FAIRE CONFIANCE AUX CHEFS D'ENTREPRISE ! - DOSSIER SUR LE FRANC FORT
←
→
Transcription du contenu de la page
Si votre navigateur ne rend pas la page correctement, lisez s'il vous plaît le contenu de la page ci-dessous
N°6 NOVEMBRE 2015-JANVIER 2016 – VALAIS VALEUR AJOUTÉE – CHF 6.50 LA REVUE INDÉPENDANTE DE L’ÉCONOMIE VALAISANNE DOSSIER SUR LE FRANC FORT FAIRE CONFIANCE AUX CHEFS D’ENTREPRISE ! RÉSULTATS DES ÉLECTIONS FÉDÉRALES DÉCRYPTAGE > Les commentaires de François DAYER > La culture en Valais, un atout et Luzius THELER majeur en faveur de l’économie > Fonds de placement de la BCVs orientés gestion active diversifiée > Fiscalité immobilière, du début à la fin du cycle
o. maire imedia La Dégustation au Domaine du Mont d’Or « Sans élégance pas de grands vins » : la l’élevage des vins. Au fil des années, le devise se transmet depuis 1848 sur les Domaine du Mont d’Or a perfectionné pentes et dans les caves du Mont d’Or, son art jusqu’à devenir un orfèvre répu- l’une des maisons les plus anciennes et té. Les crus produits sur ses coteaux se les plus renommées du Valais. Celle qui classent parmi les meilleurs au monde. a perpétué sans interruption les gestes Leur secret ? Une élégance qui vise la précis du travail de la vigne et celui de perfection. JOHANNISBERG « 1ER DÉCEMBRE » AOC 2011 Médaille d’or et trophée aux Vinalies Internationales Paris 2015 Domaine du Mont d’Or I Rue de Savoie 64 I CP 415 I 1951 Sion I www.montdor.ch
ÉDITORIAL 3 IMPRESSUM ÉDITORIAL Didier Planche – didier.planche@bluewin.ch VALAIS VALEUR AJOUTÉE Directeur de la publication La revue indépendante de l’économie valaisanne Novembre 2015-Janvier 2016 – Trimestriel Tirage : 10 000 exemplaires Dialoguer pour libérer l’ingéniosité Edition numérique : Site web libre d’accès www.valaisvaleurajoutee.ch Actualité économique oblige, un dossier consacré aux conséquences du franc fort Société éditrice : VALINNOV Sàrl, chemin du Vieux-Canal 15, 1950 Sion (Didier PLANCHE, gérant) sur les entreprises figure en bonne et due place dans cette nouvelle édition de Directeur de la publication : Didier PLANCHE, tél. 079 622 74 06, redaction@valaisvaleurajoutee.ch – didier.planche@bluewin.ch Valais Valeur Ajoutée, la dernière de l’année. Conseillers à la direction : Géo BETRISEY, tél. 027 203 24 50, geo.betrisey@netplus.ch, Romano SCHALEKAMP, tél. 079 213 42 43, Leur atténuation passe d’abord par un dialogue constructif entre les chefs d’en- rs@devas.ch Rédaction : Laurence FACELLI, tél. 078 861 55 33, laurence.facelli@ treprise et leurs clients, riche en compréhension réciproque puisqu’ils sont inter- bluewin.ch, Geneviève ZUBER, tél. 079 254 43 57, ge.zuber@gmail. dépendants, afin de libérer l’ingéniosité permettant d’optimiser les partenariats. com, Edgar BLOCH, tél. 079 239 63 26, edgarbloch1@gmail.com, Joël CERUTTI, tél. 079 457 44 28, joelcerutti@gmail.com, François DAYER, Ensuite, les entreprises exportatrices se voient contraintes de réduire leurs coûts tél. 079 449 60 82, francois.dayer@netplus.ch, Jean-François FOURNIER, tél. 079 690 09 98, jean-francois.fournier@hotmail.com, pour rester concurrentielles sur la scène internationale. Quant à leur compétitivité, Philippe GAEMPERLE, 078 844 08 32, ph.gaemperle@bluewin.ch, François PRAZ, tél. 079 658 63 71, eurekom@netplus.ch, Luzius elle relève aussi des incontournables conditions-cadre, même si ce terme com- THELER, tél. 079 611 05 07, luzius.theler@bluewin.ch Chroniqueurs réguliers : Hildegard ABBET, Adeline BAYS, Anne Sophie mence sérieusement à être galvaudé, car servi à toutes les sauces. Parmi quelques FIORETTO, Béatrice MONNET, Eloïse MORISOD, Line PILLET, Bernard mesures-phares, émergent entre autres l’allègement des charges et des réglemen- ATTINGER, Frédéric BAGNOUD, Géo BETRISEY, Xavier BIANCO, Blaise CRETTOL, Yves DARBELLAY, Raphaël FAVRE, Laurent GILLIOZ, Frank tations, la flexibilité de l’emploi et l’amélioration de l’accès aux marchés, grâce au GUEMARA, Gérard HERTLI, Stéphane JEAN, Jacques METRAILLER, Antoine PERRUCHOUD, Olivier RAEMY, Jean-Noël REY, Vincent RIESEN, renforcement des accords bilatéraux... D’ailleurs, les chefs d’entreprise valaisans Me Julien ROUVINEZ, Romano SCHALEKAMP, Jean-Marc TAVERNEY attendent de pied ferme les initiatives et engagements de leurs nouveaux élus Ont collaboré à ce numéro : Ariane ZUFFEREY, conseillère spécialisée PME/UBS Valais, Maxim WUERSCH, collaborateur scientifique/ fédéraux; car l’heure n’est plus aux belles déclarations d’intention et autres pro- economiesuisse messes démagogiques; non, pour ces derniers, il s’agit maintenant de retrousser Correction/relecture : Paulette BERGUERAND, tél. 027 456 11 18, technopolette@netplus.ch les manches, de se mettre au travail avec conviction et résultats à la clé, uniques Traduction/adaptation : Edgar BLOCH, tél. 079 239 63 26, edgarbloch1@gmail.com raisons pour lesquelles ils ont été plébiscités. Illustrations : Valais/Wallis Promotion Impression : Mengis Druck (Viège) – Sebastian BREGY, Par anticipation, toute l’équipe de Valais Valeur Ajoutée vous souhaite de lumi- tél. 079 830 56 91, s.bregy@mengisdruck.ch Graphisme, mise en page, infographie : apcom Solutions SA neuses Fêtes de Noël et de la Saint-Sylvestre. Que la paix et la joie se lovent dans – Isabelle MAURY, associée/gérante, tél. 078 661 22 92, vos cœurs. isabelle@apcom.ch – Hélène MARCHET, www.laligne.ch Régie publicitaire : Publi-Annonces SA, Jean-Claude METILLE, directeur général, tél. 022 308 68 78, jcm@publi-annonces.ch Directeur commercial : Michel GUEX, tél. 079 435 00 35, A propos de Valais Valeur Ajoutée michelguex@bluewin.ch Administration: Didier PLANCHE, tél. 079 622 74 06 En toute modestie, à pas comptés, votre revue