L'Abbaye de Saint-Benoît-du-Lac - Maurice Langlois - Érudit

 
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Histoire Québec

L’Abbaye de Saint-Benoît-du-Lac
Maurice Langlois

Volume 13, Number 3, 2008

URI: https://id.erudit.org/iderudit/11285ac

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Publisher(s)
Les Éditions Histoire Québec

ISSN
1201-4710 (print)
1923-2101 (digital)

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Langlois, M. (2008). L’Abbaye de Saint-Benoît-du-Lac. Histoire Québec, 13 (3),
27–32.

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113     \nn.iiii::

L'Abbaye de Saint-Benoît-du-Lac
par Maurice Langlois,
a u t e u r et historien

I   Médecin de formation, retraité de l'Université de Sherbrooke et du Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke
    (CHUS), Maurice Langlois est aussi un historien bien connu dans la région de Magog. Il est membre du conseil
    d'administration de la Société d'histoire de Magog et de la Société historique de Stanstead et il contribue régulière-
    ment à la rédaction d'articles dans leurs publications. M. Langlois est l'auteur des volumes Reminiscences of my
    Old Home and Other Poems, publié en 2000, Alvin H. Moore (1836-1911), premier maire de Magog, publié
    en français et en anglais en 2001, et Les Merry of Magog, publié aussi en français et en anglais en 2003. Au prin-
    temps 2008, le D' Langlois lancera deux autres volumes intitulés Les médecins de Magog (1846-1960), notes
    historiques et Physicians of Magog (1846-1960), Historical Notes.

Bien que l'Abbaye de Saint-                           Pourquoi une abbaye bénédic-                     Origines de l'Ordre de
Benoît-du-Lac ne soit pas le                          tine au Canada français? Quand                   Saint-Benoît
plus ancien monastère au Ca-                          et pourquoi ces moines ont-ils
nada, il est probablement le                          quitté l'Europe? Que sont venus                  Les origines de l'Ordre béné-
mieux connu et le plus fré-                           faire ces religieux, arrivés il y a              dictin remontent au début du
quenté au Québec, peut-être                           près de 100 ans? Pourquoi au                     vf siècle. En effet, Benoît de
même au pays. Cet endroit                             Québec? Pourquoi dans les                        Nursie (ca 480-ca 547) a fondé
retient l'attention des journa-                       Cantons-de-1'Est, et plus spéci-                 les célèbres abbayes de Subi-
listes, des cinéastes et du                           fiquement à Bolton? Ce n'est                     aco et du Mont-Cassin, en Ita-
public en général. La réputa-                         qu'en puisant dans l'histoire                    lie, où il a composé sa Règle
tion de ses architectes-concep-                       que l'on pourra répondre à tou-                  des moines : obéissance, silen-
teurs, Dom Bellot, Dom                                tes ces questions, ce à quoi nous                ce, prière, travail physique et
Claude-Marie Côté et Dan S.                           nous attacherons dans le pré-                    intellectuel, et apostolat. Ce
Hanganu, a sans doute contri-                         sent article.                                    code de vie religieuse s'est
bué à la popularité de ce magni-                                                                       répandu rapidement dans tous
fique lieu de recueillement.                                                                           les monastères d'Occident et a
                                                                                                       vu naître par la suite de vastes
                                                                                                       congrégations de monastères à
                                                                                                       travers le monde. Saint Benoît
                                                                                                       est considéré, à juste titre,
                                                                                                       comme le patriarche des moi-
                                                                                                       nes d'Occident. En 1964, saint
                                                                                                       Benoît a été proclamé saint
                                                                                                       patron d'Europe par le pape
                                                                                                       Paul VI.

                                                                                                       Climat anticlérical en France

                                                                                                       Au moment de la Révolution,
                                                                                                       la vie bénédictine en France a
                                                                                                       pratiquement été abolie, mais
                                                                                                       elle a refleuri vers le milieu du
                                                                                                       XIXe siècle. La vie monastique a
                                                                                                       alors été réintroduite à quel-
    Vue  «t
     'ne aérienne de l'abbaye de Saint-Benoît-du-Lac. (Source : Société historique de Stanstead)       ques endroits en France, dont à
                                                                                                       l'abbaye de Saint-Pierre de
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 Cloître de l'hôtellerie. À droite, on voit la photo de Dom Vannier et celle de son voisin, Dom Prosper Guéranger. (Source : Maurice Langlois)

