FREIBURGER BAROCKORCHESTER LE JEUNE CHŒUR DE PARIS RENÉ JACOBS - PHILHARMONIE DE PARIS
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P H I L H A R M O N I E D E PA R I S FREIBURGER BAROCKORCHESTER LE JEUNE CHŒUR DE PARIS RENÉ JACOBS Wolfgang Amadeus Mozart Don Giovanni Dimanche 7 juin 2015
DIMANCHE 7 JUIN 2015 ................................................ 16H30 GRANDE SALLE Wolfgang Amadeus Mozart Don Giovanni Acte I ENTRACTE Acte II FREIBURGER BAROCKORCHESTER LE JEUNE CHŒUR DE PARIS RENÉ JACOBS, DIRECTION FRANK MARKOWITSCH, CHEF DE CHŒUR HENRI CHALET, CHEF DE CHŒUR JOHANNES WEISSER, DON GIOVANNI BIRGITTE CHRISTENSEN, DONNA ANNA JEREMY OVENDEN, DON OTTAVIO ALEX PENDA, DONNA ELVIRA TAREQ NAZMI, COMMENDATORE, MASETTO MARCOS FINK, LEPORELLO SUNHAE IM, ZERLINA Ce concert est surtitré FIN DU CONCERT VERS 19H50. 3
ARGUMENT Acte I Après avoir tenté d’abuser de Donna Anna, Don Giovanni tue en duel le père de cette dernière. Le séducteur, qui s’est enfui sans être reconnu, retrouve son valet Leporello, avant de rencontrer une de ses anciennes victimes, Donna Elvira, qui voudrait le ramener dans le droit chemin. Il voit bientôt apparaître une nouvelle proie, Zerlina, jeune beauté promise en mariage à Masetto. Une mort infamante dans une scène cauchemardesque, trois femmes bafouées aux caractères opposés, un valet pleutre mais avisé, deux amants protecteurs : toutes les pièces sont mises en place alors que l’acte s’achève par une scène de bal où le séducteur meurtrier est confondu par ses victimes liguées contre lui. Acte II Don Giovanni tente de déjouer leurs projets de vengeance tout en poursuivant son but : séduire Zerlina. Pour cela, le maître ordonne à son valet de revêtir ses habits pour séduire la jeune fille. L’imbroglio est démasqué, et les deux trompeurs se réfugient dans un cimetière, où la statue du commandeur – le père de Donna Anna – s’anime subitement. Don Giovanni, par défi, lui lance une invitation à dîner, que la statue accepte. Rentré chez lui, Don Giovanni rejette encore le salut proposé par Elvira. Il voit ensuite réapparaître, comme promis, la statue du commandeur, qu’il défie encore. Refusant de se repentir, il est happé aux Enfers par les esprits maléfiques. Les autres personnages concluent ensemble l’opéra en un finale moralisateur. 4
Don Giovanni, de Prague à Vienne À la suite du succès retentissant de la reprise des Nozze di Figaro à Prague, en janvier-février 1787, Mozart (1756-1791) et Lorenzo da Ponte reçurent de l’impresario Bondini la commande d’un nouveau spectacle destiné à la capitale bohémienne. Bondini choisit le sujet classique de Don Juan, autrefois adapté au théâtre par Tirso de Molina (El Burlador de Sevilla, 1630), Molière (Le Festin de pierre, en 1665) et Carlo Goldoni (Don Giovanni Tenorio, 1736). Bondini proposa d’abord à Mozart de reprendre le livret d’un opéra bouffe en un acte créé en février 1787 à Venise, Il Convitato di pietra, écrit par Giovanni Bertati et mis en musique par Giuseppe Gazzaniga. Finalement, on préféra demander à Da Ponte, qui travaillait parallèlement à deux autres opéras d’Antonio Salieri (Tarare) et Vincent Martín y Soler (L’Arbre de Diane), d’écrire un nouveau livret. L’écrivain, quoiqu’il se soit beaucoup inspiré de Bertati, lui donna la forme d’un dramma giocoso en deux actes. Cette dénomination à l’allure d’oxymore (« drame joyeux ») a fait couler beaucoup d’encre. Elle était pourtant usuelle dans le monde de l’opéra italien depuis les années 1750. En effet, Carlo Goldoni comptait parmi ces expérimentateurs en quête une nouvelle forme théâtrale plus étoffée et plus riche que le traditionnel opera buffa. Celle-ci devait permettre des développements psychologiques plus subtils et des constructions musicales plus hardies, pouvant rivaliser avec les qualités dramatiques et musicales propres à l’opera seria. Tommaso Traetta, qui comptait avec Gluck parmi les premiers réformateurs de l’opéra classique, a ainsi composé, dans les années 1760-1780, plusieurs ouvrages de qualité dans ce genre nouveau. Mais c’est indubitablement Mozart qui lui donnerait ses lettres de noblesse en créant, avec son Don Giovanni, un chef-d’œuvre d’une perfection inégalée, trouvant un équilibre miraculeux entre le comique le plus débridé, le marivaudage le plus suave, l’action dramatique la plus échevelée et la tragédie la plus spectaculaire. 5
Mozart ose dans cet opéra maintes hardiesses qu’il n’avait jamais envisagées jusqu’alors. Ainsi, la célèbre et sombre ouverture revêt une importance toute particulière en introduisant l’action dramatique par des procédés strictement musicaux. Plusieurs éléments thématiques seront réutilisés au cours de l’opéra, comme les grands accords introductifs, les éléments chromatiques sinueux qui annoncent la progression du mal et la catastrophe inéluctable. Le caractère dramatique et haletant de son allegro annonce une fête tragique qui prend très vite l’allure prémonitoire d’une course à l’abîme. De même, Mozart élabore à l’échelle de l’ensemble de l’opéra une vaste architecture tonale qui lui confère une unité formelle et expressive inédite: le début de l’opéra (ouverture et scène d’introduction) évolue de ré mineur vers ré majeur avant de replonger dans le tragique ré mineur, tandis que la conclusion du second acte inverse cette évolution (ré majeur/mineur/majeur). De plus, le compositeur n’hésite pas à remettre en question la traditionnelle primauté expressive et musicale de l’aria : dans tout l’opéra, le premier rôle masculin, Don Giovanni, ne chante que deux airs. Par ailleurs, les récitatifs de Donna Elvira et de Donna Anna comptent parmi les épisodes les plus intenses de l’ouvrage. Enfin, les ensembles prennent une ampleur extraordinaire et sont le lieu d’une élaboration musicale souvent saisissante. Ainsi, dans la scène du bal (I, 16), l’orchestre de scène et celui de fosse superposent les rythmiques contradictoires de diverses danses (menuet, contredanse et allemande), créant, en un impressionnant tour de force contrapuntique, un stupéfiant effet de polymétrie. De même, dans la scène du banquet (II, 13), Mozart mêle en un subtil quodlibet divers airs d’opéras à la mode (comme Figaro et La Cosa rara de Martín y Soler, dont Da Ponte signa également le livret). Ainsi, dans chacune des scènes, le compositeur entremêle et bouleverse avec une virtuosité folle toutes les conventions de l’opéra, tant seria que buffa. 6
