La contribution des émotions de l'enfant et de la sensibilité maternelle dans la relation d'attachement - Mémoire Elsa Tremblay Maîtrise en ...

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La contribution des émotions de l’enfant et de la
sensibilité maternelle dans la relation d'attachement

                          Mémoire

                        Elsa Tremblay

            Maîtrise en psychologie - avec mémoire
                      Maître ès arts (M.A.)

                       Québec, Canada

                    © Elsa Tremblay, 2021
Résumé

       Avant l’apparition du langage, les nourrissons dépendent fortement de la capacité de
leur parent à percevoir, interpréter et répondre à leurs signaux de communication. À cet effet,
les manifestations émotionnelles constituent un canal essentiel pour la transmission de
signaux permettant au parent de cerner les besoins, les émotions et d’y répondre
adéquatement. Ces expressions impliquent souvent des signes de joie, d’intérêt, de colère, de
peur ou de tristesse. Les expressions faciales sont également empruntées par le parent pour
refléter les états émotionnels du nourrisson, ce qui est essentiel pour la différenciation, la
compréhension et la régulation des émotions chez le nourrisson.

       Pour plusieurs théoriciens, ces aspects développementaux se manifestent dans un
premier temps dans le cadre de la relation d’attachement qui se tisse entre le parent et l’enfant.
Les réponses parentales aux manifestations émotionnelles incarnent le concept de la
sensibilité maternelle qui contribue de manière importante au développement de ce premier
lien. Or, très peu d’études ont porté un regard impliquant les manifestations émotionnelles et
la sensibilité maternelle dans le développement de l’attachement. L’objectif principal de ce
mémoire de maîtrise est de documenter le lien entre les manifestations émotionnelles de
l’enfant et de la sensibilité maternelle dans le développement de la relation d’attachement.
Au total, 80 dyades mère-enfant ont été évaluées dans le cadre d’une étude longitudinale, les
interactions quotidiennes, les modèles de manifestations émotionnelles de l’enfant et le
développement de l’attachement ont été observés lorsque l’enfant était âgé de 4 à 16 mois.
Des corrélations et des analyses factorielles avec rotation varimax ont été effectuées afin de
distinguer les grands patrons de réponses émotionnelles qui se dégagent des deux tâches. Les
résultats ne montrent, de manière surprenante, aucune corrélation entre les émotions des
nourrissons et la sensibilité maternelle. Également, aucun lien n’a pu être établi entre le
développement émotionnel de l’enfant et les processus d’attachement.

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Table des matières

Résumé ................................................................................................................................ ii
Table des matières .............................................................................................................. iii
Introduction ......................................................................................................................... 1
Chapitre 1 - Cadre théorique et empirique .......................................................................... 4
   Les processus d’attachement :les interactions parent-enfant et la sensibilité maternelle 4
   L’attachement et le développement émotionnel.............................................................. 7
   La sensibilité maternelle................................................................................................ 10
   Les émotions chez le nourrisson ................................................................................... 12
   Les manifestations émotionnelles ................................................................................. 16
   Attachement et manifestations émotionnelles ............................................................... 19
   Limites des études répertoriées ..................................................................................... 21
Chapitre 2 - Objectifs et hypothèses ................................................................................. 23
Chapitre 3 – Méthodologie ................................................................................................ 24
Chapitre 4 - Résultats ........................................................................................................ 30
Chapitre 5 – Discussion..................................................................................................... 33
   Points forts et limites ..................................................................................................... 39
Conclusion ......................................................................................................................... 41
Références ......................................................................................................................... 42
Tableau 1 ........................................................................................................................... 58
Tableau 2 ........................................................................................................................... 59
Tableau 3 ........................................................................................................................... 60
Tableau 4 ........................................................................................................................... 61
Tableau 5 ........................................................................................................................... 62
Tableau 6 ........................................................................................................................... 63
Tableau 7 ........................................................................................................................... 64
Tableau 8 ........................................................................................................................... 65
Annexe A........................................................................................................................... 66
Annexe B ........................................................................................................................... 67
Annexe C ........................................................................................................................... 68
Annexe D........................................................................................................................... 71

                                                                     iii
Remerciement

       Ce mémoire de maîtrise marque la fin de mon passage au 2e cycle et l’arrivée de
nouveaux défis. Avant d’entreprendre une nouvelle aventure, c’est l’occasion pour moi de
remercier plusieurs personnes sans qui cet accomplissement n’aurait pu être possible.

       Je tiens d’abord à remercier mon directeur, George Tarabulsy, de m’avoir si bien
accueillie au sein du laboratoire GénérationS, j’ai eu l’opportunité de faire partie d’une
grande famille remplie d’étudiants déterminés entourés de projets captivants. Un milieu de
recherche enrichissant, passionnant et vivant qui m’a permis d’approfondir mes
connaissances et de découvrir mes intérêts de recherche. À titre de directeur de recherche,
Monsieur Tarabusly a su m’accompagner, me guider, m’encourager et me soutenir à travers
l’ensemble de mon parcours universitaire. Je vous remercie pour votre confiance,
dévouement, disponibilité et votre écoute lors de chacune des étapes de mon cheminement.
En considérant mes interprétations et en consolidant mes réflexions, vous avez su faire
grandir mon attachement envers le développement de l’enfant.

