Investissement Logistique - Profilage des nouveaux entrants Janvier 2021 - Business Immo
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Sommaire INTRODUCTION 4 Nouveaux entrants : grandes masses en jeu 8 Aspects géographiques 11 Nationalités et typologies 14 Profils de risque 19 Taux de rendement 21 CONCLUSION 23 CONTACTS 24
CUSHMAN & WAKEFIELD INTRODUCTION La décennie écoulée a vu s'opérer de profonds bouleversements dans l'investissement en immobilier logistique, accompagnés d’un véritable changement de l’échelle de l’investissement au cours des 5 dernières années. De 2010 à 2014, années marquées par les incertitudes liées aux dettes souveraines en Europe (Grèce, Espagne, Portugal, Italie), les volumes investis sur cette classe d’actifs plafonnent en moyenne autour de 900 millions d'euros par an. De 2015 à 2019, en phase avec une période d'embellie économique, les engagements décollent pour atteindre 3,1 milliards d'euros. Si l'on compare la séquence 2015-2019 à la précédente (2010-2014), les montants d'investissement en immobilier logistique ont quadruplé (4,5 puis 18 milliards d'euros). Cette accélération, attisée par la présence d'importantes masses de liquidités et de taux d'intérêts plancher s'est manifestée de deux façons : - Les investisseurs généralistes, fonds d’investissement, banques, assureurs, foncières, ont dans leur ensemble augmenté leur exposition à l'immobilier logistique, dans le cadre de stratégies d'allocation d'actifs à l'échelle paneuropéenne ; - De nouveaux arrivants ont concrétisé des prises de position sur le marché français, tandis que certains acteurs qui s'étaient séparés de leurs actifs logistiques sont revenus sur le segment. Tous ces investisseurs susceptibles d’intervenir sur cette classe d’actifs ont en commun d’avoir identifié l'existence d'un point d'entrée propice en immobilier logistique. La montée en puissance des besoins d'entreposage sur une tendance longue, attisée par un commerce à "360 degrés" (e-commerce, drives, click and collect, points relais) a mis en évidence une sous- valorisation du segment de l’immobilier logistique, aussi bien en termes de rendement locatif que de rendement en capital. Au cours des dernières années, les performances du marché locatif sont venues corroborer cette appréciation, à travers des volumes de demande placée (prises en location, acquisitions ou développement d’opérations neuves en compte propre) en nette augmentation. Les capacités d'entreposage en amont des grands bassins de consommation se sont renouvelées et massifiées, augmentant la "pression" sur les échelons intermédiaires des chaînes de distribution et, in fine, sur la logistique urbaine. DEFINITIONS Nouvel entrant Il s'agit d'un primo-investisseur sur le marché immobilier logistique français, en termes de nationalité ou de positionnement sur cette typologie immobilière. Seront donc classés comme nouveaux entrants aussi bien des investisseurs étrangers achetant pour la première fois des actifs logistiques en France, que des acteurs déjà identifiés sur d'autres classes d'actifs, mais s’engageant pour la première fois en immobilier logistique. Période d’analyse La période couverte par notre analyse s'étend de 2010 au 3ème trimestre 2020. Nous effectuons cependant un focus plus précis sur la séquence allant de 2017 à 2020, période qui concentre la (quasi) totalité des acquisitions effectuées par de nouveaux entrants. Leurs prises de position ont clairement contribué à faire s’envoler les volumes d’acquisitions à partir de cette année "charnière", distinguant nettement cette période des précédentes. 4
