L'état du mal-logement en France 2017 - Auvergne Rhône-Alpes - Un éclairage ...
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L’état du mal-logement en France 2017 R A P P O RT A N N U E L # 2 2 Auvergne Rhône-Alpes UN ÉCLAIRAGE RÉGIONAL
2 3 Merci aux acteurs qui nous ont ouvert leur porte et accepté de nourrir la réflexion : DREAL, DRDJSCS, DDCSPP07, SIAO des départements du Rhône, Drôme, Puy-de-Dôme, Loire, Isère, Haute-Savoie, Ardèche, Communauté d’Agglomération Porte de l’Isère, Communauté Sommaire d’Agglomération de l’Ouest Rhodanien, CCAS de Rumilly, Alynéa, Relais Ozanam, Édito . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 22e rapport sur le mal-logement les associations Intervalle, Cllaj Tipi et ÉCLAIRAGE AUVERGNE RHÔNE-ALPES 2017 CHAPITRE 1 - Panorama régional . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6 L’Abri en Drôme, Entraide et Abri et Conseil 1.1 La situation économique et sociale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 Habitat Jeunes sud en Ardèche, Passerelle Rapport réalisé par 1.2 Le marché du logement : la sortie de la déprime . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9 42 et ASL dans la Loire, la Communauté _Maud Paul-Hazard, en stage à l’agence 1.3 Logement social : une éclaircie mais des tensions persistantes . . . . . . . . . . . . . . . 12 Emmaüs de Servas, le Collectif Pauvreté Précarité 63, les associations le Mas, Cllaj 1.4 L’hébergement plus que jamais sous tension . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15 _Vincent Amiot Lyon, FNDSA, Alpil pour le Rhône, l’USH _Vanessa Brossard CHAPITRE 2 - Regard sur la demande d’hébergement 74, Amallia &CIL PASS, ADIL 26, MRIE, _Manuel Domergue FNARS, l’ACI du Parc de Montaud & et les situations d’attente des personnes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20 _Noria Derdek 2.1 La demande d’hébergement à l’épreuve des diversités territoriales . . . . . . 21 les collègues des programmes nationaux. _Véronique Gilet 2.2 Les parcours à l’épreuve du dispositif d’hébergement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30 _François Guinet 2.3 Comment les personnes en demande pallient dans l’attente d’un toit ? . . . . . 36 Merci également à Madame M., Élise, Nadia, _Frédérique Kaba Ardian, Edgard, Élias, Najib, Tanguy, Thierry, 2.4 Conclusions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42 _Michel Prost pour leurs témoignages malgré les galères. _Michel Rouge CHAPITRE 3 - Données régionales logement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44 3.1 Les indicateurs démographiques et économiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45 L’agence FAP Auvergne Rhône-Alpes Et avec le soutien du comité 3.2 Les indicateurs de précarité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46 _Carole Thiébaut-George, assistante scientifique suivant 3.3 Le marché du logement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50 _Vanessa Brossard, chargée de mission Thomas Ott, chargée de mission ITD Monde _Véronique Gilet, directrice régionale 3.4 Le parc locatif social . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55 Loïc Bonneval, maître de conférences à 3.5 L’amélioration de l’habitat dans le parc privé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59 l’université de Lyon 2-Centre Max Weber Et les bénévoles de l’agence 3.6 Regard sur la demande logement/hébergement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62 Mame Diop _Vincent Amiot 3.7 Les explusions locatives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63 _Florian Chambolle 3.8 La mise en œuvre du droit au logement opposable . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64 Étude sur les données SIAO réalisée par _Sophie Davy _Pierre Mazet et Ouassim Hamzaoui, 3.9 Les places d’insertion et d’hébergement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66 _Jean-François Deral chercheurs à l’Odenore 3.10 Le paysage régional de l’urgence sociale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67 _Philippe Destailleur _Pierre Drobecq Cahier de témoignages 70 Création/réalisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . _François Guinet _Genaro Studio _Dominique Higel _Génaro Lopez _Marie-Claude Oriol Encart sur l’action _Julie Plozner de la Fondation Abbé Pierre _Anne-Cécile Pollet en Auvergne Rhône-Alpes en 2016 _Michel Prost _Michel Rouge _Philippe Royer _Jean-Claude Vial Photo couverture : ©LjubisaDanilovic
4 5 ÉDITO À l’heure d’ouvrir le champ sur le 22e rapport mal logement, il est apparu important pour la En matière de traitement de l’urgence, la pression est telle que l’on ne sait plus Fondation Abbé Pierre en Auvergne Rhône-Alpes d’alerter sur la dégradation des situations pour qui l’on cherche une place : pour la personne qui arrive à Lyon suite à une mobilité locales pour les personnes très précaires, à travers le prisme de l’hébergement et de la réponse professionnelle ?, pour le demandeur de logement social en attente depuis deux ans ?, pour aux situations de détresse. le réfugié de dernière minute ? etc. Le désarroi des acteurs de la réponse (Préfet, DDCS, SIAO, associations, élus locaux) symétrique En matière d’urgence sociale, nous nous trouvons devant un sujet devenu « trop à la pression du désarroi des personnes en galère ou à la rue, rejaillit sur la manière de travailler gros » autant du point de vue du volume de réponses d’hébergement mises en œuvre, que du des uns et des autres. Pour sortir les personnes de la rue et faire que chaque personne volume des situations de personnes contraintes de les solliciter, à un moment donné de leur vie. mal logée puisse trouver un toit et s’y maintenir, il nous faudra également sortir La déconnexion croissante entre besoins des personnes et leur prise en compte immédiate conduit du risque de repli des acteurs. à laisser des situations dans des zones d’attente de plus en plus longues comptables en mois, voire en années. Les effets sont terribles. Les situations d’attente, de rue ou de dénuement que Pour garantir une cohésion, nous allons avoir besoin de ré-ouvrir des perspectives pour les rencontrent les personnes sont extrêmes. Les espaces de réponses constitués par personnes les