À LA CROISÉE DES CHEMINS P. 27 - DOSSIER SUR LES REMONTÉES MÉCANIQUES DU VALAIS
←
→
Transcription du contenu de la page
Si votre navigateur ne rend pas la page correctement, lisez s'il vous plaît le contenu de la page ci-dessous
N° 7 FÉVRIER-AVRIL 2016 – VALAIS VALEUR AJOUTÉE – CHF 6.50 LE MAGAZINE INDÉPENDANT DE L’ÉCONOMIE VALAISANNE DOSSIER SUR LES REMONTÉES MÉCANIQUES DU VALAIS À LA CROISÉE DES CHEMINS P. 27 LA DERNIÈRE CHRONIQUE > Enquête : Le crédit bancaire en question – p. 7 DE NOTRE AMI JEAN-NOËL REY > La gestion patrimoniale à Crans-Montana et Verbier – p. 17 > La croissance > Une sacrée bûcheuse économique à bout à la tête d’Abricool – p. 64 de souffle? – p. 13 > Chemin de fer : Sa genèse en Valais – p. 67
ÉDITORIAL 3 IMPRESSUM ÉDITORIAL Didier Planche – didier.planche@bluewin.ch VALAIS VALEUR AJOUTÉE Directeur de la publication Le magazine indépendant Pour et Sur le Valais économique Février-Avril 2016 – Trimestriel Tirage : 10 000 exemplaires Accorder la priorité à l’innovation… et non l’anéantir ! Edition numérique : Site web libre d’accès www.valaisvaleurajoutee.ch Valais Valeur Ajoutée, votre magazine économique, se voit contraint, pour une Société éditrice : VALINNOV Sàrl, chemin du Vieux-Canal 15, 1950 Sion (Didier PLANCHE, gérant) fois, de déroger à sa ligne éditoriale résolument constructive, partant du prin- Directeur de la publication : Didier PLANCHE, tél. 079 622 74 06, redaction@valaisvaleurajoutee.ch – didier.planche@bluewin.ch cipe qu’il est plus bénéfique à l’économie de louer « les trains qui partent à Conseillers à la direction : Géo BETRISEY, tél. 027 203 24 50, geo.betrisey@netplus.ch, Romano SCHALEKAMP, tél. 079 213 42 43, l’heure », plutôt que de déverser son fiel sur ceux en retard. rs@devas.ch Rédaction : Laurence FACELLI, tél. 078 861 55 33, laurence.facelli@ Une décision fédérale, datant de novembre dernier, en est la cause. Elle bluewin.ch, Christelle MAGAROTTO, tél. 076 439 41 19, christelle@ concerne la réduction de l’enveloppe budgétaire allouée à la R&D, donc à magarotto.ch, Geneviève ZUBER, tél. 079 254 43 57, ge.zuber@gmail. com, Edgar BLOCH, tél. 079 239 63 26, edgarbloch1@gmail.com, Joël l’innovation, de quelque 550 millions de francs (la formation est aussi touchée), CERUTTI, tél. 079 457 44 28, joelcerutti@gmail.com, François DAYER, tél. 079 449 60 82, francois.dayer@netplus.ch, Jean-François pour la période 2017 à 2019. Sans nul doute, le Conseil fédéral a de bonnes FOURNIER, tél. 079 690 09 98, jean-francois.fournier@hotmail.com, François PRAZ, tél. 079 658 63 71, eurekom@netplus.ch, Luzius raisons d’instaurer un programme d’austérité, afin d’inscrire à la baisse les THELER, tél. 079 611 05 07, luzius.theler@bluewin.ch Chroniqueurs attitrés : Hildegard ABBET, Adeline BAYS, Anne Sophie dépenses de la Confédération. Mais affaiblir l’authentique valeur ajoutée de FIORETTO, Béatrice MONNET, Eloïse MORISOD, Line PILLET, Bernard la Suisse, c’est-à-dire son innovation, de surcroît garante de son avenir, consti- ATTINGER, Frédéric BAGNOUD, Marc-André BERCLAZ, Géo BETRISEY, Xavier BIANCO, Blaise CRETTOL, Yves DARBELLAY, Raphaël FAVRE, tue une ineptie, doublée d’une grave faute stratégique. Car tuer la créativité Philippe GAEMPERLE, Laurent GILLIOZ, Robert GIROUD, Gérard HERTLI, Stéphane JEAN, Cédric LUISIER, Jacques METRAILLER, David MOUNIR, dans l’œuf et dès lors anémier l’innovation - en clair une invention issue de Antoine PERRUCHOUD, Olivier RAEMY, † Jean-Noël REY, Vincent RIESEN, Me Julien ROUVINEZ, Romano SCHALEKAMP tous les secteurs et domaines d’activité humaine donnant naissance à un Ont collaboré à ce numéro: Irène RIEDER, Membre de la direction, CCF-Centre de Compétences Financières (Sion), Lionel EMERY, Assistant de recherche, produit, ou à un processus, promis à la conquête du marché - équivaut à HES-SO Valais-Wallis (Sierre), Sébastien MABILLARD, Coordinateur du Digital condamner les perspectives du développement multi-sectoriel de l’Helvétie, Health Accelerator, Fondation The Ark (Sion), Frédéric REVAZ, Responsable du programme Business eXperience, HES-SO Valais-Wallis (Sierre) autrement dit sa compétitivité. Correction/relecture : Paulette BERGUERAND, tél. 027 456 11 18, technopolette@netplus.ch Si une poignée d’organismes européens et supranationaux désigne toujours Traduction/adaptation : Edgar BLOCH, tél. 079 239 63 26, edgarbloch1@gmail.com la Suisse comme championne mondiale de l’innovation au niveau de ses ex- Illustrations : Valais/Wallis Promotion Impression : Mengis Druck (Viège) – Sebastian BREGY, trants (brevets, produits innovants), plusieurs instances scientifiques, écono- tél. 079 830 56 91, s.bregy@mengisdruck.ch miques ou universitaires tirent la sonnette d’alarme à cause de sa perte de Graphisme, mise en page, infographie : apcom Solutions SA – Isabelle MAURY, associée/gérante, tél. 078 661 22 92, vitesse, inquiétante, au niveau des intrants (dépenses en R&D, condi- isabelle@apcom.ch – Tania MARCHET, www.laligne.ch Directeur commercial : Michel GUEX, tél. 079 435 00 35, michelguex@ tions-cadre) de l’innovation, reflétant pourtant son potentiel. Alors, plutôt que bluewin.ch Web Master : apcom Solutions SA – Grégory LIAND, directeur, d’éroder les dépenses en R&D, le Conseil fédéral se montrerait plus avisé en tél. 079 209 44 78, gregory.liand@apcom.ch Applications techniques : Alpsoft SA – Alain PRAZ, associé-directeur, leur accordant la priorité budgétaire, tout en allégeant leur fiscalité et en ré- tél. 079 345 12 53, alain.praz@alpsoft.ch solvant les obstacles structurels de l’innovation. Mais non, il préfère couper Distribution : apcom Solutions SA – Grégory LIAND, directeur, tél. 079 209 44 78, gregory.liand@apcom.ch, Kiosques Naville, La Poste Suisse dans le vif, démontrant une fois de plus son incompétence en matière de vision Prix de vente au numéro : 6,50 CHF stratégique à long terme. Abonnement de soutien (4 numéros + 1 hors-série) : 55 CHF + frais