Actualités phyto - Coordination Rurale

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Actualités phyto - Coordination Rurale
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                         Actualités Phyto
                         La lettre d’information PHYTOSANITAIRE n° 112 de la DRiaaF Île-de-france • AvRIL 2019

     Actualité Ecophyto
    En haut à gauche :
    Champ de colza
                         COS Ecophyto
    en Île-de-France ©
    DRIAAF-SRAL
                         Le comité d’orientation stratégique et de suivi (COS) du plan national de réduction des
    En haut à droite :   produits phytopharmaceutiques a été installé officiellement, le 10 avril dernier, par les
    Jardin du Luxem-
    bourg © DRIAAF-
                         quatres ministres en charge du plan Ecophyto II+ (transition écologique et solidaire,
    SRAL                 solidarités et santé, enseignement supérieur recherche et innovation, agriculture et ali-
                         mentation.

                         Le gouvernement a ré-affirmé sa volonté ferme d’atteindre les objectifs de réduction de
                         50 % d’ici à 2025, et de sortie du glyphosate pour une majorité des usages d’ici fin 2020.
                         La coordination et le suivi opérationnel du plan sont ainsi renforcés avec la création
                         d’une « task force » des acteurs publics et privés engagés en faveur de la réduction
                         des usages de produits phytopharmaceutiques, qui sera présidée par le Préfet Pierre-
                         Etienne Bisch, coordinateur interministériel depuis décembre 2018. Les Préfets de ré-
                         gion seront mobilisés pour déployer le plan Ecophyto II+ dans les territoires en lien
                         avec les professionnels, les agences régionales de santé et les collectivités territoriales.
                         Un premier comité de suivi des plans de filière réunira prochainement l’ensemble des
                         interprofessions végétales et sera entièrement consacré aux voies de progrès et enga-
                         gements en matière d’usages.

                         La transparence sur les moyens financiers alloués au plan de réduction sera accrue.
                         Une cartographie nationale et régionale sera réalisée intégrant les différentes sources
                         de financement. Un guide des financements mobilisables sera élaboré à l’attention des

                                                          Lettre n°112 • AVRIL 2019 • page 1
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agriculteurs d’ici octobre 2019
dans l’ensemble des régions. Par
ailleurs, le ministère de la transi-
tion écologique et solidaire rendra
accessible le 1er juillet la base de
données d’achat et de vente des
produits phytopharmaceutiques
à l’échelle de la commune, dans
des modalités permettant de pré-
server l’anonymat des acheteurs.
                                          Les ministres et secrétaires d’état engagés dans le plan Ecophyto II+
Les moyens alloués à la re-                                (photo MAA)
cherche sont renforcés. Un pro-
gramme prioritaire de recherche, inscrit dans le 3ème programme d’investissements
d’avenir (PIA3) et doté de 30 M€ a été décidé. Il vise à identifier des voies alternatives à
l’emploi des produits phytopharmaceutiques en mobilisant les leviers de l’agroécologie,
du biocontrôle, de la génétique et de la prophylaxie pour permettre de « cultiver et de
protéger autrement », en réduisant autant que possible le recours aux produits conven-
tionnels. L’appel à projets sera lancé en juin 2019.

Ce comité a permis de faire le point plus spécifiquement sur la sortie du glyphosate. Le
centre de ressources présentant aux agriculteurs des alternatives au glyphosate est
opérationnel depuis février. Une enquête flash sera lancée d’ici l’été à l’attention des
agriculteurs pour mieux connaître les pratiques de désherbage et mesurer l’évolution
des pratiques. L’ANSES, avec l’appui de l’INRA, conduit actuellement une évaluation
comparative des produits à base de glyphosate. Les usages pour lesquels des alterna-
tives efficaces, présentant un risque moindre et économiquement supportables existent,
seront progressivement interdits. Le dialogue avec les premières filières concernées
débutera avant l’été 2019. En outre, l’ANSES participera, dans le cadre d’un consortium
de quatre États-membres au processus de réévaluation européen du glyphosate dont
l’échéance d’approbation est fixée à fin 2022.

Le gouvernement a confirmé son engagement à travailler au développement des alter-
natives et à la protection de la santé humaine et de la biodiversité. Il a ainsi précisé le
calendrier des prochaines échéances :
- finalisation d’une feuille de route pour développer des alternatives à l’usage du cuivre
en viticulture,
- mise en consultation d’ici juin 2019 d’une stratégie nationale de déploiement du
biocontrôle,
- préconisations attendues d’ici l’été 2019 de la part de deux groupes de travail en ma-
tière de renforcement des modalités d’épandage pour protéger les agriculteurs, les rive-
rains et les pollinisateurs.

La France porte de manière proactive cette transition agro-écologique au niveau euro-
péen pour éviter toute distorsion de concurrence et assurer une sécurité maximale du
consommateur quelle que soit l’origine des produits. Les ministres ont ainsi rappelé que
la France s’oppose systématiquement à toute prolongation des autorisations des subs-
tances actives les plus préoccupantes.

labellisation « Terre Saine, commune sans pesticides »
A l’occasion de la 14ème semaine pour les alternatives aux pesticides, le ministère de
la transition écologique et solidaire et l’agence française pour la biodiversité ont remis,
le 21 mars dernier, le label « Terre Saine » à 110 communes. L’objectif est de valoriser
leur démarche exemplaire « zéro pesticide » et de créer une dynamique conduisant
l’ensemble des collectivités françaises vers le zéro pesticide sur leurs espaces en ville.

