L'enfant autiste : connaître sa différence pour mieux l'accompagner - ASH 67
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L'enfant autiste : connaître sa différence pour mieux l’accompagner Autisme et autres Troubles Envahissants du Développement : présentation générale et description d’un fonctionnement particulier Dr C. Chabaux, E. Waldmann, E. Florence Pôle enfants/ados CRA Alsace/ SPEA Elsau
Autisme : Trouble du Développement Caractérisé par des particularités: des interactions sociales réciproques de la communication et par des comportements, intérêts et activités au caractère restreint, répétitif. Troubles présents dès la petite enfance. Persistent avec des modifications durant la vie entière
« Spectre autistique » Plusieurs classifications : CIM10; DSM IV; CFTMEA Plusieurs termes : Troubles envahissants du Développement ( TED ), Troubles du Spectre de l’Autisme (TSA) Plusieurs catégories: Autisme infantile, autisme atypique, TED Non Spécifiés, Autres TED, Syndrome d’Asperger Incertitudes sur les limites et la différenciation des différentes catégories Multiplicité des formes cliniques intermédiaires Différentes intensités Avec ou sans retard mental
Prévalence • 3 à 4 garçons pour 1 fille si retard mental modéré à sévère associé : 2 G/1F sans retard mental : 6 G/ 1 F • Prévalence (
Altérations de la communication Retard ou absence de langage oral Usage stéréotypé et répétitif du langage (écholalie) ou langage idiosyncrasique (usage particulier des mots) Incapacité à engager ou soutenir une conversation Non utilisation du « je », inversion pronominale Communication non-verbale (gestes, mimiques) anormale
Altérations des interactions sociales réciproques Indifférence apparente à autrui Pas ou peu d’échange par le regard Évitement actif du contact Ne recherche pas le réconfort Ne cherche pas spontanément à partager intérêts, plaisirs ou réussites Ne s’intègre pas dans les groupes Imitation pauvre, différée
Comportements et activités stéréotypés et répétitifs Centres d’intérêts restreints et stéréotypés Rituels spécifiques et non fonctionnels Refus de changements minimes Maniérismes moteurs stéréotypés (stéréotypies gestuelles +++) et répétitifs Préoccupations pour des parties des objets Pas de jeu de « faire semblant » varié et spontané
Altérations des Altération marquée de l’utilisation des comportements non verbaux pour réguler interactions les interactions Incapacité à établir des relations avec des sociales pairs correspondant au niveau de développement réciproques manque de réciprocité socio-émotionnelle - + ne cherche pas spontanément à partager intérêts, plaisirs ou réussites • retard ou absence de langage oral Altérations de la • Incapacité à engager ou soutenir une conversation communication • Usage stéréotypé et répétitif du langage ou langage idiosyncrasique + • pas de jeu de « faire semblant » varié et - spontané Comportements et •Centres d’intérêts restreints & stéréotypés activités stéréotypés •Adhésion à des rituels spécifiques & non et répétitifs fonctionnels •Maniérismes répétitifs moteurs stéréotypés & - + •Préoccupations pour des parties des objets
Syndrome d’Asperger Forme d’autisme avec de très bonnes compétences intellectuelles – Début généralement plus tardif – Troubles de la communication et de la socialisation moins sévères – Intérêts focalisés plus évidents – Maladresse plus fréquente – Troubles neurologiques plus rares
Comorbidités Retard mental : prévalence varie selon le type de TED : Dans l’autisme infantile, 70 % (40 % RM profond - 30 % RM léger) plus faible dans « autisme atypique » et « autres TED » Troubles du sommeil : 45 % à 86 % des enfants avec autisme infantile Hyperactivité Epilepsie : selon les études, entre 5 % et 40 % 1er pic âge préscolaire, 2ème pic à l'adolescence Pathologie génétique « connue » ( X fragile, Bourneville, …) Dépression, Troubles anxieux 10
Particularités de fonctionnement des enfants avec TSA La pensée autistique
• Au niveau sensoriel • Au niveau cognitif/ du traitement des informations de son environnement • Au niveau de son comportement
Concernent environ 40 % des personnes autistes (Rimland, 1990). Même proportion dans le syndrome d’Asperger (Garner et Atwood, 1995). Toutes les modalités sensorielles sont touchées et sont marquées soit par une hypersensibilité soit par une hyposensibilité
Particularités sensorielles • N’aiment souvent pas être touchés mais ont des recherches tactiles • Sélectivité alimentaire et explorations sensorielles buccales ou olfactives Ex: Refus des morceaux, des plats composés (couscous, ratatouille, plat en sauce…). On retrouve aussi une appétence pour les goûts acides (citrons, cornichons, sel). Ceci est souvent lié à une hyposensibilité. On note que des textures peuvent provoquer le haut-le- coeur.