de port Dans ce contexte, les parlementaires valaisans, élus aux Etats et au National, COMITÉ ÉDITORIAL ont le devoir de s’insurger contre cette décision de laisser dépérir la R&D, et Mmes Me Chantal BALET-EMERY, par conséquent l’innovation, l’atout primordial de la Suisse. Surtout que, conco- Marie-Françoise PERRUCHOUD-MASSY MM. Marc-André BERCLAZ, Géo BETRISEY, Eric mitamment, le Valais sera frappé de plein fouet, lui qui se distingue justement BIANCO, David CRETTENAND, Yves DARBELLAY, par ses innovations pour mieux dessiner son futur économique. Jean-Daniel DESCARTES, Michel GUEX, Fabrice HAENNI, Grégoire ITEN, Bernard MICHELOUD, Henri PLOMB, † Jean-Noël REY, Vincent RIESEN, En page 15, nous rendons hommage à notre cher ami Jean-Noël, membre du Romano SCHALEKAMP, François SEPPEY, Me Dominique SIERRO, Philippe UDRY, Comité éditorial et chroniqueur attitré de notre magazine, décédé le vendredi Didier PLANCHE (président) soir 15 janvier à Ouagadougou (Burkina Faso), dans des circonstances parti- Photo de couverture : Zermatt Matterhorn Express, © Valais/Wallis Promotion culièrement dramatiques. N°7 FÉVRIER-AVRIL 2016 VALAIS VALEUR AJOUTÉE
SA SEULE EXIGENCE, L’EXCELLENCE Forte de 70 ans d’activité au service de l’économie valaisanne la Fiduciaire Actis SA offre les services suivants: TENUE DE LA COMPTABILITÉ FISCALITÉ RÉVISION ORGANISATION DE L’ENTREPRISE EXPERTISE ET SUCCESSION GÉRANCE D’IMMEUBLES CONSULTING ADMINISTRATION ET CRÉATION DE SOCIÉTÉS FIDUCIAIRE ACTIS SA Place du Midi 36 Case postale 565 1951 Sion T 027 327 22 77 F 027 327 22 79 actis@fidactis.ch
SOMMAIRE FÉVRIER-AVRIL 2016 5 SOMMAIRE ENQUÊTE 58 Galaxie start-up : bolay.co confirme son potentiel 7 Le crédit bancaire en question : 60 Univers PME : L’analyse de deux banquiers de la place valaisanne L’empreinte de Debiopharm dans plus de 100 pays procure une certaine sérénité 62 Focus Entreprise : DÉCRYPTAGE De nouveaux horizons pour la marque Valais 11 Entre quatre yeux : 64 PME Découverte : On se dirige vers une belle course de poids lourds Une sacrée bûcheuse à la tête d’Abricool pour le renouvellement du Gouvernement valaisan 67 Histoire économique : en 2017 La genèse du chemin de fer en Valais 13 Au fil du Rhône : La croissance économique à bout de souffle? SAVOIR-FAIRE 17 Du côté du secteur bancaire : 71 Création d’entreprise : Les affaires de gestion patrimoniale Business eXperience et Business Concept réunis à Crans-Montana et Verbier pourraient repartir pour la première fois en Valais de plus belle 72 Télégrammes 25 L’Analyse immobilière : 73 Financement d’entreprise : Du neuf sous le soleil De nouvelles aides financières pour le tourisme 74 Droit des affaires : ÉCLAIRAGE Les devoirs du banquier en tant que conseiller en 27 Spécial dossier sur les remontées mécaniques placement du Valais : 75 Fiscalité des entreprises : A la croisée des chemins L’impôt sur le capital des personnes morales 28 Un immense défi pour les remontées mécaniques 76 Retraite et prévoyance en entreprise : valaisannes ! Taux négatifs et prévoyance professionnelle 31 Financement des entreprises de remontées 77 Assurance d’entreprise : mécaniques du Valais (RMV) : Les graves menaces du Web une loi cantonale comme seule alternative viable 78 Coaching en entreprise : 44 Arthur Clivaz, président des RMV : Audit, ou coaching d’équipe? « Il n’y a pas vraiment de plan B » 79 Management : 46 Haut-Valais : savoir s’adosser avec efficience Préparer des indicateurs pour mesurer la performance 48 Une opportunité exceptionnelle pour les RMV 80 Télégrammes 49 Recherche financement, un peu, beaucoup, 81 Compétences en entreprise : urgemment Feedback constructif : ouvrez la fenêtre de Johari 52 Comment renforcer la compétitivité d’une branche sous-valorisée? VIE PRIVÉE 83 Moteur : REPÈRES Opel Karl, une citadine pleine de qualités 54 Innovation : pour conquérir le marché Une souris virtuelle « made in Valais » pour améliorer 84 J’ai partagé ma fondue avec... Eliane Gaspoz le confort des tétraplégiques 85 Œnothèque : 56 Au cœur du Campus de l’EPFL Valais-Wallis : Le Les femmes ont fait leur place dans le vin rayonnement scientifique du Valais 86 Le Billet iconoclaste : monte en puissance Europe, un pour tous, tous contre un... N°7 FÉVRIER-AVRIL 2016 VALAIS VALEUR AJOUTÉE
ENQUÊTE LE CRÉDIT BANCAIRE EN QUESTION 7 L’ANALYSE DE DEUX BANQUIERS DE LA PLACE VALAISANNE LE CRÉDIT BANCAIRE EN QUESTION UNE BONNE COMPRÉHENSION DU CONTEXTE BANCAIRE ACTUEL CONSTITUE UN PREMIER PAS DANS LA DÉMARCHE DE PLANIFICATION D’UN FINANCEMENT. CELLE-CI AURA LES MEILLEURES CHANCES D’ABOUTIR SI ELLE EST STRUCTURÉE DE FAÇON SATISFAISANTE POUR TOUTES LES PARTIES. L’ANALYSE DE DEUX BANQUIERS DE LA PLACE VALAISANNE. Laurence Facelli – laurence.facelli@bluewin.ch Chroniqueuse financière, conseillère en investissement Le cadre légal bancaire suisse a pour but de renfor- d’autres, ou peuvent préférer un type de finance- cer la stabilité financière du pays. Il influence im- ment plutôt qu’un autre. plicitement la capacité et les choix des établisse- ments dans l’octroi de crédit. Taux négatif, pression sur les marges bancaires Hausse des coûts et des contraintes Les taux actuellement négatifs ne sont pas appliqués pour les banques aux comptes de dépôts. Selon une analyse récente Depuis 2010, la BNS et la FINMA ont renforcé leur collaboration dans le domaine de la stabilité finan- cière, avec des exigences assurant la pérennité du système financier helvétique qui ne cessent de se renforcer. Désormais, les banques doivent disposer d’une proportion toujours plus importante de fonds propres dans leur bilan. Aussi, les mesures de risques ont été affûtées avec le ratio de fonds propres pondéré par le risque des actifs au bilan. Concrètement, les établissements bancaires sont appelés à poursuivre la diminution de leur levier financier et à afficher une plus grande transparence sur leurs risques vis-à-vis de la FINMA. Les exigences en matière de liquidités ont égale- ment été renforcées avec, globalement, une propor- tion détenue par les banques qui a fortement aug- menté1. La capacité à prêter de l’argent est dès lors conditionnée par un grand nombre de paramètres et contraintes comme la taille de l’établissement bancaire, la proportion de ses fonds propres, de ses liquidités et des risques de son portefeuille Pascal Perruchoud, président de la Direction générale de la Banque existant. Il en résulte que certaines banques ont Cantonale du Valais : « La proximité permet de bien connaître ses clients et de trouver des solutions avec eux. » peut-être un peu plus de marge de manœuvre que N°7 FÉVRIER-AVRIL 2016 VALAIS VALEUR AJOUTÉE