économique gravit un échelon redaction@valaisvaleurajoutee.ch Web Master : apcom Solutions SA – Grégory LIAND, directeur, supérieur. D’une part, les éditions 2016 compteront davantage de pages, tél. 079 209 44 78, gregory.liand@apcom.ch Applications techniques : Alpsoft SA – Alain PRAZ, associé-directeur, compte tenu de nouvelles rubriques et chroniques. Un hors-série thématique tél. 079 345 12 53, alain.praz@alpsoft.ch figure aussi au programme. Distribution : apcom Solutions SA – Grégory LIAND, directeur, tél. 079 209 44 78, gregory.liand@apcom.ch, Kiosques Naville, La Poste Suisse D’autre part, un professionnel de l’acquisition publicitaire et du marketing Prix de vente au numéro : 6,50 CHF occupe désormais le poste de directeur commercial; il s’agit de Michel Guex, Abonnement annuel (4 éditions) : 25 CHF + frais de port Abonnement de soutien : 55 CHF + frais de port au bénéfice d’une expérience de près de 30 ans. Quant à la rédaction, elle s’étoffe notamment avec les collaborations d’une spécialiste de la finance, COMITÉ ÉDITORIAL Laurence Facelli, précédemment en fonction à Zurich, Londres et Genève Géo BETRISEY, Eric BIANCO, Yves DARBELLAY, Grégoire ITEN, Bernard MICHELOUD, Henri pour le compte de banques d’investissement et privées, du journaliste-écri- PLOMB, Jean-Noël REY, Vincent RIESEN, vain confirmé Jean-François Fournier, ancien rédacteur en chef du Nouvelliste, Romano SCHALEKAMP, François SEPPEY, Didier PLANCHE (président) et de l’historien réputé Robert Giroud. Vous faire découvrir et apprécier la richesse de l’économie valaisanne, sous ses multiples facettes, constitue Copyrights: notre unique challenge. Photo de couverture : Istockphoto Portrait de Didier Planche: Louis Dasselborne / Le Nouvelliste N°6 NOVEMBRE 2015-JANVIER 2016 VALAIS VALEUR AJOUTÉE
SOMMAIRE NOVEMBRE 2015-JANVIER 2016 5 SOMMAIRE RÉSULTATS DES ÉLECTIONS FÉDÉRALES REPÈRES 6 François Dayer: La victoire des trois droites 49 Innovation: Avancée ophtalmologique, 8 Luzius Theler: Un challenger a maintenu le suspense un nouvel instrument de mesure du flux sanguin 51 Innovation TEDxMartigny 2015: L’ENTRETIEN Un grand cru au service de la créativité 11 Jean-Daniel Descartes: 53 Innovation TEDxMartigny 2015: L’Idiap, des percées La réactivité érigée en stratégie d’entreprise retentissantes en matière d’intelligence artificielle 56 Brèves DÉCRYPTAGE 58 Innovation énergétique: La stratégie rayonnante 14 C’est dans l’air: La culture en Valais, de SEIC-TELEDIS en faveur du solaire «clés en main» un atout majeur en faveur de l’économie 60 Focus Entreprise: L’Expo Milano 2015, 16 Au fil du Rhône: Une nouvelle législature fédérale vitrine de choix pour le Valais tournée vers l’Europe 62 PME Découverte: Compagnie Neo, 18 L’analyse immobilière: «Notre business plan? Il faut y croire!» Fiscalité immobilière, du début à la fin du cycle 21 Immobilier de montagne: SAVOIR-FAIRE Le secteur résiste malgré la morosité 65 Création d’entreprise: Le Valais, terre d’accueil... 25 La Chronique de l’USPI Valais: pour les créateurs d’entreprise! Le portail immobilier.ch 67 Financement d’entreprise: 26 Du côté du secteur bancaire: Fonds de placement Témoignages de dirigeants soutenus de la BCVs orientés gestion active diversifiée par le Centre de Compétences Financières 28 Marché hors-bourse Helvetica 69 Gestion financière des PME: Accepter des paiements 29 La Chronique financière: Financement participatif sans espèces partout et en tout temps! en plein essor et réglementé... sauf en Suisse! 70 Fiscalité des entreprises: 31 Du côté du secteur bancaire: Restructuration du Provisions justifiées par l’usage commercial capital-actions de la BCVs, «une action, une voix» 71 Fiscalité des entreprises: Fin de l’anonymat des actions au porteur/parts sociales ÉCLAIRAGE : Le franc fort 72 Coaching en entreprise: Pourquoi choisir 34 Brefs repères chronologiques une formation de coaching pour un manager? 36 Analyse macroéconomique: 73 Compétences en entreprise: Les raisons du miracle suisse malgré le franc fort Valoriser son expérience en validant ses acquis 38 Conséquences du franc fort sur les entreprises suisses: Réactivité salvatrice et anticipation VIE PRIVÉE incontournable 75 J’ai partagé ma fondue avec... 40 Avoir du succès malgré le franc fort Charles-André Meyer, dit Taddé 42 Jean-Michel Cina, chef du Département de l’écono- 77 Le Billet iconoclaste: mie, de l’énergie et du territoire: «Nous demeurons Les indignations des poissons rouges confiants dans la capacité d’adaptation 78 Flash sur l’automobile: Volvo XC90 T6, de nos entreprises» un SUV grand luxe qui préfigure la voiture du futur 45 Conséquences du franc fort sur le tissu économique valaisan: Les entreprises ne baissent pas les bras et se battent! N°6 NOVEMBRE 2015-JANVIER 2016 VALAIS VALEUR AJOUTÉE
6 ENTRE QUATRE YEUX RÉSULTATS DES ÉLECTIONS FÉDÉRALES LA VICTOIRE DES TROIS DROITES ENSEMBLE, ELLES RÈGNENT, MAIS EN CULTIVANT LEURS DIVISIONS François Dayer – francois.dayer@netplus.ch Journaliste, ancien rédacteur en chef du Nouvelliste Que restera-t-il de cette épuisante campagne ? Au calculettes autour du huitième siège finalement reve- National, renforcement sur la droite. Le PDC se ren- nu au PDC. La même potion magique de la répartition floue, l’UDC cartonne et s‘installe à demeure dans les proportionnelle qui avait pris un siège au PDC, en deux parties du canton. Mais la droite s’est surtout 2011, le lui a rendu en 2015. Sans gloire. Bien sûr, il y dévoré les entrailles. Aux Etats, l’assaut majeur contre a les succès personnels. Ici, la révélation du scrutin le double ticket PDC a bien failli emporter la citadelle. se partage entre quatre leaders émergents: la première Puissante, la