Jardins et handicaps - Jardin dans Tous Ses Etats Bretagne 6ème rencontre régionale - Vert le Jardin
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Jardins et handicaps 7 octobre 2005 – Bréal sous Montfort ème 6 rencontre régionale Jardin dans Tous Ses Etats Bretagne
-1- Depuis maintenant 5 ans, le réseau Jardin dans Tous Ses Etats Bretagne, coordonné par l’association brestoise Vert le Jardin, met en place des rendez-vous régionaux pour les jardiniers et acteurs de jardins s’inscrivant dans la dynamique des jardins partagés (à la croisée des chemins entre valeurs environnementales et sociales). Vendredi 7 octobre 2005, une centaine de professionnels de l’handicap, de l’éducation à l’environnement, de l’action sociale, du maraîchage bio, du tourisme et des habitants - jardiniers venus des quatre coins de la Bretagne, se sont rencontrés aux Jardins de Brocéliande (Bréal sous Montfort - 35) pour échanger sur la thématique « jardins et handicaps ». En s’appuyant sur des témoignages d’acteurs de jardins, il s’agissait de proposer une réflexion sur le jardin comme lieu et activité accessible à tous, en particulier aux personnes en situation de handicap permanent ou temporaire. Cette journée du 7 octobre 2005, fut un préambule à une réflexion et une démarche régionale de rendre les jardins des espaces ouverts à tous. Jardin dans Tous Ses Etats Bretagne – Vert le Jardin - vertlejardin@wanadoo.fr - 02 98 46 06 92
-2- Sommaire : JTSE Bretagne (présentation) ………………………………………….…………………………………… P 3 Les jardins de Brocéliande (présentation)... ………………………………………….…………………… P 4 Introduction (par Marie Jo Menozzi)…… ………………..………………………………………….…………P 5 Les participants (de la rencontre du 7 octobre 2005) ………………………………………….……………….P 6 Programme (de la rencontre du 7 octobre 2005) ………………………………………….…………………….P 7 Compte rendu Atelier 1 : « le jardin : support pédagogique »…………………………………………. P 8 Compte rendu Atelier 2 : « le jardin : lieu et activité de socialisation »……………………………… P 11 Compte rendu Atelier 3 : « recevoir au jardin »………………………………..................................... P 15 Compte rendu Atelier 5 : « le jardin : outils et aménagements à inventer »…………………………..P 19 Compte rendu Atelier 6: « des jardins partagés accessibles à tous »………………………………... P 23 Annexe 1 (atelier 1)………………………………….……………………………………….........................P 28 Annexe 2 (atelier 2 et 5)……………………………….………………………………………........................P 30 Annexe 3 (atelier 2)……………………………….………………………………………......................... …P 32 Annexe 4 (atelier 5)……………………………….……………………………………….............................P 36 Contacts organisateurs et intervenants ………………………………………….…………………….. ..P 37 Jardin dans Tous Ses Etats Bretagne – Vert le Jardin - vertlejardin@wanadoo.fr - 02 98 46 06 92
-3- Le JTSE Bretagne Le Réseau JTSEB depuis 2000 travaille à développer et promouvoir les jardins partagés en région Bretagne en cohésion avec le réseau JTSE national *. Les jardins partagés Les jardins partagés sont à la croisée des chemins entre valeurs environnementales et sociales. Le jardin partagé est considéré comme un prétexte à plus de lien social et de convivialité, un moyen d’appropriation de l’espace public et de respect de l’environnement. Ils prennent les diverses formes de Jardins solidaires, jardins communautaires, jardins en milieu carcéral, jardins pédagogiques, jardins collectifs, jardins familiaux ouverts, jardins en pied d’immeuble, jardins d’insertion…. « Les jardins partagés » sont l’illustration concrète d’une volonté d’aménagement durable du territoire, à l’échelle humaine, à l’écoute des besoins de ses résidents. Un groupe d’animation Il est encadré régionalement par un collectif d’acteurs expérimentés signataires de la Charte du Jardin dans Tous Ses Etats. - Vert le Jardin (Brest - 29) : correspondant régional JTSE National - coordinateur JTSE Bretagne - CPIE Vallée de l’Elorn (29) – CPIE Pays de Morlaix-Tregor (29) - SEPNB Bretagne Vivante (29) - Le CIELE (35) - Apprentis Natures (56) – Base Nature Ville Oger (22) - Marie Jo Menozzi (ethnosociologue) (35) * JTSE national Il est encadré nationalement par un collectif d’acteurs expérimentés, signataires de la Charte du Jardin dans Tous Ses Etats : Saluterre (33) ; Vert le Jardin (29) ; Passe-jardin (69) ; Graine Poitou Charente (86) ; Les jardins d’AME.L.I.E. (13) ; Graine de Jardins (75) ; AIFST (14) ; CAUE Rhône (69) ; Ecole et Nature (34) ; Etats des Lieux (34) ; Le jardin du Cheminot (75) ; PADES (75) ; Réseau cocagne ; Terre Vivante. Jardin dans Tous Ses Etats Bretagne – Vert le Jardin - vertlejardin@wanadoo.fr - 02 98 46 06 92
-4- Les jardins de Brocéliande Le Centre d’Aide par le Travail « Le Pommeret » est implanté à Bréal s/s Montfort, en Ille et Vilaine. Cet établissement social à multiples facettes a été créé en 1983 par Gérard Brière, sous la tutelle de l’Association pour la Promotion des Handicapés. Plusieurs activités y sont exercées, mais la demande d’activités professionnelles proches de la nature reste encore prépondérante chez les personnes handicapées du C.A.T. Ainsi, plus de la moitié des effectifs (soit à peu près 40 travailleurs) est sur une activité jardin ou proche de celle-ci : L’activité paysage comprend 5 équipes qui se déplacent chez les clients pour entretenir parcs, pelouses, espaces-verts. Une autre équipe exerce son activité sur la création paysagère, les plantations, semis de pelouse, pose de clôtures… Le Parc Floral des