Bischofsmord im Mittelalter Murder of Bishops - Vandenhoeck & Ruprecht

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    Bischofsmord im Mittelalter
         Murder of Bishops

                 Herausgegeben             von
                             Edited by

       Natalie Fryde und Dirk Reitz

                     Mit 10 Abbildungen

       Vandenhoeck & Ruprecht
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La double mort de l'évêque de Liège
                         Frédéric de Namur ct 1121)

                                                  par

                                     JEAN-LoUIS KUPPER

                                                  »C'est pour ou contre un
                                                   saint que tout combat se livre«.
                                                   VICTOR HUGO,      La légende des siècles, XVII.

    Frédéric de Namur fut évêque de Liège du mois d'avril1119 jusqu'à sa mort
    survenue le 27 mai 11211• Son bref épiscopat - deux ans à peine - ne manque
    toutefois pas d'intérêt et a fait l'objet d'un texte remarquable: -la Vita Fride-
    rici episcopi Leodiensis- (BHL 3151).

                                     De la race des Namur

    Frédéric est né aux alentours de 1070. Il était le fils du comte Albert III de
    Namur rt 1102) et d'une certaine Ide, veuve de Frédéric de Luxembourg qui
    avait été duc de Basse-Lotharingie de 1046 à 1065.
      Frédéric, le futur évêque; appartient à une lignée prestigieuse - celle des
    Namur - race de souehe carolingienne, qui le sait et le proclame bien haut,
    une race qui a pour vocation, dans la première moitié du XIIe siècle, de do-
    miner tout l'espace de la Meuse moyenne et d'exercer la fonction ducale en

        I Pour toutes références bibliographiques cf. notre ouvrage Liège et l'Eglise impériale, Xle_

    XIIe siècles, Paris 1981 (Bibliothèque de la Faculté de Philosophie et Lettres de l'Université de
    Liège, Fase. CCXXVIII), p.145-153; Idem, Leodium (Liège/Luik), dans Series episcoporum
    Ecclesiae catholicae occidentalis, Series V, Germania, t. I, Archiepiscopatus Coloniensis, éd.
    S. WEINFURTER & O. ENGELS, Stuttgart 1982, p. 75-76; l'actualisation de la bibliographie dans les
    notices que nous avons rédigées sur les évêques de Liège dans le Lexikon des Mittelalters et, ré-
    cemment, l'ouvrage collectif Liège. Autour de l'an mil, la naissance d'une principauté (xe-XII"
    siècle) Liège 2000.

L
160                                 JEAN-LoUIS    KUPPER

Basse-Lotharingieê,   c'est-à-dire de maintenir la paix, - l'ordre public, - au
nom du roi de Germanie, dans le vaste espace qui s'étire depuis l'Escaut jus-
qu'au Rhin. Albert III de Namur, père de Frédéric, exercera effectivement,
de 1076 à 1087, les fonctions de vice-duc de Basse-Lotharingie, en lieu et
place de Conrad, fils de l'empereur Henri N3• C'est donc bien dans la logi-
que même de la politique mosane et lotharingienne de son puissant lignage
que Frédéric de Namur, destiné à une carrière ecclésiastique, fait ses études
dans les toujours célèbres écoles de Liège, devient chanoine de la cathédrale
Saint-Lambert de Liège puis, entre 1092 et 1095, s'empare des fonctions
d'archidiacre et de grand-prévôt de Liège. Dès ce moment il devient, après
l'évêque lui-même, le premier personnage du diocèse mosan.
   A la mort de l'évêque Otbert, le 31 janvier 1119, Frédéric de Namur appa-
raît, tout naturellement, comme le candidat désigné à la succession. Mais il
se heurte à un adversaire redoutable, l'archidiacre Alexandre. Ce personnage
d'origine obscure était intellectuellement très brillant. Mais il était aussi dé-
voré d'une incommensurable ambition.

      Une élection épiscopale tapageuse en des temps mouvementés

Le »corps électoral« se déchire, à savoir l'assemblée du clerus et populus, qui
a pour mission de choisir le nouvel évêque. Ce »clergé et ce peuple«, dans la
réalité, rassemble les principaux dignitaires ecclésiastiques et laïcs du diocèse.
   Or, en 1119, la Querelle des Investitures touche à sa fin. Nous sommes à
la veille du fameux Concordat de Worms de 1122, point final de cette inter-
minable guerre qui, depuis 1075, avait violemment opposé le pape et l'em-
pereur sur la question de la nomination des évêques". Dans ce climat de »fin
de guerre«, l'élection épiscopale liégeoise prenait donc une allure particuliè-
rement dramatique.