Au total 426 communes possèdent désormais ce label, dont 69 en Île-de-France.

                                 Lettre n°112 • AVRIL 2019 • page 2
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Carte des communes labellisées Terre saine en Ile-de-France

Pour accéder aux présentations de la cérémonie

Les vidéos des Artisans du Végétal
Financée en partie dans le cadre des appels à projet Ecophyto JEVI nationaux, une
série de courtes vidéos techniques a été réalisée par les artisans du végétal, un réseau
d’horticulteurs et de pépiniéristes détaillants (dont 7 en Ile-de-France).

Vous pouvez retrouver ces vidéos sur :
https://www.youtube.com/user/Lesartisansduvegetal

https://www.jardiner-autrement.fr/les-videos-des-artisans-du-vegetal/

Pour en savoir plus sur les artisans du végétal :

https://www.lesartisansduvegetal.com/

    15-16 mai 2019 à Berny-en-Santerre (80)
    6ème édition de Désherb’avenir, plate forme d’expérimentation et de démonstra-
    tion de désherbage alternatif de la betterave, organisée par l’ITB.

    16 mai 2019 à Champlan (91)
    Réunion d’information organisée par la Fredon sur les organismes nuisibles
    réglementés en arboriculture.
    Inscription auprès de : a.danthony@fredonidf.com

    22-23 mai 2019 à Mouchy-le-Châtel (60)
    Plate forme d’essais sur la gestion de l’enherbement en agriculture de conser-
    vation, organisée par l’APAD.

    22 au 26 mai fête de la nature
    https://fetedelanature.com/

                                    Lettre n°112 • avRIL 2019 • page 3
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Actualité
Actualitésréglementaire
           Ecophyto
                          Dérogations
                          Le tableau ci-dessous présente les nouvelles dérogations 120 jours octroyées. Outre
                          plusieurs
                          ecophytosolutions      de biocontrôle,
                                       2 - lancement              il faut noter le MOVENTO (à base de spirotetramat)
                                                         operationnel
                          contre  les pucerons
                          3 Texte puce flèche.    de la betterave,  sur la base de 2 interventions maxi, espacées de 14
                          jours au  moins.
                          3 Texte puce flèche.Cela va constituer une   deuxième solution avec le TEPPEKI vis-à-vis des
                          résistances connues (voir article du mois dernier).
                          Texte italique : ....

                          Texte courant : lien texte courant

                          Lien

                          remise de labels «terre saine, commune sans pesticide»
                          3 Texte puce flèche.
                          3 Texte puce flèche.

                          Texte italique : ....

                          Texte courant : lien texte courant

                          Substances naturelles à usage biostimulant
                          Un décret du 16 avril (JORF 17/04/2019) décrit la procédure et les conditions d’autorisa-
                          tion des substances naturelles à usage biostimulant et des préparations naturelles peu
                          préoccupantes en contenant.

                          Une substance naturelle à usage biostimulant est une substance d’origine végétale,
                          animale ou minérale, à l’exclusion des micro-organismes, non génétiquement modifiée,
(1) Note de bas de page
                          et qui est obtenue par un procédé accessible à tout utilisateur final, soit directement, soit
                          via un traitement reposant exclusivement sur des moyens manuels, mécaniques ou gra-
                          vitationnels, la dissolution dans l’eau ou dans l’alcool, la flottation, l’extraction par l’eau
                          ou par l’alcool, la distillation à la vapeur ou le chauffage uniquement pour éliminer l’eau.

                          Une substance naturelle à usage biostimulant est autorisée par inscription sur une liste
                          publiée par arrêté du ministre chargé de l’agriculture. Cette inscription peut comporter
                          des prescriptions particulières d’utilisation. Elle est subordonnée à une évaluation par
                          l’ANSES qui révèle son absence d’effet nocif sur la santé humaine, sur la santé animale
                          et sur l’environnement, à l’exception :
                          - des substances mentionnées à l’article D. 4211-11 du code de la santé publique (envi-
                          ron 150 plantes)
                          accès à la liste

                          - des substances qui entrent dans la composition d’une préparation naturelle peu préoc-
                          cupante conforme à un cahier des charges approuvé, garantissant leur efficacité et leur
                          innocuité.

                                                               Lettre n°112 • avril 2019 • page 4
                                                                 Lettre n°77 • MAI 2016 • page 2
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CEPP