vague du PLR Grichting s’est arrêtée au place de Yannick Buttet pour le PDC, le raid opéré par pied du mur majoritaire. Mais l’alerte a été chaude. Philippe Nantermod au PLR, le score canon de Mathias Essai d’analyse des effets durables d’un micro-séisme Reynard à gauche, la consécration de Franz Ruppen à électoral. l’UDC. C’est le top-4 de l’événement, avec un constat rassurant : l’absence des cadors Darbellay-Freysinger- National : proportionnelle bénie Rossini n’a pas eu d’effet démobilisateur. Le combat 1,4 % de déplacement des forces entre la droite et la politique a encore de beaux jours. gauche, c’est toute l’ampleur mathématique du re- nouveau électoral au Conseil national en Valais. Le Alliés ou cousins ennemis ? fait dominant est la progression de 2,4 % de l’UDC. Mais quid de l’essentiel : comment a évolué la « gou- Mais cette avancée s’est opérée, pour deux tiers, à vernance » du Valais politique selon le reflet des ré- l’intérieur de la droite, sur le Haut-Valais. La gauche sultats du National ? On voit le bloc bourgeois, PDC, est restée en marge de la compétition. C’est bien une UDC et PLR passer la barre des 80 % de l’électorat. bataille des droites qui a monopolisé le scrutin. Et Encore la progression n’est-elle parlante que si l’on pour une fois, le Valais a délivré une copie très considère ce qui se passe à l’intérieur : confirmation conforme à celle de mère Helvétie. musclée de la deuxième place cantonale de l’UDC, Les résultats du National sont le seul véritable révé- première manifestation de résistance du PDC depuis lateur des rapports de forces politiques, car ils expri- des lustres, stagnation du PLR. ment les tendances sur le même barème électoral, C’est sur cette partition contrastée que vont se jouer avec des sensibilités exprimées en termes nationaux. les grands enjeux des prochaines années. Les trois C’est la juste grille de lecture du Valais politique. Pour droites ont littéralement confisqué la balle, laissant spectaculaires qu’il soient dans l’opinion, les gains l’alliance de gauche - succès personnel de Mathias ou les pertes en sièges ne doivent pas occulter cette Reynard excepté - sur le banc de touche. Est-ce un bien géographie réelle, qui se définit en proportion des pour le débat ? Et quand on y regarde de plus près, ce suffrages exprimés. Le jeu subtil de la proportionnelle, qui divise les cousins ennemis pourrait se révéler plus avec la composante des apparentements, a piégé les déterminant que ce qui unit ces trois droites. La pre- N°6 NOVEMBRE 2015-JANVIER 2016 VALAIS VALEUR AJOUTÉE
RÉSULTATS DES ÉLECTIONS FÉDÉRALES ENTRE QUATRE YEUX 7 Aux Etats, l’ovni s’appelle Grichting Le mère des batailles, celle du Conseil des Etats, était plus palpitante. A une exception en 1967, par défaut d’entente, le PDC a toujours su garantir une représen- tation constante des deux parties du canton à la Chambre haute. En s’appuyant sur une justice distri- butive entre ses composantes internes, l’ex-majorité avait su maintenir cet élément fort de l’unité canto- nale. Cela malgré les tentatives répétées des partis minoritaires qui criaient au hold-up, mais sans succès. Chaque fois, on chahutait au premier tour, et puis, passez muscade, à la majorité relative, le résultat était couru d’avance… Cette fois, la perte de la majorité PDC avait changé la donne. Comment un parti tombé à moins de 40 % pou- vait-il truster le 100 % de la représentation cantonale aux Etats ? Même au système majoritaire. La revendi- cation était légitime, surtout si l’on ne touchait pas à l’essentiel, un du Haut, un du Bas. Encore fallait-il passer le cap des deux tours. La martingale était im- parable : il fallait rallier les minorités autour d’un seul challenger. A l’issue du premier, la partie semblait Le siège du sénateur PDC sortant, Jean-René Fournier, n’était pas jouable. Malgré un bon comportement du ticket PDC combattu. et des écarts significatifs avec les challengers, les chances étaient réelles pour l’UDC Franz Ruppen, ou mière, le PDC qui maintient son 39 % valaisan, est une le PLR Pierre-Alain Grichting. Le premier déjà élu au droite du centre, à sensibilité sociale, dont la lisibilité National ayant renoncé, c’est sur le candidat Grichting est brouillée. La seconde, l’UDC qui se profile à un que se portaient les espoirs de « grand soir » minori- palier inespéré de 22,5 %. C’est une droite idéolo- taire. Car il fallait réunir les forces contre le prétendant gique, dont le cheval de Troie est l’immigration. La au titre, le PDC Beat Rieder, puisque le siège du sortant troisième, celle du PLR à 19 %, est l’arbitre attendu au Jean-René Fournier n’était pas combattu. tournant des grosses échéances de la nation, Europe, Mais, ainsi s’écrit l’histoire, celle des trois droites qui fiscalité, énergie. Comment vont jouer nos élus d’oc- ne s’aiment pas. Comme déjà dit plus haut : la pre- tobre sur cette partition ? Le plus probable est qu’ils mière, PDC, défendait son bastion. La seconde, l’UDC continuent de se dévorer. A l’agenda, le débat de la bien servie, avait autre chose en tête. Et la troisième, sortie du nucléaire, virage dangereux pour l’hydroé- le PLR, a fait feu des quatre fers dans le Valais romand. lectrique, l’Europe, partenaire incontournable de l’éco- Son valeureux combattant, le « success manager » nomie, la nouvelle fiscalité, les retraites et le social, Pierre-Alain Grichting, une sorte d’ovni en politique, que des sujets qui vont encore nourrir la division des était l’outsider providentiel. Comme Haut-Valaisan le droites. plus connu dans le Bas, comme chef d’entreprise au En lecture purement valaisanne, cette élection parcours mythique, il avait vraiment tout en mains confirme ce que l’on voyait déjà : pour garder le pou- pour emporter la citadelle. Il lui a juste manqué une voir, le PDC va devoir composer encore plus avec un assez large assise… haut-valaisanne. De peu, il est nouveau partenaire, l’UDC, qui se confirme comme le vrai, pour 1500 petites voix qui auraient changé, et plus grand des petits et dont les appétits ne sortent profondément, le casting électoral. pas rassasiés de cette victoire à l’arraché. La donne La morale de l’histoire est connue dans ce pays, pour essentielle de l’alliance traditionnelle du canton, un gagner ou pour perdre, un partenaire déterminant, un : PDC prenant appui sur le PLR, est à inscrire au le Haut-Valais. Mais quelque chose me dit que ce n’est patrimoine. que partie remise. A la prochaine grosse vague… N°6 NOVEMBRE 2015-JANVIER 2016 VALAIS VALEUR AJOUTÉE
