Jouer cartes - sur table - Lycée Alain Colas

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Jouer cartes
                            1

                          sur
                        table
MÉMOIRE DE RECHERCHES
LOUISE CRONENBERGER
Jouer cartes - sur table - Lycée Alain Colas
CHAPITRE COURANT   2
Jouer cartes - sur table - Lycée Alain Colas
RÉCIT D’UNE                                              3

    GOOGLE MAPEUSE

Le GPS de mon téléphone portable ne fonctionne plus. Alors,
pour aller d’un point A à un point B, il s’agit de ruser. Faire
appel à ma mémoire pour de courts trajets peut suffire. J’uti-
lise Google Maps sur un ordinateur et je retiens les différentes
étapes entre les deux points. Me voilà sauvée. Je peux me
rendre à destination sans difficulté et en toute sécurité.
Google Maps peut me compter parmi ses un milliard d’utili-
sateur-rices actifs par mois. Le service de cartes souffle cette
année sa quinzième bougie. Il doit sa renommée à ses deux
fonctionnalités phares : Google Earth et Google Street View.
Nées respectivement en 2005 et 2007, l’une permet de voir la
Terre sous forme de mappemonde satellite d’une précision
et d’une qualité sans précédent, la seconde permet de dépo-
ser un petit Homme bâton dans les rues d’un lieu afin de le
visiter1. Il sera nos yeux et nous permettra une immersion
virtuelle. En quelques secondes, nous sommes rentrés à
l’intérieur de la carte. « Attend, je t’emmène voir mon chez-moi.
K-I-N-G-E-R-S-H-E-I-M. Rechercher. Regarde ! Ça, c’est ma rue.
La ville n’est pas extraordinaire, mais elle est plutôt belle ma
maison, non ? », « Oui enfin moi, j’habite en face de la mer, je te
montre2. » Voilà comment, en quelques minutes, le service
cartographique de Google nous emmène faire un tour d’hori-
                             zon des logements de la moitié des
                             élèves de la classe. Soulignons d’ail-
                             leurs déjà des différences de détails
                             selon les lieux de vie de chacun.
                             Alors que je peux montrer jusqu’à
                             la couleur de mon portail, un certain
                             élève nous emmenant à 6 700 km
                             de là, en Martinique, est incapable
                             de nous emmener dans sa rue.

1. Benoît Georges, Google Maps,
les cartes au trésor, Les Échos,
lesechos.fr, 19.02.20
2. D'après une conversation animée
avec mes camarades de DSAA.
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RÉCIT D'UNE GOOGLE MAPEUSE                                                 4

   Nous resterons à explorer le centre-ville, non sans être
déçus de ne pas pouvoir atteindre la destination tant van-
tée. Amusés, divertis, ébahis, oui. Méfiants ? Aussi. Un
article Vice nous alerte quant à la collecte de données dont
fait preuve le service. Six bonnes raisons de ne plus utiliser
Google Maps3 : sévère mais pas étonnant. Enregistrement des
lieux cherchés et des trajets effectués pendant 18 mois, ces
arguments anti-géant du web ne m’empêchent pas de conti-
nuer à l’utiliser non sans une certaine lassitude.
Cependant, ce sont moins les articles condamnant la plate-
forme qui m’intriguent que ceux qui évoquent sa grande
malhonnêteté géographique.

                   JOUER SA DERNIÈRE CARTE
             Jean-Christophe Victor, géographe, expert
             en géopolitique et relations internationales,
             et créateur de l’émission Le Dessous des Cartes,
             livre pour France Culture en 2016 un entretien
             accusateur et préventif aux internautes4. Dans
             sa ligne de mire : mon service cartographique
             par défaut. Google Maps dépasse largement ses
             concurrents en terme de popularité et l’on ne
             pourra accorder cette prouesse qu’à sa gratuité et
             son ergonomie. Pour gagner du terrain face à ses
             adversaires, le service de cartographie a recours
             à la ruse et à une certaine forme de corrup-
             tion. Jean-Christophe Victor met en avant une
             adaptation du tracé des frontières en fonction
             de la localisation géographique et du contexte
politique local. La Crimée est russe en Russie. Le Sahara
Occidental est marocain au Maroc. Le Golfe Persique devient
le Golfe Arabe aux Émirats Arabes Unis. Au Japon, des îles
que l’on nomme Diaoyu s’appellent Senkaku en Chine5. Dans
des zones éminemment sensibles, (sont citées notamment la
frontière sino-indienne, le Cachemire et la bande de Gaza) où
« chaque centimètre est négocié », les frontières sont choisies
3. Sebastian Meineck, Six bonnes       France Culture, franceculture.fr,
raisons de ne plus utiliser Google     28.12.16
Maps, vice.com, Vice, 20.11.20         5. Timothée Vilars, Google Maps,
4. Éric Chaverou, Comment              des frontières à la carte pour ne
Google dessine sa carte du monde,      froisser personne, L'Obs,
entretien de Jean-Christophe Victor,   nouvelobs.com, 02.06.2015
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RÉCIT D'UNE GOOGLE MAPEUSE                                       5