8 LE CRÉDIT BANCAIRE EN QUESTION ENQUÊTE Cela étant, elle reste inchan- RÉCAPITULATIF DES CHANGEMENTS LÉGAUX PASSÉS ET FUTURS gée, même au cours des ré- cents renforcements du cadre Pour les clients : le volant anticyclique réglementaire. C’est important Directives relatives aux exigences minimales pour les financements pour notre établissement, car hypothécaires (2014) de l’Association suisse des banquiers (ASB) : fonds les opérations d’intérêts sont propres minimaux de 10 % hors l’avoir du 2e pilier, avec un amortisse- actuellement l’une de ses prin- ment linéaire, et dont la dette doit correspondre au 2/3 de la valeur de cipales sources de revenus. » nantissement du bien immobilier, en l’espace de quinze ans maximum ; Et de préciser que pour le celle-ci est valable pour tous les nouveaux crédits hypothécaires et les calcul de la capacité financière augmentations ; en revanche, cette directive ne concerne pas les im- des clients, les exigences de la meubles commerciaux. FINMA sont intégrées dans les réglementations internes. Bien Pour les banques : Bâle III pour les normes internationales que la marge soit mise sous (pour les normes suisses, voir les ordonnances ; pression à cause des taux bas, la FINMA surveille leur application). leur propension au risque reste constante. Florian Ordonnance sur les liquidités : les exigences quantitatives sur le ratio Debons signale, toutefois, des de liquidités à court terme (Liquidity Coverage Ratio, LCR) sont obliga- adaptations en matière de fi- toires depuis 2015 ; le ratio structurel de liquidités à long terme (Net nancement des terrains à bâtir, Stable Funding Ratio, NSFR) sera obligatoire à partir de 2018. suite à l’introduction de la LAT. « Dans ce cas, le mode de fi- Ordonnance sur les fonds propres (2012) : les banques, classées par nancement est plus restrictif et catégories selon leur profil de risques et la concentration de ces derniers, basé sur une analyse appro- doivent posséder un minimum de fonds propres dans un délai fondie », relève-t-il. A la imparti. Banque Cantonale du Valais (BCVs), on estime également Exigences supplémentaires pour les établissements d’importance que la directive relative aux systémique, ou too big to fail, soit beaucoup trop influents pour qu’il exigences minimales pour les soit envisageable de les laisser partir en faillite (UBS, CS, Raiffeisen, financements hypothécaires Banque Cantonale de Zurich, PostFinance) : too big to fail depuis 2012 ; représente bien le principal Going concern (fonds propres de base durs et capital convertible en changement. La faiblesse des vue d’absorber des pertes sans interrompre l’activité) et Gone concern taux d’intérêts n’a toutefois (instruments de bail-in, c’est-à-dire fonds de tiers susceptibles d’être pas eu d’impact sur la poli- convertis en fonds propres, ou amortis, lors d’une liquidation) seront tique d’octroi de crédit, au sein appliquées progressivement pour être totalement effectives en 2019. de cet établissement. Le taux théorique est resté inchangé pour calculer la capacité d’as- de la société d’audit EY2, le manque à gagner sur les sumer les charges financières. En revanche, sa poli- dépôts serait compensé par une augmentation du tique de refinancement et la fixation des taux d’inté- coût (marge bancaire) des nouvelles hypothèques. rêts ont dû être reconsidérées, car sa politique de En bref, il s’agit d’un transfert de marge. crédit doit permettre la réalisation des objectifs de rentabilité fixés par son conseil d’administration pour L’impact de ces changements sur la politique l’ensemble de la banque, notamment au niveau des d’octroi de crédit fonds propres et de la qualité du portefeuille de Pour Florian Debons, directeur-adjoint à la Banque crédit. Raiffeisen Sion et Région, « notre politique de crédit, sur laquelle se fonde son octroi, a un caractère stra- A la question de savoir s’il existe un secteur écono- tégique et, par conséquent, est définie à long terme. mique pour lequel il est plus facile d’obtenir un N°7 FÉVRIER-AVRIL 2016 VALAIS VALEUR AJOUTÉE
ENQUÊTE LE CRÉDIT BANCAIRE EN QUESTION 9 Cependant, les entreprises clientes d’une certaine taille se financent davantage sur le marché des capitaux, car l’émission d’obligations apparaît plus attractive qu’un financement bancaire. Proximité et partenariat Lors d’une création d’entreprise, ou d’une nouvelle activité, qui fait du sens dans un contexte porteur, la capacité du banquier à se projeter objectivement avec l’entrepreneur demeure la clef de voûte, lorsque le capital n’a pas encore été constitué. Durant la vie d’un crédit, en cas de difficultés pas- sagères, cette bonne connaissance peut se traduire par la possibilité d’une suspension d’amortisse- ment, afin de préserver les liquidités et la pérennité d’une société. Pascal Perruchoud, président de la direction générale de la BCVs, pour sa part, admet que « la proximité permet de bien connaître ses clients et de trouver des solutions avec eux ». Selon Florian Debons, une mise en liquidation coûte cher de par la procédure qu’elle génère et le nombre de personnes impliquées. « Une bonne connaissance de la situation favorise une meilleure évaluation Florian Debons, directeur-adjoint à la Banque Raiffeisen Sion