CUSHMAN & WAKEFIELD INTRODUCTION La période allant de 2008 à 2014 peut être considérée comme une séquence de « mise en sourdine » relative de l'investissement dans la supply chain pour certains acteurs. Même si les stratégies omnicanal étaient évidemment à l’ œuvre, leur retentissement dans l’immobilier logistique est resté mesuré. A partir de 2015, des logiques d’économies d’échelle, de modernisation et de transformation des process supply chain au cœur de l'outil logistique ont animé les stratégies de nombreux acteurs de la grande distribution. Cet impératif a coïncidé avec une fenêtre de tir porteuse sur le plan macro-économique de 2016 à 2019. Ces facteurs se sont conjugués pour produire leurs pleins effets sur le marché de l'investissement à partir de 2017, poussant les volumes d'investissement à des niveaux inédits. C'est sous l'angle de cette séquence 2017-2020 que nous allons détailler le comportement de ces nouveaux entrants sur le marché français. Il est acquis que l'arrivée et la présence de ces nouveaux entrants ont été largement commentées dans la presse, spécialisée ou non. Pour autant, alors que la crise du coronavirus continue de déstabiliser les économies occidentales, il apparait jusqu'à présent que les intentions d'investissement en immobilier logistique sont restées intactes voire même se sont renforcées. Alors qu'une nouvelle séquence dans l'immobilier logistique s'ouvre, nous voulions revenir sur un certain nombre de jalons posés par les prises de position des nouveaux entrants sur le marché français. Volumes investis en immobilier logistique selon le profil d'acquéreur, en milliards d'euros, et demande placée (en millions de m²) Source : Cushman & Wakefield 5
CUSHMAN & WAKEFIELD Les acteurs intervenant classiquement sur le marché français ont été qualifiés d'"historiques". Ceux présents antérieurement à 2010 mais restés inactifs jusqu'en 2016 ont été qualifiés de "revenants », ces derniers nécessitant d'être dissociés à fin d’analyse, sans que nous ne commentions leur activité. Nous avons circonscrit l’étude à l'investissement direct, même si nous évoquons les prises de position par la voie d’acquisitions "corporate", dans la mesure où elles constituent un point d'entrée spécifique et distinct de l'investissement en immobilier direct. Volumes investis en immobilier logistique selon la typologie d ' a c q u é r e u r s , e n m i l l i a r d s d ' e u r o s , d e 2 0 1 7 a u 3 ème t r i m e s t r e 2020 Arlon Source : Cushman & Wakefield 6
CUSHMAN & WAKEFIELD Tableau de synthèse de l’univers d’observation – Investissement logistique 2017-3ème trimestre 2020 En volumes En nombre de transactions Source : Cushman & Wakefield 7
Nouveaux entrants : grandes masses en jeu Tous types d'acteurs confondus, les 10 dernières années d'investissement en immobilier logistique français ont concentré 22,4 milliards d'euros à travers plus de 600 transactions. La période spécifiquement ciblée (2017-3ème trimestre 2020) totalise 13,8 milliards d'euros répartis sur un peu plus de 250 transactions. Sur ce volume, les nouveaux entrants ont concentré 4,1 milliards d'euros, soit 30% des montants investis en immobilier logistique pendant ce laps de temps, et près d’1 euro sur 5 au cours des 10 dernières années. En nombre de transactions, les nouveaux venus sur cette classe d’actifs sont à l'origine de près d’un tiers des acquisitions, à travers 49 signatures sur près de 200 recensées (2017 - 2020), réalisées par 23 acquéreurs distincts, certains d'entre eux ayant effectué plusieurs opérations d’investissement. Les 5 premiers acquéreurs concentrent à eux seuls plus de 75% des volumes d'engagement de la part de nouveaux entrants. Les 7 suivants concentrent 20% des montants investis de la part des nouveaux entrants. Chronologie des principales acquisitions effectuées par de nouveaux entrants sur le marché de l’investissement logistique en France* * Liste non exhaustive, les nom des acquisitions correspondent au nom des portefeuilles 8