   à la carte, en veillant à ne pas froisser l’état commandi-
taire. Ne proposant malheureusement pas d’alternative
concrète aux utilisateurs de Google Maps, Jean-Christophe
Victor entrevoit cependant dans le fait de savoir, une certaine
manière de combattre la subjectivité. Alors Google Maps,
« soucis d’objectivité et de conformité aux lois locales » ou
quête de mainmise absolue sur le marché de la cartographie ?
Ce service cartographique pourrait s’inscrire dans la catégorie
des cartes qui ont le « double rôle d’informer et d’impression-
ner le public », évoqués dans Comment faire mentir les cartes6.
Marc Monmonier relève, sans les condamner, « le risque et
le pouvoir qui accompagne la conception d’un médium qui,
lorsqu’il n’est pas maîtrisé par un savant aux intentions
honnêtes » peut alors « échapper à tout contrôle. » L’auteur
évoque par là le pouvoir de celui qui fabrique la carte sur celui
qui la lit. Un cartographe, un designer, est-il en mesure de
transmettre un message personnel, et donc subjectif à travers
une carte et alors cartographier de manière singulière ? Peut-il
s’affranchir de conventions cartographiques ?

                     MISE À PLAT
Commençons par définir la carte géographique. Nous enten-
dons par carte la représentation conventionnelle sur un plan
de phénomènes géographiques ou de données concrètes ou
abstraites à l’intérieur d’un espace donné, localisable sur le
globe7. Alors, une carte pose une limite géographique d’une
part, et une limite de l’ordre du signifiant de l’autre. Par
représentation conventionnelle, entendons une représentation
qui résulte d’une règle de conduite adoptée à l’intérieur d’un
groupe social8.
Pour poursuivre, il semble nécessaire d’effectuer quelques
rappels historiques et techniques entourant la carte et sa
fabrication, qui permettront de mieux comprendre ce qu’elle
est et a été au cours du temps et le rôle du designer au cours
de sa conception.

6. Marc Monmonnier, Comment
faire mentir les cartes, Paris, Éd.
Flammarion, 1991, épilogue
7, 8. selon le dictionnaire du
Larousse et le Centre National des
Ressources Textuelle et Lexicales
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LES PREMIÈRES                           6

                                       CARTES

                    TOUT COMMENCE ICI
Les capacités d’abstraction et de représentation du monde
qui nous entoure, apparues à la Préhistoire, ont permis la
naissance de la carte. Pas moins de 18 500 ans nous séparent
d’elle. Sur les parois des grottes de Lascaux, chapelle sixtine
de l’art quarternaire1, trois points à la disposition particulière
viennent symboliser à plat le triangle d’été : les très brillantes
Véga, Deneb et Altaïr. Sur d’autres fresques, les Pléiades, un
amas d’étoiles ouvert, illumine les parois de la grotte2. Les
Hommes représentent ce dont ils ont une vue d’ensemble et
dessinent les premières cartes célestes.

                    JE SUIS AU CENTRE
                    DU MONDE
Faisons un bond dans le temps, direction Babylone. La carte
géographique babylonienne du monde donne à voir l’écou-
mène* sur une tablette d’argile. La Terre est alors un cercle
bordé par la mer. Au centre de la carte, et donc de l’Univers,
Babylone siège, entourée de l’Assyrie et de l’Urartu4. Placer la
capitale de l’Empire babylonien au centre du monde n’est pas
innocent, la carte dépasse alors sa fonction de représentation
de l’espace. Elle est déjà, au ve siècle av. J.-C. et pour toujours,
un outil politique. Il faudra persévérer pour « surmonter [...]
les préjugés culturels hérités d’un passé où chaque peuple
se voyait naturellement situé au centre de l’Univers5. »

1. D'après les mots de Jean Taralon    ici l'espace terrestre connu.
dans La Grotte de Lascaux, 1957        4. Désignent le nord de l'Irak actuel
2. Xavier Demeersman, Les pein-        et le nord-est de la Syrie (Assyrie)
tures rupestres représenteraient       et le Haut plateau arménien actuel
des constellations, Futura Sciences,   (Urartu).
futura-sciences.com, 08.12.2018        5. Catherine Delano-Smith, Le
3. Désigne l'espace habité de          courrier de l'UNESCO : une fenêtre
la surface terrestre, mais suggère     ouverte sur le monde, xliv, 6, 1991
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LES PREMIÈRES CARTES                                                             7

                      LA TERRE EST RONDE
C’est en Grèce et pendant l’Antiquité que la carte scientifique
fait ses débuts. Trois hommes vont faire un travail détermi-
nant qui va changer la face du monde et poser les bases de la
cartographie contemporaine. Thalès, Aristote et Ératosthène6
déterminent respectivement que la Terre est ronde, que c’est
une sphère et qu’elle a une circonférence d’environ 39 000 km.
N’étant plus plate, notre planète devient beaucoup plus com-
pliquée à représenter en deux dimensions. Hipparque7 invente
alors la projection stéréographique, qui consiste à projeter une
sphère sur un plan. Ptolémée, enfin, rédige sa Géographie8 au iie
siècle, synthétisant et pérennisant ainsi les savoirs amassés
jusqu’alors. Remercions-le, car au Moyen Âge, la géographie
sera complètement repensée et les innovations oubliées.