et Région : « Une bonne connaissance de la situation permet une meilleure des risques et la définition d’un cadre d’action avec évaluation des risques et de définir un cadre d’action avec le client. » le client », affirme-t-il. Et de souligner la présence grandissante de son établissement dans l’accom- crédit, la BCVs observe plutôt les difficultés des pagnement de projets plus complexes, comme celui activités liées au tourisme, hébergement en tête, d’une succession d’entreprise. qui dépendent en grande partie d’une clientèle de la zone euro et sont tributaires des conditions mé- De fait, les banques jouent un rôle déterminant dans téorologiques. Quant à Florian Debons de la Banque le développement d’une région, car les crédits qu’elles Raiffeisen Sion et Région, il confie que, malgré cer- consentent à l’économie réelle définissent sa crois- taines activités dites à risque, il existe des entre- sance future et ses emplois. A la question de savoir si prises saines et florissantes dans chaque secteur. leur attitude auprès des PME et des indépendants va- Un examen de la solvabilité et de la capacité finan- laisans s’est modifiée, la BCVs confirme que son rôle cière du client est donc réalisé pour chaque de- et sa mission sont toujours orientés vers le soutien à mande de crédit. En ce qui concerne la distinction l’économie cantonale, dans le respect des règles pru- entre les types de crédit, Florian Debons explique dentielles de la branche. Quant à la Banque Raiffeisen que les crédits en blanc et le financement d’im- Sion et Région, elle rappelle que son rôle de partenaire meubles commerciaux sont examinés de manière proche des PME du canton s’est développé très positi- approfondie. « La définition de leur rendement du- vement ces dernières années, conformément à son but. rable se révèle plus complexe que l’estimation de Bien que le contexte légal soit devenu plus contraignant la capacité financière pour des logements à usage pour les établissements bancaires, leur mission n’a propre, ou des immeubles locatifs. Le suivi durant donc pas changé. Personne ne s’en plaindra. la vie du prêt demande également plus d’atten- tion », fait-il remarquer. Au sujet des PME, la 1 14 % en 2014 contre 4 % en 2007 (liquidités plus papier moné- Banque Raiffeisen Sion et Région reconnaît que taire par rapport au total des bilans). Source BNS « Les banques l’incertitude relative au développement conjonc- suisses en 2014 » turel futur retarde les investissements importants. 2 « Interest margin analysis 2015 » N°7 FÉVRIER-AVRIL 2016 VALAIS VALEUR AJOUTÉE
print flyers A5_3.qxp_Mise en page 1 11.02.16 15:33 Page1 Portes blindées Coffres-forts www.hess-martin.ch Serrures Coffres-forts de type Atemis Protection anti-effraction Portes blindées Systèmes mécatroniques Contrôle d’accès Cylindres mécaniques Route des Jardins 16 R u e d u Tu n n e l 3 1958 UVRIER / SION 1005 LAUSANNE 027 322 40 40 021 321 00 33 hess@hess-martin.ch martin@hess-martin.ch Venez nous rendre visite sur notre stand à Habitat et Jardin du 12 au 20 mars 2016
DÉCRYPTAGE ENTRE QUATRE YEUX 11 RENOUVELLEMENT DU GOUVERNEMENT VALAISAN EN 2017 ON SE DIRIGE VERS UNE BELLE COURSE DE POIDS LOURDS Jean-François Fournier – jean-francois.fournier@hotmail.com Ecrivain, ancien rédacteur en chef du Nouvelliste 2017, c’est demain ! Que ce soit les partis ou les candi- Schmidt fait ici figure de grandissime favori, lui qui dats, le Valais politique est déjà en ordre de bataille pour compte de solides soutiens parmi les financiers et les le renouvellement du Gouvernement. Si le tableau n’en barons, notamment dans le Bas du canton. Là où, préci- est pas encore aux finitions, on y voit déjà plus clair sément, la bagarre sera la plus intense. Car si Jacques s’agissant de la volonté et des chances de chacun. Les Melly, malgré son statut de prochain retraité, devrait être questions à cent francs concernent avant tout le PDC : réélu sans problème avec le soutien numérique politique qui pour accompagner Christophe de son puissant district et des tribus Darbellay dans les primaires? Et encore, amies, le siège de Maurice Tornay vau- qui pour remplacer Jean-Michel Cina? dra, lui, son pesant de cacahuètes. Le Evacuons donc d’abord les cas de l’UDC, ministre sortant vient d’ailleurs d’en at- du PS du PLR ! tester, en se constituant une vraie équipe Meilleur élu du Gouvernement avec de campagne, histoire de prouver son 56’913 voix en 2013, Oskar Freysinger envie de rester malgré les claques de tentera de conserver ce statut, s’ap- LEIS, de l’affaire Giroud, ou les difficultés puyant désormais sur un bon bilan à la budgétaires à venir qui rendent son job tête du Département de la formation et peu attrayant. En embuscade, le grand de la sécurité, département qu’il a par- baillif Nicolas Voide est aujourd’hui faitement géré, qui plus est en restant Christophe Darbellay sera de la partie choyé par l’aile la plus conservatrice du quoi qu’il advienne, avec la certitude dans les chiffres noirs. Tous ses collè- de pouvoir aller au bout dans tous les parti ; il est apparemment convaincu cas de figure. gues ne peuvent pas en dire autant… A que son heure est venue. Une convic- gauche, on prend le pari qu’aucun can- tion que partage le favori no 1 dans la didat n’arrivera à la cheville de l’expérimenté Stéphane course au fauteuil Tornay, Christophe Darbellay. Un Rossini. Même ses camarades du Haut-Valais ne regret- Darbellay qui nous a dit récemment encore sa convic- teront pas la trop effacée Esther Waeber-Kalbermatten. tion d’avoir le soutien des siens dans quelques se- Quant au PLR, comment pourrait-il se priver de son nouvel maines à Conthey, mais qui nous a aussi clairement effet Grichting? On misera dès lors un joli billet sur lui… laissé entendre que sa machine de campagne fonction- Au PDC, la donne est plus complexe. Il faudra régler la nerait également à plein régime, s’il devait se présenter probable succession de Cina, même si certains de ses en indépendant. Seule certitude pour le président des supporters laissent accroire que leur Jean-Michel pourrait démocrates-chrétiens suisses : il sera de la partie quoi n’avoir pas dit son dernier mot… De retour au Conseil qu’il advienne, avec la certitude de pouvoir aller au bout national, où il a déjà souvent brillé, le jaune Roberto dans tous les cas de figure. N°7 FÉVRIER-AVRIL 2016 VALAIS VALEUR AJOUTÉE