L’opéra fut créé le 29 octobre 1787 au Théâtre national de Prague, et obtint un succès retentissant. La troupe de chanteurs italiens réunie par le nouvel imprésario Guardasoni comprenait plusieurs chanteurs de premier plan, comme le baryton Luigi Bassi, qui tenait le rôle de Don Giovanni et n’avait alors que 21 ans. La belle Teresa Saporiti incarnait Donna Anna, Caterina Micelli était la première Elvira, Caterina Bondini (épouse du commanditaire) jouait Zerlina, tandis que Felice Ponziani campait un Leporello qui marqua durablement les esprits. Don Giovanni fut repris à Vienne le 7 mai 1788, dans une version légèrement modifiée par le compositeur1. DENIS MORRIER 1 - Ce point est développé par René Jacobs dans le texte qui suit. 7
UNE INTERVIEW DE RENÉ JACOBS PAR… RENÉ JACOBS Vous avez souvent fait allusion dans des entretiens publiés à l’occasion de la sortie de votre enregistrement de Don Giovanni en 2006, et plus tard encore, à la conception romantique de cet opéra, qui remonte à E. T. A. Hoffmann et qui a marqué pratiquement toutes les mises en scène des XIXe et XXe siècles. Pourquoi rejetez-vous cette conception ? Dans une certaine mesure, Don Giovanni est l’opéra le « moins connu » de Da Ponte, bien que ce soit le plus représenté. L’une des raisons en est que l’œuvre originale a été falsifiée au XIXe siècle (de la même manière que des tableaux ont pu subir des repeints) et que le public n’en connaît généralement qu’une version faussée. Dans leur traitement du mythe de Don Juan, Hoffmann et tant d’autres après lui ont laissé libre cours à leur imagination. Il n’y a rien à redire là-dessus, car ces incessantes réécritures du mythe ont ouvert des perspectives intéressantes. Mais l’interprétation du mythe est une chose, le détournement presque pervers et la manipulation du texte de Da Ponte et de la musique de Mozart en est une autre. La différence entre la version originale de l’opéra de Mozart et le mythe de Don Juan rend presque toutes les mises en scène du « dissoluto punito » fondamentalement « bancales ». Si l’on renonce à s’appuyer sur le mythe, il faut s’attendre à ce que le public soit contrarié ; mais si l’on fait appel au mythe, on ne cesse de se heurter à la structure de l’opéra de Mozart. À mon sens, il est préférable de prendre le risque de remettre en question les habitudes, plutôt que de trahir l’œuvre. Pour Hoffmann2, Don Giovanni est un héros tragique, sans cesse à la recherche de la femme qui pourrait lui permettre de satisfaire sa quête d’une union avec l’infini. Donna Anna s’élève à tel point au- dessus des autres personnages que sa « personnalité lumineuse » en fait la véritable adversaire de Don Giovanni. La quête de l’infini, de 2 - E. T. A. Hoffmann, Don Juan, in : Pièces fantastiques à la manière de Callot, 1816. 8
l’inaccessible, la rédemption par le sentiment, par l’amour, qui s’accomplit ici dans la disparition tragique… c’est assurément une belle invention, mais qui n’a rien à voir avec la pièce : c’est en fait un détournement très séduisant. S’il doit y avoir une adversaire à la hauteur de Don Giovanni, ce n’est pas Donna Anna, mais Donna Elvira, la donna abbandonata de l’opéra baroque, délaissée par Don Giovanni comme Ariane l’avait déjà été par Thésée, chez Monteverdi. C’est de loin le rôle le plus émouvant de l’opéra. Son amour pour Don Giovanni est totalement irrationnel et profondément autodestructeur. Si je cherche à me faire une idée sonore du Don Giovanni de Hoffmann, ce sont des sonorités wagnériennes que j’entends, ou au mieux un Mozart complètement déformé, joué et chanté avec beaucoup trop de lourdeur, dans des tempi inexacts, et surtout, un Mozart beaucoup trop uniforme. Une interprétation de ce genre condamne à la disparition tout le caractère subversif, qui est l’âme même du dramma giocoso. Il ne saurait être question d’un mélange brutal entre éléments comiques et tragiques. D’ailleurs, beaucoup d’éléments comiques ou carnavalesques avaient déjà disparu bien avant Hoffmann, dès les années qui suivirent la mort de Mozart, lorsque l’opéra se transforma de plus en plus en Singspiel : les récitatifs de Da Ponte furent alors remplacés par de banals dialogues en allemand, tandis que l’on supprimait tous les événements de nature à relativiser tel ou tel aspect des choses – y compris la scena ultima, la scène finale, dont Hoffmann prit pourtant la défense ! Cependant, Wagner – justement lui ! – sentit que quelque chose n’allait pas dans la manière dont on interprétait Don Giovanni à son époque. Dans Le public dans l’espace et le temps, il écrit ceci : « Lorsque nous assistons aujourd’hui à une représentation de Don Juan, est-ce que nous ne souhaiterions pas que cette œuvre ait connu une existence pleine et entière, qui nous aurait permis d’en conserver le souvenir sous la forme d’une belle légende, au lieu qu’on nous impose aujourd’hui de la voir ressusciter uniquement pour être maltraitée ? » 9
