Paris, France Dirk Berkvens Institut de Médecine Tropicale, Anvers, Belgique Ricardo Bexiga Veterinary School, University of Glasgow, Royaume Uni Gideon Brückner Organisation Mondiale de la Santé Animale, Paris, France Dominique Cassart Faculté de Médecine Vétérinaire, Université de Liège, Belgique Kris De Clercq Centre d’Étude et de Recherches Vétérinaires et Agrochimiques, Bruxelles, Belgique Nesya Goris Centre d’Étude et de Recherches Vétérinaires et Agrochimiques, Bruxelles, Belgique Hugues Guyot Faculté de Médecine Vétérinaire, Université de Liège, Belgique Éric Haubruge Faculté des Sciences Agronomiques de Gembloux, Université de Liège, Belgique Nathalie Kirschvink Faculté des Sciences, Facultés Universitaires Notre-Dame de la Paix, Namur, Belgique Alberto Laddomada Commission Européenne, Direction Générale de la Santé et des Consommateurs, Bruxelles, Belgique Axel Mauroy Faculté de Médecine Vétérinaire, Université de Liège, Belgique v Blue_Tongue_FRANS.indd 5 04/05/2009 16:29:06
Philip Mellor Institute for Animal Health, Pirbright, Royaume Uni Paul-Pierre Pastoret Organisation Mondiale de la Santé Animale, Paris, France Francisco Reviriego-Gordejo Commission Européenne, Direction Générale de la Santé et des Consommateurs, Bruxelles, Belgique Frédéric Rollin Faculté de Médecine Vétérinaire, Université de Liège, Belgique Claude Saegerman Faculté de Médecine Vétérinaire, Université de Liège, Belgique Étienne Thiry Faculté de Médecine Vétérinaire, Université de Liège, Belgique Bernard Vallat Organisation Mondiale de la Santé Animale, Paris, France Tine Vanbinst Centre d’Étude et de Recherches Vétérinaires et Agrochimiques, Bruxelles, Belgique Élise Vandemeulebroucke Centre d’Étude et de Recherches Vétérinaires et Agrochimiques, Bruxelles, Belgique Frank Vandenbussche Centre d’Étude et de Recherches Vétérinaires et Agrochimiques, Bruxelles, Belgique Bernard Van Goethem Commission Européenne, Direction Générale de la Santé et des Consommateurs, Bruxelles, Belgique Stéphan Zientara UMR 1161 AFSSA-ENVA-INRA, Maisons-Alfort, France Zimmer Jean-Yves Faculté des Sciences Agronomiques de Gembloux, Université de Liège, Belgique vi Blue_Tongue_FRANS.indd 6 04/05/2009 16:29:06
Préface La fièvre catarrhale ovine (FCO) est une maladie à notifier de la liste de l’Organisation Mondiale de la Santé Animale, d’origine virale, infectieuse mais non contagieuse. Elle affecte un large éventail de ruminants domestiques et sauvages. Elle est transmise par de petits moucherons du genre Culicoïdes. Durant sa récente et inattendue émergence en Europe du Nord, l’agent pathogène, le virus de la fièvre catarrhale ovine de sérotype 8 (BTV-8) a principalement affecté les moutons et les bovins. Pour la première fois, le BTV-8 a fait preuve d’une plus grande virulence chez la bête bovine provoquant une maladie clinique sévère dans cette espèce. Il est frappant de constater qu’au cours de cet épisode de FCO le virus a été capable de se propager à travers toute l’Europe du Nord, y inclus le Royaume-Uni, en moins de deux années. Éviter la diffusion des maladies entre pays est l’une des principales missions de l’OIE. Cette brochure scientifique décrivant les foyers de FCO en Europe du nord, et en particulier le tableau clinique observé chez les bovins et les moutons sera d’un grand intérêt pour tous ceux qui sont impliqués dans la surveillance et le contrôle de la santé animale. Elle sera particulièrement utile pour faciliter la détection précoce de la FCO et pour établir son diagnostic différenciel. Les informations épidémiologiques sur la FCO sont disponibles via les systèmes WAHIS (World Animal Health Information System) et WAHID (World Animal Health Database) (accessibles sur www.oie.int.wahid). Le laboratoire de référence de l’OIE pour la FCO à Teramo, en Italie, a fourni une assistance appréciée dans la mise à jour continuelle de la base de données. Au niveau de l’Union Européenne, l’information épidémiologique sur la FCO est disponible via le nouveau système EU-BTNET (www.eubtnet.izs.it/btnet/). Mes sincères remerciements sont adressés au Professeur Claude Saegerman, au Docteur Francisco Reviriego-Gordejo et au Professeur Paul-Pierre Pastoret pour avoir coordonné et édité cette monographie, qui deviendra sans nul doute un outil important pour les vétérinaires et les autorités responsables de santé publique vétérinaire. J’aimerais également remercier tous les auteurs ayant contribué à cette brochure, qui traite d’un sujet de la plus grande importance aux yeux de l’OIE et de ses membres. Je souhaiterais aussi exprimer ma gratitude envers les équipes du Département des Publications et de l’Administration de l’OIE pour leur dévouement. Finalement cette publication n’aurait jamais pu voir le jour sans le solide soutien de nombreuses organisations, y inclus l’Agence Fédérale de la Sécurité de la Chaîne Alimentaire (AFSCA), et j’adresse mes plus chaleureux remerciements à chacune d’entre elles. Bernard Vallat Directeur Général vii Blue_Tongue_FRANS.indd 7 04/05/2009 16:29:06
