GEORGE ORWELL, ANIMAL FARM : A FAIRY STORY LA FERME DES ANIMAUX
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TABLE DES MATIÈRES GEORGE ORWELL, ANIMAL FARM : A FAIRY STORY (LA FERME DES ANIMAUX)...........................................................................................1 I. L’auteur de La Ferme des animaux..............................................................................2 1. Sa biographie..................................................................................................................2 2. Sa bibliographie..............................................................................................................3 II. L’œuvre...........................................................................................................................4 1. Résumé...........................................................................................................................4 2. Le Genre.........................................................................................................................7 Un récit merveilleux...........................................................................................................................7 Une fable (ou un apologue*) politique...............................................................................................8 Une contre-utopie (ou dystopie*).......................................................................................................8 Un roman satirique.............................................................................................................................8 3. Le récit de l’échec d’une révolution...............................................................................8 Une belle idée : l’utopie de l’animalisme...........................................................................................9 De l’utopie à la contre-utopie.............................................................................................................9 Une fin qui nous ramène au début....................................................................................................11 4. Une sévère critique du totalitarisme.............................................................................12 Le règne de la terreur........................................................................................................................12 La propagande..................................................................................................................................13 La justice injuste...............................................................................................................................15 5. La satire de la révolution russe et du stalinisme...........................................................15 Les personnages................................................................................................................................16 Les lieux............................................................................................................................................17 Les événements.................................................................................................................................18 Les idées et les symboles..................................................................................................................19 III. Approfondissements et perspectives.........................................................................19 1. Adaptations...................................................................................................................19 Au cinéma.........................................................................................................................................19 En musique.......................................................................................................................................20 2. Quelques premières de couverture ou affiches.............................................................20 IV. Lexique........................................................................................................................21 Histoire des arts – classe de troisième – 2012-2013 – Collège F. Truffaut 1
I. L’auteur de La Ferme des animaux 1. Sa biographie George Orwell est un écrivain anglais, né dans les Indes britanniques (une colonie anglaise correspondant à l’actuel Bangladesh)) en 1903 et mort à Londres en 1950. Il fait ses études – d’abord brillantes puis médiocres – en Angleterre où il est retourné dès 1904. À 19 ans, il s’engage dans la police impériale birmane. De plus en plus critique à l’égard du colonialisme*1 britannique et de la violence avec laquelle il maintient la Birmanie dans une situation de dépendance économique, Orwell donne sa démission en 1927. Cette expérience lui inspirera le récit Une histoire birmane, dans lequel le héros affirme ainsi : « Le fonctionnaire maintient le Birman à terre pendant que l’homme d’affaires lui fait les poches. » De retour en Angleterre, il dit vouloir se consacrer désormais à l’écriture. Pendant cette période, enchaînant les petits boulots, il rencontre des difficultés financières et partage la vie de vagabonds et de clochards entre Londres et Paris. Il connaît alors des soucis de santé liés à ses conditions de vie. De cette époque, il tirera la matière d’un livre