Don Giovanni n’est donc pas démoniaque, ce n’est pas un frère jumeau de Faust, qui se moque jusqu’au bout du pouvoir de l’au-delà et atteint par là même une grandeur héroïque ? Mais s’il n’est rien de tout cela, qui est-il ? Mozart n’apporte pas de réponse musicale à cette question comme il peut le faire pour les adversaires de Don Giovanni, par exemple dans le langage psychologisant des arias de Donna Anna, Donna Elvira, Zerlina et Don Ottavio. Les airs de Don Giovanni – deux brefs airs d’action (dont l’un est chanté avec une voix qui est censée imiter celle de Leporello) et la sérénade destinée à la soubrette de Donna Elvira – ne nous révèlent absolument rien de son caractère, tout simplement parce que le compositeur ne souhaite pas apporter de réponse à cette question. Heureusement, le livret de Da Ponte contient divers éléments le plus souvent ignorés, mais qui sont de nature à nous faire avancer de quelques pas. « Un giovane estremamente liziensiozo », « un jeune homme extrêmement licencieux », voilà ce que l’on peut lire à propos de Don Giovanni dans la liste des personnages. De toute évidence, Da Ponte tenait absolument à souligner dès le début que nous n’avons pas affaire ici à un adulte, mais à une sorte de Cherubino cinq ans après Les Noces de Figaro – entre-temps, sa voix a mué, le faisant passer du mezzo-soprano au baryton. Il emprunte l’infernal chemin des transgressions, qui ne peut mener qu’à la mort. Luigi Bassi, qui interpréta Don Giovanni lors de la création pragoise, n’avait alors que 21 ans. Un aspect important, dont la théâtralité est intemporelle, est le contraste entre ce jeune homme qui n’est pas encore tout à fait un adulte et son valet comique, plus mûr. C’est un élément constitutif de l’opéra comique italien depuis les vénitiens, et du théâtre parlé depuis la comédie antique. La transgression ultime de Don Giovanni est le meurtre du commandeur, sur lequel s’ouvre l’œuvre. On peut craindre que le frisson qu’il ressentait en détruisant les relations amoureuses autour 10
de lui ne soit à présent dépassé par ce sentiment de puissance obtenu en ôtant la vie. Heureusement, le ciel intervient à temps : Don Giovanni n’est donc pas un héros tragique, mais un « raté » tragi- comique (le livret nous montre une accumulation de déboires érotiques !), justement châtié, non par les hommes (lorsque la police arrive, dans la dernière scène, il est déjà trop tard !), mais par une puissance supérieure. Mais la vision qu’avait Hoffmann de Donna Anna pourrait malgré tout être exacte : sa passion secrète, son amour pour l’inconnu qui a tenté d’abuser d’elle ? Comment peut-on s’imaginer ne serait-ce qu’un instant qu’une femme aussi forte qu’elle puisse aimer un être faible comme Don Ottavio ? Ni dans le livret de Da Ponte, ni dans la musique de Mozart, on ne trouve le moindre élément qui vienne étayer cette « idéologie ». Donna Anna, Don Ottavio et le commandeur forment « une constellation triangulaire de nature “sentimentale” ou “sensible”, comme on la rencontre dans d’innombrables drames de la fin du XVIIIe siècle » (Borchmeyer). Don Ottavio n’est pas un faible : il est plutôt « le fiancé tendre, typique de ce courant sensible, dont l’amour mesuré correspond en cela au code sentimental de l’époque. Il est capable de dissimuler les excès de la passion, il n’est jamais blessant et s’harmonise parfaitement avec la relation père-fille. » Ses deux airs sont deux airs typiquement « sentimentaux »3. Mozart voulait que dans les deux versions, Don Ottavio n’ait qu’un seul air, comme s’il restait dans l’ombre de Donna Anna. Ces deux airs sont d’une beauté parfaite, mais il ne fait aucun doute que celui de la version viennoise (« Dalla sua pace ») intervient 3 - L’adjectif allemand empfindsam est utilisé ici dans le sens de l’Empfindsamkeit, le courant « sensible » de la littérature allemande de la fin du XVIIIe siècle ; ce terme correspond plus ou moins au « sentimentalisme » français (que l’on trouve par exemple dans les « romans sentimentaux »). 11
à un moment beaucoup plus approprié que l’air de la version de Prague (« Il mio tesoro »), qui semble artificiellement inséré à un moment déjà trop tardif de l’action : après avoir longtemps hésité, Don Ottavio, enfin convaincu de la culpabilité de Don Giovanni, se décide à agir en allant voir la police. À des années-lumière de la conception dégradante qu’a Hoffmann de Don Ottavio (« un petit homme gracile, convenable et propre sur lui »), on trouve les vues de divers commentateurs modernes, comme Friedrich Dieckmann, Stefan Kunze, Dieter Borchmeyer ou Julian Rushton, qui voient en Don Ottavio un « homme de l’avenir », en raison de l’alliance qu’il présente entre sensibilité et rationalité. Lorsqu’on l’interprète ainsi, il est « aux antipodes de Don Giovanni pour ce qui est de l’érotisme » (Borchmeyer). Face au caractère absolument inconditionnel du « dissoluto », Don Ottavio représente « l’altruisme encouragé par le discours sensible ». Face à « l’érotisme conquérant » de Don Giovanni, Don Ottavio incarne la « discipline imposé à l’érotisme » ; face à la violence de Don Giovanni, Don Ottavio représente la non-violence, ce qui le rapproche de la « clémence » de Tito : les armes ne sont pour lui qu’un ultime recours – c’est d’ailleurs le même chanteur pragois qui créa les deux rôles de Tito et de Don Ottavio. Il y a très certainement une intention moralisatrice derrière cette opposition entre un « libertin féodal et aristocratique » et un nouveau « citoyen modèle ». L’ouverture en donne déjà un aperçu : pendant que la partie lente en ré mineur est à comprendre comme une préfiguration de l’apparition fantomatique du convive de pierre à la fin de l’œuvre, Mozart construit la partie plus rapide, en ré majeur, sur un thème qui se lit comme une citation de la première intervention chantée de Don Ottavio, lorsque, dans le sextuor de l’acte II, il revient en compagnie de Donna Anna de la cérémonie funèbre en l’honneur du père de celle-ci. 12
