L'ARBRE EN POCHE FICHE PÉDAGOGIQUE - Douai . Hippodrome . Vendredi 16 mars 2018 - Tandem Arras Douai

La page est créée Nathan Cordier
 
CONTINUER À LIRE
L'ARBRE EN POCHE FICHE PÉDAGOGIQUE - Douai . Hippodrome . Vendredi 16 mars 2018 - Tandem Arras Douai
O G IQ U   E
             F IC H E P É D A G

  Douai . Hippodrome . Vendredi 16 mars 2018

L’ARBRE EN POCHE Claire Diterzi
L'ARBRE EN POCHE FICHE PÉDAGOGIQUE - Douai . Hippodrome . Vendredi 16 mars 2018 - Tandem Arras Douai
L'ARBRE EN POCHE
Claire Diterzi

TANDEM Scène nationale | Douai . Hippodrome

Dès 10 ans

Vendredi 16 mars | 20:00

Durée : 1 h 15

Navette gratuite au départ d'Arras, Place de la Madeleine, à 19:15

D'après Le Baron perché, d'Italo Calvino

2
L'ARBRE EN POCHE FICHE PÉDAGOGIQUE - Douai . Hippodrome . Vendredi 16 mars 2018 - Tandem Arras Douai
SOMMAIRE

DISTRIBUTION		 								                 PAGE 4
PRÉSENTATION				 						                 PAGE 5
BIOGRAPHIES  									                  PAGE 7
   Claire Diterzi						                 PAGE 7
   Serge Kakudji    					               PAGE 9
AUTOUR DE L'ŒUVRE LE BARON PERCHÉ				   PAGE 10
LA PRESSE EN PARLE									             PAGE 12
   Télérama							                      PAGE 12
   Médiapart						        			           PAGE 14
   La Terrasse						      			           PAGE 15
LIENS UTILES										                  PAGE 17

                                                 3
L'ARBRE EN POCHE FICHE PÉDAGOGIQUE - Douai . Hippodrome . Vendredi 16 mars 2018 - Tandem Arras Douai
DISTRIBUTION

Texte et mise en scène
Claire Diterzi
Musique
Francesco Filidei, Claire Diterzi
Avec
Serge Kakudji (contreténor), Claire Diterzi (chant), Alexandre Pallu (jeu), Matthieu Chardon,
Lucie Delmas, Julien Garin, Stéphane Garin, Lou Renaud-Bailly, Thibault Lepri,
François Vallet (percussions)
Assistant à la mise en scène et création lumière
Fred Hocké
Scénographie
Bénédicte Jolys
Dramaturgie
David Sanson
Costumes
Fabienne Touzi Dit Terzi
Régie générale
Cédric Grouhan
Son
Julien Paroudy
Lumières
Nicolas Guellier
Production / diffusion
Martine Bellanza
Presse
Muriel Richard

4
L'ARBRE EN POCHE FICHE PÉDAGOGIQUE - Douai . Hippodrome . Vendredi 16 mars 2018 - Tandem Arras Douai
PRÉSENTATION
L'Arbre en poche, concept-album et tragi-comédie musicale