intitulé La Vache Enragée ou Dans la dèche à Paris et à Londres, publié sous le pseudonyme de George Orwell en 1933. Vers 1934, alors qu’il va à la rencontre des mineurs du nord de l’Angleterre pour l’écriture d’un livre, Orwell se sent de plus en plus proche de la cause socialiste, qui lui paraît la seule solution face à la misère et à l’injustice sociale dont souffre le prolétariat*. Cette conviction se traduit par son engagement dans la guerre d’Espagne, en 1936, aux côté des républicains opposés à Franco, un militaire qui tente de prendre le pouvoir par la force. Blessé à la gorge, il est contraint de retourner en Angleterre en 1937. Il continuera le combat avec sa plume. En effet, comme il l’écrit en 1946, à partir de ce moment-là, de son son retour d’Espagne, « tout ce [qu’il] a écrit de sérieux […] a été écrit directement ou indirectement, et jusque dans la moindre ligne, contre le totalitarisme* et pour le socialisme démocratique*. » Bien qu’il ait d’abord été opposé à la guerre, il regrette ensuite que sa santé 1 Tous les mots suivis d’un astérisque sont définis dans le lexique à la fin du dossier p. 21. 2 Histoire des arts – classe de troisième – 2012-2013 – Collège F. Truffaut
l’empêche de s’engager dans le conflit mondial de 1939-1945. Pendant cette période, il travaille pour la BBC et publie des articles de presse. C’est en 1943 qu’il commence la rédaction de La Ferme des animaux, qui paraîtra en 1945. Dans les années d’après guerre, outre son travail d’écrivain – il commence en 1945 la rédaction de 1984 – il poursuit son engagement politique, notamment comme journaliste. Gravement malade de la tuberculose, il meurt à Londres en janvier 1950. 2. Sa bibliographie Les principales œuvres de George Orwell sont : - Down and Out in London and Paris (Dans la dèche à Paris et à Londres), 1933 : dans ce récit autobiographique, Orwell nous raconte la vie de travailleur pauvre et de vagabond qu’il a connue vers 1927-1933 ; il y décrit ainsi les conditions de vie de tous ces hommes qui ne possèdent plus rien ou presque (exploitation dans les petits boulots, alcoolisme, faim, maladies...). - Burnese days (Une Histoire birmane), 1934 : c’est le premier roman d’Orwell ; il s’inspire fortement de son expérience dans la police britannique en Birmanie ; cette œuvre présente un tableau peu reluisant du colonialisme britannique en Birmanie. - The Road to Wigan Pier (Le Quai de Wigan), 1937 : il s’agit d’un essai dans lequel Orwell décrit les conditions de vie extrêmement difficiles des classes ouvrières dans le nord de l’Angleterre, en particulier celles des mineurs. Orwell y développe également sa vision politique d’alors. - Homage to Catalonia (Hommage à la Catalogne), 1938 : dans ce récit, Orwell raconte son engagement aux côtés des républicains pendant la guerre d’Espagne. - Animal farm (La Ferme des animaux), 1945 : ce récit est une fable politique dans laquelle, à travers la révolution menée par des animaux Histoire des arts – classe de troisième – 2012-2013 – Collège F. Truffaut 3
dans une ferme, Orwell fait la satire* de la de la Révolution russe et du stalinisme dont elle a accouché. - 1984, 1949 : c’est le plus célèbre roman de Orwell ; dans cette œuvre d’anticipation, Orwell imagine le monde en 1984, monde dans lequel, après une guerre mondiale, un régime totalitaire s’est mis en place en Angleterre, dirigé par Big brother. II. L’œuvre 1. Résumé2 Un soir, les animaux de la Ferme du Manoir sont convoqués dans la grange par Sage l’Ancien, le plus vieux cochon de la ferme. L’animal leur fait part de son rêve de la veille, décrivant un monde débarrassé de la race humaine ; leur laissant entrevoir les nombreux avantages dont les animaux pourraient profiter (travailler dignement et non plus en esclaves, avoir des loisirs, vivre plus longtemps, etc...), il exhorte tous les animaux à se soulever contre le fermier, M. Jones, l’unique source de tous leurs problèmes, tout en entonnant un chant révolutionnaire tout droit sorti de son rêve et intitulé Bêtes d’Angleterre. Trois jours plus tard, Sage l’Ancien meurt dans son sommeil. Illustration de Ralph Steadman Par chance, la révolution a lieu plus tôt et plus facilement que prévu. Un soir, après une journée bien remplie, le manque de nourriture fait éclater la colère des animaux. Dans un moment de fureur, ils attaquent M. Jones et ses ouvriers agricoles puis les chassent de la ferme. Arrachée aux mains de ses propriétaires, elle est renommée Ferme des Animaux. Les nouveaux dirigeants sont vite désignés en regard de leur intelligence supérieure : les cochons Napoléon et Boule de neige, tous deux secondés par Brille-Babil, goret excellant dans l’art du 2 Librement adapté du résumé disponible sur le site Wikipédia. 4 Histoire des arts – classe de troisième – 2012-2013 – Collège F. Truffaut
