L'ARBRE EN POCHE FICHE PÉDAGOGIQUE - Douai . Hippodrome . Vendredi 16 mars 2018 - Tandem Arras Douai
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O G IQ U E F IC H E P É D A G Douai . Hippodrome . Vendredi 16 mars 2018 L’ARBRE EN POCHE Claire Diterzi
L'ARBRE EN POCHE Claire Diterzi TANDEM Scène nationale | Douai . Hippodrome Dès 10 ans Vendredi 16 mars | 20:00 Durée : 1 h 15 Navette gratuite au départ d'Arras, Place de la Madeleine, à 19:15 D'après Le Baron perché, d'Italo Calvino 2
SOMMAIRE DISTRIBUTION PAGE 4 PRÉSENTATION PAGE 5 BIOGRAPHIES PAGE 7 Claire Diterzi PAGE 7 Serge Kakudji PAGE 9 AUTOUR DE L'ŒUVRE LE BARON PERCHÉ PAGE 10 LA PRESSE EN PARLE PAGE 12 Télérama PAGE 12 Médiapart PAGE 14 La Terrasse PAGE 15 LIENS UTILES PAGE 17 3
DISTRIBUTION Texte et mise en scène Claire Diterzi Musique Francesco Filidei, Claire Diterzi Avec Serge Kakudji (contreténor), Claire Diterzi (chant), Alexandre Pallu (jeu), Matthieu Chardon, Lucie Delmas, Julien Garin, Stéphane Garin, Lou Renaud-Bailly, Thibault Lepri, François Vallet (percussions) Assistant à la mise en scène et création lumière Fred Hocké Scénographie Bénédicte Jolys Dramaturgie David Sanson Costumes Fabienne Touzi Dit Terzi Régie générale Cédric Grouhan Son Julien Paroudy Lumières Nicolas Guellier Production / diffusion Martine Bellanza Presse Muriel Richard 4
PRÉSENTATION L'Arbre en poche, concept-album et tragi-comédie musicale par David Sanson C’est l’histoire d’une chanteuse française qui n’a jamais eu froid aux yeux, et qui prend un malin plaisir à faire feu de tout bois. Du chorégraphe Phi- lippe Découflé jadis au dramaturge et metteur en scène Rodrigo Garcia récemment, Claire Diterzi cultive depuis plus de vingt ans une démarche émi- nemment transmusicale. L’an dernier, Le Monde la désignait d’ailleurs comme la « pionnière » parmi tous ces musiciens qui s’emploient aujourd’hui à « casser le mur du son » et à frotter leur musique aux autres arts de la scène. Ce 8e album est ainsi un nouvel Objet Sonore (et Scénique) Non Iden- tifié : les douze chansons qui composent L’Arbre en poche forment en effet la bande-son du spec- tacle éponyme, qu’elle a écrit et mis en scène. Un spectacle de théâtre musical au sens le plus ou- vert du terme, puisqu’il associe un comédien, un contre-ténor, une chanteuse/sorcière, et six per- cussionnistes chargés notamment d’interpréter... un miniopéra contemporain - L’Opera (forse), du compositeur italien Francesco Filidei, qui séjour- na en même temps qu’elle à la Villa Médicis : joli pied-de-nez aux gardiens du temple de tout poil, si l’on se rappelle la polémique qui entoura cette résidence, et qui donna lieu en son temps au projet discographique et scénique Le Salon des refusées ! Un spectacle dont le propos - comme naguère celui de Rosa la Rouge, hommage à Rosa Luxembourg qui, déjà, faisait l’objet d’un spectacle co-écrit avec Marcial Di Fonzo Bo - est avant tout politique, vi- goureux (mais savoureux) manifeste contre les ra- 5
vages que l’homme inflige à son environnement, et larmes, le chaud et le froid, l’humour et le déses- cri d’alarme face à la catastrophe écologique que poir, l’audace et l’évidence, ce disque, où pour la nous traversons. première fois Claire Diterzi confie certaines de ses compositions à la voix d’un autre (le contre-ténor C’est l’histoire d’un jeune garçon qui, un jour, las Serge Kakudji, qui interprète le héros de L’Arbre du philistinisme et du conformisme ambiants en en poche), est bien à l’image du spectacle qu’il ac- général, et de Fun Radio en particulier, décide - à compagne : à la fois direct et foisonnant, populaire l’image de l’héroïque Baron perché d’Italo Calvino, et savant, iconoclaste et poignant, faisant voisiner dont