par David Sanson

                                   C’est l’histoire d’une chanteuse française qui n’a
                                   jamais eu froid aux yeux, et qui prend un malin
                                   plaisir à faire feu de tout bois. Du chorégraphe Phi-
                                   lippe Découflé jadis au dramaturge et metteur en
                                   scène Rodrigo Garcia récemment, Claire Diterzi
                                   cultive depuis plus de vingt ans une démarche émi-
                                   nemment transmusicale. L’an dernier, Le Monde
                                   la désignait d’ailleurs comme la « pionnière » parmi
                                   tous ces musiciens qui s’emploient aujourd’hui à
                                   « casser le mur du son » et à frotter leur musique
                                   aux autres arts de la scène. Ce 8e album est ainsi
                                   un nouvel Objet Sonore (et Scénique) Non Iden-
                                   tifié : les douze chansons qui composent L’Arbre
                                   en poche forment en effet la bande-son du spec-
                                   tacle éponyme, qu’elle a écrit et mis en scène. Un
                                   spectacle de théâtre musical au sens le plus ou-
                                   vert du terme, puisqu’il associe un comédien, un
                                   contre-ténor, une chanteuse/sorcière, et six per-
                                   cussionnistes chargés notamment d’interpréter...
                                   un miniopéra contemporain - L’Opera (forse), du
                                   compositeur italien Francesco Filidei, qui séjour-
                                   na en même temps qu’elle à la Villa Médicis : joli
                                   pied-de-nez aux gardiens du temple de tout poil,
                                   si l’on se rappelle la polémique qui entoura cette
                                   résidence, et qui donna lieu en son temps au projet
                                   discographique et scénique Le Salon des refusées !
                                   Un spectacle dont le propos - comme naguère celui
                                   de Rosa la Rouge, hommage à Rosa Luxembourg
                                   qui, déjà, faisait l’objet d’un spectacle co-écrit avec
                                   Marcial Di Fonzo Bo - est avant tout politique, vi-
                                   goureux (mais savoureux) manifeste contre les ra-

                                                                                        5
L'ARBRE EN POCHE FICHE PÉDAGOGIQUE - Douai . Hippodrome . Vendredi 16 mars 2018 - Tandem Arras Douai
vages que l’homme inflige à son environnement, et      larmes, le chaud et le froid, l’humour et le déses-
cri d’alarme face à la catastrophe écologique que      poir, l’audace et l’évidence, ce disque, où pour la
nous traversons.                                       première fois Claire Diterzi confie certaines de ses
                                                       compositions à la voix d’un autre (le contre-ténor
C’est l’histoire d’un jeune garçon qui, un jour, las   Serge Kakudji, qui interprète le héros de L’Arbre
du philistinisme et du conformisme ambiants en         en poche), est bien à l’image du spectacle qu’il ac-
général, et de Fun Radio en particulier, décide - à    compagne : à la fois direct et foisonnant, populaire
l’image de l’héroïque Baron perché d’Italo Calvino,    et savant, iconoclaste et poignant, faisant voisiner
dont le titre L’Arbre en poche est l’anagramme - de    avec un naturel déconcertant une reprise du gé-
monter dans un arbre pour n’en plus jamais redes-      nérique de Goldorak, un hommage au Pli de Gilles
cendre. Du haut de son moabi, sous les yeux de son     Deleuze et une chanson en swahili...
frère, resté rivé à son confortable fauteuil comme
trop de (télé)spectateurs passifs du désastre ac-      En creux, cet album qui se déploie comme un ori-
tuel, il fera tout ce qui est en son pouvoir pour      gami se révèle doublement politique. Car l’éman-
empêcher la dévastation des forêts de son Congo        cipation dont il est question, c’est au moins autant
natal ; il rencontrera même l’âme sœur, se consu-      celle d’une chanteuse française – ici tour à tour
mant d’amour pour une sorcière (Claire Diterzi),       pythie et chipie, sorcière et sirène (d’alarme) – qui
qu’il sauvera des flammes mais ne pourra sauver        fait fi des règles de l’étiquette et du qu’en dira-t-on,
des eaux. Comme le roman de Calvino, brillant          défiant les lois de la gravité et les faux procès en
hommage à l’esprit des Lumières, L’Arbre en poche      illégitimité ; d’une artiste frondeuse et libérée qui,
est un récit d’émancipations, un hymne vibrant à       comme d’autres abattent des arbres, n’a de cesse
la désobéissance civile. Entre concept-album et        de faire tomber les frontières et les préjugés sépa-
tragi-comédie musicale, entre minimalisme élec-        rant les disciplines et les « genres ». Avec humour,
tronique et mélismes baroques, entre le rire et les    et toujours une folle détermination.