discours. Tous trois élaborent un système philosophique qui régira désormais la vie de la ferme : l’animalisme*. Peu après, ils réunissent les animaux dans la grange et inscrivent sur le mur les sept grands principes de cette idéologie* : – « Tout ce qui se tient sur deux pattes est un ennemi sauf les volatiles. – Tout ce qui se tient sur quatre pattes est un ami. – Nul animal ne portera de vêtements. – Nul animal ne dormira dans un lit. – Nul animal ne boira d’alcool. – Nul animal ne tuera un autre animal. – Tous les animaux sont égaux. » Les cochons ont en effet appris à écrire à partir d’un vieil abécédaire des enfants Jones. Tous les animaux apprennent ensuite à lire quelques lettres, quelques mots ou couramment selon leur capacité. Les animaux entament peu après la fenaison. Boule de neige se montre très actif, répartissant les animaux en commissions. Napoléon, en revanche ne fait pas grand chose, si ce n’est enlever des chiots à leurs mères pour les éduquer. Un jour, M. Jones, accompagné d’autres fermiers, tente de reprendre la ferme ; mais les animaux, en particulier Boule de neige et le cheval Malabar, se battent avec courage et les repoussent. Tous deux sont décorés pour leur bravoure dans cet affrontement, qui prend le nom Illustration de Ralph Steadman de Bataille de l’étable. Quelques semaines plus tard, Boule de neige a l’idée de créer un moulin à vent sur la colline pour générer de l’électricité et alléger le travail des animaux. Napoléon s’oppose catégoriquement à ce projet – selon lui inutile – et tente donc de rallier les animaux à sa cause. Mais le charisme de Boule de neige a raison du caractère rude de son adversaire. Sentant que Boule de Neige l’emporte dans le débat, Napoléon envoie alors sur lui les chiens qu’il avait élevés en cachette, devenus de solides molosses. Boule de neige est alors chassé de la ferme. Histoire des arts – classe de troisième – 2012-2013 – Collège F. Truffaut 5
Napoléon annonce alors que Boule de neige n’était rien d’autre qu’un traître tentant par tous les moyens de les mener à leur perte, puis il déclare qu’on construira bel et bien le moulin, qui était en fait une de ses idées. Napoléon supprime également l’assemblée hebdomadaire qui permettait de voter les décisions importantes et fait savoir que désormais toute question sera débattue par un comité de cochons qu’il dirigera en personne. Une dictature se met peu à peu en place ; comme elle se heurte aux sept commandements de l’animalisme, les cochons y opèrent nuitamment de subtiles modifications et convainquent les autres animaux que leur mémoire leur joue des tours (ainsi, le principe « Nul animal ne tuera un autre animal » devient « Nul animal ne tuera un autre animal sans raison valable » ; « Nul animal ne boira d’alcool » devient « Nul animal ne boira d’alcool à l’excès » ; « Nul animal ne dormira dans un lit » devient « Nul animal ne dormira dans un lit avec des draps »). Napoléon fait également savoir que le chant révolutionnaire Bêtes d’Angleterre est dorénavant interdit, tous les objectifs de leur soulèvement étant Illustration de Ralph Steadman atteints. Au fur et à mesure de cette évolution, Boule de neige est sans cesse tenu responsable de leurs malheurs : c’est le bouc-émissaire. Brille-Babil affirme même être en possession de documents secrets qui confirment que Boule de neige était bien l’agent de Jones depuis le début, sous le scepticisme cependant affirmé de Malabar. Pendant ce temps, la vie des autres animaux ne s’améliore pas, tandis que les cochons jouissent de nombreux privilèges (ils ont de plus grandes rations, le droit de se lever plus tard, ne participent pas aux corvées, etc.). Un jour, le courageux cheval Malabar, épuisé par la construction des deux moulins, tombe gravement malade. Brille-Babil vient s’enquérir de son sort puis déclare aux animaux que, sur ordre spécial du camarade Napoléon, Malabar va immédiatement être conduit à un hôpital où il pourra être soigné. En réalité 6 Histoire des arts – classe de troisième – 2012-2013 – Collège F. Truffaut
Malabar est envoyé à l’équarrissage, ce qui procure aux cochons l’argent pour s’acheter une caisse de whisky. Les cochons se mettent peu après à marcher sur leurs pattes de derrière, à porter les vêtements de Jones et à superviser les tâches un fouet à la patte ; et quand la jument Douce demande à l’âne Benjamin de lui relire les commandements inscrits sur le mur, il lui révèle qu’il n’en reste plus qu’un seul : « Tous les animaux sont égaux, mais certains le sont plus que d’autres. » Bientôt, les cochons renomment également la Ferme des Animaux en Ferme du Manoir, son appellation d’origine. Un soir, ils invitent les fermiers des alentours et se réconcilient avec eux, promettant d’entretenir dès lors des relations amicales et coopératives. Et les humains félicitent les cochons pour leur réussite : les bêtes de la Ferme Illustration de Ralph Steadman du Manoir arrivent à produire plus de travail que les leurs, sans rechigner, avec pourtant des rations alimentaires plus réduites. Mais le soir, alors qu’une dispute éclate entre humains et cochons dans la maison de Jones, les autres animaux s’approchent de la fenêtre pour voir ce qui se passe dans la maison : stupéfaits, ils constatent qu’il n’est plus possible de distinguer les cochons des hommes, qu’ils sont devenus identiques... 2. Le Genre Il est possible de rattacher cette œuvre originale à plusieurs genres littéraires. Un récit merveilleux D’après Orwell lui-même, qui a sous-titré son œuvre A fairy story, ce récit serait une histoire merveilleuse. Le fait qu’il mette en scène des animaux qui parlent et se comportent comme des humains va effectivement dans ce sens. De ce point de vue, on peut rattacher l’œuvre d’Orwell des contes traditionnels comme ceux Perrault ou de Grimm. Histoire des arts – classe de troisième – 2012-2013 – Collège F. Truffaut 7