Remerciements Nous sommes très reconnaissants envers l’Organisation Mondiale de la Santé Animale (OIE) d’avoir publié cette brochure scientifique à destination des vétérinaires et des professionnels de la santé en tant qu’une partie de son travail de promotion de la détection précoce de la fièvre catarrhale ovine et plus globalement des maladies émergentes. Nos remerciements s’adressent spécialement à Bernard Vallat, Directeur Général de l’OIE, qui a écrit la préface et à Annie Souyri du Département des Publications de l’OIE pour son travail dans la préparation du manuscrit. Nous souhaitons également remercier Gert Van Kerckhove (Agence Fédérale pour la Sécurité de la Chaîne Alimentaire [AFSCA], Bruxelles, Belgique) qui a été responsable du travail de mise en page et l’imprimeur Jouve International. Beaucoup de collègues ont mis gracieusement du matériel photographique additionnel à notre disposition ; nous remercions spécialement Jan Mast (Centre d’Étude et de Recherches Vétérinaires et Agrochimiques [CERVA- CODA], Uccle, Belgique), Philip Mellor (Institute for Animal Health [IAH], Laboratoire de Pirbright, Royaume-Uni), Reginald De Deken et Maxime Madder (Institut de Médecine Tropicale [IMT], Anvers, Belgique), Sam Mansley (IAH, Royaume-Uni) et Richard Irvine (University of Glasgow, Royaume-Uni). La Commission Européenne, Direction Générale de la Santé et des Consommateurs (Bruxelles, Belgique), l’Université de Liège (Liège, Belgique), les Facultés Universitaires Notre-Dame de la Paix (Namur, Belgique), le CERVA-CODA, l’IMT, l’AFSCA et le Service Public Fédéral de Santé Publique, Sécurité de la Chaîne Alimentaire et Environnement (Bruxelles, Belgique) ont financé l’édition et l’impression de cette brochure. Maintenir la richesse de l’information en santé animale est de plus en plus tributaire de la participation généreuse d’un large nombre de donateurs tant nationaux et qu’internationaux. Nous sommes très reconnaissants envers ces donateurs pour leur souci de promouvoir la santé animale à travers le monde et d’ainsi contribuer au développement durable de l’élevage et plus généralement au bien de l’humanité. Claude Saegerman, Francisco Reviriego-Gordejo, Paul-Pierre Pastoret viii Blue_Tongue_FRANS.indd 8 04/05/2009 16:29:07
Fièvre catarrhale ovine : introduction générale 1 CLAUDE SAEGERMAN Faculté de médecine vétérinaire, Université de Liège, Belgique FRANCISCO REVIRIEGO-GORDEJO Direction Générale de la Santé et de la Protection des Consommateurs, Union européenne PAUL-PIERRE PASTORET Organisation Mondiale de la Santé Animale, Paris, France Jusqu’en 2006, la répartition géographique du virus de la fièvre catarrhale ovine (FCO) s’étendait entre la latitude 50° Nord et la latitude 35° Sud (2). La FCO a été découverte pour la première fois au nord de l’Europe le 14 août 2006. L’Allemagne, la Belgique, les Pays-Bas et, dans une moindre mesure, le Grand-Duché du Luxembourg et la France ont été affectés. Le sérotype 8 du virus de la FCO (exotique) a rapidement été identifié ainsi que deux vecteurs indigènes, Culicoides dewulfi et le complexe Culicoides obsoletus. La maladie s’est ensuite rapidement répandue et au 1er février 2007, on recensait 2 122 foyers cliniques de FCO. De manière inhabituelle, la maladie a affecté tant les bovins que les ovins. Après un répit, la FCO (même sérotype) a fait sa réapparition lors de l’été 2007 (3), ce qui renforce l’hypothèse de l’installation de la FCO à l’état enzootique dans ces régions. Les modifications d’hôte préférentiel et les modifications du tableau clinique de la FCO en Europe du nord soulèvent des questions concernant la pathogénie, la dynamique d’infection au sein des troupeaux affectés (émergence, résurgence et diffusion) et le développement d’un système efficace de détection précoce des maladies vectorielles émergentes. * Dans cette brochure, l’Europe du nord réfère à l’ensemble des pays s’ouvrant sur la mer du Nord et la Mer Baltique. 1 Blue_Tongue_FRANS.indd 1 04/05/2009 16:29:07
En raison de la proximité de l’Université de Liège par rapport à l’épicentre de l’épizootie de la FCO en Europe du nord, un suivi clinique transversal et longitudinal de troupeaux de ruminants domestiques affectés a été réalisé par une équipe multidisciplinaire de la Faculté de Médecine Vétérinaire de cette Université. Ce suivi repose sur l’utilisation d’un formulaire clinique standardisé (avec l’aide de photographies). Les observations cliniques dans l’espèce bovine ont été, jusqu’à ce jour, assez rares. Dès lors, la rédaction d’une brochure scientifique ayant pour objectif la description de cet épizootie de FCO est d’une grande utilité pour les médecins vétérinaires et les professionnels de la santé animale dans le cadre de la détection précoce de la FCO et plus globalement des maladies émergentes. En l’absence de détection clinique précoce, un foyer clinique peut passer inaperçu jusqu’au moment où la multiplication et la transmission de l’agent pathogène en cause sont tels qu’il devient difficile de le contrôler. De plus, la globalisation et le changement climatique sont deux facteurs additionnels d’émergence. Le partage d’expériences entre les autorités des pays ou territoires membres de l’Organisation Mondiale de la Santé Animale (OIE) permet d’augmenter la sensibilisation des vétérinaires et des professionnels de la santé afin d’améliorer la détection précoce des maladies émergentes. Depuis la publication en langue anglaise de cette brochure, un ouvrage détaillé sur la FCO (Bluetongue) a été publiée (1). RÉFÉRENCES 1. Mertens P., Baylis M. & Mellor P. (ed.) (2009). – Bluetongue (P.