       Je souhaite remercier ma famille et mes amis de s’être intéressés de près ou de loin à
mon projet. Un merci spécial à ma maman qui a su me rassurer, me motiver, m’épauler et me
soutenir pendant l’entièreté de mon cheminement scolaire. Je remercie également madame
Claire Baudry et madame Jessica Pearson qui ont su m’inspirer et croire en moi, votre intérêt
et vos conseils ont motivé et enrichie l’objectif derrière toutes ces heures de travail.

       Ensuite, je remercie le Centre de recherche universitaire sur les jeunes et les familles
(CRUJeF) pour leur soutien financier lors de mon parcours au 2e cycle. Merci de reconnaître
la contribution sociale et scientifique du travail des étudiants !

       Finalement, je tiens à remercier toutes les familles qui ont offert de leur temps au
cours de ce programme de recherche permettant de recueillir de précieuses informations.

                                                iv
Introduction

        La recherche sur le développement de l’enfant démontre l’importance de la régulation des
émotions pour le développement de l’enfant (Lewis, 2011). Un développement émotionnel
harmonieux dispose les enfants à être plus attentifs, à adopter des comportements empathiques, à
exprimer des émotions adaptées dans un contexte donné, à emprunter des stratégies adaptatives
pour contrer les émotions négatives et à réduire la présence de facteurs de risque lié à la
psychopathologie (Lewis, 2011). La régulation émotionnelle concerne cette capacité chez l’enfant
de manifester un niveau et une qualité émotionnelle cohérente avec les besoins qui se présente
dans son environnement (Thompson, 1994). En fait, dès un très jeune âge, les enfants sont en
mesure d’éprouver une multitude d’émotions dites primaires telles que la peur, la colère, la
tristesse, l’intérêt et la joie (Lewis, 2011). Pour plusieurs chercheurs, ces compétences de
régulation émotionnelle sont, en partie, apprises dans le cadre du premier lien avec le parent qui
commence à se développer dès la naissance. Dans ce contexte, il est important de souligner que
plusieurs recherches démontrent que la qualité des interactions parent-enfant au cours de la petite
enfance a une influence importante sur le développement de la relation d'attachement (Bakermans-
Kranenburg et al., 2003; Biro et al., 2015 ; De Wolff & van IJzendoorn, 1997) et que la sécurité
expérimentée dans cette relation a un impact sur les compétences de régulation des émotions
pouvant se manifester dans le cadre de ce lien ou dans d’autres contextes (Fearon et al., 2010; Groh
et al., 2012 ; Sroufe et al., 2005).

        Ces travaux sont à la base d’une hypothèse importante voulant que la mesure précise de
l’organisation émotionnelle de l’enfant, surtout en début de vie, peut nous donner un aperçu de la
trajectoire développementale sur laquelle s’engage ce dernier (Broidy et al., 2003 ; Sroufe et al.,
2005). L'approche fonctionnaliste conçoit l’émotion comme un processus relationnel découlant de
transactions significatives entre l’individu et l’environnement (Soussignan & Schaal, 2005). Dans
ce contexte, les méthodes utilisées pour identifier les émotions manifestées par les nourrissons sont
des tâches qui suscitent de la frustration et de la méfiance chez l’enfant (Kim et al., 2014). Celles-
ci permettent d’observer les stratégies de régulation des nourrissons au cours de tâches qui devrait
générer une réponse émotionnelle spécifique.

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Le but de ce projet est d’examiner la manière dont les manifestations émotionnelles des
enfants durant la période du nourrisson et la sensibilité maternelle sont associées ensemble et
comment les deux prédisent l’attachement à 16 mois. Une récente méta-analyse de Cooke et al.
(2019), démontre comment l'attachement est lié aux expériences affectives et à la régulation des
émotions tout au long du développement. Lors de leur étude, ils ont établi une distinction entre les
émotions négatives et positives et ont pu constater que les enfants avec un attachement sécure1
avaient une meilleure habilité à réguler leurs émotions, vivaient moins d’émotions négatives en
plus d’utiliser plus souvent des stratégies d’adaptation de soutien social, surtout en se référant à
leur parent, comparativement aux enfants avec un attachement insécure qui éprouvaient davantage
d’émotions négatives, avaient plus de difficulté à réguler leurs émotions et avaient moins tendance
à se référer à leur parent. En effet, la littérature sur l’attachement et les émotions de l’enfant a
démontré l’influence de l’attachement sur la régulation des émotions, plus particulièrement face
aux émotions négatives, et l’importance de la compréhension des émotions et des stratégies de
soutien social (Brumariu, 2015 ; Waters et al., 2010). Cependant, les études incluses dans cette
méta-analyse portent surtout sur des liens concurrents ou prédictifs entre l’attachement et la
régulation des émotions. Très peu d’études ont examiné si et comment les émotions des enfants en
bas âge sont associées à l’émergence de l’attachement, en tenant compte de la sensibilité
manifestée par les parents lors d’interactions quotidiennes avec leur enfant. C’est l’objectif de
l’étude actuelle. Deux tâches suscitant des émotions négatives (la tâche de limitation et la tâche de
nouveauté) ont été administrées pour générer respectivement de la frustration et de la méfiance
chez l’enfant, des observations au domicile des familles sont réalisées afin de déterminer le niveau
de sensibilité maternelle dans le cadre d’interactions quotidiennes et des rencontres de laboratoire
sont également réalisées afin d’évaluer la sécurité d’attachement chez l’enfant. L’étude actuelle se
réalise auprès de participants pouvant être considérés comme étant à risque sur le plan social, soit
de jeunes enfants de mères peu scolarisées, âgées de moins de 24 ans.