plus fragilisées par le système tel qu’il fonctionne actuellement. les dispositifs se trouvent débordés. La pénurie de solutions « déborde » également Nous sommes également invités à trouver ensemble une manière de retrouver sur l’espace public, avec des phénomènes d’hostilités autant que de solidarités de l’air, une respiration collective sur ces sujets, afin que les mouvements que manifestés par la société civile, vis-à-vis de l’accueil de populations vulnérables. rencontrent les personnes privés de toits (faits de rupture familiale, professionnelle, La répétition des volets hivernaux démontre que nous savons agir et mettre en oeuvre des solu- géographique, de logement), parviennent à atteindre, retrouver une destination. tions et le plus souvent rapidement, même si ces solutions ne s’avèrent pas toujours durables. En revanche, nous ne parvenons plus à parler, penser la situation des personnes, en- tendre les parcours et ajuster les réponses. Véronique GILET, Directrice régionale Libérer la parole pour avancer et retrouver l’imagination. Devant la violence vécue des personnes en attente, l’exacerbation des sujets, l’isolement des élus, des autorités et le sentiment d’impuissance des acteurs de terrain, nous mesurons que les grandes difficultés que nous rencontrons ne réclament pas seulement des réactions ou la poursuite de l’action mais d’ouvrir un espace pour travailler ensemble, ouvrir la parole à partir de la situation des personnes. Dans ce processus, la Fondation a toute sa place. Sa fonction est d’alerter mais également de participer à la recherche collective de solutions et d’éclairer, à partir de l’expertise des acteurs, les périmètres et contraintes dans lesquels se situent les ménages oubliés, qui font les frais de la pénurie de logements, du coût des logements, des dispositifs saturés et également du repli politique, économique et social. Nous nous trouvons en présence de personnes avec des questions simples (où dormir, manger, se doucher, permettre à ses enfants d’être en sécurité, comment démarrer un projet) qui font face à des abstractions, incarnées par dispositifs-forteresses qui répondent par filières, silo, éligibilité et priorités d’accès. Les personnes se trouvent prises dans un système d’hébergement sur lequel elles n’arrivent pas à avoir de prise, sur lequel ils ne parviennent pas à se raccorder.
6 Panorama régional 7 Les dimensions de la nouvelle région Auvergne-Rhône-Alpes avec ses douze départements et ses huit millions d’habitants font que les principales données économiques et sociales tendent à se rapprocher de celles de la France métropolitaine. Si les particularismes régionaux s’atténuent, on retrouve derrière les moyennes des disparités territoriales accrues. CHAPITRE 1 1.1 LA SITUATION ÉCONOMIQUE ET SOCIALE Panorama régional 1.1.1 Une démographie toujours dynamique La population de la région Auvergne-Rhône-Alpes serait selon les premières estimations de l’INSEE de 8 015 000 habitants au 1er janvier 2017, soit 12,2 % de la population métropolitaine. Depuis 2014, elle s’est accrue de 69 000 habitants en moyenne chaque année, ce qui équivaut 1.1 La situation économique et sociale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 à un taux de croissance de 0,9 % par an, supérieur au taux de croissance annuel national qui est 1.1.1 Une démographie toujours dynamique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 de 0,5 %. Cette croissance est due pour un tiers à un solde migratoire positif qui témoigne de 1.1.2 Une légère embellie de la situation économique… . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 l’attractivité de la partie rhônalpine de la région déjà soulignée les années précédentes. 1.1.3 … Insuffisante pour enrayer la progression de la précarité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8 Les disparités territoriales des évolutions de la démographie semblent s’atténuer par rapport à la période précédente. La croissance moyenne annuelle sur les trois dernières années est assez 1.2 Le marché du logement : la sortie de la déprime . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9 homogène sur l’ensemble des départements. Elle se situe dans une fourchette comprise entre 0,7 % et 1,2 %. Si la Haute-Savoie reste sans surprise le département le plus dynamique, 1.2.1 Un semblant de redémarrage pour la construction neuve . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9 la croissance s’est légèrement ralentie dans les départements de l’Ain et du Rhône (y compris 1.2.2 Des transactions record et des prix toujours à la hausse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10 la métropole de Lyon). Dans le même temps, les départements ruraux de l’ancienne Auvergne semblent connaître un léger regain de croissance, ainsi que le département de la Loire. 1.3 Logement social : une éclaircie mais des tensions persistantes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12 1.1.2 Une légère embellie de la situation économique… 1.3.1 Forte progression des logements sociaux financés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12 Dès l’année 2015 la situation économique de la région a connu une légère reprise qui s’est confirmée 1.3.2 Une érosion continue du nombre des logements très sociaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13 en 2016. L’emploi salarié est reparti à la hausse avec un taux de croissance de 0,8 % supérieur à celui de la France (+ 0,5 %). C’est la plus forte hausse enregistrée depuis 2010. Elle est principa- 1.3.3 Le nombre des demandeurs toujours en progression . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14 lement portée par le secteur tertiaire marchand, le tourisme et à un degré moindre par un secteur des transports favorisé par la baisse des prix des carburants. Si les créations de micro entreprises 1.4 L’hébergement plus que jamais sous tension . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15 ont marqué un temps d’arrêt (- 21 %), les créations d’entreprises classiques ont bondi de 29 % par rapport à 2014 et les créations de sociétés, en progrès de 3,6 % ont connu leur plus haut niveau depuis 15 ans. Le secteur tertiaire marchand a vu ses emplois progresser de 2 % grâce notamment au commerce, à l’hébergement et la restauration, à l’information-communication, aux services financiers et aux services aux entreprises. Le tourisme en particulier a connu un net rebond avec une progression de 4,7 % des nuits d’hôtels et de camping. La perte d’emplois dans l’industrie s’est réduite (- 0,9 % entre 2014 et 2015). Elle est plus faible qu’au plan national (- 1,2 %). Parmi les points noirs figure la construction qui a vu ses emplois réduits de 2,9 % en 2015. La reprise de la construction de logements constatée en 2016 devrait permettre