-P. Pastoret, series edit.), Academic Press (Elgsevier), Londres, Royaume-Uni, 1ère édition, 506 pages. 2. Saegerman C., Hubaux M., Urbain B., Lengelé L. & Berkvens D. (2007). – Regulatory aspects concerning temporary authorisation of animal vaccination in case of an emergency situation: example of bluetongue in Europe. In Animal vaccination. Part. 2: scientific, economic, regulatory and socio-ethical aspects. Chapter 4: Regulatory aspects (P.-P. Pastoret, A. Schudel & M. Lombard, édit.). Rev. sci. tech. Off. int. Epiz., 26 (2), 395-414. 3. World Animal Health Information Database (WAHID) (2007). – Organisation mondiale de la Santé animale. Consulté le 6 août 2007 à l’adresse : http://www.oie.int/wahid-prod/ public.php?page=country_reports. 2 Blue_Tongue_FRANS.indd 2 04/05/2009 16:29:07
Fièvre catarrhale ovine : virologie, pathogénie et biologie du vecteur culicoïde 2 ÉTIENNE THIRY Faculté de médecine vétérinaire, Université de Liège, Belgique JEAN-YVES ZIMMER Faculté des sciences agronomiques de Gembloux, Université de Liège, Belgique ÉRIC HAUBRUGE Faculté des sciences agronomiques de Gembloux, Université de Liège, Belgique INTRODUCTION La fièvre catarrhale ovine (FCO) est une maladie vectorielle non contagieuse. Le virus causal appartient au genre Orbivirus de la famille Reoviridae. L’infection est habituellement inapparente chez les bovins, qui peuvent intervenir comme réservoir du virus. Cependant, certains sérotypes, comme le sérotype 8, à l’origine d’une épizootie en Europe du Nord, présentent chez les bovins une virulence plus grande que celle observée antérieurement (20). Les moutons restent l’hôte principal du virus mais l’infection se produit aussi, bien que souvent subclinique, chez les ruminants sauvages, les bovins et les chèvres. Les races ovines locales sont habituellement plus résistantes que les autres à l’infection virale. Les cervidés peuvent aussi être infectés par un orbivirus étroitement apparenté, responsable de la maladie hémorragique épizootique. Les insectes vecteurs de la FCO sont des moucherons culicoïdes (14, 15). Le virus contient deux capsides enfermant un cœur consistant en dix segments d’ARN bicaténaire qui codent sept protéines structurales (VP1 à VP7) et quatre protéines non structurales (NS1 à NS3, NS3A). La capside externe est 3 Blue_Tongue_FRANS.indd 3 04/05/2009 16:29:07
formée par les protéines VP5 et VP2, impliquées dans la neutralisation virale et responsables de la spécificité du sérotype. La capside interne est constituée par la protéine VP7, qui est l’antigène spécifique de groupe. La protéine VP1, présente dans le cœur du virus, est l’ARN polymérase virale. Le génome viral est segmenté et le réassortiment de segments peut se produire lors de co-infections. De plus, le génome viral montre un taux élevé de mutations, contribuant à la dérive antigénique. La variabilité génétique du virus de la FCO, dont en témoignent les 24 sérotypes existants, est due à ces caractéristiques. Parmi ces 24 sérotypes, l’existence des sérotypes 1, 2, 4, 9 et 16 a été rapportée en Europe méditerranéenne en 2006 et 2007 (15). Le sérotype 8 fut responsable de l’épizootie qui a sévi en Europe du Nord en 2006 (21). On soupçonne l’existence d’un sérotype 25 (*). PATHOGÉNIE Le virus persiste dans les culicoïdes durant leur vie. Après un repas de sang, le virus passe au travers de la paroi intestinale et se dissémine via l’hémocoele dans différents tissus, jusqu’aux glandes salivaires, où il continue sa multiplication. Il est ensuite excrété dans la salive de l’insecte. La transmission virale s’opère donc principalement par la piqûre de l’insecte. Le vecteur atteint sa capacité d’infection maximale dix jours après avoir absorbé le sang d’un animal en virémie. Après l’infection par une piqûre d’insecte, le virus de la FCO se multiplie dans les nœuds lymphatiques régionaux. Il se dissémine et infecte l’endothélium vasculaire, les macrophages, ainsi que les cellules dendritiques de différents organes. Dans le sang, le virus est adsorbé à la surface des érythrocytes et des plaquettes, alors qu’il se multiplie dans les monocytes et les lymphoblastes. (*) Hofmann M.A., Renzullo S., Mader M., Chaignat V., Worwa G. & Thuer B. (2008). – Genetic characterization of Toggenburg orbivirus, a new bluetongue virus, from goats, 4 Switzerland. Emerg. Infect. Dis., 14 (12), 1855-1861. Blue_Tongue_FRANS.indd 4 04/05/2009 16:29:07