CUSHMAN & WAKEFIELD La présence de nouveaux entrants sur le marché immobilier logistique français n’est évidemment pas un phénomène nouveau, mais son ampleur est devenue retentissante en 2017 à l’issue de l'acquisition CIC/LOGICOR, qui a d’une certaine façon "déformé" à la hausse les volumes d'engagement. GREENOAK, HIGHLANDS LOGISTICS (AIMCO/STAM) et plusieurs autres acteurs ont également animé le marché cette année et les suivantes, poursuivant une stratégie d'achat d'actifs de "taille critique" : les deux tiers des volumes d'acquisitions de ces nouveaux entrants se sont concentrés sur des montants d’acquisition excédant les 100 millions d'euros (contre la moitié du côté des acteurs historiques). Ces volumétries correspondent à la rotation de portefeuilles structurés au fil des années auprès de fonds généralistes ou spécialisés sur le segment logistique. Ce mode opératoire permet "en accéléré" de déployer des stratégies de création de valeur à l'échelle paneuropéenne, en équilibrant le risque d'exposition géographique tout en pratiquant des modes d'asset management actif par actif. En œuvrant de la sorte, plusieurs années de développement ont été gagnées par ces acquéreurs, en particulier en France, où l'obtention des autorisations administratives, urbanistiques et environnementales constitue l'une des barrières à l'entrée les plus fortes d'Europe. Deux périodes peuvent être schématiquement distinguées : • Entre 2017 et 2018, CIC, GREENOAK, ARES, BARINGS, VALOR, les fonds HIGHLANDS LOGISTICS et de SWISS LIFE ont été les principaux animateurs du marché, • De 2019 à 2020, ces acteurs ont poursuivi leurs stratégies d'acquisitions, mais le panel de nouveaux venus s'est davantage élargi, entre autres à UNION INVESTMENT (fond d’origine allemande), et ROUNDHILL CAPITAL. Poids des 20 premiers nouveaux entrants (en % du nombre d’acquisitions) Source : Cushman & Wakefield 9
CUSHMAN & WAKEFIELD Aspects géographiques/1 Sur la cinquantaine de transactions répertoriées, les portefeuilles polarisent plus de 80% des volumes engagés. S'agissant d'actifs unitaires, les volumes investis sur la dorsale ont été près de deux fois supérieurs à ceux des marchés "secondaires" - pour des acquisitions 3 fois moins nombreuses - si bien que le "lot moyen" des actifs achetés sur les marchés du corridor logistique se révèle très inférieur (22 millions d’euros) à celui des acquisitions hors de cet axe (près de 38 millions d’euros). En un mot, on y transacte trois fois moins souvent, et deux fois moins en volume, mais lorsque c'est le cas les actifs ciblés sont beaucoup plus importants. D'une certaine façon, la contrepartie de ces prises de positions hors dorsale se retrouve dans une plus grande sécurisation de l'occupation (baux longs et fermes ; locataire solide) d'actifs de taille critique qui renchérit d’autant les prix : la durée moyenne des baux excède 8 ans en moyenne et le profil de risque de type « Core » est largement dominant (80% en volume). A quelques exceptions près (Nord de Troyes, Nord de Metz, Poitiers), ces acquisitions restent géographiquement ancrées autour de grandes métropoles (Toulouse, Bordeaux, Strasbourg) et se sont peu positionnés sur la façade Nord / Nord-Ouest (Normandie et Bretagne) Géographie des acquisitions logistiques des nouveaux entrants 2017 – 3 ème trimestre 2020 En volume En nombre de transactions Lot moyen sur la dorsale : 22,3 m€ ; hors dorsale : 37,3 m€ Source : Cushman & Wakefield 11
CUSHMAN & WAKEFIELD Aspects géographiques/2 Géographie des acquisitions en immobilier logistique 2017 – 3 ème trimestre 2020 Lille IDF Lyon Toulouse Marseille Source : Cushman & Wakefield 12
“ L’acquisition d’un portefeuille de taille critique permet de “ gagner plusieurs années de développement
