Gravité Zéro Exposition / 6 Avril 2018 - 7 Octobre 2018 Dossier pédagogique enseignants
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Gravité Zéro Exposition / 6 Avril 2018 – 7 Octobre 2018 Dossier pédagogique enseignants Hélène Carbonell – Professeur chargée de mission – Académie de Toulouse 1 Les Abattoirs musée – FRAC Occitanie Toulouse Mars 2018
Gravité Zéro, un voyage dans l’espace... au premier étage des Abattoirs Après les expositions Anthropocène Monument (2013) et Suspended animation (2016), l’exploration des croisements entre les sciences et les arts plastiques se poursuit au musée des Abattoirs. Gravité Zéro (6 avril 2018 – 7 octobre 2018) est née d’une collaboration avec l'Observatoire de l'Espace du CNES. Cette exposition porte sur les explorations artistiques de l’aventure spatiale. Mythologies, hommages, parodies, engagement politique : comment les artistes se positionnent-ils face aux événements historiques et à l’actualité scientifique ? Quels champs d’investigation définissent-ils ? Bien avant que les hommes aient pu se rendre dans l’espace, les artistes et hommes de lettres l’ont exploré au moyen de leur imagination et de leur force de création. Si la science-fiction a souvent fait son sel de la vie au-delà de la Terre, cette exposition rassemble des œuvres qui prennent leur ancrage dans la réalité de l’exploration spatiale. Les artistes, chacun à leur manière, nous font redécouvrir l’histoire, les rêves et les déceptions liés à l’aventure spatiale, en s’appuyant sur les témoignages de scientifiques, ingénieurs, historiens ou bien encore astronautes, pour tenter de s’arracher à la gravité. La création artistique et l’exploration de l’espace se rejoignent au premier étage des Abattoirs, transformé en étage immersif. Réunissant près d’une trentaine d’œuvres, aussi bien historiques que récentes, réalisées par des artistes internationaux, cette exposition réunit pour la première fois les œuvres produites dans le cadre de la Nuit Blanche1 du CNES depuis 2014. Le visiteur découvrira notamment la première œuvre d’art, conçue par l’artiste Eduardo Kac, réalisée dans l’espace en gravité zéro grâce à la complicité du spationaute Thomas Pesquet : Télescope intérieur. !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! 1 https://www.paris.fr/nuitblanche15ans La nuit Blanche est un événement qui se tient à Paris chaque année au mois d’octobre. Du crépuscule aux premières lueurs du jour, le public est invité à découvrir, en plusieurs lieux, des œuvres et des spectacles.! Hélène Carbonell – Professeur chargée de mission – Académie de Toulouse 2 Les Abattoirs musée – FRAC Occitanie Toulouse Mars 2018
L’Observatoire de l’Espace du CNES2 confie sa Collection d’art contemporain aux Abattoirs, Musée – Frac Occitanie Toulouse Depuis le début des années 2000, l'Observatoire de l'Espace3 – le laboratoire arts- sciences du CNES (Centre National d’Études Spatiales) - a pour vocation de rendre l’espace accessible à chaque citoyen par d’autres moyens que la vulgarisation scientifique, et plus particulièrement par le soutien à la création dans le domaine des arts plastiques. Conduisant une réflexion sur les multiples manières dont l’espace influence nos sociétés et dans le cadre de son engagement en faveur de la création artistique, l’Observatoire de l’Espace a constitué une collection d’art contemporain. Elle est constituée d’œuvres créées spécifiquement à l’occasion d’expositions produites par l’Observatoire de l’Espace dans le cadre de Nuit Blanche4 depuis l’édition 2014. Ces créations aux formes multiples (sculpture, peinture, photographie, œuvre graphique ou sonore, vidéo, installation) sont commandées chaque année via un appel à projet public. À partir d’archives méconnues de l’aventure spatiale (pièces documentaires, éléments sonores ou audiovisuels, corpus photographique, patrimoine technique), les artistes sont invités à produire des œuvres autour d’un thème. La conservation et la valorisation de la collection d’art contemporain de l’Observatoire de l’Espace du CNES font l’objet d’un accord de partenariat avec les Abattoirs, Musée – FRAC Occitanie Toulouse. La mise en dépôt des œuvres aux Abattoirs est fixée pour une période de 5 ans renouvelable. Pour Gérard Azoulay, responsable de l’Observatoire de l’Espace du CNES, « cette décision de contribuer à l’enrichissement de la collection des Abattoirs est emblématique de notre action publique dans le domaine arts-sciences et elle renforce notre enracinement à Toulouse, non loin de là où l’aventure spatiale de demain se construit. » !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! 2 Centre National d’Etudes Spatiales : https://cnes.fr/fr ! 3 www.cnes-observatoire.fr Hélène Carbonell – Professeur chargée de mission – Académie de Toulouse 3 Les Abattoirs musée – FRAC Occitanie Toulouse Mars 2018
Ainsi, les œuvres produites pour le CNES, pourront, grâce à cette mise en dépôt, être intégrées aux expositions futures des Abattoirs, Musée – FRAC Occitanie Toulouse. Cette collection a vocation à croitre au fur et à mesure que des œuvres seront produites à différentes occasions par l’Observatoire de l’Espace du CNES. Hélène Carbonell – Professeur chargée de mission – Académie de Toulouse 4 Les Abattoirs musée – FRAC Occitanie Toulouse Mars 2018
