Intégrer l'entreprise dans les limites planétaires - Retours d'expérience sur les méthodologies SBTN et CARE
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OCTOBRE 2022 Intégrer l’entreprise dans les limites planétaires Retours d’expérience sur les méthodologies SBTN et CARE Le Lab Capital Naturel, une initiative commune du WWF France et de la Chaire Comptabilité Ecologique pour préserver le capital naturel
Le Lab Le Lab Capital Naturel est né de la volonté commune du WWF- France et de la Chaire Comptabilité Écologique, d’apporter des solutions réellement efficaces à la dégradation alarmante des systèmes naturels de la planète par le système économique. Si le monde économique est en partie responsable des pressions qui pèsent sur les écosystèmes, la mobilisation des entreprises en faveur de la préservation du capital naturel constitue un levier décisif d’action et de changement. L’enjeu majeur aujourd’hui, pour ces acteurs, est celui d’une ap- propriation des sujets environnementaux qui intègre réellement la question écologique et qui soit à la mesure de ces défis fon- damentaux. Il consiste à passer d’une vision « relative » de leur performance environnementale, celle du «faire mieux» et de « l’amélioration continue », à une vision « absolue » de leur perfor- mance environnementale, qui implique de « faire ce qui s’impose ». Le WWF Le WWF est une organisation indépendante de conservation de la nature. Avec plus de 35 millions de sympathisants et un réseau actif dans plus de 100 pays grâce à ses dirigeants locaux, le WWF œuvre pour mettre un frein à la dégradation de l’environnement naturel de la planète et construire un avenir où les humains vivent en harmonie avec la nature, en conservant la diversité biologique mondiale, en assurant une utilisation soutenable des ressources naturelles renouvelables, et en faisant la promotion de la réduction de la pollution et du gaspillage. La Chaire Comptabilité écologique La Chaire Comptabilité écologique, portée par la Fondation Agro- ParisTech, a pour objectif de développer, modéliser, promouvoir et expérimenter des modèles comptables pour une transition écologique des organisations, des territoires et de la société vers la durabilité forte. En partenariat avec AgroParisTech, l’Université Paris Dauphine, l’Université de Reims Champagne-Ardenne et l’Institut Louis Bachelier, la Chaire étudie et articule trois niveaux de comptabilité : comptabilité des organisations, des écosystèmes, et comptabilité nationale. REMERCIEMENTS Entreprises Alpro : Eva de Keyser | Juliane Greff Le Groupe Bel : Marie-Laure Eychenne | Elodie Parre Le Groupe Carrefour : Agathe Grossmith | Elise Bouffies | Maëva Fougeyrollas GRDF : Nadia Ruelland | Stéphane Lejemble Le Groupe Rocher : Claude Fromageot | Violaine Ferraton LVMH : Antoine Dauphin | Stanislas Milcen | Hélène Valade Michelin : Lina Dechamp | Bertrand Bonhomme Le Lab WWF France : Pierre Cannet, Ciprian Ionescu, Aurélie Pontal, Alizée Masson, Anne-Charline Gal, Christopher Rannou, Nicolas Royet Chaire Comptabilité écologique : Alexandre Rambaud, Clément Feger, Aurélien Oosterlinck Cette publication a bénéficié du soutien de la Fondation MAVA et de la Fondation AgroParisTech.
Sommaire INTRODUCTION............................................................................................3 I. SCIENCE BASED TARGETS NETWORK (SBTN) Synthèse de la méthodologie et retours d’expérience des membres du Lab 1.1 La méthodologie SBTN................................................................................ 6 1.2 L’avancement des membres du Lab ............................................... 8 1.3 Retour d’expérience du Groupe Bel................................................... 9 1.4 Retour d’expérience d’Alpro................................................................... 13 1.5 Retour d’expérience de Michelin....................................................... 18 1.6 Retour d’expérience de Carrefour.....................................................23 II. COMPREHENSIVE ACCOUTING IN RESPECT OF ECOLOGY (MODÈLE CARE) Synthèse de la méthodologie et retours d’expérience des membres du Lab 2.1 Le modèle CARE.............................................................................................28 2.2 L’avancement des membres du Lab............................................. 30 2.3 Retour d’expérience de Carrefour..................................................... 31 2.4 Retour d’expérience de LVMH.............................................................34 2.5 Retour d’expérience de GRDF.............................................................38 2.6 Retour d’expérience du Groupe Rocher...................................... 41 CONCLUSION..............................................................................................44 Pour plus d’informations relatives aux notions complexes abordées dans ce recueil : https://lab-capital-naturel.fr/lexique Graphisme et mise en page Agence Muscade Les marques WWF® et World Wide Fund for Nature® et ©1986 Panda Symbol sont la propriété de WWF-World Wide Fund For Nature (anciennement World Wildlife Fund). Tous droits réservés. Document publié en octobre 2022 Toute reproduction totale ou partielle doit mentionner le titre et porter crédit à l’éditeur mentionné ci-contre en tant que titulaire du droit d’auteur. WWF France, 35-37 rue Baudin - 93310 Le Pré Saint-Gervais Photo de couverture : © Copyright Claudio Testa - Unsplash © Joel Vodell - Unsplash -1-