         Le présent projet de mémoire est divisé en six sections. La première section comprend une
recension de la littérature portant sur les émotions négatives et sur l’attachement parent-enfant.
Dans cette section, les liens entre l’attachement, la sensibilité maternelle, les émotions chez le

1
  Les termes « sécure », « insécure-évitant » et « insécure-ambivalent » représentant les patrons d’attachement, ont
été choisis, dans cet ouvrage, afin d’alléger le texte. Ceux-ci seront davantage définis au chapitre 1.

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nourrisson ainsi que l’attachement et les manifestations émotionnelles sont abordés. La seconde
section expose les limites conceptuelles et méthodologiques rencontrées. La troisième partie fait
état des objectifs de l’étude. La quatrième section porte sur la méthodologie utilisée pour réaliser
ce projet. La cinquième section consiste à rapporter les analyses et les résultats de cette étude.
Enfin, sixièmement, une discussion des principaux résultats est proposée.

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Chapitre 1 - Cadre théorique et empirique

Les processus d’attachement : les interactions parent-enfant et la sensibilité maternelle

       Depuis les 50 dernières années, le domaine de l’attachement parent-enfant est devenu parmi
les concepts les mieux documentés de la science du développement social et émotionnel de l’enfant
(Lemelin et al., 2012). À la base, Bowlby (1969), cherchait à démontrer que la relation qui s’établit
entre l’enfant et ses donneurs de soins principaux constitue un mécanisme visant à assurer la survie
et le développement de l’adaptation de l’enfant. Ces énoncés de Bowlby dans lesquels on postulait
un rôle crucial aux liens parent-enfant s’établissaient dans le cadre d’un contexte scientifique
dominé par les approches béhavioristes et psychanalytiques, dans lesquels ces liens étaient perçus
comme étant moins importants (Lamb et al., 2013). Pour Bowlby, l’attachement parent-enfant
impliquait les processus essentiels à la base de nombreux autres aspects du développement social
et émotionnel de l’enfant.

       En effet, dans la mesure où l’attachement est évalué comme étant sécurisant pour l’enfant,
il favorise l’émergence d’un développement harmonieux à moyen et long terme. Inspirée par les
travaux de Bowlby, Mary Ainsworth (1967) s’est dédié à l’observation des interactions parent-
enfant dans différents contextes naturels et de laboratoire. Ses travaux ont donné lieu à la
description de trois catégories distinctes d’attachement reflétant l’histoire des interactions entre
enfant et parent ; l’attachement sécure, l’attachement insécure-évitant et l’attachement insécure-
ambivalent (Ainsworth et al., 1978). L’attachement sécure se développe dans le cadre
d’interactions impliquant un parent qui répond de manière sensible, prévisible et cohérente aux
signaux, aux émotions et aux besoins que l’enfant manifeste. Le parent interprète correctement les
signaux de l’enfant et y répond de manière prompte et appropriée dans le cadre d’interactions
quotidiennes et lorsque l’enfant manifeste des besoins ou de la détresse. L’attachement insécure-
évitant se développe dans le cadre d’interactions impliquant un parent qui peut ne pas percevoir
les signaux et émotions de son enfant. Parfois, le parent peut rejeter les manifestations
émotionnelles de l’enfant, valorisant davantage la compétence et l’autonomie chez ce dernier
(Pederson & Moran, 1996). Dans cette perspective, sur le plan théorique, on présume que l’enfant
expérimente ces comportements comme étant une forme de rejet de la part du parent de ses
demandes d’affection ou de ses manifestations émotionnelles. Parfois, le parent est intrusif,

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semblant ne pas se préoccuper de l’intérêt de l’enfant et imposant un rythme et un contenu
inapproprié aux interactions avec son enfant. Dans de telles relations, l’enfant apprend à ne pas
rechercher le contact et la proximité physique avec le parent et l’enfant assimile rapidement qu’il
doit gérer ses enjeux émotionnels en faisant le moins souvent référence à sa figure d’attachement
(Pederson et al., 2014). Une certaine inhibition du système d’attachement est ainsi décelée chez le
nourrisson. Le modèle insécure-ambivalent se développe dans le cadre d’interactions impliquant
un parent qui répond de manière imprévisible aux signaux de l’enfant et de façon à accentuer les
manifestations émotionnelles. En fait, bien que le parent puisse manifester des réponses
appropriées, elles sont souvent imprévisibles. Cette imprévisibilité cause chez l’enfant le besoin
d’augmenter ses manifestations. Dans un tel contexte, le parent ne répond qu’à des manifestations
émotionnelles fréquentes ou continues à travers le temps (Pederson & Moran, 1995 ; 1996). Ces
trois catégories d’attachement étaient à la base de la majorité des travaux jusqu’au milieu des
années 1990.