Moon museum5 La première œuvre d’art sur la Lune serait une minuscule tuile en céramique apportée 6 par le LEM d’Apollo XII, à l’issue d’une aventure artistique américaine, en partie secrète, aujourd’hui dévoilée. Lors des Journées européennes du Patrimoine en septembre 2011 au CNES, le public a pu découvrir (à la loupe) cette œuvre de Forrest Myers. Moon Museum est une céramique gravée de six dessins d’Andy Warhol, Robert Rauschenberg, David Novros, John Chamberlain, Claes Oldenburg et Forrest Myers (par ordre de lecture dans le sens d’une aiguille d’une montre). Ce dernier dit avoir rêvé, depuis le premier Spoutnik, d’envoyer une œuvre d’art dans l’Espace. Membre en 1969 du collectif EAT (Experiments in Art & Technology) regroupant des personnalités du Laboratoire Bell et des artistes comme Robert Rauschenberg, il eut l’idée, après Apollo XI, d’embarquer sur la Lune un musée miniature des artistes représentatifs de l’art américain d’alors. Obtenir une telle miniaturisation des œuvres représentait à l’époque un défi technologique qui a mobilisé trois ingénieurs des Laboratoires Bell. L’un d’eux, Fred Waldhauer, était en contact avec John F., un ingénieur de Grumman Aircraft travaillant sur l’assemblage du module lunaire. John F. s’était engagé à placer l’élément à bord du LEM, il le confirma avec un télégramme le jour du lancement, adressé à Fred Waldhauer, puis retransmis à Forrest Myers : « Your on. A O K All systems are go. John F.». L’anonymat de “F.” perdure et l’œuvre attend toujours ses visiteurs sur la Lune. !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! 5 Article publié dans le Bulletin du CNES « Espace et patrimoine » n°14, juillet 2011. A retrouver en ligne à cette adresse : http://www.cnes-observatoire.fr/memoire/musee_patrim/patrimoine_bulletinsdispos.html# 6 Lunar Excursion Module (module d’exploration lunaire) Hélène Carbonell – Professeur chargée de mission – Académie de Toulouse 5 Les Abattoirs musée – FRAC Occitanie Toulouse Mars 2018
Paul Van Hoeydonck Fallen Astronaut7 Sculpture en aluminium, 8,5 cm, 1971 Il s’agit d’une sculpture qui a été réalisée par l'artiste belge Paul Van Hoeydonck8 à la suite de sa rencontre avec l'équipage d'Apollo 15 au début du mois de juin 1971. Cette statuette a trouvé une fonction trois semaines plus tard lorsque l'équipage, marqué par la mort de trois cosmonautes russes, a proposé à la NASA de s'en servir pour commémorer nominativement les astronautes et cosmonautes morts dans l’exercice de leur mission. Un certain nombre de consignes avaient été données à l'artiste : la sculpture devait être légère, solide, capable de supporter les variations de températures extrêmes à la surface lunaire ; elle ne devait pas permettre d'identifier en elle un homme ou une femme, ni aucun groupe ethnique. Fallen Astronaut fut déposée sur la Lune, sur le mont Hadley, le 1er Aout 1971 par l’équipage d’Appolo 15, près d'une plaque commémorative portant les noms de huit astronautes américains et de six cosmonautes soviétiques. !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! 7 Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Fallen_Astronaut 8 http://www.paulvanhoeydonck.com/biography.html Hélène Carbonell – Professeur chargée de mission – Académie de Toulouse 6 Les Abattoirs musée – FRAC Occitanie Toulouse Mars 2018
Dès que l'équipage d'Apollo 15 eut mentionné la statuette pendant une conférence de presse d'après-vol, le National Air and Space en réclama une copie pour l'exposer au public. L'équipage accepta sous la réserve que cette exposition fut « with good taste and without publicity » (c'est-à-dire « de bon goût et sans publicité »). La réplique de Fallen Astronaut fut présentée par Van Hoeydonck au musée en avril 1972, elle y est aujourd'hui exposée avec une réplique de la plaque commémorative. Après le dépôt de l'œuvre sur la Lune, Van Hoeydonck exprima son désaccord sur le nom donné à l'œuvre et regretta que la statuette ait été couchée et non mise debout comme il l'aurait souhaité. Hélène Carbonell – Professeur chargée de mission – Académie de Toulouse 7 Les Abattoirs musée – FRAC Occitanie Toulouse Mars 2018
Erwan Venn A la conquête de l’Espace Vidéo et composition sonore, durée 6 minutes 10 secondes, et 4 dessins encadrés (43 X 53 X 4 cm, 64 X 94 X 4 cm, 64 X 84 X 5 cm, 64 X 84 X 5 cm), 2015 Collection de l’Observatoire de l’Espace du CNES ! ! ! ! La démarche artistique d’Erwan Venn est fortement marquée par l’idée de ménager des expériences sensorielles pour le spectateur. Il nous offre la possibilité d’être assailli physiquement par l’œuvre. Sa démarche artistique repose sur la prééminence du « faire » sur le « dire ». Il réalise des choses, avec beaucoup de Hélène Carbonell – Professeur chargée de mission – Académie de Toulouse 8 Les Abattoirs musée – FRAC Occitanie Toulouse Mars 2018
spontanéité puis, une fois la réalisation achevée, il essaie de comprendre pourquoi elle est là, comment elle a émergé. Erwan Venn s’est inspiré d’un motif de papier peint des années 1960, et a remplacé les dessins décoratifs par des éléments techniques venant des archives du premier lanceur de satellite français Diamant et du premier satellite qu’il a mis en orbite, A1 en 1965. Avec une démarche proche de celle l’archiviste, l’artiste a collectionné des éléments divers, les a triés puis recombinés pour former des images et des sons en mutation perpétuelle. Il plonge le spectateur dans une expérience totale, grâce à deux écrans perpendiculaires dans lesquels notre regard est happé. Immergés dans les motifs qui se renouvellent en permanence, nous avons sous les yeux un kaléidoscope géant. Hélène Carbonell – Professeur chargée de mission – Académie de Toulouse 9 Les Abattoirs musée – FRAC Occitanie Toulouse Mars 2018