PROPRIÉTAIRES, ENSEMBLE PLUS FORTS DEVENEZ MEMBRES ! Les principales missions de notre association à but non lucratif : • Soutenir et défendre la propriété foncière bâtie et non bâtie • Promouvoir l’accession à la propriété • Informer nos membres sur les questions d’actualité (revue, newsletters, séminaires, conférences, etc.) • Etre le relai de nos membres auprès des autorités et services Secrétariat permanent : compétents Av. du Gd-St-Bernard 35 / 1920 Martigny • Mettre à disposition tous les documents utiles (baux à loyer, Tél. 027 722 99 39 / Fax: 027 723 22 26 formules officielles, guide du propriétaire, etc.) info@civ.ch / www.civ.ch • Bureaux-conseils CIV à Martigny, Monthey, Sierre et Sion
DÉCRYPTAGE AU FIL DU RHÔNE 13 LA DERNIERE CHRONIQUE DE NOTRE AMI JEAN-NOËL REY LA CROISSANCE ÉCONOMIQUE À BOUT DE SOUFFLE? LA CROISSANCE ÉCONOMIQUE DE LA SUISSE S’ESSOUFFLE. SUR UN AN, SELON LE SECO, ELLE DEVRAIT ATTEINDRE 0,8 %, SOIT DEUX FOIS MOINS QUE DANS LA ZONE EURO ! ET POUR L’OCDE, LE MODÈLE HELVÉTIQUE DE PROSPÉRITÉ ÉCONOMIQUE A TOUJOURS ÉTÉ BASÉ SUR L’INTÉGRATION DES TRAVAILLEURS IMMIGRÉS… DÈS LORS, L’ÉCONOMIE SUISSE EST-ELLE ENTRÉE EN PHASE DE STAGNATION COMME DANS LES ANNÉES 90? Jean-Noël Rey – jn.rey@bluewin.ch Ancien conseiller national, Président de la Chambre France-Suisse pour le commerce et l’industrie N°7 FÉVRIER-AVRIL 2016 VALAIS VALEUR AJOUTÉE
14 AU FIL DU RHÔNE DÉCRYPTAGE La croissance économique de la Suisse s’essouffle. nouveau choc économique. D’autant plus qu’elle Sur un an, selon le SECO, elle devrait atteindre risque de mettre en cause nos relations avec l’UE, 0,8 %, soit deux fois moins que dans la zone euro ! dont l’essentiel se résume à une participation Et pour l’OCDE, le modèle helvétique de prospérité pleine et entière au grand marché européen tota- économique a toujours été basé sur l’intégration lement libéralisé. L’exception suisse, qui enregis- des travailleurs immigrés… Dès lors, l’économie trait des sur-performances économiques n’est plus ! suisse est-elle entrée en phase de stagnation D’ailleurs, la Suisse progresse deux fois moins vite comme dans les années 90? que la zone euro ! Une telle dif- férence n’avait jamais été obser- Le Secrétariat d’Etat à l’économie Avoir vée depuis la création de la zone (SECO) a annoncé, au début dé- le courage euro, en 1999 ! cembre dernier, que le PIB de la de reconnaître Suisse a stagné au troisième tri- Soutenir avec force mestre. Sur un an, la croissance ses erreurs. une politique économique devrait donc atteindre 0,8 %, soit d’ouverture deux fois moins que dans la zone euro ! Ces pré- Cette nouvelle configuration inquiète. Le profes- visions confirment les difficultés de l’économie seur Aymo Brunetti de l’Université de Berne, par helvétique qui a dû absorber - et c’est toujours le exemple, a plusieurs fois mis en garde contre un cas - les effets de la suppression, en janvier 2015, risque d’autosatisfaction, comme celui qui préva- du prix plancher du franc suisse par rapport à l’eu- lait à l’approche des années 90, et qui a vu l’éco- ro, décidée par la BNS. D’ailleurs, les annonces nomie suisse stagner. Il voulait tirer la sonnette de délocalisations industrielles se font de plus en d’alarme et réveiller tous ceux qui pensaient - et plus pressantes. Prises l’une après l’autre, elles pensent encore - qu’il ne s’agit que d’un processus ne sont pas spectaculaires, mais globalement, d’ajustement et que tout rentrera dans l’ordre, dès elles commencent à peser. Certes, la plupart des que le choc monétaire sera absorbé ! A ce stade, industriels, qui s’appuient sur un partenariat avec il est difficile de trancher, mais en aucun cas, il ne les syndicats, tentent de « sauver les meubles » faut ignorer les enseignements des années 90, en augmentant le temps de travail sans compen- lorsque la Suisse a été à la traîne de la croissance sation salariale, en rabotant les coûts, ou en in- économique en Europe. La Confédération sortait troduisant le chômage partiel. Cependant, ces tout juste du refus, en 1992, de son adhésion à recettes de type conjoncturel atteignent leurs l’Espace Economique Européen, le fameux EEE si limites. cher à Delamuraz ; les perspectives étaient mo- roses et les tendances au repli fortes. Blocher avait Les prévisions du SECO traduisent aussi les incer- gagné, le pays avait perdu ! Mais ce ne sont ni lui, titudes quant à l’application du vote populaire du ni son UDC, malgré l’arrogance de leurs propos de 9 février 2014 sur le contingentement de l’immigra- l’époque à l’égard de l’UE, qui ont apporté les so- tion. En effet, comme le constate le dernier rapport lutions pour sortir la politique suisse de son iso- de l’OCDE, « le modèle helvétique de prospérité lement. Non, c’est bien le Conseil fédéral et ses économique a toujours été basé sur l’intégration diplomates qui ont magistralement négocié les des travailleurs immigrés ». Et selon ses experts, Accords bilatéraux, lesquels ont, malgré tout, ou- « le taux d’immigration reste un facteur déterminant vert les portes du grand marché européen à l’éco- de la croissance économique suisse basée sur la nomie helvétique. Sur cette lancée, les sept Sages hausse de la production par l’apport de main- ont ensuite proposé la libre circulation des per- d’œuvre, mais également sur l’augmentation de la sonnes, acceptée en votation populaire. Ce formi- consommation due à la présence des nouveaux dable accélérateur de la croissance assura des résidents. » Or, selon la décision d’appliquer plus années économiques prospères, au début du ou moins rigoureusement l’objet de la votation, les XXIe siècle, et permit à la Confédération une re- conséquences peuvent être assimilées à un prise quasi ininterrompue depuis la crise de 2008 ! N°7 FÉVRIER-AVRIL 2016 VALAIS VALEUR AJOUTÉE