Une fable (ou un apologue*) politique Dès lors qu’il s’agit d’un récit de fiction allégorique* (qui représente une chose par une autre), simple, assez bref et aboutissant à une leçon politique assez universelle, La Ferme des animaux peut aussi être considéré comme une fable politique (que l’on se souvienne des fables de La Fontaine). Ainsi Orwell choisit comme personnages des animaux pour amener les lecteurs à réfléchir sur eux-mêmes et sur la manière dont ils se gouvernent ; ce faisant, Orwell joue parfaitement avec les symboles que l’on associe généralement aux différents animaux de ferme : les moutons y figurent l’obéissance aveugle, les chevaux y figurent la force de travail domestiquée, les cochons y figurent l’engraissement (ils vivent sur le dos des autres animaux et leur confisquent leurs richesses – les tirelires n’ont-elles pas la forme de cochons ?) et la saleté (ils se salissent les mains, au sens propre, quand ils gouvernent)... Une contre-utopie (ou dystopie*) On peut également rapprocher La Ferme des animaux de ce genre littéraire qui se définit comme un récit de fiction présentant une société imaginaire idéale qui vire au cauchemar, comme une utopie* qui tourne mal. Et, de fait, les animaux se soulèvent bien au nom de l’utopie* de l’animalisme (qui promet à chaque animal la liberté, l’abondance et le bonheur) mais ce soulèvement aboutit au cauchemar de la dictature de Napoléon. Un roman satirique Enfin, dans la mesure où l’ensemble de l’œuvre est construit pour dénoncer par la moquerie, La Ferme des animaux doit aussi être considéré comme une œuvre satirique. Ainsi dénonce-t-elle, par la moquerie, les dirigeants de l’URSS – représentés comme des cochons – qui ont trahi leurs idéaux révolutionnaires et leurs promesses en devenant comme ceux qu’ils dénonçaient pourtant. Ainsi dénonce-t-elle également, toujours par la moquerie, le peuple des moutons capable de tout accepter sans jamais se rebeller contre les cochons, leurs nouveaux maîtres... 3. Le récit de l’échec d’une révolution La Ferme des animaux se révèle d’abord être le récit d’un échec politique, 8 Histoire des arts – classe de troisième – 2012-2013 – Collège F. Truffaut
celui de la tentative avortée de mise en place d’une société animale plus juste, plus égalitaire, plus heureuse. En effet, par leur soulèvement, loin de se libérer, les animaux ne feront en définitive que changer de maître ; d’abord sous la domination de l’homme (M. Jones), ils passeront sous celle des cochons (Napoléon et ses sbires) qu’il sera d’ailleurs presque impossible à la fin de distinguer des hommes tant ils seront devenus comme eux. Une belle idée : l’utopie de l’animalisme Au début du livre, le lecteur découvre la Ferme du Manoir, une ferme vieillotte, mal entretenue, en difficulté, dans laquelle les animaux sont exploités, mal nourris, maltraités, en un mot malheureux. C’est contre cette condition d’esclave que Sage l’ancien appelle à se révolter lorsqu’il raconte son rêve d’une société sans hommes pour confisquer le pouvoir et les richesses, dans laquelle les animaux profiteraient pleinement de ce qu’ils produiraient, dans laquelle ils mangeraient plus, se reposeraient plus, se Le drapeau divertiraient plus... Cette idéologie* – révolutionnaire en ce qu’elle ne peut s’imposer que par un soulèvement des animaux – donnera naissance à l’animalisme, après le soulèvement. Elle dessine les contours d’une utopie* dont la réunion nocturne dans la grange peut donner un premier aperçu : rassemblés, attentifs les uns aux autres, disposés sans distinction de rang, réunis dans l’écoute du discours de Sage l’ancien, les animaux semblent alors former cette société égalitaire et heureuse que leur promet le vieux cochon. Le soulèvement va rendre possible la concrétisation de ce rêve. De l’utopie à la contre-utopie Malheureusement, les choses vont très vite mal tourner. Dans un premier temps, tout semble pourtant aller pour le mieux. La Ferme du Manoir, devenue Ferme des Animaux, connaît en effet une période plutôt heureuse qui semble correspondre aux préceptes de l’animalisme tels qu’écrits par les cochons sur le mur de la grange : « Tout ce qui se tient sur deux pattes est un ennemi sauf les volatiles. Tout ce qui se tient sur quatre pattes est un ami. Nul animal ne portera de vêtements. Histoire des arts – classe de troisième – 2012-2013 – Collège F. Truffaut 9
Nul animal ne dormira dans un lit. Nul animal ne boira d’alcool. Nul animal ne tuera un autre animal. Tous les animaux sont égaux. » Il s’agit alors clairement de construire une société radicalement différente de celle que les hommes (M. Jones) avaient mise en place, d’où la volonté d’adopter un comportement à l’opposé de celui du fermier (pas de vêtements, pas de lit, pas d’alcool). Politiquement, cette nouvelle ferme forme une sorte de république* animalière – avec son hymne, Bêtes d’Angleterre, et son drapeau – dans laquelle les cochons sont les représentants du peuple de la ferme : bien qu’organisant la vie au quotidien, ils ne tiennent leur pouvoir que des autres animaux et ne peuvent prendre aucune décision importante sans qu’elle soit votée lors de l’Assemblée hebdomadaire du dimanche. Économiquement, les choses semblent plutôt bien se présenter : travail et richesse paraissent dans l’ensemble se répartir plutôt équitablement ; la récolte est bonne et, globalement (même si certains comme Lubie préfèrent partir) les animaux mangent mieux, travaillent moins et sont plus heureux parce que plus libres. À ce stade, l’utopie de l’animalisme n’est pas loin de se réaliser. Mais