Simon Ripoll-Hurier Eingepflanzt Vidéo, images d’archives et composition sonore, 12 minutes, 2014 Collection de l’Observatoire de l’Espace du CNES Simon Ripoll-Hurier est un artiste qui s’intéresse à la matière sonore, mais également aux lieux, aux objets, aux systèmes en lien avec la production des sons. Le studio d’enregistrement, le laboratoire ou encore la salle de contrôle sont envisagés comme des espaces générateurs de récits. Simon Ripoll-Hurier a travaillé sur le fantasme de la communication instantanée véhiculée par les premières télécommunications par satellites. Il transpose ces questions dans le temps présent, en s’appuyant sur des images d’archives en lien avec le programme Symphonie (premier satellite de télécommunication européen lancé en 1973). Il transforme le projet initial en un programme fictionnel, voué à la conception d’un implant psychotronique ouvrant la voie aux échanges télépathiques. À partir des images vidéos issues des archives du programme, il sélectionne Hélène Carbonell – Professeur chargée de mission – Académie de Toulouse 10 Les Abattoirs musée – FRAC Occitanie Toulouse Mars 2018
minutieusement les plans de visages muets, d’espaces vides, de gens au travail parmi les câbles, et des écrans de contrôle, pour composer sa propre narration, son projet Eingepflanzt. Le film installe une atmosphère de science-fiction, où le moindre battement de paupières se transforme en signe d’un échange télépathique, accompagné de reproductions d’archives du programme Symphonie que l’artiste a métamorphosé en archives du programme Eingepflanzt. Simon Ripoll-Hurier explore ainsi, par analogie, la fascination pour le progrès technologique, symbole parfois angoissant du changement des rapports entre les êtres humains. La bande-son possède deux enregistrements distincts, présentés simultanément dans l’espace d’exposition. La composition sonore réalisée par l’artiste se superpose au son original issu du montage d’archive, diffusé à niveau très bas de façon à n’être entendu que lorsqu’on est à proximité directe des enceintes qui le diffusent. Hélène Carbonell – Professeur chargée de mission – Académie de Toulouse 11 Les Abattoirs musée – FRAC Occitanie Toulouse Mars 2018
Simon Zagari Projet Symphonie Vidéo d’animation, 4 minutes, 2014 Collection de l’Observatoire de l’Espace du CNES ! ! Dans une pratique presque rituelle, Simon Zagari noue des fils qui relient la réalité de la vie quotidienne à des histoires entièrement inventées, complètement farfelues. Profitant de la profusion d’images qui nous entoure, il s’adonne au plaisir de l’observation puis, dans un travail de retranscription du réel, propose d’improbables associations d’idées. Simon Zagari fabrique, construit, bricole, avec l’intention d’inventer un nouvel univers. Les archives du programme Symphonie (premier satellite de télécommunication européen lancé en 1973) deviennent un moyen d’accéder à une réalité historique pour en dénicher les zones d’ombre, qui serviront de support à la création artistique. Il imagine ainsi, à l’aide de marionnettes, une histoire parallèle à celle du programme. Un spationaute est mis au chômage par le programme satellitaire tandis que les ingénieurs de la salle de contrôle surveillent le bon déroulement du lancement. Bricolage de papier et de bouts de ficelle, cette Hélène Carbonell – Professeur chargée de mission – Académie de Toulouse 12 Les Abattoirs musée – FRAC Occitanie Toulouse Mars 2018
vidéo d’animation nous rappelle que, malgré la rigueur inhérente à un projet spatial, la dimension expérimentale en est l’ingrédient nécessaire, premier et incontournable. Hélène Carbonell – Professeur chargée de mission – Académie de Toulouse 13 Les Abattoirs musée – FRAC Occitanie Toulouse Mars 2018
Antoine Belot Un ballon qui dérive se fiche de savoir l’heure qu’il est Vidéo panoramique en images de synthèse, 16 minutes, 2017 Collection de l’Observatoire de l’Espace du CNES Antoine Belot est né en 1991. C’est un artiste qui joue avec nos sens, cherchant sans cesse, dans ses travaux, à perturber nos habitudes de perception. Il met en place des dispositifs interactifs immersifs proposant des expériences sensorielles. Ses expérimentations prennent appui sur un univers fictionnel. Pour nous convier dans ses images, Antoine Belot nous fait vivre des expériences spatio-temporelles, grâce à la mise en place d’un espace propice à la rêverie, constitué d’images en 3D. L'artiste donne aux objets de l'aventure spatiale une autre manière d'exister, les libérant des contraintes temporelles du réel. Cette vidéo est imaginée comme une projection panoramique immersive, sonore et visuelle. Le son est assez fort, de façon à conférer une présence «physique» à la vidéo. Certains passages contenant des basses fréquences sont prévus pour avoir un impact particulier sur le corps du spectateur. Hélène Carbonell – Professeur chargée de mission – Académie de Toulouse 14 Les Abattoirs musée – FRAC Occitanie Toulouse Mars 2018