   2 G.DEsPY, La fonction ducale en Lotharingie puis en Basse-Lotharingie de 900 à 1100, in:

Revue du Nord, t.XLVIII, 1966, p.l07-109; Idem, Les actes des dues de Basse-Lotharingie du
XIe siècle, dans: La Maison d'Ardenne xe_XIe siècles. Actes des Journées Lotharingiennes, 24-
26 octobre 1980, Luxembourg (Publications de la Section Historique de l'Institut Grand-Ducal
de Luxembourg, t.XCV) 1981, p.65-132;J.-LKuPPER, Liège et l'Eglise impériale, Paris 1981
p.464-470; M. WERNER,Der Herzog von Lothringen in salischer Zeit, dans: Die Salier und das
Reich, t. I, Salier, Adel und Reichsverfassung, éd. S.WEINFURTER          & H. KLUGER,Sigmaringen
1991, pp. 367-473.
   J W. MOHR, Geschichte des Herzogtums Lothringen, t. II, Saarbrücken 1976, pp. 63-69.

   4 Contre l'avis du pape, qui brandissait les foudres de l'excommunication, l'empereur enten-

dait bien se réserver cette nomination qu'il tenait, avec raison, pour un »droit« dont l'exercice
était indispensable à la stabilité, voire à la survie de l'Etat germanique.
La double mort de l'évêque de Liège Frédéric de Namur       (t 1121)   161

    Deux partis se constituent, qu'on pourrait, en simplifiant, présenter de la
 façon suivante. Les Frederini ou »Frédérins« sont bien évidemment les parti-
 sans de Frédéric de Namur. Leur fer de lance est le comte Godefroid de Na-
 mur (t 1139), frère de l'évêque. Ils forment le »parti pontifical; qui défend le
 principe de l'élection canonique clero et populo. Ils sont également soutenus
 par l'archevêque de Cologne, métropolitain de Liège, Frédéric de Schwar-
 zenbourg. L'archevêque Frédéric de Cologne, personnage habile au parcours
 politique sinueux, défend, aux alentours de 1119, les intérêts du pape et ac-
 corde par conséquent son appui aux Frédérins.
    Les Alexandrini ou »Alexandrins«, partisans de l'archidiacre Alexandre,
 sont quant à eux soutenus par le due de Basse-Lotharingie Godefroid de
 Louvain. Ils représentent le »parti impérial«,
    Les deux partis incarnent l'un et l'autre une conception différente de l'élec-
 tion épiscopale. Ces deux conceptions, diamétralement opposées, apparais-
 sent nettement dans les »procédures« qui seront suivies par les deux compéti-
teurs. Alexandre, fort de l'appui d'une partie de l'électorat, se rend chez l'em-
pereur pour recevoir de ses mains les régales - c'est-à-dire tout le temporel -
de l'évêché de Liège. Il est investi directement de son évêché par Henri V.
Frédéric, quant à lui, est élu clero et populo par une assemblée réunie à Colo-
gne en avril 1119 puis, trait significatif, l'archevêque renonce exceptionnelle-
ment à son droit de consécration et adresse l'élu de Liège au pape lui-même
qui séjourne alors dans le royaume de France. Le 26 octobre 1119 Frédéric
de Namur est consacré des mains mêmes du pape Calixte II. Par ce geste
ostentatoire et symbolique, l'évêque de Liège Frédéric devient le principal re-
présentant du parti pontifical en Basse-Lotharingie.
    Une fois élu et consacré, Frédéric, aidé par ses partisans, doit prendre pos-
session de son évêché manu militari. Les opérations militaires qui, comme
toutes les guerres de l'époque, font plutôt songer à de la guérilla, avec son
cortège d'incendies et de pillages, comportent deux épisodes majeurs: la prise
de la forteresse épiscopale de Huy sur Meuse, où se sont retranchés les Ale-
xandrins, et la défense de la cité épiscopale de Liège, solidement tenue par
les Frédérins.
   Toutes ces opérations se soldent par la victoire des Frédérins. Comme le
note l'auteur de la Vita Friderici, l'évêque - entendez: le véritable évêque -
»uni à sonfrère [Godefroid de Namur] résiste,avec sang/roid etfermeté, aux
assauts répétés et violents [de ses adversaires] et, par la grâce de Dieu, triomphe
dans une victoire totale«. Vaincus sur le terrain militaire, les Alexandrins ne
désarment pas. Ils parviennent à corrompre un des échansons 5 de l'évêque

  5   Ce pincerna est sans doute un sous-ordre du bouteiller épiscopal.
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qui empoisonne son maître: Frédéric de Namur, torturé par d'atroces souf-
frances, passe de vie à trépas le 27 mai 1121.
   Sans insister sur la suite des événements politiques, on observera qu'on at-
tendit visiblement la conclusion du Concordat de Worms (23 septembre
1122) pour choisir le successeur de Frédéric de Namur, qui fut Albéron de
Louvain, primicier de l'Eglise cathédrale de Metz mais, surtout, frère du due
Godefroid de Basse-Lotharingie. Les Alexandrins l'emportaient donc, mais
au prix d'une importante concession: dès le 2 septembre 1121, une année
avant le Concordat de Worms, ils avaient, en présence de l'archevêque de
Cologne, forcé leur chef de file, Alexandre, à renoncer à toute prétention sur
l'évêché de Liège. Conformément aux dispositions du Concordat de Worms,
Albéron 1er de Louvain fut élu clero et populo, puis investi des régales par
l'empereur et enfin consacré par l'archevêque de Cologne (1122-1123).