       Quelques années plus tard, s’est ajoutée la notion de l’attachement désorganisé (Main &
Solomon, 1986). L’attachement désorganisé évoque plusieurs constats. Selon les premières
descriptions du phénomène (Main & Solomon, 1986 ;1990) et d’un point de vue développemental,
la désorganisation se réfère au fait que l’enfant a peur du parent. Que ce soit pour des raisons de
maltraitance (Lyons-Ruth & Jacovitz, 2008 ; Savage et al., 2019) ou par le fait d’avoir une
approche plus mésadaptée, le parent qui devrait être une source de réconfort est plutôt associé à
l’origine de la peur et amène l’enfant à devoir gérer cette peur. La détresse de l’enfant se manifeste
dans les interactions par des comportements incomplets (des approches du parent interrompues),
une désorientation face au parent, ou encore l’adoption de stratégie d’attachement contradictoire
(par exemple, une manifestation d’évitement du parent, tout en tendant les bras ; Main & Solomon,
1990). À la base de ces comportements inusités, on présume un certain niveau de peur ou de crainte
chez l’enfant qui s’expérimente dans le cadre des interactions quotidiennes.

       La principale procédure pour évaluer l’attachement est la Situation étrangère (SE)
développée par Mary Ainsworth suite à ses nombreuses observations en milieu naturel (Ainsworth,
1967) et en laboratoire (Ainsworth et al., 1978). Cette procédure comprend sept épisodes de 3
minutes, dont deux séparations et deux retrouvailles avec la mère, et deux séquences d’interactions

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avec une étrangère. Les comportements d’attachement des enfants sont codés à partir de bandes
vidéo conformément aux échelles d’attachement organisées d’Ainsworth et al. (1978) et le système
de codage de Main et Solomon (1990) pour classifier la désorganisation de l'attachement. En fait,
plusieurs études ont été menées afin de démontrer que la SE est une mesure d’attachement qui
reflète l’expérience de l’enfant dans son quotidien (Moss et al., 2005 ; Pederson & Moran, 1996 ;
Steele et al., 2008).

       À la base, la SE capitalise sur le fait que les courtes séparations entre l’enfant et son parent
suscitent des émotions négatives et qu’au retour du parent, la dyade doit interagir afin de soutenir
la régulation des émotions chez l’enfant. Le type d’attachement est inféré à partir du comportement
de l’enfant prioritairement (Ainsworth et al., 1978). Dans l’attachement sécure, l’enfant en détresse
se rend à son parent, recherche le contact physique ou l’interaction, afin de l’aider à réguler sa
détresse et puis il retourne au jeu et à l’exploration. Dans l’attachement insécure-évitant, l’enfant
gère sa détresse seul, parfois bien que le parent l’invite à venir le voir. La plupart du temps, l’enfant
s’éloigne du parent, malgré son malaise évident. Enfin, dans l’attachement insécure-ambivalent,
l’enfant se rend vers le parent, établis un contact physique et une proximité, mais sa détresse
persiste et parfois se transforme en une sorte de passivité ou de colère à l’égard du parent. L’enfant
dans un attachement insécure-ambivalent peut demander à être pris dans les bras du parent puis
demander à être déposé par terre même s’il est évident qu’il soit toujours en détresse. Dans
l’attachement désorganisé, on voit des indices de peur ou de crainte chez l’enfant (approche avec
la tête baissée ; l’enfant se cache au retour du parent) ainsi que des comportements inusités :
l’enfant fige pendant de longues périodes ; l’enfant s’approche du parent, mais bifurque à la
dernière minute ; l’enfant manifeste sa détresse au départ du parent, mais s’éloigne de lui en
pleurant à son retour.

       Dans les premières années de l’étude de l’attachement, plusieurs recherches ont été
réalisées afin de valider l’idée que les catégories d’attachement dérivées de la SE correspondent
aux expériences relationnelles durant la petite enfance (Tarabulsy & Symons, 2016). Cependant,
bien que les chercheurs pensent que d’autres aspects dans les processus d’attachement devraient
être mesurés, ces derniers ont confiance en la SE au point où celle-ci est devenue une sorte de
standard dans l’évaluation de cette première relation (Waters et al., 2013). À cet effet, un des

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consensus qui se dégage de ce domaine de recherche est que le nourrisson qui grandit dans des
situations de risque social et qui développe un attachement insécure ou désorganisé aura des
modèles d’expressions d’émotions négatives différents de l’enfant qui développe un attachement
sécure et dont le développement a lieu dans des contextes plus favorables (Raikes & Thompson,
2005).