Extrait de la revue Espace(s) n°15 (éditée par l’Observatoire du CNES, numéro dédié au thème de la légèreté) : Antoine Belot travaille sur les questions de simulation. Il s’est intéressé notamment aux techniques de réalité virtuelle avant de se focaliser sur l’animation en trois dimensions. Dans ses productions, il cherche à questionner l’emprise que peuvent avoir les mondes 3D fantasmés sur notre inconscient, leur part de séduction. L’espace 3D lui apparaît comme un endroit où les rêves tiennent et s’écroulent en même temps, étant crédibles en apparence mais dépourvus d’autonomie vis à vis du cadre qui leur est attribué. Là où ces mondes semblent être attirants, se dessine selon lui un autre rapport au vide et au temps, une autre vitesse propice à l’introspection et à la conscience. C’est un espace où peut s’opérer une certaine digestion des fantasmes, où s’entremêlent visions oniriques, mystiques et métaphysiques. (...) Antoine Belot fait un parallèle entre ce temps et celui des ballons stratosphériques avec sa vidéo panoramique Un ballon qui dérive se fiche de savoir l’heure qu’il est. Ces objets de la conquête spatiale, si on prend le temps de s’y identifier, proposent dans leur simple forme, une autre lecture de la manière d’exister dans un espace, dans des échelles de temps plus vastes. Ils incarnent une forme d’idéal de lâcher-prise. Faire corps avec ces différentes temporalités, c’est retrouver un état de rêve et d’enchantement.9 !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! 9 http://cnes-observatoire.net/actualites/actu2/130_laureats-revue-espaces-15/laureats-revue-espaces-15.html Hélène Carbonell – Professeur chargée de mission – Académie de Toulouse 15 Les Abattoirs musée – FRAC Occitanie Toulouse Mars 2018
Johan Decaix Projet Étoile Film documentaire, durée 22 minutes, 2017 Collection de l’Observatoire de l’Espace du CNES Johan Decaix est né en 1984. Les hétérotopies, espaces concrets qui hébergent l'imaginaire, comme les parcs d'attractions, les cabanes d'enfants ou bien encore les cimetières, sont ses lieux de prédilection. Le réel est un décor qu'il s'approprie et qu’il met en scène. Les légendes deviennent des anomalies du réel à prolonger, à réactiver. L'imaginaire collectif comme le cinéma ou l'imagerie de l'enfance deviennent un matériau. Que ce soit par la vidéo, la performance ou bien la sculpture, il s’adresse à l'enfant qui est en chacun de nous. Il nous offre la possibilité de croire à des choses fantastiques, nous permettant de décrocher du réel pour un instant. Hélène Carbonell – Professeur chargée de mission – Académie de Toulouse 16 Les Abattoirs musée – FRAC Occitanie Toulouse Mars 2018
Avec le Projet Etoile, Johan Decaix propose une aventure semi-utopique. Un homme essaie par ses propres moyens (limités et bricolés), de s’envoler en ballon stratosphérique pour prendre une photo de la terre depuis l’espace. Il construit lui- même sa station de lancement, se procure un ballon stratosphérique et organise une cérémonie de lancement autour de sa famille et des habitants d’un petit village. L'installation est composée de la vidéo documentaire relatant le projet, d’une vidéo montrant le bâtiment de lancement, d’une palissade avec sa guirlande, d’une tribune, d’une malle, et d’une maquette avec socle et palissade. Hélène Carbonell – Professeur chargée de mission – Académie de Toulouse 17 Les Abattoirs musée – FRAC Occitanie Toulouse Mars 2018
Bruno Petremann Du désert, Diamant s’en va Sculpture murale, techniques mixtes (panneau en résine polyester laquée, 129 X 87 X 30 cm et tube plein, 177 X 5 cm), 2015 Collection de l’Observatoire de l’Espace du CNES Les œuvres de Bruno Petremann sont souvent liées à l’exploration d’environnements inconnus. Il a notamment réalisé un projet d’utopie architecturale marine, des soucoupes « flottantes » destinées à dériver, de nombreux projets qui abordent les problématiques liées à l’enfermement dans une capsule et à l’exploration d’un milieu hostile. Avec cette œuvre intitulée Du désert, Diamant s’en va, Bruno Petremann s’est intéressé aux constructions hors normes (stations radars, antennes) de la base spatiale d’Hammaguir, construite en plein désert algérien et d’où s’est élevé le premier lanceur de satellite français, Diamant. Les archives de ce programme sont pour lui une source de récits sur la France des années 1960, période de Hélène Carbonell – Professeur chargée de mission – Académie de Toulouse 18 Les Abattoirs musée – FRAC Occitanie Toulouse Mars 2018
décolonisation. Il a utilisé une image du désert entourant la base d’Hammaguir, et a tenté de mettre en évidence le décalage frappant entre un environnement naturel sauvage et une technologie avancée. Les couleurs et les formes qu’il utilise pour transformer cette image sont inspirées du psychédélisme des années 1960-1970. Les frontières entre fiction et réalité deviennent floues, par la transformation de l’image d’archive en une œuvre fictionnelle. Hélène Carbonell – Professeur chargée de mission – Académie de Toulouse 19 Les Abattoirs musée – FRAC Occitanie Toulouse Mars 2018
Cédric Hoareau et Vincent Odon La Surenchère, Insomnie Installation, 2016 (un meuble incurvé avec étagères sur lesquelles sont présentés différents objets fabriqués par les artistes, largeur 320 cm X profondeur 150 cm et une projection vidéo de performances filmées réalisées par les deux artistes) Collection de l’Observatoire de l’Espace du CNES Cédric Hoareau et Vincent Odon, dessinateurs, sculpteurs et vidéastes, développent un univers critique basé sur le décalage et l’humour. Leur intérêt pour les variations d’échelle et le détournement fonde une création commune basée sur le dépassement et l’absurde qu’ils entreprennent à côté de leurs pratiques individuelles. Cette association, qu’ils nomment « La Surenchère », fonctionne sur le principe d’une conversation artistique par le biais du dessin, de la sculpture et de la vidéo. L’œuvre est composée d’un meuble rempli d'objets de travail ainsi que d’une série de séquences vidéo. Ces saynètes ont été inspirées par les archives graphiques des projets spatiaux. Le meuble présente des objets ayant servi à la création de ces Hélène Carbonell – Professeur chargée de mission – Académie de Toulouse 20 Les Abattoirs musée – FRAC Occitanie Toulouse Mars 2018