Solesmes et à celle de Fonte-                     avoir repris possession de leur                     ce faire. Plusieurs communau-
nelle en Normandie, fondée                        vieux cloître de Saint-Wandrille,                   tés religieuses d'hommes et de
par Saint-Wandrille au vif                        les religieux ont été privés de                     femmes avaient déjà émigré au
siècle. C'est de cette dernière                   leurs biens et chassés de France                    Canada pour les mêmes rai-
abbaye que celle de Saint-                        par une loi inique (adoptée en                      sons, notamment les Filles de
Benoît-du-Lac s'honore d'être                     1901) qui n'avait d'autre but que                   la Charité du Sacré-Cœur de
issue.                                            de les faire disparaître. Les moi-                  Jésus. Arrivées à Newport, au
                                                  nes ont alors trouvé refuge à                       Vermont, en 1905, elles étaient
Les difficultés de la vie monasti-                Vonèche (diocèse de Namur), en                      arrivées au Québec, plus préci-
que ne se sont pas arrêtées avec                  Belgique. Cette situation provi-                    sément à Magog, en 1907.
la fin de la Révolution française.                soire et des déménagements fré-                     Leurs œuvres se sont répan-
En 1879, le gouvernement de la                    quents et fort coûteux n'étaient                    dues par la suite à la grandeur
République française, fortement                   alors pas propices à la vie                         du Québec, et au-delà de ses
anticlérical, a voulu soumettre                   monastique.                                         frontières. Ce n'est qu'en 1912
les communautés religieuses à                                                                         que les fondateurs de Saint-
des conditions de vie inaccepta-                   C'est alors que les moines ont                     Benoît-du-Lac ont débarqué à
bles qui ont mené ni plus ni                       songé à quitter la Belgique pour                   Montréal.
moins à la dissolution de nom-                     s'établir au Canada, sauf qu'il
breuses communautés com-                           s'agissait-là d'un rêve quasi
posées d'hommes et de femmes                       impossible à cause du manque
en France. Moins de 10 ans après                   de ressources nécessaires pour
L'Abbaye de Saint-Benoît-du-Lac - Maurice Langlois - Érudit
Première tentative de                        de 300 acres sur le chemin           de leur installation prochaine
Monseigneur Racine                           Nicholas-Austin, à mi-chemin         dans son diocèse, mais les cho-
(1822-1893)                                  entre Magog et Austin. Il avait      ses en étaient restées là.
                                             offert gratuitement sa ferme
Déjà, en 1892, M8r Antoine                   aux Bénédictins, moyennant           Un grand nombre de commu-
Racine, premier évêque de Sher-              une rente viagère à lui être ver-    nautés françaises avaient essai-
brooke (1874-1893), avait tenté              sée, dont le montant était d'en-     mé au Québec, où le climat reli-
de promouvoir la fondation                   viron 280 $ à 320 $ par année        gieux était propice au rayonne-
d'un monastère dans son dio-                 et basée sur la valeur estimée       ment de leurs missions respec-
cèse1. Il avait rédigé, en date du           de sa propriété 3 . Or, comme la     tives. Les besoins en commu-
28 juillet 1892, un « Mémoran-               situation des communautés            nautés religieuses des diocèses
dum concernant l'établissement               religieuses de France semblait       de Montréal, Québec et Saint-
des Bénédictins dans le diocèse              s'améliorer, on avait décidé de      Hyacinthe étaient désormais
de Sherbrooke ». Le canton de                ne pas donner suite au projet.       comblés, certains évêques se
Bolton, concédé à Nicholas                   De plus, les communications          disant même encombrés 5 ! Il
Austin et à ses associés en 1797             étaient difficiles entre, d'une      semblait toutefois en être
puis colonisé par des Écossais               part, Ramsay, qui voyageait          autrement dans le diocèse de
en grande majorité protestants,              beaucoup, et, d'autre part, les      Sherbrooke, et Mgr LaRocque y
constituait en quelque sorte un              Bénédictins qui se trouvaient        a vu là l'occasion de boucher
fief anglo-protestant dans le                en Belgique et Mgr Racine, de        un vide dans un secteur moins
jeune diocèse catholique de                  sorte que la transaction n'avait     bien nanti de son diocèse. La
Sherbrooke (1874)2. Les paroisses            finalement pas été conclue.          correspondance a repris en
avoisinantes, Saint-Cajetan de                                                    février 1912, et deux sites ont
Mansonville (1872), Saint-                   Monseigneur Paul LaRocque            alors été considérés pour l'éta-
Étienne-de-Bolton (1874) ainsi               (1846-1922)                          blissement d'un éventuel monas-
q u e la m i s s i o n d ' E a s t m a n ,                                        tère : la région de Lac Mégan-
dont s'occupait Charles-Edouard              En mars 1910, l'abbé Joseph-         tic, et Gibraltar, sur la rive
Milette, curé à Magog, se trou-              Eugène Laferrière4, professeur       ouest du lac Memphrémagog.
vaient relativement éloignées,               au Séminaire de Saint-Hya-           Le choix s'est finalement arrêté
compte tenu des moyens de                    cinthe en stage d'études à           sur le second.
transport de l'époque. Le peu                Louvain, a visité les moines de
de familles catholiques, cana-               Saint-Wandrille maintenant
diennes-françaises et irlandai-              établis à Dongelberg en Bel-
ses, ne justifiait pas la présence           gique. Il a écrit à Mgr LaRocque,
d'un prêtre résident. Pour M® Ra-            successeur de M8' Racine, pour
cine, il était clair que l'implanta-         l'informer que Dom Pothier,
tion d'un monastère était un                 abbé mitre de Saint-Wandrille,
excellent moyen de procurer à                désirait reprendre les pourpar-
ses paroissiens de ce secteur du             lers en vue de l'implantation
canton de Bolton un encadre-                 d'un monastère. À cette fin,
ment religieux adéquat.                      Dom Pothier avait délégué le
                                             R. P. Lucien David, historien,
M*r Racine travaillait en ce sens            au congrès eucharistique de
avec le concours de M8r David                septembre à Montréal. Ce der-
Shaw Ramsay (1825-1906), un                  nier a rencontré M8r LaRocque
presbytérien d'Ecosse converti               à Montréal, et le sujet y a été
au catholicisme et devenu prê-               abordé. M8' LaRocque a alors
tre. Ce dernier avait fait l'ac-             assuré les Bénédictins de son
                                             concours bienveillant en vue        Paul Vannier, fondateur, a séjourné à Saint-
quisition d'une ferme de plus                                                    Benoît-du-Lac de décembre 1912 jusqu'à sa
                                                                                   noyade, le 30 novembre 1914. (Source :
                                                                                      Abbaye de Saint-Benoît-du-Lac)
L'Abbaye de Saint-Benoît-du-Lac - Maurice Langlois - Érudit
13   \ I III III) 3   2IIUN

