GROENLAND 2019 LABORATOIRE D'ARTISTES DE 25 M3 EN HAUTE MER ÉTÉ 2019 - Association Marémotrice

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GROENLAND 2019 LABORATOIRE D'ARTISTES DE 25 M3 EN HAUTE MER ÉTÉ 2019 - Association Marémotrice
GROENLAND 2019         LABORATOIRE
                         D’ARTISTES
                            DE 25 M3
                      EN HAUTE MER
                           ÉTÉ 2019

ANAÏS AÏK
COLLINE GROSJEAN
MARYLAURE DÉCURNEX
OLIVIA BYRNE-SUTTON
AMBROISE HÉRITIER
CAROLINE KEMPENEERS
LINE DE KAENEL
SARAH BOVET

www.maremotrice.ch
GROENLAND 2019 LABORATOIRE D'ARTISTES DE 25 M3 EN HAUTE MER ÉTÉ 2019 - Association Marémotrice
L’ASSOCIATION MARÉMOTRICE
                                 RÉSIDENCES D’ARTISTES

                                 L’association MaréMotrice, basée en Suisse romande,
                                 a été fondée au printemps 2014. Elle organise des rési-
                                 dences d’artistes à bord d’un voilier d’expédition de
                                 15 mètres. La démarche proposée consiste à confronter
                                 différents regards sur les régions polaires. Ces voyages
                                 se déroulent de manière collective, quatre artistes et un
                                 ou deux membres d’équipage vivent et travaillent durant
                                 trois à quatre semaines sur quelques mètres carrés.

                                 Pour un laboratoire d’artistes en haute mer

                                 Vous a-t-on déjà parlé de la qualité de la lumière,
                                 là-haut vers le pôle ? Vous a-t-on déjà décrit le bruit
                                 que font les glaçons quand ils s’entrechoquent dans
                                 la brume ? Et la couleur d’un iceberg renversé, c’est
                                 comment ? Il y a urgence à interpréter et noter cela :
                                 quand tout sera transformé, qui nous en parlera ?

                                 Nous entendons effectuer un véritable travail de docu-
                                 mentation subjective sur les régions polaires en pleine
                                 mutation. Il existe passablement de données scien-
                                 tifiques sur le réchauffement climatique, la fonte des
                                 glaces, l’évolution de la faune polaire, mais très peu de
SOMMAIRE                         traces artistiques qui soient organisées.

03   Résidences - présentation   C’est à travers le regard d’artistes, aux langages
05   Parcours de l’association   multiples, que nous souhaitons imprimer et graver
                                 ces images. Des artistes dont le travail nous interpelle,
16   Initiateurs                 que nous souhaitons emmener en mer, d’un iceberg
17   Bateau                      à l’autre. Des créateurs qui sauront nous surprendre
19   Artistes pour 2019          et nous faire rêver en s’imprégnant des lieux qui nous
                                 sont si chers.
29   Budget
31   Contact                     En organisant ces expéditions, l’association veut
                                 documenter les changements climatiques de l’océan
                                 et des régions polaires et porter un regard sur les
                                 communautés humaines vivant près des pôles. Tout
                                 cela en invitant à son bord une diversité de regards et
                                 de moyens d’expression : cinéastes, plasticiens,
                                 illustrateurs, peintres, photographes, graveurs, écri-
                                 vains, etc.

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L’ASSOCIATION MARÉMOTRICE
    PARCOURS ET RAYONNEMENT

    Depuis 2017, à travers le travail de ses artistes, MaréMotrice        Depuis 2016, 23 artistes professionnels sont venus en rési-
    rayonne à travers des expositions, publications, performances...      dence à bord du Knut, au Svalbard et au Groenland

    2017                                                                  2016 (Svalbard)
    Expositions                                                           Annaëlle Clot
    Halle Nord, Genève (collectif)                                        Alexia Turlin
    Publications                                                          David Brülhart
    Presse (Couleur des Jours, Journal La Liberté)                        Gwennaël Bolomey
    Publication aux éditions Ripopée                                      Mélanie Rouiller
    Documentaire
    Gwennaël Bolomey (coproduit par MaréMotrice)                          2017 (Svalbard)
                                                                          Jonas Pool
    2018                                                                  Steve Fragnière
    Expositions                                                           Marylaure Décurnex
    Vallée de Joux, en extérieur                                          Laure Akkash
    Publication                                                           Nelly Statenfeld
    Ice-Blink n°1, revue polaire produite par MaréMotrice                 Clarisse Griffon du Bellay
    Radio                                                                 Cédric Le Corf
    Jonas Pool, émission pour Le Labo, Espace 2                           Prospere Thonn
    Documentaire                                                          Laure Gonthier
    Benjamin Ruffieux (coproduit par MaréMotrice)                         Laurine Landry