6. Thalès : philosophe et savant          8. Ptolémée, astronome et astro-
grec du vie siècle av. J.-C. Aristote :   logue grec du iier sièce rédige une
philosophe grec du ive siècle             compilation des connaissances sur
av. J.-C. Érastothène : astronome,        la géographie du monde à l’époque
géogrpaphe, philosophe et mathé-          de l’Empire romain, et dont la redé-
maticien du iiie siècle av. J.-C.         couverte en Europe au xve siècle
7. astronome, géographe et mathé-         permit de relancer l'étude de
maticien grec du iie siècle av. J.-C.     la géographie mathématique
                                          et de la cartographie.
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LES PREMIÈRES CARTES                                                     8

                   REPRENONS DEPUIS LE DÉBUT
En Europe, les cartes s’emparent d’une mission
divine et mystique alors qu’elles se débarrassent
des découvertes scientifiques qui les ont façonnées
jusqu’alors. Les mapae mundi 9sont des cartes TO
(terrarum orbis10) qui ont la particularité de repré-
senter à la fois le temps et l’espace, qui défilent
de l’est en haut à l’ouest en bas. Séparés par le Nil et
le Tanaïs, Sem occupe l’Asie tandis que Japhet et Cham se
partagent l’Europe et l’Afrique. Au centre d’un plateau encer-
clé d’eau, Jérusalem règne. À l’inverse, dans les pays arabes
et en Chine, la cartographie prend un tout autre chemin.
Elle se précise et les savoirs grecs sont conservés et affinés.

                   EXPLORATION CARTOGRAPHIQUE
Pour des besoins pratiques ; la découverte du monde, rien que
ça ; la cartographie renaît et retrouve sa rationalité d’origine.
Les grands navigateurs utilisent des cartes maritimes, les
portulans11, qui gagnent en précision grâce à l’invention de
nombreux outils de mesure. Parallèles et méridiens12 sont
adoptés, marquant le début de la cartographie moderne.
Symbolisant la conquête du monde, mais aussi la quête
de pouvoir, la carte se précise alors davantage, illustrant
l’étendue du domaine du commanditaire.

9. Se dit des mappemondes qui      12. Les parallèles sont des cercles
ont été réalisées au Moyen Âge     imaginaires parallèles à l'équateur
en Europe.                         et les méridiens sont des cercles
10. Le monde, en latin.            imaginaires qui relient chacun
                                   des pôles. L'équateur représente
8. Cartes maritimes des premiers   le parallèle 0 et le méridien de
navigateurs.                       Greenwich le méridien 0.
LA CARTOGRAPHIE                                                 9

MODERNE

                    À LA FRANÇAISE
Vers 1650, sous le règne de Louis xiv, la géographie reste,
malgré les énormes avancées réalisées jusqu’alors, assez
approximative. La famille Cassini1 dresse la première carte
topographique et à l’échelle de l’ensemble du royaume de
France. La carte des Cassini fait preuve d’une avancée
décisive, son dessin s’appuyant sur une méthode de trian-
gulation géodésique que quatre générations successives se
sont attelées à réaliser, aboutissant alors à une cartographie
géométriquement correcte. C’est la première carte moderne
du territoire français, en ce sens que sur l’ensemble du
territoire, elle peut se superposer à une carte d’aujourd’hui.
La carte se met au service du pouvoir qui pourra, grâce à elle,
exercer pleinement sa souveraineté.

                    CARTOGRAPHIE DE GUERRE
Véritable prouesse technique, la carte des Cassini possède
néanmoins un inconvénient majeur : l'absence de relief précis.
Quasiment inutilisable pour l’armée comme pour l’aménage-
ment du territoire, Napoléon i décide en 1808 d’établir une nou-
velle carte. Mais le contexte politique est difficile et il faudra
attendre la chute de l’empire et l’avènement de Louis xviii pour
que le projet voit le jour. Des ingénieurs géographes, civils et
militaires s’attellent à la tâche et effectuent les premiers rele-
vés. Mais en 1827, les désaccords entre les deux équipes étant
profonds, la maîtrise totale du projet est confiée à l’État-major
des armées. Ainsi est née la carte de l’État-major. Les outils de
mesure et les techniques mathématiques s’affinent et per-
mettent d’atteindre une précision des données encore inégalée.
Pour représenter les reliefs, des hachures sont dessinées et leur
orientation et leur rapprochement indiquent respectivement le
sens de la pente et son inclinaison.