Jardins de Brocéliande regroupe 2 équipes. La première, constituée d’une petite dizaine de jardiniers, travaille à son entretien : tonte, aménagements, taille etc. La deuxième équipe accueille les 13 000 visiteurs annuels (individuels ou groupes), les reçoit à la billetterie, au bar ou à la boutique, et assure l’entretien des locaux. Pour le C.A.T. « Le Pommeret », le jardin –en tant qu’activité professionnelle- répond à 2 finalités : C’est d’abord le lieu et le moyen d’épanouissement personnel. Tout homme moderne souhaite accéder à un travail qui lui plait, où il trouve satisfaction, valorisation et épanouissement. Dans ce registre, on peut considérer que le jardin va permettre à chacun de réaliser autant ses ambitions d’homo faber que d’homo sapiens. Tout le corps est en action et il est souvent indispensable de réfléchir, juger, évaluer, s’adapter et parfois créer. Certes, d’autres métiers permettent ces mises en jeu, mais ils restent rares pour des déficients intellectuels. L’activité « jardin » est également le moyen d’insertion, d’ancrage dans le réel et la voie de la socialisation. On jardine pour les autres, on s’inscrit dans la chaîne de la solidarité : Je suis utile à l’autre, pour son loisir, son émerveillement, son plaisir, sa subsistance. Ainsi, l’activité permet de rencontrer l’autre : - à travers les collègues de travail : j’établis un lien, je peux communiquer. - à travers le client ou le visiteur : je contribue à satisfaire son désir d’un beau jardin. - à travers une Amicale d’une cinquantaine de bénévoles qui vient renforcer l’équipe du parc floral lors des grandes animations. C’est alors le côtoiement du « handicapé » et du « non handicapé » ; chacun y apporte sa compétence : Comme tout un chacun, je deviens acteur reconnu et … « inconnu ». Moi, handicapé, je deviens le jardinier, coopérateur d’une société « mécanique » à la DURKHEIM où j’exerce mon rôle et j’en reçois ma place citoyenne et sociale. Jardin dans Tous Ses Etats Bretagne – Vert le Jardin - vertlejardin@wanadoo.fr - 02 98 46 06 92
-5- Introduction par Marie Jo menozzi Le seul terme de « jardin » permet difficilement de voir toute la diversité sous-jacente qu’il propose. Il peut prendre les formes de : jardin d’ornement, jardin potager, « beau jardin » à faire visiter, jardins de proximité en pied d’immeuble, jardin d’insertion pour les personnes en difficulté … Mais de quelle manière les handicapés sont-ils associés à cette variété ? Tous ces jardins sont-ils accessibles à tout le monde ? Est-il possible de visiter un jardin lorsque l’on est handicapé moteur, de jardiner lorsqu’on est atteint d’un handicap physique ou mental ? La journée du 07 octobre 2005 « jardins et handicaps », organisée par « le réseau Jardin dans Tous Ses Etats Bretagne » aura permis de proposer quelques réponses à ces questions. La vie quotidienne, mais aussi la vie sociale, se révèlent être des parcours d’obstacles incessants quand on est handicapée, ce dont on n’a pas toujours conscience quand on est « valide ». Des petites marches peuvent faire « jolie » dans un espace public ou un jardin mais se révéler être un véritable casse-tête quand on se déplace en fauteuil roulant. Si planter des choux s’avère être une opération relativement facile, il n’en va pas forcément de même quand on ne peut se pencher, ou si une hémiplégie nous empêche de porter un outil. Mais qu’entend-on par handicap ? Le handicapé, n’est-ce pas celui qui ne peut aller où il veut parce qu’une foule d’obstacles va se dresser entre lui et les lieux où il pourrait souhaiter se rendre ? Le handicap se définit comme étant une déficience physique, mentale ou psychologique d’un individu. Nous définissons l’ handicapé comme étant celui qui sort de la norme du fait d’une déficience. Dans notre société, généralement, on lui jette un regard particulier. Les handicapés, bien souvent, vivent dans la crainte du jugement, se construisent, ou non, dans une mise à l’écart si leur handicap est trop socialement inacceptable, et connaissent des difficultés d’insertion sociale. Bref, le handicap se situe plutôt du côté des représentations négatives. Actuellement, on cherche à intégrer les personnes les plus « socialement » acceptables, et on relègue les autres dans des instituts spécialisés, quand l’écart à la norme devient par trop difficile à combler. Ces personnes n’ont alors souvent comme choix que de vivre enfermées dans leurs différences. Heureusement, diverses initiatives sont prises par des organismes, des associations, des bénévoles, handicapés ou non, pour leur permettre de s’ouvrir à l’extérieur, mais aussi inciter les acteurs de la société à s’ouvrir sur eux. La journée du 07 octobre 2005 a montré que le jardin et le jardinage peuvent jouer un rôle important dans cette dynamique, qui a été déclinée de plusieurs manières. Dans quelle mesure le jardin, avec ses spécificités propres, peut-il être un lieu propice à mettre en place des actions d’intégration des personnes « hors norme », souffrant de handicap, à une vie sociale ? rationalisée, « normalisée ». Le jardin peut être un support pédagogique. Par un travail de la terre, proche des éléments de la nature, il peut être un facteur de connaissance et de maîtrise de soi, fournir de précieux repères dans le temps et l’espace, pour apprendre à vivre dans une société de plus en plus complexe. Dans quelle mesure le jardin peut-il être un lieu apte à recevoir du public handicapé ? La présentation du label tourisme et handicap (cf. atelier 3 Comment recevoir au jardin), la visite du Jardin de Brocéliande par Dimitri, salarié du CAT ont permis de fournir quelques éléments de réponse. De même, la présentation d’expériences de jardins partagés en Bretagne et dans le Rhône-Alpes, accessibles à tous, donne l’exemple d’une voie à suivre pour intégrer au mieux la diversité au jardin. La diversité des jardins se conjugue parfaitement avec celle des populations, qu’elles soient handicapées ou non, au regard de la norme existante. Cette diversité s’est aussi exprimée dans celle du public qui est venu participer à la journée : animateurs de jardins partagés, de jardins d’insertion, associations de jardinage biologique, représentants de comités de tourisme, gestionnaires de jardins ouverts aux publics, représentants de handicapés, n’ont pas hésité à se réunir autour de ce thème fédérateur Jardin dans Tous Ses Etats Bretagne – Vert le Jardin - vertlejardin@wanadoo.fr - 02 98 46 06 92
-6- Les participants de la rencontre du 7 octobre 2005 La journée du 7 octobre 2005 a accueilli une centaine de participants. Ils étaient issus des quatre coins de la Bretagne et des départements limitrophes. Nous avons voulu connaître, en plus des origines géographiques des participants, de quels horizons socioprofessionnels étaient-ils issus. Origines géographiques : Finistère 25.5% Ille et Vilaine 23.5% Côtes d’Armor 21% Morbihan 11% Autre 10% Loire Atlantique 9% Origines socioprofessionnelles : Handicap 44.5% Environnement / Jardins partagés 41% S.E.V. / Architecte paysagiste 5.5% Tourismes - Parcs 3.5% Arts culture 3.5% Maison de retraite 2% Cette rapide « carte d’identité » des participants montre que la thématique « jardins et handicaps » concerne des acteurs (professionnels ou non) très divers. La volonté de rendre accessible des espaces collectifs, et/ou jardiner avec des publics rencontrant des handicaps est une dynamique partagée. Jardin dans Tous Ses Etats Bretagne – Vert le Jardin - vertlejardin@wanadoo.fr - 02 98 46 06 92
-7- Le programme de la rencontre du 7 octobre 2005 9h00 Café d’Accueil 9h45 : Présentation de la journée + réseau Jardin dans Tous Ses Etats Bretagne Gérard Brière directeur des Jardins de Brocéliande Michel Campion directeur de Vert le Jardin 10h00 : Ateliers d’échange (1 atelier au choix parmi les 3) Atelier 1 : Le Jardin : support pédagogique : Comment le jardin, (lieu et activité) peut être un outil pédagogique pour un public en besoin de repères (temporel, spatial…). - Mariline Cahu – Centre d’habitats des deux rivières (35 - Cesson Cevigné) - Benoît Acquitter – Foyer de Ker Oal (29 – La Roche Maurice) Atelier 2 : Le Jardin : lieu et activité de socialisation : le jardin est un moyen pour s’ouvrir sur l’extérieur et ainsi favoriser la communication et l’intégration des publics. - Sylvie Le Carpentier Foyer des Acanthes (35 - Pacé) - Freddy Cabanis - Foyer Laborit (Genêt d’or) (29 - Loperhet ) Atelier 3 : Recevoir au jardin : En s’appuyant sur le label « Tourisme et handicap », nous évoquerons une démarche régionale de rendre accessible et utilisable les jardins par tous (handicap moteur, visuel, auditif et mental) - Agnès Gauthier Association Parcs et Jardin (Bretagne) - Natacha Brière Jardins de Brocéliande (35 - Bréal sous Montfort) 12h00-14h00 : REPAS 14h00 : Ateliers d’échange (1 atelier au choix parmi les 3) Atelier 4 : Visite guidée des Jardins de Brocéliande Par Dimitri (Jardinier) Atelier 5 : Jardiner : des outils et aménagements à inventer - Le Collectif d’artiste La Valise (44 - Nantes) présentera son prototype de parcelle de jardin pour public à mobilité réduite. - Foyer Laborit (Genet d’or (29 - Loperhe)) : Par Freddy Cabanis présentation d’outils adaptés (râteau, binette, tamis, panneaux d’apprentissage…) Atelier 6 : Des Jardins partagés accessibles à tous : A travers une présentation historique du Jardin dans Tous Ses Etats il s’agit de présenter les jardins partagés en Bretagne. Et comment ces derniers se doivent d’être accessibles à tous. - Michel Campion Vert le Jardin (29 - Brest) - Foyer Kerlivet (29 - Brest) 16h00 : Le Passe Jardin (Lyon) - Commissions JTSE National Jardin et handicap Présentation du document « Jardinons ensemble » (www.jardinons.com) : aménagements techniques adaptés aux difficultés des jardiniers. Jardin dans Tous Ses Etats Bretagne – Vert le Jardin - vertlejardin@wanadoo.fr - 02 98 46 06 92
-8- Atelier 1 : Le Jardin : support pédagogique. Annexe 1 page 29 Comment le jardin, (lieu et activité) peut être un outil pédagogique pour un public en besoin de repères (temporel, spatial…) Intervenants : Benoit Acquitter Foyer de Ker Aoul La Roche Maurice (29) Mariline Cahu Centre d'habitat des deux Rivières Cesson Cévigné (35) Animateur : Patrick Sablon CPIE Vallée Elorn Loperhet (29) Secrétaire d’atelier : Christine Clément Apprentis Nature (56) Jardin dans Tous Ses Etats Bretagne – Vert le Jardin - vertlejardin@wanadoo.fr - 02 98 46 06 92