le titre L’Arbre en poche est l’anagramme - de avec un naturel déconcertant une reprise du gé- monter dans un arbre pour n’en plus jamais redes- nérique de Goldorak, un hommage au Pli de Gilles cendre. Du haut de son moabi, sous les yeux de son Deleuze et une chanson en swahili... frère, resté rivé à son confortable fauteuil comme trop de (télé)spectateurs passifs du désastre ac- En creux, cet album qui se déploie comme un ori- tuel, il fera tout ce qui est en son pouvoir pour gami se révèle doublement politique. Car l’éman- empêcher la dévastation des forêts de son Congo cipation dont il est question, c’est au moins autant natal ; il rencontrera même l’âme sœur, se consu- celle d’une chanteuse française – ici tour à tour mant d’amour pour une sorcière (Claire Diterzi), pythie et chipie, sorcière et sirène (d’alarme) – qui qu’il sauvera des flammes mais ne pourra sauver fait fi des règles de l’étiquette et du qu’en dira-t-on, des eaux. Comme le roman de Calvino, brillant défiant les lois de la gravité et les faux procès en hommage à l’esprit des Lumières, L’Arbre en poche illégitimité ; d’une artiste frondeuse et libérée qui, est un récit d’émancipations, un hymne vibrant à comme d’autres abattent des arbres, n’a de cesse la désobéissance civile. Entre concept-album et de faire tomber les frontières et les préjugés sépa- tragi-comédie musicale, entre minimalisme élec- rant les disciplines et les « genres ». Avec humour, tronique et mélismes baroques, entre le rire et les et toujours une folle détermination. 6
BIOGRAPHIE Claire Diterzi Née à Tours en 1970, Claire Diterzi y fonde à seize ans, le groupe rock Forguette-Mi-Note, qui autoproduira ses deux albums et se produira plus de 600 fois sur les scènes alternatives d’Europe, jusqu’à sa dissolution en 1995. Cette année-là, elle intègre la classe de chant du contre-ténor Jean Nirouet au Conservatoire de Tours. Découverte Région Centre du Printemps de Bourges avec son trio Dit Terzi en 1998, elle signe un album épo- nyme sur un label indépendant. Parallèlement à son activité de chanteuse-guitariste, elle se forme aux Arts Appliqués et poursuit ses études à l’École Technique de l’Image de Communication de Blois. En 2001, elle compose la musique et interprète la pièce Iku, adaptation de 4.48 Psychose de Sarah Kane. En 2003, Philippe Decouflé l’embarque au Japon pour composer la musique de sa création Iris, qu’elle interprétera en direct sur le plateau parmi les danseurs. Iris, rebaptisée IIris l’année suivante, ront aux Correspondances de Manosques en 2008 tournera deux ans durant. avec la lecture musicale On attend quelqu’un qui ne viendra pas, qui figurera sur le livre-disque Fantai- En 2005, elle sort chez Naïve son premier al- sie littéraire. En 2007, Titouan Lamazou lui passe bum solo Boucle, qui remportera le Grand prix du commande de la musique pour son exposition Zoé Disque de l’Académie Charles Cros. La même an- Zoé Femmes du Monde au Musée de l’homme. Elle née, elle compose la musique du film documentaire compose également pour lui la musique des 50 Requiem for Billy the Kid, réalisé par Anne Feinsil- portraits de femmes, diffusés sur France 5 la même ber. Le film sera présenté hors compétition au Fes- année. En 2008, elle sort son deuxième album solo tival de Cannes en 2006. En 2006 à Toulouse, elle Tableau de chasse, qui la mènera sur les routes pen- propose aux côtés de l’écrivain Arnaud Cathrine, dant deux ans. Elle compose la musique du film une composition littéraire et musicale au Festival de présentation pour le CNRS, réalisé par Jean- Le Marathon des mots, expérience qu’ils réitère- Jacques Beineix. La même année, elle est en charge 7