    2019                                                                  2018 (Groenland)
    Expositions                                                           Marie-Morgane Adatte
    Carte blanche au Théâtre de la Tournelle, Orbe (collectif)            Ridy Decelière
    Théâtre du Pommier, Neuchâtel (Marie-Morgane Adatte)                  Anne-Sophie Subilia
    Palais-Galerie, Neuchâtel (Annaëlle Clot)                             Jean-Louis Johannides
    Théâtre du Passage, Neuchâtel (Benjamin Ruffieux)                     Sandrine Guiterriez
    Publications                                                          Frédéric Roussel
    Bande dessinée (Marie-Morgane Adatte, à paraître)                     Jessica Decorvet
    Ice-Blink n°2, revue polaire produite par MaréMotrice (à paraître)    Fanny Zambaz
    Scène
    -Projet Sval’barde, Steve Fragnière (musique)
    Ebullition, Bulle / La Spirale, Fribourg / Théâtre de la Tournelle,
    Orbe / Théâtre du Passage, Neuchâtel
    -Projet Hyperborée - Cie En déroute: Jean-Louis Johannides,
    Rudy Decelière, Anne-Sophie Subilia (théâtre - performance)
    Théâtre St-Gervais, Genève / Théâtre du Grütli, Genève / Théâtre
    de la Comédie, Genève / Temple Allemand, La Chaux de Fonds

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LES INITIATEURS   LE KNUT
                                                                       FAISEURS D’ÉTINCELLES    VOILIER-ATELIER, SOCIÉTÉ PARALLÈLE

Mélina Repond et Benjamin Ruffieux                                                                                                   Le Knut, bateau de l’association MaréMotrice, sert de maison,
Mélina et Benjamin naviguent et travaillent ensemble depuis 2010.                                                                    d’atelier et de moyen de transport. Nous souhaitons, par la
Mélina est scénographe, graveuse, accompagnatrice de mon-                                                                            proximité du quotidien, créer une réelle émulation au sein du
tagne. Benjamin est photographe et marin. Depuis 2015, Mélina                                                                        groupe. Une énergie créatrice forte et contagieuse.
et Benjamin mettent à disposition leur voilier à l’association Maré-
Motrice, qu’ils ont crée après des années de navigations -et de                                                                      Ancien prototype de course au large reconditionné pour la navi-
projets artistiques- autour du globe. En parallèle des résidences,                                                                   gation polaire, ce voilier de quinze mètres offre une liberté de
MaréMotrice organise des voyages socio-éducatifs, et s’implique                                                                      mouvement permettant de voyager dans des endroits acces-
activement dans la formation à la navigation polaire.                                                                                sibles par aucun autre moyen de transport. Naviguer à la voile
                                                                                                                                     dans les régions polaires est une expérience en soi, pas tou-
Leur passion pour le milieu marin, polaire en particuler, ainsi que                                                                  jours facile, mais offrant une approche humble et intense de la
leur philosophie de vie et de création ont donné une impulsion dé-                                                                   nature.
cisive à de nombreux artistes, et le rayonnement sur la terre ferme
de ce qui se passe à bord, fait rêver et réfléchir le public depuis                                                                  Ce voilier possède également une vocation écologique. Il na-
bientôt cinq ans. Leur concept de résidence-expédition polaire en                                                                    vigue à la voile, et à partir du printemps 2020, son vieux moteur
voilier est une première, qui a fait ses preuves!                                                                                    auxiliaire diesel sera remplacé par un moteur électrique. Toute
                                                                                                                                     l’énergie consommée par ce nouveau moteur sera produite à
                                                                                                                                     bord, de manière 100% écologique.
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LE CHOIX DES ARTISTES 2019
     AU-DELÀ DU CURRICULUM VITAE...