8 ENTRE QUATRE YEUX RÉSULTATS DES ÉLECTIONS FÉDÉRALES UN CHALLENGER A MAINTENU LE SUSPENSE LORS DES ÉLECTIONS AU CONSEIL DES ETATS, LE PLR PIERRE-ALAIN GRICHTING A SÉRIEUSEMENT MENACÉ LE DUO PDC JEAN-RENÉ FOURNIER ET BEAT RIEDER. D’UN POINT-DE-VUE VALAISAN, IL NE FAUDRA PAS TROP ESCOMPTER DE NOUVELLES INFLEXIONS, NI AU CONSEIL DES ETATS, NI AU CONSEIL NATIONAL. Luzius Theler – luzius.theler@bluewin.ch Chroniqueur à la Neue Zürcher Zeitung, ancien rédacteur en chef adjoint du Walliser Bote Traduction et adaptation en français: Edgar Bloch – edgarbloch1@gmail.com En définitive, le second tour des élections au Conseil des régions de montagne, comme de toutes les formes des Etats s’est révélé passionnant. Jusqu’au dernier de transferts directs de la Confédération. moment, le challenger PLR Pierre-Alain Grichting aura Autrement dit, il faut s’attendre à ce que les deux re- réussi à talonner les deux candidats PDC, Jean-René présentants valaisans au Conseil des Etats défendent Fournier et Beat Rieder. Au décompte final, il lui aura les valeurs traditionnelles, notamment dans les do- toutefois juste manqué 1481 voix. Le politicien tradi- maines de l’énergie, de la péréquation financière et tionnel l’a donc emporté d’un cheveu face à un de l’aménagement du territoire. Il faudra voir s’ils challenger s’étant fait les dents dans l’économie. déploieront également leurs efforts en matière de po- Après ce résultat, qui s’avère bien plus qu’un succès litique monétaire, plaçant les industriels valaisans d’estime, les portes du PLR sont grandes ouvertes à face à un défi de taille. Lors de la joute électorale, Pierre-Alain Grichting. Déjà pressenti comme candidat celle-ci n’a d’ailleurs pratiquement jamais été abor- favori au Conseil d’Etat pour 2017, ce dernier semble dée, contrairement au loup… cependant y renoncer. Ayant repris l’entreprise fami- liale Zwissig, à Sierre, depuis quelques années, il ne Trois sièges pour le Haut-Valais se sent en effet pas prédestiné à faire son entrée dans Pour les élections au Conseil national, le Haut-Valais le gouvernement valaisan. fait figure de gagnant. Ces quatre dernières années, De son côté, le nouveau conseiller aux Etats Beat la partie alémanique du canton n’a en effet été repré- Rieder, qui doit sa victoire à son avance dans le Haut- sentée que par une seule élue, en la personne de la Valais, fait figure de politicien traditionnel, son par- conseillère nationale Viola Amherd du PDC. cours vers la Chambre haute l’ayant conduit de la Dorénavant, elle sera escortée par deux collègues présidence de sa commune de Wiler, dans le haut-valaisans, en l’occurrence Franz Ruppen de l’UDC Lötschental, au Grand Conseil. C’est ici qu’il s’est fait et Roberto Schmidt du Parti chrétien-social du Haut- un nom au titre de chef de groupe et de débatteur à Valais, le CSPO. Pour ce dernier, l’élection, ou mieux la langue acérée. De surcroît, il a positionné son dit la réélection, constitue un triomphe personnel. groupe comme la force politique la plus importante Battu de justesse, il y a quatre ans, il a raflé, avec 500 du Haut-Valais, à l’aile droite du PDC, si bien que le listes d’avance sur les socialistes, le deuxième siège, parti, en dépit de la progression de l’UDC dans la par- précisément celui des électeurs PS qui l’avaient évincé tie alémanique du canton, n’a pas perdu trop de du Parlement fédéral, en 2011. Roberto Schmidt, le plumes dans l’aventure. Si Beat Rieder s’engage certes président de commune de Loèche-Susten, peut être en faveur d’une politique favorable à l’économie, il se perçu comme un opportuniste pragmatique, compte présente en avocat sans concession des sollicitations tenu de son immense flexibilité qu’on lui reconnaît N°6 NOVEMBRE 2015-JANVIER 2016 VALAIS VALEUR AJOUTÉE
RÉSULTATS DES ÉLECTIONS FÉDÉRALES ENTRE QUATRE YEUX 9 sur les dossiers. Si rien ne laisse entrevoir qu’il renie Conseil national, il devrait appuyer très fidèlement le ses racines chrétiennes-sociales, il a développé une camp bourgeois et servira sans le moindre état d’âme forte sensibilité aux attentes des PME, grâce à son la ligne politique de l’UDC. Pour son parti, il a mené expérience pratique de la politique communale. Sur un travail de fond dans le Haut-Valais, en vue de l’édi- les questions sociétales, il devrait néanmoins plutôt fication de ses structures régionales et locales. Raison se ranger derrière le camp conservateur. En outre, il a pour laquelle la star de l’UDC, Oskar Freysinger, l’a fait de la question du loup l’un de ses chevaux de massivement et ouvertement soutenu dans la joute bataille ; d’ailleurs, il ne cache pas sa volonté d’éradi- électorale, même contre le rival interne, le cardiologue cation du prédateur, un objet qui le mettrait en Patrick Hildbrand. confrontation directe avec sa conseillère fédérale Doris En définitive, Viola Amherd, réélue et au