L'infection à virus Ebola
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L’infection à virus Ebola La fièvre hémorragique virale (FHV) à virus Ebola est une des maladies virales les plus graves connues chez l’Homme. Apparue pour la première fois en 1976 en Afrique [nord-est de la République démocratique du Congo (Zaïre)], elle fait actuellement l’objet d’une « flambée » en Afrique de l’Ouest, à partir d’un premier cas identifié en Guinée le 23 mars 2014. L’OMS a déclenché une alerte devant une épidémie de FHV à virus Ebola fin mars 2014. A ce jour (fin octobre), plus de 9 000 cas d’infection à virus Ebola et plus de 4 500 décès ont été rapportés par l’OMS dans 5 pays d'Afrique de l'Ouest (Guinée, Sierra-Léone, Libéria, Nigéria et Sénégal). Le risque d’importation du virus Ebola par le biais des voyageurs au sein de l’Union européenne ou en France est en augmentation compte-tenu de l’évolution de l’épidémie à virus Ebola en Afrique de l’Ouest et du nombre de personnels soignants déployés dans les pays touchés (zone à risque). La zone à risque est définie au 20/10/14 comme couvrant les pays suivants : - en Afrique de l’Ouest : Sierra Leone, Guinée Conakry et Libéria1 ; - dans le Nord-Ouest de la République démocratique du Congo (RDC): province de l’Equateur)2. 1 Depuis le 20 octobre 2014, le Nigeria ne fait plus partie de la zone à risque ; de même le Sénégal depuis le 17 octobre 2014. 2 Un foyer de FHV est apparu en RDC en août 2014, laissant craindre une propagation du virus en Afrique centrale. Une étude associant l’IRD, l’Institut Pasteur, le CNRS, le CIRMF (Gabon), l'INRB (RDC) et l’OMS (New England Journal of Medicine) confirme que cette nouvelle flambée de FHV, indépendante du foyer ouest-africain, est due à une souche locale du virus, différente de celle qui sévit à l'Ouest du continent. Si ces deux épidémies ne semblent pas liées, ces faits illustrent l'accélération de l'émergence de la maladie, dont il devient urgent de comprendre les modalités de propagation.
Comment se transmet le virus Ebola ? Le virus Ebola se transmet à l’homme lors de contacts avec du sang, des organes ou des fluides corporels d’animaux sauvages infectés, présents en Afrique (chauve- souris, singe, antilope, éléphant, serpent, …) et lors de la consommation de viande de brousse ou du dépeçage…etc.). Le virus peut se propager ensuite dans les populations par transmission interhumaine. Les épidémies surviennent le plus souvent en cas d’amplification de la transmission interhumaine, lors de soins par les membres de la famille, lors des rites et soins funéraires ou encore en milieu hospitalier. Le virus Ebola se transmet par contact direct avec les fluides corporels (sang, salive, selles, vomissements, urine, sueur, sperme3, lait maternel,…) des personnes infectées, vivantes ou non. La transmission peut également se produire par contact direct avec du matériel souillé (aiguilles, vêtements, …). Le virus ne traverse pas la barrière cutanée, mais le fait de porter sa main à ses yeux ou encore la présence d’une plaie permet au virus de pénétrer dans l’organisme. Les personnels de santé prenant en charge les malades représentent donc un groupe particulièrement à risque de contamination. Les personnes atteintes peuvent transmettre l’infection aussi longtemps que leur sang et leurs sécrétions contiennent des virus. Il n’y a pas de transmission du virus par l’air ambiant. En l’absence de contact, le fait d’être assis à proximité d’un malade atteint de maladie à virus Ebola ne constitue pas une situation à risque de transmission. Il n’y a pas de transmission lors de la période d’incubation. Une personne qui ne présente aucun des symptômes de la maladie n’est pas contagieuse : la contagiosité coïncide avec l’apparition des symptômes de la maladie. Le risque de transmission, faible dans les premières phases de la maladie, augmente lors de l’aggravation de cette dernière. Virus Ebola Il s’agit, dans l’épidémie actuelle, de la souche virale Ebola-Zaïre, extrêmement pathogène, avec une létalité d’environ 70%. 3 La présence du virus a été constatée dans le sperme jusqu’à sept semaines après la guérison de personnes contaminées. Bien que la transmission ne soir pas avérée, une protection des rapports sexuels est fortement recommandée.