de l’illustration sonore de la pièce La Estupidez, CRÉATIONS DE CLAIRE DITERZI mise en scène par Marcial Di Fonzo Bo et Élise Vigier. En 2010, elle signe la musique de Rosa la 2018 | L’ARBRE EN POCHE Rouge, spectacle coécrit avec Marcial Di Fonzo Bo. 2017 | JE GARDE LE CHIEN Elle obtient pour cette création le prix du meilleur (d’après Journal d’une création) compositeur de musique de scène du Syndicat de la 2015 | 69 BATTEMENTS PAR MINUTE Critique. En 2010-2011 elle est pensionnaire à la et CONNAIS-MOI TOI-MÊME Villa Médicis, où elle écrit Le Salon des Refusées qui sera présenté sur scène à La Cité de la Musique. En 2013 | LE SALON DES REFUSÉES 2014 elle compose, à partir des pièces de Rodrigo 2010 | ROSA LA ROUGE Garcia, 69 Battements par minute, qu’elle produit 2008 | TABLEAU DE CHASSE sur son propre label Je garde le chien, en tenant le 2006 | BOUCLE & REQUIEM FOR BILLY THE KID Journal d’une création qu’elle autoédite. Chacune 2004 | IRIS des seize chansons du projet a fait l’objet d’une ré- alisation vidéoclip. En 2015, elle monte sa compa- 2001 | IKU gnie de théâtre musical, du même nom que son la- 2000 | DIT TERZI bel. Elle est promue au grade de Commandeur des 1996 | COMME UN SCHISME – Dit Terzi Arts et des Lettres. Dans le cadre des Sujets à Vif, 1993 | CRUCIFORME – Forguette mi note elle créé Connais-moi toi-même avec la complicité 1991 | GARGOUILLIS – Forguette mi note de Dominique Boivin, pour le Festival d’Avignon. 8
BIOGRAPHIE Serge Kakudji Né à Kolwezi (République démocratique du Congo) du chorégraphe Alain Platel, autour de la Passion en 1990, Serge Kakudji est très tôt attiré par l’opé- selon saint Mathieu de Bach, avec Alain Platel. À ra et intègre à sept ans un chœur d’enfants à Lu- l’opéra, il s’est produit notamment à l’Opéra royal bumbashi. En 2006, il représente la République de Versailles (Giulio Cesare in Egitto de Haendel, Démocratique du Congo au Festival International dirigé par Jean-Claude Malgoire et mis en scène de la Voix d’Harare au Zimbabwe. Mais c’est sa par Christian Schiaretti), au Teatro Real de Madrid rencontre, à 17 ans, avec le chorégraphe boyomais (L’Incoronazione di Poppea de Monterverdi, dirigé Faustin Linyekula, qui va décider de sa carrière : il par Sylvain Cambreling et mis en scène par Kr- rejoint la distribution de Dinozord, spectacle mê- zysztof Warlikowski), à l’Opéra national de Paris lant le Requiem de Mozart et la danse hip-hop : et de Lille, au Théâtre des Champs-Elysées… Paral- il joue Mozart dans Dinozord II créé au Festival lèlement, Serge Kakudji mène également une car- d’Avignon, puis dans Dinozord III, créé en 2008 rière de soliste qui l’a entraîné dans de nombreux au festival d’Alcantara (Lisbonne). Parallèlement, pays, et donné lieu à Coup fatal, collaboration avec il suit les cours de chant de l’Institut Supérieur de Alain Platel et Fabrizio Cassol, mélangeant des airs Musique et de Pédagogie de Namur en Belgique, de Händel et Gluck et des instruments tradition- tout en travaillant régulièrement sa voix avec la so- nels africains, présenté en ouverture de la Wie- prano américaine Laura Claycomb. En 2007, Serge ner Festwoche et enregistré pour Outhere Music. Kakudji compose et interprète Likembe opéra, pre- En 2016, il remporte le deuxième prix du VIIIe mier opéra en langue swahili. L’année suivante, il concours de chant lyrique de Ravello. En 2013, il interprète le rôle principal dans le spectacle Pitié ! a fait l’objet d’un film documentaire, Rêve Kakudji. 9