8 L’état du mal-logement en France 2017 AUVERGNE RHÔNE-ALPES Panorama régional 9 d’enrayer l’hémorragie mais n’est pas encore suffisante pour créer à nouveau des emplois. de pauvreté. Les ménages de cinq personnes et plus et les jeunes de moins de trente ans accusent Le secteur de l’agriculture, pénalisé par les conditions météorologiques et la baisse des prix, est un taux de pauvreté de 20 %. Les territoires ruraux pâtissent particulièrement de la situation, également en souffrance, mais ce secteur ne pèse que 2 % des emplois régionaux. notamment l’Allier qui compte les plus forts taux de pauvreté de la région pour ces trois catégories de population. Globalement cette embellie se caractérise par une reprise significative des exportations (+ 6 % en 2015) beaucoup plus importante que l’augmentation des importations (+ 2,7 %), bilan La pauvreté a de multiples conséquences, en particulier au niveau des situations de sûrement favorisé par la baisse du cours de l’euro par rapport au dollar. surendettement et du logement. Ainsi on ne sera pas surpris de constater que le plus grand nombre relatif de dossiers de surendettement, en progression partout dans la région ces dernières Cette faible progression de l’emploi a profité principalement aux départements de la Savoie, du années, est au plus haut dans le département de l’Allier, mais aussi dans les départements de la Rhône et de l’Ain. En revanche, l’emploi a continué de reculer dans les départements du Cantal, Loire et de la Haute-Loire. Parmi les situations de surendettement, la proportion de de l’Allier et de l’Isère. dossiers pour impayés d’énergie est importante. Elle est supérieure à 40 % dans les trois départements cités précédemment. C’est un enjeu important pour la région en raison du climat de montagne qu’on retrouve dans les massifs et qui implique une plus grande consommation pour le 1.1.3 … Insuffisante pour enrayer la progression de la précarité chauffage domestique. L’ouest de la région, constitué de zones rurales où l’habitat est essentiel- Si le taux de chômage dans la région avait diminué de 0,4 point au second trimestre 2016 par lement individuel, occupé par des personnes aux revenus modestes, est là où la part des ménages rapport à la situation un an auparavant (8,6 % contre 9 %), ce n’était pas encore suffisant pour qui consacrent plus de 8 % de leurs revenus pour le chauffage est la plus importante ; 23 % à 36 % faire baisser le nombre des demandeurs d’emplois eu égard à l’augmentation de la population des ménages s’y trouvent en situation de précarité énergétique liée au logement. active sur la même période. A la fin du mois de novembre 2016 le nombre des demandeurs de catégorie A s’établissait en Auvergne-Rhône-Alpes à 385 670, en réduction de 13 260 unités, La précarité peut aussi s’observer à travers le nombre des bénéficiaires du RSA. Au premier soit - 3,3 %, pour l’ensemble des trois derniers mois. Cette modeste amélioration a profité à l’ensemble janvier 2016, ils étaient 218 700 en Auvergne-Rhône-Alpes, contre 157 000 au premier janvier des départements dans des proportions à peu près équivalentes. De ce fait les disparités 2010, soit une augmentation de près de 40 % en sept ans. Si ce chiffre s’explique en partie par territoriales ne s’atténuent pas. Le taux de chômage reste supérieur à 10 % dans l’Allier, l’Ardèche la montée en régime du dispositif, il n’en reste pas moins que le nombre des bénéficiaires s’est et la Drôme. Il est inférieur à 7,5 % dans l’Ain, le Cantal, la Savoie et la Haute-Savoie. encore accru de 13 000 unités en 2015, soit plus 6,2 % en un an. Dans le Puy-de-Dôme, la Savoie et la Haute-Savoie, l’augmentation a été supérieure à 7 % ; dans l’Ain, l’Allier et la Haute-Loire La pauvreté définie comme un manque durable de ressources pour vivre décemment elle est restée inférieure à 5 %. Rapportés à la population c’est dans les départements de l’Allier, et subvenir aux besoins de base (seuil fixé à 990 € par mois pour une personne seule) est de la Drôme, de la Loire, du Puy-de-Dôme et du Rhône (Lyon compris) que ces bénéficiaires sont très présente dans notre région. Elle touche 12,3 % de ses habitants (2 points de moins néan- les plus nombreux ; et dans les départements de l’Ain, du Cantal, de la Haute-Loire, de la Savoie moins que sur l’ensemble de la France métropolitaine). Il existe un lien presque direct entre le et de la Haute-Savoie où il y a moins de bénéficiaires. marché de l’emploi et la pauvreté. Mais la pauvreté concerne aussi des personnes qui n’évoluent pas ou plus dans l’univers professionnel : des retraités avec des pensions faibles ou des personnes Au niveau régional, les inégalités de richesse se manifestent également par la proportion de éloignées du marché du travail. Même une activité salariée ou indépendante ne protège pas ménages assujettis à l’impôt sur le revenu : 53 % dans le Rhône (Lyon compris) et en Haute- toujours de la pauvreté en raison des temps partiels, des contrats courts, de la faiblesse des Savoie, contre seulement 37 % dans le Cantal. salaires ou des chiffres d’affaires des travailleurs indépendants. Les territoires sont ainsi inégaux devant la pauvreté. Sans surprise, on retrouve les plus forts taux de pauvreté dans l’Allier, l’Ardèche, la Drôme et la Loire, où ils dépassent la moyenne métropolitaine. Il s’agit de territoires à dominante rurale (hors Saint-Étienne), éloignés des 1.2 LE MARCHÉ DU LOGEMENT : grands pôles urbains, qui comprennent de fortes proportions de personnes âgées, retraitées aux pensions modestes. À l’autre extrémité se situent les départements de l’Ain, de la Savoie et de LA SORTIE DE LA DÉPRIME la