         Or, de telles différences ont rarement été considérées. Historiquement, la recherche a
surtout mis l’accent sur les liens entre la qualité des interactions parent-enfant et les classifications
de l’attachement dans la SE (Tarabulsy & Symons, 2016). Les différences identifiées au niveau du
type d’attachement perçu dans la SE sont associées à la sensibilité maternelle, à sa capacité de
percevoir les signaux de l’enfant, à les interpréter et à y répondre de manières adéquates (Leyhn
et al., 2016). D’autres travaux ont mis en lien l’attachement et le développement ultérieur de
l’enfant. En effet, à partir de 2010, plusieurs méta-analyses et recensions des écrits mettent en
évidence la validité prédictive de l’attachement tel qu’il est mesuré dans la SE. Fearon et ses
collègues (2010) ont démontré des liens entre l’attachement insécure, surtout l’attachement
désorganisé, et l’émergence d’enjeux externalisés. Madigan et ses collègues (2012) ont fait de
même avec les difficultés intériorisées. D’autres travaux font le lien avec le développement
langagier et cognitif (van IJzendoorn et al., 1995). En somme, la validité de l’attachement s’est
construite au fil des années en établissant les liens avec la sensibilité maternelle lors d’interactions
quotidiennes et en démontrant des liens entre l’attachement et la suite du développement de
l’enfant. Cependant, certains enjeux théoriques centraux en lien avec les manifestations
émotionnelles des enfants en bas âges ont fait l’objet de très peu de travaux empiriques.

L’attachement et le développement émotionnel

         L’attachement, au même titre que l’apport nutritionnel, est estimé comme un besoin
primaire à un enjeu vital (Miljkovitch, 2001). La nature du lien entre l’enfant et son parent semble
être essentielle. L’enfant arrive dans le monde en étant complètement dépendant de son parent
pour sa survie et pour le soutenir dans les apprentissages essentiels qui vont le guider à travers son
développement. Les processus et manifestations émotionnels chez l’enfant sont perçus comme
étant des moyens pour ces derniers de communiquer leurs états et leurs besoins à leur figure
d’attachement. Les nourrissons affichent des émotions, et ce, dès leur naissance. Ils empruntent

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ces états affectifs pour plusieurs raisons donc, entre autres, pour exprimer leur inconfort. On
perçoit ces processus interactifs comme étant à la base de l’apprentissage de la gestion ou de la
régulation des émotions chez l’enfant. Sachant que l’enfant n’a pas encore acquis de stratégies
pour réguler ses états émotionnels, il a besoin de son parent afin de l’aider à effectuer cette
régulation. Les comportements des parents sont considérés comme étant des processus
extrinsèques primaires qui influencent le développement de cette régulation émergente chez
l’enfant et ayant un impact dans la manière de manifester des émotions. Certaines études suggèrent
que la manière dont les parents réagissent aux démonstrations d'émotions négatives de leurs
enfants et leur disponibilité lorsque ce dernier est bouleversé affectera les types de stratégies
adoptées par les enfants pour réguler leurs états émotionnels dans d’autres circonstances
(Contreras & Kerns, 2000). Dans cette perspective, on peut présumer que l’attachement de l’enfant
serait affecté par ces réponses et qu’on devrait pouvoir le décoder dans la SE (Cassidy, 1994).

       Les manifestations émotionnelles des enfants et différents aspects de leur développement
émotionnel sont attribuables à une multitude de facteurs : génétiques et épigénétiques, influences
intra-utérines et programmation fœtale, interactions parent-enfant après la naissance ainsi que
l’interaction entre ces différents éléments (Champagne, 2010). Durant la période postnatale, les
initiatives des parents à l’égard de leur enfant dans le cadre d’interactions, ainsi que les réponses
aux manifestations des enfants, semblent être particulièrement importantes dans l’expérience
émotionnelle des nourrissons (Mirabile et al., 2018). Cependant, les enfants influencent également
le comportement de leurs parents à leur égard. En fait, les apprentissages que les enfants doivent
réaliser au regard de la compréhension, de la régulation et de l’expression de leurs émotions
renvoient au processus de socialisation des émotions qui prend racine dans les interactions avec le
parent (Johnson et al., 2017). Saarni (1999), propose que le processus de socialisation des émotions
fait partie intégrante des relations ; par conséquent, la dynamique émotionnelle de ces relations
joue un rôle dans la forme et la qualité de la socialisation des émotions chez chaque enfant. Il a
également été démontré que, lorsqu'une mère est présente, mais non disponible dans une situation
imprévisible, les nourrissons font preuve de moins de plaisir et d'exploration que lorsque la mère
est réactive (Braungart-Rieker et al., 2001), soulignant l’importance d’une dimension de la
sensibilité – le caractère prévisible des réponses parentales. Une relation claire a également été
établie entre la sécurité d’attachement et la régulation émotionnelle des enfants, notamment à l’âge

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scolaire (Brumariu, 2015). En d’autres termes, les enfants ayant un attachement sécure à qui l’on
répond de façon constante et prévisible sont davantage outillés pour accepter et comprendre les
affects positifs et négatifs, tandis que les enfants avec un lien d’attachement insécure présentent
davantage d’affects négatifs et ont de la difficulté à moduler leurs émotions (Landy, 2002).