     Sélectionner les artistes pour ces résidences n’est pas une tâche    Pour cette saison 2019, qui aura lieu sur la côte est du Groen-
     des plus aisées. Cohabiter à cinq ou six dans un espace clos de      land, deux résidences de trois semaines sont organisées.
     15 mètres carrés durant trois semaines, dans des conditions          Elles ont toutes comme point de départ et d’arrivée la ville
     parfois dangereuses, est un réel défi.                               de Kulusuk, facilement atteignable par avion depuis l’Islande.
                                                                          L’itinéraire du voyage dépendra des conditions mété, de l’état
     Les sélections se font chaque année au mois de juin, et nous         des glaces, et des besoins des artistes pour leur création.
     composons des groupes au sein desquels nous sentons que
     cette contrainte du quotidien sera source de création.               Résidence 1 : du 25 juillet au 16 août 2019
                                                                          Anaïs Aïk
     Nous réunissons des créateurs aux différents langages, utilisant     Colline Grosjean
     des médiums variés, mais perméables ; des personnes capables         Marylaure Decurnex
     de mettre en danger leurs pratiques habituelles dans un cadre de     Olivia Byrne-Sutton
     vie exceptionnel et un territoire en pleine transformation.
                                                                          Résidence 2 : du 19 août au 10 septembre
     Les artistes engagés dans ce projet ont tous un lien fort avec       Ambroise Heritier
     l’environnement qui les entoure, et sont conscients qu’ils ne        Caroline Kampeneers
     partent pas pour une résidence ordinaire, mais une expérience        Line de Kaenel
     dans laquelle ils ne peuvent que s’engager corps et âme.             Sarah Bovet
     Nos critères de sélection comprennent des qualités artistiques,
     mais également humaines et physiques, sécurité oblige.

     Nous n’avons pas reproduit ici les CV habituels des artistes - par
     ailleurs très étoffés, et disponibles sur demande - laissant ainsi
     la place à une présentation plus personnelle de chaque artiste et
     de ses aspirations.

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ANAÏS AÏK                                                                 Pourquoi?
                                                                          Je ne connais pas cet en-haut, son froid, sa lumière.
                                                                                                                                               COLLINE GROSJEAN
TEXTES, PEINTURES, DESSINS, LEC-                                          Je regarde d’en-bas, de là ou je me trouve, d’ici, de chez moi       INSTALLATION, SCULPTURE, SÉRI-
TURES SONORES, INSTALLATIONS                                                                                                                   GRAPHIE, DESSIN
                                                                          et autour. Ce que j’observe je le retranscris, je l’écris ou le
                                                                          peins. Actuellement, je travaille sur le vaste, l’étendu thème
                                                                          de l’attente. Et cette attente m’amène à parler de lumière,
                                                                          de bruits, d’écoute et du presque vide. L’attente c’est un
                                                                          entre-deux, entre deux eaux, un état qui n’a ni forme définie
                                                                          ni consistance figée, quelque chose qui serait en perpétuel
Je suis née à Genève, depuis, j’y vis. Après avoir obtenu un CFC          mouvement. Cette chose qui tend vers un autre ici, là-bas,
à l’Ecole des arts appliqués(GE) dans la section illustration/bande       ailleurs. Attendre, c’est faire rien. Pas ne rien faire, mais bien
dessinée, j’en ai eu assez de la BD. Je voulais me détacher du            faire quelque chose que nous n’avons pas souvent le temps
récit, je voulais être libre, plus libre dans les formats, la structure   de faire: rien. Et dans cet espace, se libère une multitude de
et les méthodes. J’ai donc commencé un bachelor à la HEAD (GE)            formes, se déclinent des observations de petites choses té-
qui m’a permis de m’émanciper de ces schémas passés.                      nues qui se révèlent à l’instant vide. Faire avec ce qui ne s’ob-
                                                                          serve pas. Dans ce sens le quotidien, la routine, le rythme, la
Actuellement en master en arts visuels à l’ECAL (VD), j’ai trouvé         répétition des mots, des gestes sont le terreau ou plutôt le
un espace d’échange et de travail qui enrichit le développement           plancton de mon travail.
de ma pratique. J’aime lire mes textes, textes poétiques ou répéti-
tions, textes sonores, observations. J’organise régulièrement des         Alors pourquoi là-bas, là où il fait froid, là où le temps n’a
lectures de mes textes en librairie ou dans les écoles.                   pour ami que la lumière. Là où l’air sent la glace, et où les
                                                                          bruits sont engloutis. Cette lumière qui se décline en divers
J’ai participé à quelques expositions, dont une à la Villa Dutoit         états et ce temps qui, entre les morceaux de glace, s’étend
(2018) «vous êtes ailleurs» où j’ai fait coexister textes et photogra-    pour n’être que ce qui est.
phies. Cette exposition a donné suite à une édition et m’a permis
de donner corps à ma pratique d’écriture, pratique que je dével-          Je ne sais pas. Je suppose, je fais des projections sur un es-
lope depuis plus intensément.                                             pace qui m’est inconnu. La projection qui porte en elle-même
                                                                          le statut d’attente, est une attente sans définition fixe. Comme
anais.n.aik@gmail.com - anaisnaik.tumblr.com                              l’eau ou la lumière qui n’ont de cesse de s’enrouler et se dé-
                                                                          rouler, à l’intérieur de micro-moments continus, incessants.