DÉCRYPTAGE AU FIL DU RHÔNE 15 Grâce aux mesures d’accompagnement, la Suisse mais que les politiques suisses cessent de tergi- politique, dans un bel esprit de partenariat social, verser sur l’application de l’initiative contre l’im- a encadré la libre circulation des personnes par migration de masse. Le peuple n’a pas toujours des mesures pour éviter le dumping salarial et les raison, il faut avoir le courage de le lui dire sans dérapages sociaux. Aucun pays européen n’a eu trahir les droits populaires, mais en lui expliquant la sagesse de développer de tels instruments qui, les conséquences désastreuses pour la croissance bien sûr, méritent d’être renforcés, mais évitons économique d’une décision prise par une petite de jeter « le bébé avec l’eau du bain ». Hélas, ce majorité de circonstance ! ne sont pas les premières déclarations des députés UDC en faveur de plus d’armée et plus de protec- tion pour l’agriculture, au EN HOMMAGE À NOTRE AMI JEAN-NOËL, Conseil national nouvelle- MEMBRE DE NOTRE COMITÉ ÉDITORIAL, ment élu, qui nous ras- CHRONIQUEUR ATTITRÉ surent quant aux compé- tences économiques du Originaire de Chermignon, notre ami Jean-Noël, né le 23 dé- premier parti de Suisse ! cembre 1949 à Sierre et plus précisément à La Millière, un ha- Un parti qui, par idéolo- meau de Granges, fut un Honnête Homme, c’est-à-dire un être gie, reste braqué sur des doué d’intelligence, de courage et de générosité, selon la défi- solutions passéistes et nition du terme au XVIIe siècle. met en danger la vigueur de la croissance écono- Grand serviteur de l’Etat en tant qu’ancien collaborateur per- mique du pays par une sonnel du conseiller fédéral Otto Stich (1984-1989), puis direc- politique migratoire res- teur général de la Poste (1990-1998) et conseiller national so- trictive et bureaucratique. cialiste (2003-2007) viscéralement attaché à la social-démocratie, A force de faire peur aux Jean-Noël consacra son existence à l’étude de l’économie, sa citoyens pour mieux en- passion, mais l’économie au service de l’humain, celle qui l’aide granger des voix, l’onde à mieux vivre et à s’élever. D’ailleurs, docteur en sciences éco- de choc anxiogène atteint nomiques et sociales (mention science politique) de l’Université aussi l’économie ! de Genève, Jean-Noël brilla par ses analyses économiques tou- jours pointues et teintées de préoccupations sociales, à com- Dans ces conditions, les mencer par l’exigence de solidarité, qu’une plume acérée et organisations patronales, brillante transcrivit magnifiquement dans ses écrits. Mais le fin en particulier economie- lettré Jean-Noël fut aussi un intellectuel de gauche, un engage- suisse, doivent cesser de ment assumé qui le conduisit à s’impliquer à la tête de diverses faire les yeux doux à l’UDC associations en faveur des handicapés et à participer à des et oser soutenir avec force actions humanitaires, à « mouiller sa chemise » comme l’on dit, une politique économique à l’instar de celle qui l’amena à se rendre au Burkina Faso, où d’ouverture basée sur la il fut odieusement assassiné ce vendredi 15 janvier. Et puis la libre circulation, facteur fibre humaniste guida immuablement l’âme de Jean-Noël, lui déterminant de crois- qui privilégia l’intelligence du cœur. sance selon les experts de l’OCDE. Que les auto- Adieu, ami Jean-Noël, ou sans nul doute à tout bientôt, et encore rités helvétiques et celles merci pour ta belle et riche participation à notre projet éditorial de l’UE se mettent d’ac- Valais Valeur Ajoutée. cord sur une clause de Didier Planche sauvegarde tant mieux, N°7 FÉVRIER-AVRIL 2016 VALAIS VALEUR AJOUTÉE
« Sur nos mandats, présence permanente d’experts-réviseurs » Christelle Sierro Experte-comptable diplômée Licenciée HEC Experte-réviseur agréée U N E A PPR O C HE DI F F É R E N T E NOTRE PHILOSOPHIE Fiduciaire FIDAG SA, fondée en 1959, est un acteur majeur en Suisse > Une organisation simple et efficace romande avec ses sept bureaux et ses 80 collaborateurs. Active dans > Des services personnalisés et de qualité tous les domaines de la fiduciaire, elle offre un service global de > Du personnel hautement qualifié haute qualité avec des honoraires attractifs. CONSEIL EN ADMINISTRATION COMPTABILITÉ AUDIT FISCALITÉ ENTREPRISE DE SOCIÉTÉS www.fidag-sa.ch MARTIGNY | SION | CRANS-MONTANA | SIERRE | MONTHEY | VERBIER | GENEVE martigny@fidag-sa.ch sion@fidag-sa.ch crans-montana@fidag-sa.ch sierre@fidag-sa.ch monthey@fidag-sa.ch verbier@fidag-sa.ch geneve@fidag-sa.ch T 027 721 71 21 T 027 327 22 27 T 027 485 99 66 T 027 455 82 77 T 024 471 19 67 T 027 771 50 45 T 022 566 50 25
DÉCRYPTAGE DU CÔTÉ DU SECTEUR BANCAIRE 17 GESTION PATRIMONIALE À CRANS-MONTANA ET VERBIER LES AFFAIRES POURRAIENT REPARTIR DE PLUS BELLE LA MISE EN DANGER DES FORFAITS FISCAUX ET DES SUCCESSIONS, PUIS L’OBLIGATION DE RÉGULARISATION FISCALE, ENTRE AUTRES, ONT DONNÉ DE TERRIBLES SUEURS FROIDES AUX CLIENTS ÉTRANGERS FORTUNÉS DE LA GESTION PATRIMONIALE, DANS LES STATIONS DES ALPES VALAISANNES DE CRANS-MONTANA ET VERBIER. QUELQUES-UNS ONT D’AILLEURS PRIS LA POUDRE D’ESCAMPETTE, ALORS QUE D’AUTRES ONT REMIS À PLUS TARD LEUR IMPLANTATION EN VALAIS. MAIS LA MAJORITÉ DE LA CLIENTÈLE S’EST PLIÉE (MALGRÉ ELLE) AUX NOUVELLES RÉGLEMENTATIONS CONTRAIGNANTES ET PARFOIS MÊME COERCITIVES, EN PARTICULIER FISCALES. FREINÉES PENDANT UN CERTAIN TEMPS, LES AFFAIRES DE GESTION PATRIMONIALE DANS LES DEUX STATIONS COURUES POURRAIENT CEPENDANT REPARTIR À LA HAUSSE. Didier Planche – didier.planche@bluewin.ch Directeur de la publication Philippe Udry a fondé et dirige Symphony Family quelque part frôlé la catastrophe, car le secteur Office SA à Sion, depuis 2007, avec