       Ces travaux, réalisés après la période du nourrisson, suggèrent un lien prédictif entre
l’attachement et le développement émotionnel. Dans ce contexte, on peut conclure que les
recherches ont confirmé l'importance de la sécurité d'attachement en tant que prédicteur de la
régulation des émotions. La classification de l'attachement d'un enfant est en lien avec sa capacité
à s'autoréguler face aux sentiments négatifs, notamment la peur, la colère et la tristesse. Il n’est
pas étonnant de constater que dans différents travaux, la théorie de l'attachement a été décrite
comme une théorie de la régulation des émotions (Cassidy, 1994). Ces travaux brossent un portrait
des enfants qui se fient aux stratégies qui font partie des modèles d’attachement afin de gérer les
enjeux émotionnels plus tard durant l’enfance. Les enfants avec un attachement sécure ont été
décrits comme plus expressifs sur le plan émotionnel et comme ayant une meilleure maitrise de
l’impulsivité. En général, les études démontrent que ces enfants affichent un affect plus souvent
positif et lorsqu’ils sont plus vieux ils dépendent moins des adultes pour réguler leurs émotions
(Landy, 2002), suggérant que les modèles de leur enfance sont graduellement intériorisés (Bernier
et al., 2012). Ils sont capables de communiquer l'affect négatif qu’ils peuvent expérimenter de
manière plus équilibrée et, par conséquent, sont plus susceptibles de recevoir une réponse sensible
(Grant et al., 2010). L’attachement insécure a été associé à certaines difficultés de régulation
émotionnelle chez les enfants. Ces derniers peuvent agir de manière inappropriée quand ils sont
bouleversés, exprimant des niveaux élevés de colère et d'hostilité, de peur ou de tristesse,
dépendamment des modèles d’attachements qu’ils ont formés. Parce qu’ils sont souvent impulsifs
et tendus, ils peuvent être plus difficiles à consoler, sont plus susceptibles d’agir avec agressivité
(Fearon et al., 2010) et sont plus susceptibles d’être rejetés par leur donneur de soin (Landy, 2002).

       De plus, on identifie l’attachement et l’exploration de l’environnement comme des
systèmes qui varient sur un continuum (Bowlby, 1969). À la base, Bowlby postule que la sécurité
qui se développe entre un enfant et son parent donne lieu à différents niveaux d’exploration de
l’environnement. Il propose qu’un enfant sécure est plus facilement en mode exploration, décode

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plus aisément les contingences de son entourage et acquiert des connaissances lui permettant de
manifester davantage de compétence en raison de la confiance qu’il a et que s’il se retrouve dans
une situation problématique, il puisse faire appel à sa figure d’attachement. L’enfant qui ne jouit
pas d’une telle relation peut voir son exploration être plus déficiente. Plusieurs travaux réalisés
avec des enfants d’âge préscolaire (Frankel & Bates, 1990 ; Matas et al., 1978), scolaire
(Grossmann et al., 2008), à l’adolescence ainsi qu’à l’âge adulte (Larose et al., 2005) supportent
cette idée centrale de Bowlby.

       Ces travaux soulignent l’importance de la sécurité de l’attachement afin de permettre à
l’enfant d’acquérir une certaine autonomie dans différentes facettes de son développement,
incluant la régulation émotionnelle. Afin d’améliorer son développement, l’enfant doit acquérir un
certain équilibre entre la découverte de son environnement physique et social ainsi que le besoin
de sécurité qu’il démontre en se référant à sa figure d’attachement en cas de détresse (Lemelin et
al., 2012). Dans cette perspective, la capacité des parents de décoder les émotions de leur enfant
dans différents contextes semble être un élément incontournable du développement social et
émotionnel de ce dernier. La relation d’attachement peut ainsi servir de contexte pour ce
développement.

La sensibilité maternelle

       Bien étayé dans la littérature comme étant le principal précurseur de la sécurité
d’attachement, la sensibilité maternelle est définie comme l’habileté à répondre de manière
adéquate, cohérente et efficace aux signaux du nourrisson. En effet, parmi certains comportements
maternels, la sensibilité de la mère à la détresse de son enfant est un prédicteur particulièrement
saillant de la sécurité de l’attachement (McElwain & Booth-LaForce, 2006). Les réponses
sensibles et prévisibles du parent font émerger un sentiment de compétence chez l’enfant et ainsi
l’enfant développe la capacité de faire appel à son parent lorsqu’il en a besoin, mais d’également
être autonome quand il peut l’être. Selon les théoriciens, par le biais de ses interactions avec son
parent, l’enfant développe une représentation de sa compétence à faire face à différents enjeux
contextuels, selon le niveau de sensibilité auquel il a été exposé (De Wolff & van IJzendoorn, 1997
; Meins et al., 1998 ; Meins et al., 2001). De plus, les réponses prévisibles permettent à l’enfant de
trouver un équilibre entre l’exploration autonome de son environnement et l’affiliation à son parent

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impliquant un besoin de proximité et d’interaction (Grant et al., 2010). Dans cet ordre d’idée, la
sensibilité maternelle est perçue comme étant un des mécanismes principaux par lequel les
représentations relationnelles chez la mère sont transmises à l’enfant, qui les intègre et les
manifeste dans la relation qu’il développe avec son parent (Verhage et al., 2018).