Introduction L’état des systèmes naturels, décrit dans les rapports épuration des eaux, bioinspiration, les bénéfices scientifiques depuis plusieurs décennies et observé écologiques que les activités humaines retirent de sur le terrain sous toutes les latitudes, est de plus la nature sont aussi variés que stratégiques. Le Forum en plus alarmants. Les travaux sur les Limites Plané- Économique Mondial de Davos considère ainsi que taires1 – les neuf processus critiques qui régulent la plus de la moitié de l’économie mondiale dépend de stabilité du système Terre – permettent de prendre la nature et des services qu’elle en retire. la mesure de l’effondrement en cours : sur les neuf Les instruments et méthodologies dirigés vers la limites planétaires, 6 sont désormais franchies ou en soutenabilité forte représentent les seuls outils trans- cours de dépassement (le changement climatique, formatifs réellement aptes à répondre à l’urgence l’érosion de la biodiversité, le changement d’utilisa- écologique. Actuellement en plein essor et de plus tion des sols, la perturbation des cycles de l’azote et en plus plébiscités, ils se trouvent toutefois encore du phosphore, les pollutions chimiques, et le cycle en cours de développement. Il est aujourd’hui impé- de l’eau douce). ratif de multiplier leur expérimentation au sein des Pour apporter des solutions réellement efficaces à entreprises pour favoriser leur mise en œuvre opéra- la profonde crise écologique que nous traversons, tionnelle, et progresser rapidement vers leur déploie- le WWF France et la Chaire Comptabilité écolo- ment à grande échelle. C’est l’engagement qu’ont pris gique ont lancé en 2021 le Lab Capital Naturel2, une en 2021 les fondateurs et les entreprises membres du plateforme dédiée aux entreprises pour favoriser le Lab Capital Naturel, en s’investissant dans le dévelop- développement et la diffusion des méthodologies pement de deux cadres méthodologiques complé- orientées vers la soutenabilité forte. mentaires : l’initiative Science Based Targets Network (SBTN), qui construit des méthodologies de déter- La force du principe de soutenabilité forte réside dans mination d’objectifs de bon état écologique pour les la nouvelle conception des relations entre économie entreprises, et le modèle comptable Comprehensive et écologie qu’il propose, dans laquelle les capitaux Accounting in Respect of Ecology (CARE) qui permet naturels sont conservés dans le temps indépendam- d’intégrer ces objectifs de conservation au cœur des ment des autres capitaux, c’est-à-dire sans possibilité stratégies et des modèles d’affaires des entreprises. de substitution. En particulier, les dégradations de la nature ne sauraient être compensées par la création Après deux années d’existence du Lab, nous sommes de nouvelles richesses financières. Concrètement, heureux de pouvoir aujourd’hui publier ce premier la mise en application de ce principe suppose d’ins- recueil de retours d’expérience. Il présente les moti- crire le développement économique – et donc la vations, les modes opératoires, les grands résultats trajectoire de chaque organisation qui le compose et les principales limites des projets conduits par les – dans le respect strict des seuils de renouvellement entreprises du Lab sur les méthodologies SBTN et et d’assimilation des écosystèmes (seuils de « bon CARE, et discutés dans le cadre de nos ateliers. état écologique ») et dans la prise en considération Dans le contexte de la séquence internationale pour des attentes sociétales en matière de préservation la biodiversité qui s’ouvre enfin, cet engagement de la nature. d’entreprises pionnières pour la soutenabilité forte Le monde économique, qui détient une responsa- démontre la capacité et la volonté du secteur privé bilité importante dans les dégradations environne- à intégrer des engagements rigoureux de conserva- mentales, se doit d’engager au plus vite des mesures tion de la nature. L’une de nos ambitions majeures radicales à la hauteur des enjeux. Une transition des à court terme est que ce mouvement participe, à entreprises vers la soutenabilité forte est aujourd’hui la fin de l’année 2022, à promouvoir l’adoption d’un non seulement une absolue nécessité écologique, un accord ambitieux aligné sur la science et les attentes devoir moral, et une demande majeure de la socié- sociétales lors de la 15eme COP de la Convention sur té civile, mais elle représente une condition pour la la Diversité Biologique. viabilité même de l’économie : fertilité des sols, pol- linisation, approvisionnement en matières premières, 1 https://www.stockholmresilience.org/research/planetary-boundaries.html 2 https://lab-capital-naturel.fr/ -3-
I Science Based Targets Network (SBTN) Synthèse méthodologique et retours d’expérience des membres du Lab
1.1 La méthodologie SBTN Aux origines de SBTN la planète et sur les objectifs sociétaux (ex: objectifs de développement durable). ‘Le Lab Capital Naturel’ du WWF France et de la Chaire Qu’est-ce que SBTN ? de Comptabilité écologique s’inscrit dans ce mou- SBTN (Science-based Targets Network3) est un réseau vement en permettant aux entreprises de tester les mondial, crée en 2019, composé de plus de 50 or- méthodologies SBTN en cours de développement. ganisations (dont le WWF). La mission de SBTN est Pourquoi utiliser SBTN ? de créer une économie mondiale dans laquelle la science et les objectifs sociétaux définissent com- Crise climatique et crise de la biodiversité ne peuvent ment les entreprises et les villes peuvent opérer afin pas être résolues séparément. de rééquilibrer notre système planétaire et inverser S’appuyant sur les travaux de l’initiative SBTi (Science- la courbe de la perte de biodiversité. based Targets Initiative), le pendant climatique de la Les cibles SBT (Science-based Targets) se définissent démarche SBT fondé en 2015, SBTN reconnait la né- comme des objectifs mesurables, applicables et cessité de développer des méthodologies pour la délimités dans le temps, basées sur les meilleures biodiversité, l’eau douce, la terre et les océans. données scientifiques disponibles, qui permettent Les entreprises doivent commencer à agir dès main- aux acteurs de s’aligner sur les limites écologiques de tenant pour que nos efforts collectifs commencent à inverser la tendance actuelle de déclin de la nature. Les différentes étapes de SBTN Ces cinq étapes (détaillées ci-dessous) constituent le cadre méthodologique de SBTN pour permettre aux SBTN définit 5 étapes pour fixer des SBT pour la Na- entreprises de se fixer des cibles robustes scientifi- ture à savoir : (1) évaluer, (2) interpréter et prioriser, (3) quement et de les accompagner vers une soutena- mesurer, établir et publier, (4) agir, (5) suivre. bilité de leur modèle d’affaires. 3 https://sciencebasedtargetsnetwork.org/ -6-