                                                                          Et le bruit du silence… Est-ce que le silence sonne différem-
                                                                          ment là-haut? C’est évidemment une fausse question qui
                                                                          pourrait être reformulée par: comment sonnent le silence
                                                                          entre l’obscurité du vide arctique et la coque d’un bateau?

                                                                                                                                               Ma pratique artistique a évolué avec le temps de la sculpture,          Il faut que je vous parle des raisons qui me poussent à vouloir
                                                                                                                                               l’installation, le dessin, la photographie vers les arts vivants,       vivre cette aventure. Elles sont multiples, cette explications
                                                                                                                                               performance, musique. Ces pratiques ont toujours été sousten-           risque d’être un peu désordonnée.
                                                                                                                                               dues par un travail d’écriture qui passe au premier plan depuis
                                                                                                                                               deux ans avec la création de spectacles pour la compagnie que           La source serait sûrement plus existentielle que strictement
                                                                                                                                               j’ai fondée ( Camping Sauvage), pour le duo de performance Vegan        artistique. Dès l’enfance je suis fascinée par la mer, les lacs,
                                                                                                                                               2000 et le groupe de hiphop SousTerre.                                  les rivières. Certains de mes livres préférés à l’adolescence
                                                                                                                                                                                                                       sont de Conrad, de Melville, de Jack London, de Virginia
                                                                                                                                               C’est notamment l’écriture d’un texte pour Camping Sauvage qui          Wolfe. Ma fascination a généré tout un univers poétique
                                                                                                                                               pourrait prendre comme support ce voyage. Je travaille en ce            autour de l’océan,de l’eau, des environnements sauvages
                                                                                                                                               moment sur un second volet du premier spectacle que j’ai écrit et       en général mais je n’ai jamais pour autant navigué. Je suis
                                                                                                                                               mis en scène entre 2016 et 2018 « Je dors dans ce bois ». Bien que      restée sur la rive,à part en de brèves occasions liées à des
                                                                                                                                               dans la continuité de Je dors dans ce bois,je m’intéresse plus par-     voyages. De courtes traversées qui m’ont ravies à chaque
                                                                                                                                               ticulièrement pour le prochain texte aux lieux et aux dynamiques        fois. La découverte de cette résidence qui permet de mêler
                                                                                                                                               qu’ils entretiennent avec les humains, à la résilience de l’espèce ou   des pratiques artistiques à un voyage en voilier ( ce qui
                                                                                                                                               des minorités face à la dissolution du monde industriel, et à bien      m’a longtemps paru être un rêve inaccessible) est pour moi
                                                                                                                                               d’autres sujets qu’il serait trop long de développer ici.               naturellement pleine de promesses en terme d’inspiration et
                                                                                                                                                                                                                       d’expérimentation.
                                                                                                                                               colline.grosjean@gmail.com