bénéfice d’un Leuthard, laquelle ne fait pas mystère publiquement très bon résultat, intégrera le cercle des plus remar- de son inclination à une cohabitation entre l’homme quables et influentes figures de son groupe PDC, lors et l’animal. de la prochaine législature. Elle siège dans des com- Roberto Schmidt passe pour le prétendant le mieux missions importantes et, à côté des thèmes de portée placé au fauteuil PDC, au cas où Jean-Michel Cina ne régionale, a arboré avec panache l’étendard de la rempilerait pas pour 2017 au Conseil d’Etat. Si le ma- protection de la jeunesse. Il n’est toutefois pas exclu gistrat haut-valaisan ne semble pas marqué par la qu’elle démissionne en cours de période. En ce cas, moindre usure du pouvoir à son poste, il laisse néan- le député et conseiller communal Philipp Matthias moins poindre sa lassitude définitive pour les combats Bregy de Naters lui succéderait. Le nom de Viola électoraux. Au cas où Roberto Schmidt parviendrait à Amherd circule déjà en cas de succession possible de se faire élire au gouvernement, ce serait le premier la conseillère fédérale Doris Leuthard, tout comme des « viennent ensuite », inscrit sur la liste CSPO au celui du conseiller d’Etat Jean-Michel Cina... Il faudra Conseil national, qui serait envoyé à Berne, soit voir si ceux-ci, ou Oskar Freysinger de l’UDC, par- Thomas Egger. Le directeur du Groupement suisse viennent, après Joseph Escher, Roger Bonvin et Pascal pour les régions de montagne (SAB) s’appuie sur sa Couchepin, à faire accéder un quatrième conseiller vaste expérience dans de nombreux domaines relatifs fédéral dans l’histoire du Valais, au cours de ces pro- aux régions de montagne. Pour sa part, Franz Ruppen chaines années. Question ouverte… de l’UDC peut passer comme un ami de l’éco- nomie. Toutefois, à titre de conseiller communal de Naters, il s’est engagé sans réserve dans la commune pour les instal- lations de transport tou- ristiques locales et ne s’est jamais fait remar- quer comme force d’op- position dans d’autres questions de politique communale. Lors du com- bat électoral, il a rare- ment mis en avant des thèmes locaux, ou canto- naux, préférant surfer, dans le sillage de la cam- pagne fédérale, sur des Bien plus qu’un simple succès d’estime pour Le nouveau conseiller aux Etats Beat Rieder slogans accrocheurs, Pierre-Alain Grichting. doit sa victoire surtout à son avance dans le mais simplistes. Au Haut-Valais. N°6 NOVEMBRE 2015-JANVIER 2016 VALAIS VALEUR AJOUTÉE
PROPRIÉTAIRES, ENSEMBLE PLUS FORTS DEVENEZ MEMBRE! Les principales missions de notre association à but non lucratif : • Soutenir et défendre la propriété foncière bâtie et non bâtie • Promouvoir l’accession à la propriété • Informer nos membres sur les questions d’actualité (revue, newsletters, séminaires, conférences, etc.) • Etre le relai de nos membres auprès des autorités et services Secrétariat permanent : compétents Av. du Gd-St-Bernard 35 / 1920 Martigny • Mettre à disposition tous les documents utiles (baux à loyer, Tél. 027 723 22 26 / Fax: 027 723 22 26 formules officielles, guide du propriétaire, etc.) info@civ.ch / www.civ.ch • Bureaux-conseils CIV à Martigny, Monthey, Sierre et Sion
L’ENTRETIEN JEAN-DANIEL DESCARTES 11 JEAN-DANIEL DESCARTES LA RÉACTIVITÉ ÉRIGÉE EN STRATÉGIE D’ENTREPRISE INDÉPENDAMMENT DU RALENTISSEMENT GÉNÉRAL DES AFFAIRES, DE LA BAISSE DES MARGES ET DE L’OFFENSIVE DE LA CONCURRENCE, JEAN-DANIEL DESCARTES, À LA TÊTE DU GROUPE VALAISAN ÉPONYME EMPLOYANT PLUS DE 300 COLLABORA- TEURS, SE MONTRE TOUJOURS AUSSI RÉACTIF ET CRÉATIF. DU HAUT DE SES 74 ANS, IL S’INFORME, INNOVE ET VOYAGE À TRAVERS LE MONDE POUR GLANER DE NOU- VELLES IDÉES. Didier Planche – didier.planche@bluewin.ch Directeur de la publication – Toutes activités confondues, comment s’est minution des nouvelles constructions et ventes d’ob- passée la marche de vos affaires, cette année ? jets immobiliers en montagne, à cause de la Lex Weber Globalement, le groupe enregistre un léger tassement et du franc fort. Dans le commerce de meubles, qui de son chiffre d’affaires, qui dépasse les 50 millions comprend également l’agencement de cuisines, d’hô- de francs, en raison du franc fort, bien sûr, mais éga- tels, de restaurants et d’EMS, ma stratégie consiste à lement de la baisse du pouvoir d’achat due à une investir dans l’agrandissement du magasin principal conjoncture mitigée. Je parviens, cependant, à équi- de Saxon et à ouvrir de nouvelles succursales. De librer les comptes entre mes activités d’importateur même, je reste attentif aux tendances du meuble et pour le commerce de meubles et celles liées aux sec- aux matériaux novateurs proposés. D’où mes nom- teurs du tourisme, de l’immobilier et du loisir. En re- breux voyages à l’étranger. vanche, nos marges s’amenuisent davantage. – Qu’en est-il du thermalisme avec les Bains – Comment a évolué le commerce de meubles, votre d’Ovronnaz, qui couvre aussi 40 % du chiffre core business, qui représente 40 % du chiffre d’affaires du groupe, et dont le taux moyen d’occu- d’affaires du groupe ? pation environne les 65 % ? Depuis cette année, nous vendons des meubles haut Depuis 2012, nous avons perdu environ 20 à 30 % de de gamme des fabricants français Gautier, italien la clientèle des bains thermaux d’Ovronnaz. Cette Natuzzi, allemand Rolf Benz et norvégien Stressless, qui connaissent tous un succès certain. En 2014, nous avons ouvert des succursales à Sion sous-gare et à Eyholz, près de Viège, puis cette année à Collombey qui draine toute la clientèle du Chablais valaisan et vaudois, ainsi que de l’arc lémanique. Comme la concurrence se renforce toujours plus dans cette ac- tivité, nous sommes contraints de redoubler d’origi- nalité pour attirer la clientèle, tout en proposant des meubles de qualité à des prix accessibles et en mul- tipliant les actions de marketing et publicitaires. Nous Jean-Daniel Descartes, fondateur et propriétaire du groupe valaisan bénéficions aussi des rénovations de chalets, appar- éponyme : « Dans le commerce de meubles, nous sommes contraints de redoubler d’originalité pour attirer la clientèle. » tements et autres résidences, qui compensent la di- N°6 NOVEMBRE 2015-JANVIER 2016 VALAIS VALEUR AJOUTÉE