CUSHMAN & WAKEFIELD Nationalités et typologies Le portrait type de ces acquéreurs en termes de nationalité met en évidence un top 5 qui place en tête les Etats-Unis, la Chine, l'Allemagne et l'Angleterre. Le vocable "international" et "européen" traduit la pluralité des pays sources de collectes de capitaux. Sans surprise, les fonds d'investissement (généralistes, souverains ou allemands) trustent le tableau des acquisitions, très loin devant les assureurs / mutualistes et les SCPI / OPCI, minoritairement présents. Nationalité et typologie des nouveaux entrants sur le marché français de l'immobilier logistique (2017 – 3ème trimestre 2020) Source : Cushman & Wakefield Nombre d’opportunités présentes sur le marché - portefeuilles notamment - excèdent les bornes usuelles de leurs plans d'acquisitions. Même lorsqu'il s'agit de plateformes unitaires sécurisées (baux long, locataire de qualité) potentiellement comprises entre 50 et 80 millions d'euros, les niveaux de prix tendent à les mettre en concurrence avec des fonds généralistes à "large spectre", ou des spécialistes du marché français aptes à se positionner aussi bien sur de grands portefeuilles que des actifs plus compacts et ciblés. Au final, entre 2017 et 2020, les fonds d'investissement nouvellement entrés ont totalisé 41 acquisitions, quand les SCPI/OPCI et les assureurs/mutualistes en auront réalisé une petite dizaine. Toutes typologies d'acteurs confondues, sur les 70 acquisitions recensées depuis 2017, la grande majorité des assureurs/mutualistes et des SCPI/OPCI s'est concentrée sur des volumes compris entre 40 et 90 millions d'euros, avec un cœur de cible situé entre 10 et 50 millions d’euros. Trois exceptions sont à relever : les portefeuille "Heights", acheté par DWS, "Cargo - Carrefour" acquis par ARGAN et la plateforme logistique de Corbas achetée par ACCIMMO PIERRE (GROUPAMA). Le paysage de l'immobilier logistique parle volontiers de "pénurie structurelle" d'opportunités d'investissement. Cette réalité traduit surtout la forte polarisation du marché sur une minorité d'actifs de grande taille et surtout la difficulté à faire coïncider un objectif de TRI, un horizon de détention et une enveloppe de prix bornés pour l’achat. Ces contraintes stratégiques restreignent les offres au cœur de la cible de chaque gamme d'acteurs et tirent les taux de rendement à la baisse. En outre, la production nouvelle, certes en augmentation depuis les 4 dernières années reste contrainte par des temps de développement relativement longs. 14
CUSHMAN & WAKEFIELD La représentation dynamique des flux d'engagement et de cessions intervenus depuis 2017 dans le cadre d'acquisitions de nouveaux entrants illustre deux faits intéressants : • Une poignée de 5 nationalités est à l'origine de la majeure partie des volumes d'investissement. Parmi ces quelques "piliers" (Etats-Unis, Chine, France, Angleterre et fonds internationaux) deux d’entre eux - Etats-Unis et fonds internationaux - font figure de "plaques tournantes", participant à une véritable rotation des actifs à travers leurs achats / reventes • Les acteurs français sont nettement en position de production de surfaces d'entreposage à destination d'un panel élargi de nouveaux entrants, exprimant la place importante des promoteurs / développeurs et des investisseurs français sur le marché national. Flux d’engagements* impliquant des nouveaux entrants sur le marché logistique français (2017 – 3 ème trimestre 2020) * Dans cette représentation, les vendeurs sont à la gauche des acquéreurs Source : Cushman & Wakefield
CUSHMAN & WAKEFIELD En termes d'investissement net, la Chine, les fonds internationaux, l'Allemagne, l'Angleterre et Singapour ont été des nouveaux entrants "net acquéreurs" sur le marché français de l'immobilier logistique. Comme précédemment évoqué, la France fait cavalier seul dans la catégorie "nets vendeurs", très loin devant les Etats-Unis. Au-delà du couple dominant Etats-Unis / Chine, ces flux d'engagements - qui concernent "seulement" des acquisitions de nouveaux entrants - illustrent la profondeur et le potentiel d'un marché français encore à l’étroit malgré son expansion. L’accélération de l’internationalisation du marché de l’investissement logistique s'est effectuée via une gamme plus large d’acquéreurs tant en Europe qu’en Asie (Chine, Singapour essentiellement). Investissement net par nationalité des nouveaux entrants de 2017 au 3ème trimestre 2020 sur le marché logistique français en milliards d’euros Source : Cushman & Wakefield