3 2 MESURER, 4 ÉTABLIR ET 1 INTERPRÉTER ET PRIORISER PUBLIER AGIR 5 ÉVALUER SUIVRE MESURER LES VALEURS DE REFERENCE EVITER DEVELOPPER UN IDENTIFIER SES PLAN DE SUIVI FAIRE SPHERES D'INFLUENCES REDUIRE LE SUIVI REALISER UNE ANALYSE DE MATERIALITE ETABLIR DES CIBLES PRIORISER LES RESTAURER ET RENDRE LOCALISATIONS PUBLIER SES OBJECTIFS REGENERER COMPTE CARTOGRAPHIER SA CHAINE DE VALEUR ET LEURS VALEURS DE REFERENCE VERIFIER TRANSFORMER Figure 1 - Les 5 étapes du cadre méthodologique SBTN - © Science Based Targets Network (1) Évaluer L’entreprise doit estimer ses impacts envers la Nature basés sur des données existantes et collectées. Cette estimation quantitative doit également prendre en compte la localisation géographique des impacts (pays ou échelle inférieure) et leurs situations le long de la (les) chaîne(s) de valeur(s) de l’entreprise Figure 2 - Cadre d’action du SBTN (ER3T) [source : Science (amont/opérations directes/aval). Le résultat final est Based Targets for Nature - Initial Guidance for Business, 2020] donc une liste des zones à enjeux et leur localisation sur la chaîne de valeur. (5) Suivre (2) Interpréter et prioriser Enfin, l’entreprise se doit de suivre les progrès accom- L’entreprise doit ensuite interpréter les résultats de plis dans la réalisation de ses objectifs, en rendant l’étape 1 afin de prioriser les enjeux clés et les zones compte publiquement des résultats, et en adaptant où il faut agir. Cette priorisation s’effectue en tenant son approche si nécessaire. compte de différents critères notamment celui de l’état de la nature (une zone à fort stress hydrique par exemple sera à prioriser), de l’importance de l’impact POUR ALLER PLUS LOIN par rapport à l’entreprise (si un impact représente Ressources clefs 80% de l’ensemble des impacts de l’entreprise) et https://sciencebasedtargetsnetwork.org/ des différentes sphères d’influence de l’entreprise (si wp-content/uploads/2020/11/Science- une entreprise a un fort pouvoir d’influence dans une Based-Targets-for-Nature-Initial-Guidance- zone géographique donnée). for-Business.pdf (3) Mesurer, établir et publier https://sciencebasedtargetsnetwork.org/ L’entreprise doit ensuite collecter des données de issue-hubs/biodiversity/ référence pour les enjeux et les zones prioritaires https://sciencebasedtargetsnetwork.org/ identifiées. En utilisant ces données, l’entreprise est wp-content/uploads/2021/03/SBTN-Initial- en mesure d’établir des cibles en adéquation avec Guidance-Executive-Summary_French.pdf les limites planétaires et les objectifs sociétaux, puis de les publier. https://sciencebasedtargetsnetwork.org/ resources/ (4) Agir Actualités Une fois les cibles définies, l’entreprise doit définir un plan d’action en suivant le cadre du SBTN (ER3T : évi- https://sciencebasedtargetsnetwork.org/ ter, réduire, régénérer, restaurer et transformer - voir wp-content/uploads/2022/09/Technical- ci-dessous). Éviter d’avoir des impacts négatifs sur Guidance-for-Step-1-Assess-and-Step-2- la nature, réduire les impacts inévitables et restaurer Prioritize.pdf et régénérer les écosystèmes critiques pour le bon https://sciencebasedtargetsnetwork.org/ fonctionnement de la planète. Enfin, l’entreprise doit wp-content/uploads/2022/09/Technical- également établir un plan d’action pour transformer Guidance-for-Step-3-Measure-Set-Disclose- ses pratiques et activités néfastes pour la nature. for-Freshwater.pdf -7-
1.2 L’avancement des membres du Lab 1 Évaluer Réaliser une analyse de matérialité Cartographier sa chaîne de valeur 2 Interpréter et prioriser Identifier ses sphères d’influence Prioriser les localisations 3 Mesurer, établir et publier Mesurer les valeurs de référence Développer un plan de suivi Établir des cibles Publier ses objectifs et leurs valeurs de références 4 Agir Éviter Réduire Restaurer et régénérer Transformer 5 Suivre Faire le suivi Rendre compte Vérifier -8-
1.3 Retour d’expérience du Groupe Bel Présentation de Le Groupe s’est fixé pour mission d’offrir une alimen- tation plus saine et responsable pour tous. Dans une l’entreprise démarche de progrès continu qui mobilise tout son écosystème, Bel veut répondre aux grands enjeux sociétaux et environnementaux grâce à un nouveau Entreprise familiale de près de 160 ans, et acteur modèle alimentaire ayant un impact positif pour international majeur de l’alimentation, le Groupe toutes les générations. Bel propose des produits en portions issus du lait, Dès 2003, le Groupe a choisi de rejoindre volontai- du fruit et du végétal – à travers des marques ico- rement le Pacte Mondial des Nations-Unies, dé- niques et internationales tels que La Vache qui rit®, montrant sa volonté d’agir concrètement en faveur Kiri®, Babybel®, Boursin®, Nurishh®, Pom’Potes® du développement durable. Aujourd’hui, le groupe ou GoGo squeeZ®, ainsi qu’une vingtaine d’autres a structuré son approche développement durable marques locales. autour de cinq grands enjeux prioritaires : Ancré dans les territoires, le Groupe s’appuie sur l’ex- • Contribuer à une alimentation plus saine pertise et l’engagement de ses 11 800 collaborateurs • Promouvoir une agriculture durable et régénératrice répartis au sein de ses 29 sites de production et ses • Concevoir des emballages responsables près de soixante filiales dans le monde. En 2021, le • Lutter contre le changement climatique et réduire Groupe a réalisé un chiffre d’affaires de 3,38 milliards son empreinte environnementale d’euros. • Renforcer l’accessibilité de ses produits -9- © Xavi Moll - Unsplash