ugmenté „Avec WIR, j‘ai a on po rtefeu ille clients et m é de n ou ve aux contacts.“ nou Descartes, M. Jean-Daniel its "Grâce aux créd Groupe Descart es, Saxon ndir WIR, j'ai pu agra mer- ma surface com ia le e t a in s i d é velop- c ‘a !" Le réseau WIR m per mes affaires ser de tenand, permis de fidéli Dominique Cret .“ Bike Evasion Sp orts, Riddes nouveaux clients in, Jean-Pierre Bonv sà rl, Sion Imprimerie VB ET VOUS? I V R E Z - VO U S COMM E N T V LE R É S E A U ? u s en W IR u ne façon différente Vous trouverez to vos affaires. ré se a u national de plus u et de dév elo pper Le système WIR e st u n de vivre le résea p ri se s. Le ré se au romand se e de 45‘000 entr e ll es opportunités Plus d’infos sur ff re d e n o u v développe et o que des service s w.wir-romandie.ch ff a ir e s a in si ir.ch ou ww de contacts et d ’a - www.w co m m e rc e s, hôteliers/restau aux entreprises, ire ou secondair e P M E depuis 1934. u r pri m a u t ie n t le s rateurs, PME du se ct e WIR so et aux privés.
L’ENTRETIEN JEAN-DANIEL DESCARTES 13 baisse provient de la conjoncture et de la nuisance de la branche, c’est-à-dire irrégulièrement, elles ont des travaux du nouvel espace spa et wellness, d’une été intégrées au centre thermal avec son restaurant surface de 1250 m2, qui ont duré plus longtemps que et complexe hôtelier. prévu, soit deux ans et demi au lieu d’une année. Mais depuis octobre, la situation semble se rétablir, avec – Sauf erreur, vous cherchez à vendre Thermalp, car davantage d’entrées et de séjours, en dépit, là aussi, vous perdez de l’argent ? d’une concurrence exacerbée et du franc fort. Certes, la situation se révèle difficile et pas des plus Heureusement d’ailleurs, car l’investissement consen- confortables sur le plan financier. Je reste toutefois ti pour la nouvelle infrastructure s’élève à dix millions confiant dans le développement de Thermalp. Pour de francs. Augmenter la clientèle constitue le principal vendre ce complexe, dont je suis le seul propriétaire, défi. Dans cette optique, nous sommes en discussion il faut de toute façon se situer dans les chiffres noirs avec le groupe international Louvre Hôtel, totalisant et trouver des investisseurs sérieux. Et pour le mo- 1200 établissements dans 47 pays comme entre autres ment, ces deux conditions ne sont pas réunies. les Golden Tulip, Tulip Inn, Royal Tulip, Première Toutefois, je négocie actuellement avec les institution- classe, Kiriad Hôtel, ou Campanile, lui-même propriété nels propriétaires des immeubles pour baisser nos du conglomérat para-étatique chinois Jin Jiang loyers, dans le but de diminuer nos charges. En plus, International (2200 hôtels), pour créer un partenariat je vais restructurer la masse salariale, qui s’élève à qui assurerait un flux régulier de clients chinois, asia- plus de neuf millions par an. tiques et européens. Dès lors, nos établissements pourraient utiliser les deux marques Golden Tulip et Nouvelles constructions projetées Tulip Inn. L’année prochaine, je lancerai encore la construction de 55 appartements, afin d’accroître la – Quel bilan tirez-vous de vos activités dans capacité d’accueil hôtelière de Thermalp, mais aussi l’immobilier, soit quelque 20 % du chiffre d’affaires pour des ventes en PPE. Quant à nos activités dans du groupe selon les années ? l’hôtellerie-restauration, avec l’établissement L’Ardève Cette année, je me suis surtout concentré sur la vente et le Chalet de Kalbermatten, qui évoluent à l’image des objets immobiliers, principalement des immeubles en PPE dans plusieurs villes et stations de montagne du canton, dont la construction a été réalisée anté- rieurement. La demande reste plutôt soutenue, avec des prix attractifs qui se maintiennent. Nos affaires sont saines dans cette activité, notamment grâce à notre propre entreprise générale qui effectue passa- blement de travaux du second œuvre et à nos achats de matériaux à l’étranger et en direct. En outre, je m’occupe personnellement de la vente, économisant ainsi les commissions de courtage. En 2016, j’envisage quelques nouvelles constructions à Saxon, dont 24 appartements, en plus de celles d’Ovronnaz, comme précisé précédemment. J’espère également que mes derniers appartements à vendre à Finhaut, dans l’an- cien Hôtel Bristol transformé, trouveront preneurs, grâce aux retombées publicitaires du Tour de France qui y organisera une étape. – A 74 ans, vous débordez toujours d’activité et de créativité. Comment l’expliquez-vous ? Mes activités me passionnent. De plus, le développe- Bains thermaux d’Ovronnaz : dix millions de francs ont été investis ment de nouvelles idées et la recherche de solutions dans une nouvelle infrastructure spa et wellness. aux difficultés me stimulent. N°6 NOVEMBRE 2015-JANVIER 2016 VALAIS VALEUR AJOUTÉE