Haute-Savoie avec un taux de pauvreté inférieur à 12 % s’expliquant par un plus faible niveau de chômage. Le Cantal fait exception à cette règle, en connaissant à la fois le taux de chômage le plus 1.2.1 Un semblant de redémarrage pour la construction neuve faible de la région (6 %) et le taux de pauvreté le plus élevé (15 %). Cette anomalie s’explique sans doute La reprise de la construction neuve est incontestable sur l’ensemble du territoire par la prépondérance de populations rurales vieillissantes et d’agriculteurs très modestes. C’est dans national mais s’avère moins marquée dans notre région. Après deux années qui avaient vu la ce département qu’on trouve le plus de gens au travail ou à la retraite en situation de pauvreté. construction neuve s’effondrer, l’année 2016 marque un inversement de tendance. Le nombre des logements autorisés en Auvergne-Rhône-Alpes s’établit à la fin du mois d’octobre, sur douze La composition familiale est aussi un déterminant important face à la pauvreté. Les familles mois glissants, à 55 100, en progression de 7 % par rapport à l’année précédente. Mais ce constat monoparentales sont particulièrement touchées, plus d’un quart se trouve en situation encourageant doit toute suite être relativisé au regard de la progression au niveau
10 L’état du mal-logement en France 2017 AUVERGNE RHÔNE-ALPES Panorama régional 11 national, de 15 % d’une année sur l’autre. De même, le nombre des logements commencés particulièrement à Annecy avec un prix médian pour les appartements de 3 650 €/m2 (+ 6,6 %) sur l’ensemble de l’année 2016 (49 000 unités) progresse un peu par rapport à l’année précédente et dans la Drôme (+ 8 % pour la médiane à 1 600 €/m2). Ils sont restés dans la Loire stables (+ 6,8 %), deux fois moins qu’au niveau national (+ 11,2 %). Enfin, le nombre des logements à un très bas niveau (1 000 €/m2 dans le département et même 920 €/m2 à Saint-Étienne pour autorisés reste inférieur de 13 % à ce qu’il était deux ans auparavant. Le comportement les appartements), et ont baissé de 3,7 %, s’agissant des appartements, à Grenoble, engendrant la malthusien d’un certain nombre de maires issus des dernières élections municipales est vraisem- sortie de l’agglomération du Top 10 des métropoles les plus chères. En revanche, on constate dans blablement une des causes principales de cette médiocre performance. Cette relative reprise de la le nord Isère une flambée des prix des maisons, sous l’influence de l’agglomération lyonnaise : construction a vraisemblablement été favorisée par le relèvement des plafonds de ressources du le prix médian des ventes progresse de 10 % à 214 000 € et même de 18 % à 225 000 € dans l’Isère prêt à taux zéro (PTZ). Sur l’ensemble de la région le nombre des prêts accordés a doublé rhodanienne. entre 2015 et 2016, ce qui devrait entraîner la construction supplémentaire de 6 000 logements supplémentaires sur les années 2016 et 2017. La FNAIM fait observer que la baisse des taux d’intérêt a profité aux particuliers dans la mesure où avec un même emprunt (1 000 € de remboursement mensuel sur 20 ans par exemple) ils peuvent Cette offre nouvelle qui est et restera insuffisante dans les prochaines années, est par ailleurs acheter en 2016 un appartement de 70 m2 dans le Rhône, contre 59 m2 seulement en 2011. C’est inadaptée aux besoins des ménages, notamment les plus modestes. Face à ces constats, oublier que pour pouvoir assurer un remboursement mensuel de 1 000 €, il faut disposer d’un l’inquiétude reste de mise. revenu mensuel supérieur à 3 500 €, ce qui exclut plus des trois quarts de nos concitoyens. Seuls les ménages les plus favorisés, capables d’accéder à la propriété, bénéficient donc de cette situation. 1.2.2 Des transactions record et des prix toujours à la hausse Dans ces logements, tout naturellement, le niveau des loyers reste globalement élevé et continue La promotion immobilière a connu en 2016 une année exceptionnelle avec 6 725 ventes sur à augmenter dans les zones tendues. Selon l’observatoire des loyers Clameur, la hausse moyenne la métropole lyonnaise, en hausse de 17 % par rapport à 2015. La forte progression des mises constatée sur les dix premiers mois de 2016 (1 %) efface le léger tassement constaté en 2015. en vente pendant l’année (+ 19 %) entraine une diminution du stock. Il n’est plus que de 4 000 La hausse est plus forte que la moyenne nationale à Lyon. À Grenoble, les loyers progressent en janvier 2017, contre 5 500 deux ans auparavant. Sur le cœur de l’agglomération (Lyon et moins que la moyenne nationale. Selon l’observatoire des loyers de l’agence d’urbanisme, le loyer Villeurbanne) le marché se tend fortement puisque les mises en vente ont reculé de 6 % et que médian sur l’aire urbaine de Lyon était de 11,1 €/m2 en 2015 et de 11,7 €/m2 dans l’agglomération, le stock a diminué de 30 % sur un an. L’essentiel de l’offre se trouve désormais dans la périphérie. ce qui la place au quatrième rang en France derrière Paris, Nice et Montpellier, sensiblement au Selon le CECIM, le prix moyen des appartements neufs vendus sur Lyon métropole en même niveau que Marseille. La FNAIM communique de son côté un niveau moyen des loyers décembre 2016 s’établit à 4 116 €/m2, en hausse de 7 % sur deux ans. Tous les éléments sont dans la ville de Lyon de 13,1 €/m2 en 2016, en progression de 24 % sur les dix dernières années. réunis, y compris une éventuelle remontée des taux d’intérêt, pour que cette hausse se poursuive À Saint-Étienne, le niveau des loyers reste stable en 2016 à 7,6 €/m2, c’est-à-dire 40 % plus faible en 2017. que sur la ville de Lyon. Comme toujours il faut manier ces niveaux moyens ou médians avec la plus grande prudence, le niveau de loyer variant largement selon la typologie du logement. Ainsi L’année 2016 a également vu le niveau des transactions dans l’ancien dans le Rhône (Lyon com- à Lyon, le niveau de loyer médian dans les logements de type T1 s’établit à 14,5 €/m2, un quart pris) dépasser le record atteint en 2011, avec 22 900 ventes. Ce bon chiffre est dû principalement des loyers étant supérieur à 17,4 €/m2. Dans ce contexte, les jeunes, qui recherchent en majorité à des taux d’intérêt historiquement bas. Il est en