-9- Intervention : Mariline Le Cahu Elle travaille dans un foyer d’hébergement avec un service d’accueil de jour près de Rennes, 30 adultes déficients mentaux reconnus inaptes au travail y sont accueillis. Ce n’est pas un CAT. Le projet de jardin a 7 ans et il faut du temps pour que le jardin et les encadrants se mettent en place. L’objectif du jardin est de permettre au public handicapé une approche d’un milieu pas forcément recherché au départ pour valoriser les uns et les autres. C’est aussi un moyen éducatif d’acquérir un savoir-faire pour savoir mieux être et bien être. Il s’agit de dépasser ses craintes en maîtrisant ses émotions, de développer les sens et de stimuler les sensations. Le jardinage sollicite beaucoup les sens au fil des saisons, il favorise : - les relations et le bien-être de part l’activité physique qu’il génère, - les repères temporels (planning annuel des saisons), - les repères dans un espace spécifique et déterminé (espaces détente/légumes/fleurs/aromates…), - le respect des règles en intégrant des codes, - la valorisation des personnes qui deviennent productrices, créatrices, etc. Différents ateliers sont proposés : - décoration (pour les fêtes), - bois (confection de treillis, palissades), - nichoirs, épouvantails, - cuisine (transformation des fruits et légumes), - sorties achat en jardinerie, - sorties exceptionnelles (visites d’autres jardins), Le jardinage est un tout concret et imaginaire qui se partage, qui ouvre vers les autres, qui génère l’envie de faire et de partager à condition de respecter les compétences de chacun. Le jardin n’est pas considéré comme un travail pour le public car il n’y a pas de production à visées économiques. Il est avant tout considéré comme un lieu de relation où prime le plaisir. Intervention : Benoit Acquitter Il travaille dans foyer d’accueil pour personnes handicapées profondes n’ayant pu rester en CAT. L’internat permanent a 40 places et l’externat 10 places. La moyenne d’âge étant de 40 ans. 2 2 Le potager fait 3 000 m , des enclos de 3 à 5 000 m entourent l’établissement, il y a des ateliers et un petit élevage. Le matin est réservé à l’espace ferme (soins des animaux) et l’après-midi au jardin et aux serres froides. Les résidents ont, pour la plupart, un long passé psychiatrique qui est stabilisé. Les objectifs sont de leur permettre d’évoluer dans le temps en repérant leurs difficultés afin de mieux les surmonter et de maintenir leurs sens et leurs repères espace/temps en éveil. L’avantage du site éclaté est qu’ils doivent nommer et mémoriser les noms des différents lieux. Il y a une prise de risque car ils doivent se déplacer seul ou avec un accompagnement (réflexion sur « qu’est-ce qu’un accompagnement ?», de manière proche ou distante ?). De la prise de risque, ils vont vers la prise de responsabilité. Jardin dans Tous Ses Etats Bretagne – Vert le Jardin - vertlejardin@wanadoo.fr - 02 98 46 06 92
- 10 - Qui dit foyer de vie, dit endroit où il fait bon vivre. Que doit-on développer pour être bien ? 1- Le travail avec les animaux car il est créateur de désir. D’abord les petits animaux car ils sont fragiles et nécessitent des soins (essentiel pour des personnes ayant des carences affectives). D’autant qu’en grandissant, les animaux une fois autonome coupent d’eux-mêmes la relation. Il s’agit de faire sortir les résidents de leur égocentrisme (par les animaux dans un premier temps). Ils travaillent en binôme et sont responsables d’une tâche pendant une année. Ils peuvent en changer tous les ans. 2- Le passage vers le jardin se fait par « qu’est-ce qu’on donne à manger aux animaux ? » Les résidents ont besoin de concret car ils ont des problèmes de mémorisation. Le jardin est d’un abord difficile pour les non-initiés. Ils commencent donc par la production de maïs (pas salissant, d’une belle couleur dorée, doit être « déballé », peut-être transformé ou pas). Du séchage à la mouture, il permet de comprendre le cursus du grain à l’animal. er Vient la production de la terre (pommes de terre, choux fourrager) vouée aux animaux et pour finir, le potager avec les fruits et légumes. En 1 , les fraises qui gomment tous les handicaps (tout le monde sait repérer une fraise mûre). Le manque de l’objet créé le désir et donne du cœur à l’ouvrage (plantation, filet, etc. avant de récolter). Il convient de limiter les choses trop difficiles comme le binage (utilisation de bâches noires), de s’armer de patience car tout va lentement, de savoir qui va faire quoi afin de ne mettre personne en difficulté (bien connaître les handicaps). Le jardin est un outil, des espaces y sont créés où chacun peut être reconnu et exprimer ses potentialités. On peut y parler par la matière (surtout ceux qui ont des difficultés avec la parole) et diriger l’expression de l’énergie (violence) vers la matière et non pas vers les autres (activité de bûcheronnage). Le fait d’avoir les mains utilisées libère la parole. Tous les produits sont partagés ou vendus (au personnel du centre), le produit étant redistribué à chacun. Comme tout le monde, ils sont reconnus pour leur travail. Le jardin est une réalité qui leur permet d’être et de faire comme leur entourage. Il faut éviter de trop préparer, trop réglementer, trop aplanir les choses. De la confrontation aux difficultés à surmonter naît le désir et le plaisir. Jardin dans Tous Ses Etats Bretagne – Vert le Jardin - vertlejardin@wanadoo.fr - 02 98 46 06 92
- 11 - Atelier 2 : Le Jardin : lieu et activité de socialisation le jardin est un moyen pour s'ouvrir sur l'extérieur et ainsi favoriser la communication et l'intégration des publics. Intervenants : Sylvie Le Carpentier Foyer des Acanthes (35) Freddy Cabanis Foyer Laborit (Genet d'or) (29) Animateur : Gérard Brière Jardins de Brocéliande (35) Secrétaire d’atelier : Marie Jo Menozzi ethno sociologue (35) Jardin dans Tous Ses Etats Bretagne – Vert le Jardin - vertlejardin@wanadoo.fr - 02 98 46 06 92