Actualités
        DansEcophyto
              le cadre du dispositif des certificats
        d’économie des produits phytopharmaceu-
                          tiques (CEPP), cinq nouvelles actions ont été
                          validées :
                          - réduire l’utilisation des produits phytopharma-
                          ceutiques en associant un couvert de légumi-
                          neuses
                           ecophyto gélives    et non gélives
                                         2 - lancement          entre rangs de
                                                            operationnel
                          colza,
                           3 Texte puce flèche.
                          -3 réduire
                             Texte pucelesflèche.
                                            traitements fongicides contre le
                          mildiou de la pomme de terre, au moyen d’un              colza associé, une action CEPP (photo DRIAAF-SRAL)
                          outil
                           Texte d’aide
                                 italiqueà: ....
                                             la décision de prévision et de
                          conseil tracé à la parcelle (Mileos) et un accompagnement individuel,
                          -Texte
                            réduire   les traitements
                                 courant                 phytopharmaceutiques en introduisant des macro-organismes
                                           : lien texte courant
                          auxiliaires sous serres,
                          -Lien
                            faciliter le désherbage mécanique sur le rang au moyen de dalles protégeant le pied
                          des jeunes plants de cultures pérennes,
                          -remise
                            désherber     les cultures
                                    de labels      «terrepérennes  au moyen sans
                                                           saine, commune    d’un outil  de désherbage mécanique.
                                                                                   pesticide»
                           3 Texte puce flèche.
                           3 Texte puce flèche.
                          Publicité         produits phytos
                           Texte italique
                          Depuis    2015,:l’article
                                           ....     D253-43-2 du code rural et de la pêche maritime défini des règles
                          concernant la publicité des produits phytopharmaceutiques, à l’exception des produits
                           Texte
                          de     courant : lien
                              biocontrôle.      texte courant
                                             La publicité doit mentionner, de manière claire et lisible, les phrases sui-
                          vantes : “ Avant toute utilisation, assurez-vous que celle-ci est indispensable. Privilégiez
                          chaque fois que possible les méthodes alternatives et les produits présentant le risque
                          le plus faible pour la santé humaine et animale et pour l’environnement, conformément
                          aux principes de la protection intégrée. ”

                          Cette publicité doit également prévoir un renvoi vers la rubrique Ecophyto du site inter-
                          net du ministère chargé de l’agriculture pour inciter les utilisateurs à s’informer davan-
                          tage sur les pratiques économes en produits phytopharmaceutiques.

                          Un décret du 12 avril 2019 (JORF du 14/04/2019) définit de nouvelles règles à venir. A
                          partir du 1er septembre 2019, la publicité devra consacrer un espace délimité, représen-
                          tant au minimum 1/8ème de sa surface totale, à un avertissement dédié exclusivement
                          aux risques pour la santé et l’environnement que peut présenter le produit faisant l’objet
                          de la publicité. Cet avertissement comporte pour chaque classe ou catégorie de dan-
                          ger pour la santé et l’environnement applicable au produit, de manière claire et lisible,
(1) Note de bas de page   la mention et le pictogramme de danger. Lorsque cette publicité concerne plusieurs
                          produits, l’avertissement comporte toutes les mentions de danger, sauf en cas de re-
                          dondance, ainsi que les pictogrammes de danger des classes et catégories les plus
                          défavorables.

                          A partir du 1er janvier 2020, seule pourra figurer en quatrième de couverture d’une pu-
                          blication, la publicité pour les produits de biocontrôle, ou les produits composés unique-
                          ment de substances de base ou les produits à faible risque.
                          DIMETHOATE
                          Comme chaque année depuis 2016, un arrêté (publié au JORF du 20/04/2019) suspend
                          pour an l’introduction, l’importation et la mise sur le marché en France de cerises fraîches
                          destinées à l’alimentation, produites dans un Etat membre de l’Union européenne ou
                          un pays tiers dans lequel l’utilisation de produits phytopharmaceutiques contenant la
                          substance active diméthoate est autorisée en traitement des cerisiers. Par dérogation,
                          peuvent être introduites, importées ou mises sur le marché les cerises qui proviennent
                          d’une production biologique.

                                                                Lettre n°112
                                                                  Lettre n°77• •avril 2019••page
                                                                                 MAI 2016    page25
Actualités phyto - Coordination Rurale
SEPARATION VENTE CONSEIL
La loi « alimentation » dite EGAlim, promulguée le 1er novembre 2018, avait habilité le
gouvernement à prendre par ordonnance, dans un délai de six mois, des mesures afin de
rendre la vente des produits phytopharmaceutiques incompatible avec l’activité de conseil
à l’utilisation (autre que celle portant sur les informations relatives à l’utilisation, aux risques
et à la sécurité d’emploi des produits cédés), notamment :
- en imposant une séparation capitalistique des structures exerçant ces activités,
- en assurant l’indépendance des personnes physiques exerçant ces activités,
- en permettant l’exercice d’un conseil stratégique et indépendant,
- en permettant la mise en œuvre effective des CEPP.

L’ordonnance, en date du 24 avril, vient d’être publiée au JORF du 25/04/2019. Les me-
sures entreront en vigueur au 1er janvier 2021.

                      Vente de phytos et conseil, des activités séparées (photo DRIAAF-SRAL)

Séparation capitalistique
La part du capital d’une personne morale exerçant l’activité de conseil détenue, directe-
ment ou indirectement, par une personne exerçant une activité de vente, distribution à titre
gratuit ou prestataire de service, ne peut excéder 10 % et réciproquement.

La part cumulée du capital d’une personne morale exerçant l’activité de conseil détenue,
directement ou indirectement, par des personnes exerçant une activité de vente, distribu-
tion à titre gratuit ou prestataire de service, ne peut excéder 32 % et réciproquement.

Indépendance
Un membre d’un organe de surveillance, d’administration et de direction d’une personne
morale exerçant une activité de conseil ne peut être membre d’un même organe d’une
personne morale exerçant une activité de vente, distribution à titre gratuit ou prestataire
de service, et réciproquement.

Toutefois, une personne membre d’un organe d’administration d’un établissement bénéfi-
ciant d’un agrément pour les activités de conseil peut être membre de l’organe de surveil-
lance, d’administration ou de direction d’une personne morale exerçant une activité de
vente, distribution à titre gratuit ou prestataire de service, sous réserve qu’elle n’exerce
pas un mandat de président ou de membre du bureau de cet établissement, ni de membre
de conseil d’administration de l’assemblée permanente des chambres d’agriculture.