       Précédemment, les variations générales dans les modèles de réponses parentales qui
caractérisent les différentes formes d’attachement ont été décrites. Il est important de souligner
que dans la perspective du domaine de l’attachement, la sensibilité du parent lors d’interactions
avec son enfant est un médiateur incontournable du lien entre l’écologie développementale et
l’émergence de l’attachement chez l’enfant. En effet, la sensibilité maternelle vient affecter la
manière dont les autres aspects de l’écologie du développement peuvent influencer le
développement de l’enfant à plusieurs égards (Lemelin et al., 2006 ; NICHD, 2005 ; Raikes &
Thompson, 2005). De fait, certains travaux montrent même des liens entre la sensibilité maternelle
en bas âge et différentes caractéristiques du développement jusqu’à l’âge adulte (Raby et al., 2015).

       Différentes études tracent un lien entre la sensibilité maternelle et les manifestations
émotionnelles chez les enfants. Ces travaux indiquent que la sensibilité du parent aux émotions de
l’enfant permette à ce dernier d’avoir des modèles d’expression émotionnelle qui correspondent à
l’élaboration du sentiment de confiance, qui fait partie prenante de la sécurité d’attachement. Des
études examinant le rôle des donneurs de soins dans le contexte de la douleur suggèrent que la
sensibilité maternelle joue un rôle influent dans les expériences de douleur des nourrissons
(Leerkes, 2011 ; McElwain & Booth-Laforce, 2006). À son tour, Horton et al. (2015) ont examiné
la relation entre l’attachement, la peur et la régulation de la détresse pendant la vaccination de
nourrissons à l’âge de 12 mois. Pour ce faire, 130 dyades mère-enfant ont été filmées pendant la
vaccination des nourrissons à 12 mois, puis ils ont été invités à participer à une évaluation de
l’attachement (avec la SE) et de la peur lorsque les nourrissons étaient âgés de 12 et 18 mois. Les
résultats démontrent qu’immédiatement avant la vaccination, les nourrissons avec un attachement
insécure-évitant ont présenté moins de détresse que les nourrissons avec un attachement sécure
(les nourrissons sécures utilisaient efficacement leurs mères pour réguler leur détresse), suggérant
un lien entre l’histoire des interactions et les manifestations émotionnelles. Cependant, la peur
vécue par le nourrisson a modéré la relation entre l'attachement et la régulation de la détresse liée

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à la douleur. Autrement dit, dans des conditions de forte peur, les nourrissons avec un attachement
insécure-évitant régulaient plus lentement la détresse après la vaccination que les nourrissons avec
un attachement sécure, mais dans des conditions de faible peur, les nourrissons avec un
attachement sécure régulaient plus lentement la détresse que les nourrissons insécure-évitants et
désorganisés. Somme toute, les chercheurs ont pu constater que le comportement de se blottir après
le vaccin est un prédicteur important de l'attachement, les nourrissons qui se blottissaient sont plus
susceptibles d'être dans un attachement sécure qu’insécure-évitant ou désorganisé. Cette étude
indique que la régulation de la détresse liée à la douleur à l'âge de 12 mois est influencée par une
interaction entre l'attachement et la sensibilité maternelle.

Les émotions chez le nourrisson

       Ces travaux portent presque toujours sur les liens entre l’attachement et les manifestations
émotionnelles ultérieures, peu sur les émotions pendant que se construit l’attachement. Bien que
l’on présume que les manifestations émotionnelles sont en lien avec la sensibilité parentale et, par
conséquent, lié à l’émergence de l’attachement, peu d’études ont examiné ces liens avant que
l’attachement ne puisse se mesurer dans la SE.

       La régulation des émotions, parfois appelée régulation affective, fais référence au processus
par lequel les personnes contrôlent ou autorégulent leurs émotions qui peuvent se manifester de
différentes façons dont, notamment, par les expressions faciales. La compréhension des émotions
implique de connaître la manière dont ceux-ci se régulent ; la régulation des émotions est un
processus complexe impliquant des éléments physiologiques, comportementaux, sociaux et
cognitifs permettant à un individu de modérer l’apparition, l’expérience et l’expression d’émotions
(Thompson, 1994).

       L’attachement à plusieurs fonctions dont l’une est d’aider l’enfant à réguler ses émotions
(Waters et al., 2010). Il s’agit d’un élément sur lequel se fie la codification, dans la SE, pour inférer
la sécurité de l’attachement. Dans cette procédure, le fait qu’un enfant, lors d’une réunion suite à
une séparation, soit en mesure d’être réconforté et de retourner à son exploration démontre que la
relation et les interactions servent à gérer les états affectifs de l’enfant. La présomption est que ces
modèles sont un reflet des interactions habituelles. Les parents aident les enfants à gérer leurs

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émotions dans différentes situations par la qualité des interactions. L’effet de ces interactions est
d’internaliser chez l’enfant le mode de gestion émotionnelle dans différentes situations. En effet,
la relation d’attachement que l’enfant entretient avec son parent lui sert de modèle qu’il applique
dans d’autres contextes, à travers son développement.