Dans l’existence encore jeune et protégée de Donna Anna, la tentative de Don Giovanni pour abuser d’elle (mais le livret ne recèle pas le moindre indice en faveur de l’hypothèse selon laquelle il serait parvenu à ses fins, comme Hoffmann le souhaitait tant) et le meurtre de son père marquent une césure extrêmement brutale, qui menace un moment aussi de détruire sa relation amoureuse avec Don Ottavio – il n’en sera finalement rien. L’amour triomphera : c’est ce qu’exprime Mozart dans le très émouvant rondeau de Donna Anna (« Non mi dir »), juste avant le final de l’acte II, un air si plein d’émotion qu’il ne saurait mentir. Et Don Ottavio, qui en exact opposé de Don Giovanni partage sans doute avec lui sa jeunesse et son manque de maturité – peut-être le mariage a-t-il été arrangé par leurs deux familles ? – devient lentement adulte à mesure que l’action progresse. En un sens, le dernier jour de la vie de Don Giovanni marque aussi pour Don Ottavio le début d’une nouvelle vie, d’une vie plus consciente. Au XIXe siècle (et encore au XXe), le rôle de Donna Anna a généralement été distribué aux sopranos dramatiques « au mépris des règles et au détriment des coloratures » (Borchmeyer), en négligeant les sources qui nous informent précisément de choix de distribution de Mozart lui-même. Voici ce que l’on peut lire dans l’Almanach théâtral de 1788 à propos d’Aloisia Lange, qui interpréta le rôle sous la direction de Mozart dans la version viennoise : « Elle joue les premières soupirantes, tendres et douces, ainsi que des rôles naïfs et espiègles. ». Cela n’a rien à voir avec un soprano dramatique ! Dans son air de l’acte I « Or sai chi l’onore », Donna Anna prie une seconde fois Don Ottavio de bien vouloir venger son père, mais cela n’en fait pas un « air de vengeance » qui exigerait, comme on l’entend si souvent, un soprano dramatique. C’est bien plutôt un chant d’amour, dont les deux mesures finales, d’une grande sensibilité et exécutées dans une nuance piano, contredisent l’interprétation selon laquelle il s’agirait d’un air de vengeance. Borchmeyer les lit à la fois comme « l’expression de l’amour qu’une jeune fille éprouve pour son père et un tendre adieu à l’adresse 13
de Don Ottavio. ». Il serait sans doute encore plus exact d’y voir une interrogation : l’amour de Donna Anna peut-il survivre ? Et de voir par contraste, dans le postlude « en force » de l’orchestre qui suit le « Non mi dir », la confirmation de ce que Donna Anna exprime dans les coloratures de cet air : une réponse sans paroles (car il est encore trop tôt pour des mots), à la question qui reste ouverte à la fin du premier air (oui, l’amour triomphera). L’argument habituellement invoqué, selon lequel Donna Anna ne peut pas aimer son fiancé, puisqu’elle lui demande un temps de réflexion d’une année, « témoigne d’une totale méconnaissance de la tradition des politesses et civilités de la “bonne société” de l’époque » (Borchmeyer). La parfaite harmonie des deux voix dans le larghetto en sol majeur de la dernière scène nous révèle enfin ce que voulaient dire les coloratures significatives de « Non mi dir » : non pas « Don Giovanni n’embrassera jamais celle qu’un cœur pur a sauvée en l’empêchant de devenir la fiancée du diable », comme le dit Hoffmann, mais bien : Don Ottavio embrassera sa bien-aimée, mais le faire à ce moment précis serait particulièrement déplacé. Êtes-vous, dans Mozart aussi, à la recherche de la sonorité originelle ? La recherche d’une sonorité originelle n’a jamais été ma priorité. Si je suis à la « recherche » de quelque chose, c’est des secrets de l’œuvre elle-même : je cherche à découvrir ce qui s’est passé dans la tête de Mozart et de Da Ponte lorsqu’ils ont écrit et composé Don Giovanni. Mais je sais que lorsqu’il composait, Mozart s’imaginait mentalement la musique qu’il écrivait, et qu’il l’entendait exactement comme elle sonnerait si elle était jouée sur les instruments de « son époque ». Ce qu’il y a de subversif dans sa musique, ce qui en fait non pas le caractère novateur mais la singularité par rapport à celle de ses contemporains, ses nombreuses notes, que d’aucuns considéraient d’ailleurs comme trop nombreuses, par lesquelles l’orchestre 14
commente ce que font les acteurs qui chantent, les gratifie d’un sourire, ressent de la compassion pour eux, les tourne en dérision, les conforte ou les contredit, toutes ces notes sonnent bien mieux lorsqu’elles sont jouées sur des instruments « historiques ». La sonorité des cordes, plus transparente, permet d’entendre beaucoup plus de détails de cette nature. Mais le public doit s’habituer à une chose : le son originel de Mozart ne vise pas une fusion des cordes et des bois, comme c’est le cas du son post-romantique d’un Karajan, par exemple, mais cherche au contraire à établir un dialogue passionnant, « sensible » entre ces deux ensembles avec ses sonorités différentes. Les nombreux effets virtuoses des cordes servent alors à activer et à intensifier l’action musicale et dramatique, ils la poussent sans cesse en avant, tandis que les bois, plus lyriques, ont davantage une fonction de retardement : il y a là en quelque sorte un dialogue entre des instruments « qui parlent » et des instruments « qui chantent ». Mais la sonorité originale ne doit jamais être l’objet d’une attention fétichiste. La différence entre un orchestre comme le Freiburger Barockorchester, qui dans Don Giovanni joue sur des instruments classiques, et un orchestre d’opéra tout aussi excellent, mais plus « conventionnel », n’est pas seulement que les uns utilisent des instruments historiques et les autres des instruments modernes. C’est bien plutôt la motivation qui est différente. Ce qui est « authentique » dans le Freiburger Barockorchester, ce ne sont pas seulement les instruments, mais avant tout le sentiment d’une responsabilité personnelle de chaque instrumentiste. Tous jouent comme si le succès de la représentation ne dépendait que d’eux. Cette attitude, que l’on peut trouver bien sûr aussi dans des orchestres modernes très motivés, était beaucoup plus naturelle à l’époque de Mozart. Si l’on regarde le plan selon lequel les musiciens d’orchestre étaient disposés à l’époque, on constate que le chef d’orchestre prenait place au milieu des musiciens – assis, lorsqu’il accompagnait aussi les récitatifs –, un primus inter pares, en quelque sorte, et que les deux tiers des musiciens pouvaient voir la 15