- 12 - Introduction Dans cet atelier, deux expériences de jardinage avec des personnes handicapées mentales ont été présentées. Malgré une différence notable dans leurs modalités 1 de mise en place, elles présentent toutes deux des points communs. Comment le jardin peut-il se définir comme étant un lieu de socialisation pour les personnes handicapées, c’est-à-dire un lieu favorisant une intégration à la société ? Ces expériences montrent de quelle manière le jardin peut être lieu d’intégration pour les personnes handicapées ; elles permettent aussi de s’interroger sur la manière dont il peut aussi être un apprentissage pour les populations non handicapées, apprentissage dans l’acceptation de ce qui est différent, hors norme, et souvent en marge des codes en vigueur dans la société ? La rencontre, l’ouverture à l’extérieur, la valorisation de soi par le travail, la nécessité d’adapter les lieux et les objets, mais aussi la nécessité de changer le regard des autres sont quelques uns des thèmes abordés lors de cet atelier. Le jardin du foyer des Acanthes Intervention : Sylvie Le Carpentier L’association « Le temps d’un regard » a été crée en 1986. Elle gère deux services d’accueil de jour et deux lieux d’hébergement pour personnes handicapées. Son objectif est de favoriser l’échange, l’épanouissement des personnes accueillies et leur bien-être. Elle s’adresse à des personnes adultes handicapées présentant des handicaps divers (moteur, intellectuel, sensoriel, maladie mentale stabilisée), et pouvant s’intégrer à une vie de groupe. En 2005, 82 personnes fréquentent les accueils de jour et 16 personnes les petits domiciles. Différentes activités sont proposées, qui favorisent la découverte et l’expression de soi : expression musical, plastique, théâtre, informatique, visites, excursions… L’autonomie et la prise en charge de soi font partie des objectifs de l’association. L’équipe accompagnante est interdisciplinaire pour s’occuper de l’animation globale, de l’organisation de la vie quotidienne, et des activités spécifiques (animateur, décorateur, musicien et plasticien, conseiller en économie sociale et familiale, agent d’entretien, comptable…). En 1998, le personnel de l’association constate que plusieurs usagers du centre sont d’origine rurale. Va naître l’idée de confectionner un jardin. L’association loue un terrain de 2 200 mètre carrés, dont 300 m² occupés par le potager. Le club des anciens va être sollicité pour que ses membres mettre leurs savoir faire et leurs compétences à disposition des personnes du foyer. Le jardin est entretenu par 7 personnes qui fréquentent le service. Une fois par semaine, le groupe se rend au jardin pour travailler. Il n’est guère possible de passer plus de temps, étant donné que les usagers participent aussi à d’autres ateliers. Depuis deux ans, un partenariat a été instauré avec les jardins de Brocéliande, et en 2005, l’équipe a participé au festival des jardins amateurs. Intervention : Freddy Cabanis L’activité de jardinage au foyer Laborit (Genêts d’or) dans le Finistère Le foyer Laborit est un foyer de vie pour des personnes déficientes intellectuelles moyen et profond. Environ 40 personnes vivent à l’année dans ce foyer. Différentes activités y sont proposées, comme le dessin, la ballade, la randonnée, la piscine, le sport… et aussi le jardinage. Les personnes qui fréquentent le foyer viennent d’Institut Médico Educatif. Deux types de parcours s’offrent généralement aux personnes qui ont séjourné dans un IME. Soit elles sont intégrées dans un CAT, soit elles sont orientées vers un foyer de vie quand elles sont jugées inaptes au travail, du fait de troubles du comportement ou de problèmes physiques. Cette dernière orientation cependant génère des frustrations de la part des personnes handicapées, du fait de ne pas avoir accès au travail. L’idée de la création d’une activité de jardinage est partie de ce constat. La volonté de créer une activité de jardinage pour les personnes du foyer a pris forme dans le souhait de mettre en place une activité qui comporte une notion de travail, permettant ainsi pour les personnes handicapées l’accès à une forme de travail par 1 La socialisation peut se définir comme étant un processus par lequel les individus sont intégrés dans une société donnée, intériorisent les valeurs, normes, codes symboliques et font l’apprentissage de la culture en général. Elle représente un apprentissage et un ajustement. Jardin dans Tous Ses Etats Bretagne – Vert le Jardin - vertlejardin@wanadoo.fr - 02 98 46 06 92
- 13 - cette activité de jardinage. Un jardin potager d’environ 300 m² plus un verger conservatoire a été élaboré (il compte 80 pommiers de différentes variétés). Il a été constitué avec l’aide de l’association Vert le Jardin de Brest. 