CUSHMAN & WAKEFIELD Les grandes manœuvres "supra immobilières" ou la poursuite de l'investissement… par d'autres moyens Il serait incomplet dans cette analyse de faire l'impasse sur les acquisitions indirectes, qui ont constitué l'un des phénomènes les plus spectaculaires du marché immobilier logistique depuis 2017. Ces achats de sociétés par la voie dite "corporate" illustrent l'autre point d'entrée majeur cette classe d’actifs. Ces manœuvres de grande ampleur ont permis à plusieurs acteurs de se positionner simultanément - et dans un laps de temps très court - sur plusieurs pays d'un même continent, et d'accélérer leur croissance dans un mouvement capitalistique allant de l'Asie vers l'Europe : • En 2017, le fonds souverain de Singapour GIC a ainsi racheté P3 (valorisé 2,4 milliards d’euros) auprès d'IVANHOE CAMBRIDGE. Cette opération a permis à cet investisseur de devenir propriétaire de 3,3 millions de m² d'entrepôts logistiques en Europe. Cette opération a offert à P3 la masse critique lui permettant d'agrandir davantage son patrimoine, à travers l'acquisition de plusieurs portefeuilles XXL, comme "Maximus" en 2019 (1 million de m² en Europe centrale) ou encore "Matrix" en 2020 (650 000 m² en Allemagne) ; • Toujours en 2017, la même logique a présidé à l'acquisition de GAZELEY par GLOBAL LOGISTIC PROPERTIES (GLP), l’un des tous premiers propriétaires d’immobilier logistique en Asie (2,4 M € ; 1,6 millions de m² construits - 1,4 millions sous pipeline). En Mars 2020, GLP annonçait renforcer son ancrage européen à travers l'acquisition de 2,4 millions de m² auprès de GOODMAN ; • LOGICOR est pour sa part passé sous pavillon chinois avec le rachat par CHINA INVESTMENT CORPORATION (CIC) à BLACKSTONE de plus de 630 actifs représentant 14 millions de m² logistiques en Europe; • Côté investisseurs généralistes, citons l'acquisition (entre autres) de ROCKSPRING (Angleterre) par PATRIZIA (Allemagne), qui a permis de diversifier son exposition (et sa capacité de collecte) à l'Irlande, la France et plusieurs autres pays d'Europe. ROCKSPRING, avant sa revente, disposait d'un patrimoine d'immobilier logistique principalement situé en France (40 %), au Royaume-Uni (35 %), en Allemagne (10 %), en Espagne (9%) et en Suède (4%). Ces mouvements de concentration sur le segment de l'immobilier logistique marquent indéniablement des positions de long terme de la part d'acteurs majeurs de l'investissement - principalement asiatiques - qui misent sur une croissance à long terme des besoins d'entreposage en Europe. Le renforcement de leur exposition géographique en Europe centrale cible d'ailleurs le carrefour de plusieurs corridors démographiques et logistiques majeurs (britannique, axe Rhénanie / Italie du Nord et corridors d'Europe du Nord et de l'Est). Cet ancrage fait écho aux Routes de la Soie, projet global de développement des échanges entre l'Asie, l'Europe et l'Afrique par des voies de communications complémentaires et intégrées (route, rail, fluvial, aérien). D'une certaine façon, dans une supply chain qui produit à l'Est et distribue vers l'Ouest, les "majors" asiatiques prennent pied - sous forme de montées au capital - dans l'infrastructure immobilière des chaînes de distribution européennes. 17