1. Famille d'origine italienne natura-
lisée française ayant compté parmi
elle une lignée père-fils de quatre
astronomes et cartographes.
LA CARTOGRAPHIE MODERNE                                                  10

                     PRENDRE SON ENVOL
En août 1826, l’ingénieur français Nicéphore Niepce prend la
première photographie de l’histoire, le point de vue du Gras.
En 1903, les frères Wright, pionniers de l’aviation, réalisent
le premier vol motorisé contrôlé de l’histoire. À la fin du xixe
siècle, le stéréoscope voit le jour, appareil permettant de voir
en relief grâce à l’utilisation de deux illustrations ou de deux
                             photographies. Cette technique,
                             associée à la photographie aérienne,
                             permet d’obtenir des images en
                             relief du territoire. La photogram-
                             métrie aérienne est née et c’est lors
                             des première et seconde guerres
                             mondiales qu’elle connait un pic
                             d’intérêt. Outil militaire, la cartogra-
                             phie permet de donner un avantage
considérable sur une zone de conflit. En France, c’est cette
technique qui sera utilisée par l’ign2 dans les années 1950 afin
de cartographier l’ensemble du territoire, en 25 ans seulement.

                     LA CARTOGRAPHIE QUITTE LA TERRE
C’est à cette même période que débute l’aire spatiale. Depuis,
des milliers de satellites ont été placés en orbite autour de la
Terre. Ils servent notamment à déterminer des coordonnées
GPS3 ou à prendre des images de notre planète, transmises
sous forme d’ondes. Ils permettent de décrire des reliefs en
mesurant les décalages géométriques entre deux images d’un
même lieu, sous deux prises d’angles différentes. La cartogra-
phie vient de quitter la Terre.

2. L’Institut national de l'information   3. Global Positioning System
géographique et forestière est
un établissement public à caractère
administratif ayant pour mission
d'assurer la production, l'entretien
et la diffusion de l'information géo-
graphique de référence en France.
LA CARTOGRAPHIE                                         11

           NUMÉRIQUE

                    CARTOGRAPHIE IMMATÉRIELLE
Dans la seconde moitié du xxe siècle, l’arrivée des ordinateurs
transforme une nouvelle fois le monde de la carte. L’ère du
numérique commence. Avant, les cartes étaient dessinées
par les cartographes à la main, sur du papier. Dorénavant, il
est possible de travailler sur des cartes numériques qui sont
ensuite dessinées par la table traçante. Quelques décennies
plus tard, en 2002, la première caméra numérique intègre les
avions de l’ign et les images sont travaillées numériquement.
Seules quelques années sont nécessaires à la réalisation
d’une carte et l’actualisation en temps réel est imaginable.

                                        CARTOGRAPHIE
                                        PARTICIPATIVE
L’apparition des cartes numériques consultables en ligne
permettent une démocratisation énorme de l’outil. Les utilisa-
teurs deviennent à leur tour des producteurs d’informations
géographiques en profitant de la possibilité de modifier eux-
même la carte. Cartographes et utilisateurs se confondent1.

1. Gilles Palsky, Cartographie parti-
cipative, cartographie indisciplinée,
Information géographique, Cairn
Info, cairn.info, 2013
HISTOIRE DE LA CARTOGRAPHIE                                        12

La cartographie contemporaine évolue en même temps que
les avancées technologiques et s’utilise désormais sur un
écran. Que ce soit sur un ordinateur ou sur un smartphone,
elle habite notre quotidien. Celle qui, avant, nécessitait des
mois de travail et était un outil relativement élitiste, profite
désormais à monsieur et madame Tout Le Monde. Elle se
démocratise et est visible, analysable et utilisable partout
et tout le temps.
FABRIQUER LA CARTE                                            13

Si les protocoles de fabrication de la carte au fil du temps
furent évoqués succinctement, il sera intéressant d’avoir un
aperçu de la technique utilisée en 2020, en France et par l’ign.

                   FABRIQUER LA CARTE
Trois années sont nécessaires afin de couvrir l’ensemble
du territoire français. Il conviendra de réaliser le processus
vers la mi-journée, alors que les ombres portées sur le sol sont
les plus faibles, dans de bonnes conditions météorologiques
et à un cap et une altitude donnée et maintenue par l’avion
Chaque photographie couvre une surface au sol d’1,5 x 1,5 km
et chevauche de 60 % la précédente. Quand une ligne est finie,
l’avion fait demi tour et les photographies chevauchent la
zone précédente. La superposition des deux images photogra-
phiées, qu’on appelle la stéréoscopie, permet d’appréhender
la profondeur et le relief. Les prises de vue aériennes sont
complétées par des prise de vue satellitaires, qui capturent
l’ensemble du territoire français chaque année, permettant
une mise à jour plus rapide des données. Des géomètres
et des topographes sillonnent le pays pour effectuer des
mesures de terrain et compléter ce qui ne peut être vu par
des photos aériennes ou satellitaires (sentiers en sous-bois,
limites des communes, toponymie, etc.). Enfin, le cartographe
fait appel aux milliers d’informations disponibles sur le
relief, etc, et les superposes numériquement1. De ses mains
naît la carte et plus spécifiquement naît le message qui a été
choisit de faire passer.