Symptômes Il n’existe pas de moyen permettant de dépister ou de diagnostiquer l’infection avant le début des symptômes. La maladie à virus Ebola débute, après 2 à 21 jours d’incubation (en moyenne 8 jours), par des manifestations cliniques peu spécifiques (fièvre élevée ≥ 38°C, myalgies, céphalées, pharyngite). Puis, en 3 à 4 jours, apparaissent d’autres symptômes : vomissements, diarrhée, éruption cutanée, conjonctivite, dysphagie. La phase terminale est marquée par des signes neurologiques (troubles de la vigilance, agitation, coma) et des hémorragies externes (saignements de nez et des gencives, toux sanglantes, selles sanglantes, …). Un patient possible est défini comme toute personne présentant, dans un délai de 21 jours après son retour de la zone à risque, une fièvre supérieure ou égale à 38°C et pour laquelle une exposition à risque a pu être établie dans un délai de 21 jours avant le début des symptômes4. Un patient confirmé est défini comme toute personne pour laquelle on dispose d’une confirmation biologique d’infection par le virus Ebola réalisée par le Centre national de référence (CNR) des fièvres hémorragiques virales5. 4 Ou pour laquelle il est impossible d’évaluer l’existence d’expositions à risque (patient non interrogeable ou opposant aux questions. 5 En France, le CNR des fièvres hémorragiques virales, désigné par le ministère de la Santé, est chargé en liaison étroite avec l’Institut national de veille sanitaire (InVS) de contribuer au diagnostic et d’assurer la surveillance épidémiologique des fièvres hémorragiques virales.
A l’officine, quelles informations donner ? Pour éviter que le virus ne se propage hors des zones actuellement touchées, des mesures de prévention spécifiques et un dispositif de prise en charge ont été élaborés par les autorités sanitaires françaises, comme par les autres membres de la Communauté européenne : - dans les aéroports des pays à risque, un dépistage des voyageurs est réalisé par des soignants avant l’embarquement ; - des contrôles sont effectués à l’aéroport, auprès des passagers venant de pays à risque, à leur arrivée en France : mesure de leur température corporelle, remise d’une fiche d’information sur la conduite à tenir en cas de survenue d’une fièvre ≥38°C, formulaire à remplir comprenant l’identité de la personne, sa place dans l’avion, ses coordonnées, … - des mesures rigoureuses sont prévues pour prendre en charge très rapidement tout cas suspect de retour d’un pays à risque. Il est recommandé aux voyageurs de suspendre « sauf raison impérative » tout projet de voyage dans les pays où des cas de FHV à virus Ebola sont avérés. Le ministère de la Santé a mis en place un numéro vert en service sept jours sur sept de 9 h à21 h : 0 800 13 00 00 et propose un site Internet spécifique : www.ebola.sante.gouv.fr. Depuis le 16 octobre 2014, l’information est renforcée avec la mise en place d’un point d’information hebdomadaire, organisée par la Direction générale de la Santé (DGS). Consignes à rappeler à un voyageur se rendant dans un pays à risque - prendre connaissance de la fiche actualisée « Conseils aux voyageurs » du pays concerné : site Internet www.diplomatie.gouv.fr/conseils-aux-voyageurs ; - s’inscrire gratuitement auprès du ministère des Affaires étrangères sur le site internet www.diplomatie.gouv.fr/ariane, afin d’être suivi et contacté si nécessaire ; - suivre les recommandations des autorités locales, notamment ne pas se déplacer dans les zones de foyer épidémique ; respecter les règles d’hygiène de base (se laver les mains (savon, solution hydro-alcoolique)6, éviter tout contact rapproché avec des personnes ayant de la fièvre et avec des animaux sauvages, ne pas consommer ou manipuler de la viande de brousse, cuire soigneusement avant consommation les produits animaux (viande, lait, …°)7 ; - en cas d’apparition de fièvre > 38°C, contacter immédiatement les services de l’Ambassade de France sur place ainsi qu’un médecin. 6 Le virus est détruit par les solutions hydro-alcooliques pour la peau et par l’eau de Javel diluée à 0,5 % pour les surfaces. 7 En l’absence de vaccin pour l’Homme, la mise en œuvre et le respect des mesures de protection à prendre à titre individuel sont le seul moyen de prévenir l’infection.