6
L'ARBRE EN POCHE FICHE PÉDAGOGIQUE - Douai . Hippodrome . Vendredi 16 mars 2018 - Tandem Arras Douai
BIOGRAPHIE
Claire Diterzi

Née à Tours en 1970, Claire Diterzi y fonde à
seize ans, le groupe rock Forguette-Mi-Note, qui
autoproduira ses deux albums et se produira plus
de 600 fois sur les scènes alternatives d’Europe,
jusqu’à sa dissolution en 1995. Cette année-là,
elle intègre la classe de chant du contre-ténor Jean
Nirouet au Conservatoire de Tours. Découverte
Région Centre du Printemps de Bourges avec son
trio Dit Terzi en 1998, elle signe un album épo-
nyme sur un label indépendant. Parallèlement à
son activité de chanteuse-guitariste, elle se forme
aux Arts Appliqués et poursuit ses études à l’École
Technique de l’Image de Communication de Blois.
En 2001, elle compose la musique et interprète la
pièce Iku, adaptation de 4.48 Psychose de Sarah
Kane. En 2003, Philippe Decouflé l’embarque au
Japon pour composer la musique de sa création Iris,
qu’elle interprétera en direct sur le plateau parmi
les danseurs. Iris, rebaptisée IIris l’année suivante,   ront aux Correspondances de Manosques en 2008
tournera deux ans durant.                                avec la lecture musicale On attend quelqu’un qui ne
                                                         viendra pas, qui figurera sur le livre-disque Fantai-
En 2005, elle sort chez Naïve son premier al-            sie littéraire. En 2007, Titouan Lamazou lui passe
bum solo Boucle, qui remportera le Grand prix du         commande de la musique pour son exposition Zoé
Disque de l’Académie Charles Cros. La même an-           Zoé Femmes du Monde au Musée de l’homme. Elle
née, elle compose la musique du film documentaire        compose également pour lui la musique des 50
Requiem for Billy the Kid, réalisé par Anne Feinsil-     portraits de femmes, diffusés sur France 5 la même
ber. Le film sera présenté hors compétition au Fes-      année. En 2008, elle sort son deuxième album solo
tival de Cannes en 2006. En 2006 à Toulouse, elle        Tableau de chasse, qui la mènera sur les routes pen-
propose aux côtés de l’écrivain Arnaud Cathrine,         dant deux ans. Elle compose la musique du film
une composition littéraire et musicale au Festival       de présentation pour le CNRS, réalisé par Jean-
Le Marathon des mots, expérience qu’ils réitère-         Jacques Beineix. La même année, elle est en charge

                                                                                                            7
L'ARBRE EN POCHE FICHE PÉDAGOGIQUE - Douai . Hippodrome . Vendredi 16 mars 2018 - Tandem Arras Douai
de l’illustration sonore de la pièce La Estupidez,       CRÉATIONS DE CLAIRE DITERZI
mise en scène par Marcial Di Fonzo Bo et Élise
Vigier. En 2010, elle signe la musique de Rosa la        2018 | L’ARBRE EN POCHE
Rouge, spectacle coécrit avec Marcial Di Fonzo Bo.       2017 | JE GARDE LE CHIEN
Elle obtient pour cette création le prix du meilleur             (d’après Journal d’une création)
compositeur de musique de scène du Syndicat de la
                                                         2015 | 69 BATTEMENTS PAR MINUTE
Critique. En 2010-2011 elle est pensionnaire à la
                                                                 et CONNAIS-MOI TOI-MÊME
Villa Médicis, où elle écrit Le Salon des Refusées qui
sera présenté sur scène à La Cité de la Musique. En      2013 | LE SALON DES REFUSÉES
2014 elle compose, à partir des pièces de Rodrigo        2010 | ROSA LA ROUGE
Garcia, 69 Battements par minute, qu’elle produit        2008 | TABLEAU DE CHASSE
sur son propre label Je garde le chien, en tenant le     2006 | BOUCLE & REQUIEM FOR BILLY THE KID
Journal d’une création qu’elle autoédite. Chacune
                                                         2004 | IRIS
des seize chansons du projet a fait l’objet d’une ré-
alisation vidéoclip. En 2015, elle monte sa compa-       2001 | IKU
gnie de théâtre musical, du même nom que son la-         2000 | DIT TERZI
bel. Elle est promue au grade de Commandeur des          1996 | COMME UN SCHISME – Dit Terzi
Arts et des Lettres. Dans le cadre des Sujets à Vif,     1993 | CRUCIFORME – Forguette mi note
elle créé Connais-moi toi-même avec la complicité        1991 | GARGOUILLIS – Forguette mi note
de Dominique Boivin, pour le Festival d’Avignon.