c’est sans compter sur les cochons qui, sous l’autorité féroce de Napoléon, vont progressivement confisquer le pouvoir au point de faire de la république des animaux une véritable dictature* des cochons. Dès le début, des indices annonçaient ce glissement ; ainsi, le lait qui disparaît au profit des cochons dès la fin du chapitre 2. Pourtant, c’est à partir du départ de Boule de Neige que les choses changent Illustration de Ralph Steadman radicalement : Napoléon, assisté des neuf molosses qu’il a élevés pour lui servir de bras armé, prend le pouvoir en chassant son principal opposant et en supprimant l’Assemblée qui permettait aux animaux de co-diriger la ferme. Désormais, le pouvoir n’appartenant plus qu’à un comité de cochons dirigé par Napoléon, la ferme est devenue une dictature. La suite de l’œuvre ne témoigne plus alors que du lent détournement des principes initiaux de l’animalisme, d’ailleurs réécrits au sens propre par Boule de 10 Histoire des arts – classe de troisième – 2012-2013 – Collège F. Truffaut
Neige pour s’accorder au nouveau régime (voir le résumé) : il deviendra alors possible pour les cochons, et seulement pour eux (ce qui contredit le principe d’égalité entre animaux), de dormir dans un lit, de tuer d’autres animaux, de boire de l’alcool, de porter des vêtements, etc. Une fin qui nous ramène au début... Des cochons aux hommes, il n’y a alors plus qu’un pas : comme les hommes, les cochons habillés exploitent les animaux de la ferme, portant le fouet à la main et déambulant sur deux pattes ; comme les hommes, ils sont devenus totalement improductifs mais font travailler les autres à leur place ; comme les hommes, ils accaparent toutes les richesses produites par les animaux et ne leur laissent que le minimum vital ; comme les hommes, ils n’hésitent pas à régner par la terreur ; comme les hommes, ils sont devenus manipulateurs, menteurs... La scène, à la fin, où sous le regard effaré des animaux de la ferme, les cochons paraissent ne plus pouvoir être distingués des humains et où Napoléon et M. Pilkington sont pris en flagrant délit de tricherie illustre parfaitement ce retour au début... D’ailleurs, la modification du slogan révolutionnaire « Quatrepattes, oui ! « Deuxpattes, non ! » Images du animé Animal farm en « Quatrepattes, bon ! Deuxpattes, mieux ! » atteste bien de cette modification du rapport des cochons aux hommes ; de contre-modèles, ces derniers sont bel et bien devenus un modèle à imiter. Ainsi les animaux de la ferme ont été trahis par les cochons qui les ont ramenés à leur statut d’esclaves exploités du début. Comme au début, le seul bonheur qui leur est désormais accessible est celui que leur promet Moïse le corbeau, animal à la solde de M. Jones qui est d’ailleurs revenu dans la ferme : la montagne Sucrandi, sorte de paradis que les animaux atteindront après leur mort, comme une récompense pour leur vie de souffrances. C’est certainement Malabar qui, dans le récit, incarne le mieux le sacrifice inutile des animaux ainsi que la trahison de leurs espoirs : après avoir travaillé sans relâche (il se lève plus tôt que les autres et vient travailler la nuit ; son Histoire des arts – classe de troisième – 2012-2013 – Collège F. Truffaut 11
premier précepte de vie est : « Je vais travailler plus dur »), après avoir placé une aveugle confiance en Napoléon (il ne se départira par de son second précepte de vie : « Napoléon ne se trompe jamais »), il finira par littéralement mourir à la tâche et sera pourtant récompensé par les cochons de la Illustration de Ralph Steadman plus indigne manière : alors que Brille-Babil prétend l’envoyer par ordre express de Napoléon dans un hôpital pour lui donner des soins, ils le vendent à un équarrisseur et achètent avec l’argent une caisse de whisky... Orwell, par cette œuvre pessimiste, semble nous dire que tout cela n’a servi à rien, qu’après tous ces efforts, ces privations, ces souffrances, les animaux n’ont finalement pas avancer d’un pouce par rapport au point de départ. Pourtant, il ne faut assurément pas voir dans La Ferme des animaux une condamnation de tout engagement politique, de toute volonté d’améliorer le monde, mais plutôt une mise en garde contre les promesses trop belles et une critique des totalitarismes auxquels elles peuvent donner naissance. 4. Une sévère critique du totalitarisme Un régime totalitaire*, comme celui mis en place par les cochons, aspire non seulement à concentrer l’ensemble des pouvoirs entre les griffes des dirigeants mais également à faire en sorte que chaque membre de la société soit d’accord – ou du moins le paraisse – avec cette organisation politique. Pour s’assurer de ce consentement explicite ou implicite de tous, les cochons, comme dans tout système totalitaire, s’appuient principalement sur deux piliers : la terreur et la propagande*. Le règne de la terreur À l’image de tous les totalitarismes, la société animalière mise en place par Napoléon et ses complices se fonde avant tout sur la terreur qu’ils inspirent au peuple des animaux. C’est par cette peur que ce régime porcin se maintient ; c’est parce que les animaux craignent de subir la violence du pouvoir des cochons qu’ils obéissent sans discuter. 12 Histoire des arts – classe de troisième – 2012-2013 – Collège F. Truffaut