progression de 8,5 % par rapport à celui de des petits logements, ne peuvent donc accéder à un logement locatif privé que lorsqu’ils ont déjà 2015 qui était déjà supérieur de 10 % à celui de 2014. Mais cette nette reprise de la demande un emploi sécurisé ou des parents assez aisés pour les aider. entraîne là encore une nouvelle progression des prix de 2,2 % sur un an. Le prix moyen s’établit à 3 487 €/m2 à Lyon et à 2 954 €/m2 dans l’ensemble du Rhône. Pour trouver des biens inférieurs L’ensemble de ces chiffres suffit à illustrer le besoin de logements sociaux dans les à 3 000 €/m2 à Lyon il faut aller dans les 5e, 8e ou 9e arrondissements, ou sortir de la ville zones tendues, dont les loyers sont inférieurs de moitié à ceux du parc privé, au centre. Les 2e et 6e arrondissements sont toujours ceux où les prix sont les plus élevés avec un moment où l’insuffisance globale de la construction peut faire craindre une crise niveau moyen de 4 360 €/m2. Ce sont aussi ceux où les prix augmentent le plus d’une année quantitative sévère de l’offre locative privée qui se traduirait à nouveau par une hausse sur l’autre : + 4,7 % dans le 2e et + 3,9 % dans le 6e. Dans le 8e arrondissement le prix moyen est de inexorable des prix. 2 489 €/m2 et il diminue légèrement par rapport à 2015. Ces données fournies par la FNAIM, sont globalement confirmées par les bilans communiqués par les notaires. Ainsi les écarts se Concernant le niveau des loyers à Lyon1, il est également intéressant de différencier les logements creusent d’année en année entre les quartiers les plus recherchés et ceux où les récents (après 2005) dont les loyers sont supérieurs de 20 % aux logements construits dans les prix restent relativement abordables. Tout laisse à penser que la hausse des prix devrait se années 1946-1970, des logements d’avant 1946, qui se situent sensiblement dans la moyenne. poursuivre en 2017 et les écarts continuer à s’accroître. Les niveaux de loyer des nouvelles locations sont globalement supérieurs de 10 % à l’ensemble des loyers. La dernière note de conjoncture des notaires met en évidence les disparités territoriales liées à la tension du marché. Ainsi, les prix se sont encore accrus en 2016 dans les deux Savoie, tout 1 Observatoire des loyers de l’agence d’urbanisme
12 L’état du mal-logement en France 2017 AUVERGNE RHÔNE-ALPES Panorama régional 13 1.3 LOGEMENT SOCIAL : UNE ÉCLAIRCIE certains programmes en PLS et sont souvent contraints pour les réduire à déroger aux plafonds de ressources, ou à baisser les loyers, c’est-à-dire à offrir des logements PLS avec des loyers MAIS DES TENSIONS PERSISTANTES PLUS. On peut penser qu’une part importante de ces logements est financée dans les communes déficitaires au titre de la loi SRU pour satisfaire aux obligations de celle-ci et échapper aux 1.3.1 Forte progression des logements sociaux financés sanctions, sans effrayer les populations résidentes, mais sans se soucier de savoir si cela correspond à un véritable besoin. Le nombre des logements locatifs sociaux financés en 2016 par les services de l’État et les collectivités délégataires s’établit à 16 141 unités, en forte progression par Enfin, on peut aussi s’inquiéter de voir la part grandissante des logements sociaux réalisés en rapport aux années précédentes, puisqu’il plafonnait autour de 13 300 logements depuis VEFA (vente en état de futur achèvement). Celle-ci concerne 43 % de la production en 2016 en 2013 et constituait le meilleur chiffre depuis 2010. Par rapport à 2015, la progression est de 21 %. moyenne sur la région alors qu’elle n’était que de 27 % en 2011. Cette proportion dépasse 55 % Les efforts engagés depuis quelques années pour que ces logements soient situés là où les besoins dans le Rhône et en Haute-Savoie. Ce mode de production avait été privilégié en 2008 pour aider sont les plus criants se poursuivent. Plus des trois quart des logements financés sont les promoteurs privés à traverser la crise de l’immobilier. Aujourd’hui, la logique s’est inversée. situés dans les communes soumises à la loi SRU, et plus de la moitié dans les Ce sont les promoteurs qui viennent au secours des bailleurs sociaux. On peut comprendre que communes déficitaires. Près des deux-tiers des logements qui verront le jour en 2017 et 2018 dans le centre de Lyon, la raréfaction et le coût du foncier fasse de ce mode de production un outil sont situés dans les zones tendues (A et B1, Lyon, Grenoble, Haute-Savoie et péri-genevois). pertinent, d’autant qu’il permet également d’introduire de la mixité sociale dans les programmes Ces logements se répartissent comme suit : 25 % de PLAI, 45 % de PLUS et 30 % de PLS, ou si immobiliers. Mais à côté de ces avantages, ce mode de production du logement social recèle aussi on ne retient que les logements familiaux (12 899 unités) 24,5 % de PLAI, 53,4 % de PLUS et des dangers. Il place les bailleurs sociaux entre les mains des promoteurs, à tel point que certains 22,1 % de PLS. En valeur absolue, le nombre des véritables logements sociaux (PLUS et d’entre eux n’hésitent pas à leur proposer des programmes entièrement en VEFA. Par ailleurs, PLAI) progresse de plus de 2 000 unités après une forte baisse en 2015 et retrouve les bailleurs sociaux eux-mêmes affirment qu’un logement produit en VEFA revient en moyenne un niveau sensiblement équivalent à ce qu’il était en 2010. L’effort demandé par le ministère 7 % plus cher qu’un logement produit en maitrise d’ouvrage directe. du Logement pour accroître la production de petits logements (T1 et T2) a eu peu d’effet. Il est vrai que la bonification financière qui y était consacrée (700 € par logement) n’était guère incitative. Toutefois, dans certains départements, (la Drôme et surtout l’Ardèche), cela a permis la prise de 1.3.2 Une érosion continue du nombre des logements très sociaux conscience que des personnes isolées sont très majoritaires parmi les demandeurs de logements Nous nous inquiétions ici même l’an dernier de la diminution progressive du nombre des sociaux et rencontrent les plus grandes difficultés à se loger ; d’où un effort dans ces départements logements très sociaux, c’est-à-dire ceux proposant des loyers inférieurs ou égaux au loyer plafond