À Cap Gibraltar                       Le 8 octobre 1912, avec l'auto-
                                      risation de ses supérieurs, le
Dom Paul Vannier (1860-               père Vannier a acheté, au coût
1914), ancien sous-prieur, était      de 12 500 $, la propriété de 180
désireux de tenter l'entreprise.      hectares (environ 400 acres)
Il a donc convaincu ses supé-         d'un certain M. Lachapelle. Il
rieurs à cet effet, et est arrivé à   ne restait alors à peu près rien
Montréal, accompagné du frère         de l'ancien village. Il a pris
Raphaël Pélissier, le 4 juillet       possession des lieux le 4 décem-
19126. Après une visite à Mgr La-     bre 1912, et le site a été baptisé
Rocque, Dom Vannier a été             Saint-Benoît-du-Lac. La pro-
recommandé à François-Xavier          priété n'avait alors rien d'un
Brassard, curé de Magog.              monastère. Le père Vannier
Celui-ci l'a amené en yacht           s'est installé dans la maison
visiter une propriété sur la          avec trois autres personnes :
rive ouest du lac Memphré-            les frères convers français,
magog 7 ; il s'agissait de la         Raphaël Pélissier et Charles
Pointe-Gibraltar, à l'entrée de       Collot, ainsi que Louis Prévost,                 Orgue Wilhelm de l'église abbatiale
la Baie Sargent.                      un jeune postulant de La                              de Saint-Benoît-du-Lac.
                                      Patrie, que Dom Vannier avait                       (Source : Maurice Langlois)