L’instrument essentiel de cette peur est incarné par les neuf chiens élevés en secret par Napoléon dans le but de lui servir de force armée. Véritable organe de surveillance en même temps que de répression policière ou militaire, ces molosses inspirent une peur bleue à l’ensemble des animaux de la ferme. Escortant en permanence Napoléon, ils en font un être presque intouchable. Il n’y a guère que les chevaux comme Malabar qui puissent leur tenir tête, comme lorsqu’ils l’attaquent pour le punir de contester le discours officiel sur la traîtrise de Boule de Neige. Dès lors qu’ils risquent la mise à mort à la moindre contestation, à la moindre désobéissance, les animaux préfèrent obéir, suivre les ordres et se taire, assurant ainsi la force et l’avenir du régime en place. De ce point de vue aussi, les cochons rejoignent parfaitement les hommes qui se font craindre à l’aide de leurs chiens et de leurs fouets, deux instruments Image du dessin animé Animal farm que Napoléon reprend rapidement à son compte. La propagande L’autre pilier du régime réside dans le langage. C’est parce que, à l’inverse des autres animaux, les cochons maîtrisent le langage écrit qu’ils vont pouvoir accaparer le pouvoir ; c’est parce qu’ils maîtrisent le langage oral qu’ils vont pouvoir en faire un moyen de propagande. En ce sens, le langage est bel et bien une arme politique ; c’est ce que démontre l’œuvre La Ferme des animaux, c’est aussi d’ailleurs la raison de son existence – c’est parce qu’il croyait en l’efficacité de la parole qu’Orwell a écrit ce livre. Il est animal qui concentre à lui seul l’essentiel de la critique contre la propagande dans le récit ; il s’agit bien sûr de Brille-Babil, dont le nom même évoque cette capacité de tromper l’autre par le langage. En effet, il est celui qui, par la force de conviction et de séduction de sa parole, parvient à justifier les actions les moins défendables de Napoléon : dans sa bouche, le putsch* de Napoléon devient un sacrifice de soi au profit du peuple des animaux ; dans ses propos, les contradictions de Napoléon (ne pas construire / construire le moulin, faire affaire avec M. Frederick ou avec M. Pilkington, etc.) deviennent d’habiles stratégies... Histoire des arts – classe de troisième – 2012-2013 – Collège F. Truffaut 13
Cette propagande s’appuie également sur un véritable culte de la personnalité*, qui consiste à faire croire que le peuple adore son chef. Ce culte de la personnalité se construit notamment par les arts (ainsi le cochon Minimus écrit des hymnes en l’honneur de Napoléon), par le langage (p. 101, Napoléon est désigné par des surnoms qui montrent tous bien sa mégalomanie), par le cérémonial qui l’entoure (Napoléon se montre rarement et toujours encadré de ses chiens, il s’attribue des médailles, les animaux doivent défiler devant lui, etc.). Ainsi, Napoléon est gratifié de qualités qu’il est loin de posséder en réalité. Boule de Neige, comme toute propagande, est capable de mentir sur le présent mais aussi de faire mentir le passé en réécrivant, en falsifiant l’histoire des animaux et de leur soulèvement : par exemple, il n’hésite pas à réécrire les principes fondateurs de l’animalisme puis à tout simplement les effacer ; il n’hésite pas non plus à réécrire au gré des événements (on compte pas moins de quatre versions différentes) le récit de la bataille de l’Étable, pour faire de Boule de Neige un traître ayant mené l’offensive des humains contre la ferme alors même qu’il est celui qui a courageusement repoussé cette offensive et a été récompensé pour cela. Faire mentir les événements, leur donner une signification contraire voire les inventer si besoin est (les preuves écrites de la trahison de Boule de Neige que les autres animaux pourraient lire... s’ils savaient lire), voilà autant de techniques de propagande, de manipulation des individus. Et Image du dessin animé Animal farm paradoxalement, l’énormité des mensonges avancés par les cochons, outre le sourire qu’elle provoque chez le lecteur, souligne la terrible efficacité et, par-là, l’immense danger de la propagande. S’appuyant sur les émotions (l’espoir d’un avenir meilleur, la peur de voir le retour de M. Jones) plutôt que sur le raisonnement, la propagande se montre tout à fait capable de détourner la colère du peuple (parce qu’il travaille trop, parce qu’il a faim, parce qu’il est malheureux) des vrais responsables (les cochons qui s’engraissent sur le dos des autres animaux) vers des boucs émissaires (Boule de 14 Histoire des arts – classe de troisième – 2012-2013 – Collège F. Truffaut
Neige qui, traître à la cause, devient le responsable de tous les maux, même des plus insignifiants) ; pire, la propagande s’avère même capable de faire des responsables du malheur des animaux (Napoléon) les seuls remparts susceptibles de protéger la ferme des ennemis intérieurs ou extérieurs : en effet, qui d’autre que Napoléon semble, d’après Brille-Babil, pouvoir protéger les animaux contre les plans diaboliques de Boule de Neige ? Cette efficacité de la propagande peut d’ailleurs aussi expliquer en partie pourquoi des animaux se dénoncent eux-même lors du simulacre de procès que l’on trouve dans le chapitre VII : la crainte de l’ennemi intérieur, cultivée par les cochons, devient telle qu’elle met en place une paranoïa généralisée, certains arrivant à se percevoir eux-mêmes comme des traîtres dangereux à la moindre incartade... La justice injuste La société mise en place par Napoléon fonctionne selon un système judiciaire fondamentalement injuste, qui n’est que le