CUSHMAN & WAKEFIELD Profils de risque Pour récapituler, le portrait type des acquisitions des nouveaux entrants sur le marché de la logistique en France cible des actifs existants, de seconde main, en portefeuille. En outre, il s'agit dans l'écrasante majorité des cas d'entrepôts de classe A. Mais qu'en est-il en termes de profils de risque ? De 2017 au 3ème trimestre 2020, les acquisitions "Core+" ont concentré 85% des engagements effectués par de nouveaux entrants. Les investissements dotés d'un profil de risque élevé ("value add" ou "opportunistes") sont restés très minoritaires (6%), exprimant une entrée sur le marché français par la voie d'actifs dotés d'un niveau de risque modéré tout en gardant un certain potentiel de création de valeur. Par comparaison, les acteurs historiques ont concentré les deux tiers de leurs volumes d'acquisitions sur des actifs "Core+" et 25% sur du "Core". Les ventes en état futur d’achèvement (VEFA) sont restées sous représentées (10%) du côté des nouveaux entrants en comparaison de leurs homologues "historiques" (20%). Ce différentiel peut aussi bien traduire un mode de sourcing privilégiant l'existant qu'une certaine aversion au risque de développement et de commercialisation en cas d'achat en blanc ou en gris. Profil de risque des acquisitions de 2017 au 3ème trimestre 2020, Nouveaux Acteurs entrants historiques Part des VEFA : 20% Part des VEFA : 10% Source : Cushman & Wakefield Sur un plan plus général et tous types d'acteurs confondus, les VEFA représentaient à peine 5% des volumes dans le creux de la vague de l'investissement en immobilier logistique, une proportion en nette augmentation à partir de 2017. Face à la forte appétence d'une gamme élargie d'acteurs déjà présents ou entrants, la profondeur du marché français trouve ses limites. A partir de 2016-2017, les prises de position sur des opérations en cours de développement - y compris en blanc - ont été une solution de plus en plus adoptée. Dans un contexte de compression des taux de rendement, ces opérations ont permis de dégager une marge supplémentaire en misant sur la prime de risque (de développement et de commercialisation) au moment de l'acquisition. Ce desserrement mesuré de la "bride du risque" a été rendu possible et conforté par la bonne tenue du sous-jacent locatif, appuyé par une demande exprimée et un volume de demande placée élevé de 2016 à 2019. Par ailleurs, une croissance des valeurs locatives s'est révélée dès 2015-2016, après plusieurs années de plateau post-subprime. 19
“ L'immobilier logistique est pour le moment l’une des rares classes d'actifs à traverser la crise du coronavirus sans interrogation majeure sur la pérennité de son modèle. Reste pour les investisseurs à faire converger point d’entrée à l’acquisition, timing de “ détention et croissance de la valeur locative.
CUSHMAN & WAKEFIELD Taux de rendement : rendez-vous à 4% (et moins) La dispersion des taux de rendement exprime sans équivoque la séquence traversée par l'investissement en immobilier logistique au cours de la décennie écoulée. Si l'on met à part les valeurs hautes, la période allant de 2010 à 2014 montre assez nettement un plateau post-subprime. Pendant 5 ans, l'essentiel des taux de rendement sont en effet restés compris dans une amplitude allant de 7% et 9%. A partir de 2015, le marché acte une compression, le taux prime passe sous la barre des 5% en 2016 puis sous les 5% fin 2017. Après une stabilisation en 2018, la descente reprend en 2019, jusqu'à franchir la barre des 4% en 2020, malgré la crise du coronavirus. Outre le potentiel intrinsèque indéniable de la logistique, l'environnement macro-économique des 4 dernières années, fait de politiques monétaires accommodantes, de taux directeurs bas et d'un faible niveau de rémunération des placements sans risque a fortement contribué à cette descente. Ce mouvement de compression n'a pas seulement concerné la fraction des meilleurs actifs. L'ensemble de l'immobilier logistique a suivi cette descente, qui concerne aussi des plateformes moins bien localisées ou empreintes d'un risque plus élevé (géographie, occupation, bâti). Si bien que les taux de rendement considérés actuellement en "haut de fourchette" (6%-7%) correspondent peu ou prou au niveau médian des acquisitions observées sur la séquence allant de 2010 à 2016. Sur la période 2017-2020, et à l'exception de quelques acquisitions en haut de fourchette en 2018, les nouveaux entrants ont pris position à des taux rendement dans la médiane de ceux des acteurs historiques, voire légèrement supérieurs. Il est en tout cas clair que ces acteurs n'ont pas contribué à la compression des taux de rendement prime. Les valeurs métriques d'acquisition des nouveaux entrants se révèlent quant à elles inférieures jusqu'en 2019 à celle des acteurs historiques. Dispersion des taux de rendement de 2010 au 3ème trimestre 2020 Source : Cushman & Wakefield 21
