À LA CROISÉE DES CHEMINS P. 27 - DOSSIER SUR LES REMONTÉES MÉCANIQUES DU VALAIS
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N° 7 FÉVRIER-AVRIL 2016 – VALAIS VALEUR AJOUTÉE – CHF 6.50
LE MAGAZINE INDÉPENDANT
DE L’ÉCONOMIE VALAISANNE
DOSSIER SUR LES REMONTÉES
MÉCANIQUES DU VALAIS
À LA CROISÉE DES CHEMINS P. 27
LA DERNIÈRE CHRONIQUE > Enquête :
Le crédit bancaire en question – p. 7
DE NOTRE AMI JEAN-NOËL REY > La gestion patrimoniale
à Crans-Montana et Verbier – p. 17
> La croissance > Une sacrée bûcheuse
économique à bout à la tête d’Abricool – p. 64
de souffle? – p. 13
> Chemin de fer :
Sa genèse en Valais – p. 67ÉDITORIAL 3
IMPRESSUM
ÉDITORIAL
Didier Planche – didier.planche@bluewin.ch
VALAIS VALEUR AJOUTÉE Directeur de la publication
Le magazine indépendant Pour et Sur le Valais économique
Février-Avril 2016 – Trimestriel
Tirage : 10 000 exemplaires
Accorder la priorité à l’innovation… et non l’anéantir !
Edition numérique : Site web libre d’accès
www.valaisvaleurajoutee.ch
Valais Valeur Ajoutée, votre magazine économique, se voit contraint, pour une
Société éditrice : VALINNOV Sàrl, chemin du Vieux-Canal 15, 1950 Sion
(Didier PLANCHE, gérant) fois, de déroger à sa ligne éditoriale résolument constructive, partant du prin-
Directeur de la publication : Didier PLANCHE, tél. 079 622 74 06,
redaction@valaisvaleurajoutee.ch – didier.planche@bluewin.ch cipe qu’il est plus bénéfique à l’économie de louer « les trains qui partent à
Conseillers à la direction : Géo BETRISEY, tél. 027 203 24 50,
geo.betrisey@netplus.ch, Romano SCHALEKAMP, tél. 079 213 42 43, l’heure », plutôt que de déverser son fiel sur ceux en retard.
rs@devas.ch
Rédaction : Laurence FACELLI, tél. 078 861 55 33, laurence.facelli@
Une décision fédérale, datant de novembre dernier, en est la cause. Elle
bluewin.ch, Christelle MAGAROTTO, tél. 076 439 41 19, christelle@ concerne la réduction de l’enveloppe budgétaire allouée à la R&D, donc à
magarotto.ch, Geneviève ZUBER, tél. 079 254 43 57, ge.zuber@gmail.
com, Edgar BLOCH, tél. 079 239 63 26, edgarbloch1@gmail.com, Joël l’innovation, de quelque 550 millions de francs (la formation est aussi touchée),
CERUTTI, tél. 079 457 44 28, joelcerutti@gmail.com, François DAYER,
tél. 079 449 60 82, francois.dayer@netplus.ch, Jean-François pour la période 2017 à 2019. Sans nul doute, le Conseil fédéral a de bonnes
FOURNIER, tél. 079 690 09 98, jean-francois.fournier@hotmail.com,
François PRAZ, tél. 079 658 63 71, eurekom@netplus.ch, Luzius raisons d’instaurer un programme d’austérité, afin d’inscrire à la baisse les
THELER, tél. 079 611 05 07, luzius.theler@bluewin.ch
Chroniqueurs attitrés : Hildegard ABBET, Adeline BAYS, Anne Sophie
dépenses de la Confédération. Mais affaiblir l’authentique valeur ajoutée de
FIORETTO, Béatrice MONNET, Eloïse MORISOD, Line PILLET, Bernard la Suisse, c’est-à-dire son innovation, de surcroît garante de son avenir, consti-
ATTINGER, Frédéric BAGNOUD, Marc-André BERCLAZ, Géo BETRISEY,
Xavier BIANCO, Blaise CRETTOL, Yves DARBELLAY, Raphaël FAVRE, tue une ineptie, doublée d’une grave faute stratégique. Car tuer la créativité
Philippe GAEMPERLE, Laurent GILLIOZ, Robert GIROUD, Gérard HERTLI,
Stéphane JEAN, Cédric LUISIER, Jacques METRAILLER, David MOUNIR, dans l’œuf et dès lors anémier l’innovation - en clair une invention issue de
Antoine PERRUCHOUD, Olivier RAEMY, † Jean-Noël REY, Vincent RIESEN,
Me Julien ROUVINEZ, Romano SCHALEKAMP tous les secteurs et domaines d’activité humaine donnant naissance à un
Ont collaboré à ce numéro: Irène RIEDER, Membre de la direction, CCF-Centre
de Compétences Financières (Sion), Lionel EMERY, Assistant de recherche,
produit, ou à un processus, promis à la conquête du marché - équivaut à
HES-SO Valais-Wallis (Sierre), Sébastien MABILLARD, Coordinateur du Digital condamner les perspectives du développement multi-sectoriel de l’Helvétie,
Health Accelerator, Fondation The Ark (Sion), Frédéric REVAZ, Responsable
du programme Business eXperience, HES-SO Valais-Wallis (Sierre) autrement dit sa compétitivité.
Correction/relecture : Paulette BERGUERAND, tél. 027 456 11 18,
technopolette@netplus.ch Si une poignée d’organismes européens et supranationaux désigne toujours
Traduction/adaptation : Edgar BLOCH, tél. 079 239 63 26,
edgarbloch1@gmail.com la Suisse comme championne mondiale de l’innovation au niveau de ses ex-
Illustrations : Valais/Wallis Promotion
Impression : Mengis Druck (Viège) – Sebastian BREGY,
trants (brevets, produits innovants), plusieurs instances scientifiques, écono-
tél. 079 830 56 91, s.bregy@mengisdruck.ch miques ou universitaires tirent la sonnette d’alarme à cause de sa perte de
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Directeur commercial : Michel GUEX, tél. 079 435 00 35, michelguex@ tions-cadre) de l’innovation, reflétant pourtant son potentiel. Alors, plutôt que
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Web Master : apcom Solutions SA – Grégory LIAND, directeur, d’éroder les dépenses en R&D, le Conseil fédéral se montrerait plus avisé en
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tél. 079 345 12 53, alain.praz@alpsoft.ch solvant les obstacles structurels de l’innovation. Mais non, il préfère couper
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209 44 78, gregory.liand@apcom.ch, Kiosques Naville, La Poste Suisse dans le vif, démontrant une fois de plus son incompétence en matière de vision
Prix de vente au numéro : 6,50 CHF stratégique à long terme.