scène, puisqu’ils étaient installés dans une fosse à demi abaissée seulement et qu’une bonne partie d’entre eux tournaient le dos au public. Le contact entre l’orchestre et ce qui se passait sur scène était ainsi nettement plus intense qu’il ne l’est aujourd’hui. Chaque musicien pouvait réagir directement aux libertés que prenaient les chanteurs, avec le soutien du chef, mais non sous sa direction. Don Giovanni a été représenté de manière ininterrompue depuis sa création jusqu’à nos jours. Il y a dans ce domaine une étrange continuité – comment les tempi d’origine ont-ils pu parfois être modifiés aussi profondément que ce qu’on peut entendre dans les divers enregistrements existants ? Les raisons en sont multiples. Tout d’abord, la définition des rôles d’opéra en vigueur au XVIIIe siècle était devenue totalement obsolète au XIXe. Au XVIIIe siècle, il y avait les rôles sérieux (parti serie), les rôles bouffe (parti buffe) et les demi-caractères (mezzo carattere). Les rôles sérieux, comme Donna Anna et Don Ottavio, dans lesquels l’essentiel est la qualité du chant, qui requiert des voix souples et légères mais riches en couleurs, se prêtaient au bel canto de l’époque avec ses ornementations improvisées4. 4 - L’improvisation vocale était de règle, y compris dans les rôles mezzo carattere. Don Giovanni, par exemple ne peut chanter la seconde strophe de sa sérénade sans quelques « modifications arbitraires », comme on disait alors, gracieuses et séduisantes. Laisser cette ariette, comme d’ailleurs celle de Chérubin « Voi che sapete », vierge de toute ornementation aurait été considéré par Mozart comme par le public de l’époque comme un manque d’imagination et de finesse. Les petites cadences et les « entrées » (des transitions improvisées destinées à introduire la répétition de la mélodie principale) allaient de soi, y compris pour les rôles bouffe, qui parodiaient parfois les rôles sérieux. De manière générale, l’improvisation jouait encore un grand rôle, y compris dans les parties instrumentales (au pianoforte et au violoncelle dans les récitatifs, et dans les préludes de début de scène). Tout n’était pas encore, fort heureusement, consigné dans les notes ! 16
Dans les rôles bouffe, par exemple Zerlina, Leporello et Masetto, c’est le talent d’acteur qui prévalait ; leurs voix devaient être soit légères et pétillantes, comme celle de Zerlina, soit mi-lourdes, à l’image de celle de Masetto, soit plus lourdes, comme celle de Leporello, qui doit pourtant être aussi un virtuose de la parole rapide si typique des rôles bouffes. Il y a enfin les rôles de demi-caractères, comme Donna Elvira et Don Giovanni, qui sont à l’aise dans les deux univers. Dès le XIXe siècle, les théâtres d’opéra aussi bien que les orchestres se développent et deviennent de plus en plus grands et ce sont aussi des voix plus amples, plus lourdes et par conséquent plus lentes qui dominent. Une seconde raison est le facteur psychologique : lorsque la même œuvre est rejouée sans cesse, que la musique est connue et appréciée au point que l’on cherche à en faire durer le plaisir le plus longtemps possible, les tempi sont moins vifs. Enfin, dans le cas de Don Giovanni, c’est très certainement l’interprétation romantique qui porte la plus grande responsabilité des tempi trop lents. Mozart ne nous a pas laissé d’indications métronomiques, mais nous disposons de trois éléments fiables qui nous permettent de retrouver les tempi d’origine. Le premier et le plus important : les indications données par le compositeur lui-même et qu’il faut lire exactement comme elles étaient interprétées dans les manuels d’époque. Ainsi un andante (« allant ») dans une mesure à quatre temps mais alla breve, c’est-à-dire battue à la blanche et non à la noire, est nettement plus rapide qu’un adagio (« lent ») à 4/4 sans cette spécification. La scène finale « tragique », qui produit des effets à couper le souffle, avec l’apparition de la statue et la chute de Don Giovanni dans les enfers, et qui précède la fin véritable, plus conforme à l’esprit de la comédie, est écrite dans le premier de ces deux tempi, mais dans presque toutes les interprétations actuelles, elle est encore jouée dans un tempo plus proche du second, c’est-à-dire beaucoup trop lent. Lorsqu’on l’interprète dans le bon tempo, il en résulte un véritable échange, une discussion, presque une controverse – mais parlée : ce n’est ni du chant, ni des cris – entre Don Giovanni, le commandeur et Leporello ; 17
l’échange est de plus en plus intense (Mozart indique deux accélérations de tempo) pour atteindre finalement une telle rapidité que les doubles croches des violons ne sont pas seulement virtuoses, mais bel et bien infernales ! Deuxième élément : à la fin du XVIIIe siècle, les ensembles remplacent peu à peu les vieux récitatifs de l’opéra baroque ; par conséquent, il faut les chanter parlando, en restant au plus près de la parole. C’est ainsi que Bitter cite (Wiener Allgemeine Musikzeitschrift, 1845) les paroles de Luigi Bassi, créateur du rôle de Don Giovanni, se souvenant de Mozart : « Tout en parlando : c’est ce que voulait Mozart ». Le compositeur trouvait effectivement que ses chanteurs avaient tendance à trop chanter dans les ensembles, « comme si dans un quatuor, on ne devait pas autant parler que chanter » (lettre du 27 décembre 1780 à son père). Il faut alors interpréter la scène des esprits dans un tempo plus rapide, ne serait-ce que parce que dans un tempo trop lent, ni Don Giovanni, ni le commandeur – qui n’est pas un symbole d’éternité : en ce dernier instant, il n’est encore qu’à moitié mort et parle donc, encore à moitié humain, en blanches (l’allemand dit : en « demi-notes »), c’est-à-dire deux fois plus lentement que les autres –, ni Leporello avec ses balbutiements angoissés ne seraient en mesure de chanter parlando ! Dernier élément : on peut repérer dans le caractère de plusieurs airs et ensembles des rythmes de danse parfaitement « décodables ». Trois danses jouent ici un rôle particulièrement important : le menuet, aristocratique et féodal, dans lequel les partenaires se touchent à peine ; la contredanse « moderne », avec son échange de partenaire, une danse étroitement liée à la bourgeoisie, mais aussi à la Révolution française – le « Ah, ça ira, ça ira » que l’on entendait à Paris entre les barricades était une contredanse ! – et finalement le « teitsch », cette danse paysanne « subversive », précurseur de la valse, une danse très rapide, sauvage et parfois même obscène. Ces trois danses retentissent simultanément lors du bal de l’acte I, une sorte d’orgie musicale avec ses trois rythmes différents qui s’entremêlent, illustrant à la fois une débandade musicale et l’effondrement de l’ordre dramatique (on 18