Les personnes physiques réalisant le conseil ne peuvent exercer une activité ou être em-
ployée par une personne exerçant une activité de vente, distribution à titre gratuit ou pres-
tataire de service.

Conseil stratégique
= éléments donnés à l’agriculteur pour définir ses stratégies de protection,
- diagnostic / spécificités pédoclimatiques, sanitaires, environnementales, etc.

                                        Lettre n°112 • AVRIL 2019 • page 6
Actualités phyto - Coordination Rurale
- prise en compte de l’organisation et de la situation économique de l’exploitation, ana-
       lyse des moyens humains et matériels disponibles, des cultures et des précédents et de
       l’évolution des pratiques agricoles,
       - formulation par écrit,
       - conservation par les deux parties pendant 10 ans,
       - délai maximal de 3 ans entre deux conseils stratégiques,
       - justificatif demandé pour le renouvellement du Certiphyto,
       - délivrance non requise lorsque l’entreprise n’utilise que des produits de biocontrôle,
       des produits à faible risque, des substances de base.

       Seront dispensées de l’obligation de ce conseil stratégique, les exploitations déjà enga-
       gées dans des démarches favorables en terme de réduction de l’usage et des impacts
       des produits phytopharmaceutiques (exploitations en agriculture biologique ou certifiées
       HVE de niveau 3 - à confirmer par arrêté).

       Conseil spécifique
       = recommandation de recourir à un produit phytopharmaceutique,
       - formulation par écrit,
       - précise la substance active ou la spécialité, la cible, la ou les parcelles concernées, la
       surface à traiter, la dose recommandée, les conditions d’utilisation,
       - conservation par les deux parties pendant 10 ans.

       Conseil stratégique et conseils spécifiques doivent :
       - s’inscrire dans l’objectif de réduction de l’usage et de l’impact des produits phytophar-
       maceutiques,
       - respecter les principes de la lutte intégrée,
       - privilégier les méthodes alternatives (méthodes non chimiques, produits de biocontrôle).

Actualité technique
       RESISTANCE AUX HERBICIDES
       La note commune inter-instituts techniques concernant la gestion des résistances des
       adventices aux herbicides vient de paraître. Ce document extrèmement riche rappelle
       les mécanismes de résistance, donne des conseils pour prévenir et gérer les résistances
       en mobilisant différents leviers, et fait l’état des lieux des résistances en France, avec
       plusieurs modes d’action concernés pour 17 adventices.

       Pour chacune des adventices, une fiche présente des photos, la cartographie des dépar-
       tements concernés, l’efficacité des herbicides, du désherbage mécanique et des leviers
       agronomiques.

       Consulter la note.

       En complément, il faut ajouter les premiers cas dans la région de coquelicots résistants
       au mode d’action O, sur deux prélèvements en 2018 dans du colza à Chaumes-en-Brie
       (77) et Gasny (27 en bordure du 78).

       Rouille jaune
       Malgré une épidémie plus faible que les années précédentes, l’INRA de Versailles a
       publié les résultats du suivi national des races de rouille jaune en 2018. Pour notre ré-
       gion, comme pour les autres du nord de la France, la situation évolue assez peu avec
       toujours la race dite « Warrior - » largement dominante comme depuis 5 ans (une telle
       permanence est plutôt rare). A noter une petite nuance toutefois : en 2017, on avait 46
       % d’isolats de Warrior – avec la virulence 17 et 23 % sans cette virulence (prédominants

                                        Lettre n°112 • avril 2019 • page 7
Actualités phyto - Coordination Rurale
.   sur la variété NEMO). Pour 2018, le rapport s’est inversé avec 14 % d’isolats avec la
    virulence 17 et 57 % sans. Il y a également 14 % de warrior – non déterminés, surtout sur
    la variété NEMO et qui pourraient constituer une nouvelle race.

    On note également pour la première fois une petite proportion de la race dite « triticale
    2015 », détectée notamment sur les variétés KAULOS, KMS Fido, KEREON.

    Xylella fastidiosa
    Identifiée pour la première fois en Europe en 2013, la bactérie Xylella fastidiosa est une
    priorité phytosanitaire majeure pour l’Union européenne et un sujet de préoccupation
    pour de nombreux pays, en particulier la France. Transmise par des insectes, cette bac-
    térie s’attaque à de très nombreux végétaux et peut conduire à leur dépérissement voire
    à leur mort. L’impact de cette maladie varie selon divers paramètres (souche, végétal,
    environnement, climat, etc.). Petit tour d’Europe de sa situation.

    En Italie
    Depuis 2013, la bactérie est responsable du desséchement rapide des oliviers en Italie,
    dans le sud de la région des Pouilles. La responsabilité de la souche CoDiRO, apparte-
    nant à la sous-espèce pauca, a été reconnue.
    L’Italie a adopté une stratégie d’enrayement
    et met en œuvre une surveillance renforcée
    sur une bande de 30 kilomètres au nord de
    sa zone infectée.

    En 2018, des végétaux contaminés par la
    sous-espèce multiplex ont été identifiés en
    Toscane (municipalité de Monte Argenta-
    rio), région jusqu’à présent indemne. Les
    espèces végétales concernées étaient ma-
    joritairement des plantes ornementales. Des
    mesures de lutte sont mises en œuvre afin               Oliviers atteints par Xylella (photo Donato Boscia)
    d’éradiquer la bactérie du territoire.