5 groupes de jardiniers ont été constitués. Chacun d’eux participe à une séance de jardinage 3 fois par semaine. Le mercredi, tous les groupes mangent ensemble et goûtent les produits du jardin. L’activité de jardinage proprement dite est complétée par d’autres activités, comme le nettoyage de plages (récupérer les déchets et confectionner des statues avec les déchets récupérés). Le foyer a aussi voulu travailler en partenariat avec la commune et a effectué une demande pour pouvoir travailler sur un chantier. Il lui a été confié le débroussaillage d’un bosquet et la remise en état d’un chemin. Rencontrer - S’ouvrir aux autres… Dans l’un comme dans l’autre exemple, les activités favorisent la rencontre entre populations différentes à travers les activités de jardinage mises en place. Aux Acanthes, le club des anciens vient aider tous les 15 jours. Quand le temps du jardin est à la jachère et au repos hivernal, les personnes des Acanthes en profitent pour aller à la découverte d’autres sites, d’autres lieux, d’autres personnes, accompagnés par leur animatrice, avec toujours comme fil conducteur le jardin : aller à la découverte de l’agriculture biologique, aller dans une ferme qui accueille des écoles, aller acheter des paniers aux Jardins de la Lande du Breuil, visiter la Bintenais ou le jardin poétique d’un maraîcher… Cette dimension revêt une grande importance pour une population qui a parfois du mal à aller vers les autres et à aller à la rencontre des autres. C’est un moyen de rester ouvert sur le monde, en tout cas de ne pas rester enfermé sur soi. Le jardin permet à la fois de s’ouvrir aux autres et de créer des liens. En outre, en tant qu’activité, le jardinage fédère d’autres activités, bricolage, photographie, travail sur l’ordinateur et permet de sollicité d’autres groupes, d’autres personnes des foyers. … et inciter les autres à changer leur regard La mise en place d’ateliers de jardinage s’effectue dans un objectif d’ouvrir les personnes handicapées aux autres, de les ouvrir sur le monde. Mais cela ne va pas toujours de soi dans la mesure où le regard qu’on peut avoir sur ces populations en tant que personne non handicapée est parfois problématique. Avoir affaire à ces populations handicapées n’est pas facile, quand on ne les connaît pas. Bien souvent, au premier abord, leur différence effraie. Une expérience menée par les genêts d’Or est révélatrice à cet égard. Dans un souci de se rapprocher de la commune, le foyer a sollicité celle-ci pour effectuer des travaux. Le débroussaillage d’un bosquet leur a été confié, avec comme objectif de remettre en état un chemin. Ce travail a été effectué à raison d’une fois par semaine par un groupe de personnes résidant au foyer, jusqu’au jour où ils ont trouvé une barricade dans le bois. Cela a été interprété par le groupe comme un refus des riverains d’avoir affaire aux handicapés du foyer. Les riverains, questionnés, ont répondu qu’ils ne voulaient pas du chemin parce que beaucoup de jeunes y venaient avec leurs motos. Etait-ce la bonne raison ? La vraie raison ne résidait-elle pas plutôt dans la crainte d’être dans une trop grande proximité avec les personnes du foyer ? Cet exemple tend à montrer la peur et l’inquiétude que peut générer la présence de populations différentes, inconnues, et donc génératrices de peurs et de fantasmes. Dans ce cas, les habitants n’avaient été ni prévenus, ni contactés par le foyer afin de les informer, et de leur faire rencontrer les personnes du foyer avant de débuter les travaux, ce qui peut expliquer l’apparente réticence des habitants du quartier. Le refus vient souvent de la peur et de l’ignorance, mais il existe des moyens pour y remédier. Par exemple, des rituels de présentation peuvent permettre à cette population différente d’être acceptée et intégrée par les habitants, comme tend à le montrer l’exemple donné d’une expérience menée à Fougère (35). Un foyer de Fougère s’occupait d’un jardin à proximité d’un lotissement. La présence des personnes handicapées semblait gêner les habitants jusqu’au jour où ont été invités à venir dans le jardin. Depuis ce jour, les habitants regardent différemment les personnes du foyer, et leur disent bonjour quand ils viennent à les croiser. Aux Jardins de Brocéliande, par exemple, l’intégration des personnes handicapées s’organise autour de la création d’un évènement festif. L’acceptation, qui parfois peut sembler difficile au début, passe par ces petits gestes du quotidien, qui ritualisent la rencontre avec l’autre, et permettent de laisser à l’écart la peur et la méfiance que bien souvent génère la différence. De nombreuses expériences montrent que l’acceptation et l’intégration est tout à fait possible: la venue d’enfants d’école primaire au foyer Laborit pour faire du tir à l’arc s’est par exemple très bien passée. Aider les personnes handicapées à s’intégrer à la société, à se socialiser, passe aussi par une socialisation des personnes non handicapées : apprendre à changer son regard, ni trop insistant, ni trop fuyant, apprendre à accepter la différence et ce qui est hors norme. Jardin dans Tous Ses Etats Bretagne – Vert le Jardin - vertlejardin@wanadoo.fr - 02 98 46 06 92
- 14 - Valoriser Jardiner, biner, bêcher, planter des légumes ou des fleurs induit une notion de travail, activités auxquelles toutes les personnes handicapées ne peuvent prétendre, parfois à leur grand désarroi. En effet, le travail est l’une des composantes majeures de notre société par lequel on se définit en tant qu’individu, par lequel on s’intègre dans la société, et par lequel on peut se valoriser et être valorisé en tant que membre de cette société. Qui pouvons-nous donc bien être si on nous refuse cet accès au travail ? La création d’atelier de jardinage dans les deux exemples cités montre l’importance de cette dimension travail pour les personnes handicapées. Le handicap tend à confiner les personnes dans un statut « diminué », par rapport aux personnes non handicapées. L’accès à une forme de travail peut permettre de réduire cette moindre