• Hypersensibilité aux bruits et recherches sensorielles auditives Premier motif de consultation car l’enfant ne réagit pas aux bruits très forts et ne répond pas à son prénom. Mais il peut réagir aux bruits très faibles que l’entourage ne peut percevoir. En effet, les enfants autistes sont souvent sensibles aux fréquences basses (bruit du frigo, du micro- onde…). • Recherches de sensations vestibulaires
La sensibilité olfactive : est marquée par le haut le coeur, des nausées ou vomissements. Des odeurs précises en sont à l’origine, telles que des odeurs prégnantes et persistantes (par exemple carottes cuites, eau de javel) ou odeurs corporelles (transpiration). Les parfums et les odeurs de synthèses sont difficiles à supporter. On retrouve des conduites de flairage, comme par exemple, sentir la nourriture ou tout aliment nouveau ou bien intérêt pour les odeurs du cuir chevelus par exemple. La sensibilité à la douleur et aux températures : qui s’améliore avec l’âge. Une « insensibilité » à la température extérieure est notée, entraînant une difficulté à coordonner les habits avec le temps qu’il fait.
Sur le plan neurologique, A été également abordé, le fonctionnement des personnes présentant de la synesthésie. Cette particularité de fonctionnement concerne 15 % de la population avec autisme, mais également personnes dyslexiques et THADAS (hyperactifs). Il s’agit du croisement des modalités sensorielles. Comme par exemple, voire des couleurs à l’écoute des notes de musiques, ou de lettres ou de chiffres. Par exemple, Daniel Tammet voit les chiffres en couleurs (Je suis né un jour bleu).
Quelques Conséquences… • Plus de problèmes dentaires du fait de leur hypersensibilité orale, de leur régime alimentaire (sélectivité), de leur difficulté d’accéder aux soins dentaires et de leur difficulté à se brosser les dents. • Pathologies plus difficiles à déceler (examens somatiques difficiles , douleurs non prises en compte, retard diagnostique) • Difficultés à trier les stimuli sensoriels • Aidés par supports visuels
Particularités de fonctionnement cognitif • La difficulté de prise en compte du contexte • L’hypersélectivité/ la surgénéralisation • Les difficultés liées à la théorie de l’esprit
Que voyez-vous? Un saladier rempli de légumes, oignon, choux, radis, champignon, etc.
Et maintenant ? Ici on voit un visage. La personne autiste ne voit pas le visage (global), mais elle voit bien la gousse d'ail (détails), la menthe, etc...
Que voyez vous?
Et dans ce contexte?
La réponse de ce garçon est-elle étrange? Eliminez toute la cohérence dûe au contexte : pour quelqu’un qui pense en détail, est-ce encore étrange?
C’est rouge, C’est vert, je n’avance j’avance! pas! Cette personne est autiste, elle a TUUUT beaucoup de mal à interpréter le !!!! sens approprié des choses, d’où son comportement bizarre et absurde. La scène montre qu’elle traite la perception des feux de signalisation par le sens littéral (vert: on avance; rouge : on s’arrête), sans prendre en compte le contexte (autre ex: mettre sa veste qd on sort/météo).
Problème de prise en compte du contexte Deux formes : Surgénéralisation Hypersélectivité
Ex de Surgénéralisation - Dire bonjour à quelqu’un quand on rencontre une personne (csq « bonjour » plusieurs fois par jour) - Main levée = stop (soit stop soit bonjour soit prise de parole) - Le bonnet est mis le matin alors il doit être mis l’après-midi même si il fait chaud
La surgénéralisation Elle provient du fait que pour les personnes avec autisme, le comportement est indépendant du contexte. Elles agissent d’une certaine manière parce que nous le leur demandons ou parce que nous le leur avons appris. Mais elles ne comprennent pas forcément pourquoi nous leur demandons un certain comportement et quel en est l’objet. Par conséquent, elles appliquent trop souvent et trop longtemps les règles, mais dans des situations où cela n’est pas nécessaire. Ref. P. Vermeulen. (2002). Ceci est le titre - Au sujet de la pensée autistique.