pour augmenter la production vers de petits logements. du PLAI. Ce phénomène concerne aussi bien le parc existant que les nouveaux logements livrés. À côté de ces points incontestablement positifs, subsistent des inquiétudes. Dans le parc social, ce sont les logements construits entre les années 1950 et 1975 qui ont les loyers les plus bas. Sur l’ensemble de la région, ces logements sont loués en moyenne à 4,84 €/m2 La première concerne le caractère très hétérogène des variations d’une année sur l’autre suivant (entre 4,11 €/m2 dans l’Ardèche et 5,22 €/m2 en Haute-Savoie). Mais ce sont aussi ces logements les départements. En 2016, la palme de la progression revient au département de la Savoie qui qui ont été massivement démolis au cours des 15 dernières années, ou qui ont fait l’objet de voit le nombre des logements agréés plus que doubler par rapport à 2015, mais 2014 et 2015 réhabilitations lourdes, entrainant des hausses de loyer conséquentes. avaient été marqués par un fort repli dans ce département. Viennent ensuite le département de la Loire (+ 86 %, mais avec là aussi un fort étiage en 2015), le département de la Drôme (+ 65 %), Les logements livrés au cours des vingt dernières années ont des loyers supérieurs le département de Haute-Savoie (+ 43 % sur un an, mais surtout + 75 % sur deux ans) et de 30 % en moyenne à ceux du parc ancien (6,30 €/m2) toutes catégories de financement celui du Rhône (+ 32 %). En revanche, la performance de l’Isère est d’année en année de plus confondues. Même les PLAI, c’est-à-dire les logements censés être très sociaux, sont aujourd’hui en plus inquiétante : 2016 marque une troisième année de baisse consécutive avec seulement livrés avec des loyers supérieurs à ceux du parc ancien. Ils sont en moyenne de 5,26 €/m2, mais 2 079 logements financés (- 7 % sur un an et - 15 % sur trois ans). L’Isère va livrer dans les en Haute-Savoie, dans l’Isère et dans le Rhône, ils dépassent souvent 5,60 €/m2, c’est-à-dire le années qui viennent moins de logements locatifs sociaux que la Haute-Savoie alors loyer plafond du PLUS en zone 2. Pour équilibrer leurs opérations, les bailleurs sociaux utilisent qu’elle est une fois et demi plus peuplée ! les marges locales qui leur permettent de majorer jusqu’à 15 % le plafond règlementaire. Autant dire que le logement PLAI n’est lui-même pas toujours un logement abordable pour les ménages La seconde inquiétude tient au fait que le nombre des PLS agréés continue à augmenter les plus démunis (minima sociaux, emploi partiel, etc). année après année (+ 10 % en 2016, ce qui est certes une progression moindre que celle des PLUS et des PLAI). D’une part, il faut redire que ces logements n’ont de sociaux que Pour que le loyer puisse être réduit il faut que l’aide à l’investissement soit plus élevée. Or, c’est le nom ; à Lyon un couple avec deux enfants ayant un revenu fiscal de référence de 50 000 € peut le contraire qui se produit. Les aides à la pierre de l’État en Rhône-Alpes sont passées prétendre à un PLS. D’autre part, les bailleurs sociaux ont des taux de vacance importants dans de 60 millions d’euros en 2009 à 40 millions en 2016. Un logement PLAI qui était
14 L’état du mal-logement en France 2017 AUVERGNE RHÔNE-ALPES Panorama régional 15 subventionné à 20 % ne l’est plus aujourd’hui qu’à 6 %. Certaines collectivités se sont partiel- avec un objectif de 100 000 logements dont 30 000 dans les copropriétés fragiles, sur l’adaptation lement substituées à ce retrait progressif de l’État, mais les contraintes financières qu’elles des logements à la perte d’autonomie (objectif 15 000 logements) et sur l’humanisation des subissent aujourd’hui ne leur permettent pas toujours d’aller plus loin. Et les bailleurs ne peuvent structures d’hébergement. Le rapport produit au mois de novembre par la Fondation Abbé Pierre, pas non plus augmenter indéfiniment leurs fonds propres, car alors ce serait les loyers du parc à la demande de la ministre du Logement, comporte des propositions concrètes pour relancer existant, c’est-à-dire les locataires HLM qui seraient sollicités pour financer les nouveaux une politique ambitieuse de mobilisation du parc privé à des fins sociales. Malheureusement, logements. Un phénomène analogue s’est produit dans les opérations financées par l’ANRU le retard pris sur cette question, abordée simplement en fin de quinquennat, n’a pas permis leur (agence nationale de rénovation urbaine). Lors du premier plan national de rénovation mise en œuvre. urbaine, dans le cadre de la reconstitution de l’offre, l’ANRU avait inventé un produit, le PLUS CD (construction, démolition) qui permettait de reconstituer les logements démolis à des niveaux de Le bilan des commissions de médiation DALO permet aussi une lecture par département du loyer sensiblement équivalents. Aujourd’hui ce produit n’existe plus, la reconstitution de l’offre mal-logement. Sur l’ensemble de la région, le nombre des recours reçus en 2016 est en s’effectue à 60 % par des PLAI financés par l’ANRU mais au même taux que le droit commun, régression de 7 % pour les recours logements (5 955 recours). Le taux des rejets explicites dont on a vu qu’il ne permettait pas d’offrir des loyers aussi bas que ceux des logements démolis. augmente à 58 % tout en restant nettement inférieur au taux national. Le département du Rhône représente à lui seul la moitié des recours de la région. Après une forte augmentation en 2014 et 2015 (+ 40 % en deux ans), le Rhône enregistre un reflux de 15,5 % des recours reçus. 