pense ici à Don Giovanni tentant d’abuser de Zerlina). La contredanse que Don Giovanni danse avec Zerlina lors du bal est d’ailleurs annoncée bien plus tôt dans le cours de l’œuvre, dans le célèbre « air du champagne ». Si l’on souhaite que le rythme si significatif de cette danse, qui est en quelque sorte le rythme caché de l’air, soit conservé, bien qu’il soit accéléré par l’indication de tempo (presto), on en vient à adopter un tempo qui est certes encore très rapide, mais qui n’est pas aussi brutal ni précipité que ce qu’on a l’habitude d’entendre. Don Giovanni a des choses importantes à dire dans cette chanson à boire qui est en fait un air à danser : il est en train d’organiser le bal avec Leporello et donne l’injonction suivante : « Senz’ alcun ordine la danza sia » (« que la danse ne suive aucun ordre »). Si l’air est chanté trop rapidement, dans une intention presque démoniaque, ses mots ne seront plus compréhensibles et Don Giovanni risque de se retrouver à court de souffle. Mais notre Don Giovanni a en quelque sorte été débarrassé de son caractère « démoniaque » : il lui faut bien sûr chanter rapidement puisque Leporello ne dispose que de quelques heures pour trouver les jeunes filles destinées à enrichir le tableau de chasse de son maître, mais il faut aussi qu’on sente tout le plaisir gourmand procuré par l’idée de ce qui, croit-il, va se produire. TEXTE ORIGINAL DE RENÉ JACOBS Traduit de l’allemand par Elisabeth Rothmund © harmonia mundi 2006. 19
Biographies Johannes Weisser est un chanteur reconnu aussi bien pour les opéras que pour les oratorios et récitals, et est régulièrement invité par les salles JOHANNES WEISSER de concerts et festivals à travers l’Europe, l’Asie et l’Amérique du Nord, avec Johannes Weisser a étudié au Conservatoire nombre de chefs et orchestres prestigieux. de Musique de Copenhague et à Il possède un répertoire très étendu l’Académie Royale de l’Opéra de qui s’étale des œuvres de Monteverdi Copenhague. Au printemps 2004, à du XVIIe siècle jusqu’aux œuvres de l’âge de 23 ans, il fait ses débuts à Weill ou Britten du XXe siècle. Il est l’Opéra national de Norvège et à la également reconnu dans le répertoire Komische Oper de Berlin dans le rôle des lieder, notamment lors de ses de Masetto dans Don Giovanni de concerts avec le pianiste Leif Ove Mozart. Ses engagements l’ont conduit Andsnes. Il a enregistré les rôles-titres au festival de Salzbourg, à la Staatsoper dans Don Giovanni, Brockes-Passion de de Berlin, au Theater an der Wien, Telemann, La Création de Haydn, la au Théâtre de la Monnaie, au Théâtre Passion selon saint Matthieu de Bach – des Champs- Élysées, à l’Opéra national tous avec René Jacobs –, Applausus du Rhin, à l’Opéra de Dijon, à l’Opéra de Haydn avec Andreas Spering, de Bilbao, à l’Athens Concert Hall, Achilla dans Giulio Cesare in Egitto et au Palais des festivals de Baden-Baden, Licaone dans Giove in Argo de Haendel à l’Opéra Royal du Danemark, au avec Alan Curtis, David dans David festival international d’Édimbourg, and Bathsheba de Ståle Kleiberg, ainsi au festival de musique ancienne qu’un disque avec des œuvres de d’Innsbruck et au MAfestival de Grieg, chaudement acclamé par la Bruges. Ses rôles comprennent le critique. rôle-titre et Leporello dans Don Giovanni, Guglielmo dans Così fan tutte et Papageno dans La Flûte enchantée de Mozart, BIRGITTE CHRISTENSEN Schaunard dans La Bohème de Puccini, Malatesta dans Don Pasquale de Donizetti, La soprano norvégienne Birgitte Mr. Flint dans Billy Budd de Britten, Christensen a étudié à l’Académie Agamemnon dans Iphigénie en Aulide de Musique de Norvège à Oslo. Elle de Gluck, Ramiro dans L’Heure espagnole s’est produite dans des salles telles de Ravel, ainsi que de nombreux rôles que la Staatsoper de Berlin, la Semperoper dans des opéras baroques et contemporains. de Dresde, la Staatsoper de Stuttgart, 20
le Théâtre national de Mannheim, Fauré, Verdi, R. Strauss, Mahler, l’Opéra-Comique de Berlin, le Théâtre Debussy, Britten, Weill, ainsi qu’un Municipal de Santiago, le Théâtre grand nombre d’œuvres contemporaines. du Bolchoï à Moscou, le Tiroler Elle travaille fréquemment avec les Landestheater d’Innsbruck ainsi que chefs Rinaldo Alessandrini, Fabio l’Opéra d’Oslo à maintes reprises. Biondi, Paolo Carignani, Teodor Ses rôles comprennent Donna Anna Currentzis, Paul Daniel, Alessandro dans Don Giovanni, Konstanze dans De Marchi, Diego Fasolis, John Helmer L’Enlèvement au Sérail et Vitellia dans Fiore, Adam Fischer, René Jacobs, La Clémence de Titus de Mozart, Violetta Alexander Joel, Steven Sloane, Alexander dans La Traviata et Elisabeth dans Don Vedernikov et Lothar Zagrosek. Ses Carlos de Verdi, Liú dans Turandot de enregistrements comprennent David Puccini, Nedda dans Pagliacci de de Conti avec le chef Alan Curtis Leoncavallo, Micaëla dans Carmen sous le label EMI/Virgin Classics, et de Bizet, Ellen Orford dans Peter Grimes Brockes Passion de Telemann avec René de Britten, Rosalinde dans La Chauve- Jacobs sous le label harmonia mundi. souris de J. Strauss, Hanna Glawari dans La Veuve joyeuse de Lehár, et Jenny dans Grandeur et décadence de la ville de JEREMY OVENDEN Mahagonny de Weill. Elle a également chanté différents rôles dans des opéras Jeremy Ovenden a étudié au Royal baroques, notamment les rôles-titres College of Music de Londres, ainsi