8
L'ARBRE EN POCHE FICHE PÉDAGOGIQUE - Douai . Hippodrome . Vendredi 16 mars 2018 - Tandem Arras Douai
BIOGRAPHIE
Serge Kakudji

Né à Kolwezi (République démocratique du Congo)          du chorégraphe Alain Platel, autour de la Passion
en 1990, Serge Kakudji est très tôt attiré par l’opé-    selon saint Mathieu de Bach, avec Alain Platel. À
ra et intègre à sept ans un chœur d’enfants à Lu-        l’opéra, il s’est produit notamment à l’Opéra royal
bumbashi. En 2006, il représente la République           de Versailles (Giulio Cesare in Egitto de Haendel,
Démocratique du Congo au Festival International          dirigé par Jean-Claude Malgoire et mis en scène
de la Voix d’Harare au Zimbabwe. Mais c’est sa           par Christian Schiaretti), au Teatro Real de Madrid
rencontre, à 17 ans, avec le chorégraphe boyomais        (L’Incoronazione di Poppea de Monterverdi, dirigé
Faustin Linyekula, qui va décider de sa carrière : il    par Sylvain Cambreling et mis en scène par Kr-
rejoint la distribution de Dinozord, spectacle mê-       zysztof Warlikowski), à l’Opéra national de Paris
lant le Requiem de Mozart et la danse hip-hop :          et de Lille, au Théâtre des Champs-Elysées… Paral-
il joue Mozart dans Dinozord II créé au Festival         lèlement, Serge Kakudji mène également une car-
d’Avignon, puis dans Dinozord III, créé en 2008          rière de soliste qui l’a entraîné dans de nombreux
au festival d’Alcantara (Lisbonne). Parallèlement,       pays, et donné lieu à Coup fatal, collaboration avec
il suit les cours de chant de l’Institut Supérieur de    Alain Platel et Fabrizio Cassol, mélangeant des airs
Musique et de Pédagogie de Namur en Belgique,            de Händel et Gluck et des instruments tradition-
tout en travaillant régulièrement sa voix avec la so-    nels africains, présenté en ouverture de la Wie-
prano américaine Laura Claycomb. En 2007, Serge          ner Festwoche et enregistré pour Outhere Music.
Kakudji compose et interprète Likembe opéra, pre-        En 2016, il remporte le deuxième prix du VIIIe
mier opéra en langue swahili. L’année suivante, il       concours de chant lyrique de Ravello. En 2013, il
interprète le rôle principal dans le spectacle Pitié !   a fait l’objet d’un film documentaire, Rêve Kakudji.

                                                                                                           9
L'ARBRE EN POCHE FICHE PÉDAGOGIQUE - Douai . Hippodrome . Vendredi 16 mars 2018 - Tandem Arras Douai
AUTOUR DE L'ŒUVRE LE BARON PERCHÉ

Le Baron perché d'Italo Calvino

Le Baron perché est un roman écrit par l’auteur
Italo Calvino en 1957. Il compose, avec Le Vicomte
pourfendu et Le Chevalier inexistant, le cycle Les
Ancêtres, trois romans écrits dans les années 1950
déclinant une même formule : une histoire invrai-
semblable inscrite dans une époque lointaine.