CUSHMAN & WAKEFIELD D'un côté, ces nouveaux entrants ont acheté des actifs logistiques dans la "norme" des taux de rendement du marché, de l'autre, leurs ratios métriques d'acquisition ont été inférieurs à ceux des acteurs historiques. Cette apparente contradiction n'en est plus une si l'on considère l'effet taille des acquisitions, qui tire tendanciellement vers le bas les ratios métriques, dans une logique d'achat "en bloc" ou "en gros". Par ailleurs, la percée apparente des ratios métriques d'acquisitions en 2020 mérite d'être nuancée - et confirmée d'ici la fin de l'année - s'agissant d'un nombre de transactions assez limité. Comparer les taux de rendement des nouveaux entrants à ceux des acteurs historiques confirme ce positionnement proche de la médiane - ou très légèrement au-dessus - pour les actifs qui représentent leur cœur de cible (core et core+). Le contraire prévaut pour le value added, mais pour un nombre de signature et une hétérogénéité trop grande pour qu’on puisse l’interpréter. Valeurs métriques des acquisitions réalisées par les nouveaux entrants et les acteurs historiques sur le marché logistique français depuis 2010 - Entrepôts de classe A/B Valeurs métriques en €/m² - Source : Cushman & Wakefield
CONCLUSION Les nouveaux arrivants sur le marché de l’investissement logistique en France ont indéniablement dynamisé les volumes des acquisitions. Leur poids reste un marqueur de l’internationalisation de cette classe d’actifs et l’un des grands faits marquants des dernières années. L’entrée de ces acteurs s’est effectuée dans un momentum macro-économique favorable, anticipant la bonne tenue d’un sous-jacent locatif soutenu par une croissance globale des besoins d’entreposage. Leur influence sur l’évolution des taux de rendement prime est restée cependant modérée, ces nouveaux entrants s’intégrant dans un environnement de taux en compression sans les faire directement baisser. Reste maintenant à déterminer si le phénomène va se prolonger, et si oui dans quelle ampleur ? L'immobilier logistique est pour le moment l’une des rares classes d'actifs à traverser la crise du coronavirus sans interrogation majeure sur la pérennité de son modèle. Plébiscité par un nombre croissant d’investisseurs, il pourrait d’ailleurs sortir par le haut dans une stratégie de réallocation d’actifs alors même que le commerce est plus bousculé vis-à-vis d’un certain nombre de ses déclinaisons. Si les fondamentaux du marché locatif logistique apparaissent comme sains, son expansion reste aujourd’hui limitée par un certain nombre de freins, au premier titre duquel figure l’inadéquation structurelle entre la demande exprimée par les utilisateurs et l’offre. Plusieurs avancées d’ordre réglementaire sont à cet égard prometteuses, en particulier concernant les possibilités de remplois fonciers dédiés. Le volet immobilier du traitement de la supply chain recèle encore de nombreuses opportunités, en particulier dans son articulation entre commerce, logistique, et logistique urbaine. A cet égard, des frontières naguères étanches entre classes d’actifs tendent à s’estomper dans un contexte de "commerce à 360". Il s’agit là d’un carburant pour l'immobilier logistique propice à orienter de nouveaux acteurs sur une classe d’actifs passée en une décennie de "maudite" à "superstar". 23
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