                      La »Vita Friderici episcopi Leodiensis«

La »Vita Friderici episcopi Leodiensis« (BHL 3151) a été rédigée, selon
nous, entre 1139 et 1145. L'auteur identifié avec le moine Nizon de Saint-
Laurent de Liège", est bien évidemment un chaud partisan de Frédéric de
Namur.
   Le but de la Vita est, du reste, évident: la Vie de Frédéric est un document
hagiographique qui consigne soigneusement les »vertus« de l'évêque. Les in-
tentions du texte sont très claires: »décemer à l'évêque Frédéric, victime d'Ale-
xandre, la palme du martyre«7 et faire en sorte que Frédéric soit élevé sur les
autels. Cette Vie fut écrite par un homme de très haute culture, un intellec-
tuel de premier plan, héritier des traditions scolaires du diocèse de Liège qui,
au XIIe siècle, comportent encore de très prestigieuses survivancesê, L'auteur
maîtrise parfaitement la langue latine et connaît remarquablement ses classi-

    • Ed. W.WAlTENBACH,MGH, SS, t.XII, pp. SDI-50S; S.Balau, Les sources de l'histoire de
Liège au Moyen Age, Bruxelles 1903, pp.349-3S0. - Les termini chronologiques sont, d'une
part, la mort du comte Godefroid de Namur ct 1139) et, d'autre part, la mort de l'évêque A1bé-
ron II (t 1145). Dans la .Vita« Frédéric apparaît comme l'ami des moines. Nous comptons reve-
nir sur ce sujet dans une étude ultérieure.
    7 Ed. DEMOREAU,Les derniers temps de la Querelle des Investitures à Liège. De la mort de

Henri IV au Concordat de Wonns (1106-1122), dans: Bulletin de la Commission Royale d'His-
toire, t.C, 1936, pp. 322-324, 348.
    • J. STlENNON,Des Vies de saints au rayonnement des écoles liégeoises. Une culture qui donne
et qui reçoit, dans: (La) Wallonie. Le pays et les hommes. Lettres, arts, culture (sous la direction
de R.LEJEUNE lie]. STlENNON),t. l, Bruxelles 1977, p.77-97; CHR.RENARDY,       Les écolesliégeoises
du IX" au XII" siècle: grandes lignes de leur évolution, in: Revue Belge de Philologie et d'His-
La double mort de l'évêque de Liège Frédéric de Namur                (t 1121)          163

ques. Nizon a voulu rédiger un chef d'œuvre de littérature en l'honneur de
son héros",

                           Un épiscopat digne d'un martyre

Après un prologue dans lequelle »pasteur saint Frédéric« est présenté comme
la »lumière de l'élection canonique»; comme »un juste [qui mérite amplement]
la couronne du martyre«, l'auteur expose ensuite les circonstances de l'électi-
on du successeur de l'évêque Otbert, le rôle d'Alexandre, »homme brillant par
son intelligence et sa science, obscur par son ambition», le rôle de l'empereur
Henri V, »rejeton impie qui, à l'exemple d'Absalon, a chassé son père et a usurpé
le royaume«10, évoque la simonie d'Alexandre qui »achète le sacerdocepour la
somme de 7000 livres d'argent« 11. Surgit également, d'on ne sait où, un »ana-
chorète, revêtu de peaux de chèvres, les cheveux long, la barbe prolixe, rempli de
poils partout«12 qui fait savoir, au cas où on ne l'aurait pas encore compris,
que Frédéric est l'»élu du Selgneur«, qu'il est un »homme foit entièrement de
sagesse et de oertus«, qu'il est l'image du bon pasteur, qu' »après sa mort le
Seigneur fera, par lui, des miracles pour proclamer sa sainteté et sa dignité«. Suit
le récit de l'élection proprement dite, à Cologne, qui porte sur le trône de
saint Lambert, grâce à l'inspiration de l'Esprit Saint, le seigneur Frédéric,
»homme selon le cœur de Dieu«.
   Le paragraphe suivant évoque les origines de Frédéric, qui est »issu de la
race insigne de Pépin et de Charlemagne              13   et qui est né sur le lieu prestigieux de

toire, t. LVII 1979, pp. 309-328; J.-L KUPPER, Liège et l'Eglise impériale, pp. 375-381 (avec bi-
bliographie ).
    , Le texte est pétri d'allusions diverses, de citations et de références. il va de soi que le survol
qui suit n'en reprendra que quelques unes, chaque fois traduites et citées entre guillemets.
    10 Sur ces allégations de l'auteur, nos articles: Le culte des reliques de l'empereur Henri IV en