deux succursales financier valaisan aurait été laminé en cas d’ac- à Crans-Montana et Verbier. ceptation. Il n’empêche qu’aux Comme son nom l’indique, yeux de la clientèle étrangère cette enseigne est spécialisée fortunée qui en parlait depuis dans l’activité de Family Office, 2012, ces deux votations ont recouvrant une approche plu- laissé un goût amer d’instabi- ridisciplinaire de la gestion lité juridique en Suisse, phé- patrimoniale avec un large nomène jusqu’alors inexistant éventail de prestations comme et même inconcevable. la planification et la domicilia- D’ailleurs, au cours de cette tion fiscales, le conseil succes- époque de brouillard juridique, soral, la négociation de cré- certaines familles de renom ont dits, la conduite d’opérations déménagé sous des cieux plus immobilières, etc. Selon cléments, alors que d’autres Philippe Udry, la votation fédé- ont reporté leur installation en rale sur l’abolition des forfaits Valais », reconnaît le gérant de Philippe Udry, fondateur et CEO de Symphony fiscaux en novembre 2014 et Family Office SA : « L’administration fiscale patrimoine, précisant que sa celle sur l’imposition des suc- valaisanne s’avère très efficiente dans le société a réussi à ne pas inver- traitement des forfaits fiscaux par rapport à cessions, en juin 2015, ont for- d’autres pays du monde accueillant les ser la courbe de croissance de personnes fortunées à bras ouverts. » tement ébranlé la clientèle ai- ses affaires. Ensuite la lex sée des deux stations Weber, instaurant la limitation valaisannes huppées que sont Crans-Montana et à hauteur de 20 % de la construction de nouvelles Verbier. « Par chance, ces deux objets ont été re- résidences secondaires dans les communes, et fusés par le peuple suisse, mais nous avons la loi sur l’aménagement du territoire (LAT), N°7 FÉVRIER-AVRIL 2016 VALAIS VALEUR AJOUTÉE
18 DU CÔTÉ DU SECTEUR BANCAIRE DÉCRYPTAGE limitant drastiquement les zones constructibles et le responsable clientèle de Bruellan Wealth par le déclassement de terrains, qui provoqueront Management SA, une société genevoise de gestion à moyen terme une hausse de la patrimoniale qui a également pi- valeur du bâti, sont autant de gnon sur rue à Verbier. Spécialisée changements juridiques ayant dans les mandats de gestion dis- concouru à inquiéter sérieuse- crétionnaire, elle offre en plus ment les investisseurs privés. toute la palette de prestations de Quant à la récente réglementa- Family Office. De l’avis de Jean- tion sur la fiscalité de l’épargne, Paul Tissières, c’est surtout l’obli- décrétée pour lutter contre la gation de conformité fiscale, dont fraude fiscale, et la future entrée la responsabilité incombe à en vigueur de la loi sur l’échange chaque contribuable et non à automatique de renseignements l’établissement financier, qui a avec l’Union européenne (UE), déstabilisé la clientèle étrangère. étonnamment elles ne déstabi- « La régularisation bulldozer a lisent guère la clientèle étran- Jean-Paul Tissières, associé et responsable commencé dès juin 2014 avec les clientèle de Bruellan Wealth Management gère, qui accepte de jouer le jeu SA : « Grâce au forfait fiscal, un avantage sanctions infligées à UBS, dans indéniable, le canton du Valais continuera en se pliant aux nouvelles exi- à attirer bon nombre de ressortissants le cadre de l’accord conclu entre fortunés de pays européens. » gences réglementaires, surtout la Suisse et les Etats-Unis facili- que ces dernières sont générali- tant l’application du Foreign sées à la majorité des pays de l’OCDE. Account Tax Compliance Act, ou FATCA, pour les A Crans-Montana, Jean-Paul Tissières est l’associé établissements bancaires et financiers helvé- tiques. Ce nouveau para- digme s’est ensuite propagé LES CLIENTS BANCAIRES TOUJOURS PROTÉGÉS co m m e un e t ra î n é e d e poudre. C’est ainsi que les Selon l’expertise de Philippe Udry de Symphony Family Office SA, le autorités fiscales françaises pragmatisme réaliste en matière de fiscalité de certains Etats, comme ont attaqué de front les la Suisse, a plutôt simplifié la vie des clients fortunés qui n’ont pas banques suisses pour rechigné, dans leur grande majorité, à régulariser leur situation fiscale. qu’elles dénoncent leurs « Certes, certains pans du secret bancaire ont disparu, mais la pro- clients français non déclarés. tection de la sphère privée, son axe central, reste toujours d’actualité Très vite, les Allemands leur en Suisse, puisque les établissements bancaires sont tenus au secret ont emboîté le pas. A cette professionnel, sauf en cas d’enquête pénale. Les clients conformes époque, la clientèle étrangère fiscalement bénéficient donc de cette protection, qui constitue un a été véritablement choquée réel atout de la place financière helvétique », tient-il à souligner. par la rapidité et la brutalité des événements. Les deux vo- Nicolas Wyss, responsable du Wealth Management à UBS SA Valais tations sur l’abolition des for- (Sion), observe que la stabilité et la sécurité du droit demeurent très faits fiscaux et l’imposition importantes, surtout pour la nouvelle clientèle qui a parfois été sus- des successions, puis la lex pendue du fait des incertitudes ambiantes. De toute manière, la Weber et la LAT, suivies par politique d’UBS est très claire, puisque la banque n’accepte que des la décision d’appliquer clients fiscalement conformes. Pour la clientèle existante, l’établis- l’échange automatique de ren- sement zurichois se fait fort de répondre à ses éventuelles interro- seignements, ont encore ac- gations. « Nos clients, qui ont dû se mettre en règle fiscalement, centué son désarroi. Dans ces constatent rétrospectivement que c’était le choix à faire et la décision conditions, nos affaires de pertinente face à l’avenir », relève Nicolas Wyss. gestion de fortune ont stagné pendant ces deux dernières N°7 FÉVRIER-AVRIL 2016 VALAIS VALEUR AJOUTÉE