    En France
    La sous-espèce multiplex, a été identifiée pour la première fois en France en 2015. au-
    jourd’hui, Xylella est établie dans la région Corse, qui a adopté une stratégie d’enraye-

                                   Lettre n°112 • AVRIL 2019 • page 8
Actualités phyto - Coordination Rurale
ment en janvier 2018, et dans certaines communes du littoral méditerranéen de PACA
(un foyer situé dans le département du Var et deux dans le département des Alpes-Mari-
times). La situation dans les deux régions est différente : tandis qu’en PACA les manifes-
tations de la bactérie semblent confinées et présentes en milieu essentiellement urbain
et périurbain (jardins privés, espaces verts urbains), en Corse, la dissémination de la
bactérie est largement favorisée dans le milieu naturel (forêt, maquis). Contrairement à
la situation dans la région des Pouilles, aucun dépérissement inquiétant n’a été observé
en France et les champs de production de végétaux (vignes, agrumes, oliviers, pêchers,
cerisiers, etc.) sont à ce jour épargnés.

                          Carte des zones délimitées Xylella en PACA (source ANSES)

Depuis la première détection de la bactérie en France, plus de 36 000 prélèvements ont
été réalisés. Pour l’Ile-de-France, 184 analyses ont été réalisées entre 2015 et 2018,
(dont 39 sur Polygala myrtifolia, 26 sur oliviers, 26 sur Prunus sp).

Au total, 49 végétaux hôtes de la sous-espèce multiplex ont été recensés en France.
En Corse, 80 % des échantillons contaminés proviennent de plantes appartenant aux
espèces suivantes : Polygala myrtifolia (54 %), Calicotome villosa (10 %), Helichrysum
italicum (10 %) et Cistus monspeliensis (6 %). En PACA, 81 % des échantillons contami-
nés proviennent de plantes appartenant aux espèces Polygala myrtifolia (54 %), Spar-
tium junceum (11 %), Euryops chrysanthemoides (10 %) et Helichrysum italicum (6 %).

La sous-espèce pauca a été découverte dans trois plants de Polygala myrtifolia dans le
foyer de Menton. A ce jour, l’ensemble des végétaux hôtes de la sous-espèce pauca a
été arraché, seuls restent 16 oliviers multi-séculaires qui font l’objet d’une surveillance
renforcée. Ces oliviers sont maintenus sous dispositif insect-proof et sont ainsi protégés
physiquement de toute contamination par des insectes vecteurs. Leur état phytosani-
taire est régulièrement vérifié par des analyses officielles. Une surveillance vectorielle
est conduite à proximité de ces oliviers.

En Espagne
L’Espagne a notifié en novembre 2016 son premier foyer suite à la découverte de trois
cerisiers contaminés sur l’île de Majorque. A ce jour, trois îles des Baléares sont conta-
minées : Majorque, Minorque et Ibiza. Les contaminations concernent un grand nombre
d’espèces végétales (vigne, olivier, laurier-rose, polygale à feuilles de myrte, mimosa,
lavande, amandier, cerisier, frêne, figuier, noyer, etc.) et trois sous-espèces différentes
(multiplex, pauca et fastidiosa). L’ensemble de l’archipel est considéré comme une zone
délimitée et une stratégie d‘enrayement est mise en œuvre.

En juin 2017, l’Espagne a notifié un cas positif sur amandier (Prunus dulcis) dans la ré-
gion d’Alicante : il s’agissait du premier foyer sur la péninsule ibérique. De nombreuses

                                  Lettre n°112 • avril 2019 • page 9
Actualités phyto - Coordination Rurale
contaminations ont été découvertes dans des vergers d’amandiers. La sous-espèce
identifiée est multiplex. Depuis de nouvelles contaminations ont été détectées à proximi-
té du foyer existant et ont conduit à l’élargissement de la zone délimitée. Les nouvelles
détections concernent les espèces suivantes : Polygala myrtifolia, Helichrysum italicum,
Prunus armeniaca (abricotier, 1er cas en 2018), Rhamnus alaternus, Rosmarinus offi-
cinalis, Calicotome spinosa et Prunus domestica (prunier - nouvelle plante hôte à Ali-
cante).

Enfin en 2018, un olivier contaminé par la sous-espèce multiplex a été identifié dans la
municipalité de Villarejo de Salvanès, dans la communauté autonome de Madrid. Des
mesures d’éradication sont mises en œuvre dans ce foyer conformément aux disposi-
tions prévues par la réglementation européenne.

En Allemagne
Les autorités ont identifié en juin 2016 la présence isolée d’une sous-espèce fastidiosa
dans une plante en pot de laurier-rose, dans une serre d’une petite pépinière de Saxe.

En Belgique
Détection en septembre 2018 dans une entreprise de plantes de Roulers (Flandre oc-
cidentale), dans des oliviers récemment introduits d’Espagne et dont plusieurs plantes
présentaient des symptômes suspects.

Au Portugal
En 2019, la bactérie a été identifiée dans un parc zoologique situé dans la municipalité
de Vila Nova de Gaia, au nord du Portugal. L’échantillon contaminé était issu d’un pré-
lèvement composite de lavandes asymptomatiques appartenant à l’espèce Lavandula
dentata. La sous-espèce identifiée est multiplex.