1106, dans Le Temps des Saliens en Lotharingie (1014-1125). Colloque de Malmedy, 12-1.
septembre 1991, Malmedy, 1993, p.17-30 et Dans quelle église de Liège le corps de l'empereur
Henri IV fut-il déposé en 1106?, in: Bulletin de la Société royale Le Vieux Liège, t. XIII, nO266
(1994) pp.I ....-lS0.
    II 3500kg d'argent. En 1096, l'évêque de Liège Otbert avait acheté au duc Godefroid son

château de Bouillon pour la somme de 1300 marcs soit 300kg d'argent fin. Les 3500 kg corres-
pondent peut-être aux revenus de l'évêché pendant un an, conformément au calcul du ..relief«
féodal. il est possible, bien évidemment, que le montant de la somme ait été volontairement exa-
géré par l'auteur: plus celle-ci était élevée, plus la simonie devait apparaître comme scandaleuse!
    Il La comparaison biblique avecJean-Baptiste,        le Précurseur qui annonce le Christ, est mani-
feste. Trois étonnantes représentations de l'Anachorète figurent sur le pourtour de la cuve bap-
tismale de Notre-Dame, à Liège, coulée entre 1107 et 1118 (if. info" note 16).
    U Topos hagiographique bien mis en évidence par L GENICOT,..Discordiae concordantium«.
164                                   JEAN-LoUIS    KUPPER

 Namur«. Son lignage est »[ameux et insigne par les armes guerrières»; Frédéric,
troisième fils du due Albert et »adorateur de la Trinitée'", étudie à Liège les
 »arts libéraux«, devient chanoine de la cathédrale puis archidiacre et grand-
prévôt. Il décide alors, conformément aux pratiques ascétiques de ce temps,
de partir en Terre Sainte et de visiter pieusement Jérusalem et les Lieux-
 Saints.
   Puis l'auteur revient à son récit de l'élection épiscopale, faite, répète-t-il,
»à Cologne par la sentence de tout le clergé et de tout le peuplee, Une fois élu,
Frédéric se rend à Reims auprès du souverain pontife qui se charge person-
nellement de l'oindre du saint chrême, geste hautement symbolique qui fait
de Frédéric une sorte de champion du Sacerdoce.
   Ensuite l'évêque, élu et consacré, rentre à Liège, »sa patrie«15 et, tout
comme Jésus le jour des Rameaux, pénètre dans la cité, »pieds nus«, accueilli
par les habitants de la ville, reçu par le clergé et acclamé par le peuple.
   L'enthousiasme est de courte durée. Les Alexandrins s'emparent du castel-
lum de Huy, la principale forteresse de l'évêché. Les termes utilisés par Ni-
zon de Saint-Laurent sont très significatifs: Alexandre et ses comparses ont
»perturbé la paix- (pace turbata). L'allusion est évidente: il s'agit bel et bien
de la »paix de Dieu- dont l'évêque de Liège, depuis 1081, est le haut respon-
sable dans toute l'étendue de son vaste diocèse!".
   La réaction de l'évêque légitime ne se fait pas attendre: aidé par son frère
Godefroid de Namur, il va au devant de l'ennemi. Les deux frères, écrit Ni-
zon, deviennent »le mur de la maison du Seigneur- et les »princes de la milice
de l'armée du Seigneur- (principes militiae exercitus Domini). C'est une vérita-
ble guerre sainte que les Frédérins lancent contre les Alexandrins; elle s'achè-
vera par le »triomphe- des Frédérins: »gratia Dei per omnia victoria trium-
phans«17.

Sur l'intérêt des textes hagiographiques, Bulletin de la Classe des Lettres et des Sciences Morales
et Politiques de l'Académie Royale de Belgique, 5e série, t.L1 (1965) pp.65-75; Idem, Etudes
sur les principautés lotharingiennes, Louvain 1975 (UCl, 6· série, fasc. 7).
    14 Sur l'importance du culte de la Trinité dans le diocèse de liège, voir FL.CLOSE,In nomine

sanctae et individuae Trinitatis. Le culte de la Trinité, dans: Liège. Autour de l'an mil, pp. 111-
113.
    IS Sur cette expression cf. Ph.GEORGE, Vies & Miracles de saint Domitien, évêque de Ton-

gres-Maastricht (535-549) dans: Analecta Bollandiana t. CIl!, (1985) P- 316.
    16 A. JORIS,Observations sur la proclamation de la Trêve de Dieu à liège à la fin du X~ siè-

cle, Recueils de la Societé Jean Bodin, t. XN (1962) pp. 503-545; J.- L. KUPPER, liège et l'Eglise
impériale, pp. 457-463; bibliographie plus récente dans notre étude sur Les fonts baptismaux de
NI'égliseotre-Dame à liège, clans: Feuillets de la Cathedrale de liège n" 16-17, (1994).
   17 Sur les »triomphes« clessaints mosans, PH. GEORGE,liège. Autour de l'an mil, p.77-78.
La double mort de l'évêque de Liège Frédéric de Namur                  (t 1121)           165