petites séquences vidéo, qui témoignent du dialogue absurde qui s'établit entre les deux artistes. Ainsi le processus de création artistique est révélé au spectateur. Le principe de la Surenchère est exposé, dévoilé, notamment via les carnets de dessin où chaque artiste propose à son tour une réponse aux archives spatiales en tentant de surpasser la proposition de l'autre. Par exemple, le satellite géodésique Starlette devient tour à tour sculpture de rond-point ou sac à dos permettant de réfléchir des signaux. Dans la vidéo, les histoires s'enchaînent, parfois absurdes ou mystérieuses, et forment autant de réponses aux défis imaginés par les artistes. Lorsque l'un a une idée, par exemple sur la propulsion ou le calcul de trajectoire, il réalise sa séquence et la présente à l'autre qui y répond en tentant de la surpasser. Ainsi, lorsque l'un des artistes a l'idée de taper dans une balle en flamme à côté d'un cercle en flamme, l'autre lui répond en dessinant un terrain de football en pente au bord d'une route pour réaliser une trajectoire en ellipse. Hélène Carbonell – Professeur chargée de mission – Académie de Toulouse 21 Les Abattoirs musée – FRAC Occitanie Toulouse Mars 2018
Sylvie Bonnot Aéroplis Installations photographiques, 2017 Collection de l’Observatoire de l’Espace du CNES Sylvie Bonnot est née en 1982. Elle a un processus de création bien particulier : elle retire la gélatine de ses photographies pour créer ce qu'elle nomme des Mues. Le décollement de la gélatine, puis la « repose » de l’image sur un autre support impliquent une part aléatoire déterminante. L’artiste explore, par ce biais, des pistes de réflexion à la fois dans son rapport au sujet, au paysage et à l’image. Ce projet repose sur un désir de transposer l’expérience scientifique et le document d’archive au sein d’une expérience artistique et chimique. La images, choisies pour leurs caractéristiques formelles, se transforment, et deviennent des sculptures ressemblant à de grandes feuilles de papier froissé, suspendues dans l’espace d’exposition. Sylvie Bonnot s’est penchée sur les images photographiques des ballons stratosphériques, issues des archives spatiales. Elle transforme ces images, les plie, les met en volume, les fait frissonner. Ces créations à mi-chemin entre la Hélène Carbonell – Professeur chargée de mission – Académie de Toulouse 22 Les Abattoirs musée – FRAC Occitanie Toulouse Mars 2018
photographie et la sculpture composent un nouvel atlas de formes et d'états de la « matière-image ». Hélène Carbonell – Professeur chargée de mission – Académie de Toulouse 23 Les Abattoirs musée – FRAC Occitanie Toulouse Mars 2018
Cristina de Middel THE AFRONAUTES Cristina de Middel, The Afronautes, 2012, Livre d’artiste, 17 x 23 cm, 88 pages, Edition de 1000 copies, Autopublié, Madrid Avec son ouvrage The Afronauts, la photographe espagnole Cristina de Middel revisite de manière fictionnelle un fait historique oublié : l’aventure spatiale zambienne des années 1960. Mené par le professeur Edward Makuka Nkoloso, le projet avait pour ambition d’emboîter le pas aux États-Unis et à la Russie dans la course à la conquête de l’espace. Sous sa direction, douze jeunes zambiens s’entraînaient alors dans un camp près de Lusaka, capitale de la Zambie, pour se préparer aux conditions de vie en apesanteur. « Nous allons partir sur Mars, avec une femme astronaute, un chat et un missionnaire », déclarait le professeur Makuka Nkoloso, enthousiaste, au Lusaka Times en 1964. Ce projet – dont la date de lancement avait été fixée au jour de la cérémonie de célébration de l’Indépendance – ne sera jamais pris au sérieux par les autorités zambiennes et finira par être Hélène Carbonell – Professeur chargée de mission – Académie de Toulouse 24 Les Abattoirs musée – FRAC Occitanie Toulouse Mars 2018
abandonné – faute de financement – avant de tomber dans l’oubli. Cet ouvrage de fiction photographique rassemble une série de clichés, textes, lettres et autres dessins inspirés par le programme spatial du zambien. Avec ce projet, Cristina de Middel brouille avec audace et poésie les frontières entre le mythe et la réalité. Il s’agit pour l’artiste de donner une image positive de l’Afrique : « Je voulais raconter l’histoire de personnages qui ont de grandes idées, attaquer des préjugés. Pourquoi rit-on quand on parle de programme spatial zambien et pas quand on parle de programme spatial allemand ? Derrière cela, il y a beaucoup de préjugés, qui amènent à ouvrir le débat »10. Cristina de Middel11 est née à Alicante, en Espagne en 1975. Elle vit et travaille entre l’Espagne, Londres et les Etats-Unis. En 2002 elle termine ses études de photojournalisme à l’Université de Barcelone. En 2012, elle décide d’abandonner le journalisme pour se dédier exclusivement à la photographie artistique. Cristina de Middel, Vue de l’exposition “The Afronauts”, The cooper Gallery, Dublin, Ireland, July 2013 Cristina de Middel, Vue de l’exposition “The Afronauts”, Deustche Börse HQ Frankfurt, Germany, 2013 !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! 10 https://www.youtube.com/watch?v=3uzSSe8RP58 11 www.lademiddel.com Hélène Carbonell – Professeur chargée de mission – Académie de Toulouse 25 Les Abattoirs musée – FRAC Occitanie Toulouse Mars 2018