20                                                                                                                                             21
OLIVIA BYRNE-SUTTON
                                                                                                                                          CIRQUE, THÉATRE DE RUE
                                                                                                                                          BD, DESSIN
                                                                                                                                          En parallèle à mon activité de circassienne et de théâtre dada, je      Avoir la chance d’embarquer pour ce voyage dans le grand
                                                                                                                                          me passionne pour le dessin et la peinture. Le chant, l’écriture et     blanc serait une occasion inégalable pour me laisser inspirer
                                                                                                                                          la poésie font aussi énormément partie de ma vie d’aventures et         par tant d’éléments puissants : le climat sauvagement hostile
                                                                                                                                          de vagabondages.                                                        pour l’être-humain, dans lequel nous nous sentirions, enfin bel
                                                                                                                                                                                                                  et bien, minuscules. Les paysages qui parlent d’un horizon
                                                                                                                                          J’investigue notamment les arts visuels pour transposer des             sans fin, le Blanc à perte de vue ; lieu mystique de nos renais-
                                                                                                                                          scénarios que, par le biais de l’absurde et l’anachronique, j’ai        sances. Le silence qui résonne dans le Macrocosme qui nous
                                                                                                                                          l’habitude d’écrire pour le spectacle vivant. La réflexion philo-       entoure et nous dépasse.
                                                                                                                                          sophique qui donne matière à mon processus de création porte
                                                                                                                                          sur la notion de «construction» du réel. L’intention sous-jacente à     L’idée d’être transportée dans un univers de profondeurs
                                                                                                                                          l’absurdité objective ou au langage loufoque qui caractérise sou-       gigantesques, et de vivre ce qui ressemblera à une journée
                                                                                                                                          vent mon propos a pour but d’interroger notre position à toutes et      infinie, pleine de nuits sans nuit, m’intrigue profondément.
                                                                                                                                          tous «d’acteur.trice» à l’intérieur des circonstances qui formulent     L’état hypnotique que cela pourra produire en moi, ainsi que
                                                                                                                                          notre existence.                                                        l’énergie collective que ces circonstances créeront, me font
                                                                                                                                                                                                                  rêver, et je peux imaginer un cadre plus propice à l’inspiration.
                                                                                                                                          Je me questionne sur les instincts primitifs de l’animal humain.e.      J’embarquerai pour ce voyage avec beaucoup d’envies artis-
                                                                                                                                          Notamment, sur le paradoxe entre le besoin d’appartenance               tiques certes, quelques idées métaphysiques, des intentions
                                                                                                                                          inhérent à l’esprit de meute d’une part, et l’isolation chronique des   magiques, mais cette expérience inouïe me semble avant tout
                                                                                                                                          individu.e.s dans des microcosmes urbains aseptisés, qui consti-        propice à l’impromptu, au miracle de l’inconnu. Quel que soit
                                                                                                                                          tue la réalité prédominante de la culture occidentale. L’outrage        le médium artistique qui donnera matière à création, je pars
                                                                                                                                          du monde contemporain, la rupture totale entre l’individu.e et la       avec une question en tête:
                                                                                                                                          Nature qui l’a créé, m’affligent et me questionnent.
                                                                                                                                                                                                                  Comment se mouvoir tête libre sur une planète devenue
                                                                                                                                          ol.b.sutton@gmail.com                                                   quasiment cubique, à force d’ignorer sa rondeur?

MARYLAURE DECURNEX
DESSIN, GRAVURE, SÉRIGRAPHIE
Marylaure Décurnex est née en 1979 à Vevey, en Suisse                    Ce sera en été 2019 ma deuxième participation à une rési-
Elle se forme d’abord comme décoratrice aux musées de Nyon               dence de MaréMotrice, et sa troisième visite à l’Arctique.
puis travaille comme peintre et accessoiriste dans des théâtres.
En 2003, elle entre à la HEAD ou elle se forme en dessin, perfor-        Je dessine et grave. Pour provoquer l’imprévu, j’aime partir
mance, film d’animation et vidéo. Elle ouvre l’atelier choucroute        sans beaucoup de matériel spécifique, travailler avec ce qu’il
(dessins et film d’animation) à Nyon avant de partir en voyage à         y a et ce qui arrive. Je dessine aussi pour documenter.
vélo juqu’en Mongolie et au Japon où elle découvre la gravure sur
bois traditionelle. A son retour en 2012, elle se forme à l’atelier de   Pourquoi l’Arctique? S’imprégner de ces terres arides, des
gravure Gegrave à Genève. Puis ouvre un an plus tard, avec le            sons et des couleurs de la glace qui fond, du jour permanent
collectif Zone Hors Poussière, l’atelier du même nom, imprimerie         et d’eau salée. Rendre le témoignage de ses rares habitant·es
artisanale et expérimentale à Agiez ou elle pratique la gravure, la      humain·es, des rennes, des morses, des baleines à bosses,
sérigarphie la typographie et le dessin.                                 des cochons sous-marins ou des crabes yeti.

marylaure.decurnex@akouphene.org                                         Les dessins des pages 2 et 4 de ce dossier sont de Marylaure
                                                                         Décurnex.