                            Une mort horrible mais christique

  Les paragraphes suivants concernent la mort de Frédéric. Incapables de bat-
  tre l'évêque sur le terrain militaire, ses ennemis vont l'abattre de la façon la
  plus perverse qui soit: par le poison.
     Un des échansons de l'évêque est corrompu par une somme d'argent et
  réussit à faire absorber par Frédéric, à plusieurs reprises, une boisson abomi-
  nable. Les symptômes du mal sont abondamment décrits. Il faut voir dans
. cette description, qui ne nous épargne aucun détail, un intérêt incontestable
  de l'auteur pour la chose médicalel''; mais il y a aussi la volonté d'impression-
  ner le lecteur ou l'auditeur par la description des souffrances atroces - un
  martyre en fait19 - subies stoïquement par Frédéric de Namur qui, bien évi-
  demment, doit mériter sa sainteté. Il faut souffrir pour devenir saint.
     Les symptômes décrits sont, il est vrai, assez extraordinaires. Après qu'il
  eut absorbé le contenu de son premier »calice de la mort« (calix mortis), l'évê-
  que, brusquement affaibli, doit s'aliter. La seconde ration de poison aug-
  mente la douleur, provoque la perte de la vue: un œil se détache même de
  son orbite. Puis le malade se met à gonfler comme une outre (utris instar tensa
  vitalia), ses veines se dilatent, la respiration devient pénible et bruyante. Puis
  les intestins se rompent, la peau se déchire et laisse voir les os.
     Bien sûr Frédéric supporte ce mal épouvantable avec dignité et pardonne à
  ses ennemis avant de rendre l'âme à Dieu le vendredi 27 mai 1121, le jour-
  même, écrit Nizon, »où le monde a été rachetépar le sang du Fils de Dieu«20.
  L'évêque, ici comme dans d'autres passages, est assimilé au Christ lui-
   A     21
  meme .

     II Comme ce fut le cas, par exemple, aux alentours de l'an mil, chez le moine Richer de

 Reims, »passionné de médecine«, cf. J. ROVINSKI,Une vocation médicale au X" siècle: le moine
 Richer, in: Razo. Cahiers du Centre d'études mediévales de Nice, t, IV (1984) pp.3-8. En fait,
 Nizon de Saint-Laurent se livre à un véritable exercice de sémiologie! Sur le médecin médiéval,
 assimilé à un »prophète«, c'est-à-dire à un praticien qui »puisse juger non seulement du présent,
 mais aussi du passé et du futur«, qui »connaisse la maladie et ses circonstances», qui ..tache quel en
 est le fonds ou la cause, qu'enfin il reconnaisse, à travers les symptômes, quelle en sera l'issue, c'est-à-
 dire la mort ou la guérison», (HUGUESDEFOUILLOY,          chanoine de Saint-Laurent-aux-Bois, près de
 Corbie, De medicina animae [1125-1132]), voir D. LE BLEVEC,            Le corps et ses fonctions, vus par
 les moines (Xlf" siècle), ibid., p. 9-24, traduction citée p.19.
     19 Certains hagiographes n'hésitent pas à transformer en martyrs de simples confesseurs, cf.

 G. PHILIPPART,   Les légendiers latins et autres manuscrits hagiographiques, Turnhout 1977, p.63.
     10 Le 27 mai 1121 est le vendredi de la Pentecôte.

     II C'est évidemment un topes hagiographique,          en particulier en pays mosan. Les exemples
 abondent: on pense à saint Lambert bien sûr (extensa brachia in cruce, Vita antiquissima Landi-
 berti, c. 17) mais aussi à saint Mengold, second patron de la ville de Huy (Cf. PH. GEORGE,No-
166                                      JEAN-loUIS      KUPPER