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Dans ce contexte, les parlementaires valaisans, élus aux Etats et au National,
COMITÉ ÉDITORIAL
ont le devoir de s’insurger contre cette décision de laisser dépérir la R&D, et
Mmes Me Chantal BALET-EMERY, par conséquent l’innovation, l’atout primordial de la Suisse. Surtout que, conco-
Marie-Françoise PERRUCHOUD-MASSY
MM. Marc-André BERCLAZ, Géo BETRISEY, Eric
mitamment, le Valais sera frappé de plein fouet, lui qui se distingue justement
BIANCO, David CRETTENAND, Yves DARBELLAY, par ses innovations pour mieux dessiner son futur économique.
Jean-Daniel DESCARTES, Michel GUEX, Fabrice
HAENNI, Grégoire ITEN, Bernard MICHELOUD,
Henri PLOMB, † Jean-Noël REY, Vincent RIESEN, En page 15, nous rendons hommage à notre cher ami Jean-Noël, membre du
Romano SCHALEKAMP, François SEPPEY,
Me Dominique SIERRO, Philippe UDRY, Comité éditorial et chroniqueur attitré de notre magazine, décédé le vendredi
Didier PLANCHE (président) soir 15 janvier à Ouagadougou (Burkina Faso), dans des circonstances parti-
Photo de couverture : Zermatt Matterhorn Express, © Valais/Wallis Promotion culièrement dramatiques.
N°7 FÉVRIER-AVRIL 2016 VALAIS VALEUR AJOUTÉESA SEULE EXIGENCE,
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T 027 327 22 77 F 027 327 22 79 actis@fidactis.chSOMMAIRE FÉVRIER-AVRIL 2016 5
SOMMAIRE
ENQUÊTE 58 Galaxie start-up : bolay.co confirme son potentiel
7 Le crédit bancaire en question : 60 Univers PME :
L’analyse de deux banquiers de la place valaisanne L’empreinte de Debiopharm dans plus de 100 pays
procure une certaine sérénité
62 Focus Entreprise :
DÉCRYPTAGE De nouveaux horizons pour la marque Valais
11 Entre quatre yeux : 64 PME Découverte :
On se dirige vers une belle course de poids lourds Une sacrée bûcheuse à la tête d’Abricool
pour le renouvellement du Gouvernement valaisan 67 Histoire économique :
en 2017 La genèse du chemin de fer en Valais
13 Au fil du Rhône :
La croissance économique à bout de souffle? SAVOIR-FAIRE
17 Du côté du secteur bancaire : 71 Création d’entreprise :
Les affaires de gestion patrimoniale Business eXperience et Business Concept réunis
à Crans-Montana et Verbier pourraient repartir pour la première fois en Valais
de plus belle 72 Télégrammes
25 L’Analyse immobilière : 73 Financement d’entreprise :
Du neuf sous le soleil De nouvelles aides financières pour le tourisme
74 Droit des affaires :
ÉCLAIRAGE Les devoirs du banquier en tant que conseiller en
27 Spécial dossier sur les remontées mécaniques placement
du Valais : 75 Fiscalité des entreprises :
A la croisée des chemins L’impôt sur le capital des personnes morales
28 Un immense défi pour les remontées mécaniques 76 Retraite et prévoyance en entreprise :
valaisannes ! Taux négatifs et prévoyance professionnelle
31 Financement des entreprises de remontées 77 Assurance d’entreprise :
mécaniques du Valais (RMV) : Les graves menaces du Web
une loi cantonale comme seule alternative viable 78 Coaching en entreprise :
44 Arthur Clivaz, président des RMV : Audit, ou coaching d’équipe?
« Il n’y a pas vraiment de plan B » 79 Management :
46 Haut-Valais : savoir s’adosser avec efficience Préparer des indicateurs pour mesurer la performance
48 Une opportunité exceptionnelle pour les RMV 80 Télégrammes
49 Recherche financement, un peu, beaucoup, 81 Compétences en entreprise :
urgemment Feedback constructif : ouvrez la fenêtre de Johari
52 Comment renforcer la compétitivité d’une branche
sous-valorisée? VIE PRIVÉE
83 Moteur :
REPÈRES Opel Karl, une citadine pleine de qualités
54 Innovation : pour conquérir le marché
Une souris virtuelle « made in Valais » pour améliorer 84 J’ai partagé ma fondue avec... Eliane Gaspoz
le confort des tétraplégiques 85 Œnothèque :
56 Au cœur du Campus de l’EPFL Valais-Wallis : Le Les femmes ont fait leur place dans le vin
rayonnement scientifique du Valais 86 Le Billet iconoclaste :
monte en puissance Europe, un pour tous, tous contre un...
N°7 FÉVRIER-AVRIL 2016 VALAIS VALEUR AJOUTÉEENQUÊTE LE CRÉDIT BANCAIRE EN QUESTION 7
L’ANALYSE DE DEUX BANQUIERS DE LA PLACE VALAISANNE
LE CRÉDIT BANCAIRE EN QUESTION
UNE BONNE COMPRÉHENSION DU CONTEXTE BANCAIRE ACTUEL CONSTITUE
UN PREMIER PAS DANS LA DÉMARCHE DE PLANIFICATION D’UN FINANCEMENT.
CELLE-CI AURA LES MEILLEURES CHANCES D’ABOUTIR SI ELLE EST STRUCTURÉE
DE FAÇON SATISFAISANTE POUR TOUTES LES PARTIES. L’ANALYSE DE DEUX
BANQUIERS DE LA PLACE VALAISANNE.