Le Baron perché raconte la vie au XVIIIe siècle
d'un jeune aristocrate de Ligurie du nom de Côme
Laverse du Rondeau qui décide, suite à un diffé-           Italo Calvino
rend familial, de grimper dans un arbre et de ne
plus en descendre. Pendant sa longue fugue, le hé-
ros va faire des rencontres de toutes sortes : des         Le Baron perché, un conte philosophique ?
bandits, des pirates, des jésuites, de jolies filles, et
même Napoléon ! Juché sur son arbre, il fait l’expé-       Le conte philosophique est un récit en prose, rela-
rience de la vraie vie : l’émancipation, la rébellion,     tivement bref. Même si le récit entretient toujours
la cruauté, l’amour fou, la fraternité universelle. Il     des liens avec l'actualité, il tient du conte par cer-
prend du recul sur ses contemporains et rêve à une         tains traits merveilleux, par certaines péripéties
société utopiste d’hommes et de femmes vivants             ou épisodes peu vraisemblables. Il s'agit d'un texte
dans l’égalité parmi les branches.                         généralement plaisant et ludique, comportant sou-
                                                           vent des aspects comiques. Les personnages sont
Ce roman sur fond historique est écrit sur le mode         souvent caractérisés par quelques traits essentiels.
de la fantaisie. À partir d'un fait improbable, Ita-       Un apologue est un récit qui a pour fonction d'il-
lo Calvino développe son récit de la façon la plus         lustrer une leçon morale qui peut être formulée ex-
réaliste et logique possible. À l’image d’un roman         plicitement. L'apologue propose des personnages
d'aventures, l’auteur nous tiens en haleine avec un        et des situations symboliques, représentatifs de la
suspens dramaturgique : le baron descendra-t-il un         morale que l'auteur veut en dégager. La visée de
jour des arbres ?                                          l'apologue est donc argumentative.

10
Les écrivains des Lumières ont fréquemment eu               bas. Observateur privilégié depuis ses perchoirs,
recours à l'apologue dans un but de critique du             il va vivre tous les conflits de son temps mais de
pouvoir et des institutions. La fiction permet en           manière non partisane, faisant sienne la vertu sou-
effet de contourner plus facilement la censure en           veraine du siècle des Lumières : la raison. Grâce à
offrant un premier niveau de lecture tout à fait            son regard perspicace et espionnant il va mettre
inoffensif, qui peut s'avérer très subversif lorsqu'il      en lumière des réseaux d'intérêt cachés, percer le
est interprété. L'apologue prend alors une nou-             secret d'événements mystérieux pour les autres
velle dimension : son objectif n'est pas de délivrer        humains. Du haut des arbres, la vie humaine de-
un message unique, mais d'inciter le lecteur à la           vient une comédie parfois amusante, mais le plus
réflexion.                                                  souvent grinçante.

Le Baron perché présente les caractéristiques d'un
conte philosophique. À la manière de Voltaire, Italo
Calvino, derrière la fantaisie de la situation, engage
une réflexion sur les relations entre l'homme et la
société, ainsi que sur le rôle de la famille. D’ailleurs,
le fait que l'action du roman se déroule au XVIIIe
siècle n’est pas anecdotique, par cette référence
au siècle des Lumières, il est évident qu'Italo Cal-
vino, à la suite des philosophes de l’époque, règle
quelques comptes avec la société de son temps.

Côme s’apparente à un héros philosophique : per-
ché dans son arbre il étudie et fait l'expérience
des choses, il prend de la hauteur et s’affranchit
de ses préjugés. Il est monté dans les arbres non
pas pour regarder le ciel, mais pour mieux voir la
terre et les hommes... De ce fait son regard sur la
nature humaine est plus réfléchi, moins impulsif,
et même plus humaniste ou philosophique. Il veut
participer à la vie sociale et imagine des modèles de
société idéale. Il écrit même un projet de Constitu-
tion d'un État idéal fondé sur les arbres qu'il dédie
à Diderot, et où il décrit le fonctionnement d'une
République hypothétique, régie par la justice et
l'harmonie. De sa position sur la cime des arbres, il       Couverture de la première édition du Baron perché
étudie la situation politique de son pays qui est en        © Einaudi Editore, 1953

                                                                                                                11
LA PRESSE EN PARLE
CLAIRE DITERZI, GÉNIALEMENT PERCHÉE

Par Valérie Lehoux, Télérama, 02/02/2018

                                           Claire Diterzi présente sa nouvelle création,
                                           L’Arbre en poche, au Centquatre, à Paris, jusqu’au
                                           3 février. Une sorte d’opéra féministe et écolo-
                                           giste, aussi loufoque que pertinent. Enthousias-
                                           mant.