CARACTÉRISTIQUES PRINCIPALES 2035 et l’intégration du carbone, comme un outil de DE L’ENTREPRISE pilotage de ses activités. Secteur : Alimentaire Convaincu du rôle clé et transverse de la biodiversité, mais aussi du lien intrinsèque entre Climat et Biodi- Cœur d’activité : Produits de grande consom- versité, le Groupe a rejoint en 2020 SBTN ainsi que mation. Le Groupe Bel propose des produits le Corporate Engagement Program. Ce travail colla- en portions issus du lait, du fruit et du végétal boratif a pour objectif de concevoir et de tester une Type de structure : multinationale nouvelle méthodologie de calcul robuste permettant aux entreprises d’élaborer des objectifs alignés sur Taille de l’entreprise : 11 800 collaborateurs une trajectoire fondée sur les limites planétaires. Présence géographique : Sites de produc- En 2021, Bel a franchi une autre étape en réalisant une tion majoritairement en Europe, Amérique analyse de matérialité de ses impacts sur la biodiversité, du Nord et Moyen-Orient et près de soixante de ses matières premières à la fin de vie de ses produits, filiales dans le monde la mesure étant essentielle pour pouvoir progresser. Mise en place Cadre du cadre méthodologique méthodologique choisi Périmètre étudié : Groupe Le Groupe Bel a publié en 2020 une politique, coé- Consultant : Metabolic crite avec le WWF France portant sur la préservation, la valorisation et la restauration de la biodiversité sur Le Groupe Bel a pu s’appuyer sur le soutien et l’exper- l’ensemble de sa chaîne de valeur. Cette politique tise du WWF France et de l’agence Metabolic pour détaille les engagements du Groupe sur trois volets : la réalisation des livrables, selon la méthodologie en cinq étapes de SBTN. 1. La préservation des forêts et des écosystèmes naturels qui fixe l’objectif qu’aucune des matières Le Groupe Bel a réalisé les étapes 1 et 2 de SBTN et a premières clés du Groupe ne contribue à la défo- également mené une étude sur l’étape 3 concernant restation ou à la conversion d’écosystèmes natu- l’établissement de seuils écologiques à l’échelle d’un rels d’ici à 2025 ; territoire, plus particulièrement au niveau d’un bassin 2. L’engagement du Groupe à évaluer son empreinte laitier. biodiversité pour fixer des objectifs robustes fon- Les différentes phases de mises en œuvre des étapes dés sur une approche scientifique ; 1 et 2 ont été : 3. La volonté du Groupe d’améliorer son empreinte biodiversité, en mettant en place des projets de 1. Définition du périmètre et collecte des données préservation, restauration et sensibilisation à la auprès du Groupe biodiversité en étroite collaboration avec ses par- 2. Traitement des données par le prestataire, Metabolic tenaires œuvrant au quotidien dans les filières. 3. Revue critique des travaux réalisés et des résultats par le Groupe Bel et le WWF France En 2017, le Groupe Bel a souhaité se saisir des enjeux climatiques en rejoignant l’initiative Science Based Concernant l’étape 3, les étapes ont été les suivantes : Target (SBTi) afin de contribuer à l’atteinte des objec- 1. Définition et choix du paysage tifs de l’Accord de Paris. Un engagement réaffirmé et 2. Collecte et achat de données nécessaires à l’étude renforcé en 2022, lorsque le Groupe Bel a annoncé 3. Réalisation de calcul son objectif de réduction carbone pour contribuer à 4. Relecture et revue critique des travaux réalisés et limiter le réchauffement climatique sous le seuil de actions proposées +1,5°C. Cet engagement particulièrement ambitieux pour un Groupe principalement laitier, implique une En parallèle de ce travail, les équipes RSE du Groupe réduction nette d’1/4 des émissions de gaz à effet ont participé à des groupes de discussions et contri- de serre de Bel, sur toute sa chaîne de valeur d’ici bué aux travaux du Corporate Engagement Program (CEP), en apportant notamment leur aide et expertise à des groupes consultatifs techniques. - 10 -
Présentation Bel s’est également engagé à tester des outils et méthodes développés par SBTN, et à apporter des des résultats retours détaillés permettant de les améliorer et cor- respondre au plus près de la réalité des besoins des entreprises. Le Groupe est donc devenu au fil de son expérience, un membre actif auprès des communau- Objectifs tés SBTN à travers le CEP et du Lab Capital Naturel comme le démontre les expériences explicitées dans En tant qu’entreprise agroalimentaire, le Groupe Bel ce recueil. Dans un avenir proche, le Groupe devrait a une double relation au vivant. initier des projets pilotes pour avancer sur la définition D’abord, une responsabilité, celle de contribuer à de seuils écologiques locaux. nourrir une population mondiale qui atteindra 10 mil- Données utilisées : liards d’individus en 2050, et cela, sans compromettre les ressources de la planète. Ensuite, une dépen- Afin que les résultats soient les plus robustes pos- dance, car le groupe Bel bénéficie de ce qu’offre la sibles et basés sur la science, un grand nombre de biodiversité pour assurer et pérenniser ses activités. données sur les achats et l’origine détaillée des ma- tières premières a été délivré, ainsi que les bilans Il ne s’agit donc pas pour l’entreprise de faire pour carbone du groupe, en complément de toutes les ensuite réparer, il s’agit de préserver. Et cela ne peut informations déjà disponibles dans les publications se faire qu’en travaillant en premier lieu sur une meil- de Bel. Pour cela, les équipes RSE ont pu s’appuyer leure connaissance et mesure de l’empreinte biodi- sur l’expertise, l’engagement et la contribution des versité du Groupe. équipes achats et environnement notamment. SBTN STEP 1– MATERIALITY ASSESSMENT & IMPACT OF SUPPLIES For illustration Matières Premières 1 Matières Premières 2 Matières Premières 3 Matières Premières 4 Matières Premières 5 Figure 3 - SBTN Step 1 : Analyse de matérialité (ACV) SBTN STEP 2 – PRIORITIZATION For illustration First step of STEP 2 Identification of the most critical impacts (from 1 to 5) for each pressure having an influence on biodiversity Figure 4 - SBTN Step 2 : Priorisation (ACV) - 11 -