d’Alcina et Partenope, Cléopâtre dans qu’avec Nicolai Gedda. Ses futurs Giulio Cesare in Egitto, Bellezza dans projets incluent le rôle-titre d’Idoménée Il Trionfo del Tempo e del Disinganno, Iphis de Mozart au Theater an der Wien dans Jephta – tous de Haendel –, avec René Jacobs, le Requiem de Mozart Edronica dans La Patience de Socrate au festival d’Édimbourg avec Iván de Telemann, Gionata dans David Fischer et l’Orchestre du Festival de de Conti et le rôle-titre dans Le Budapest, le Messie d’Haendel avec Couronnement de Poppée de Monteverdi. Bernard Labadie et les orchestres Birgitte Christensen se produit symphoniques de Chicago et St Louis, régulièrement dans les salles de concerts le War Requiem de Britten avec Michael et festivals à travers l’Europe. Son Güttler et l’Opéra National de Finlande, répertoire inclut des œuvres de la Passion selon saint Matthieu de Bach Monteverdi, Pergolèse, Bach, Haendel, avec Ivor Bolton et le Royal Concertgebouw Telemann, Haydn, Mozart, Rossini, Orchestra, Enea dans Didone de Cavalli Beethoven, Bruch, Brahms, Mendelssohn, pour la Staatsoper de Berlin (toujours 21
avec René Jacobs) et le rôle-titre dans Nézet-Séguin, Christophe Rousset, Lucio Silla de Mozart au Théâtre de la Jérémie Rohrer et Ivor Bolton. Ses Monnaie de Bruxelles. Ses récentes enregistrements comprennent des apparitions comprennent Néron dans passions et cantates de Bach, L’Allegro, Le Couronnement de Poppée de Monteverdi Il Penseroso ed Il Moderato et Saül de Haendel, à l’Opéra national de Paris, Bajazet Les Saisons et La Création de Haydn, dans Tamerlano de Haendel pour le Il Sogno di Scipione, Betulia Liberata, La Théâtre de la Monnaie et l’Opéra Finta Semplice, L’Oca del Cairo et Lo Sposo National des Pays-Bas, où il avait Deluso de Mozart. également chanté le rôle-titre dans l’Orfeo de Monteverdi et Ilio dans Ercole Amante de Cavalli, Così fan tutte de Mozart pour ALEX PENDA le Royal Opera House et la Staatsoper de Berlin, Tigrane dans Radamisto de Aussi connue sous le nom d’Alexandrina Haendel au Theater an der Wien, Pendatchanska, Alex Penda est née à Belfiore dans La Finta Giardiniera de Sofia dans une famille de musiciens Mozart et Jupiter dans Semele de Haendel renommés. Elle a commencé le piano au Théâtre de la Monnaie, et Don à cinq ans et est diplômée de l’École Ottavio dans Don Giovanni à Berlin avec Nationale de Musique en piano et chant. Daniel Barenboim. En 2004, Jeremy Alex Penda a fait ses débuts à 17 ans Ovenden a fait ses débuts à la Scala de dans le rôle de Violetta dans La Traviata Milan dans Europa Riconosciuta de Salieri, de Verdi, a gagné à 19 ans le Concours dirigé par Riccardo Muti ; il y est retourné International de Chant Antonin Dvořák pour chanter Don Ottavio avec Gustavo ainsi que le Concours International de Dudamel et Oronte dans Alcina de Chant de Bilbao, et s’est produite dans Haendel avec Giovanni Antonini. En Lucia di Lammermoor de Donizetti à Bilbao. concert, il se produit régulièrement avec Sa tessiture vocale étendue lui offre un des orchestres modernes et sur instruments répertoire comprenant plus de soixante d’époque, notamment le London rôles, de la musique ancienne, avec Le Symphony Orchestra, les orchestres Couronnement de Poppée de Monteverdi philharmoniques de Londres, Bergen et Agrippina de Haendel, jusqu’à la et Strasbourg, le Gewandhaus de Leipzig, musique du XXe siècle, avec le rôle-titre l’Orchestre du Mozarteum de Salzbourg, de Salome ainsi que Chrysothemis dans Le cercle de l’Harmonie, le Gabrieli Elektra de R. Strauss ; du belcanto et Consort & Players, aux côtés de René Verdi (Semiramide, Elisabetta et Ermione Jacobs, Nikolaus Harnoncourt, Paul de Rossini, La Straniera de Bellini, Luisa McCreesh, Vladimir Jurowski, Yannick Miller et Don Carlos de Verdi), jusqu’à 22
Fidelio de Beethoven, Carmen de Bizet, Bolton, Daniel Oren, René Jacobs, et Parsifal de Wagner. Dans les enregistrements Vladimir Jurowski et Marc Minkowski. Mozart de René Jacobs, acclamés par Elle apparaîtra prochainement dans la critique, ses interprétations de Vitellia les productions de Salomé à l’Opéra de dans La Clémence de Titus, Donna Elvira Sante Fe, Le Couronnement de Poppée au dans Don Giovanni, Elettra dans Idoménée Theater an der Wien, L’Opera Seria de et Arminda dans La Finta Giardiniera Florian Leopold Gassmann au Théâtre ont toutes été remarquées. Ces de la Monnaie de Bruxelles et Mefistofele enregistrements ont reçu de nombreuses de Boito à Baden-Baden. récompenses, notamment celle du BBC Music Magazine, le Choix des rédacteurs du magazine Gramophone et deux TAREQ NAZMI nominations aux Grammy. Ses interprétations de Elisabetta dans Roberto Devereux de Né en 1983 au Koweït, Tareq Nazmi Donizetti, Lucrezia Contarini dans a passé son enfance à Munich et étudié I due Foscari de Verdi, Donna Elvira dans jusqu’en 2010 à la Hochschule für Musik Don Giovanni de Mozart, Alcina dans und Theater de Munich avec Edith Orlando paladino de Haydn et la Petite Wiens. Il a été boursier de la Studienstiftung Messe solennelle de Rossini avec Riccardo des Deutschen Volkes, de l’Institut Steans Chailly et le Gewandhaus de Leipzig Ravinia, et de la Fondation Vera et sont toutes disponibles en DVD. Volker Doppelfeld ; il a participé à de Récemment, Alex Penda s’est produite nombreuses master-classes, dont celles à la Staatsoper de Berlin, au Théâtre de Christian Gerhaber, Matthias Goerne, de la Monnaie de Bruxelles, à la Staatsoper ou Dmitri Hvorostovsky. Il a remporté de Vienne, à Toronto, à Aix-en-Provence, le Concours National de Chant en 2008 au Theater an der Wien, à Hambourg, et le premier prix de la Fondation Hamel à Santa Fe, à Tokyo, et lors de la production en 2009. Après ses expériences avec de Rouslan et Ludmila de Glinka pour la l’Académie Bavaroise de Théâtre, la réouverture du Théâtre du Bolchoï à Ruhrtriennale et le Théâtre d’Augsburg, Moscou. Elle a également chanté à Tareq Nazmi a été invité à se produire Moscou dans Salomé de R. Strauss et dans différents opéras avec l’Orchestre dans le War Requiem de Britten avec de la Radio de Munich sous la direction Vladimir Jurowski et le London de Friedrich Haider et Ulf Schirmer. Philharmonic Orchestra. Elle a notamment Il est membre permanent de l’ensemble travaillé avec les chefs Riccardo Chailly, de l’Opéra de Bavière depuis la saison Myung-Whun Chung, Charles Dutoit, 2012/2013. En concert, Tareq Nazmi Bruno Bartoletti, Carlo Rizzi, Ivor a été soliste dans la Symphonie no 9 de 23