                                           C’est officiel : Claire Diterzi n’est plus une chan-
                                           teuse. On s’en doutait depuis un moment - on
                                           l’avait même bien compris avec ses multiples re-
                                           cherches musicales, textuelles ou scéniques - mais
                                           cette fois, c’est éclatant : son nouveau spectacle,
                                           L’Arbre en poche, n’est pas un concert ; c’est une
                                           création hybride, où la chanson n’est qu’un sup-
                                           port parmi d’autres - le récit dramatique, la mu-
                                           sique contemporaine (Francesco Filidei), la mise
                                           en scène. Une fable opératique d’un type nouveau,
                                           « transmusicale et transgenre », comme elle la dé-
                                           finit en souriant. Un conte poétique et politique,
                                           écologiste et féministe, (très) librement inspiré
                                           d’un classique de la littérature, Le Baron perché
                                           (1957), d’Italo Calvino. Vous vous rappelez l’in-
                                           trigue ? Un jeune aristocrate décide de passer sa
                                           vie en haut d’un arbre, en quête de sa liberté in-
                                           térieure et en accord avec la nature… Revue par
                                           Claire Diterzi, l’histoire est évidemment plus lou-
                                           foque. Mais elle est toujours aussi rebelle. Et porte
                                           en son sein mille considérations faisant écho aux
                                           défis d’aujourd’hui. Une création à tiroirs, dont on
                                           continue de découvrir des subtilités après-coup,
                                           ce spectacle-là vous habite longtemps.

12
Chez Diterzi, le Baron n’est plus baron. C’est un         d’anciennes chansons qui y ont toute leur place ;
jeune Congolais, contre-ténor à la voix d’ange            et, sans le souligner, elle nourrit le récit de détails
(Serge Kakudji), qui a la passion des origamis et         souvent drôles, puisés aux sources de sa propre vie.
des oiseaux, et qui fuit les compromissions en s’ins-     Ceux qui la suivent depuis longtemps y verront
tallant au sommet d’un arbre. Son frère jumeau            une forme d’aboutissement, le fruit d’années de re-
(le comédien Alexandre Pallu) reste au contraire          cherches exigeantes et de réflexion. Mais l’artiste
planté sur le plancher des vaches. Aucun des-             a gardé de son passé rock (et même punk) la puis-
tin n’est écrit d’avance. L’un s’est élevé au risque      sance de la spontanéité : sa mise en scène maligne
d’être incompris, l’autre s’enferme dans des préju-       et graphique (cosignée avec Fred Hocké) amène au
gés qui le rassurent. Lorsque débarquera dans le          conte une fluidité toute naturelle.
paysage une sorcière plus toute jeune, promise aux
flammes (Claire Diterzi, parfaite dans le rôle, qui       Et dire qu’en 2010 certains s’étaient étranglés de
n’apparaît qu’au bout de trente-cinq minutes), les        la voir arriver à la Villa Médicis, première artiste
deux frères devront choisir leur camp : aimer celle       de musique actuelle à y être admise ! Aujourd’hui,
qui effraie, ou la vouer aux gémonies et au bûcher…       Claire Diterzi a monté sa propre compagnie et
Autour d’eux, six femmes et hommes, choristes et          trace un chemin décidément remarquable d’origi-
percussionnistes, évoluent tels des témoins. Ceux         nalité et d’audace. L’Arbre en poche part en tour-
qui se taisent mais n’en pensent pas moins.               née, et un très beau livre-disque vient de sortir
                                                          (chez Pias), gardant trace du spectacle. Les pour-
                                                          fendeurs d’hier doivent se cacher dans un trou. À
Une histoire de liberté                                   moins qu’ils ne se perchent en haut d’un arbre. Au
                                                          fond, c’est tout ce qu’on leur souhaite.
Ce dont Diterzi nous parle ici, c’est bien sûr de
liberté. Liberté d’aimer en dépit des carcans, de
vivre en marge de la société, de créer au-delà des
soucis de notoriété et de rentabilité. Son Arbre en
poche interroge le sort éternel de la femme et de
l’artiste. Elle y met tant d’elle-même que le spec-
tacle lui ressemble de façon troublante : elle y glisse