Les autorités portugaises viennent de mettre en évidence de nouvelles zones délimi-
tées liées à des infections par Xylella fastidiosa, sous-espèce multiplex, toutes situées
dans le nord du pays (région de Porto). A ce jour, la bactérie a été identifiée dans des
échantillons appartenant aux espèces suivantes : Lavandula dentata (lavande dentée),
Lavandula angustifolia (lavande officinale), Artemisia arborescens, Myrtus communis,
Rosmarinus officinalis, Vinca, Ulex minor, Ulex europaeus, Coprosma repens, Cytisus
scoparius.

Pour en savoir plus sur Xylella

Ambroisie
Le 10 avril dernier, la Fredon Ile-de-France a organisé, dans ses locaux à Champlan
(91), la première rencontre régionale sur l’ambroisie, une nouvelle menace pour la ré-
gion.

L’agence régionale de santé (ARS) a expo-
sé les problèmes de santé publique liés au
pollen de cette plante très allergisante, ori-
ginaire d’Amérique du nord, présente en mi-
lieu agricole et non agricole. Les allergies au
pollen, d’une manière générale, concernent
près de 30 % des adultes et 20 % des en-
fants de plus de 9 ans selon des chiffres de
l’ANSES. Le pollen d’ambroisie est particu-
lièrement agressif car dans 50 % des cas,
l’exposition entraîne l’apparition ou l’aggra-
vation de crises d’asthme. La gestion de
l’ambroisie bénéficie désormais d’un cadre
                                                                        (photo FREDON)

                                  Lettre n°112 • AVRIL 2019 • page 10
réglementaire avec la loi santé de 2016, un arrêté et un décret de 2017 et une instruc-
tion inter-ministérielle de 2018. En Ile-de-France, le 3ème plan régional santé environne-
ment, approuvé en octobre 2017, prévoit des actions sur cette thématique. L’ARS Ile-
de-France a établi un partenariat avec la Fredon pour faire un état des lieux, gérer les
signalements, assurer la sensibilisation via de l’information et des formations, constituer
un réseau de personnes compétentes.

L’ARS Auvergne – Rhône-Alpes a fait un état de sa situation régionale. En 2017, près
de 6,7 millions de personnes (soit 86 % de la population) ont été exposées plus de 20
jours au pollen d’ambroisie (d’après une étude ATMO) et 1,5 millions pendant plus de
45 jours. Au total, le coût estimé est de près de 40 millions d’euros en comptabilisant
les consultations médicales, les désensibilisations orales, les médicaments anti-aller-
giques, les arrêts de travail. L’impact de l’ambroisie peut assez aisément être évalué car
son émission de pollen est tardive (août – septembre) par rapport à celui des arbres et
des graminées, et par l’intermédiaire de certains médicaments traceurs. A noter que les
populations urbaines sont plus exposées car elles sont déjà fragilisées par la pollution.

L’observatoire de l’ambroisie a présenté la plante
ou plus exactement les plantes car 3 espèces sont
concernées par la réglementation :
- l’ambroisie à feuille d’armoise (Ambrosia artemisii-
folia), la plus fréquente, et en extension partout sur le
territoire avec une dispersion surtout par les activités
humaines,
- l’ambroisie trifide (Ambrosia trifida), présente sur-
tout dans le sud ouest (Haute Garonne, Ariège..),
- l’ambroisie à épis lisses (Ambrosia psilostachya),
peu présente en milieu cultivé.
Une 4ème espèce présente en France n’est pas aller-
gisante : l’ambroisie à feuilles fines (Ambrosia tenui-
folia).                                                             Ambroisie à feuille d’armoise (photo ACTA)

Des confusions sont parfois faites avec l’armoise qui
présente un duvet blanc à la face inférieure des feuilles (alors qu’elle reste verte pour
l’ambroisie) et présente une odeur caractéristique. Toute personne peut signaler des
détections via le site :
www.signalement-ambroisie.fr

La Fredon s’occupe du pilotage et de l’animation de la problématique en Ile-de-France
via diverses actions : informer et alerter, mobiliser les acteurs, renforcer la surveillance,
vérifier les signalements. En 2018, plusieurs signalements ont été invalidés. En re-
vanche, l’ambroisie a été confirmée dans 5 communes : Maisse, Cerny et Saclas (91),
Pantin (93), Freneuse (78). Ces sites, dont certains très infestés, vont être gérés cette
année.

La Fredon Franche-Comté et la coopérative Interval ont montré que l’ambroisie était
également un problème en agriculture (70 % des signalements concernent les bords
de routes mais le milieu agricole représente 80
% des surfaces touchées) compte tenu de son
caractère invasif, avec des photos illustrant de
très fortes infestations dans des cultures (maïs,
tournesol, soja) ou en interculture.

Une lutte chimique est possible dans les cé-
réales, et le maïs et avec une gamme herbicide
plus restreinte dans le tournesol et le soja. Le
désherbage mécanique n’est pas satisfaisant
pour une telle vivace. En interculture, on a re-
cours au glyphosate, à du travail du sol, à des            Tournesol infesté d’ambroisie (photo Terres Inovia)

                                 Lettre n°112 • AVRIL 2019 • page 11
broyages. En tout état de cause, il ne faut pas
                             toucher à la plante lorsqu’elle est en graine
  Actualités Ecophyto        pour ne pas la disséminer. Une sensibilisation
                             a d’ailleurs été faite spécifiquement auprès
                             des gestionnaires de voirie et des entreprises
                             de travaux publics.