simulacre* d’une véritable justice. On en a un exemple lors du jugement et de l’exécution immédiate des soi- disant traîtres dans la cour de la ferme. Ce passage a le mérite de mettre en évidence la terreur qu’inspire Napoléon par la violence de ce qui est un véritable massacre ; il illustre aussi parfaitement la propagande qui soutient le pouvoir en faisant du chef le seul rempart contre Boule de Neige et de ses complices. Enfin, ce passage rappelle évidemment les détournements de la justice, fréquents dans les pays totalitaires. En effet, dans ce type de régime, organiser de faux procès dans lesquels des individus avouent sous la torture avoir commis les crimes les plus épouvantables contre l’état permet en même temps de se débarrasser de dangereux opposants – les cochons mis à mort par Napoléon sont ceux qui avaient grogné contre la décision de supprimer l’Assemblée – et d’effrayer le peuple persuadé alors que l’ennemi est partout, peut-être même sous son propre toit. 5. La satire de la révolution russe et du stalinisme L’ensemble du récit de La Ferme des animaux peut se lire comme une allégorie* critique de l’histoire de L’URSS depuis la révolution de 1917 jusqu’à la consolidation du pouvoir stalinien dans l’après-guerre. Par ce texte, Orwell Histoire des arts – classe de troisième – 2012-2013 – Collège F. Truffaut 15
dénonce vigoureusement en s’en moquant le totalitarisme stalinien. Ce roman est donc ce que l’on appelle une œuvre à clefs, c’est-à-dire une œuvre mettant en scène des personnages et des faits réels en les déguisant ; tout le jeu consiste alors pour un lecteur ayant une bonne connaissance de l’histoire de l’URSS à retrouver les innombrables correspondances qui parcourent l’œuvre. En voici les principales. Illustration de Ralph Steadman Les personnages Personnages du roman Caractéristiques Personnages historiques M. Jones Propriétaire de la ferme en Le tsar Nicolas II de Russie, difficultés ; alcoolique, il ne chassé du pouvoir en 1917. s’occupe plus de sa ferme et maltraite ses animaux. M. Pilkington Propriétaire de la ferme de Il représente Churchill, et Foxwood. Foxwood l’Angleterre. M. Frederick Propriétaire de la ferme de Il représente Hitler, et Pinchfield. Pinchfield l’Allemagne nazie. Sage l’ancien Un vieux cochon écouté des Karl Marx, théoricien du autres animaux. Son discours communisme*. les poussera à se rebeller. Napoléon Un cochon autoritaire qui Staline, qui met en place et met en place un régime dirige un régime totalitaire totalitaire*. en URSS de 1929 à 1953. Boule de Neige Un cochon intelligent ; après Trotsky, dirigeant avoir été chassé, il sera communiste qui s’opposera à considéré comme un traître. Staline et se fera finalement chassé puis assassiné par lui. Brille-Babil Un cochon au service de La Pravda, journal officiel 16 Histoire des arts – classe de troisième – 2012-2013 – Collège F. Truffaut
Napoléon ; beau parleur, il du parti communiste ; plus est capable de faire croire généralement, la n’importe quoi. propagande* au service du pouvoir. Malabar Un cheval pas très malin Stakhanov, un mineur mais très travailleur, qui a montré en exemple pour son une confiance aveugle en travail acharné (la Napoléon. propagande autour de cet ouvrier s’appelle le Stakhanovisme*) Lubie Une jument coquette qui fuit Les gens qui ont fui l’URSS la ferme après le après la Révolution de 1917. soulèvement. Moïse Un corbeau, animal à la L’église orthodoxe russe, et solde de M. Jones qui la religion en général. affirme qu’il existe un paradis des animaux où ils vont après leur mort. Minimus Un jeune cochon, qui Les artistes qui se sont mis devient le poète officiel de au service de Staline Napoléon Bejnamin Un vieil âne peu bavard et George Orwell lui-même, sceptique ; dès le début, il qui s’est opposé semble savoir comment les vigoureusement au choses vont se finir. stalinisme. Les espèces Les groupes historiques Les hommes La bourgeoisie et plus largement les capitalistes. Les cochons Les dirigeants du parti communiste Les chiens La police politique qui faisait régner la terreur. Les moutons Les masses que l’on peut manipuler. Les lieux Les lieux dans l’œuvre Les lieux réels La ferme du Manoir / Ferme des Animaux L’empire russe / l’URSS Histoire des arts – classe de troisième – 2012-2013 – Collège F. Truffaut 17
La maison de M. Jones Le Kremlin La ferme de Pinchfield L’Allemagne La Ferme de Foxwood L’Empire Britannique, « vaste exploitation mal tenue et vieux jeu ». Les événements Événements du roman Événements historiques Le soulèvement des animaux permettant La Révolution de 1917 permettant l’avènement de l’animalisme. d’instaurer le communisme en Russie. Le départ de Lubie. L’émigration à partir de 1917 de ceux qui n’étaient pas favorables au communisme. La Bataille de l’Étable. La guerre opposant les russes blancs (adversaires du communisme) et les russes rouges (partisans du communisme). Le départ de Boule de neige, chassé par Le départ de Trotski, chassé par Staline. Napoléon. La construction et la destruction du Moulin Les plans quinquennaux (qui durent cinq à vent. ans) qui, à partir de 1928, fixent des objectifs de production et qui se soldent par des échecs. La reprise des relations commerciales avec La Nouvelle Politique Économique qui les fermes du voisinage. autorise les échanges économiques de l’URSS avec les pays voisins à partir de 1921. Les exécutions des traîtres dans la cour de la Les Grands procès de Moscou de 1929, au ferme. cours desquels Staline se débarrasse de ses opposants. M. Frederick conclut en secret un pacte Signature du pacte germano-soviétique : avec les cochons (vente de bois) ; mais il c’est un accord de non agression signé entre trahit ce pacte (faux billets) et tente Hitler et Staline en 1939 ; il sera trahi par d’envahir la Ferme des animaux. Hitler qui tentera d’envahir l’URSS en 1941. La Bataille du Moulin à vent L’URSS repousse l’offensive des armées hitlériennes. 18 Histoire des arts – classe de troisième – 2012-2013 – Collège F. Truffaut