AUTOUR DE L'ŒUVRE LE BARON PERCHÉ Le Baron perché d'Italo Calvino Le Baron perché est un roman écrit par l’auteur Italo Calvino en 1957. Il compose, avec Le Vicomte pourfendu et Le Chevalier inexistant, le cycle Les Ancêtres, trois romans écrits dans les années 1950 déclinant une même formule : une histoire invrai- semblable inscrite dans une époque lointaine. Le Baron perché raconte la vie au XVIIIe siècle d'un jeune aristocrate de Ligurie du nom de Côme Laverse du Rondeau qui décide, suite à un diffé- Italo Calvino rend familial, de grimper dans un arbre et de ne plus en descendre. Pendant sa longue fugue, le hé- ros va faire des rencontres de toutes sortes : des Le Baron perché, un conte philosophique ? bandits, des pirates, des jésuites, de jolies filles, et même Napoléon ! Juché sur son arbre, il fait l’expé- Le conte philosophique est un récit en prose, rela- rience de la vraie vie : l’émancipation, la rébellion, tivement bref. Même si le récit entretient toujours la cruauté, l’amour fou, la fraternité universelle. Il des liens avec l'actualité, il tient du conte par cer- prend du recul sur ses contemporains et rêve à une tains traits merveilleux, par certaines péripéties société utopiste d’hommes et de femmes vivants ou épisodes peu vraisemblables. Il s'agit d'un texte dans l’égalité parmi les branches. généralement plaisant et ludique, comportant sou- vent des aspects comiques. Les personnages sont Ce roman sur fond historique est écrit sur le mode souvent caractérisés par quelques traits essentiels. de la fantaisie. À partir d'un fait improbable, Ita- Un apologue est un récit qui a pour fonction d'il- lo Calvino développe son récit de la façon la plus lustrer une leçon morale qui peut être formulée ex- réaliste et logique possible. À l’image d’un roman plicitement. L'apologue propose des personnages d'aventures, l’auteur nous tiens en haleine avec un et des situations symboliques, représentatifs de la suspens dramaturgique : le baron descendra-t-il un morale que l'auteur veut en dégager. La visée de jour des arbres ? l'apologue est donc argumentative. 10
Les écrivains des Lumières ont fréquemment eu bas. Observateur privilégié depuis ses perchoirs, recours à l'apologue dans un but de critique du il va vivre tous les conflits de son temps mais de pouvoir et des institutions. La fiction permet en manière non partisane, faisant sienne la vertu sou- effet de contourner plus facilement la censure en veraine du siècle des Lumières : la raison. Grâce à offrant un premier niveau de lecture tout à fait son regard perspicace et espionnant il va mettre inoffensif, qui peut s'avérer très subversif lorsqu'il en lumière des réseaux d'intérêt cachés, percer le est interprété. L'apologue prend alors une nou- secret d'événements mystérieux pour les autres velle dimension : son objectif n'est pas de délivrer humains. Du haut des arbres, la vie humaine de- un message unique, mais d'inciter le lecteur à la vient une comédie parfois amusante, mais le plus réflexion. souvent grinçante. Le Baron perché présente les caractéristiques d'un conte philosophique. À la manière de Voltaire, Italo Calvino, derrière la fantaisie de la situation, engage une réflexion sur les relations entre l'homme et la société, ainsi que sur le rôle de la famille. D’ailleurs, le fait que l'action du roman se déroule au XVIIIe siècle n’est pas anecdotique, par cette référence au siècle des Lumières, il est évident qu'Italo Cal- vino, à la suite des philosophes de l’époque, règle quelques comptes avec la société de son temps. Côme s’apparente à un héros philosophique : per- ché dans son arbre il étudie et fait l'expérience des choses, il prend de la hauteur et s’affranchit de ses préjugés. Il est monté dans les arbres non pas pour regarder le ciel, mais pour mieux voir la terre et les hommes... De ce fait son regard sur la nature humaine est plus réfléchi, moins impulsif, et même plus humaniste ou philosophique. Il veut participer à la vie sociale et imagine des modèles de société idéale. Il écrit même un projet de Constitu- tion d'un État idéal fondé sur les arbres qu'il dédie à Diderot, et où il décrit le fonctionnement d'une République hypothétique, régie par la justice et l'harmonie. De sa position sur la cime des arbres, il Couverture de la première édition du Baron perché étudie la situation politique de son pays qui est en © Einaudi Editore, 1953 11