                             Les nombreux participants à cette rencontre
                             ont  pu prendre
                             ecophyto              conscience
                                          2 - lancement          des enjeux de
                                                              operationnel
                             l’ambroisie,
                             3             avec la nécessité d’une informa-
                               Texte puce flèche.
                             tion précoce    pour une détection précoce et
                             3 Texte puce flèche.
                             une lutte précoce.                                  L’ambroisie en ville (photo INRA)
                             Texte italique : ....
                             Contacts Fredon : Cécile Ahouandjinou - Anne Danthony - 01 56 30 00 20
                             accéder
                             Texte    à l’observatoire
                                   courant  : lien texte de l’ambroisie
                                                         courant

                             Lien
                             ESPECES ENVAHISSANTES
                             remise de labels «terre saine, commune sans pesticide»
                             Nouveau
                             3 Texte pucecentre
                                           flèche.de ressource dédié aux espèces exotiques envahissantes
                             Le  site internet
                             3 Texte puce flèche.du centre de ressources espèces exotiques envahissantes propose des
                             éléments d’actualité, des retours d’expérience, des guides pratiques et de nombreuses
                             ressources
                             Texte italiquescientifiques
                                            : ....         et techniques, pour accompagner les acteurs impliqués sur
                             cette thématique.
                             Texte courant : lien texte courant
                             https://especes-exotiques-envahissantes.fr

                             Gestion des plantes envahissantes dans les JEVI
                             L’institut technique Plante et Cité publie une nouvelle étude sur la gestion des plantes
                             envahissantes dans les JEVI. Suite à une enquête lancée au printemps 2017 auprès des
                             gestionnaires de JEVI, Plante et Cité a pu recueillir 59 expériences de gestion auprès de
                             40 structures pour 50 sites différents.

                             Grâce à ces témoignages, Plante et Cité nous éclaire sur les pratiques mises en œuvre
                             sur le terrain à travers des fiches actions (ex : « couper les parties aériennes », « entre-
                             tenir par pâturage », etc.) des fiches matériel (ex : « outillage pour la coupe », « outillage
                             pour l’arrachage et le travail du sol »), une synthèse sur les facteurs qui influent le choix
                             d’un plan de gestion (le compte-rendu complet est également téléchargeable) et une
                             synthèse sur la gestion des résidus. La synthèse a été publiée en mars dernier.
                             Pour télécharger les documents correspondants
   (1) Note de bas de page

                             Nématodes à kystes de la pomme de terre
                             Un avis aux opérateurs, en date du 27/03/2019, liste les variétés de pommes de terre
                             résistantes au nématode blanc (Globodera pallida) et au nématode doré (Globodera
                             rostochiensis). La liste comprend les variétés inscrites sur le catalogue français, et celles
                             inscrites sur le catalogue européen, autres que celles inscrites sur le catalogue français.
                             accéder à la liste

                             L’arrêté national de lutte contre ces nématodes (arrêté du 28 juin 2010 modifié) autorise
                             la plantation de ces variétés dans des champs contaminés par les nématodes, et avec
                             des obligations de lavage avant commercialisation, selon un procédé officiel. En Ile-de-
                             France, deux parcelles d’une exploitation de l’Essonne sont contaminées par Globodera
                             rostochiensis.

Alim’Info n°12
Actualités Phyto n°112        Directrice de
                              Directeur  de la
                                             la publication
                                                publication :   DRIAAF Île-de-France                   Nous contacter
                              Bertrand
                              Anne  BOSSY
                                        Manterola               Service régional de l’alimentation    alimentation.draaf-ile-de-france@
                                                                                                      sral.draaf-ile-de-france@agricultu-
La lettre d’information                                         18 avenue Carnot                      agriculture.gouv.fr
                                                                                                      re.gouv.fr
alimentation dedelala
phytosanitaire                Rédacteurs :
                              François Mauvais
                              Bertrand  HUGUET &&Christophe
                                                      Pauline   94230 Cachan Cedex                    www.driaaf.ile-de-france.
DRIAAF Île-de-France                                            Tél : 01 41 24 18 00
                              Codarini
                              BODIN                                                                   agriculture.gouv.fr
                                                                         Lettre n°77 • MAI 2016 • page 2
Actualités Ecophyto
 A vous l’actu

                          LE JARDIN EN MOUVEMENT
                          ecophyto 2 - lancement operationnel
                          3 Texte puce flèche.
                          Extraits de l’interview de Gilles Clément – jardinier paysagiste et écrivain - réalisée le 4
                          3 Texte puce flèche.
                          décembre 2018 par Smaël Boudia (chargé d’études documentaire SNHF) et Pablo Ba-
                          din (chargé de projet Jardiner Autrement SNHF).
                          Texte italique : ....

                          Texte courant : lien texte courant
                          Quels sont d’après vous les grands principes qu’un jardinier amateur pourrait ex-
                          traire de votre concept du jardin en mouvement pour son jardin potager ?
                          Lien
                          Le  jardindeen
                          remise          mouvement
                                        labels     «terredans    son
                                                            saine,   principe sans
                                                                   commune    est qu’il  n’est pas contre la nature. Un des
                                                                                    pesticide»
                          aspects    particuliers,
                          3 Texte puce flèche.        c’est le déplacement  physique    des  plantes sur le terrain par le fait
                          que  beaucoup      d’entre
                          3 Texte puce flèche.          elles meurent après avoir fait leurs  graines. Ces plantes vont aller
                          se ressemer ailleurs. Cela dit : « faire avec et pas contre » c’est finalement la philosophie
                          que
                          Textel’on  tire du
                                 italique : ....jardin en mouvement.
                          Ce  sont
                          Texte     les vagabondes
                                courant                 au départ qui m’ont inspiré et ensuite je me suis dit, puisque je
                                         : lien texte courant
                          respecte leur déplacement, pourquoi je ne respecterais pas tout. C’est-à-dire comment
                          elles réagissent aux insectes, à quoi elles servent, etc. Les interactions des plantes entre
                          elles, y compris celles que l’on met et celles que l’on ne met pas et qui viennent toutes
                          seules, doivent être respectées.