       L’appropriation de stratégies de régulations émotionnelles chez le nourrisson dépend de
processus intrinsèques et extrinsèques à ce dernier, lui permettant d’observer, d’évaluer et de
modifier ses réactions émotionnelles sur la base d’éléments contextuels afin d’atteindre différents
objectifs (Contreras et al., 2000). Les processus intrinsèques font référence aux processus d’éveil
émotionnel et de contrôle de l’attention perçus comme étant fondés en grande partie sur les
caractéristiques du tempérament de l’enfant (Rothbart et al., 2003). Ceci comprend des aspects
génétiques, des dimensions psychophysiologiques, propres à l’enfant et à des processus précédents
l’interaction post-natale. Il s’agit, à la base, des prédispositions émotionnelles de l’enfant.

       Les pratiques de socialisation des parents sont considérées comme étant les processus
extrinsèques primaires influençant le développement de la régulation des émotions. Par exemple,
la façon dont le parent réagit aux manifestations d’émotions négatives de l’enfant ou leur
disponibilité envers l’enfant lorsqu’il est bouleversé affectera les types de stratégies adoptées par
l’enfant pour réguler ses états émotionnels (Contreras et al., 2000). Un parent qui répond de
manière prévisible et cohérente à la détresse de son enfant n’engendrera qu’une faible intensité
d’émotions négatives chez l’enfant afin d’obtenir une réponse – l’intensité de la détresse, par
exemple, ne sera pas trop élevée, car l’enfant possède et se fie sur l’expérience d’un parent qui
répond. Comme il a déjà été mentionné, derrière cette idée, on retrouve plusieurs études qui
montrent que les enfants impliqués dans des relations sécures manifestent des niveaux d’émotions
négatives moins importants que ceux qui sont dans des relations insécures (Horton et al., 2015).
Cependant, selon Cassidy (1994) et Tarabulsy et al. (1996 ; 2003), le parent qui ne répond que
lorsque les pleurs sont pressants et fréquents favorise chez l’enfant un mode dans lequel
l’expression émotionnelle intensive lui permet d’obtenir l’aide pour réguler ses émotions. La
régulation nécessite davantage de ressources en raison des manifestations plus importantes
d’émotions négatives. De manière analogue, le parent qui ne répond que peu ou pas à son enfant
qui manifeste des besoins place l’exigence de la régulation uniquement sur lui. Très souvent les

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enfants n’ont ni l’autonomie ni les compétences pour gérer leurs émotions, les enfants étant encore
dépendants de leurs parents à cet égard. Dans ces scénarios, le contexte qui donne principalement
lieu à l’apprentissage de la régulation émotionnelle est le lien et les interactions parent-enfant
(Gunnar et al., 2006).

       La théorie et les études dans le domaine de l’attachement offrent une riche description de
l’élaboration et l’organisation de ce lien, ainsi que la manière dont il vient jouer un rôle sur la
régulation des émotions de l’enfant. Cette perspective stipule que de nombreuses fonctions de
régulation se développent à partir des premières expériences vécues avec la figure d’attachement.
De façon générale, les enfants avec un attachement sécure ont été plus souvent exposés à des
réponses prévisibles et cohérentes de la part de leurs parents lors d’interactions et ainsi, apprennent
à gérer leurs émotions négatives en dépendant de ces derniers. En outre, lorsque les parents jouent
le rôle de soutien et de fidèle ressource, les enfants sont plus enclins à rechercher un soutien social
lorsqu’ils sont en détresse afin de réguler leurs émotions, ce qui pourrait être intégré comme une
stratégie d’adaptation et utilisé même en l’absence du parent (Cooke et al., 2019). Le résultat est
que ces enfants apprennent à composer avec les émotions négatives et à rechercher de l’aide
lorsqu’ils sont dans le besoin (Laible & Thompson, 2000 ; Steele et al., 1999).

       Les enfants avec une relation d’attachement de type insécure-évitant ou désorganisé
doivent, pour leur part, savoir davantage gérer leurs émotions de façon autonome, sans pouvoir
faire appel à leur parent. Les enfants dans des relations d’attachement désorganisées n’ont pas la
possibilité d’élaborer des stratégies efficaces. En effet, l’enfant désorganisé doit gérer la crainte
qu’il a de son parent dans des circonstances où il a besoin de son parent pour gérer ses émotions.
Les enfants ayant des relations d’attachement sécures utilisent, quant à eux, leurs figures
d’attachement comme des bases sûres pour explorer leur environnement et comme des références
en cas de besoin (LeCompte & Moss, 2014). Par conséquent, les enfants désorganisés affichent
des réactions émotionnelles incohérentes ou contradictoires, traduisant une rupture de leur
stratégie d’attachement qui résulte probablement de méthodes d’adaptation inadéquates ou
indisponibles pour résoudre leur détresse (Cooke et al., 2019). Parfois, la relation fait que l’enfant
est craintif de son parent dans des situations où, normalement, il devrait pouvoir s’y fier. Dans de

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