1.3.3 Le nombre des demandeurs toujours en progression Celui-ci s’explique par le travail conduit par la DDCS avec les travailleurs sociaux pour améliorer Le système national d’enregistrement permet d’avoir une bonne visibilité sur l’évolution année le repérage en amont et la mise en place d’un nouvel outil pour la gestion du contingent après année de la demande de logement social. préfectoral, fortement mobilisé au bénéfice des ménages prioritaires. En Haute-Savoie, le nombre des recours déposés connaît une nouvelle hausse de 17,5 %. Il avait déjà augmenté de 179 % En Auvergne, la situation est à peu près stable au 1er janvier 2017 par rapport à ce qu’elle était entre 2012 et 2015. Heureusement les relogements suivent cette tendance grâce à une plus forte au 1er janvier 2016. Le nombre des demandeurs est même en légère baisse (1 302 demandes mobilisation des bailleurs et à une livraison de programmes neufs plus importante (voir 1.3.1 en moins). Le nombre des nouvelles demandes enregistrées en 2016 (20 674) représente 80 % page 12). Dans l’Isère, on constate une baisse de 10 % grâce semble-t-il à un meilleur travail en des demandes qui étaient actives au 1er janvier 2016. Le nombre des attributions dans l’année a amont des travailleurs sociaux initié par le président de la COMED (Commission de médiation). été de 8 739. Le stock au 1er janvier représente donc un peu moins de trois années d’attribution. Le nombre des recours baisse aussi de 18 % dans le Puy-de-Dôme. Dans les autres départements Mais la situation est très contrastée entre le Puy-de-Dôme qui voit le nombre des demandes les variations ne sont pas significatives. S’agissant des recours hébergement, on observe actives fléchir de 1 % (- 1 706) et le Cantal où elles font un bond de 27,8 % (+ 346). une baisse globale de 13 % des recours déposés, qui se retrouve plus ou moins dans tous les départements. Le département du Rhône enregistre 66 % des recours de la région En Rhône-Alpes en revanche la file d’attente s’est à nouveau allongée. Le nombre dont plus de 10 % sont devenus sans objet au moment du passage en commission et 90 % des demandes en cours il y a un an était de 159 540, il est aujourd’hui de 170 315, soit une des recours déposés avait fait l’objet d’une décision explicite au 13 janvier 2017. augmentation de 6,8 %. Plus de la moitié de ces demandeurs supplémentaires se trouve dans le département du Rhône (Lyon compris) qui voit son stock progresser de 10 %. Les demandeurs du Rhône représentent 38 % des demandeurs de Rhône-Alpes, alors que les attributions faites en 2016 dans ce département ne représentent que 24 % des attributions dans l’ancienne région. 1.4 L’HÉBERGEMENT PLUS QUE JAMAIS Dans le Rhône, avec 13 640 attributions par an (chiffre 2016), il faudrait l’équivalent SOUS TENSION de 5 années pour écouler les demandes en cours. Le nombre des nouvelles demandes enregistrées en 2016 est trois fois et demi supérieur au nombre des logements attribués pendant La rigueur de l’hiver 2016-2017 a mis à nouveau en exergue la difficulté des pouvoirs publics l’année. à offrir un toit à tous les sans-abris. L’État a pourtant fait ces dernières années un effort sans précédent pour accroitre le nombre des places en structures d’hébergement. Mais force est de Le fait que le parc privé ne participe plus au logement locatif à vocation sociale est constater que celui-ci n’a pas suffi à répondre à la demande qui croissait parallèlement. Au SIAO une des causes aggravantes de cet engorgement. Il y a une dizaine d’années le nombre du Rhône le volume des nouvelles demandes a doublé en cinq ans, passant de 4 000 des logements privés à loyers modérés conventionnés par l’ANAH était voisin de 40 000 par à 8 000 et les demandes en attente ont décroché sur la période malgré le quasi an (France entière). La réorientation des priorités de l’agence vers la précarité énergétique a triplement des réponses (passées de 1 000 à presque 3 000). Face à cette situation, l’embolie fait tomber ce chiffre à moins de 10 000. En 2016, dans notre région, comme l’année des structures, l’allongement des durées de séjour, les délais croissant pour obtenir - dans précédente, près de 90 % des logements aidés par l’ANAH appartenaient à des le meilleur des cas - une réponse, tendent à atténuer fortement la distinction traditionnelle propriétaires occupants. Au niveau national, le budget 2017 dédié à l’habitat privé sera en entre hébergement d’urgence et hébergement d’insertion. Les nuitées d’hôtels que l’État voulait forte augmentation par rapport à 2016 : + 122 M€ pour l’ANAH (soit + 18 %) et + 45 M€ pour voir disparaître - à juste titre tant elles coûtent cher à la collectivité - sont toujours mobilisées, le FART (soit + 32 %), mais les priorités restent orientées sur le programme « Habiter mieux » faute de mieux.
16 L’état du mal-logement en France 2017 AUVERGNE RHÔNE-ALPES Panorama régional 17 Quelques chiffres illustrent cette situation plus que préoccupante et moralement inacceptable. Au premier semestre 2015, sur plus de 9 000 demandes d’hébergement recensées par la DDCS du Rhône, à peine un quart ont pu être satisfaites. Dans les CHRS du Rhône, de l’Isère et de la Haute -Savoie, près de la moitié des ménages hébergés étaient présents depuis plus de deux ans au 1er janvier 2016. Dans ces mêmes départements, à peine plus de la moitié des sorties d’hébergement se sont faites vers un logement. Le premier motif de blocage vers la sortie est partout la faiblesse des ressources (entre 20 et 32 %), ce qui met en évidence le manque cruel de logements à loyers très sociaux. Les deux autres motifs qui viennent ensuite sont le manque de places en logements et les problématiques d’accès au droit. À Lyon dans certaines structures, les déboutés du droit d’asile représentent près des deux tiers des occupants ; il est clair qu’il n’y aura pas de solutions pérennes pour ceux-là sans ouvrir des perspectives à ces catégories de « sans-droits » et donc concrètement, d’ouvrir des voies d’accès au séjour légal. Au niveau régional, là encore, la situation est variable en fonction de la tension du marché du logement. À titre d’exemple, dans l’Ardèche le pourcentage des demandeurs effectivement hébergés était en 2015 deux fois plus élevé qu’en Haute-Savoie et trois fois plus élevé que dans l’Isère. Enfin, si la mise en place des SIAO a incontestablement constitué un progrès dans la connaissance et le traitement de la demande, les zones d’ombre restent importantes. Que deviennent ceux qui pour une raison ou une autre refusent la proposition d’hébergement qui leur est faite, que deviennent ceux qui sortent de l’hébergement sans accéder à un logement (ils sont entre 30 et 50 % suivant les départements) ? Pour progresser dans ce domaine, une condition nécessaire - elle ne sera pas suffisante - passe par une meilleure connaissance des ménages en situation de grande précarité.