Laurence Facelli – laurence.facelli@bluewin.ch
Chroniqueuse financière, conseillère en investissement
Le cadre légal bancaire suisse a pour but de renfor- d’autres, ou peuvent préférer un type de finance-
cer la stabilité financière du pays. Il influence im- ment plutôt qu’un autre.
plicitement la capacité et les choix des établisse-
ments dans l’octroi de crédit. Taux négatif, pression sur les marges
bancaires
Hausse des coûts et des contraintes Les taux actuellement négatifs ne sont pas appliqués
pour les banques aux comptes de dépôts. Selon une analyse récente
Depuis 2010, la BNS et la FINMA ont renforcé leur
collaboration dans le domaine de la stabilité finan-
cière, avec des exigences assurant la pérennité du
système financier helvétique qui ne cessent de se
renforcer. Désormais, les banques doivent disposer
d’une proportion toujours plus importante de fonds
propres dans leur bilan. Aussi, les mesures de
risques ont été affûtées avec le ratio de fonds
propres pondéré par le risque des actifs au bilan.
Concrètement, les établissements bancaires sont
appelés à poursuivre la diminution de leur levier
financier et à afficher une plus grande transparence
sur leurs risques vis-à-vis de la FINMA.
Les exigences en matière de liquidités ont égale-
ment été renforcées avec, globalement, une propor-
tion détenue par les banques qui a fortement aug-
menté1. La capacité à prêter de l’argent est dès lors
conditionnée par un grand nombre de paramètres
et contraintes comme la taille de l’établissement
bancaire, la proportion de ses fonds propres, de
ses liquidités et des risques de son portefeuille
Pascal Perruchoud, président de la Direction générale de la Banque
existant. Il en résulte que certaines banques ont Cantonale du Valais : « La proximité permet de bien connaître ses clients
et de trouver des solutions avec eux. »
peut-être un peu plus de marge de manœuvre que
N°7 FÉVRIER-AVRIL 2016 VALAIS VALEUR AJOUTÉE8 LE CRÉDIT BANCAIRE EN QUESTION ENQUÊTE
Cela étant, elle reste inchan-
RÉCAPITULATIF DES CHANGEMENTS LÉGAUX PASSÉS ET FUTURS gée, même au cours des ré-
cents renforcements du cadre
Pour les clients : le volant anticyclique réglementaire. C’est important
Directives relatives aux exigences minimales pour les financements pour notre établissement, car
hypothécaires (2014) de l’Association suisse des banquiers (ASB) : fonds les opérations d’intérêts sont
propres minimaux de 10 % hors l’avoir du 2e pilier, avec un amortisse- actuellement l’une de ses prin-
ment linéaire, et dont la dette doit correspondre au 2/3 de la valeur de cipales sources de revenus. »
nantissement du bien immobilier, en l’espace de quinze ans maximum ; Et de préciser que pour le
celle-ci est valable pour tous les nouveaux crédits hypothécaires et les calcul de la capacité financière
augmentations ; en revanche, cette directive ne concerne pas les im- des clients, les exigences de la
meubles commerciaux. FINMA sont intégrées dans les
réglementations internes. Bien
Pour les banques : Bâle III pour les normes internationales que la marge soit mise sous
(pour les normes suisses, voir les ordonnances ; pression à cause des taux bas,
la FINMA surveille leur application). leur propension au risque
reste constante. Florian
Ordonnance sur les liquidités : les exigences quantitatives sur le ratio Debons signale, toutefois, des
de liquidités à court terme (Liquidity Coverage Ratio, LCR) sont obliga- adaptations en matière de fi-
toires depuis 2015 ; le ratio structurel de liquidités à long terme (Net nancement des terrains à bâtir,
Stable Funding Ratio, NSFR) sera obligatoire à partir de 2018. suite à l’introduction de la LAT.
« Dans ce cas, le mode de fi-
Ordonnance sur les fonds propres (2012) : les banques, classées par nancement est plus restrictif et
catégories selon leur profil de risques et la concentration de ces derniers, basé sur une analyse appro-
doivent posséder un minimum de fonds propres dans un délai fondie », relève-t-il. A la
imparti. Banque Cantonale du Valais
(BCVs), on estime également
Exigences supplémentaires pour les établissements d’importance que la directive relative aux
systémique, ou too big to fail, soit beaucoup trop influents pour qu’il exigences minimales pour les
soit envisageable de les laisser partir en faillite (UBS, CS, Raiffeisen, financements hypothécaires
Banque Cantonale de Zurich, PostFinance) : too big to fail depuis 2012 ; représente bien le principal
Going concern (fonds propres de base durs et capital convertible en changement. La faiblesse des
vue d’absorber des pertes sans interrompre l’activité) et Gone concern taux d’intérêts n’a toutefois
(instruments de bail-in, c’est-à-dire fonds de tiers susceptibles d’être pas eu d’impact sur la poli-
convertis en fonds propres, ou amortis, lors d’une liquidation) seront tique d’octroi de crédit, au sein
appliquées progressivement pour être totalement effectives en 2019. de cet établissement. Le taux
théorique est resté inchangé
pour calculer la capacité d’as-
de la société d’audit EY2, le manque à gagner sur les sumer les charges financières. En revanche, sa poli-
dépôts serait compensé par une augmentation du tique de refinancement et la fixation des taux d’inté-
coût (marge bancaire) des nouvelles hypothèques. rêts ont dû être reconsidérées, car sa politique de
En bref, il s’agit d’un transfert de marge. crédit doit permettre la réalisation des objectifs de
rentabilité fixés par son conseil d’administration pour
L’impact de ces changements sur la politique l’ensemble de la banque, notamment au niveau des
d’octroi de crédit fonds propres et de la qualité du portefeuille de
Pour Florian Debons, directeur-adjoint à la Banque crédit.
Raiffeisen Sion et Région, « notre politique de crédit,
sur laquelle se fonde son octroi, a un caractère stra- A la question de savoir s’il existe un secteur écono-
tégique et, par conséquent, est définie à long terme. mique pour lequel il est plus facile d’obtenir un
N°7 FÉVRIER-AVRIL 2016 VALAIS VALEUR AJOUTÉEENQUÊTE LE CRÉDIT BANCAIRE EN QUESTION 9
Cependant, les entreprises clientes d’une certaine
taille se financent davantage sur le marché des
capitaux, car l’émission d’obligations apparaît plus
attractive qu’un financement bancaire.