Beethoven sous la direction d’Enoch l’Orchestre de la Suisse Romande, zu Guttenberg et a fait sa première à l’Orchestre National de Paris, les orchestres Hanoï avec l’Orchestre National philharmoniques de Strasbourg, de Symphonique du Vietnam. Il a chanté Munich et de Slovénie, l’Orchestre de sous la baguette de Christoph Eschenbach Chambre de Lausanne, le Concerto avec des orchestres tels que l’Orchestre Köln, les Wiener Symphoniker, le de Chambre de Munich, l’Orchestre Freiburger Barockorchester, ou encore des Champs-Élysées et l’Orchestre l’Akademie für Alte Musik Berlin. Ses National Symphonique de Washington. enregistrements incluent Le Messie de Il a été invité aux festivals de musique Haendel, la Messa di Gloria de Puccini, de Schleswig-Holstein, Grafenegg, la Messe de Sainte-Cécile de Haydn, la Édimbourg et Lucerne. Messe en si de Bach, les requiem de Mozart et Fauré, Golgotha de Frank Martin, la Petite Messe solennelle de Rossini, le Cantique MARCOS FINK des Cantiques d’Arthur Honegger et les opéras Così fan tutte, Don Giovanni de D’origine slovène, le baryton-basse Mozart et Agrippina de Haendel (nomination Marcos Fink est né à Buenos Aires. Il au Grammy 2013). Il a également a reçu les conseils d’Ivan Ivanov et Victor enregistré pour la Radio de Slovénie Srugo, et participé aux master-classes trois cycles de lieder de Schubert : Die de Philippe Huttenlocher, Wolfgang schöne Müllerin, Winterreise (prix Orphée Schöne, Erik Werba et Aldo Baldin. d’Or 1998 du meilleur interprète – En 1988, il a obtenu une bourse pour Académie du Disque Lyrique – Paris) continuer sa formation avec Heather et Schwanengesang, les Dichterliebe et Liederkreis Harper et Robert Sutherland à Londres, de Schumann, ou encore Solvenian songs, et a fait ses débuts à l’opéra au Festival tous accompagnés par la pianiste Nataša de Salzbourg en 1990. Son répertoire Valant. Marcos Fink a été récompensé comprend des opéras, des oratorios et du prix slovène pour la culture « Prešernov des lieder ; il s’est produit dans un grand sklad » en 1999 pour son enregistrement nombre d’opéras et de salles prestigieuses Schubert et, en 2013, pour le disque autour du monde, sous la direction de Slovenian songs et les duos Slovenija, chez chefs renommés, citons entre autres harmonia mundi, avec sa sœur Bernarda Michel Corboz, Hans Graf, Leopold Fink et le pianiste Anthony Spiri. Son Hager, Alain Lombard, Semyon Bychkow, disque Canciones argentinas a été nominé Uwe Mund, Milan Horvat, Pinchas pour un Grammy et au BBC Music Steinberg, Anton Nanut, Lior Shambadal, Awards en 2006. Il a chanté les rôles ou René Jacobs, avec notamment de Leporello dans Don Giovanni sous la 24
direction de René Jacobs, et plus Mozart et l’Orfeo de Monteverdi). Elle récemment, Sarastro dans La Flûte a été invitée par des festivals renommés – enchantée de Mozart à Aix-en-Provence, Édimbourg, Mostly Mozart, Salzbourg… Don Andrès de Ribeira dans La Périchole – et a chanté aux côtés d’orchestres d’Offenbach à Bordeaux, Socrate dans comme le New York Philharmonic, le La Patience de Socrate de Telemann, Claudio Pittsburgh Symphony Orchestra ou dans Agrippina de Haendel, Polifemo l’Orchestre Philharmonique de Munich, dans Aci, Galatea e Polifemo et Mondo sous la baguette de chefs comme Philippe dans Rappresentazione di Anima e di Corpo de Herreweghe, William Christie, Fabio Cavalieri à la Staatsoper de Berlin, Biondi, Thomas Hengelbrock, Herbert Sancio Pansa dans Don Chisciotte in Sierra Blomstedt, Frans Brüggen, Giovanni Morena de Conti et Jupiter dans Platée Antonini, Iván Fischer, Kent Nagano, de Rameau à Amsterdam. Riccardo Chailly, Lothar Zagrosek, Sylvain Cambreling, Ton Koopman, Marek Janowski ou René Jacobs. Elle SUNHAE IM entretient des relations proches avec des ensembles comme l’Akademie für Sunhae Im a étudié à l’Université Alte Musik Berlin, le Freiburger Nationale de Séoul sous la direction Barockorchester, le B’Rock Orchestra de Lokyung Pak et à l’Université de et l’Ensemble Matheus. Ses engagements Karlsruhe avec Roland Herman. Elle récents à l’opéra l’ont menée à La s’est produite à la Staatsoper Unter den Monnaie de Bruxelles (Dorinda dans Linden et à la Deutsche Oper de Berlin, Orlando de Haendel sous la direction à l’Opéra de Francfort, à la Staatsoper de René Jacobs), à la Staatsoper de de Hambourg, à l’Opéra National de Berlin au Schillertheater (Poppea dans Paris (Euridice dans Orfeo de Gluck sous Agrippina de Haendel) ou encore au la direction de Thomas Hengelbrock), Holland Festival (Dorinda sous la direction à la Staatstheater de Stuttgart (Ilia dans de René Jacobs). Elle a également incarné Idoménée, Susanna dans Les Noces de Figaro Dorinda à Rennes, Brest, Versailles et et Constance dans Dialogues des carmélites au Théâtre du Capitole de Toulouse de Poulenc sous la direction de Manfred (Jean-Christophe Spinosi, Ensemble Honeck), à l’Opéra National de Corée Matheus). Au concert, elle se produit (Adina dans L’Élixir d’Amour de Donizetti dans de nombreuses villes d’Europe et et Ilia sous la direction de Myung-Whun des États-Unis, dans un répertoire allant Chung), au Palais des Arts de Budapest de Haendel à Mahler en passant par (Zerlina dans Don Giovanni sous la direction Mozart et Brahms. Avec Philippe d’Iván Fischer) ou encore au Theater Herreweghe et l’Orchestre des Champs- an der Wien (La Finta Giardiniera de Élysées et le Collegium Vocale de Gand, 25
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