Le virus infectieux se trouve dans des invaginations de la membrane plasmique des érythrocytes et des lymphocytes, ce qui explique la virémie en présence d’anticorps neutralisants. Chez le mouton, la période d’incubation moyenne est de 6 à 8 jours (intervalle de 2 à 18 jours). La période d’incubation est supposée de même longueur chez les bovins que chez les ovins. La pathogénie varie selon le sérotype viral et l’espèce de ruminant. Il y a une grande différence dans l’expression de la maladie entre les bovins et les ovins, qui peut être due à une réponse différente des cellules endothéliales à l’infection : à l’inverse des moutons, les bovins développent habituellement une infection subclinique, à l’exception de l’infection par le sérotype 8 comme cela s’est manifesté en Europe du Nord. Chez les moutons, les lésions des cellules endothéliales des petits vaisseaux sanguins provoquent de la thrombose vasculaire et la nécrose du tissu atteint par ischémie. Ces lésions aboutissent à des ulcères buccaux, de l’inflammation des bourrelets coronaires, de la nécrose musculaire et des extravasations menant à de l’œdème facial et pulmonaire, ainsi qu’à des effusions pleurales et péricardiques (8, 9). Une virémie de longue durée, associée aux cellules, est caractéristique de la FCO. La virémie libre est transitoire. La charge virale élevée et la virémie de longue durée augmentent le risque d’infection des vecteurs culicoïdes. Les anticorps neutralisants apparaissent après 14 jours mais ils n’éliminent pas le virus, protégé par son association avec les cellules sanguines. Au début de la virémie, le virus est associé à différentes cellules sanguines. Ensuite, la virémie est presqu’exclusivement associée aux érythrocytes sanguins. Ces cellules n’ont cependant pas la capacité de multiplier le virus (8). L’infection par le virus de la FCO n’est pas persistante. La durée de la virémie est associée en partie à la durée de vie des érythrocytes, ce qui explique que la virémie soit plus longue chez les bovins que chez les moutons. En conditions expérimentales, la virémie dure 14 à 45 jours chez les moutons et jusqu’à 31 jours chez les chèvres. L’amplification en chaîne par la polymérase après transcription inverse (RT-PCR) est utilisée pour détecter le génome viral. 5 Blue_Tongue_FRANS.indd 5 04/05/2009 16:29:07
Avec cette technique, la virémie est détectée durant une période beaucoup plus longue que la virémie infectante. La durée de la virémie capable d’infecter les vecteurs hématophages est d’à peu près 60 jours. Elle est vraisemblablement plus courte en conditions naturelles. Dans la majorité des cas, la virémie dure moins de 60 jours chez les bovins, mais reste plus longue que chez le mouton. Les taureaux infectés peuvent excréter le virus dans le sperme et devenir porteurs durant de longues périodes (9). En plus de la transmission par les insectes vecteurs, le virus peut être transmis verticalement in utero. Des cas d’avortements et de malformations fœtales dus à la FCO se produisent de manière sporadique chez les ruminants. Le passage transplacentaire du virus provoque des signes cliniques variables selon la période de gestation durant laquelle l’infection s’effectue. Durant le premier tiers de gestation, de la mortalité embryonnaire et fœtale s’observe. L’infection durant le deuxième tiers de la gestation peut provoquer des anomalies congénitales, telles que de l’hydranencéphalie et de la dysplasie rétinienne, qui sont dues à la destruction de neurones et de précurseurs de cellules gliales par le virus, avant la migration de ces cellules dans différentes parties du cerveau. Durant le dernier tiers de gestation, le fœtus développe une réponse immune et élimine l’infection. L’avortement est rare par rapport aux anomalies congénitales. Certains avortements non spécifiques sont la conséquence directe due au stress de l’infection chez la brebis (10). Les vecteurs compétents incluent Culicoides imicola en Afrique et Europe méditerranéenne, C. sonorensis en Amérique du Nord, C. insignis et pusillus en Amérique du Sud, et C. brevitarsis en Australie (14). En Europe, C. obsoletus et scoticus ont été identifiés dans le centre de l’Italie et C. pulicaris en Sicile. C. dewulfi est reconnu comme vecteur en Europe du Nord (11). La FCO se produit après l’introduction de moutons infectés ou de vecteurs dans une zone non infectée où le vecteur est indigène. L’infection subclinique se produit fréquemment chez les bovins et les chèvres, qui pourraient servir de réservoirs de l’infection. Quand la maladie est enzootique, les signes cliniques sont surtout observés chez les moutons sensibles importés. La distribution 6 Blue_Tongue_FRANS.indd 6 04/05/2009 16:29:07