                          Je dirais que dans un potager on peut
                          accepter une très large partie du mou-
                          vement comme une sorte de cacopho-
                          nie apparente, d’arrivée de plantes que
                          l’on n’avait pas prévu, se mélangeant
                          avec celles que l’on a planté ou semé,
                          et en gardant ce qui peut être utile. Par
                          exemple lorsqu’une plante va servir
                          d’accueil à un prédateur d’un parasite,
                          ou simplement parce que c’est ornemen-
                          tal et que l’on a envie de garder cette eu-
(1) Note de bas de page
                          phorbe ou ce pavot qui arrive là et qui
                                                                             Mise en oeuvre du concept au parc André Citroen
                          avait besoin d’un sol remué pour germer,                       (photo Gilles Clément)
                          il faut le faire. Donc dans le terrain desti-
                          né aux aliments, il peut y avoir d’autres choses que des aliments, ça ne gêne pas les
                          plantes que l’on cultive. Chez moi ça pousse comme ça peut, parce que là où ça pousse
                          spontanément ça pousse beaucoup mieux en général que quand je m’en occupe moi-
                          même. Par exemple, une pomme de terre dont on a oublié de ramasser certains des
                          tubercules, et qu’ils sont les premiers a germé l’année suivante et bien ces plants sont
                          perdus dans le terrain. Quand ils repoussent et se mélangent à une salade ou une bet-
                          terave, je ne vais pas les enlever, je vais les laisser. On obtient un mélange de plantes
                          alimentaires qui s’entrecroisent et le dessin caractéristique typique des jardins potager
                          avec des lignes : des lignes de poireaux, des lignes de ci et de ça, tout cela disparaît et
                          prend une autre figure mouvante. Ce changement intervient encore plus quand on fait de
                          la permaculture parce que là on a une espèce de multiplicité d’espèces qui jouent entre
                          elles et qui ne gênent pas du tout la production mais dont la forme, dont le résultat pay-
                          sagé je dirai, ne correspond absolument pas à l’idée traditionnelle que l’on a du potager
                          de sillon qui de mon point de vue est très militaire.

                                                              Lettre
                                                               Lettren°112
                                                                      n°77 •• avril 2019• page
                                                                              MAI 2016    • page2 13
l
    Vous dites travailler avec et non contre. Est-ce que vous adhérez à ce mouvement
    qui dégage 4 principes fondateurs et qui sont :
    - arrêter de préparer le sol en profondeur du moins,
    - arrêter évidemment les engrais chimiques et les composts préparés ,
    - pas d’élimination des herbes indésirables,
    - pas de dépendance aux produits chimiques.

    Alors je suis tout à fait d’accord avec à peu près tout. Je trouve ces principes très per-
    tinents mais qui peut être ne sont pas suffisamment expliqués. Il y a une volonté non
    polluante dans la permaculture qui n’est vraiment pas suffisamment évoqué. Dans ma
    manière de faire de la permaculture, sur une très large partie du potager, je pratique un
    désherbage par soustraction…ce n’est pas du désherbage, c’est un jardinage par sous-
    traction. Le désherbage consiste à enlever tout ce que l’on n’a pas mis. Le jardinage par
    soustraction consiste à enlever les plantes qui peuvent faire prendre un risque à celles
    que l’on veut garder. Dans mes planches de potager j’ai plein d’oiseaux et d’animaux qui
    arrivent et qui apportent des graines alors, il y a quelquefois un surcroît de plantes qui
    vont gêner celles que je veux cultiver. Donc là j’en enlève une partie surtout quand c’est
    proche d’un semis car on est obligé de laisser venir la lumière et l’eau.

    Étant donné que vous êtes un homme d’écriture, la sémantique utilisée est impor-
    tante pour vous. On m’a toujours dit que l’on nommait « adventices » ces herbes
    qui n’avaient pas leur place dans les champs cultivés. On constate depuis un cer-
    tain temps une sorte de glissement, on parle de « mauvaises herbes » d’« herbes
    indésirables », que pensez-vous de ce changement sémantique ?

    « Adventice » signifie advenir. Les herbes ne sont ni mauvaises, ni indésirables, elles
    sont. Elles ont un nom, celui-ci est intéressant à connaitre parce que dès que l’on met
    un nom sur une herbe qu’on allait tuer, et bien elle existe avec son cycle de vie. Parfois
    il s’agit d’une plante hôte pour un animal ou un insecte qu’on veut protéger. Ces plantes
    jouent un rôle dans l’écosystème. Même s’il m’arrive d’en enlever, je ne le fais jamais
    intégralement, de manière à ce que la diversité ne disparaisse pas car on ne connait pas
    le rôle de toutes les espèces sur le terrain. Parfois après avoir éradiqué une espèce, on
    se rend compte qu’elle était liée à l’écosystème et cela implique une perturbation.

    Pour en savoir plus sur l’œuvre de Gilles Clément et le concept de jardin mouvement :
    http://www.gillesclement.com/

                                     Lettre n°112 • avril 2019 • page 14
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