Quels sont les impacts les plus importants de l’entre- prise, quelles sont les zones, les étapes de la chaîne de valeurs sur lesquelles prioriser ses efforts ? Résultats La première étape consiste en une analyse de maté- rialité et d’impact des approvisionnements qui entrent dans la chaîne de valeur. Cette analyse permet de donner une vision assez globale du niveau d’impact des différentes matières premières qui entrent dans les chaînes de production de l’amont jusqu’à l’aval, sur les différentes pressions exercées sur la biodiversité. Il est également possible d’obtenir des données contextualisées par site de production, et ainsi bien comprendre quelles sont les activités les plus impactantes et dans quels territoires. La deuxième étape permet de définir les ingrédients et localisations prioritaires sur lesquels l’entreprise devrait établir des objectifs. Elle donne une vision globale des impacts les plus critiques pour chaque pression exercée sur la biodiversité, ainsi qu’une priorisation des couples ingrédients/localisations sur lesquels agir. © Quaritsch Photography - Unsplash L’application de la méthodologie a eu des impacts en travail, les efforts et plans d’actions déjà mis en place interne, tout d’abord en termes de temps passé, les sur le terrain. La biodiversité et le climat sont liés, équipes ayant été fortement mobilisées et sollicitées. les sujets sont interdépendants, Bel a déjà des poli- Cette forte implication a permis aux équipes Bel de tiques existantes sur lesquelles s’appuyer, tout ceci monter en compétence sur ce sujet très complexe et d’y doit s’inscrire dans une feuille de route de progrès, être sensibilisées. Il y a eu une vraie prise de conscience dans la continuité des actions déjà existantes (poli- de l’interconnexion des sujets entre climat et biodiversi- tiques de biodiversité, préservation des forêts et des té notamment, ainsi que du niveau d’impact et dépen- écosystèmes naturels) dance des activités du Groupe Bel sur la nature. Enfin, il y aura des besoins de guidelines claires pour pouvoir initier le step 3, avec la définition de seuils Enseignements écologiques sur des territoires précis. et projection vers Prochaines étapes les prochaines La biodiversité est partout, et le Groupe Bel est conscient que chacune de ses opérations peut avoir étapes un impact sur cette dernière et qu’il en reste très dé- pendant ainsi que de son état de préservation. Les ac- tivités de Bel sont variées (lait, fruits et autres produits végétaux) et sont implantées sur une grande diversité Enseignements de régions et d’écosystèmes, dont il est essentiel de L’enjeu du Groupe Bel sera dans un premier temps de protéger la richesse naturelle. Le défi du Groupe est bien sensibiliser les équipes en interne pour qu’elles d’embrasser l’ensemble des enjeux de la biodiversité puissent s’approprier les sujets. Cela nécessitera un et d’agir de manière responsable sur l’ensemble de travail de simplification de la part de toutes les parties sa chaîne de valeur. prenantes (Metabolic, le WWF et les équipes RSE du Une fois que la méthodologie SBTN sera posée et groupe Bel) afin de rendre concret et compréhensible définie, le Groupe Bel pourra alors prioriser les zones les ambitions et objectifs que se donne le Groupe. d’intervention sur lesquelles se focaliser pour réduire Le deuxième point qui paraît être essentiel est l’ar- son empreinte avant de définir les seuils écologiques ticulation avec l’existant prenant en compte tout le pour ces zones prioritaires. - 12 -
1.4 Retour d’expérience d’Alpro Présentation de la planète comme pour notre santé. Cette vision est en accord avec la stratégie One Planet, One Health l’entreprise du Groupe Danone. Alpro a été fondé il y a plus de 40 ans avec la convic- CARACTÉRISTIQUES PRINCIPALES tion qu’il existe une meilleure façon de nourrir le DE L’ENTREPRISE monde. Depuis sa création, l’objectif de la marque est d’ouvrir la voie à une alimentation plus saine et à un Secteur : Alimentaire mode de vie durable en lançant les premiers produits Cœur d’activité : Produits grande consom- végétaux. Alpro est convaincu que l’alimentation a mation. Alpro produit des alternatives ali- un impact sur tout ce qui vit et que l’entreprise peut mentaires végétales : boissons, produits jouer un rôle majeur dans la transition alimentaire. fermentés et desserts à base de soja, d’avoi- Ainsi, Alpro fait le choix de promouvoir une alimen- ne, d’amande, de noix de coco et d’autres tation végétale saine et délicieuse en faveur de la ingrédients végétaux. soutenabilité environnementale et sociale, et sou- haite capitaliser sur la force de leurs marques pour Taille de l’entreprise : Multi-internationale convaincre leurs consommateurs de passer à une Présence géographique : Principalement alimentation plus végétale. Pourquoi ? Parce qu’un Europe mode de vie à base de plantes est plus durable pour - 13 - © Austin Wilcox - Unsplash