géographique du virus dépend de la présence de vecteurs culicoïdes et la maladie est donc saisonnière et est surtout observée dans les régions chaudes et humides, près de mares d’eau stagnante. La découverte d’autres vecteurs culicoïdes est possible. En régions tempérées, la maladie se développe surtout à la fin de l’été et au début de l’hiver, alors que dans les régions subtropicales, la FCO s’observe au printemps et au début de l’été, mais peut aussi se présenter durant toute l’année (14). En l’absence de transmission transovarienne du virus chez les insectes, d’autres mécanismes ont été suggérés pour expliquer le phénomène de persistance de l’infection durant l’hiver (overwintering), et aussi durant 9 à 12 mois en l’absence de vecteurs adultes. Un tel mécanisme pourrait dépendre de l’établissement d’infections chroniques chez les ovins et les bovins. Dans ce contexte, les lymphocytes Tγδ sont associés à une infection persistante chez les moutons (19). LES VECTEURS DE LA FIÈVRE CATARRHALE OVINE : LES CULICOÏDES Les culicoïdes sont de petits (1-4 mm de longueur) diptères piqueurs appartenant à la famille des Ceratopogonidae (Fig. 1). On les trouve des tropiques à la toundra et du niveau de la mer jusqu’à une altitude de 4 000 m. Leur rôle vecteur de maladies parasitaires et virales chez les humains, et particulièrement chez les animaux, est reconnu depuis longtemps (Tableau I). De plus, les culicoïdes peuvent, par leur forte abondance, avoir un véritable effet néfaste, suite au désagrément causé par les piqûres des moucherons femelles. Leur présence peut donc gêner l’essor économique de certaines régions en entravant les activités agricoles et le développement du tourisme. De plus, ils ont été impliqués dans l’éclosion de plusieurs épizooties virales, dont la peste équine et la FCO (5). 7 Blue_Tongue_FRANS.indd 7 04/05/2009 16:29:07
1 cm Figure 1 Comparaison entre la taille d’un moucheron piqueur (Culicoides scoticus) (à gauche) et d’un moustique (Culex sp.) (à droite), tous deux femelles Pour la majorité des espèces de culicoïdes, les femelles adultes sont hématophages ; elles prennent un repas sanguin tous les 3 ou 4 jours environ (1) et sont principalement rencontrées au niveau du sol, à proximité des animaux (17). Certaines espèces sont anthropophiles (C. obsoletus et C. impunctatus, par exemple) tandis que d’autres préfèrent s’attaquer au bétail (moutons, chèvres, bovins) ou aux oiseaux. La plupart des espèces de moucherons piqueurs sont actives – et piquent donc – au crépuscule et la nuit ; cependant, certains moucherons piquent de préférence en plein jour (C. nubeculosus, par exemple). Les culicoïdes mâles sont généralement floricoles (6): ils se nourrissent de nectar, de sucre et de pollen ainsi que des liquides de décomposition de la matière organique (3). De ce fait, les mâles fréquentent préférentiellement le sommet des arbres (4, 17). Les larves se nourrissent de débris organiques divers ou sont prédatrices de nématodes, bactéries, protozoaires et même de leurs propres congénères (4). 8 Blue_Tongue_FRANS.indd 8 04/05/2009 16:29:07
Tableau I Hommes et espèces animales affectées par certaines espèces de moucherons piqueurs (23) Espèces affectées CULICOÏDES Espèces Hommes Bovins Moutons Chèvres Chevaux Oiseaux sauvages C. imicola C. milnei C. nubeculosus C. obsoletus C. brevitarsis C. insignis C. fulvus C. actoni C. variipennis C. riethi C. impunctatus C. circumscriptus C. festivipennis La plupart des espèces de culicoïdes nécessitent un milieu humide pour se reproduire et pondre leurs œufs. En effet, le développement larvaire est optimal dans les microhabitats semi-aquatiques, comprenant principalement les substrats chauds, humides ou détrempés, riches en débris organiques (excréments-eaux résiduelles, boue, prairies humides, etc.) (6, 23). D’une manière générale, les larves se rencontrent principalement dans les cinq à six premiers centimètres de la couche superficielle du milieu (22). Les nymphes se retrouvent également à la surface du milieu (boue ou eau) dans lequel le développement larvaire s’est déroulé (23). Les adultes s’accouplent généralement dans les environs immédiats des exploitations de bétail, essentiellement près des milieux humides ou d’eaux stagnantes. En effet, ils ne s’éloignent guère, de façon active, de l’endroit où ils ont éclos (13). Les Culicoides spp. ont une activité essentiellement nocturne. Durant la journée, ils se reposent généralement à l’ombre sur la face inférieure des feuilles d’arbre ou des herbes (23). 9 Blue_Tongue_FRANS.indd 9 04/05/2009 16:29:08
La survie, l’activité et la dispersion des culicoïdes sont fortement influencées par les facteurs météorologiques tels que la température, l’humidité et l’agitation de l’air. La température est sans doute le principal facteur environnemental influençant le comportement et la survie de ces moucherons. En effet, leur activité est la plus élevée entre 13 °C et 35 °C (2), même si ces limites varient en fonction des espèces. Par exemple, Losson et al. (7) ont constaté des vols de C. obsoletus à des températures minimales situées entre 6 °C et 12 °C dans des étables au cours de l’hiver 2006-2007. Une humidité élevée est également un critère important pour le développement et la survie des culicoïdes (16). En effet, les larves sont particulièrement sensibles à la