18 Regard sur la demande d’hébergement et les situations d’attente des personnes 19 Dans le prolongement de son rapport 2016 et de sa focale sur le risque de perte du logement CHAPITRE 2 (Regard sur les expulsions à partir de la formation de l’impayé), l’agence régionale a souhaité poursuivre son exploration des situations de mal-logement à travers le prisme de la demande Regard sur la demande d’un toit d’attente en urgence. Les parcours qui mènent à l’urgence et leur mode de prise en charge via la demande d’hébergement sont-ils les mêmes sur les différents territoires d’Auvergne Rhône-Alpes ? d’hébergement Qu’enseigne le traitement des situations de détresse, depuis des territoires détendus jusqu’aux zones plus tendues ? Qu’enseigne le parcours d’attente des personnes sur les corrections à apporter au dispositif que ce et les situations d’attente soit pour les ménages hébergés en attente d’un logement ordinaire et pérenne, pour les ménages en attente d’un hébergement ? Les ménages ont-ils recours à des solutions alternatives, quelles sont- elles ? En quoi ces solutions questionnent les dispositifs d’accueil des personnes sans domicile ? Comment repenser les services en tenant compte des différentes temporalités (administra- des personnes tives et individuelles) ? Comment revisiter l’accès à des réponses habitat en circuit court ? La croissance de la demande d’hébergement (insertion, urgence), dans un contexte paradoxal d’accroissement de l’offre d’hébergement au niveau régional (+ 53 % de places supplémentaires 2.1 La demande d’hébergement à l’épreuve d’hébergement et + 67 % de places d’urgence supplémentaires sur la période 2010-2016)1, autant des diversités territoriales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21 que de pénurie de logements accessibles, conduit de façon symétrique à un durcissement des situations de détresse (squat, bidonvilles, rue). 2.1.1 Regard sur les données SIAO d’Isère, de Haute-Savoie et d’Ardèche . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23 2.1.2 Les situations de détresse vues depuis les avant-postes Au regard du fonctionnement des systèmes de réponses aux personnes en difficultés de logement, de la lutte contre la grande exclusion en Auvergne-Rhône-Alpes, les mots eux-mêmes perdent leur sens pour transcrire le réel. partenaires de la Fondation Abbé Pierre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27 Que veut dire « héberger en urgence » quand bon nombre de ménages attendent 8-10 mois 2.1.3 La demande de toit en urgence aux portes des grandes agglomérations pour obtenir une place2, contraints de recourir à des refuges précaires, voire dangereux ? tendues, quatre illustrations à : Rumilly, l’Isle-d’Abeau, Tarare et à Privas . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29 Que veut dire accompagner les ménages en situation de détresse quand on les remet à la rue en fin d’hiver ? 2.2 Les parcours à l’épreuve du dispositif d’hébergement . . . . . 30 Qu’est-ce que « l’hébergement d’urgence » ou « d’insertion » quand on y reste des années (2,3 ans en moyenne)3 ? 2.2.1 Regard sur l’amont : les profils de ménages hébergés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30 2.2.2 Regard sur l’aval : la sortie de l’hébergement vers le logement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32 Dans ce chapitre, nous allons explorer tout à la fois, les volumes (de demandes, de réponses, etc.) 2.2.3 De la demande à la sortie d’hébergement : quels vécu sur les différents territoires, les parcours, les trajectoires et besoins de ceux qui formulent et perceptions des personnes hébergées ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33 une demande à un moment donné pour des raisons conjoncturelles, ou de ceux qui demandent de façon récurrente et, pour finir, de ceux qui ne demandent plus rien au risque de devenir totalement invisibles des dispositifs publics. 2.3 Comment les personnes en demande pallient dans l’attente d’un toit ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36 1 Les taux d’évolution entre 2010 et 2016 du nombre de places d’urgence du dispositif d’hébergement territorial sont 2.3.1 Le quotidien à la rue : portrait de Madame M. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37 importants avec des variations entre les départements : + 39 % en Ardèche, + 76 % en Haute-Savoie, +198 % dans le Rhône et + 218 % dans l’Isère 269 %. A noter qu’une partie de ces places sont pérennisées et d’autres ne le sont pas 2.3.2 Les parcours d’attente dans l’agglomération lyonnaise, pour les personnes qui les occupent (s’ouvrent et se ferment annuellement). vus d’une permanence d’accès aux droits . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38 2 Sur le Rhône, près de 2 000 personnes demandent un hébergement d’urgence et seules… 27 ont accédé effectivement 2.3.3 Aux marges des dispositifs contraints : entre solutions bricolées à une place depuis janvier 2016. et quête de lieux de vie adaptés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40 3 Sur la Métropole de Lyon, pour le premier semestre 2015, 9 153 demandes d’hébergement ont été recensées par la DDCS. Sur ces demandes, seules 2 254 ont pu être satisfaites (soit 1 demande sur 4). Plus grave encore, le nombre de personnes sorties de l’hébergement vers un logement ordinaire ou accompagnées pendant cette période n’a été que de 391, et ceci après une durée moyenne de séjour de 500 jours (c’est-à-dire presque deux ans) en CHRS ou en hôtel et de 838 jours 2.4 Conclusions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42 (c’est-à-dire presque trois ans !) hors CHRS.
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