Cadre Science Based Targets initiative (le pendant climatique des SBT). Pour rester en dessous de 2°C de réchauf- méthodologique fement climatique, Alpro devait réaliser une réduction de 26% des émissions de carbone directes (« scope 1+2 ») par tonne de produit entre 2010 et 2020. Ce choisi qui a déjà porté ses fruits : au cours des 10 dernières années, une réduction de 35% des émissions de carbone liées à l’énergie par tonne de produit a été La production alimentaire mondiale a un impact réalisée ! énorme sur la planète, non seulement sur le climat, mais aussi sur la nature dans son ensemble. La crise Aujourd’hui, Alpro contribue à l’objectif SBTi de Da- de la biodiversité représente un risque à la fois pour none de rester en dessous de 1,5° de réchauffement la santé humaine et pour les entreprises. Non seule- climatique. ment les populations de mammifères, d’oiseaux, de Alpro étant convaincu que les organisations et les poissons, d’amphibiens et de reptiles ont diminué en entreprises ont besoin d’un processus pour «bud- moyenne de 68 % en seulement 50 ans, mais la nature gétiser» les impacts environnementaux de manière est également le fondement de notre économie, plus aussi détaillée que ce que beaucoup font déjà pour le de la moitié du PIB mondial dépend modérément ou carbone. Alpro a ainsi souhaité s’engager de la même fortement de la nature et de ses services. Il est urgent manière sur la biodiversité en décidant d’étendre sa d’agir pour préserver et restaurer la biodiversité afin fixation d’objectifs du climat à la nature. d’atténuer les risques financiers et de santé liés à ce niveau sans précédent de perte de biodiversité. Pour se faire, Alpro commença en 2018 par réaliser un projet pilote appelé One Planet sur leurs ingrédients clés afin d’évaluer leurs impacts sur les différentes limites planétaires à l’échelle de l’ensemble de sa chaînes de valeur. Ce projet pionnier fut réalisé avec leurs partenaires scientifiques, le WWF et l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature) et s’est concentré sur les cinq limites planétaires les plus importantes pour les entreprises du secteur alimen- taire et agricole : le CO2, l’eau, l’utilisation des terres, la biodiversité et l’azote. Ce projet pilote fut axé sur la culture du soja et des amandes, car c’est dans ces cultures agricoles que l’entreprise a le plus d’impact et, en même temps, le plus de potentiel transformatif. Pour poursuivre et compléter ces travaux, Alpro décida en 2021 de réaliser l’étape 1 de SBTN afin d’effectuer une analyse de matérialité permettant une évaluation complète de la chaîne de valeur du Groupe. Cette analyse a permis de comprendre les pressions exercées par l’entreprise sur l’ensemble de ses opérations et cartographier les risques d’impact. Outre la réalisation des étapes 1 et 2 de SBTN, Alpro a également rejoint le Corporate Engagement Program de SBTN pour les raisons suivantes : • Afin d’être au plus proches des experts permettant une co-construction des outils et méthodes via le partage des besoins et réalisations passées des © Alpro entreprises ; • Mais également d’instaurer une synergie à travers Le changement climatique est l’un des plus grands une plateforme collaborative dans le but d’agir dès défis auxquels notre génération est confrontée, ce maintenant et d’enclencher un processus d’amé- qui fait de la réduction du carbone une priorité pour lioration continue basé sur des objectifs fondés Alpro. Dans cette optique, dès 2011, Alpro a travaillé sur la science et non seulement sur la faisabilité. de manière pionnière à la mise en place d’une stra- • Enfin, le CEP permet aussi d’être au plus proche tégie de réduction du carbone et de plans d’actions du processus de développement du SBTN et de spécifiques en travaillant avec le WWF sur le projet partager les obstacles et d’être accompagné dans Climate Savers - projet qui a par la suite évolué en leurs résolutions. - 14 -
Mise en place a conclu l’analyse par des recommandations sur la du cadre manière de poursuivre la dynamique pour l’étape 3 (Mesurer, définir et divulguer). méthodologique L’analyse s’est ainsi déroulée de la manière suivante : Étape 1 : Avec l’aide de partenaires externes (WWF, Metabolic) • Identification de la liste des pressions matérielles et experts internes, Alpro a effectué l’étape 1 (Éva- d’Alpro à l’aide de l’outil de matérialité sectorielle luer) et l’étape 2 (Interpréter et prioriser) de SBTN, et (SMT) du SBTN. Figure 5 - Step 1 : Pressions matérielles, au niveau de l’entreprise • Collecte des données et réalisation par Metabo- • Utilisation des facteurs de l’analyse du cycle de lic de trois évaluations d’impact des activités en vie (ACV) pour mieux comprendre l’empreinte eau, amont et directes d’Alpro, basées sur les paires l’empreinte sol et la pollution associées à tous PRESSURE ANALYSIS : BASED ON LCA FACTORS ADAPTED d’ingrédients/sources, les sites de production et les matériaux d’emballage. les ingrédients, sites de production et matériaux d’emballage achetés. TO OUR OWN DATA Topics Pressures State Ingredients Operations Packaging Figure 6 - Évaluation finale des pressions : Trois sous-évaluations - 15 -
EXAMPLE OF THE NATURE ASSESSMENT: RISK OF DEFORESTATION PER INGREDIENT/COUNTRY PAIR EXAMPLE OF THE NATURE ASSESSMENT: RISK OF overallDEFORESTATION PER INGREDIENT/COUNTRY PAIR The inner circle = % of the footprint within each risk bin Ex : 63% of our ingredients (land-use footprint) are medium-high risk categories The inner circle = % of the overall footprint within each risk bin The Ex : 63% of middle ring categorizes our ingredients (land-use footprint) are medium-high ingredient risk risk bin within each categories Ex: From the 63% of land use footprint in the medium-high risk category, 53% KEY: is one ingredient The middle ring categorizes 5 Extremely high risk (>80%) ingredient within each risk bin 4 High risk (40-80%) Ex: From the 63% of land use footprint 3 The out ring categorizes ingredient with in the medium-high risk category, 53% Medium-high risk (20-40%) KEY: is oneits sourcing location within each risk bin ingredient 2 Low-medium risk (10-20%) Ex: The ingredient representing 53% land use 5 1 Extremely high riskrisk Low (>80%) (