                                                                                                              13
LA PRESSE EN PARLE
CLAIRE DITERZI, VARIÉTÉ EXPÉRIMENTALE

Par Jean-Jacques Birgé, Médiapart, 30/01/2018

L'Arbre en poche, le nouvel album de Claire Diter-       Chéper, ou encore Proche branlée pour contourner
zi, retrouve la folie de Tableaux de chasse, mais la     le refus des droits du roman d'Italo Calvino ! Elle
chanteuse s'efface souvent derrière le contre-té-        aime jouer sur les mots pour éviter les maux qui
nor congolais Serge Kakudji. Artiste pluridisci-         l'ont fait souffrir. Les clins d'œil érotiques ou gen-
plinaire, elle en a écrit les textes et composé la       timent provocateurs conjurent les sorts jetés par
musique lors de sa résidence à la Chartreuse de          de vilaines sorcières. Sa révolte fustige les dégâts
Villeneuve-lès-Avignon et chez elle où elle a réali-     monstrueux que l'homme inflige à la nature, sa
sé elle-même les enregistrements de même qu'elle         sensibilité laissant entrevoir qu'elle-même s'y fond
programme ses machines et joue des claviers, de la       et s'y confond. Sa voix se multiplie par la puissance
guitare, des kalimbas... Elle a même mis en scène        des harmoniseurs. L'électro se teinte de sons an-
le spectacle d'où cette suite de douze scènes est ti-    ciens, créant un nouveau baroque où s'envole la
rée. Les critiques apprécient rarement les touche-       voix sublime de Serge Kakudji...
à-tout qu'ils affublent du suffixe de « génie » lors-
qu'ils sont bienveillants. En 2010 Claire Diterzi
avait été la cible d'une cabale honteuse de la part
de certains compositeurs « contemporains » lors-
qu'elle avait obtenu une résidence à la villa Médicis
de Rome. Une femme c'est déjà difficile à admettre
dans le cénacle machiste, mais une chanteuse de
musique populaire, avec des origines paternelles
kabyles qui plus est, leur paraissait intolérable ! Or
l'artiste cultive soigneusement la recherche dans
ses facéties vocales comme dans ses arrangements
instrumentaux, et L'Arbre en poche est une œuvre
osée qui peut revendiquer le statut d'expérimental
tout en pouvant séduire un plus large public.

Inspirée par Le Baron perché, elle en tire l'ana-
gramme qui donne leur titre à l'album et au spec-
tacle, après avoir essayé Arche bien drôle, Rebel
chaperon, L'Herbe Prozac, Branche éplore, Bar Léon

14
LA PRESSE EN PARLE
L'ARBRE EN POCHE

Par Agnès Santi, La Terrasse, 24/01/2018

Une chanteuse-guitariste, un contre-ténor, un co-           un proverbe congolais qui le stimule, rappelant au
médien, six percussionnistes créent une partition           passage Le Pli de Deleuze. Sa belle voix virtuose
où s’articulent théâtre et musique. Une ode à la            caracole, s’élève, fait écho à son désir de liberté et
liberté signée par une sorcière atypique et héré-           d’indépendance, à son besoin de connaître « tous
tique, Claire Diterzi.                                      les arbres de toutes les connaissances ». Son frère
                                                            jumeau, né comme lui « par voie basse non instru-
Parfait anagramme du Baron perché d’Italo Calvi-            mentale », se laisse au contraire porter par le cours
no qui l’inspire, L’Arbre en poche de Claire Diterzi        des choses, bien calé dans un petit trône roulant
réinvente la fable, tout en préservant de belle fa-         qui lui évite le risque du libre-arbitre, guidé par
çon l’intelligence, la sensibilité et la fantaisie qui la   une forme d’indécision et de docilité qui le mènent
caractérisent. Le chêne vert du domaine familial            tout droit vers le conformisme et le consumérisme.
se métamorphose ici en un moabi de la vaste forêt           Goldorak plutôt que Robin des Bois. La parole plu-
congolaise. Et le jeune aristocrate en enfant d’un          tôt que le chant. Les collections plutôt que la rébel-
père congolais et d’une mère tourangelle, « ange            lion. Mais sans méchanceté aucune, avec toujours
noir » libre et déterminé, chanteur engagé contre           une même tendresse pour son frère si audacieux.
les maux dévastateurs que l’homme inflige à la na-          Ce dernier va connaître l’amour en sauvant une
ture. Le contre-ténor congolais Serge Kakudji lui           sorcière des flammes, interprétée par Claire Diter-
offre sa voix virtuose et une interprétation sobre          zi. Toute fumante sur son bûcher, guitare à la main,
et profonde, à la colère retenue comme pour signi-          son interprétation de la chanson Embrase-moi sur
fier malgré tout la possibilité de l’espoir. « Celui qui    la bûche est l’un des moments forts du spectacle, où
plie mille cocottes verra son vœu exaucé », suggère         sa voix et sa fantaisie font merveille.