Proximité et partenariat
Lors d’une création d’entreprise, ou d’une nouvelle
activité, qui fait du sens dans un contexte porteur,
la capacité du banquier à se projeter objectivement
avec l’entrepreneur demeure la clef de voûte,
lorsque le capital n’a pas encore été constitué.
Durant la vie d’un crédit, en cas de difficultés pas-
sagères, cette bonne connaissance peut se traduire
par la possibilité d’une suspension d’amortisse-
ment, afin de préserver les liquidités et la pérennité
d’une société. Pascal Perruchoud, président de la
direction générale de la BCVs, pour sa part, admet
que « la proximité permet de bien connaître ses
clients et de trouver des solutions avec eux ». Selon
Florian Debons, une mise en liquidation coûte cher
de par la procédure qu’elle génère et le nombre de
personnes impliquées. « Une bonne connaissance
de la situation favorise une meilleure évaluation
Florian Debons, directeur-adjoint à la Banque Raiffeisen Sion et Région :
« Une bonne connaissance de la situation permet une meilleure des risques et la définition d’un cadre d’action avec
évaluation des risques et de définir un cadre d’action avec le client. »
le client », affirme-t-il. Et de souligner la présence
grandissante de son établissement dans l’accom-
crédit, la BCVs observe plutôt les difficultés des pagnement de projets plus complexes, comme celui
activités liées au tourisme, hébergement en tête, d’une succession d’entreprise.
qui dépendent en grande partie d’une clientèle de
la zone euro et sont tributaires des conditions mé- De fait, les banques jouent un rôle déterminant dans
téorologiques. Quant à Florian Debons de la Banque le développement d’une région, car les crédits qu’elles
Raiffeisen Sion et Région, il confie que, malgré cer- consentent à l’économie réelle définissent sa crois-
taines activités dites à risque, il existe des entre- sance future et ses emplois. A la question de savoir si
prises saines et florissantes dans chaque secteur. leur attitude auprès des PME et des indépendants va-
Un examen de la solvabilité et de la capacité finan- laisans s’est modifiée, la BCVs confirme que son rôle
cière du client est donc réalisé pour chaque de- et sa mission sont toujours orientés vers le soutien à
mande de crédit. En ce qui concerne la distinction l’économie cantonale, dans le respect des règles pru-
entre les types de crédit, Florian Debons explique dentielles de la branche. Quant à la Banque Raiffeisen
que les crédits en blanc et le financement d’im- Sion et Région, elle rappelle que son rôle de partenaire
meubles commerciaux sont examinés de manière proche des PME du canton s’est développé très positi-
approfondie. « La définition de leur rendement du- vement ces dernières années, conformément à son but.
rable se révèle plus complexe que l’estimation de Bien que le contexte légal soit devenu plus contraignant
la capacité financière pour des logements à usage pour les établissements bancaires, leur mission n’a
propre, ou des immeubles locatifs. Le suivi durant donc pas changé. Personne ne s’en plaindra.
la vie du prêt demande également plus d’atten-
tion », fait-il remarquer. Au sujet des PME, la 1
14 % en 2014 contre 4 % en 2007 (liquidités plus papier moné-
Banque Raiffeisen Sion et Région reconnaît que taire par rapport au total des bilans). Source BNS « Les banques
l’incertitude relative au développement conjonc- suisses en 2014 »
turel futur retarde les investissements importants. 2
« Interest margin analysis 2015 »
N°7 FÉVRIER-AVRIL 2016 VALAIS VALEUR AJOUTÉEprint flyers A5_3.qxp_Mise en page 1 11.02.16 15:33 Page1
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RENOUVELLEMENT DU GOUVERNEMENT VALAISAN EN 2017
ON SE DIRIGE VERS UNE BELLE COURSE
DE POIDS LOURDS
Jean-François Fournier – jean-francois.fournier@hotmail.com
Ecrivain, ancien rédacteur en chef du Nouvelliste
2017, c’est demain ! Que ce soit les partis ou les candi- Schmidt fait ici figure de grandissime favori, lui qui
dats, le Valais politique est déjà en ordre de bataille pour compte de solides soutiens parmi les financiers et les
le renouvellement du Gouvernement. Si le tableau n’en barons, notamment dans le Bas du canton. Là où, préci-
est pas encore aux finitions, on y voit déjà plus clair sément, la bagarre sera la plus intense. Car si Jacques
s’agissant de la volonté et des chances de chacun. Les Melly, malgré son statut de prochain retraité, devrait être
questions à cent francs concernent avant tout le PDC : réélu sans problème avec le soutien numérique politique
qui pour accompagner Christophe de son puissant district et des tribus
Darbellay dans les primaires? Et encore, amies, le siège de Maurice Tornay vau-
qui pour remplacer Jean-Michel Cina? dra, lui, son pesant de cacahuètes. Le
Evacuons donc d’abord les cas de l’UDC, ministre sortant vient d’ailleurs d’en at-
du PS du PLR ! tester, en se constituant une vraie équipe
Meilleur élu du Gouvernement avec de campagne, histoire de prouver son
56’913 voix en 2013, Oskar Freysinger envie de rester malgré les claques de
tentera de conserver ce statut, s’ap- LEIS, de l’affaire Giroud, ou les difficultés
puyant désormais sur un bon bilan à la budgétaires à venir qui rendent son job
tête du Département de la formation et peu attrayant. En embuscade, le grand
de la sécurité, département qu’il a par- baillif Nicolas Voide est aujourd’hui
faitement géré, qui plus est en restant Christophe Darbellay sera de la partie choyé par l’aile la plus conservatrice du
quoi qu’il advienne, avec la certitude
dans les chiffres noirs. Tous ses collè- de pouvoir aller au bout dans tous les parti ; il est apparemment convaincu
cas de figure.
gues ne peuvent pas en dire autant… A que son heure est venue. Une convic-
gauche, on prend le pari qu’aucun can- tion que partage le favori no 1 dans la
didat n’arrivera à la cheville de l’expérimenté Stéphane course au fauteuil Tornay, Christophe Darbellay. Un
Rossini. Même ses camarades du Haut-Valais ne regret- Darbellay qui nous a dit récemment encore sa convic-
teront pas la trop effacée Esther Waeber-Kalbermatten. tion d’avoir le soutien des siens dans quelques se-
Quant au PLR, comment pourrait-il se priver de son nouvel maines à Conthey, mais qui nous a aussi clairement
effet Grichting? On misera dès lors un joli billet sur lui… laissé entendre que sa machine de campagne fonction-
Au PDC, la donne est plus complexe. Il faudra régler la nerait également à plein régime, s’il devait se présenter
probable succession de Cina, même si certains de ses en indépendant. Seule certitude pour le président des
supporters laissent accroire que leur Jean-Michel pourrait démocrates-chrétiens suisses : il sera de la partie quoi
n’avoir pas dit son dernier mot… De retour au Conseil qu’il advienne, avec la certitude de pouvoir aller au bout
national, où il a déjà souvent brillé, le jaune Roberto dans tous les cas de figure.