14 C’EST DANS L’AIR DÉCRYPTAGE LA CULTURE EN VALAIS UN ATOUT MAJEUR EN FAVEUR DE L’ÉCONOMIE LA CULTURE N’EST PAS SUFFISAMMENT PRISE EN COMPTE QUANT À SON INCIDENCE SUR L’ÉCONOMIE CANTONALE. POURTANT, ELLE RÉPOND AUJOURD’HUI À UNE RÉELLE DEMANDE D’UN LARGE PUBLIC. COMMENT EXPLIQUER, DÈS LORS, LE MANQUE D’INTÉRÊT DE NOS DÉCIDEURS POUR TIRER AVANTAGE D’UNE TELLE PRÉ- SENCE AUX CÔTÉS DES MILIEUX ÉCONOMIQUES ? Géo Bétrisey – geo.betrisey@netplus.ch Ancien directeur de SODEVAL SA J’ai participé, il y a une vingtaine d’années, à une tour- sances culturelles et de jouir de nouvelles émotions. née d’entreprises innovantes d’Italie du Nord, parmi La venue de l’EPFL à Sion et l’existence de pôles ré- un groupe de PDG parisiens. A Venise, le président de gionaux abritant, au fil des années, de nouvelles en- la Chambre de commerce du lieu, intrigué par le fait treprises de pointe devraient constituer une opportu- que j’étais le seul Suisse présent dans ce groupe de nité intéressante pour répondre aux desiderata d’une Français, m’a questionné sur mes origines. Lui ayant clientèle amateur de ce genre de prestations. répondu que je venais du canton du Valais, il a hésité De même, hommes d’affaires, investisseurs et chefs avant de me situer pour finalement d’entreprise qui, sous couvert de tou- prononcer le mot « Gia...Gianadda », rismes, fréquentent nos stations de mais oui, la Fondation Pierre Gianadda! montagne n’y viennent pas unique- Son point de repère pour localiser le ment pour la pratique du ski. En effet, Valais n’était ni le Cervin, ni une sta- ils préfèrent de plus en plus meubler tion de ski prestigieuse, mais bien un leurs loisirs en s’intéressant à l’offre haut lieu de la culture de notre canton. culturelle, ce qui explique la présence Pas étonnant, finalement, à voir le de centres de renommée internatio- nombre de plaques minéralogiques nale à Verbier, Crans-Montana, ou étrangères qui stationnent tous les Zermatt. La culture représente égale- jours sur le parking de la Fondation. ment une belle manière de promouvoir En affaires, le meilleur moyen d’entrer la diffusion de nos valeurs par l’entre- en contact avec un interlocuteur, dont Jacques Cordonier, chef du Service de la culture de l’Etat du Valais : « Donner mise d’ambassadeurs de choix que on veut faire la connaissance, consiste une image plus pertinente de l’impact sont nos artistes, musiciens, peintres, économique et financier de grandes à se familiariser tout d’abord avec sa manifestations culturelles en Valais » troupes théâtrales, ou folkloriques. © Olivier Maire manière de penser et d’agir, puis de Tous génèrent une image positive de connaître ses goûts et préférences. notre canton à l’extérieur, en sillon- Quoi de mieux, alors, qu’un thème culturel pour amor- nant la Suisse et le monde lors de leurs tournées. Avec cer le dialogue et faciliter la conclusion de l’affaire ? à la clé des comptes rendus sur nos capacités touris- La créativité et l’innovation font aussi bon ménage tiques et économiques dans la presse internationale. avec la culture. Un chercheur, un gestionnaire, ou un Les artistes se produisant, ou ayant élu domicile dans ingénieur, apprécie la possibilité offerte, après un notre canton, attirent aussi l’attention du public étran- travail assidu voué à son entreprise, de pouvoir béné- ger sur la richesse de nos paysages, ou la qualité de ficier de loisirs bienvenus, d’enrichir ses connais- notre climat. N°6 NOVEMBRE 2015-JANVIER 2016 VALAIS VALEUR AJOUTÉE
DÉCRYPTAGE C’EST DANS L’AIR 15 Devenir un partenaire majeur tauration et le tourisme. Il prévoit également de pro- La culture coûte cher, dit-on. C’est vrai, la mise sur mouvoir de manière encore plus accentuée les pied de telles ou telles manifestations nécessite sou- collaborations à tous les niveaux entre les artistes et vent des moyens financiers importants et l’appel à les organisateurs de manifestations, sur une base contribution des pouvoirs publics, sans oublier le bé- volontaire, afin de susciter davantage d’économies névolat sans lequel maintes réalisations ne seraient d’échelle partout où cela s’avère possible. De son pas viables. Mais au lieu d’être comptabilisés comme côté, Valais/Wallis Promotion, dont la mission consiste des dépenses, considérons plutôt les moyens engagés à renforcer l’image de marque du Valais à l’extérieur comme des investissements productifs, en estimant et à soutenir notamment les objectifs communs à leurs retombées directes et indirectes à plus long l’économie, l’éducation et la culture, a initié récem- terme. Selon Lorenzo Malaguerra, directeur du théâtre ment des portes ouvertes sur les savoir-faire valaisans, du Crochetan à Monthey, le Valais, toutes manifesta- auxquelles participent déjà une dizaine d’entreprises tions confondues, attirerait chaque année plus d’un industrielles et agricoles pilotes. Jacques Cordonier million de spectateurs, chiffre que Jacques Cordonier, souhaiterait voir le lancement d’une telle initiative en chef du Service de la culture de l’Etat du Valais, consi- faveur de la culture, dont les contours restent encore dère encore inférieur à la réalité. Les leaders culturels à définir avec les milieux économiques. En effet, cette du canton, soit les fondations Gianadda et Arnaud, le dernière, considérée trop souvent comme accessoire, festival Open Air Gampel et le Verbier Festival, en to- ne peut se satisfaire d’être « la cerise sur le gâteau », talisent déjà à eux seuls plus d’un demi-million. mais aspire à être appréciée comme un partenaire Dans son programme d’actions, le dynamique majeur dans l’intérêt bien compris de l’économie va- Monsieur Culture du canton pense à réaliser une en- laisanne. A l’heure où les budgets publics ont ten- quête plus approfondie sur le sujet, afin de donner dance à se resserrer, il serait dommageable qu’elle une image plus pertinente de l’impact économique et soit la première à en faire les frais. Sans une dimen- financier de telles manifestations, à savoir en parti- sion artistique, la vie économique ne vaut pas la peine culier sur le retour d’investissement, l’emploi, la res- d’être vécue. Nuit des Musées cantonaux du Valais. – © Olivier Maire N°6 NOVEMBRE 2015-JANVIER 2016 VALAIS VALEUR AJOUTÉE