considération dont on peut être l’objet de la part des autres ou de soi-même quand on souffre d’un handicap. Aux Acanthes, les jardiniers peuvent ramener le fruit de leur activité de jardinage dans leur lieu de vie, les cuisiner, ce qui pour eux est source de fierté et de valorisation. Adapter L’acceptation de l’autre, l’accès au travail et à la valorisation de soi ne gomment pas pour autant les caractéristiques des personnes handicapées et leur écart par rapport à la norme des personnes non handicapées. La mise en place d’ateliers de jardinage n’est parfois possible qu’au prix d’adaptation dans la manière de travailler, d’adaptation des outils et des lieux pour pouvoir accueillir des personnes handicapées. Au foyer Laborit, il y a beaucoup de bricolage autour des outils afin de pouvoir les rendre appropriés aux capacités ou incapacités de chacun : un râteau adapté pour pouvoir être utilisé par une personne hémiplégique par exemple. Des potagers peuvent être créés « en hauteur », pour pouvoir être jardinés par des personnes qui ont des difficultés pour se pencher, ou bien il est possible d’inventer de petits bancs pour les personnes qui ne peuvent pas s’asseoir… Créer des lieux de jardinage pour les personnes handicapées peut se présenter comme un défi à l’imagination, afin de mettre au point outils, espaces et systèmes qui correspondent aux caractéristiques de chacun… Défi qui est largement relevé par l’animateur du foyer Laborit, et par bien d’autres structures. Se donner les moyens La question des moyens à disposition pour mettre en place de telles initiatives se pose forcément. Il n’est pas toujours facile d’avoir accès à des subventions ou des aides pour créer un jardin. Les élus ne vont pas forcément en percevoir l’intérêt. Pour cela, il faut inciter ces derniers à venir visiter les expériences en cours ou qui se montent, afin de leur montrer l’intérêt de tel ou tel aménagement (par exemple une banquette pour jardiner). Mais un jardin doit-il nécessairement coûter cher ? Le budget nécessaire à entretenir un jardin peut fortement diminuer en faisant appel à la débrouille, à la récupération, et en s’inscrivant dans une démarche d’échanges de services avec services de la ville ou autres organismes. Par exemple, une bonne entente peut être trouvée avec les jardiniers de la ville : ils mettent à disposition les produits de leur tonte pour faire du compost et ils récupèrent les feuilles mortes du jardin en échange, ou repartent avec des potirons. Au lieu de demander un financement pour installer un composteur, il peut par exemple être judicieux de solliciter l’IME et son atelier bricolage pour venir le confectionner. Dans ces échanges se mettent en place d’autres liens sociaux avec d’autres organismes, qui peuvent être riches de sens pour tout le monde. Cela s’inscrit en outre dans la démarche d’ouverture à l’extérieur et d’intégration du jardin et de ses jardiniers à la société. Conclusion Jardiner avec des populations handicapées est une activité porteuse de sens, valorisante pour les personnes. Elle peut favoriser l’intégration de ces personnes handicapées à la société, par l’accueil de personnes au jardin, la mise en place d’échanges avec des partenaires. Cela nécessite cependant des adaptations, des outils, mais aussi des espaces. Le jardin comme lieu de socialisation peut se traduire dans les deux sens, socialisation des personnes handicapées à la vie en société, mais aussi « éducation » du regard que les personnes non handicapées peuvent être amenées à avoir sur ces populations différentes, donc potentiellement perçues comme menaçantes et effrayantes. Jardin dans Tous Ses Etats Bretagne – Vert le Jardin - vertlejardin@wanadoo.fr - 02 98 46 06 92
- 15 - Atelier 3 : Recevoir au jardin En s’appuyant sur le label « Tourisme et handicap », nous évoquerons une démarche régionale de rendre accessible et utilisable les jardins par tous (handicap moteur, visuel, auditif et mental) Intervenants : Agnès Gauthier Association Parcs et Jardins Natacha Brière Jardins de Brocéliande (35) Animateur : Jean Getin Le Ciele (35) Secrétaire d’atelier : Pierre Yves Hagnéré (35) Jardin dans Tous Ses Etats Bretagne – Vert le Jardin - vertlejardin@wanadoo.fr - 02 98 46 06 92
- 16 - Intervention : Agnès Gauthier chargée de mission à l’association des parcs et jardins de Bretagne (APJB). Première partie : présentation du label « tourisme et handicap » L’APJB est impliquée dans la mise en place du label Tourisme & Handicap en Bretagne, du fait de ses actions d’ouverture des jardins au public. Ce label Tourisme & Handicap est un label national, qui concerne l’ensemble de la profession du tourisme. Un petit volet est consacré spécifiquement au jardin, mais de nombreuses dispositions sont communes à bien des aspects de l’accueil touristique. La réflexion sur ce label date de la fin des années 90 : il s’agit d’une initiative ministérielle, ensuite relayée aux niveaux infra. Il s’agissait de favoriser l’accès aux vacances pour les handicapés, en s’assurant que les équipements soient accueillants pour tous les publics. En Bretagne, un constat a été fait de nombreuses carences sur les sites et quant à l’information sur l’accessibilité. Fin 2004, la région et les conseils généraux se sont regroupés dans un collectif régional : il s’agit donc d’une démarche récente, dont on n’est qu’aux prémices. On s’appuie sur la conception d’une chaîne touristique sur un territoire, via une démarche globale : il s’agit de proposer une continuité sur l’accessibilité : si on propose des hébergements adaptés et accessibles, on pense aussi à proposer dans un périmètre cohérent, des activités des loisirs, des restaurants, etc., adaptés aux handicapés. Les transports sont également abordés, mais la labellisation ne les concerne pas. 1 - Pourquoi un label ? Il s’agit d’un élément structurant d’une démarche beaucoup plus globale : - offrir une information fiable aux handicapés, - mettre fin à des situations où l’on déclare une accessibilité qui, dans les faits, n’est pas toujours avérée. 