dessiccation, qui les tue rapidement. La sécheresse est également défavorable aux adultes, qui se réfugient dans la végétation jusqu’à un changement de temps leur permettant de reprendre leur activité. Ils sont également réfractaires à la pluie, puisqu’elle empêche leurs vols. Ces comportements expliquent le fait que dans les régions tempérées, ces vecteurs sont particulièrement abondants vers la fin de l’été et le début de l’automne. Durant leur période de vol, les culicoïdes adultes ne s’éloignent pas plus de quelques centaines de mètres de l’endroit où les imagos ont vu le jour. Leur dispersion active est donc très limitée (13). Leur dispersion passive par les vents chauds, humides soufflant à basse altitude (< 2 000 m) à une vitesse moyenne de 10 à 40 km/h est un facteur bien plus important pouvant les transporter à une distance de plusieurs centaines de kilomètres (2). Cette propagation des insectes vers de nouvelles régions pourrait expliquer certaines épizooties de FCO constatées ces dernières années, telle que celle en Espagne (12). La densité des populations de culicoïdes adultes varie avec la saison. Certaines espèces ont une répartition plus large au cours de l’année tandis que d’autres se rencontrent uniquement durant de courtes périodes. Par exemple, l’espèce C. impunctatus se rencontre approximativement de fin mai à fin septembre (18), tandis que C. obsoletus et C. scoticus sont des espèces plus précoces ayant une longue période de vol ; elles apparaissent mi-avril pour disparaître début novembre (17). De façon générale, deux générations de moucherons 10 Blue_Tongue_FRANS.indd 10 04/05/2009 16:29:08
piqueurs sont engendrées chaque année, une population importante au printemps et une plus restreinte en été (17). RÉFÉRENCES 1. Birley M.H. & Boormann J.P.T. (1982). – Estimating the survival and biting rates of haematophagous insects with particular reference to Culicoides obsoletus group in Southern England. J. Anim. Ecol., 51, 135-148. 2. Braverman Y. & Chechik F. (1996). – Air streams and the introduction of animal diseases borne on Culicoides (Diptera, Ceratopogonidae) into Israël. Rev. sci. tech. Off. int. Epiz., 15, 1037-1052. 3. Chaker E. (1981). – Contribution à l’étude des culicoïdes (Diptera, Ceratopogonidae) de Tunisie. Systématique – Chorologie – Écologie. Mémoire DERBH – Faculté de Médecine Strasbourg, n° 1, 196 pages. 4. Chaker E. (1983). – Contribution à l’étude de la morphologie et de la diagnose des larves de culicoïdes (Diptera, Ceratopogonidae). Thèse de Doctorat es Sciences Pharmaceutiques (Diplôme d’État), U.L.P., n° 56, 229 pages. 5. Du Toit R.M. (1944). – The transmission of bluetongue and horse sickness by Culicoides. Onderstepoort J. Vet. Sci. Anim. Ind., 19, 7-16. 6. Goetghebuer M. (1952). – Le genre Culicoïdes (Diptères, Cératopogonidés) et ses représentants en Belgique. Biologisch Jaarboek, 19, 185-191. 7. Losson B., Mignon B., Paternostre J. Madder M., De Deken R., De Deken G., Deblauwe I., Fassotte C., Cors R., Defrance T., Delécolle J.-C., Baldet Th., Haubruge E., Frédéric F., Bortels J. & Simonon G. (2007). – Biting midges overwintering in Belgium. Vet. Rec., 28, 451-452. 8. McLachlan N.J. (1994). – The pathogenesis and immunology of bluetongue virus infection of ruminants. Comp. immun. microbiol. infect. Dis., 17, 197-206. 9. MacLachlan N.J. (2004). – Bluetongue: pathogenesis and duration of viraemia. Vet. Ital., 40, 462-467. 10. MacLachlan N.J., Conley A.J. & Kennedy P.C. (2000). – Bluetongue and equine viral arteritis viruses as models of virus-induced fetal injury and abortion. Anim. Reprod. Sci., 60-61, 643-651. 11. Meiswinkel R. (2006). – The Culicoides vector of bluetongue disease in Limburg, the Netherlands. International Society for Infectious Diseases. Consulté le 10 août 2007 à l’adresse www.promedmail.org. 12. Mellor P.S., Boorman J.P.T., Wilkinson P.J. & Martinez-Gomez F. (1983). – Potential vectors of bluetongue and African horse sickness viruses in Spain. Vet. Rec., 112, 229- 230. 11 Blue_Tongue_FRANS.indd 11 04/05/2009 16:29:08
13. Mellor P.S., Boorman J.P.T. & Baylis M. (2000). – Culicoides biting midges: their role as arbovirus vectors. Annu. Rev. Entomol., 45, 307-340. 14. Mellor P.S. &Wittmann E. (2002). – Bluetongue virus in the Mediterranean basin 1998-2001. Vet. J., 164, 20-37. 15. Mertens P.P.C, Diprose J., Maan S., Singh K.P., Attoui H. & Samuel A.R. (2004). – Bluetongue virus replication, molecular and structural biology. Vet. Ital., 40, 426-437. 16. Murray M.D. (1991). – The seasonal abundance of femal biting-midges, Culicoides brevitarsis (Diptera, Ceratopogonidae), in coastal south-eastern Australia. Aust. J. Zool., 39, 333-342. 17. Rieb J.P. (1982). – Contribution à la connaissance de l’écologie et de la biologie des Cératopogonidés (Diptera, Nematocera). Thèse de Doctorat es Sciences Naturelles (Diplôme d’État), U.E.R., Vie et Terre, n°10, 395 pages. 18. Service M.W. (1971). – Adult flight activities of some British Culicoides species. J. Med. Entomol., 8, 605-609. 