N°7 FÉVRIER-AVRIL 2016 VALAIS VALEUR AJOUTÉEPROPRIÉTAIRES,
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LA DERNIERE CHRONIQUE DE NOTRE AMI JEAN-NOËL REY
LA CROISSANCE ÉCONOMIQUE
À BOUT DE SOUFFLE?
LA CROISSANCE ÉCONOMIQUE DE LA SUISSE S’ESSOUFFLE. SUR UN AN, SELON LE SECO,
ELLE DEVRAIT ATTEINDRE 0,8 %, SOIT DEUX FOIS MOINS QUE DANS LA ZONE EURO ! ET POUR L’OCDE,
LE MODÈLE HELVÉTIQUE DE PROSPÉRITÉ ÉCONOMIQUE A TOUJOURS ÉTÉ BASÉ SUR L’INTÉGRATION
DES TRAVAILLEURS IMMIGRÉS… DÈS LORS, L’ÉCONOMIE SUISSE EST-ELLE ENTRÉE EN PHASE
DE STAGNATION COMME DANS LES ANNÉES 90?
Jean-Noël Rey – jn.rey@bluewin.ch
Ancien conseiller national, Président de la Chambre France-Suisse pour le commerce et l’industrie
N°7 FÉVRIER-AVRIL 2016 VALAIS VALEUR AJOUTÉE14 AU FIL DU RHÔNE DÉCRYPTAGE
La croissance économique de la Suisse s’essouffle. nouveau choc économique. D’autant plus qu’elle
Sur un an, selon le SECO, elle devrait atteindre risque de mettre en cause nos relations avec l’UE,
0,8 %, soit deux fois moins que dans la zone euro ! dont l’essentiel se résume à une participation
Et pour l’OCDE, le modèle helvétique de prospérité pleine et entière au grand marché européen tota-
économique a toujours été basé sur l’intégration lement libéralisé. L’exception suisse, qui enregis-
des travailleurs immigrés… Dès lors, l’économie trait des sur-performances économiques n’est plus !
suisse est-elle entrée en phase de stagnation D’ailleurs, la Suisse progresse deux fois moins vite
comme dans les années 90? que la zone euro ! Une telle dif-
férence n’avait jamais été obser-
Le Secrétariat d’Etat à l’économie Avoir vée depuis la création de la zone
(SECO) a annoncé, au début dé- le courage euro, en 1999 !
cembre dernier, que le PIB de la
de reconnaître
Suisse a stagné au troisième tri- Soutenir avec force
mestre. Sur un an, la croissance ses erreurs. une politique économique
devrait donc atteindre 0,8 %, soit d’ouverture
deux fois moins que dans la zone euro ! Ces pré- Cette nouvelle configuration inquiète. Le profes-
visions confirment les difficultés de l’économie seur Aymo Brunetti de l’Université de Berne, par
helvétique qui a dû absorber - et c’est toujours le exemple, a plusieurs fois mis en garde contre un
cas - les effets de la suppression, en janvier 2015, risque d’autosatisfaction, comme celui qui préva-
du prix plancher du franc suisse par rapport à l’eu- lait à l’approche des années 90, et qui a vu l’éco-
ro, décidée par la BNS. D’ailleurs, les annonces nomie suisse stagner. Il voulait tirer la sonnette
de délocalisations industrielles se font de plus en d’alarme et réveiller tous ceux qui pensaient - et
plus pressantes. Prises l’une après l’autre, elles pensent encore - qu’il ne s’agit que d’un processus
ne sont pas spectaculaires, mais globalement, d’ajustement et que tout rentrera dans l’ordre, dès
elles commencent à peser. Certes, la plupart des que le choc monétaire sera absorbé ! A ce stade,
industriels, qui s’appuient sur un partenariat avec il est difficile de trancher, mais en aucun cas, il ne
les syndicats, tentent de « sauver les meubles » faut ignorer les enseignements des années 90,
en augmentant le temps de travail sans compen- lorsque la Suisse a été à la traîne de la croissance
sation salariale, en rabotant les coûts, ou en in- économique en Europe. La Confédération sortait
troduisant le chômage partiel. Cependant, ces tout juste du refus, en 1992, de son adhésion à
recettes de type conjoncturel atteignent leurs l’Espace Economique Européen, le fameux EEE si
limites. cher à Delamuraz ; les perspectives étaient mo-
roses et les tendances au repli fortes. Blocher avait
Les prévisions du SECO traduisent aussi les incer- gagné, le pays avait perdu ! Mais ce ne sont ni lui,
titudes quant à l’application du vote populaire du ni son UDC, malgré l’arrogance de leurs propos de
9 février 2014 sur le contingentement de l’immigra- l’époque à l’égard de l’UE, qui ont apporté les so-
tion. En effet, comme le constate le dernier rapport lutions pour sortir la politique suisse de son iso-
de l’OCDE, « le modèle helvétique de prospérité lement. Non, c’est bien le Conseil fédéral et ses
économique a toujours été basé sur l’intégration diplomates qui ont magistralement négocié les
des travailleurs immigrés ». Et selon ses experts, Accords bilatéraux, lesquels ont, malgré tout, ou-
« le taux d’immigration reste un facteur déterminant vert les portes du grand marché européen à l’éco-
de la croissance économique suisse basée sur la nomie helvétique. Sur cette lancée, les sept Sages
hausse de la production par l’apport de main- ont ensuite proposé la libre circulation des per-
d’œuvre, mais également sur l’augmentation de la sonnes, acceptée en votation populaire. Ce formi-
consommation due à la présence des nouveaux dable accélérateur de la croissance assura des
résidents. » Or, selon la décision d’appliquer plus années économiques prospères, au début du
ou moins rigoureusement l’objet de la votation, les XXIe siècle, et permit à la Confédération une re-
conséquences peuvent être assimilées à un prise quasi ininterrompue depuis la crise de 2008 !