Vers 1870, un groupe de finan-        rencontré à Notre-Dame-des-
                                      Bois, où il avait fait du                     que, et ils se sont noyés. La tra-
ciers canadiens-français de
                                      ministère d'août à novembre.                  gédie, survenue à proximité
Montréal avaient fondé, à Cap
                                                                                    des îles surnommées les Trois
Gibraltar, un véritable village
                                                                                    Sœurs, a été causée par une
nommé Ville de Gibraltar 8            En 1913, des effectifs de France
                                                                                    fine couche de glace qui a litté-
(d'autres l'appelaient Furness        ont été envoyés « en renfort » :
                                                                                    ralement scié la coque de leur
[Furniss] Mills). Une manufac-        le père Félix Lajat est arrivé en
                                                                                    embarcation10. Le corps du père
ture de meubles y avait été           avril, et le père Ernest Boitard,
                                                                                    Vannier a été retrouvé le jour
exploitée pendant un certain          accompagné du frère Hilaire
                                                                                    même, mais celui du frère
temps. Le plan de ce village          Fraudeau, en août. Juste avant
                                                                                    Collot n'a été repêché qu'au
prévoyait l'aménagement d'une         que la Grande Guerre n'éclate
                                                                                    printemps suivant, à la fonte
dizaine d'avenues (axe nord-          en août 1914, deux autres
                                                                                    des glaces.
sud) et de quatre rues (axe est-      pères, Paul Allix et Paul Brun,
ouest). Un magnifique hôtel de        ont quitté la France et ils sont
                                                                                    À cause de la guerre, la petite
65 chambres (Hôtel Gibraltar)         arrivés le 11 septembre. Aussi,
                                                                                    communauté a été privée de
ainsi que 30-40 maisons ou            des agrandissements aux bâti-
                                                                                    son chef pendant quatre ans.
chalets y avaient été construits.     ments d'habitation, indispen-
                                                                                    Personne n'a assumé les fonc-
Vers 1878, la compagnie Cap           sables à la vie religieuse, ont
                                                                                    tions de supérieur durant la
Gibraltar a éprouvé de sérieu-        été entrepris le 5 octobre.
                                                                                    période 14-18, et ce sont les
ses difficultés financières, et
                                                                                    membres de la communauté
l'hôtel n'a pas pu être com-          Double tragédie                               qui ont travaillé en commun
plété; le tout a par la suite été
                                                                                    pour en assurer les besoins. En
vendu aux frères Amédée et            Le 30 novembre 1914, le mal-                  1918, Dom Ernest Boitard a
Salem Dufresne de Montréal.           heur a frappé9 : Dom Vannier                  accepté lesdites fonctions de
Quand les Bénédictins ont             et le frère Charles Collot ont                supérieur. Par contre, en 1919,
acheté la propriété, il n'y res-      été victimes d'un accident nau-               après la fin du conflit mondial,
tait plus qu'une modeste mai-         tique en se rendant à Magog en                quand l'abbaye de Saint-
son de ferme et quelques bâti-        canot automobile pour assister                Wandrille a été libérée et que
ments connexes.                       à l'anniversaire de la consécra-              ses dirigeants ont été mis au
                                      tion épiscopale de Mgr LaRoc-
L'Abbaye de Saint-Benoît-du-Lac - Maurice Langlois - Érudit
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courant de la situation pénible     le monastère a été élevé au                   1994, date du 82e anniversaire
de Saint-Benoît-du-Lac, ceux-       rang de Prieuré conventuel                    de la fondation du monastère.
ci ont sommé les religieux de       (maison autonome).
rentrer en Europe11. Ces der-                                                     Une municipalité originale
niers ne partageant pas cet         Dom Paul Bellot (1876-1944)      12
avis, les pères Boitard et Brun                                                   En 1939, Saint-Benoît-du-Lac a
se sont rendus en France pour       L'année 1938 a été marquée par                été érigé en municipalité sans
plaider pour le maintien de la      la décision de construire un                  maire ni conseil puis adminis-
fondation canadienne. Grâce à       nouveau monastère selon les                   tré par une corporation formée
leur insistance et à l'appui        plans de Dom Paul Bellot,                     de pères bénédictins13. Il n'y
inconditionnel de M8' LaRo-         moine de Solesmes et architecte               avait donc ni maire ni conseil,
que, on leur a permis de            réputé. La pierre angulaire a                 pas de représentants auprès
continuer leur œuvre.               été bénite par Mgr Philippe                   des gouvernements provincial
                                    Desranleau, évêque du diocèse                 et fédéral, et la municipalité
Travaux d'agrandissement            de Sherbrooke, le 11 juillet                  était exemptée d'impôts. Saint-
                                    1939, jour de la fête de Saint-               Benoît-du-Lac a exercé une
En 1921, Dom Paul Brun est          Benoît. Une partie de l'ancien                influence considérable sur la
devenu supérieur à son tour, et     monastère a été transformée en                vie religieuse au Québec, parti-
les travaux d'agrandissement        hôtellerie, et le nouveau monas-              culièrement au cours des
du monastère se sont poursui-       tère a été bénit le 11 juillet 1941.          années 1950, quand l'Abbaye
vis pour faciliter la vie conven-   En 1944, Dom Georges Mer-                     est devenue u n centre de
tuelle. Il a obtenu l'autorisa-     cure a succédé à Dom Léonce                   réforme liturgique. Ce lieu est
tion de fonder un noviciat, qui     Crenier en tant que Prieur                    encore aujourd'hui le « Gibral-
est inauguré le 5 octobre 1924,     conventuel et est devenu le                   tar de la prière, de la médita-
avec la vêture de sept postu-       premier Canadien à accéder à                  tion et du travail ». Les moines
lants. Puis, à sa demande, il a     ce poste. Plus tard, en 1947, on              vivent des produits de leur
été relevé de ses fonctions et      a procédé à l'érection de la                  ferme. La musique religieuse,
remplacé par Dom Paul Cosse.        Tour Saint-Benoît dans le voisi-              surtout le chant grégorien, est
Celui-ci a été rappelé en Fran-     nage immédiat du monastère.                   une composante importante
ce en 1928, et c'est Dom Fer-       Cette chapelle abritait la reli-              de leurs offices religieux. En
nand Lohier qui lui a succédé;      que authentique du Saint                      plus de consacrer beaucoup de
le 7 avril 1929, la maison béné-    Patriarche. C'est en 1952 que le              temps à la méditation et à la
dictine a été élevée au rang de     monastère a été érigé au rang                 prière, les moines participent à
Prieuré simple. C'est sous le       d'abbaye, marquant la der-                    des exercices liturgiques fré-
priorat de Dom Lohier qu'a été      nière étape de son développe-                 quents, élaborés et accompa-
construite la maison Sainte-        ment. Dom Odule Sylvainen                     gnés de chant grégorien. De
Scholastique, ainsi nommée en       en a été le premier abbé. C'est               plus, ils accomplissent des tra-
l'honneur de la sœur jumelle        durant son terme qu'ont été                   vaux manuels et intellectuels
de Saint-Benoît. En 1931, le        construites l'hôtellerie et la                et accueillent des visiteurs qui
nouveau Prieur, Dom Léonce          crypte de l'église. Quant à la                souhaitent y passer un séjour
Crenier, a manifesté le désir de    construction de l'église abba-                dans la tranquillité d'un envi-
construire un nouveau monas-        tiale, ce n'est qu'en 1990 qu'elle            ronnement paisible. Le 4 décem-
tère, mais il a dû se satisfaire    commence, sous la gouverne                    bre 2007, l'Abbaye de Saint-
d'un nouvel agrandissement          de Dom Jacques Garneau, qui                   Benoît-du-Lac a célébré le 951'
après avoir essuyé le refus de      a succédé à Dom Sylvain en                    anniversaire de sa fondation.
Saint-Wandrille. Ce dernier         1983. Dessinée par l'architecte
ajout d'une vingtaine de cellu-     montréalais Dan S. Hanganu,
les encerclait l'ancienne mai-      la première église permanente
son de ferme de 1912. En 1935,      a été inaugurée le 4 décembre
MMM 3
                                      WmmmmmM