JOANA HADJITHOMAS et KHALIL JOREIGE, THE LIBANESE ROCKET SOCIETY Joana Hadjithomas et Khalil Joreige sont nés à Beyrouth, au Liban, en 1969. Ils travaillent ensembles depuis plus de 15 ans autour d’une production artistique qui explore la photographie, la sculpture, la performance, le cinéma documentaire et de fiction. Ils vivent entre Paris et Beyrouth. Souvent montrés sous forme d’installations, leurs diverses expérimentations artistiques questionnent la fabrication de l’image et des représentations collectives. Ils se penchent sur l’imaginaire social et religieux de leur pays, et plus largement l’écriture de l’histoire avec un grand H. A ce sujet Joana Hadjithomas et Khalil Joreige déclarent : «Nous ne montrons pas d'images de guerre, nous montrons ce que la guerre fait aux images» 12 . Leurs projets plastiques sont souvent le résultat d’une recherche exhaustive d’archives, d’une collecte importante de documents. The Lebanese Rocket Society est peut-être le projet le plus ambitieux de Joana Hadjithomas et Khalil Joreige. Au croisement de la recherche et de l’art, il se présente comme une œuvre globale, allant de la construction d’un monument représentant une fusée spatiale, à la photographie de divers documents historiques, en passant par la fabrication d’un disque en or diffusant des archives des années 1960 et la réalisation d’un film documentaire. Ce projet restitue un épisode insolite de l’histoire du Liban. Manoug Manougian 13 , professeur de mathématiques de l’Université Haigazian (Beyrouth), commence un véritable programme spatial avec l’aide de ses étudiants : la Lebanese Rocket Society, version libanaise de la course à l’espace, qui se déroule entre les années 1960 et 1967. Dans le contexte de la guerre froide, le projet suscite l’intérêt des forces de l’armée, mais restera cependant à !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! 12 “we don’t do images of war, we show what war does to images,” Image Conscious, dans https://now.mmedia.me/lb/en/reportsfeatures/image_conscious, Publié le 30/09/11 https://www.lorientlejour.com/article/810079/manoug-manougian-letoffe-discrete-des-heros-.html! 13 Hélène Carbonell – Professeur chargée de mission – Académie de Toulouse 26 Les Abattoirs musée – FRAC Occitanie Toulouse Mars 2018
l’état de programme civil, à visée pacifique. Malgré l’immense couverture de ses exploits dans la presse du pays, et même après avoir mis quelques fusées en orbite, le programme sera profondément oublié par les générations futures. Le travail de Joana Hadjithomas et Khalil Joreige permet la reconstruction de la mémoire d’un pays décimé par des nombreuses guerres et qui, dans une parenthèse fragile, s’est permis de rêver. The Lebanese Rocket Society, Elements for a monument, PART I : CEDAR IV, A RECONSTITUTION, Iron, corian, 800 x 120 x 100 cm, Co-produced by Sharjah Biennial 10, 2011 Ce monument est la reproduction à taille réelle d’une fusée de la Lebanese Rocket Society, différente de l'originale par sa couleur blanche. Une série de clichés a été réalisée lors du déplacement de la sculpture dans les rues de Beyrouth, au moment de son transport vers l'Université Hagazian, où tout a commencé en 1960. Elle est y installée en permanence. Ce projet évoque la distance temporelle entre le moment des recherches spatiales et notre époque : en effet, désormais, la fusée est souvent confondue avec un missile. Ce n'est que sur le territoire de l'université que la fusée Hélène Carbonell – Professeur chargée de mission – Académie de Toulouse 27 Les Abattoirs musée – FRAC Occitanie Toulouse Mars 2018
est reconnue pour ce qu'elle est, un projet artistique et scientifique. Le groupe de scientifiques de la Lebanese Rocket Society avait installé, dans la tête des fusées Cedar, un émetteur radio afin de connaitre leurs trajectoires lors du lancement. Quelques années plus tard, en 1977, les missions américaines d'exploration spatiale Voyager 1 et 2 transmettaient des messages de sons et d'images à des extraterrestres potentiels, afin de présenter les diverses formes de vie terrestre et l’histoire humaine. Les messages avaient été enregistrés sur des disques dorés. Il s’agissait d’un message de paix et de liberté. Une sorte de "salutation interstellaire". The Lebanese Rocket Society, A tribute to dreamers, PART IV : Restaged, 9 C-prints 100 x 72 cm, 2012 Cette série de photographies montre la reconstitution du transport de la fusée Cedar IV, se déplaçant le long des rues de Dbayeh à l'Université Haigazian, en plein cœur de Beyrouth. Utilisant une silhouette en deux dimensions en bois blanc de la sculpture, l’œuvre recrée le déplacement de la fusée originale. L'idée est de rejouer ce qui a été joué, de retrouver la trace d'une trace. L’obturateur de l’appareil photo capture le passage de la fusée en même temps que des traces éphémères dans la ville. Hélène Carbonell – Professeur chargée de mission – Académie de Toulouse 28 Les Abattoirs musée – FRAC Occitanie Toulouse Mars 2018