                                                                                                               15
La rébellion plutôt que les collections

L’humour résonne au cœur de la catastrophe,
comme par exemple lorsque le jumeau perché
chante avec une solennité opératique : « Mais c’est
dégueulasse ». Six percussionnistes structurent la
fable, et interprètent avec appeaux, verres, bou-
teilles, bâtons et autres objets la musique de la
compositrice et des extraits de L’Opera Forse de
Francesco Filidei. Avec des moyens modestes,
Claire Diterzi crée une partition équilibrée où les
mots, les corps et les notes résonnent de concert,
et s’accordent avec soin. Une partition tout en
clair-obscur, atypique, comme une mise en abyme
d’un parcours artistique qui l’est tout autant.
Chanteuse, compositrice, interprète farouche-
ment perfectionniste, elle fabrique avec son équipe
un objet scénique hors normes, né de son inven-
tivité et de sa combativité, car quoiqu’on en dise,
il n’est pas facile de sortir des clous, d’échapper à
la catégorisation. Cette sorcière si éprise de liberté
ne puise pas son pouvoir de philtres magiques mais
des plis de son âme, de ses racines, de sa capacité à
aimer, de ses rages et de ses manques. Elle envoie
sa voix en l’air. Et elle ne finira pas rôtie. Le public
applaudit l’hérésie, qui convoque avec talent l’in-
telligence et la poésie.

16
LIENS UTILES
Podcast France CULTURE
Claire Diterzi : « Je suis une obsessionnelle, quand j'ai une idée je tire le fil »
Diffusé le 7 février 2018 (59min)
https://www.franceculture.fr/emissions/par-les-temps-qui-courent/claire-diterzi

Podcast France INTER
Italo Calvino, le Baron perché
Diffusé le 7 janvier 2017 (47min)
https://www.franceinter.fr/emissions/ca-peut-pas-faire-de-mal/ca-peut-pas-faire-de-mal-07-janvier-2017

Page internet du spectacle
http://www.tandem-arrasdouai.eu/fr/larbre-en-poche

Portrait de Claire Diterzi par CARNET D’ART (déc. 2016)
http://www.carnetdart.com/claire-diterzi-2/

Évènement Facebook du spectacle
https://www.facebook.com/events/2018556928426089/

Teaser sonore du spectacle
https://www.facebook.com/Claire.Diterzi.Officiel/videos/1507644099273207/

Site internet de Claire Diterzi et de la compagnie Je garde le chien
https://claire-diterzi.fr

Documentaire sur Serge Kakudji
Rêve Kakudji de Koen Vidal & Ibbe Daniëls. Lien vers le teaser :
https://www.youtube.com/watch?v=GFnmpcGTFmk

SUIVEZ-NOUS SUR LES RÉSEAUX SOCIAUX

                TANDEM Scène nationale

                tandem_scene_nationale

                Tandem_Sn

Conception : Maxence Maréchal-Delmotte & Apolline Mauger
Mise en page : Raphaël Mesa
Crédits photographiques : © Christophe Manquillet, © Einaudi Editore, © DR

                                                                                                         17
Vous pouvez aussi lire