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AMBROISE HÉRITIER
DESSIN, ILLUSTRATION
D’aussi longtemps que je me souvienne j’ai toujours dessiné.            Focaliser son esprit sur sa planche à dessin, seul, à l’écart
Le dessin m’accompagne en permanence. Après trois ans de                du monde, est un travail ascétique, monastique, qui doit
formation à l’école supérieure des arts de Saint-Luc à Bruxelles,       nécessairement être nourri à un certain moment donné par un
j’obtiens mon dîplome en Art plastique en 1997. Je travaille depuis     contact avec une réalité extérieure forte et brute, qu’elle soit
en tant qu’illustrateur pour des entités multiples. Au fil des années   humaine ou sauvage.
je développe différents langages graphiques personnels. Fusain,
Mine de plomb, monotype, acrylique, huile, photo, font partie de        Enfant déjà, je rêvais d’être engagé comme dessinateur
ma panoplie.                                                            scientifique sur la Calypso du commandant Cousteau.
                                                                        Il y a comme une respiration vitale à trouver entre vivre un
De 2001 à 2007 j’enseigne la bande dessinée et le dessin acadé-         événement et le retranscrire ensuite avec sa sensibilité...
mique à L’EPAC-Ecole Professionnelle des Arts Contemporains
à Saxon. En 2008, je passe une année entre l’Institut suisse de         S’imprégner, se laisser « transformer » par l’aventure, puis
Venise et celui de Rome. En 2015 c’est à Paris à l’atelier de Bo        régurgiter, accoucher d’une trace artistique propre. « Ce n’est
Halbirk que je me perfectionne en gravure.                              pas nous qui faisons le voyage, mais c’est le voyage qui nous
                                                                        fait », écrivait Nicolas Bouvier.
Après avoir réalisé une série d’oeuvres sur la base d’un périple
effectué sur un voilier au milieu du Pacifique (The Ocean Mapping       Depuis l’Anthropocène, notre planète est en grande mutation,
Expedition) en 2016, je travaille actuellement à divers projets,        et notre empreinte sur elle est aujourd’hui plus que particu-
dont, notamment, la réalisation de deux livres illustrés et le mon-     lièrement importante. Naviguer en ces régions extrêmes de
tage d’une exposition pour l’année à venir.                             l’Arctique, en ces « dernières zones de glaces », et rendre
                                                                        compte des dérèglements climatiques, tout en restituant ces
linaheritier@gmail.com                                                  stigmates sous une forme artistique est chose qui prend tout
www.ambroise.ch                                                         son sens en ce début de millénaire.

                                                                        Au bout du périple, s’inscrit le désir humble et chaud d’un
                                                                        conte illustré, oniriques et vert, traitant de la place et de
                                                                        l’impact de l’être humain sur notre planète, et ceci pour les
                                                                        générations à venir.
                                                                                                                                           CAROLINE KEMPENEERS
                                                                                                                                           THÉÂTRE, ÉCRITURE
                                                                                                                                           Passionnée des mots, je sors diplômée en Langue et                      Romaniste, comédienne, auteure, conteuse, je travaille avec
                                                                                                                                           Littératures Romanes de l’Université Libre de Bruxelles en 2004.        les mots qui de moi s’échappent, ricochent, virevoltent dans
                                                                                                                                           Afin de pouvoir les dire et les laisser ricocher au mieux en écho       l‘espace ou sur papier afin de chanter, dénoncer, tenter d’ex-
                                                                                                                                           dans le monde, je rentre ensuite au Conservatoire Royal de              pliquer, rire notre humanité.
                                                                                                                                           Bruxelles en Art dramatique et termine ma formation en 2008.
                                                                                                                                                                                                                   Je pars à l’aventure au Grand Nord compléter ma palette de
                                                                                                                                           Depuis ma sortie, j’ai enchaîné différents projets dans différents      couleurs, de sons, de musique, de sensations. Je pars vers
                                                                                                                                           domaines ; théâtre, écriture, mise en scène, danse, radio, Installa-    l‘inconnu. Je pars à la rencontre. Je pars récolter des his-
                                                                                                                                           tions plastiques. J’anime aussi des ateliers d’écriture et de théâtre   toires. Je pars recevoir et retransmettre.
                                                                                                                                           avec des enfants, des ados, des adultes et des personnes âgées.
                                                                                                                                                                                                                   Et puis le Groenland. J‘adore ce nom, terre verte, j‘ai toujours
                                                                                                                                           Dans mon travail j’alterne énormément entre poésie, imaginaire et       souri, depuis j ‘ai lu des articles, effectivement ce fut -et
                                                                                                                                           thématiques sociales ( solitude, vieillesse, l’image de la femme        quelques parties sont encore vertes, maintenant je ne sais
                                                                                                                                           sous différents prismes, prison...)                                     pas pourquoi, je n‘arrive pas à y mettre de la couleur je vois
                                                                                                                                                                                                                   du blanc mais aussi -et pourquoi ?-, du rouge, c ‘est flou, ça
                                                                                                                                           Je milite pour le beau, par le beau et par l’humour.                    s’effiloche et j ‘aimerais rassembler les morceaux, cristalliser
                                                                                                                                                                                                                   les paysages, et que mes cris se mêlent aux craquements des
                                                                                                                                           carokemp1@gmail.com                                                     glaciers et au souffle de la mer.