   La description de la mort de Frédéric, d'un point de vue purement médi-
cal, ne manque pas d'intérêt. On y retrouve, en réalité, tous les symptômes
de cette maladie bien connue que l'on appelle le »feu sacré« ou le »Mal des
ardents«, Cette affection, dont le nom scientifique est ergotisme gangreneux
et convulsif, est d'origine alimentaire. Elle résulte de la consommation de sei-
gle ergoté, c'est-à-dire de seigle atteint par un champignon (claviceps purpu-
rea) popularisé sous le nom d'ergot22• Les symptômes de cette maladie af-
freuse sont une sensation insupportable de brûlure dans le corps tout entier,
l'affaiblissement général, des vertiges, des douleurs violentes à la tête et aux
reins, le délire, des abcès, et enfin la gangrène des extrémités des membres,
des bras ou des jambes qui pouvaient devenir noir comme du charbon et se
détacher du corps.
   Frédéric de Namur serait-il, pour autant, la banale victime de l'ergotisme?
   Pas nécessairement: l'hypothèse de l'empoisonnement ne doit pas être ex-
clue23. On pouvait provoquer une forme particulièrement aigüe et impres-
sionnante de l'ergotisme en administrant à sa victime de fortes doses d'ergot

ble, chevalier, pénitent, martyr. L'idéal de sainteté d'après une Vita mosane du XIIe siècle, in: Le
Moyen Age 1983, p.376-377). L'assassinat de Burchard de Halberstadt en 1088 est interprété
comme un martyre par l'Annalista Saxo qui se conforme au modèle de saint Lambert s'abandon-
nant les bras en croix à la volonté divine: R. KAISER,Évêques expulsés, évêques assassinés aux
XIe et XIIe siècles, in: Le Temps des Saliens, p.72.
     21 Sur l'ergotisme, voir notamment:      Th. Henkelmann, Brand, in: Lexikon des Mittelalters,
t. II, 3, Munich-Zurich 1982, col. 549-550; P. DILG, Mutterkorn, Ibid., t. VI,5, 1992, col. 976;
P.A., Sigal, L'homme et le miracle dans la France médiévale (XIe-XII" siècle), Paris 1985,
p. 249-251; CL.BILLEN,R. ZEEBROEK        & M. POPULER,Du feu Saint-Antoine au L. S. D. in: Effets
et méfaits de l'ergot de seigle, dans: Une vie de pain. Faire, penser et dire le pain en Europe, éd.
CL.MACHEREL       & R. ZEEBROEK,  Bruxelles 1994, pp. 101-tl 0; A. MARCHANDISSE,           L'ordre de Saint-
Antoine en Hainaut et »L'Homme à l'œillet- de la Gemäldegalerie de Berlin. Quelques prolégo-
mènes provisoires, in: Liber amicorum Raphaël De Smedt, Louvain 2001, pp.ll7-Bl,                         part.
pp. 117-119 .:
     Zl Sur l'usage du poison au Moyen Age: F.-J. KUHLEN,Gift, dans: Lexikon des Mittelalters,

t.1V, 7, Munich-Zurich 1988, coI.1446-1447. - »Le crime de poison, geste meurtrier sans violence
ni ejJùsion de sang dans une société de oiolences objectivant précisément le crime par le sang qui coule,
acte secret dans un univers de conflit ouoert« était placé au rang de pessimus homicida et ..lefoit que
les supports des poisons soient souvent le pain, le vin et l'eau [... /, soit les espèces eucharistiques et la
source de vie par excellence dans la civilisation chrétienne, ajoute à l'horreur d'un crime pervertissant
totalement les valeurs/ortes de cette civilisation et menaçant le bien public«. FR.COLLARD,          Horren-
dum Scelus. Recherehes sur le statut juridique du crime d'empoisonnement au Moyen Age, in:
Revue Historique, t.CCC 1998, pp. 737-764, en part. pp.738, 744, 757, 762. On ne peut que sa-
luer la pertinence de ces propos. Nous remercions Mr A. Marchandisse d'avoir attiré notre atten-
tion sur cet article important. - Sur I'ergopine et son utilisations pernicieux: M. POPULER,Aspects
historiques de l'intoxication par l'ergot de seigle et de son utilisations volontaire, in: Le seigle.
Histoire et ethnologie (Actes du colloque de Treignes, septembre 1992), éd J.-P. DEVROEY,                J.-J.
VANMOLet Cl. BILLEN,Bruxelles-Treignes 1995, pp. 175-209.
La double mort de l'évêquede LiègeFrédéricde Namur (t 1121)                            167

ou d'ergotine. Il est vraisemblable, en définitive, que Frédéric fut réellement
empoisonné par une préparation extraite de l'ergot de seigle, ce qui revient à
admettre que, dès le XIIe siècle, les »artistes« du poison étaient en mesure
d'isoler l'ergotine.