16 AU FIL DU RHÔNE DÉCRYPTAGE UNE NOUVELLE LÉGISLATURE FÉDÉRALE TOURNÉE VERS L’EUROPE LA CAMPAGNE ÉLECTORALE, QUI VIENT DE S’ACHEVER, A MANQUÉ DE DÉBATS NA- TIONAUX. CEPENDANT, IL FAUDRA BIEN QUE LES NOUVEAUX ÉLUS RÉSOLVENT LA PRINCIPALE QUESTION D’ENVERGURE POUR NOTRE AVENIR ÉCONOMIQUE, CELLE DES RAPPORTS DE LA SUISSE AVEC L’UNION EUROPÉENNE (UE). L’EUPHORIE NA- TIONALISTE DEVRA CÉDER LE PAS À LA RAISON POLITIQUE. IL EN VA DE LA PROS- PÉRITÉ DE LA SUISSE. Jean-Noël Rey – jn.rey@bluewin.ch Ancien conseiller national De nombreux commentateurs politiques et journalistes en vigueur de la libre circulation des personnes. ont déploré l’absence de véritables débats de politique L’Europe du chômage et des Etats endettés provoquent nationale, lors des dernières élections fédérales. Ils ont une poussée des partis nationalistes ; la Suisse pros- sans doute eu raison. Mais pour y avoir participé pré- père, mais désécurisée dans son bien-être, se cherche cédemment en tant que conseiller, ou comme candidat, aussi dans le nationalisme. Quel paradoxe ! je peux témoigner de la difficulté à imposer des thèmes nationaux dans une élection fédérale, certes, mais se L’importance de la libre circulation jouant au niveau local et surtout au plan cantonal. Pour Malgré les tendances lourdes au repli nationaliste, au être élu, il faut gagner des suffrages dans son canton. refus de l’étranger, à la fermeture des frontières et au Et ceux-ci ne se mesurent guère à l’aune des enjeux protectionnisme économique, les problèmes poli- nationaux, mais à la capacité de séduire le chaland tiques majeurs pour la Suisse se situent aux niveaux local, intéressé plutôt par son pré carré ! Combien européen et global. Le 9 février 2014, une courte ma- d’électrices et d’électeurs connaissent vraiment le bilan jorité de votants a accepté l’initiative de l’UDC pour politique de leurs élus, ou la capacité des prétendants une maîtrise de l’immigration. Fort bien, mais sa pré- à apporter des solutions en adéquation avec leurs tention à favoriser les nationaux, à réintroduire des propres intérêts? Poser la question c’est y répondre! La contingents et un plafond annuel s’oppose diamétra- scène politique suisse est trop morcelée et régionalisée lement à la libre circulation des personnes des Etats pour offrir un autre spectacle que celui que nous avons membres de l’UE. Or, cette libre circulation a fait notre vécu. Donc inutile de s’en lamenter. Prenons-en acte. prospérité au cours de ces dernières années. Il suffit de se rappeler la stagnation économique des années Pression migratoire intense nonante pour comprendre la portée économique de Si la crise des réfugiés, en Europe, a donné des ailes la libre circulation. Il est donc temps que les milieux aux néo-conservateurs de l’UDC, elle n’est pas la seule économiques n’ayant pas vu arriver l’orage, en 2014, explication du glissement nationaliste en Suisse. A se mobilisent sérieusement pour rappeler l’impor- mes yeux, ce phénomène puise ses racines profondes tance pour notre économie de la libre circulation et dans la grave crise économique de 2008, dont les des accords bilatéraux qui en dépendent. La Suisse conséquences négatives n’ont toujours pas été dé- ne peut pas se permettre de mettre en jeu ses rapports passées en Europe. Ilot de prospérité dans une Europe avec l’UE, son principal partenaire économique. Miser en crise, où sévit le chômage de masse en particulier sur un affaiblissement de l’Europe des 28 et croire en chez les jeunes, la Confédération helvétique subit une nos capacités d’imposer nos propres choix à l’UE re- pression migratoire intense que le Conseil fédéral a lève de la même arrogance que celles et ceux ayant cru trop longtemps pouvoir maîtriser, grâce aux seules trop longtemps cru à la force du secret bancaire, pour mesures d’accompagnement adoptées lors de l’entrée ensuite capituler sans avoir pu négocier à temps. N°6 NOVEMBRE 2015-JANVIER 2016 VALAIS VALEUR AJOUTÉE
DÉCRYPTAGE AU FIL DU RHÔNE 17 L’idée de mettre en chantier un nouvel accord cadre d’exportation, plutôt libérale. Elle a su jusqu’à ce jour avec l’UE, dépassant la multitude d’accords bilatéraux trouver les compromis et les équilibres socio-écono- et la complexité de leur gestion, réglant la reprise du miques ayant fait sa prospérité. Or, au cours des ans, droit européen pour sauvegarder notre accès au mar- le poids politique des partis, qui assuraient ces équi- ché unique et fixant une instance de règlement des libres, n’a fait que se réduire comme peau de chagrin litiges, devrait séduire, car elle permettrait de sou- au profit d’un parti aimant les frontières, les conser- mettre au peuple la véritable question de nos rapports vatismes surannés, le repli sur soi et devenu le chantre avec l’UE sans repasser par la case migratoire. de la « suissisitude », en parfaite contradiction avec une économie suisse d’exportation conquérante, in- Chantre de la « suissitude » novante, créatrice d’emplois, prospère et totalement Tout au long de son histoire moderne, la Suisse a été globalisée. traversée par des courants contradictoires, reflétant Les nouveaux élus à la Berne fédérale devront donc les intérêts divergents d’une économie tournée vers empoigner d’abord ce problème d’envergure nationale l’intérieur, plutôt protectionniste, et d’une économie et internationale, avant de penser à leur pré carré ! Au Conseil national, les nouveaux élus vont surtout devoir s’occuper des relations entre la Suisse et l’Union européenne. N°6 NOVEMBRE 2015-JANVIER 2016 VALAIS VALEUR AJOUTÉE
Vous pouvez aussi lire