19. Takamatsu H., Mellor P.S., Mertens P.P., Kirkham P.A., Burroughs J.N. & Parkhouse R.M. (2003). – A possible overwintering mechanism for bluetongue virus in the absence of the insect vector. J. Gen. Virol., 84, 227-235. 20. Thiry E., Saegerman C., Guyot H., Kirten P., Losson B., Rollin F., Bodmer M., Czaplicki G., Toussaint J.F., De Clercq K., Dochy J.M., Dufey J. & Gilleman J.L. (2006). – Bluetongue in northern Europe. Vet. Rec., 159, 327 pages. 21. Toussaint J.-F., Sailleau C., Mast J., Houdart P., Czaplicki G., Demeestere L., VandenBussche F., van Dessel W., Goris N., Bréard E., Bounaadja L., Thiry E., Zientara S. & De Clercq K. (2007). – Bluetongue in Belgium, 2006. Emerg. Infect. Dis., 13, 614-616. 22. Uslu U. & Dik B. (2006). – Vertical distribution of Culicoides larvae and pupae. Med. Vet. Entomol., 20, 350-352. 23. Zimmer J.Y. (2007). – Contribution à l’étude de l’écologie des larves de culicoïdes, vecteurs de la fièvre catarrhale ovine en Belgique. Travail de fin d’études (option Nature et Forêt), Faculté des Sciences agronomiques de Gembloux, Université de Liège, 75 pages. 12 Blue_Tongue_FRANS.indd 12 04/05/2009 16:29:08
Fièvre catarrhale ovine : épidémiologie dans l’Union Européenne 3 CLAUDE SAEGERMAN Faculté de médecine vétérinaire, Université de Liège, Belgique DIRK BERKVENS Institut de médecine tropicale, Anvers, Belgique PHILIP S. MELLOR Institute for Animal Health, Pirbright, Royaume Uni La fièvre catarrhale ovine (FCO) ou maladie de la langue bleue (bluetongue, BT) est une maladie à déclarer à l’Organisation mondiale de la santé animale (Office international des épizooties, OIE) en raison du fait qu’elle induit de lourdes pertes socio-économiques et perturbe considérablement le commerce international d’animaux et de produits d’origine animale (7). Avant 1998, la FCO était considérée comme une maladie exotique en Europe puisque seulement des incursions sporadiques y étaient décrites (par exemple en Espagne et au Portugal, de 1956 à 1960) (16). Le but de ce chapitre est de fournir une synthèse de l’épidémiologie de la FCO dans l’Union Européenne depuis son introduction en 1998. Pour cela, une vue d’ensemble de la situation épidémiologique en Europe est présentée, suivie par une brève description des espèces sensibles, une discussion au sujet de la capacité et de la compétence vectorielle, et un aperçu des modes d’introduction et des mécanismes d’amplification virale. 13 Blue_Tongue_FRANS.indd 13 04/05/2009 16:29:08
SITUATION ÉPIDÉMIOLOGIQUE EN EUROPE LE VIRUS DE LA FIÈVRE CATARRHALE OVINE DANS L’ UNION EUROPÉENNE PENDANT LA PÉRIODE 1998-2005 Entre 1998 et 2005, au moins six souches provenant de cinq sérotypes différents du virus de la FCO (bluetongue virus, BTV 1, 2, 4, 9 et 16) étaient présentes en permanence dans différents pays du bassin méditerranéen incluant des États membres de l’Union Européenne (Tableau II et Fig. 1). Cette émergence de la FCO dans cette partie de l’Europe qui n’avait jamais été affectée au préalable a été attribuée essentiellement au changement climatique et a été liée à la fois à l’expansion mondiale du principal et plus ancien vecteur, Culicoides imicola (Kieffer) dont l’origine est Africano-Asiatique et à la participation, décrite pour la première fois, d’espèces de vecteurs indigènes de Culicoïdes appartenant aux complexes Obsoletus et Pulicaris (22). Dans le bassin méditerranéen deux systèmes épidémiologiques semblent prédominer. Le premier est localisé dans la partie Est du bassin où les sérotypes 1, 4, 9 et 16 ont été identifiés. Dans ce système, les souches de BTV proviennent du proche, moyen ou extrême orient. Les vecteurs impliqués incluent C. imicola mais également d’autres espèces de Culicoïdes. Ceci a d’abord été déduit parce que la maladie a envahi des zones où C. imicola n’était pas présent (les Balkans et au-delà) (19). L’apparition de nouveaux vecteurs a été confirmée par la suite lorsque le virus en cause a été isolé d’un mélange de deux espèces, C. obsoletus (Meigen) et C. scoticus (Downes and Kettle), collectées dans le Centre de l’Italie et également de C. pulicaris (Linnaeus) en Sicile (4). Le second système épidémiologique concerne la partie Ouest du bassin méditerranéen où les sérotypes 1, 2, 4 et 16 ont été identifiés et où le principal vecteur est C. imicola. 14 Blue_Tongue_FRANS.indd 14 04/05/2009 16:29:08
Tableau II Foyers de fièvre catarrhale ovine en Europe pendant la période 1998-2005 (2, 3, 9, 19, 23) Sérotype(s) Année du Principaux vecteurs Pays du virus de premierfoyer identifiés ou suspectés la FCO Albanie 2002 9 C. obsoletus, C. pulicaris Bosnie – Herzégovine 2002 9 N.D. Bulgarie 1999 9 C. obsoletus, C. pulicaris Croatie 2001 9, 16 C. obsoletus, C. scoticus Chypre 2003 16 C. imicola, C. obsoletus, Ex République yougoslave 2001 9 N.D. de Macédoine France (Corse) 2000 2*, 4, 16 C. imicola, C. pulicaris, C. obsoletus Grèce 1998 1, 4, 9, 16 C. imicola, C. obsoletus Italie 2000 1, 2, 4, 9, 16 C. imicola, C. obsoletus, C. pulicaris Kosovo 2001 9 N.D. Montenegro 2001 9 N.D. Portugal 2004 2 #, 4 C. imicola, C. obsoletus, C. pulicaris Serbie 2001 9 N.D. Espagne 2000 2 C. imicola, C. obsoletus, C. pulicaris Turquie 1998 4, 9, 16 C. imicola, C. obsoletus, C. pulicaris Légende : N.D. : donnée non déterminée ; * Il s’agit d’une souche vaccinale insuffisamment atténuée (24) ; cette souche n’est pas distinguable de la souche vaccinale atténuée BTV-2 d’Onderstepoort (2) Figure 2 Épidémiologie moléculaire de la fièvre catarrhale ovine depuis 1998 : voies d’introduction des différents sérotypes et des différentes souches virales (Mertens & Mellor, IAH-Pirbright) 15 Blue_Tongue_FRANS.indd 15 04/05/2009 16:29:09