! HALIL ALTINDERE Space Refugee Vidéo, 2017 Halil, Altindere, Vue d’exposition Space Refugee, 2017, Andrew Kreps Gallery, New York, Courtesy de l’Artiste et de la PİLOT Galery, Istanbul. Né en 1971 en Turquie, Halil Altindere vit et travaille à Istanbul. Il émerge sur la scène artistique turque au milieu des années 1990. Son travail prend forme au travers de techniques très variées qui vont de la sculpture à la photographie en passant par la vidéo ou l’installation. Il aborde de façon critique les thèmes de l’Etat- nation ou de l’autorité en manipulant des documents officiels tels que des drapeaux, passeports ou billets de banque. Avec beaucoup d’humour et d’ironie, Halil Altinder explore les problématiques propres aux diverses communautés vivant à Istanbul. Ces dernières trouvent dans ses travaux une voix, qui traite sans cynisme des difficultés de la vie quotidienne. Dans l’installation Space Refugee (2016), Halil Altindere convoque la figure du pilote de la force aérienne syrienne Muhammed Faris, qui lors de sa mise en orbite pour une durée de 7 jours par le gouvernement soviétique en 1987, devient le premier astronaute syrien... ainsi qu’un héros national ! À son retour, Faris déclare : « Quand tu as vu la Terre entière, il n y a plus nous ou eux, il n’y a pas de politique ». Lors de l’avènement des violences du printemps arabe, Faris émigre en Turquie. C’est dans Hélène Carbonell – Professeur chargée de mission – Académie de Toulouse 29 Les Abattoirs musée – FRAC Occitanie Toulouse Mars 2018
ce pays que Halil Altindere propose au héros syrien de participer à un projet artistique qui portera le nom de Space Refugee. La vidéo raconte l’histoire de Muhammed Faris, de façon émouvante et fantastique. Halil Altindere ironise sur la situation violente et la répression du gouvernement syrien, mettant l’accent sur les difficultés des refugiés et pointant du doigt l’invisibilité de leurs besoins. Halil, Altindere, Vue d’exposition Space Refugee , 2017, Andrew Kreps Gallery, New York, Courtesy de l’Artiste et de la PİLOT Galery, Istanbul. Halil Altindere, Space Refugee (photograme), 2016, Vidéo, 19’ 59’’. Courtesy de l’Artiste et de la PİLOT Galery, Istanbul. Halil, Altindere, Vue d’exposition Space Refugee , 2017, Andrew Kreps Gallery, New York, Courtesy de l’Artiste et de la PİLOT Galery, Istanbul. Hélène Carbonell – Professeur chargée de mission – Académie de Toulouse 30 Les Abattoirs musée – FRAC Occitanie Toulouse Mars 2018
Raphaël Dallaporta Reliques Avant-Garde Un tirage argentique noir et blanc sur papier baryté 24 X 30 cm et 18 tirages argentiques noir et blanc sur papier baryté, 30 X 40 cm, 2014 Collection de l’Observatoire de l’Espace du CNES Dans ses productions, Raphaël Dallaporta14 (né en 1980) explore de nombreux champs des préoccupations humaines, employant des procédés et des langages issus du domaine scientifique. Cet artiste interroge notre relation au progrès et à la mémoire. S’intéressant aux antennes des stations terriennes de réception érigées à Pleumeur- Bodou (France) et Raisting (Allemagne) dans le cadre du projet de coopération 15 franco-allemande Symphonie , Raphaël Dallaporta a photographié ces objets !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! 14 http://www.raphaeldallaporta.com/dallaporta-fr.pdf Premier satellite de télécommunication européen lancé en 1973! 15 Hélène Carbonell – Professeur chargée de mission – Académie de Toulouse 31 Les Abattoirs musée – FRAC Occitanie Toulouse Mars 2018
colossaux, aujourd’hui obsolètes. En fragmentant, en décomposant ses photographies, l’artiste figure le démantèlement auquel les antennes ont échappé pour mieux les rassembler. Ces images tissent une mosaïque de dix-neuf points de vue, engageant un exercice du regard pour restaurer la vision unifiée de ces « ruines futuristes ». L’artiste renoue un dialogue symbolique entre ces deux installations, symbolisant les efforts de communication entre les hommes. L’espace est appréhendé comme un vecteur des rêves de paix. Hélène Carbonell – Professeur chargée de mission – Académie de Toulouse 32 Les Abattoirs musée – FRAC Occitanie Toulouse Mars 2018
Romain Sein Téléprésence Vidéo, 6 minutes et 14 secondes, 2014 Collection de l’Observatoire de l’Espace du CNES Les créations de Romain Sein trouvent souvent leur origine dans des sources documentaires diverses, qu’il fait entrer en confrontation avec une narration, pour les éloigner de leur sens premier. Déplacements calculés, courts-circuits et télescopages engendrent des scènes qui miment, avec une certaine dose d’incongruité, les aléas du réel. Dans sa vidéo, c’est la perception par le grand public du programme de télécommunication par satellite Symphonie (premier satellite de télécommunication européen lancé en 1973) que Romain Sein cherche à interroger. Il remet en scène cette histoire dans un camping des années 1970 où se côtoient touristes français et allemands. Par un procédé technique hybride fait de prises de vues réelles, d’éléments filmés sur fond vert et de maquettes, il compose un collage vidéo empreint d’une étrange fausseté. Parmi les différentes saynètes qui se jouent Hélène Carbonell – Professeur chargée de mission – Académie de Toulouse 33 Les Abattoirs musée – FRAC Occitanie Toulouse Mars 2018
simultanément, il organise la circulation du regard par une lente avancée en travelling avant dans l’image. Au premier plan, un écran diffuse des images d’archives du programme Symphonie, reçues par les spectateurs avec une certaine indifférence au milieu de l’ambiance festive du camping. Par cette confrontation entre la vie quotidienne et l’histoire de l’exploration spatiale, Romain Sein replace ainsi le témoignage de l’archive dans le quotidien de ses contemporains. Hélène Carbonell – Professeur chargée de mission – Académie de Toulouse 34 Les Abattoirs musée – FRAC Occitanie Toulouse Mars 2018