LA PRESSE EN PARLE CLAIRE DITERZI, GÉNIALEMENT PERCHÉE Par Valérie Lehoux, Télérama, 02/02/2018 Claire Diterzi présente sa nouvelle création, L’Arbre en poche, au Centquatre, à Paris, jusqu’au 3 février. Une sorte d’opéra féministe et écolo- giste, aussi loufoque que pertinent. Enthousias- mant. C’est officiel : Claire Diterzi n’est plus une chan- teuse. On s’en doutait depuis un moment - on l’avait même bien compris avec ses multiples re- cherches musicales, textuelles ou scéniques - mais cette fois, c’est éclatant : son nouveau spectacle, L’Arbre en poche, n’est pas un concert ; c’est une création hybride, où la chanson n’est qu’un sup- port parmi d’autres - le récit dramatique, la mu- sique contemporaine (Francesco Filidei), la mise en scène. Une fable opératique d’un type nouveau, « transmusicale et transgenre », comme elle la dé- finit en souriant. Un conte poétique et politique, écologiste et féministe, (très) librement inspiré d’un classique de la littérature, Le Baron perché (1957), d’Italo Calvino. Vous vous rappelez l’in- trigue ? Un jeune aristocrate décide de passer sa vie en haut d’un arbre, en quête de sa liberté in- térieure et en accord avec la nature… Revue par Claire Diterzi, l’histoire est évidemment plus lou- foque. Mais elle est toujours aussi rebelle. Et porte en son sein mille considérations faisant écho aux défis d’aujourd’hui. Une création à tiroirs, dont on continue de découvrir des subtilités après-coup, ce spectacle-là vous habite longtemps. 12
Chez Diterzi, le Baron n’est plus baron. C’est un d’anciennes chansons qui y ont toute leur place ; jeune Congolais, contre-ténor à la voix d’ange et, sans le souligner, elle nourrit le récit de détails (Serge Kakudji), qui a la passion des origamis et souvent drôles, puisés aux sources de sa propre vie. des oiseaux, et qui fuit les compromissions en s’ins- Ceux qui la suivent depuis longtemps y verront tallant au sommet d’un arbre. Son frère jumeau une forme d’aboutissement, le fruit d’années de re- (le comédien Alexandre Pallu) reste au contraire cherches exigeantes et de réflexion. Mais l’artiste planté sur le plancher des vaches. Aucun des- a gardé de son passé rock (et même punk) la puis- tin n’est écrit d’avance. L’un s’est élevé au risque sance de la spontanéité : sa mise en scène maligne d’être incompris, l’autre s’enferme dans des préju- et graphique (cosignée avec Fred Hocké) amène au gés qui le rassurent. Lorsque débarquera dans le conte une fluidité toute naturelle. paysage une sorcière plus toute jeune, promise aux flammes (Claire Diterzi, parfaite dans le rôle, qui Et dire qu’en 2010 certains s’étaient étranglés de n’apparaît qu’au bout de trente-cinq minutes), les la voir arriver à la Villa Médicis, première artiste deux frères devront choisir leur camp : aimer celle de musique actuelle à y être admise ! Aujourd’hui, qui effraie, ou la vouer aux gémonies et au bûcher… Claire Diterzi a monté sa propre compagnie et Autour d’eux, six femmes et hommes, choristes et trace un chemin décidément remarquable d’origi- percussionnistes, évoluent tels des témoins. Ceux nalité et d’audace. L’Arbre en poche part en tour- qui se taisent mais n’en pensent pas moins. née, et un très beau livre-disque vient de sortir (chez Pias), gardant trace du spectacle. Les pour- fendeurs d’hier doivent se cacher dans un trou. À Une histoire de liberté moins qu’ils ne se perchent en haut d’un arbre. Au fond, c’est tout ce qu’on leur souhaite. Ce dont Diterzi nous parle ici, c’est bien sûr de liberté. Liberté d’aimer en dépit des carcans, de vivre en marge de la société, de créer au-delà des soucis de notoriété et de rentabilité. Son Arbre en poche interroge le sort éternel de la femme et de l’artiste. Elle y met tant d’elle-même que le spec- tacle lui ressemble de façon troublante : elle y glisse 13