                                 Église abbatiale de Saint-Benoît-du-Lac. (Source : Maurice Langlois)

Notes

  Service des Archives de l'Archidiocèse de Sherbrooke                       Bid.
  (S.A.A.S.).                                                                ABBOTT, Louise. Furness Mills : The Ghost Town of Austin
  SHUFELT, Harry B., Nicholas Austin the Quaker and the                      Bay. Journal of the Stanstead Historical Society,
  Township of Bolton. The Brome County Historical Society,                   vol. 21, 2005, p.13.
  1971, p. 121.                                                              BERGERON, Op.cit. p.69.
  S.A.A.S. Correspondance entre M8' Antoine Racine et                        La Tribune, op. cit. p. 4.
  M8' David Shaw Ramsay.                                                     S.A.A.S. Lettre de Dom Ernest Boitard à M8' Paul
  BERGERON, Claude et SIMMINS, Geoffrey. L'abbaye de Saint-                  LaRocque, 20 mars 1919.
  Benoît-du-Lac et ses bâtisseurs, Les Presses de l'Université               BERGERON, Claude, Op. cit., Chapitre 4, p. 79, consacré à
  Laval, 1997, p. 62.                                                        Dom Bellot.
  S.A.A.S. Correspondance entre M8' Paul LaRocque et                         Noms et lieux du Québec. Commission de toponymie,
  l'abbé Joseph-Ernest Laferrière.                                           1994, p. 613.
  La Tribune de Sherbrooke. 29 septembre 1962. Supplément
  du Cinquantenaire de l'Abbaye Saint-Benoît-du-Lac, p. 3.
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