DÉCRYPTAGE DU CÔTÉ DU SECTEUR BANCAIRE 19 années. Cette situation tend à perdurer, comme pour l’en- LA DIVISION GESTION DE PATRIMOINE DE LA BCVS semble de la place financière suisse d’ailleurs », analyse Si ses gérants de fortune sont répartis dans les succursales l’associé de Bruellan Wealth régionales des villes et les points de vente des principales sta- Management SA, dont l’éro- tions, dont bien évidemment Crans-Montana et Verbier, c’est sion des mandats est cepen- une équipe centralisée auprès du siège de Sion qui assure le dant restée insignifiante, suivi de la clientèle, dont la dimension du patrimoine nécessite compte tenu de son orienta- des conseils, respectivement des produits spécifiques. « Notre tion clientèle. « Dès sa créa- centre de compétences Asset Management épaule les conseil- tion, notre société a privilé- lers et construit des portefeuilles modèles, notre unité centra- gié la clientèle suisse et celle lisée de Portfolio Management gère nos mandats de gestion la d’origine étrangère conforme plupart du temps sous une forme déléguée, fournit une infor- fiscalement. D’où un nombre mation constante sur la situation des marchés et apporte une infime de dossiers qui ont dû aide dans la sélection des produits financiers, selon les besoins être régularisés. En outre, de la clientèle. Quant à notre Desk Advisory, il centralise les nous préférons miser sur la compétences de conseils pour les clients avertis et les tiers qualité des clients, plutôt gérants. Afin de compléter sa gamme de produits et d’offrir à que sur leur quantité, ce qui l’ensemble de sa clientèle des solutions d’investissement de explique la progression proximité adaptées, la BCVs a commercialisé sa propre gamme contrôlée de notre masse de fonds de placement, BCVs flex, en septembre 2015 » com- sous gestion », confirme mente Nicolas Debons, le directeur général de la division Jean-Paul Tissières, dont la Gestion de patrimoine. clientèle suisse et euro- péenne commence dès un S’agissant du négoce, la BCVs met à la disposition de sa clien- million de francs de patri- tèle une structure d’exécution des ordres de bourse et pour les moine, jusqu’aux richissimes opérations de devises. Cette cellule traite directement avec les High Net Worth Individuals bourses du monde entier, car la banque possède sa propre (HNWI). salle des marchés, en prise permanente avec les places finan- cières de la planète. De plus, une plate-forme électronique, Toujours connectée au réseau international, suit en temps réel l’évolu- l’instabilité juridique tion des transactions. Même si les affaires de la division Gestion de patri- moine de la Banque Cantonale du Valais (BCVs) poursuivent un trend ascen- dant dans les stations co- tées de Crans-Montana, Verbier et aussi Zermatt, son directeur général, Nicolas Debons, confirme qu’une partie de la clientèle étran- gère, qui y réside, a été frois- sée par l’obligation de régu- larisation fiscale et a plutôt La clientèle de Crans-Montana se compose davantage d’héritiers et de retraités, pratiquant mal vécu l’instabilité juri- assidûment le golf. – © Valais Wallis Promotion dique due aux votations sur N°7 FÉVRIER-AVRIL 2016 VALAIS VALEUR AJOUTÉE
20 DU CÔTÉ DU SECTEUR BANCAIRE DÉCRYPTAGE La BCVs est implantée dans la plupart des stations alpines valaisannes, avec de solides succursales à Crans-Montana, Verbier, ou encore Zermatt, entre autres. Sa division Gestion de patrimoine compte plus de 60 collaborateurs, dont vingt-six gérants de fortune, placés sous la responsabilité de Nicolas Debons, entré en fonction le 1er sep- tembre 2010 après un parcours professionnel étoffé passé à UBS. Elle privilégie une stratégie on shore, en ciblant principalement la clientèle domiciliée fiscalement en Suisse, en Valais en particulier, mais aussi celle des pays voisins. Dans l’optique de consolider et d’accroître la clientèle on shore, elle met l’accent sur la croissance orga- nique, la pérennisation des avoirs, la fidélisation des clients existants et le développement de nou- velles relations d’affaires. « En ce qui concerne la clientèle domiciliée à l’étranger, notre activité de vente et de conseil se limite à des clients dûment fiscalisés dans leur pays d’origine, avec une Nicolas Wyss, responsable du Wealth Management à UBS SA Valais (Sion) : « Nous pouvons à nouveau nous consacrer au développement application stricte des principes liés aux activités de nos affaires dans les deux stations de Crans-Montana et Verbier ». financières cross-border », insiste le directeur général. les forfaits fiscaux et l’imposition des succes- sions. « L’érosion de cette clientèle s’est concré- tisée à Crans-Montana et Verbier au cours de ces deux dernières années, car elle était très préoc- cupée par d’éventuelles décisions juridiques qui les desserviraient véritablement. Cependant, l’is- sue des votations a calmé le jeu. Malheureusement, l’acceptation de la lex Weber et de la LAT ont en- core causé du souci aux clients étrangers friands de résidences secondaires. De notre côté, nous avons toujours cherché à stabiliser la situation en informant et en conseillant notre clientèle dans la prise de décisions efficientes et favorables à leur patrimoine ; nous l’avons aussi rendue atten- tive, dès 2012, à la nécessité de se régulariser sur le plan fiscal et de la future entrée en vigueur de l’échange automatique de renseignements avec l’Union européenne », relève Nicolas Debons, pré- cisant qu’environ 1200 personnes bénéficient du forfait fiscal en Valais, un nombre désormais sta- bilisé. La BCVs a toujours entretenu une relation étroite et régulière avec sa clientèle étrangère durant cette période d’incertitudes. « Je peux dire que la confiance avec nos clients n’a jamais été La clientèle de Verbier est particulièrement jeune et sportive (70 % de skieurs durant la saison d’hiver). – © Valais Wallis Promotion rompue, bien au contraire », se réjouit-il. N°7 FÉVRIER-AVRIL 2016 VALAIS VALEUR AJOUTÉE
Vous pouvez aussi lire