Enseignements entreprises un langage commun pour parler de ces sujets et uniformiser les règles en la matière. et projection vers Freins les prochaines La méthodologie est encore en cours de construction. Celle-ci est encore plus complexe que les SBT pour étapes le climat, car les dimensions concernées sont beau- coup plus nombreuses (c’est-à-dire l’eau, la terre, etc.). Il faut également tenir compte des perspectives Enseignements et des objectifs sociétaux, ce qui est également très Opportunités complexe. La difficulté se matérialise également par le fait que la méthodologie complète de SBTN soit C’est la première fois qu’Alpro analyse de manière en cours de développement. aussi approfondie les risques dans sa chaîne d’ap- provisionnement. Cela a facilité les discussions à long La fixation d’objectifs peut conduire à des change- terme qui sont nécessaires pour définir une vision ments dans la structure ou la stratégie d’une entre- claire. prise, c’est-à-dire à réinventer la manière de faire des affaires. Ce qui représente à la fois une opportunité de Ces premiers résultats ont permis d’organiser un faire mieux mais comprend également des freins liés atelier interne avec les responsables des achats et au fonctionnement des grandes entreprises. l’équipe de développement durable d’Alpro pour faire des exercices de ‘visionning’, comprendre les sphères Prochaines étapes d’influences et s’aligner afin d’interpréter et classer Alpro a défini deux catégories de priorité pour les par ordre de priorité les ingrédients et les pays d’ap- ingrédients. Par exemple, pour la commodité tourne- provisionnement. sol, les priorités sol et eau ont été identifiées. Dans Pour que la fixation d’objectifs soit un succès, il faut chacune de ces catégories, il existe des domaines de un engagement à tous les niveaux de l’entreprise. priorité spécifiques. Par exemple, pour le sol (risque L’impact sur la nature est un sujet complexe à abor- biodiversité, dégradation des sols, déforestation), der de manière compréhensible et à représenter pour l’eau (pollution et stress hydrique). par des indicateurs clés de performance faciles à SBTN travaille actuellement à l’élaboration d’un arbre comprendre. C’est exactement la raison pour laquelle de décision pour l’établissement des objectifs dans le rôle du réseau SBTN est crucial pour donner aux les catégories de priorité. Lorsque ce guide sera disponible, il apparaîtra clairement où Alpro devra fixer des objectifs qui couvrent les impacts critiques au sein de la chaîne de valeur en amont (étape 3). Dans l’intervalle, Alpro peut fixer des objectifs « sans regret » dans chacun des domaines de priorisation en se basant sur les orientations provisoires de fixation des objectifs du SBTN. Alpro a élaboré avec des experts et en collaboration avec WWF un ensemble d’actions à prendre et une feuille de route d’ici 2023 pour chaque ingrédient prioritaire avec son origine d’approvisionnement. L’entreprise planifie d’organiser des ateliers en in- terne afin d’incorporer l’expertise de ce projet dans les stratégies à long-terme d’approvisionnement. Alpro a également participé au projet pilote CAMEL (Commodity Assessment: Measuring Effects on Land), un outil en développement qui vise à aider les en- treprises à développer des inventaires des impacts terrestres des commodités. Cet outil, développé par le Land Hub de SBTN a permis de confirmer, com- pléter et comparer avec la liste des ingrédients à haut © Nicolas Messifet - Unsplash risque du SBTN mobilisée dans cette étude. - 17 -
1.5 Retour d’expérience de Michelin Présentation de 26 pays, 9 pôles de recherche et développement à travers le monde, et une présence commerciale l’entreprise dans 170 pays. Parce qu’il est urgent d’agir pour préserver la planète et ses habitants, Michelin multiplie ses engagements Depuis plus d’un siècle, Michelin innove pour inventer et ses actions autour de la lutte contre le changement l’avenir de la mobilité et répondre aux attentes de ses climatique, de la préservation des ressources, de la clients et de ses parties prenantes, en permettant aux protection de la biodiversité, ou encore d’une mobilité femmes et aux hommes du Groupe de développer plus sûre. leur potentiel. C’est ce que résume sa raison d’être : « offrir à chacun une meilleure façon d’avancer », En 2021, Michelin a choisi de démarrer le test du cadre qui irrigue son modèle stratégique et son modèle méthodologique Science Based Targets for Nature humain et social. – SBTN car il s’inscrit dans une démarche d’identifi- cation et d’analyse des impacts et des dépendances Une empreinte mondiale des activités de l’entreprise sur la nature, de définition Le groupe Michelin est aujourd’hui implanté sur d’objectifs ambitieux et basés sur la science, tout en tous les continents. Avec un effectif mondial de mesurant le progrès des actions mises en œuvre. 125 000 personnes, 123 sites de production dans - 18 - © Geran de Klerk - Unsplash