N°7 FÉVRIER-AVRIL 2016 VALAIS VALEUR AJOUTÉEDÉCRYPTAGE AU FIL DU RHÔNE 15
Grâce aux mesures d’accompagnement, la Suisse mais que les politiques suisses cessent de tergi-
politique, dans un bel esprit de partenariat social, verser sur l’application de l’initiative contre l’im-
a encadré la libre circulation des personnes par migration de masse. Le peuple n’a pas toujours
des mesures pour éviter le dumping salarial et les raison, il faut avoir le courage de le lui dire sans
dérapages sociaux. Aucun pays européen n’a eu trahir les droits populaires, mais en lui expliquant
la sagesse de développer de tels instruments qui, les conséquences désastreuses pour la croissance
bien sûr, méritent d’être renforcés, mais évitons économique d’une décision prise par une petite
de jeter « le bébé avec l’eau du bain ». Hélas, ce majorité de circonstance !
ne sont pas les premières
déclarations des députés
UDC en faveur de plus
d’armée et plus de protec-
tion pour l’agriculture, au EN HOMMAGE À NOTRE AMI JEAN-NOËL,
Conseil national nouvelle- MEMBRE DE NOTRE COMITÉ ÉDITORIAL,
ment élu, qui nous ras- CHRONIQUEUR ATTITRÉ
surent quant aux compé-
tences économiques du Originaire de Chermignon, notre ami Jean-Noël, né le 23 dé-
premier parti de Suisse ! cembre 1949 à Sierre et plus précisément à La Millière, un ha-
Un parti qui, par idéolo- meau de Granges, fut un Honnête Homme, c’est-à-dire un être
gie, reste braqué sur des doué d’intelligence, de courage et de générosité, selon la défi-
solutions passéistes et nition du terme au XVIIe siècle.
met en danger la vigueur
de la croissance écono- Grand serviteur de l’Etat en tant qu’ancien collaborateur per-
mique du pays par une sonnel du conseiller fédéral Otto Stich (1984-1989), puis direc-
politique migratoire res- teur général de la Poste (1990-1998) et conseiller national so-
trictive et bureaucratique. cialiste (2003-2007) viscéralement attaché à la social-démocratie,
A force de faire peur aux Jean-Noël consacra son existence à l’étude de l’économie, sa
citoyens pour mieux en- passion, mais l’économie au service de l’humain, celle qui l’aide
granger des voix, l’onde à mieux vivre et à s’élever. D’ailleurs, docteur en sciences éco-
de choc anxiogène atteint nomiques et sociales (mention science politique) de l’Université
aussi l’économie ! de Genève, Jean-Noël brilla par ses analyses économiques tou-
jours pointues et teintées de préoccupations sociales, à com-
Dans ces conditions, les mencer par l’exigence de solidarité, qu’une plume acérée et
organisations patronales, brillante transcrivit magnifiquement dans ses écrits. Mais le fin
en particulier economie- lettré Jean-Noël fut aussi un intellectuel de gauche, un engage-
suisse, doivent cesser de ment assumé qui le conduisit à s’impliquer à la tête de diverses
faire les yeux doux à l’UDC associations en faveur des handicapés et à participer à des
et oser soutenir avec force actions humanitaires, à « mouiller sa chemise » comme l’on dit,
une politique économique à l’instar de celle qui l’amena à se rendre au Burkina Faso, où
d’ouverture basée sur la il fut odieusement assassiné ce vendredi 15 janvier. Et puis la
libre circulation, facteur fibre humaniste guida immuablement l’âme de Jean-Noël, lui
déterminant de crois- qui privilégia l’intelligence du cœur.
sance selon les experts
de l’OCDE. Que les auto- Adieu, ami Jean-Noël, ou sans nul doute à tout bientôt, et encore
rités helvétiques et celles merci pour ta belle et riche participation à notre projet éditorial
de l’UE se mettent d’ac- Valais Valeur Ajoutée.
cord sur une clause de Didier Planche
sauvegarde tant mieux,
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GESTION PATRIMONIALE À CRANS-MONTANA ET VERBIER
LES AFFAIRES POURRAIENT REPARTIR
DE PLUS BELLE
LA MISE EN DANGER DES FORFAITS FISCAUX ET DES SUCCESSIONS,
PUIS L’OBLIGATION DE RÉGULARISATION FISCALE, ENTRE AUTRES, ONT DONNÉ
DE TERRIBLES SUEURS FROIDES AUX CLIENTS ÉTRANGERS FORTUNÉS
DE LA GESTION PATRIMONIALE, DANS LES STATIONS DES ALPES VALAISANNES
DE CRANS-MONTANA ET VERBIER. QUELQUES-UNS ONT D’AILLEURS PRIS
LA POUDRE D’ESCAMPETTE, ALORS QUE D’AUTRES ONT REMIS À PLUS TARD
LEUR IMPLANTATION EN VALAIS. MAIS LA MAJORITÉ DE LA CLIENTÈLE S’EST PLIÉE
(MALGRÉ ELLE) AUX NOUVELLES RÉGLEMENTATIONS CONTRAIGNANTES
ET PARFOIS MÊME COERCITIVES, EN PARTICULIER FISCALES. FREINÉES
PENDANT UN CERTAIN TEMPS, LES AFFAIRES DE GESTION PATRIMONIALE
DANS LES DEUX STATIONS COURUES POURRAIENT CEPENDANT REPARTIR
À LA HAUSSE.