1. D'après l'émission Cartographie :
le monde au bout des doigts,
L'Esprit Sorcier, Frédéric Courant,
à retrouver sur Youtube
MILLE-FEUILLE                                         14

                   GÉOGRAPHIQUE
Dès lors, le geste de superposition accompagne fondamenta-
lement la fabrication d’une carte, avant même qu’elle n’existe
en ce sens qu’elle permet sa matérialité. En effet, étant
inhérente à la prise de vue photographique, elle l'est aussi à
la naissance de la carte en temps qu'objet palpable. Ensuite,
la superposition joue un rôle fondamental dans le récit
transmit à travers elle. Elle permet de mettre en avant et à la
guise du cartographe des informations par rapport à d'autres.
Alors, la carte peut se résumer comme une superposition de
choix ? Ainsi, le cartographe peut-il bouleverser et réinventer
l’histoire? Une frontière déplacée, un mot mal utilisé, nom-
breux sont les exemples cités par Philippe Rekacewicz pour
illustrer le pouvoir • parfois chaotique • de la carte1. Véri-
table objet sensible, elle subit les omissions et les sélections
des cartographes en toute discrétion, et brille de sa fausse
légitimité attribuée à son mode de communication. Dans ce
champ de bataille, rien n'est laissé au hasard. Des couleurs
employées aux symboles utilisés, « la carte n’offre aux yeux
du public que ce que le cartographe [ou ses commanditaires]
veut montrer. »
Il ne s’agit pas ici de faire de la carte notre ennemie, mais
d’affirmer qu’elle est, selon les mots de Nelson Goodman,
intrinsèquement inadéquate puisqu’elle « est schématique,
sélective, conventionnelle, condensée et uniforme2. » C’est
de part sa complexité et sa fabrication que la carte induit
une déformation de la réalité.

1. Philippe Rekacewicz,               2. Nelson Goodman, Problems and
La cartographie, entre science, art   Projects, Indianapolis/New York,
et manipulation à propos de L’Atlas   Bobbs-Merill, 1972, p.15
2006 du Monde diplomatique,
monde-diplomatique.fr
APLANIR LE MONDE                                              15

C’est en ce sens qu’Isabelle Ost écrit que « La carte procure
une image analogique et non mimétique du territoire. L’écart
entre cette image et le réel tient aux procédés essentiels de la
cartographie : la projection, qui déforme nécessairement la
réalité géographique1 ». Qu’elle soit équivalente, conforme ou
aphylactique, elle ne peut restituer correctement qu’un para-
mètre de représentation, respectivement les aires, les formes
et les distances sur les méridiens. Les quelques soixantaines
                            de types de projection nous incite-
                            rons à garder en mémoire que ce que
                            l’on voit, n’est qu’une perception du
                            réel. Notons cependant qu’en 1999,
                            l’architecte Hajime Narukawa mit
                            au point la mappemonde la plus
                            précise jamais réalisée, à partir
                            d’une projection quasi-équivalente.
                            AuthaGraph est conçue par division
                            égale d’une surface sphérique en 96
                            triangles. La carte conserve large-
                            ment les superficies des surfaces
                            émergées uniquement et permet
                            aussi une vision du monde décentra-
                            lisée. Cette méthode rend à l’Afrique
                            une taille normale, là où dans de
                            nombreuses autres projections, elle
                            correspond à celle du Groenland,
                            pourtant 14 fois plus petit qu’elle.
                            Autograph figure depuis 2015 dans
                            les manuels scolaires officiels des
                            lycées japonais et remporte l’année
                            suivante le Good Design Grand Award
                            de l’Institut japonais de promotion
                            du design2.

1. Isabelle Ost, Cartographier :    2. www.authagraph.com
Regards croisés sur les pratiques
littéraires et philosophiques
contemporaines, Presses de
l’Université de Saint-Louis, 2019
COLORER LE MONDE                                   16

Créer une représentation schématique du monde, c’est faire
le choix d’un symbole plutôt qu’un autre, d’une couleur plutôt
qu’une autre. Il est du ressort du cartographe de choisir des
paramètres appropriés.
Illustrons ce propos par l’analyse d’un globe terrestre1. Petit
fille, sur mon bureau, siégeait un globe terrestre. Bijou d’ingé-
nierie, l’objet se pare de couleurs on ne peut plus pétillantes
lorsqu’il remplit sa fonction de lampe. Ses océans et ses mers
sont recouverts d’un bleu azur clair, quant à ses terres, elles
sont surtout vertes, orangées dans le sud de l’Afrique et de
l’Argentine, sur la côte ouest de l’Amérique du nord et au
centre de l’Australie, et beiges sur la côte ouest de l’Amérique
du sud, en Afrique du nord, au Moyen Orient et en Mongolie.
Enfin, les zones terrestres se situant à l’extrême nord ou l’ex-
trême sud du globe sont blanches. Si l’on comprend pourquoi
la mer est représentée en bleu et la terre en vert ou sable, on
notera en revanche qu’au delà de représenter « le réel » (qu’il
conviendra de nuancer, la mer est bleue visuellement, mais
elle ne l’est pas partout de la même manière, etc.), les cou-
leurs utilisées transmettent bien plus. Chacune possède une
signification qui lui est propre et qui, surtout, n’est pas plus
universelle qu’elle n’est objective. Le bleu, symbole de paix,
de liberté et de royauté en France, illustre la méchanceté et
la bassesse au Japon. Le vert symbolise la fertilité, la force et
l’Islam en Égypte, la criminalité en France. Alors que le blanc
évoque la pureté en Inde, il représente la mort en Chine2.
On ne va évidemment pas associer les terres représentées
en vert à la criminalité, parce que le vert est avant tout là
pour symboliser la matière végétale et le climat, notamment
continental ou océanique, mais gardons un recul critique en
temps que lecteur.