CARACTÉRISTIQUES PRINCIPALES DE L’ENTREPRISE Secteur : Équipementier automobile Cœur d’activité : Manufacturier de pneuma- tique Taille de l’entreprise : 125 000 employés Présence géographique : 177 pays Cadre méthodologique choisi et mise © K.P.D. Madhuka - Unsplash en place Équipes impliquées en interne : • Comité Biodiversité Le WWF France, partenaire de Michelin depuis 2015, • Équipes de la direction de la Recherche et Déve- accompagne le Groupe dans la promotion des pra- loppement tiques durables dans la filière caoutchouc naturel et • Équipes de la direction des Achats la préservation de la Biodiversité. • Équipes de la direction de l’Environnement C’est dans le cadre de ce partenariat que Michelin • Équipes de la direction du Développement Durable a rejoint le Lab Capital Naturel en 2021. Participer au Lab Capital Naturel était pour le Groupe l’opportunité Consultant : Quantis de découvrir des outils de soutenabilité forte tels que Données utilisées : CARE et SBTN, de tester les méthodologies grâce à la mise en place de pilotes, tout en étant accompagné • Matières premières utilisés : Analyses de Cycle de par des experts et de partager les expériences avec Vie (ACV) et cartographie des approvisionnements les autres membres du Lab. • Opérations directes : cartographie des sites, émis- sions de CO2, prélèvements et rejets d’eau, inventaire La méthodologie des étapes 3 à 5 étant encore en des zones et espèces protégées à proximité des sites cours de développement par les équipes SBTN, le SBTN :1aet test a uniquement été réalisé sur les étapes sse2.ss, inteL’étude rpret & ps’est rioritidéroulée ze en quatre sous-étapes : 1. ASSESS 2. INTERPRET & PRIORITIZE SBTN Step 1a 1b 1c 2 Sector-level materiality Value chain hotspot Company-level Interpret & prioritize assessment assessment refinement Focus on the tyres Value Chain Impact. Refinement of steps 1a & The objective is to well production, Michelin’ Mapping of the 1b by considering understand the results of Method main activity. production process using Michelin’ specificities. Step 1 in order to interpret The objective is to map geographical data. Interviews with key and prioritize risks. the potential impacts on internal stakeholders. biodiversity. Downstream : Life Cycle Assessment (LCA) and raw materials Figure 8 - Spectre supplydes étapes méthodologiques SBTN appliqué à Michelin mapping. Data Industry or average data Direct Operations: Mapping of production sites, CO2 emissions, water withdrawals and discharges, inventory of - 19 - protected areas and species.
Présentation L’étude s’est finalement concentrée sur les périmètres des résultats amont et opérations directes car la méthodologie et les données sectorielles nécessaires à l’identification des impacts du périmètre aval sont toujours en cours Étape 1 : Évaluer de développement par SBTN. Sous-étape 1.a : 3 enjeux majeurs ont été identifiés pour le secteur Analyse de matérialité des impacts du secteur : du pneumatique : L’objectif de cette première étape était d’identifier • La contribution du secteur au changement cli- les enjeux clés de la filière du pneumatique sur l’en- matique lié aux émissions de CO2 des deux pé- semble de ses opérations : les opérations en amont rimètres étudiés (matières premières utilisées), les opérations directes • L’utilisation des terres liée à la production des (activité des sites industriels) et les opérations en aval matières premières (distribution et usage du produit). • L’utilisation de l’eau pour la production industrielle SUMMARIZED RISK ASSESSMENT FOR THE PNEUMATIC SECTOR 1a:Sector-level materiality assessment Nature-related Upstream Direct Operations Downstream issue area Land/Water/Sea Medium High Use Change Resource Medium High exploitation The methodology and sector data for the downstream scope are not yet Climate Change Very High High available. Pollution Medium Medium Invasives and Medium High Other 59 Figure 9 - Évaluation résumée des risques pour le secteur pneumatique Les outils d’évaluation utilisés (guide SBTN, ENCORE L’objectif ici était d’identifier et cartographier les prin- et Exiobase) fonctionnent au niveau sectoriel ou uti- cipaux enjeux locaux liés aux approvisionnements lisent des données secondaires. de matières premières et aux opérations des sites industriels. Sous-étapes 1.b : Cartographie des impacts de la chaîne d’approvi- Cette analyse a utilisé des données moyennes issues sionnement des matières premières et des sites de d’analyses de cycle de vie complétées par des don- production Michelin : nées fournies par Michelin afin d’obtenir un résultat représentatif de ses activités et de son empreinte géographique. - 20 -
IMPACTS ON BIODIVERSITY ARE CONCENTRATED ON RAW MATERIALS 1C: Company-level refinement Incomplete Data Industrial Sites Raw Materials LAND USE CLIMATE WATER WATER THREATENED AVAILABILITY POLLUTION SPECIES* *based on land use 61 RAW 10 Figure MA- TLes ERIimpacts ALS E,Gsur ,H,IlaPbiodiversité RESENT THsontE HIconcentrés GHEST IMPsur ACles TS matières PER TONpremières 1b : Value chain hotspot assessment Figure 11 - Les matières premières E, G, H et I présentent les impacts les plus élevés par tonne 60 Sous-étapes 1c : Affinement des résultats au niveau de l’entreprise : Les impacts et les dépendances d’une entreprise ne Des entretiens avec les principales parties prenantes sont pas toujours alignés avec son secteur ou avec les internes (ex. Directeur Corporate du Développement données moyennes disponibles. Cette étape permet Durable, le Responsable du Développement Durable d’intégrer dans l’analyse les politiques et actions déjà pour le Caoutchouc Naturel, le Responsable de la Re- mises en œuvre par Michelin pour réduire l’impact cherche & Développement Matériaux, etc.), ont été réa- environnemental de ses activités afin d’obtenir des lisés pour identifier et intégrer les spécificités actuelles résultats spécifiques et identifier d’éventuels angles de Michelin et prendre en compte les engagements morts ou de nouvelles opportunités d’action. et la stratégie de développement durable du Groupe. - 21 -
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