24                                                                                                                                         25
SARAH BOVET
                                                                                                                                               DESSIN, ILLUSTRATION

                                                                                                                                               Je vais chercher dans l’Arctique un patrimoine qui nous              Je me suis formée au graphisme à l’Eracom à Lausanne et déve-
                                                                                                                                               échappe. Parce qu’il est loin et silencieux, parce qu’il est hos-    loppe depuis mon activité indépendante. Attirée par la couleur
                                                                                                                                               tile, notre regard se porte peu sur lui. Mais ce territoire blanc,   bleue, je travaille cependant en noir et blanc. Là où l’abstrait res-
                                                                                                                                               oui je l’imagine blanc, ou peut-être gris, avec des nuances,         semble à un trait et où un point devient un langage.
                                                                                                                                               se dilue peu à peu chaque année. Et le crissement de la glace        Pour mon travail personnel, j’explore la matière concrète pour
                                                                                                                                               sous une coque de bateau ne sera peut-être plus qu’un conte.         coucher sur papier des formes abstraites, dessinées tout en
                                                                                                                                               Alors aller toucher à cette fuite, là-bas, là-haut, me semble        points ou en lignes. Des reproductions filaires, graphiques, en
                                                                                                                                               relever du mystère.                                                  noir et blanc, résultats d’une introspection de l’instant, d’un geste
                                                                                                                                               Simple. Pur. Multiple.                                               sensible et maîtrisé. Mes illustrations se laissent bercer par l’inter-
                                                                                                                                                                                                                    prétation de chacun.

                                                                                                                                                                                                                    Toucher, sentir, observer. Voilà c’est déjà beaucoup.

                                                                                                                                                                                                                    sarahbovet@hotmail.com
                                                                                                                                                                                                                    sarahbovet.com

LINE DE KAENEL
CINÉMA

Pour moi, faire des films, c’est d’une part chercher la meilleure       Partir à la découverte de cet espace autant mystifié par son
façon de transmettre ce que je vois et ce que je suis en train de       accès et habitat difficile que médiatisé par sa vulnérabilité face à
découvrir, transmettre au mieux les émotions ressenties. D’autre        l’homme. Qu’y a-t-il de l’autre côté du bout visible de l’iceberg ?
part, c’est figer un instant pour s’en rappeler plus tard. Je ne suis   Quelle partie invisible le maintient encore debout tandis qu’elle-
jamais allée au Nord. Les lieux déserts et lointains, l’immensité de    même fond à toute allure au son d’inquiétants crépitements ?
paysages sans présence humaine, ainsi que leurs silences (diffé-
rents les uns des autres!) me fascinent et m’inspirent.                 Ma quête du pôle nord s’immergera dans cette région isolée et
                                                                         témoignera d’un espace en pleine mutation. A travers les élé-
J’aime beaucoup voir et montrer leur beauté, fragilité et force.        ments naturels et la rencontre avec les habitants, leurs gestes
J’aime voyager et me confronter à l’inconnu. Lors de mes expé-          quotidiens et leur relation à leur terre, j’aimerais créer une bulle
riences précédentes,j’ai rarement trouvé ce à quoi je m’attendais       du Nord dans laquelle tout un chacun se laisse guider par ses
et c’est cela qui rend l’expérience d’autant plus unique.               propres réflexions sur cet univers de glace et son destin qui est
                                                                        aussi le nôtre.
linedekaenel@gmail.com

26                                                                                                                                             27
FINANCEMENT                                                          BUDGET DES EXPÉDITIONS
                                                                          GROENLAND 2019

                                                                          Budget expéditions-résidences au Groenland - Saison 2019

                                                                          Assurances (obligatoires)