1. D'après le globe terrestre Nova
Rico, made in Italy, Ricoglobus,
220/250 volts.
2. D'après crim Formation, École
polytechnique de Montréal
COLORER LE MONDE                                                              17

Poursuivons par ma rencontre hasardeuse avec un second
globe terrestre, qui eut passé de nombreuses années à dépérir
dans un coin sombre de mon grenier. Ce dernier, offert à
Daniel par son parrain Alfred à Noël 1962, est d’au moins
40 ans son aîné (sans avoir la date de fabrication exacte de
mon globe terrestre, je peux affirmer avec certitude qu’il n’est
pas plus vieux que moi). Les couleurs, qui ont évidemment
souffert du temps sont bien moins étincelantes que celles
du descendant de sa lignée. Cependant, nous remarquerons
immédiatement un habillage coloré complètement différent.
Ici, la palette de couleurs qui revêt les terres se dégrade du
rose au vert, en passant par l’orange, le violet, le jaune et un
beige. Pour ne citer que quelques couleurs et pays, le orange
recouvre l’Union Sud Afrique3, la Tunisie, ou l’Australie.
Le rose est la couleur de la Yougoslavie4 et de l’Allemagne.

3. Nom donné à l’État d'Afrique         nom officiel employé par
du Sud de sa fondation en 1910,         la Yougoslavie (1945 à 1992) et
comme dominion de la Couronne           comprenait la Slovénie, la Croatie,
britannique, à 1961.                    la Bosnie-Herzégovine,
4. Fait référence à la république       le Monténégro, la Serbie
fédérative socialiste de Yougoslavie,   et la Macédoine.
COLORER LE MONDE                                                               18

Contrairement au précédent exemple, les couleurs semblent
ici avoir été appliquées de manière relativement arbitraire,
et aucune légende ne viendra éclairer ce mystère. Il s’agit ici
de faire de la couleur une matière à la réflexion quant à son
utilisation et aux images qu’elles renvoient.
Les paramètres colorés ne sont qu’une des nombreuses
couches d’informations5 qui composent la carte et c’est ainsi
que « [Le cartographe] imagine et dessine un subtil cocktail :
il mêle le monde tel qu’il le voit et le monde tel qu’il voudrait
qu’il soit 6».

5. Jérémie Ory, De l’objet au figuré :   6. Philippe Rekacewicz,
l’abstraction en cartographie, Lab-      La cartographie, entre science, art
ratoire en sciences et technologies      et manipulation à propos de L’Atlas
 de l’information géographique,          2006 du Monde diplomatique,
geoconfluences.ens-lyon.fr,              monde-diplomatique.fr
13.09.17
19

                                      DE L’ICÔNE
                                      AU SYMBOLE
Nous retrouvons une évolution assurée de ces normes
notamment dans la représentation des vents ou des mers.
Alors qu’ils étaient représentés sous la forme de douze têtes
ailées soufflant dans la direction des vents sur la carte de
l’écoumène dessinée d’après le traité Geographica de Ptolémée
en 1482, ils sont aujourd’hui signifiés par une ligne au bout
de laquelle se trouve une flèche. La mer, emplie de monstres
marins et de navires au xviie siècle, se dépouille de ses ani-
maux terrifiants pour ne devenir qu’une surface lisse, bleue
et homogène. Plus qu’une approche contemporaine, peut-être
une approche plus neutre et accessible ?
CARTOGRAPHIER                                                               20