A l’officine, réponses aux questions de voyageurs de retour d’un pays à risque Je reviens d’un pays où circule le virus Ebola. Je n’ai pas de fièvre - Surveillez votre température pendant 21 jours. Cette mesure est d’autant plus importante si vous avez été en contact avec des malades infectés, même avec un strict respect des précautions d’hygiène. - Si une fièvre supérieure ou égale à 38°C survient, appelez immédiatement le SAMU/Centre15 et restez à votre domicile en limitant au maximum les contacts avec votre entourage, ne consultez pas un médecin généraliste ou un service d’urgence afin d’éviter de multiplier les contacts. Je reviens d’un pays où circule le virus Ebola et j’ai de la fièvre ≥ 38°C - Appelez immédiatement le SAMU/Centre15 en décrivant vos symptômes et en mentionnant que vous êtes de retour d’un pays où une épidémie d’Ebola est en cours. Ne vous déplacez pas aux urgences d’un hôpital ou au cabinet de votre médecin traitant. Restez à votre domicile en limitant au maximum les contacts avec votre entourage. Je reviens d’un pays où circule le virus Ebola, je suis malade, mais je n’ai pas de fièvre - Vous n’avez probablement pas contracté Ebola. En cas de doute appelez le 15 en décrivant vos symptômes et en mentionnant que vous êtes de retour d’un pays où une épidémie d’Ebola est en cours. Ne vous déplacez pas aux urgences d’un hôpital ou au cabinet de votre médecin traitant. Je reviens d’un pays où j’ai été en contact avec une personne qui a déclaré la maladie à virus Ebola - Surveillez votre température deux fois /j pendant 21 jours après votre retour : si une fièvre ≥ 38°C survient, appelez immédiatement le SAMU/Centre15 et restez à votre domicile en limitant au maximum les contacts avec votre entourage. Après 21 jours il n’existe plus de risque de contracter la maladie. La prise en charge Dès qu’une personne est suspectée d’être un cas possible, il est impératif d’appeler le SAMU/Centre15. Un interrogatoire est alors mené en coordination avec l’Agence régionale de santé (ARS) et l’Institut national de veille sanitaire (InVS)8 qui vont décident ensemble de la véracité du cas. Si ce dernier est considéré comme possible, le patient est immédiatement transféré par l’équipe du SMUR (entraînée à la prise en charge de patients hautement contagieux et équipée de tenues de protection adaptées) vers un des douze établissements de santé de référence habilités (ESHR), analysés et inspectés, opérationnels et pré- alertés pour un isolement de haut niveau de sécurité en maladie infectieuse (23 8 L’InVS exerce une surveillance continue de la situation épidémiologique nationale et internationale. Un dispositif de veille sanitaire spécifique à Ebola a été mis en place dès mars 2014 afin d’identifier, de prendre en charge et d’isoler très précocement toute personne susceptible d’être contagieuse sur le territoire français.
lits) ou réanimation (18 lits). Le personnel de santé, équipé de combinaisons adaptées, respectent des protocoles très stricts et codifiés pour les prélèvements et les soins apportés aux patients. Les échantillons biologiques sont envoyés directement au laboratoire P4 Inserm Jean Mérieux du Centre national de référence des fièvres hémorragiques virales de Lyon, le seul habilité pour effectuer le diagnostic9. 9 Un test diagnostic rapide du virus Ebola développé par le CEA vient d’être validé par ce laboratoire.
En cas de diagnostic positif, l’InVS effectue la recherche de toutes les personnes avec lesquelles le patient a été en contact depuis la survenue des premiers symptômes ; elles seront mises sous surveillance avec contrôle quotidien de la température pendant 21 jours. La prise en charge du patient repose sur un traitement symptomatique qui doit être instauré précocement. Plusieurs traitements expérimentaux à visée curative sont en cours de développement. Quatre d’entre eux sont autorisés en France, depuis le 18 septembre 2014 : TKM (utilisation d’ARN interférents), ZMabs et ZMapp (sérums contenant des anticorps monoclonaux dirigés contre une glycoprotéine du virus), favipiravir (antiviral à large spectre ayant une AMM dans le traitement de la grippe saisonnière au Japon). Par ailleurs, au moins deux vaccins sont en cours de développement. Aucun malade d’Ebola n’est à ce jour (20 octobre) pris en charge en France. Le seul patient porteur du virus en France a été l’infirmière de Médecins Sans Frontières, rapatriée du Liberia, prise en charge à l’Hôpital Bégin de Saint-Mandé et guérie (4 octobre). Danielle Roquier-Charles, pharmacien ©UTIP Association Documents consultés : Sites Internet Ministère de la santé, InVS, OMS. En savoir plus Liste des établissements de santé de référence habilités pour la prise en charge des patients cas possibles ou confirmés de maladie à virus Ebola (liste actualisée au 25 septembre 2014). Cliquer ici
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