Ex d’hypersélectivité Apprentissage des toilettes avec photo (couleur des lunettes de toilette différente à la maison et en institution ou école) Ne pas s’asseoir à table pour manger, colère (contexte apprentissage : serviette présente sur la table) Pas de bus / ceinture de sécurité dans la voiture Ne pas dessiner sur un mur (acquis à la maison mais pas ailleurs) Jouer au ballon = avec une seule position possible de son interlocuteur
L’hypersélectivité Elle signifie qu’on ne peut agir quand la situation le demande, c’est rester aveugle aux similitudes essentielles entre les situations. Celui qui s’attache aux détails au lieu de se concentrer sur les similitudes essentielles invisibles fait preuve d’hypersélectivité. => Une autre situation (concrète) mène à un autre comportement. Ref. P. Vermeulen. (2002). Ceci est le titre - Au sujet de la pensée autistique.
La théorie de l’esprit Simon BARON-COHEN, Uta FRITH et Alan LESLlE La théorie de l’esprit est la capacité de se représenter les désirs, croyances et intentions des autres et également celle de juger ses propres pensées.
Conséquences de ce mode de fonctionnement A différents niveaux: • Langue et Compréhension • Temps et Organisation • Compétences Sociales • Particularités d’apprentissage • Comportements Problématiques
Langage et Compréhension Troubles de la communication : compréhension souvent concrète, littérale ; difficultés avec les concepts abstraits ; et parfois échec avec phrases complexes, longues, ou inhabituelles : exemple si syntaxe doit absolument être prise en compte pour que la phrase soit comprise correctement / « le ballon de l'enfant est tombé » « A – t – il compris ? »
Langage et Compréhension Différentes stratégies : - Simplifier les consignes - Décomposer les consignes complexes - Écrire la consigne (sous forme de liste par exemple) - Éviter les expressions abstraites, les métaphores, les sens figurés ("j'ai une idée derrière la tête"; "tu donnes ta langue au chat?"; "laisse tomber« ) / les plaisanteries, qui font généralement appel au second degré / les noms familiers / les sarcasmes (Ne dites pas "bravo" lorsqu'il renverse son verre par exemple si vous ne tenez pas à ce qu'il recommence immédiatement) / les questions trop larges (« pourquoi n'as-tu pas fini ton travail?) préférence pour questions fermées surtout en cas d’échec
Temps et Organisation difficultés avec la notion de temps, de durée, et en général avec l'organisation séquentielle. D’où anxiété face à tout changement, qui se manifeste parfois par des troubles du comportement. Stratégies face à la « lenteur » - Décomposer en étapes, aider à l'organisation de la tâche par des moyens visuels (liste etc.) - Enseigner à l'enfant une phrase à utiliser s'il est en difficulté - Aider physiquement l'enfant à faire un geste nouveau afin que ce geste puisse s'inscrire dans ses schémas moteurs
Temps et Organisation Autres stratégies : - Emploi du temps - Durant les temps non structurés donner une stratégie - Anticiper les changements (lieux, absence, …) … - Durée claire, concrète des temps d’activités, de loisirs - Préciser les tâches répétitives - Décomposer 1 activités en étapes
Compétences sociales Difficulté d’attention conjointe Particularités des émotions Déficit de Théorie de l’Esprit • Affecte l’aptitude aux jeux imaginaires chez les enfants • Difficultés concernant le langage pragmatique • Difficultés à reconnaître que les autres personnes possèdent une pensée autonome • Difficultés à concevoir l'existence d'états affectifs chez l'autre • Incompréhension que les états mentaux déterminent le comportement
Compétences sociales Peut devenir rapidement le souffre-douleur, ou supporte mal des taquineries innocentes Mauvaise compréhension sociale, des contextes sociaux et règles/ particularités des émotions (niveau expression, identification, gestion)
Particularités cognitives: quelques points forts Capacités spatiales et perceptives Sensibilité aux détails Mémoire par cœur Îlots de compétence Règles logiques, formelles
Particularités cognitives Points faibles • Capacités d’abstraction, de symbolisation • Capacités d’organisation, de planification • Capacité de compréhension sociale • Capacités d’attention de mémoire • Capacités de généralisation
Apprentissages Scolaires - Difficulté à suivre une consigne lorsqu'elle ne lui est pas adressée individuellement (aide des pairs, …) - Décalage parfois entre la compréhension et ses compétences de lecture de texte - Acquisition de la lecture souvent de manière globale et à partir de ses intérêts particuliers - Difficulté face aux consignes complexes, à des notions trop abstraites - Difficulté de motricité fine, maladresse
Apprentissages Scolaires - Ne pas limiter les apprentissages scolaires au niveau des capacités graphiques. même si l'écriture fait partie de l'apprentissage de la lecture, d'autres moyens peuvent être utilisés: lettres mobiles, machine à écrire, ou ordinateur. - Difficulté d'utilisation du calcul, même pour résoudre des problèmes simples (revenir à des niveaux élémentaires de dénombrement et d'opérations simples, en utilisant des objets et des manipulations concrètes pour donner du sens au calcul).