UN HÉRITAGE CULTUREL
Si les conventions sont en constante évolution dans le temps,
et qu’elles fluctuent de manière spatiale, alors elles n’existent
qu’à un instant T et dans une zone géographique détermi-
née et limitée. De plus, nous appelons convention ce qui est
admis d’un commun accord. Alors, les conditions qui les
accompagnent font-elles d’elles une contrainte culturelle? Par
conséquent, la carte est-elle culturelle ? Si oui, la carte raconte
alors deux lieux : celui représenté et celui pour qui elle est
dessinée. Google Maps et ses malhonnêtetés géographiques
illustrent parfaitement ce propos en cela que le géant du
web accouche de cartes d’un même lieu qui sont fondamen-
talement différentes selon les individus pour qui elles sont
produites. Je pense notamment à la Crimée et au tracé de ses
frontières que j'ai précédemment cités.
C’est malgré tout avec étonnement que, l’espace de cinq
secondes, ces divergences géographiques apparurent dans
mon esprit comme une source de richesses plutôt qu’une
situation inconvenante. Sans m’étendre sur ce point, peut-
être est-ce là une réponse aux dires de Gilles Palsky, qui
raconte les peines auxquelles fait face la carte quand il s’agit
d’« exprimer à elle seule toutes les nuances d’une vision
autochtone multiforme du territoire1 » ?
Notons que cartographier selon des normes, c’est cartogra-
phier un héritage culturel. Alors, pour reprendre les mots de
Camille Chatelaine, Comment considérer la standardisation des
normes cartographiques si ces dernières ne peuvent traduire qu’un
regard biaisé du monde ?2 Comment considérer comme conven-
tionnel des outils, des méthodes qui forcent une déformation
de la réalité ? Pourrions-nous envisager d’autres modèles ?
Enfin, pourrions-nous nous défaire du cadre spatio-temporel
résultant de la définition de la carte et ainsi donner naissance
à des cartes intemporelles et universelles ?

1. Gilles Palsky, Cartographie parti-   2. Camille Chatelaine,
cipative, cartographie indisciplinée,   Cartographie (a)typique. Ou
Information géographique,               comment les mondes se modélisent,
cairn.info.fr, 2013                     Azimuts 48, Le Type, 2018
CARTOGRAPHIER                                                  21

L’INSAISISSABLE
Dès lors, peut-on cartographier ce que l’on veut ? Sommes
nous contraints par le devoir de cartographier un lieu exis-
tant ? Peut-on cartographier un objet ? Peut-on se donner
la liberté de cartographier l’autre ?
Si l’on reprend brièvement les définitions de la carte, elle n’en
est qu’une que si elle représente un espace donné et locali-
sable sur le globe. Pourtant, ne pouvons nous pas imaginer
la cartographie d’un espace imaginé, rêvé ? Très tôt dans le
temps se dessine une carte allégorique de l’amour. Attribuée
à François Chaveau, cette gravure illustre la première partie
de Clélie, Histoire romaine, texte écrit par Madeleine de Scudéry
dans les années 1650. C’est une carte en cela qu’elle représente
ce qui s’apparente à un territoire. Tendre est un pays entouré
par les mers Dangereuse et Hostilité. Les trois capitales
du pays, Tendre-sur-Inclinaison, Tendre-sur-Estime et
Tendre-sur-Reconnaissance sont situées sur des cours d’eau
portant les noms précédemment cités. Ainsi, pour se rendre
de Nouvelle-Amitié à Tendre-sur-Estime, le voyage se fera à
travers les villages de Grand-Esprit, Jolis-Vers, Billet-Galant
puis Billet-Doux, tout en évitant précautionneusement les
cours d’eau déchaînés. Malgré tout, ce n’est pas une carte
traditionnelle en cela qu’elle ne correspond pas à la repré-
sentation d’un territoire localisable sur une carte.
Les conventions sont détournées pour créer un genre
de carte singulier : la carte d’un espace insaisissable.
CARTOGRAPHIER L'INSAISISSABLE                                     22

   De manière analogue mais plus contemporaine, Paul Cox
propose en 2000 un nouveau jeu de société, un jeu sans règles
qui se dessine sur cent jetons cartonnés. Sous nos yeux se
                            construit une carte, un Jeu de l’amour
                            et du hasard. Je me permets d’utiliser
                            ici le mot carte, car les morceaux
                            de phrases sont lus le long de ce
                            qu’on pourrait appeler des routes,
                            des zones colorées vertes et jaunes
                            évoquent des aires géographiques
particulières, des pointillés rappellent le tracé de frontières
et enfin, des formes bleues rappellent l’eau. Cependant, ce jeu
ne fait pas référence à une zone géographique identifiable.
C’est d’ailleurs plus une carte temporelle que géographique,
ou bien un mélange des deux. Alors, la carte raconte une
histoire. Depuis toujours Éric apprécie Anne mine de rien caresse
Philippe par dessus le marché Valérie tripote Pierre. En fait, chaque
soir, la première venue apprécie Éric.
ET APRÈS                                            23

Il s'agirait peut-être la d'une occasion de jouer avec les
mots de Jean-Claude Groshens, qui parle de la cartographie
comme d'une discipline qui « vit de cette sorte d'ambiguïté
qui la situe à la confluence de la science exacte et de l'art.1 »
L'art n'est pas l'objet de cette recherche et en cela il n'est pas
question de le définir. Mais imaginons que la carte se détache
de normes qui peuvent parfois se rapprocher davantage de la
contrainte que du cadre, alors elle pourrait se libérer de cette
ambiguïté. Cartographier plus librement pour cartographier
plus sincèrement ?
Cette idée de détachement des normes cartographiques va
être liée à mon travail exploratoire de macro-projet puisqu’il
s’agit d’essayer de faire et de représenter, sans se contraindre
par les conventions établies. S'éloigner de ce qu'il s'agit de
faire équivaut de ce fait à une recherche d’individualité, mais
c’est surtout ici l’occasion de conter un paysage différent, une
histoire remarquable, une représentation du monde sous
un prisme singulier. Ainsi sera explorée une quête d'univer-
salité, en tension avec le caractère subjectif de la carte, tant
au niveau de sa création que de sa lecture. Sera également
exploré le fait d'aller au delà de ce qu'il convient de représen-
ter. Et si l'Europe et le Sahel n'était pas deux étendues, l'une
verte et l'autre rouge et orangée ? Et s'il existait une cartogra-
phie du paysage plutôt qu'une carte de géographie ?
Alors, la Terre sera bleue et la mer sera rose ?