                                                                          Assurance spéciale pour l’équipage, SAR (search and rescue)             CHF 900.-
     MaréMotrice veut offrir aux artistes une expédition la moins
                                                                          Assurance RC et casco du voilier                                        CHF 200.-
     coûteuse possible. Un bateau de 15 mètres a son coût, et
                                                                          Assurance rapatriement (CHF 140.- par pers.)                            CHF 700.-
     son fonctionnement également. Dès l’accueil des passagers
                                                                          Total                                                                  CHF 1’800.-
     sur le voilier, tous les frais sont inclus : logement, nourriture,
                                                                          Défense (obligatoire)
     encadrement, places de port, charges d’entretien, permis
                                                                          Location arme à feu pour défense ours polaires                          CHF 600.-
     de navigation, carburant etc. L’équipage se compose de deux
     marins bénévoles.                                                    Achat fusées individuelles protection ours polaires                     CHF 500.-

                                                                          Munition et cartouches fusées                                           CHF 200.-

     Trois années d’expérience nous mènent à budgeter la rési-            Total                                                                  CHF 1’300.-

     dence à 1’400 frs par semaine et par artiste, soit, pour les rési-   Sécurité médicale

     dences 2019, d’un budget global de 33’600 frs.                       Pharmacie de bord adaptée aux conditions                                CHF 500.-

                                                                          Taxes portuaires
     Les frais de production des œuvres ainsi que les billets d’avion
                                                                          Taxes de port à Kulusuk et autres ports sur la route                    CHF 400.-
     sont à la charge des participants.
                                                                          Communication

                                                                          Communications satellite (météo, cartes des glaces, routage,            CHF 800.-
     Bien que sans financement régulier d’institutions, sponsors ou       sécurité, contacts avec la presse, transferts de fichiers)
     mécènes, tous nos projets de résidence ont jusqu’à mainte-           Location du voilier KNUT à l’association MaréMotrice
     nant pu avoir lieu. On constate qu’environ un tiers du budget        Comprenant matériel de sécurité et équipement de survie                CHF 8’800.-
     est habituellement couvert par les institutions dédiées (aides       (BIP, EPIRB, Irridium, Gilets et harnais, etc.), CHF 210.- par jour

     à la création des cantons, communes, fondations), et deux            Frais de l’équipage
     tiers sont généralement financés par des campagnes de finan-         Transfert aller retour par avion des deux membres d’équipage,          CHF 6’200.-
                                                                          Défraiement de 500.- CHF par semaine pour l’équipage
     cement participatif (wemakeit.ch) et du financement par les
     artistes eux-mêmes (économies).                                      Combustible et nourriture

                                                                          Diesel, gaz, nourriture                                                CHF 6’800.-

     Afin de rendre ces résidences viables dans la durée, nous cher-      Frais divers et imprévus
     chons dans un premier temps à augmenter la part de finance-          Casse, imprévus, etc.                                                  CHF 3’000.-
     ment des institutions pour pouvoir diminuer la part précaire du
                                                                          Habillement
     financement participatif. Dans un deuxième temps, la rétribu-
                                                                          Habits « polaires » de base : CHF 500.- par artiste                    CHF 4’000.-
     tion (salaire) de l’équipage, prévue pour 2020, sera impérative.

                                                                          Total des frais du voyage, hors billets d’avion des artistes          CHF 33’600.-

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LIENS                                                        PARTENAIRES
     CONTACTS

                                                                  Les éditions Ripopée, Nyon
                                                                  Editeur d’un catalogue au retour de la résidence
                                                                  www.ripopee.net

                                                                  Le Knut porte les couleurs de :
                                                                  Greenwatt Groupe E
                                                                  www.greenwatt.ch

     Organisateurs                                                Le Knut a également bénéficié du soutien de :
                                                                  Bucher + Walt SA
     Association MaréMotrice, Bulle, Suisse                       www.bucher-walt.ch
     www.maremotrice.ch
                                                                  Swiss Green
     Mélina Repond, présidente : melina@maremotrice.ch            www.swiss-green.ch
     			                          076 454 75 35
     Benjamin Ruffieux, logistique, curateur :                    PolyForce
     			                          benjamin@maremotrice.ch         www.polyforce.ch
     			                          077 402 92 09
                                                                  MaréMotrice fait partie de Resartis
                                                                  www.resartis.org

                                                                  Sans le public qui soutient l’Association MaréMotrice depuis
                                                                  ses débuts via de nombreuses campagnes de crowdfunding,
                                                                  tout ceci n’existerait tout simplement pas.

                                                                  Les résidences ont épisodiquement reçu le soutien de :

          coordonnées bancaires de l’association MaréMotrice:
                  IBAN: CH49 8012 9000 0096 0076 7
                         SWIFT-BIC: RAIFCH22
          Banque Raiffeisen Moléson / Rte Principale 174 / 1628
30   31                  Vuadens / Switzerland
www.maremotrice.ch
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