                Des funérailles de l'évêque au non-culte                   du saint

Nizon de Saint-Laurent évoque ensuite les obsèques de l'évêque, qui est en-
seveli, comme de coutume pour un ancien chanoine/", dans la cathédrale
Saint- Lambert.
   S'ensuit immédiatement le récit des multiples miracles qui s'opèrent, grâce
à l'intervention de Frédéric, sur son tombeau même. La relation des événe-
ments prend ici une tournure étrange. Nizon, en effet, note un épisode cu-
rieux. Au fil des ans, la réputation de sainteté de Frédéric de Namur se déve-
loppe. Les miracles se multiplient. Le peuple de Liège décide de créer une
»con.frérie« (jratemitas) afin de fonder un »luminaire« sur le tombeau du
saint25• Une somme d'argent est réunie. C'est alors qu'interviennent plusieurs
»clercs nobles« (clericorum nobiles), selon nous des chanoines de la cathédra-
le. Ils »affirment que cette initiative n'a rien de religieux» et qu'il conviendrait
d'utiliser l'argent recueilli pour réparer le pavement; ils ajoutent que ce der-
nier geste était susceptible de »plaire davantage à Dieu et au saint martyr
Lambert«, Selon le moine Nizon il y avait dans cette pseudo-initiative reli-
gieuse, la volonté d'empêcher le peuple de gratter sur le pavement détérioré
du tombeau la précieuse terre génératrice de miracles/".
   La réaction du Ciel ne se fit pas attendre. Dans les jours qui suivirent, sur
le tombeau même du saint, une jeune fille, les reins brisés, incapable de mar-
cher, se redressa brusquement sur ses jambes. Puis un enfant, aveugle de
naissance, fut »illuminé« (illuminavit). Tous ceux qui étaient présents rem-
plirent l'église d'une grande clameur, remerciant Dieu et le saint pontife Fré-

    24 Sur le lieu de sépulture des évêques de Liège, cf. notre ouvrage Liège et l'Eglise impériale,

pp. 302-307 et 497-507 et récemment Liège. Autour de l'an mil, p.31-32.
    25 C'est une habitude bien connue que cette fondation de luminaire sur un tombeau, comme

l'attestent, par exemple, les obituaires et les nécrologes.
    26 Sur ces rapports entre culture cléricale et culture populaire, cf. notre article Le culte des re-

liques de l'empereur, op. cit. Cette habitude de prélever des reliques représentatives autour des
tombeaux de saints est bien attestée dans nos régions; on en trouve de nombreux exemples dans
le dossier stavelotain, cf. PH. GEORGE, Les reliques de Stavelot-Malmedy. Nouveaux documents,
Malmedy 1989, et Sigal, homme et le miracle •••
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déric d'avoir rendu la vue à l'adolescent. Une fois encore les chanoines »rêsis-
 tèrent avec ténacitê«, prétextant qu'ils n'avaient pas pu voir l'infirme avant et
après sa guérison. Apparemment les chanoines de Saint-Lambert ont finale-
ment réussi à imposer leurs vues. Replacé dans ce contexte, la »Vita Frideri-
ci« de Nizon de Saint-Laurent ressemble à une tentative émouvante, méritoi-
re mais vaine, pour maintenir ou sauver le culte de saint Frédéric de Namur.
   Une note additionnelle, dans un des manuscrits de la Vita, retranscrit au
XV" siècle, observe que, malgré le grand nombre de miracles dont Dieu illus-
tra son tombeau, Frédéric relégué dans un coin de la cathédrale sombra pro-
gressivement dans l'oubli et déserta totalement la mémoire des hommes. En
d'autres termes, au XV" siècle, le culte de saint Frédéric était à ce point »af-
faibli« que l'on avait oublié jusqu'à l'emplacement de sa tombe.

                                 Lambert écrase Frédéric

 Comment expliquer cet échec, ou cette victoire posthume des Alexandrins?
    Rappelons que la »Vita Friderici« a été rédigée entre 1139 et 1145. Or,
 dans cette fourchette chronologique, se déroulent des événements impor-
tants, à notre point de vue en tout cas.
    En 1141 l'évêque de Liège Albéron II, par ailleurs apparenté aux Namur,
est par sa mère le neveu de saint Frédéric. II récupère, au tenue d'un siège fa-
meux, le château de Bouillon qui était tombé aux mains des ennemis de
l'Eglise de Liège. Or ce siège fut couronné de succès, du moins en était-on
persuadé, grâce à la présence physique, à Bouillon, des reliques de saint
Lambert/",
   Deux ans plus tard, en 1143, on procédait à une nouvelle élévation des re-
liques de saint Lambert et on les déposait dans une châsse neuve. Enfin, entre
1143 et 1147, le chanoine de Saint-Lambert Nicolas rédigeait une nouvelle
»Vita Landiberti-ê", dont le programme idéologique était étroitement lié à
l'ascension politique d'un chanoine de choc, Henri de Leez, archidiacre en
1141-1142, puis évêque en 1145. Cette »Vita Landiberti« exprime, avec
clarté, la volonté politique de rendre à l'Eglise de Liège, affaiblie par la
Querelle des Investitures, sa puissance et son prestige de jadis. Le renouveau