2 -Éléments pris en compte dans le label Le label prend en compte les quatre principales formes de handicap - moteur, - auditif, - visuel, - mental. Il est possible de demander la labellisation de son équipement pour un ou plusieurs handicaps. L’information devra pour cela être claire et fiable, via l’utilisation des pictogrammes spécifiques. 3 -La démarche Au niveau national, le label est géré par l’association Tourisme & Handicap, qui fait intervenir tous les partenaires concernés, tels que les associations d’handicapés, les organismes institutionnels, etc. En Bretagne, la mise en place du label est assurée par la fédération régionale des pays d’accueil touristique. Elle aboutira à la constitution d’un centre de ressource et de documentation. Elle assure également la coordination des actions de formation des formateurs et conseillers. L’obtention du label se fait selon une démarche volontaire : les professionnels doivent faire une demande de labellisation. Le label est délivré pour cinq ans, avec Jardin dans Tous Ses Etats Bretagne – Vert le Jardin - vertlejardin@wanadoo.fr - 02 98 46 06 92
- 17 - la mise en place d’outils de vérification « continue ». A noter que le label est évolutif, du fait de la possibilité de labelliser pour quatre handicaps différents. La demande de labellisation est faite au pays d’accueil touristique (PAT) ou autre interlocuteur, qui la transmet à la fédération régionale des PAT. Le candidat doit alors remplir une fiche d’auto-évaluation. Suivent des visites de conseil, menées en binôme, par une personne handicapée et par un professionnel ; pour les jardins, l’équipe est complétée par une troisième personne, référente jardins (chargée de mission APJB). Il s’agit de repérer quels sont les éléments manquants pour une éventuelle labellisation. Ensuite une visite d’évaluation : Les évaluateurs vont émettre un avis, sur la base d’une grille normalisée. S’il est positif, le dossier est transmis en commission régionale, puis, après examen, en commission nationale, pour obtenir la labellisation. 4 -Quelques principes du label Si seulement une partie d’une structure est labellisée, il faudra bien sectoriser et être très clair. Mais, même si toute la structure n’est pas labellisée, cela permet de réfléchir globalement. La grille d’évaluation comporte notamment : - les prescriptions réglementaires, pour les PMR (personnes à mobilité réduite) (gabarit, accessibilité, sécurisation…), - la notion de compensation. Par exemple, si une partie du jardin n’est pas accessible, il faut proposer un moyen de compensation (vue panoramique depuis une terrasse accessible, expo photo sur la partie du jardin non accessible, etc.) Mais la partie non accessible doit rester minoritaire ! Les critères les plus importants sont : - l’accueil et la sensibilisation du personnel aux visiteurs handicapés, - la conception des lieux : notion de sécurité et sécurisation ; éléments essentiels pour les handicapés mentaux, - le respect des dispositions réglementaires : nombre et gabarit des places de stationnement PMR, pourcentages des pentes, etc. Le label s’inscrit dans la réglementation. Concernant les handicaps autres que la motricité : - Pour les personnes non-voyantes ou mal voyantes (déficience visuelle), les critères concernent essentiellement le cheminement (chemins podotactiles et autres systèmes de repérage) et la sécurité : éviter tout obstacle à hauteur du visage. Les aspects olfactifs, sont également très prisés par les voyants notamment les enfants : ceci permet d’enrichir l’offre pour tous les publics. - Pour les personnes handicapées auditifs, l’essentiel est l’accueil : à l’entrée, pour les visites guidées, sur les documents proposés : il faut toujours avoir recours à des supports visuels. Le label intègre la notion de chaîne. Le transport dépasse le cadre du label, mais il a été intégré dans la réflexion : rien ne sert d’avoir un équipement labellisé si rien n’est prévu pour les handicapés dans les environs. 5 - Le coût de la labellisation Les visites de conseil sont gratuites, seule l’évaluation est payante (variable selon les départements, entre 30 et 60 euros), avec des variations selon les départements. A noter que des aides financières peuvent être apportées aux équipements (comme par exemple les jardins) pour lesquels l’accessibilité handicapés n’est pas réglementairement exigible. Ceci exclut donc les équipements recevant du public, qui doivent de toute façon être accessibles aux personnes à mobilité réduite. Par ces subventions, on évitera que les équipements labellisés vendent leurs produits plus chers que les autres : l’objet est de se démarquer du point de vue de l’offre, non du coût. Jardin dans Tous Ses Etats Bretagne – Vert le Jardin - vertlejardin@wanadoo.fr - 02 98 46 06 92
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