1. Jean-Claude Groshens, Cartes et
figures de la terre, Centre Georges
Pompidou, 1980.
NOTES À MOI-MÊME (ET À VOUS)                24

  Garde toujours en tête que cette
carte a été faite pour être lue par un
groupe d’individus en particulier.
Pour qui ? Dans quel but ?

  Prends toujours un recul critique.

  Imagine comment aurait pu être
dessinée la carte si elle avait été faite
par le camp adverse, l’ennemi.

  Comment a été fabriquée la carte ?
Pourquoi cette projection ? Pourquoi
ces couleurs ? Pourquoi ces formes ?
Pourquoi y a t-il un monstre marin
dans la mer Méditerranée ?

  Regarde toujours plusieurs cartes de
sources différentes pour comprendre
et/ou analyser un phénomène.

  Émancipe-toi de la norme.
LÉGENDES                                                                                          25

PAGE 1                                            PAGE 11
• la Terre, crayon de couleur, négatif, moi,      • capture d’écran 26.01.2021, Google Maps,
2020                                              Europe de l'ouest
                                                  • Catherine Jourdan, cartographie subjective
PAGE 2
                                                  de réalisée avec un groupe d’habitants
• frontière sino-indienne, acrylique
de qualité médiocre sur feuille Canson, moi,      PAGE 12
2020                                              • capture d’écran 27.01.2021, Plan, Nevers
PAGE 3                                            PAGE 13
• capture d’écran 24.01.2021, Google Street       • assemblage cartographique de la carte
View, ma maison                                   de France, IGN
• capture d’écran 24.01.2021, Google Maps,
                                                  PAGE 14
Martinique
                                                  • carte thermique
PAGE 4
                                                  PAGE 15
• représentation de la Crimée, vue
                                                  • projection Autagraph
de France, vue d’Ukraine et vue de Russie,
www.nouvelobs.com                                 PAGE 16
                                                  • globe terrestre Nova Rico, made in Italy,
PAGE 5
                                                  Ricoglobus, 220/250 volts
• Albert Bernard, Carte agricole n°3, Plantes
alimentaires et industrielles, Les fils d’Émile   PAGE 17
Deyrolle, Éditeurs, Paris                         • scan du vieux globe terrestre
PAGE 6                                            PAGE 18
• parois des grottes de Lascaux                   • carte des années 40 récemment
• tablette cunéiforme en argile, composée         déclassifiée de la CIA
entre les ixe et vie av. J.-C., British Museum
                                                  PAGE 19
de Londres
                                                  • La géographie du Monde selon Ptolémée,
PAGE 7                                            125 ap. J.-C., œuvre de l'enlumineur
• La géographie du Monde selon Ptolémée,          N. Germanus, 1466
125 ap. J.-C., œuvre de l'enlumineur              • capture d’écran 26.01.2021, Google Maps,
N. Germanus, 1466                                 océan
PAGE 8                                            PAGE 20
• carte TO                                        • gravure, François Chaveau, première partie
• Kunstmann II ou Carte aux quatre doigts,        de Clélie, Histoire romaine, Madeleine de
1502—1506, voyages de Miguel Corte Real           Scudéry, 1650
et Amerigo Vespucci
                                                  PAGE 22
PAGE 9                                            • Jeu de l’amour et du hasard,
• carte des Cassini du royaume de France          Paul Cox, 2000
PAGE 10                                           PAGE 23
• drone-developpement.fr                          • frontière sino-indienne, peinture à l’huile
• satellite chinois Beidou                        sur plaque de contreplaqué, moi, 2020
BIBLIOGRAPHIE                                                                                26

LIVRES                                         VIDÉO
• Marc Monmonnier, Comment faire mentir        • Cartographie : le monde au bout des
les cartes,Paris, Éd. Flammarion, 1991         doigts, L'Esprit Sorcier, Frédéric Courant,
Camille Chatelaine,                            à retrouver sur Youtube.
• Cartographie (a)typique. Ou comment
                                               ENTRETIEN
les mondes se modélisent, Azimuts 48,
                                               • Éric Chaverou, Comment Google dessine
Le Type, 2018
                                               sa carte du monde, entretien de Jean-Chris-
ARTICLES                                       tophe Victor, France Culture, 28.12.16
• Philippe Rekacewicz,
La cartographie, entre science, art et mani-
pulation à propos de L’Atlas 2006 du Monde
diplomatique.
Vous pouvez aussi lire