   27  CL GAlER,Grandes batailles de l'histoire liégeoise au Moyen Age, Liège 1980, pp. 35-45.
   21  R.ADAMa présenté à l'Université de Liège un mémoire de licence consacré à La »Vita Lan-
diberti« du chanoine Nicolas (ca. 1145) ••. 1999-2000, dont il a tiré deux articles qui paraîtront
sous peu dans Le Moyen Age et dans le Bulletin de l'Institut Archéologique Liégeois.
La double mort de l'évêquede LiègeFrédéric de Namur (t 1121)                     169

du culte de saint Lambert fut une des pièces maîtressesê" de ce programme et
de cette volonté politique. Il ne pouvait dès lors être question, à ce moment-
là, d'encourager de quelque manière que ce fût, le culte récent de Frédéric de
Namur.
   Tout devait être fait en fonction de saint Lambert; c'est autour de ses reli-
ques, et de ses seules reliques, que les énergies, en ce milieu du Xll" siècle,
devaient nécessairement se cristalliser. En d'autres termes, saint Lambert,
patron et propriétaire céleste de l'Eglise de Liège depuis le VIne siècle, mon-
trait une fois de plus qu'il n'appréciait pas la concurrence et qu'il entendait
rester le seul maître de son évêché et de sa cité30• Nizon, moine de Saint-Lau-
rent, n'avait aucune chance d'imposer ses vues au chanoine de Saint-Lambert
Henri de Leez et à l'équipe politique que ce dernier incarnait. Vers 1140, par
l'exaltation du martyr Lambert, les chanoines de la cathédrale ont voulu
ostensiblement placer leur confiance dans leur saint patron et dans la force
jaillissante de ses reliques. Ils ont voulu faire de lui le symbole d'une volonté
politique qui conduira d'ailleurs à d'étonnants résultats. Le règne de l'évêque
Henri de Leez, inauguré en 1145 et qui se prolongera jusqu'en 1164, fut,
avec celui de Notger (972-1008), l'un des plus grands du Moyen Age lié-
geois. Dans ce contexte politico-religieux, le culte de Frédéric de Namur
n'avait aucune chance de s'épanouir. Aussi bien devait-il, lentement, s'étioler
et s'enfoncer dans l'oubli. En 1151, à Andenne, en bordure de Meuse, l'évê-
 que de Liège Henri de Leez écrasait l'ost du comte Henri de Namur, fils de
 Godefroid de Namur et neveu de l'évêque Frédéric31• Par cette victoire, l'évê-
 que de Liège devenait la première personnalité politique - l'homme fort - de
 la Meuse moyenne. La principauté namuroise, quant à elle, était ravalée au
 rang de puissance de second ordre. Cette éclatante victoire, l'évêque de Liège
 la devait, une fois encore, au glorieux martyr Lambert dont les saintes reli-
 ques, ce jour-là, avaient été acheminées sur le champ de bataille.
    Saint Lambert en personne anéantissait par les armes spirituelles et tempo-
 relles le neveu de saint Frédéric. Décidément, Frédéric de Namur fut pour-

   29 Une   autre pièce pourrait être la clé de saint Hubert, cf. L MARTINOT,G. WEBER &;
PH. GEORGE,La clé de saint Hubert, Feuillets de la Cathédrale de Liège, n" 21-23 (1996).
   JO Parmi tous les saints vénérés dans la cathédrale de Liège, la préférence des chanoines pour

le culte de saint Lambert n'a pas lieu de surprendre. On peut même supposer que cette prédilec-
tion est à l'origine du déplacement du corps de saint Hubert, de la collégiale Saint-Pierre vers
l'Ardenne, en 825, en raison d'une concurrence trop forte avec le martyr Lambert, devenu depuis
peu le patron céleste de l'Eglise de Liège et de ses biens:J.-LKuPPER, Qui était saint Hubert? in:
Le culte de saint Hubert au pays de Liège, Bruxelles 1991, pp. 13-17; Idem, Saint Lambert: de
l'Histoire à la Legende, in: Revue d'Histoire Ecclesiastique, t. LXXIX (1984) p. 5-49.
    JI CL.GAlER,Les grandes batailles, pp. 47-54.
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suivi par le malheur. Au terme d'un épiscopat aussi bref que dramatique, il
serait mort empoisonné, dans d'atroces souffrances. Après sa mort, il perdit
presque tous les avantages de son martyre par une seconde mort, tout aussi
redoutable pour un saint: c'est sa mémoire, son souvenir, qui fut alors ass as-
siné32.

   J2 Surtout lorsque l'on sait l'importance pour l'homme du Moyen Age de l'entretien de sa

»mémoire«, dans une perspective de résurrection finale. Sur ce point, voir not. Memoria. Der
geschichtliche Zeugniswert des liturgischen Gedankens im Mittelalter, sous la direction de K.
ScHMID & J. WOLLASCH,     Münstersche Mittelalterschriften, t. XLVIII (1984). - Il m'est fort agré-
able d'adresser mes plus vifs remerciements à mon ami Philippe GEORGEdont l'aide, dans la mise
au point du présent article, me fut, une fois de plus, extrêmement précieuse.
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