LA PRESSE EN PARLE CLAIRE DITERZI, VARIÉTÉ EXPÉRIMENTALE Par Jean-Jacques Birgé, Médiapart, 30/01/2018 L'Arbre en poche, le nouvel album de Claire Diter- Chéper, ou encore Proche branlée pour contourner zi, retrouve la folie de Tableaux de chasse, mais la le refus des droits du roman d'Italo Calvino ! Elle chanteuse s'efface souvent derrière le contre-té- aime jouer sur les mots pour éviter les maux qui nor congolais Serge Kakudji. Artiste pluridisci- l'ont fait souffrir. Les clins d'œil érotiques ou gen- plinaire, elle en a écrit les textes et composé la timent provocateurs conjurent les sorts jetés par musique lors de sa résidence à la Chartreuse de de vilaines sorcières. Sa révolte fustige les dégâts Villeneuve-lès-Avignon et chez elle où elle a réali- monstrueux que l'homme inflige à la nature, sa sé elle-même les enregistrements de même qu'elle sensibilité laissant entrevoir qu'elle-même s'y fond programme ses machines et joue des claviers, de la et s'y confond. Sa voix se multiplie par la puissance guitare, des kalimbas... Elle a même mis en scène des harmoniseurs. L'électro se teinte de sons an- le spectacle d'où cette suite de douze scènes est ti- ciens, créant un nouveau baroque où s'envole la rée. Les critiques apprécient rarement les touche- voix sublime de Serge Kakudji... à-tout qu'ils affublent du suffixe de « génie » lors- qu'ils sont bienveillants. En 2010 Claire Diterzi avait été la cible d'une cabale honteuse de la part de certains compositeurs « contemporains » lors- qu'elle avait obtenu une résidence à la villa Médicis de Rome. Une femme c'est déjà difficile à admettre dans le cénacle machiste, mais une chanteuse de musique populaire, avec des origines paternelles kabyles qui plus est, leur paraissait intolérable ! Or l'artiste cultive soigneusement la recherche dans ses facéties vocales comme dans ses arrangements instrumentaux, et L'Arbre en poche est une œuvre osée qui peut revendiquer le statut d'expérimental tout en pouvant séduire un plus large public. Inspirée par Le Baron perché, elle en tire l'ana- gramme qui donne leur titre à l'album et au spec- tacle, après avoir essayé Arche bien drôle, Rebel chaperon, L'Herbe Prozac, Branche éplore, Bar Léon 14
LA PRESSE EN PARLE L'ARBRE EN POCHE Par Agnès Santi, La Terrasse, 24/01/2018 Une chanteuse-guitariste, un contre-ténor, un co- un proverbe congolais qui le stimule, rappelant au médien, six percussionnistes créent une partition passage Le Pli de Deleuze. Sa belle voix virtuose où s’articulent théâtre et musique. Une ode à la caracole, s’élève, fait écho à son désir de liberté et liberté signée par une sorcière atypique et héré- d’indépendance, à son besoin de connaître « tous tique, Claire Diterzi. les arbres de toutes les connaissances ». Son frère jumeau, né comme lui « par voie basse non instru- Parfait anagramme du Baron perché d’Italo Calvi- mentale », se laisse au contraire porter par le cours no qui l’inspire, L’Arbre en poche de Claire Diterzi des choses, bien calé dans un petit trône roulant réinvente la fable, tout en préservant de belle fa- qui lui évite le risque du libre-arbitre, guidé par çon l’intelligence, la sensibilité et la fantaisie qui la une forme d’indécision et de docilité qui