LA FIÈVRE CATARRHALE OVINE EN EUROPE DU NORD DE LA MI-AOÛT 2006 À LA FIN JUILLET 2007 La FCO a été identifiée la première fois au Nord de l’Europe en août 2006 après une vague de chaleur et de fortes pluies (20). Elle peut être définie comme une maladie émergente dans cette zone. Entre la première déclaration (17 août 2006) et le 1er février 2007 (8), 2 122 cas de FCO ont été enregistrés dans le système de notification des maladies animales de la Commission européenne (Animal Disease Notification System, ADNS) (http://ec.europa. eu/food/animal/diseases/adns/index_en.htm). Dans cette zone, en 2006, un mélange de 50 femelles non gorgées de C. dewulfi (Goetghebuer) a été trouvé positif, aux Pays-Bas, en PCR détectant l’ARN viral (14) et plusieurs mélanges du complexe C. obsoletus (c’est-à-dire non identifiés quant à l’espèce) ont été trouvés positifs par PCR détectant l’ARN viral en Allemagne. Bien que l’isolement du virus vivant n’ait pas été réalisé dans ces études, ce travail concerne toutefois des régions où C. imicola n’est pas présent, ce qui confirme les précédentes observations réalisées par Mellor et Pitzolis (1979) qui ont isolé, à Chypre, le virus infectieux de la FCO chez des femelles non gorgées de C. obsoletus, montrant ainsi qu’une espèce européenne indigène de Culicoïde peut être vectrice d’une épizootie de FCO. Comme les moucherons du complexe C. obsoletus et C. dewulfi sont présents partout dans l’Europe Centrale et du Nord, c’est maintenant toute cette région qui doit être considérée à risque pour la FCO. L’attention doit être portée à présent sur le fait de savoir si le virus de la FCO est capable de survivre régulièrement entre deux saisons d’activité vectorielle en Europe du Nord et en Europe centrale et ainsi devenir enzootique. La recrudescence de la FCO (BTV-8) en Belgique, en Allemagne, aux Pays-Bas et dans le Nord de la France suggèrent que le passage à l’endémicité de la FCO est possible. À la différence du Sud où les populations vectrices de C. imicola culminent à la fin de l’été et en automne (moments où le nombre de cas de FCO est à son apogée), les populations de vecteurs indigènes culminent plus tôt dans l’année. Il reste à voir si cet état de fait va induire un changement dans la survenue temporelle des cas de FCO. 16 Blue_Tongue_FRANS.indd 16 04/05/2009 16:29:09
Figure 3 Distribution mensuelle des foyers confirmés de fièvre catarrhale ovine (sérotype 8) dans l’Europe du nord et centrale, entre le 17 août 2006 et le 1er février 2007 (1) Figure 4 Femelle gravide de Culicoides dewulfi récoltée d’un site proche d’un foyer de fièvre catarrhale ovine en Belgique en 2006 (Photographie – Reginald De Deken & Maxime Madder, Institut de Médecine tropicale, Anvers, Belgique) 17 Blue_Tongue_FRANS.indd 17 04/05/2009 16:29:09
1 000 900 800 700 Nombre de foyers 600 500 400 300 200 2006 100 0 2007 BE BG DE ES FR IT LU NL PT Figure 5 Foyers de fièvre catarrhale ovine dans l’Union européenne en 2006 et 2007 (5, 6) Légende : BE, Belgique ; BG, Bulgarie ; DE, Allemagne ; ES, Espagne ; FR, France ; IT, Italie ; LU, Luxembourg ; NL, Pays-Bas ; PT, Portugal ESPÈCES SENSIBLES Le virus de la FCO est transmis entre des hôtes ruminants presque exclusivement par des piqûres de moucherons appartenant aux espèces vectrices de culicoïdes. Par conséquent, la distribution globale de la FCO est réduite aux régions où ces espèces vectrices de culicoïdes sont présentes et la période de transmission virale est limitée à la période d’activité des vecteurs adultes. En fonction de l’espèce, l’activité vectorielle des adultes débute généralement au printemps. Cette activité est positivement corrélée avec la température. Elle atteint un maximum entre 28°C et 30°C, décroît lorsque la température diminue et, pour le vecteur afro-asiatique traditionnel C. imicola, est probablement inexistante en dessous de 10°C (17, 22). Le virus de la FCO peut infecter un large spectre de ruminants domestiques et sauvages. Toutefois, des signes cliniques sévères ont seulement été observés chez certaines races de moutons (races améliorées) et quelques espèces de cervidés. Les bovins et les chèvres souffrent habituellement d’infections sub-cliniques et peuvent servir de réservoirs viraux insidieux pour les moutons (12). 18 Blue_Tongue_FRANS.indd 18 04/05/2009 16:29:09
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