Loïc Pantaly Projet SSCP (Serendipity Space and Capsule Project) Installation (constituée d’une sculpture métallique formée d’un corps central et de deux ailes, 420 X 260 X 270 cm, et d’un caisson lumineux en bois, métal et plexiglas, 200 X 148 X 20 cm), techniques mixtes, 2016 Collection de l’Observatoire de l’Espace du CNES Avec beaucoup d’humour, Loïc Pantaly construit toutes sortes de machines bricolées (structures aux mécanismes et rouages enchevêtrés). Ce sont des œuvres au service de la rêverie et de l’imagination. S’inspirant de la pataphysique16 - la science des solutions imaginaires -, ses créations plastiques et rébus graphiques sont autant de boîtes à idées fantasques et déjantées qui donnent naissance à des mécanismes improbables. Loïc Pantaly imagine, par exemple, changer la Lune, repeindre des planètes, percer des trous dans la Terre pour la transformer en gruyère ou encore envoyer les organes de défunts dans une capsule spatiale rougeoyante créant ainsi une nouvelle étoile. Les croquis de ces projets déploient une « bricologie » imaginaire adaptée à l'Espace dont l'ensemble crée une vision renouvelée du cosmos : le programme SSCP. !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! 16 http://college-de-pataphysique.fr/presentation.html Hélène Carbonell – Professeur chargée de mission – Académie de Toulouse 35 Les Abattoirs musée – FRAC Occitanie Toulouse Mars 2018
Au sein de ce vaste programme, l'artiste a réalisé la sonde Iris destinée à projeter des arcs-en-ciel dans le cosmos. Toutes les trois minutes, la sonde s'anime : le moteur s'allume et se met à tourner, les ailes battent et la lumière des projecteurs traverse les plaques colorées qui créeront les couleurs de l'arc-en-ciel, une fois Iris transportée dans l'Espace. Le tableau lumineux présente le travail de l'artiste : ses esquisses, toutes inspirées des archives de véhicules spatiaux, constituent une série de dessins de moteurs. Hélène Carbonell – Professeur chargée de mission – Académie de Toulouse 36 Les Abattoirs musée – FRAC Occitanie Toulouse Mars 2018
Olivier Perriquet Post machine Installation, 2016 Collection de l’Observatoire de l’Espace du CNES ! ! Le travail d’Olivier Perriquet se situe à la frontière de la vidéo contemporaine, du cinéma expérimental et de la recherche plastique. Il s’intéresse aux effets générés par l’image en mouvement et à l’engagement du public dans l’expérience esthétique. Par l’usage d’une technique numérique complexe, il associe signes et textures, figures et formes, musicalité et rythmes, et crée des univers étranges. Une image flotte dans un cadre, dont le double est projeté sur un écran, et se déploie dans l'espace. Des plans montrant des objets spatiaux transformés se succèdent, animés par une vie propre, mais entrecoupés d'autres objets, afin de créer une œuvre poétique et contemplative. L’œuvre explore les rapports de symétries axiales ou radiales, propres à de nombreux êtres vivants, à l’image du plancton, qui répond aux mêmes symétries que la station spatiale internationale ou les fusées. Dans cette œuvre, les plans de navettes, de satellites, de véhicules ou encore de sondes spatiales acquièrent une nouvelle dimension et évoluent vers un autre langage, d'autres associations. Les traits se superposent, se mêlent, montrant à la Hélène Carbonell – Professeur chargée de mission – Académie de Toulouse 37 Les Abattoirs musée – FRAC Occitanie Toulouse Mars 2018
fois l'homogénéité, l'universalité et la diversité du langage technique des objets spatiaux. Hélène Carbonell – Professeur chargée de mission – Académie de Toulouse 38 Les Abattoirs musée – FRAC Occitanie Toulouse Mars 2018
Eduardo Kac Télescope intérieur Vidéo, 12 minutes, 2017 Collection de l’Observatoire de l’Espace du CNES ! Eduardo Kac est né en 1962. Cet artiste explore depuis plus de trente ans les possibilités formelles d’une poésie nouvelle qui entretient des relations étroites avec les sciences et la technologie. Son œuvre est traversée par de multiples références et allusions à des thèmes tels que le langage, la complexité des échanges humains, la transformation de l'information, la médiation à travers des réseaux. Réalisée à partir de matériaux déjà disponibles dans la station spatiale, l’œuvre est un instrument d’observation et de réflexion poétique, qui nous amène à repenser notre relation au monde et notre place dans l’univers. Elle consiste en une forme qui n’a ni dessus ni dessous, ni avant ni arrière. Elle laisse apparaître le mot « MOI », évocation de l’Humanité, d’un soi collectif. Mais selon autre point de vue, l’on peut voir une silhouette humaine au cordon ombilical coupé, symbole de l’émancipation de nos limites gravitationnelles. Eduardo Kac propose, avec cette œuvre, d’engager une réflexion à propos de notre avenir sur la Terre et sur notre présence croissante Hélène Carbonell – Professeur chargée de mission – Académie de Toulouse 39 Les Abattoirs musée – FRAC Occitanie Toulouse Mars 2018
dans l’univers. Loin de notre planète, Télescope Intérieur devient, par l’intermédiaire de Thomas Pesquet dans l’ISS 17 , un instrument d’observation et de réflexion poétique pour réinventer notre rapport au monde. Ce projet artistique a été intégré à la mission spatiale Proxima de l’Agence spatiale européenne (ESA), lancée en novembre 2016. Il a fait l’objet d’un film documentaire18. !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! 17 projet rendu possible par l’Observatoire de l’Espace, le laboratoire arts-sciences du CNES (l’Agence spatiale française), avec le concours de l’ESA et le soutien de la fondation Daniel et Nina Carasso 18 http://www.cnes-observatoire.net/actualites/actu2/128_telescope-interieur/telescope-interieur-novarina-kac.html Hélène Carbonell – Professeur chargée de mission – Académie de Toulouse 40 Les Abattoirs musée – FRAC Occitanie Toulouse Mars 2018
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