le mènent caractérisent. Le chêne vert du domaine familial tout droit vers le conformisme et le consumérisme. se métamorphose ici en un moabi de la vaste forêt Goldorak plutôt que Robin des Bois. La parole plu- congolaise. Et le jeune aristocrate en enfant d’un tôt que le chant. Les collections plutôt que la rébel- père congolais et d’une mère tourangelle, « ange lion. Mais sans méchanceté aucune, avec toujours noir » libre et déterminé, chanteur engagé contre une même tendresse pour son frère si audacieux. les maux dévastateurs que l’homme inflige à la na- Ce dernier va connaître l’amour en sauvant une ture. Le contre-ténor congolais Serge Kakudji lui sorcière des flammes, interprétée par Claire Diter- offre sa voix virtuose et une interprétation sobre zi. Toute fumante sur son bûcher, guitare à la main, et profonde, à la colère retenue comme pour signi- son interprétation de la chanson Embrase-moi sur fier malgré tout la possibilité de l’espoir. « Celui qui la bûche est l’un des moments forts du spectacle, où plie mille cocottes verra son vœu exaucé », suggère sa voix et sa fantaisie font merveille. 15
La rébellion plutôt que les collections L’humour résonne au cœur de la catastrophe, comme par exemple lorsque le jumeau perché chante avec une solennité opératique : « Mais c’est dégueulasse ». Six percussionnistes structurent la fable, et interprètent avec appeaux, verres, bou- teilles, bâtons et autres objets la musique de la compositrice et des extraits de L’Opera Forse de Francesco Filidei. Avec des moyens modestes, Claire Diterzi crée une partition équilibrée où les mots, les corps et les notes résonnent de concert, et s’accordent avec soin. Une partition tout en clair-obscur, atypique, comme une mise en abyme d’un parcours artistique qui l’est tout autant. Chanteuse, compositrice, interprète farouche- ment perfectionniste, elle fabrique avec son équipe un objet scénique hors normes, né de son inven- tivité et de sa combativité, car quoiqu’on en dise, il n’est pas facile de sortir des clous, d’échapper à la catégorisation. Cette sorcière si éprise de liberté ne puise pas son pouvoir de philtres magiques mais des plis de son âme, de ses racines, de sa capacité à aimer, de ses rages et de ses manques. Elle envoie sa voix en l’air. Et elle ne finira pas rôtie. Le public applaudit l’hérésie, qui convoque avec talent l’in- telligence et la poésie. 16
LIENS UTILES Podcast France CULTURE Claire Diterzi : « Je suis une obsessionnelle, quand j'ai une idée je tire le fil » Diffusé le 7 février 2018 (59min) https://www.franceculture.fr/emissions/par-les-temps-qui-courent/claire-diterzi Podcast France INTER Italo Calvino, le Baron perché Diffusé le 7 janvier 2017 (47min) https://www.franceinter.fr/emissions/ca-peut-pas-faire-de-mal/ca-peut-pas-faire-de-mal-07-janvier-2017 Page internet du spectacle http://www.tandem-arrasdouai.eu/fr/larbre-en-poche Portrait de Claire Diterzi par CARNET D’ART (déc. 2016) http://www.carnetdart.com/claire-diterzi-2/ Évènement Facebook du spectacle https://www.facebook.com/events/2018556928426089/ Teaser sonore du spectacle https://www.facebook.com/Claire.Diterzi.Officiel/videos/1507644099273207/ Site internet de Claire Diterzi et de la compagnie Je garde le chien https://claire-diterzi.fr Documentaire sur Serge Kakudji Rêve Kakudji de Koen Vidal & Ibbe Daniëls. Lien vers le teaser : https://www.youtube.com/watch?v=GFnmpcGTFmk SUIVEZ-NOUS SUR LES RÉSEAUX SOCIAUX TANDEM Scène nationale tandem_scene_nationale Tandem_Sn Conception : Maxence Maréchal-Delmotte & Apolline Mauger Mise en page : Raphaël Mesa Crédits photographiques : © Christophe Manquillet, © Einaudi Editore, © DR 17
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