Didier Planche – didier.planche@bluewin.ch
Directeur de la publication
Philippe Udry a fondé et dirige Symphony Family quelque part frôlé la catastrophe, car le secteur
Office SA à Sion, depuis 2007, avec deux succursales financier valaisan aurait été laminé en cas d’ac-
à Crans-Montana et Verbier. ceptation. Il n’empêche qu’aux
Comme son nom l’indique, yeux de la clientèle étrangère
cette enseigne est spécialisée fortunée qui en parlait depuis
dans l’activité de Family Office, 2012, ces deux votations ont
recouvrant une approche plu- laissé un goût amer d’instabi-
ridisciplinaire de la gestion lité juridique en Suisse, phé-
patrimoniale avec un large nomène jusqu’alors inexistant
éventail de prestations comme et même inconcevable.
la planification et la domicilia- D’ailleurs, au cours de cette
tion fiscales, le conseil succes- époque de brouillard juridique,
soral, la négociation de cré- certaines familles de renom ont
dits, la conduite d’opérations déménagé sous des cieux plus
immobilières, etc. Selon cléments, alors que d’autres
Philippe Udry, la votation fédé- ont reporté leur installation en
rale sur l’abolition des forfaits Valais », reconnaît le gérant de
Philippe Udry, fondateur et CEO de Symphony
fiscaux en novembre 2014 et Family Office SA : « L’administration fiscale patrimoine, précisant que sa
celle sur l’imposition des suc- valaisanne s’avère très efficiente dans le société a réussi à ne pas inver-
traitement des forfaits fiscaux par rapport à
cessions, en juin 2015, ont for- d’autres pays du monde accueillant les ser la courbe de croissance de
personnes fortunées à bras ouverts. »
tement ébranlé la clientèle ai- ses affaires. Ensuite la lex
sée des deux stations Weber, instaurant la limitation
valaisannes huppées que sont Crans-Montana et à hauteur de 20 % de la construction de nouvelles
Verbier. « Par chance, ces deux objets ont été re- résidences secondaires dans les communes, et
fusés par le peuple suisse, mais nous avons la loi sur l’aménagement du territoire (LAT),
N°7 FÉVRIER-AVRIL 2016 VALAIS VALEUR AJOUTÉE18 DU CÔTÉ DU SECTEUR BANCAIRE DÉCRYPTAGE
limitant drastiquement les zones constructibles et le responsable clientèle de Bruellan Wealth
par le déclassement de terrains, qui provoqueront Management SA, une société genevoise de gestion
à moyen terme une hausse de la patrimoniale qui a également pi-
valeur du bâti, sont autant de gnon sur rue à Verbier. Spécialisée
changements juridiques ayant dans les mandats de gestion dis-
concouru à inquiéter sérieuse- crétionnaire, elle offre en plus
ment les investisseurs privés. toute la palette de prestations de
Quant à la récente réglementa- Family Office. De l’avis de Jean-
tion sur la fiscalité de l’épargne, Paul Tissières, c’est surtout l’obli-
décrétée pour lutter contre la gation de conformité fiscale, dont
fraude fiscale, et la future entrée la responsabilité incombe à
en vigueur de la loi sur l’échange chaque contribuable et non à
automatique de renseignements l’établissement financier, qui a
avec l’Union européenne (UE), déstabilisé la clientèle étrangère.
étonnamment elles ne déstabi- « La régularisation bulldozer a
lisent guère la clientèle étran- Jean-Paul Tissières, associé et responsable commencé dès juin 2014 avec les
clientèle de Bruellan Wealth Management
gère, qui accepte de jouer le jeu SA : « Grâce au forfait fiscal, un avantage sanctions infligées à UBS, dans
indéniable, le canton du Valais continuera
en se pliant aux nouvelles exi- à attirer bon nombre de ressortissants le cadre de l’accord conclu entre
fortunés de pays européens. »
gences réglementaires, surtout la Suisse et les Etats-Unis facili-
que ces dernières sont générali- tant l’application du Foreign
sées à la majorité des pays de l’OCDE. Account Tax Compliance Act, ou FATCA, pour les
A Crans-Montana, Jean-Paul Tissières est l’associé établissements bancaires et financiers helvé-
tiques. Ce nouveau para-
digme s’est ensuite propagé
LES CLIENTS BANCAIRES TOUJOURS PROTÉGÉS co m m e un e t ra î n é e d e
poudre. C’est ainsi que les
Selon l’expertise de Philippe Udry de Symphony Family Office SA, le autorités fiscales françaises
pragmatisme réaliste en matière de fiscalité de certains Etats, comme ont attaqué de front les
la Suisse, a plutôt simplifié la vie des clients fortunés qui n’ont pas banques suisses pour
rechigné, dans leur grande majorité, à régulariser leur situation fiscale. qu’elles dénoncent leurs
« Certes, certains pans du secret bancaire ont disparu, mais la pro- clients français non déclarés.