Comportements Problématiques Quelles que soient ses capacités cognitives et son niveau de langage, l'enfant avec autisme a du mal à exprimer ses difficultés, a comprendre et gérer ses émotions et à comprendre celles des autres. C'est souvent par des troubles de comportement (colères, auto ou hétéro agressivité) que l'enfant exprime son malaise Lorsque des comportements s'intensifient: à vérifier : causes somatiques/ trop de pression / consignes pas assez claires / travail pas assez organisé, trop long, peu motivant / changements non prévus ou mal préparés / impatience perceptible de l'enseignant ou du parent (consignes verbales peu performantes dans ces cas là!)
Comportements Problématiques Analyse fonctionnelle Afficher et enseigner des techniques concrètes à appliquer en cas de stress (respirer profondément, compter jusqu'à 10, boire un verre d'eau, dire "j'ai besoin d'aide" etc.) Utilisation de stratégies positives avec rappel verbal des règles écrites (ex: tour de parole) Cas des questions répétitives : lui faire dire lui-même la réponse et l'écrire en lui rappelant de s'y référer (court terme)
Etiologies ? Consensus actuel sur : causalité plurielle et complexe implication de plusieurs facteurs génétiques - risque génétique au sein de la fratrie : 2 à 9 % (« 45 fois + que dans la population générale ») - risque génétique pour jumeaux hétérozygotes : 2 à 9 % - risque génétique pour jumeaux homozygotes : 70 à 90 %
Hypothèses non confirmées pas de lien entre autisme infantile et maladie cœliaque due à intolérance au gluten pas de preuves d’une implication du vaccin rougeole-oreillons-rubéole dans la survenue de TED. En 2009, les données disponibles n’apportent pas la preuve d’une association entre la présence de mercure dans l’environnement et la survenue de TED. Les caractéristiques psychologiques des parents ne sont pas un facteur de risque dans la survenue des TED. La théorie selon laquelle un dysfonctionnement relationnel entre la mère et l’enfant serait la cause du TED de l’enfant est erronée.
Evolution • Variable, selon l’importance du retard mental et de l’acquisition du langage • Meilleur pronostic si prise en charge précoce • Progrès lents, en dents de scie • Stabilisation et amélioration à l’âge adulte • Autonomie sociale plus limitée • Mieux comprendre ce fonctionnement particulier améliore la prise en charge et donc le développement
Prises en charge: principes • Utilisation de supports visuels +++ • Adaptation du langage de l’adulte au niveau de compréhension de l’enfant: éviter phrases complexes, rythme plus lent, exagérer intonations, utilisation de gestes, … • Anticiper changements, adapter le cadre • Communiquer entre adultes
Prise en charge • Multidisciplinaire et multifocale • Thérapeutique, éducative, pédagogique et familiale • Individuelle et/ou en groupe • Différentes méthodes à utiliser si possible en complémentarité
CENTRE RESSOURCE AUTISME ALSACE Une unité pour adultes dans le Bas-Rhin Une unité régionale Brumath, EPSAN pour enfants et adolescents Dr Ionescu/ Dr Hochner Hôpital de l ’Elsau -HUS + Antenne de Rouffach Pr Bursztejn/ Dr Chabaux/ Dr Oberlin Une unité pour adultes dans le Haut-Rhin AIDA (régionale) Colmar, C.H. de Rouffach Colmar, Espace autisme Dr Schaal/ Dr Murad Mme Bouissac
www.cra-alsace.net
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