Les idées et les symboles L’animalisme : idéologie qui défend une Le communisme : idéologie qui défend une juste répartition du travail et des richesses, juste répartition du travail et des richesses, l’égalité entre les animaux, etc. l’égalité entre les individus, etc. L’appellation « camarade ». Le communisme a imposé ce mot à la place de monsieur. Le drapeau de la Ferme des Animaux, avec Le drapeau de l’URSS, avec un marteau et une corne et un sabot représentant l’alliance une faucille représentant l’alliance des des animaux. paysans et des ouvriers. La chanson révolutionnaire Bêtes La chanson révolutionnaire d’Angleterre L’Internationale Les surnoms donnés à Napoléon comme Les surnoms donnés à Staline comme « le « père de tous les animaux ». petit père des peuples ». III. Approfondissements et perspectives 1. Adaptations Au cinéma - La Ferme des animaux de John Halas et Joy Batchelor est une adaptation en dessin animé de l’œuvre d’Orwell, sortie en 1954. Il s’agit d’un dessin animé non destiné aux enfants, qui reprend fidèlement la dénonciation du totalitarisme développée par Orwell. Notons cependant qu’il se termine de manière plus optimiste puisqu’à la fin les animaux, aidés des fermes avoisinantes, chassent le dictateur pour reprendre en main leur destin. - La Ferme des animaux de John Stephenson est un téléfilm américain sorti en 1999, qui reprend le récit d’Orwell. Il n’a pas rencontré un très grand succès. Histoire des arts – classe de troisième – 2012-2013 – Collège F. Truffaut 19
En musique - Animals est un album du groupe Pink Floyd paru en 1977, qui s’est inspiré du livre d’Orwell. Ainsi le disque dénonce une société divisée en classes (les cochons qui profitent des autres, les chiens qui les aident et les moutons qui sont exploités) ; c’était une façon de critiquer indirectement Margaret Tatcher qui dirigeait alors la Grande-Bretagne ; d’ailleurs la pochette représente une usine qui risquait la fermeture à cause sa politique économique. 2. Quelques premières de couverture ou affiches 20 Histoire des arts – classe de troisième – 2012-2013 – Collège F. Truffaut
IV. Lexique Allégorie : représentation d’une chose par une autre (par exemple, Staline représenté sous les traits du cochon Napoléon). Animalisme : idéologie inventée par Orwell qui défend l’égalité entre les animaux et plaide pour une société sans hommes dans laquelle travail et richesses seraient répartis équitablement. Apologue : petit récit qui débouche sur une leçon. Colonialisme : doctrine qui justifie la prise de pouvoir d’un état sur des territoires placés hors de ses frontières. Communisme : idéologie qui défend une société égalitaire, dans laquelle la propriété privée n’existerait plus. Culte de la personnalité : mise en scène de l’adoration du chef dans les régimes totalitaires. Dictature : organisation politique dans laquelle tous les pouvoirs appartiennent à une seule personne ou à un groupe de personnes. Dystopie : Utopie qui tourne au cauchemar. Idéologie : ensemble cohérent d’idées, de croyances et de doctrines Histoire des arts – classe de troisième – 2012-2013 – Collège F. Truffaut 21
philosophiques, religieuses, politiques, économiques, sociales, propre à une époque, une société, un groupe d’individus ; elle détermine les choix qu’ils font pour organiser leur existence. Prolétariat : la classe ouvrière, par opposition à la classe bourgeoise. Propagande : la propagande, au sens moderne du mot, désigne la désinformation mise au service d’une cause politique ou d’intérêts particuliers (elle s’appuie sur la manipulation des émotions au détriment du raisonnement). Putsch : coup d’état (prise du pouvoir) par la force des armes. République : forme d’organisation politique dans laquelle le pouvoir appartient au peuple qui l’exerce directement ou par l’intermédiaire de représentants. Satire : une œuvre dont l’objectif est de faire la critique moqueuse de son sujet. Simulacre : se dit d’une apparence qui prétend être la réalité (par exemple, un simulacre de justice n’a que l’apparence de la justice). Socialisme démocratique : idéologie politique qui pense que les principes du communisme peuvent être compatibles avec les principes démocratiques. Stakhanovisme : propagande faisant l’éloge des travailleurs très productifs et dévoués à leur travail. Totalitarisme : régime politique dans lequel tout est fait pour obtenir l’adhésion de la population ; à cette fin, l’État s’immisce dans tous les domaines de la vie sociale, y compris dans la vie privée des individus, pour éliminer toute idée de résistance (à l’aide du contrôle des médias, de la surveillance policière, de la propagande). Utopie : modèle de société idéale. Illustration de Ralph Steadman 22 Histoire des arts – classe de troisième – 2012-2013 – Collège F. Truffaut
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