tection de la sphère privée, son axe central, reste toujours d’actualité Très vite, les Allemands leur
en Suisse, puisque les établissements bancaires sont tenus au secret ont emboîté le pas. A cette
professionnel, sauf en cas d’enquête pénale. Les clients conformes époque, la clientèle étrangère
fiscalement bénéficient donc de cette protection, qui constitue un a été véritablement choquée
réel atout de la place financière helvétique », tient-il à souligner. par la rapidité et la brutalité
des événements. Les deux vo-
Nicolas Wyss, responsable du Wealth Management à UBS SA Valais tations sur l’abolition des for-
(Sion), observe que la stabilité et la sécurité du droit demeurent très faits fiscaux et l’imposition
importantes, surtout pour la nouvelle clientèle qui a parfois été sus- des successions, puis la lex
pendue du fait des incertitudes ambiantes. De toute manière, la Weber et la LAT, suivies par
politique d’UBS est très claire, puisque la banque n’accepte que des la décision d’appliquer
clients fiscalement conformes. Pour la clientèle existante, l’établis- l’échange automatique de ren-
sement zurichois se fait fort de répondre à ses éventuelles interro- seignements, ont encore ac-
gations. « Nos clients, qui ont dû se mettre en règle fiscalement, centué son désarroi. Dans ces
constatent rétrospectivement que c’était le choix à faire et la décision conditions, nos affaires de
pertinente face à l’avenir », relève Nicolas Wyss. gestion de fortune ont stagné
pendant ces deux dernières
N°7 FÉVRIER-AVRIL 2016 VALAIS VALEUR AJOUTÉEDÉCRYPTAGE DU CÔTÉ DU SECTEUR BANCAIRE 19
années. Cette situation tend
à perdurer, comme pour l’en-
LA DIVISION GESTION DE PATRIMOINE DE LA BCVS semble de la place financière
suisse d’ailleurs », analyse
Si ses gérants de fortune sont répartis dans les succursales l’associé de Bruellan Wealth
régionales des villes et les points de vente des principales sta- Management SA, dont l’éro-
tions, dont bien évidemment Crans-Montana et Verbier, c’est sion des mandats est cepen-
une équipe centralisée auprès du siège de Sion qui assure le dant restée insignifiante,
suivi de la clientèle, dont la dimension du patrimoine nécessite compte tenu de son orienta-
des conseils, respectivement des produits spécifiques. « Notre tion clientèle. « Dès sa créa-
centre de compétences Asset Management épaule les conseil- tion, notre société a privilé-
lers et construit des portefeuilles modèles, notre unité centra- gié la clientèle suisse et celle
lisée de Portfolio Management gère nos mandats de gestion la d’origine étrangère conforme
plupart du temps sous une forme déléguée, fournit une infor- fiscalement. D’où un nombre
mation constante sur la situation des marchés et apporte une infime de dossiers qui ont dû
aide dans la sélection des produits financiers, selon les besoins être régularisés. En outre,
de la clientèle. Quant à notre Desk Advisory, il centralise les nous préférons miser sur la
compétences de conseils pour les clients avertis et les tiers qualité des clients, plutôt
gérants. Afin de compléter sa gamme de produits et d’offrir à que sur leur quantité, ce qui
l’ensemble de sa clientèle des solutions d’investissement de explique la progression
proximité adaptées, la BCVs a commercialisé sa propre gamme contrôlée de notre masse
de fonds de placement, BCVs flex, en septembre 2015 » com- sous gestion », confirme
mente Nicolas Debons, le directeur général de la division Jean-Paul Tissières, dont la
Gestion de patrimoine. clientèle suisse et euro-
péenne commence dès un
S’agissant du négoce, la BCVs met à la disposition de sa clien- million de francs de patri-
tèle une structure d’exécution des ordres de bourse et pour les moine, jusqu’aux richissimes
opérations de devises. Cette cellule traite directement avec les High Net Worth Individuals
bourses du monde entier, car la banque possède sa propre (HNWI).
salle des marchés, en prise permanente avec les places finan-
cières de la planète. De plus, une plate-forme électronique, Toujours
connectée au réseau international, suit en temps réel l’évolu- l’instabilité juridique
tion des transactions. Même si les affaires de la
division Gestion de patri-
moine de la Banque
Cantonale du Valais (BCVs)
poursuivent un trend ascen-
dant dans les stations co-
tées de Crans-Montana,
Verbier et aussi Zermatt, son
directeur général, Nicolas
Debons, confirme qu’une
partie de la clientèle étran-
gère, qui y réside, a été frois-
sée par l’obligation de régu-
larisation fiscale et a plutôt
La clientèle de Crans-Montana se compose davantage d’héritiers et de retraités, pratiquant mal vécu l’instabilité juri-
assidûment le golf. – © Valais Wallis Promotion
dique due aux votations sur
N°7 FÉVRIER-AVRIL 2016 VALAIS VALEUR AJOUTÉE20 DU CÔTÉ DU SECTEUR BANCAIRE DÉCRYPTAGE
La BCVs est implantée dans la plupart des stations
alpines valaisannes, avec de solides succursales
à Crans-Montana, Verbier, ou encore Zermatt,
entre autres. Sa division Gestion de patrimoine
compte plus de 60 collaborateurs, dont vingt-six
gérants de fortune, placés sous la responsabilité
de Nicolas Debons, entré en fonction le 1er sep-
tembre 2010 après un parcours professionnel
étoffé passé à UBS. Elle privilégie une stratégie
on shore, en ciblant principalement la clientèle
domiciliée fiscalement en Suisse, en Valais en
particulier, mais aussi celle des pays voisins. Dans
l’optique de consolider et d’accroître la clientèle
on shore, elle met l’accent sur la croissance orga-
nique, la pérennisation des avoirs, la fidélisation
des clients existants et le développement de nou-
velles relations d’affaires. « En ce qui concerne la
clientèle domiciliée à l’étranger, notre activité de
vente et de conseil se limite à des clients dûment
fiscalisés dans leur pays d’origine, avec une
Nicolas Wyss, responsable du Wealth Management à UBS SA Valais
(Sion) : « Nous pouvons à nouveau nous consacrer au développement application stricte des principes liés aux activités
de nos affaires dans les deux stations de Crans-Montana et Verbier ».
financières cross-border », insiste le directeur
général.
les forfaits fiscaux et l’imposition des succes-
sions. « L’érosion de cette clientèle s’est concré-
tisée à Crans-Montana et Verbier au cours de ces
deux dernières années, car elle était très préoc-
cupée par d’éventuelles décisions juridiques qui
les desserviraient véritablement. Cependant, l’is-
sue des votations a calmé le jeu. Malheureusement,
l’acceptation de la lex Weber et de la LAT ont en-
core causé du souci aux clients étrangers friands
de résidences secondaires. De notre côté, nous
avons toujours cherché à stabiliser la situation en
informant et en conseillant notre clientèle dans
la prise de décisions efficientes et favorables à
leur patrimoine ; nous l’avons aussi rendue atten-
tive, dès 2012, à la nécessité de se régulariser sur
le plan fiscal et de la future entrée en vigueur de
l’échange automatique de renseignements avec
l’Union européenne », relève Nicolas Debons, pré-
cisant qu’environ 1200 personnes bénéficient du
forfait fiscal en Valais, un nombre désormais sta-
bilisé. La BCVs a toujours entretenu une relation
étroite et régulière avec sa clientèle étrangère
durant cette période d’incertitudes. « Je peux dire
que la confiance avec nos clients n’a jamais été La clientèle de Verbier est particulièrement jeune et sportive
(70 % de skieurs durant la saison d’hiver). – © Valais Wallis Promotion
rompue, bien au contraire », se réjouit-il.
N°7 FÉVRIER-AVRIL 2016 VALAIS VALEUR AJOUTÉEVous pouvez aussi lire