La Fille au bracelet - Les Fiches du Cinéma
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LE MENSUEL La Fille au bracelet de Stéphane Demoustier FÉVRIER 2020 La Cravate de Étienne Chaillou et Mathias Théry Tu mourras à 20 ans de Amjad Abu Alala Sortilège de Ala Eddine Slim Cyrille, agriculteur, 30 ans, 20 vaches, du lait, du beurre, des dettes de Rodolphe Marconi Dark Waters de Todd Haynes • rencontre avec #14 Alice Odiot et Jean-Robert Viallet pour Des hommes
SOMMAIRE FILMS DU 5 FÉVRIER 2020 Adam de Maryam Touzani HHH Aquarela de Victor Kossakovsky HH Bayala de Aina Järvine et Federico Midella HHH Birds of Prey de Cathy Yan H La Cravate de Étienne Chaillou et Mathias Théry HHH La Dernière vie de Simon de Léo Karmann HH L’Équipe de secours de Janis Cimermanis HHH The Gentlemen de Guy Ritchie HHH #JeSuisLà de Éric Lartigau HH Notre-Dame du Nil de Atiq Rahimi HHH SamSam de Tanguy de Kermel HHH Soumaya de Waheed Khan et Ubaydah Abu-Usayd HH Un soir en Toscane de Jacek Borcuch HH Le Voyage du Dr. Dolittle de Stephen Gaghan H FILMS DU 12 FÉVRIER 2020 Chats par-ci, chats par-là Film collectif HH Deux de Filippo Meneghetti HHH La Fille au bracelet de Stéphane Demoustier HHH Mamacita de José Pablo Estrada Torrescano HHH Mickey and the Bear de Annabelle Attanasio HHH Le Prince oublié de Michel Hazanavicius m Queen & Slim de Melina Matsoukas H Toutes les vies de Kojin de Diako Yazdani HH Tu mourras à 20 ans de Amjad Abu Alala HHH Un divan à Tunis de Manele Labidi HHH
FILMS DU 19 FÉVRIER 2020 Amare amaro de Julien Paolini HHH Le Cas Richard Jewell de Clint Eastwood HHH Des hommes de Alice Odiot et Jean-Robert Viallet HHH Rencontre avec Alice Odiot et Jean-Robert Viallet Jinpa de Pema Tseden HH Lettre à Franco de Alejandro Amenábar HH Sortilège de Ala Eddine Slim HHH Tout peut changer de Tom Donahue H Une mère incroyable de Franco Lolli HH Wet Season de Anthony Chen HHH FILMS DU 26 FÉVRIER 2020 Chut... ! de Alain Guillon et Philippe Worms HHH Cyrille, agriculteur, 30 ans, 20 vaches, du lait, du beurre, des dettes de Rodolphe Marconi HHH La Danse du serpent de Sofía Quirós Ubeda H Dark Waters de Todd Haynes HHH 2040 de Dammon Gameau HHH L’État sauvage de David Perrault H Le Fils d’un roi de Cheyenne-Marie Carron H Judy de Rupert Goold HH Juste Sam de Sabrina Nouchi HH Lara Jenkins de Jan-Ole Gerster HH Mes jours de gloire de Antoine de Bary HHH
ÉDITO Vers un label LES FICHES DU CINÉMA 26, rue Pradier 75019 Paris Administration & Rédaction : 01.42.36.20.70 Fax : 09.55.63.49.46 “Animation”… .............................................................. RÉDACTEUR EN CHEF L’Extraordinaire voyage de Marona, magnifique film Nicolas Marcadé d’animation, artistiquement ambitieux, émotionnellement redaction@fichesducinema.com RÉDACTEUR EN CHEF ADJOINT sensible, et ayant bénéficié d’une presse assez unanimement Michael Ghennam élogieuse, sorti le 8 janvier dernier, a déjà disparu des salles michael@fichesducinema.com parisiennes après un échec prévisible. Face à cette absurdité, SECRÉTAIRE DE RÉDACTION Thomas Fouet nous relayons ce texte de Francis Gavelle, journaliste, thomas@fichesducinema.com spécialiste du cinéma d’animation et vieux compagnon .............................................................. de route des Fiches, s’interrogeant sur les difficultés de ONT COLLABORÉ À CE NUMÉRO François Barge-Prieur, Adèle l’animation d’auteur à trouver sa place en salles, et sur les Bossard-Giannesini, Jef Costello, moyens d’en sortir. Clément Deleschaud, Florian Fessenmeyer, Thomas Fouet, Est-il suffisant, à longueur de colonnes, de la presse généraliste à Margherita Gera, Michael Ghennam, (Pierre-)Simon Gutman, Simon la presse spécialisée, de constamment s’esbaudir devant la réussite Hoareau, Amélie Leray, Julie Loncin, économique et créatrice du milieu de l’animation hexagonale, qui, Nicolas Marcadé, Keiko Masuda, en termes de volume de production (cinéma + séries TV) serait - Marine Quinchon, Gaël Reyre, Gilles paraît-il - passée de la 3e place mondiale à la 2e, derrière le Japon, Tourman, Marie Toutée, Valentine Verhague, Nathalie Zimra. mais devant, désormais, les États-Unis ? En dehors des hourras Les commentaires des «Fiches» cocardiers et des indicateurs statistiques de performances, chers reflètent l’avis général du comité aux financeurs publics et privés et aux forums de coproduction type .............................................................. “Cartoon Movie”, la belle affaire ! PRÉSIDENT François Barge-Prieur Ne serait-il pas davantage pertinent de s’interroger sur la difficulté, ADMINISTRATION pour des œuvres plus singulières, à trouver leur place dans les administration@fichesducinema.com salles, et, en premier lieu, auprès des exploitants – j’évoque plutôt TRÉSORIER là le secteur de l’art et essai – frileux (pas forcément sans raison, Guillaume de Lagasnerie Conception Graphique par rapport aux attentes qu’ils peuvent supposer de leur public) à 5h55 les programmer sur leurs écrans : ainsi, L’Extraordinaire voyage de www.5h55.net Marona sera sorti le 8 janvier dernier sur uniquement trois salles IMPRESSION parisiennes, dont le Studio des Ursulines (salle à la fois dédiée au Compédit Beauregard 61600 La Ferté-Macé cinéma d’animation et au cinéma “jeune public”), et a, moins d’un Tél : 02.33.37.08.33 mois plus tard, totalement disparu des écrans parisiens. Bien sûr, .............................................................. on peut noter que le film connaîtra sans doute une deuxième vie «Les Fiches du Cinéma». cinématographique, à travers les précieux dispositifs d’éducation à Tous droits réservés. Toute reproduction même partielle des l’image que sont “école et cinéma”, “collège et cinéma” et “lycéens textes est soumise à autorisation. et apprentis au cinéma” ; mais, ceci posé, comment parvenir, Photo de couverture : auparavant, jusqu’aux spectateurs et s’imposer dans leurs choix de La Fille au bracelet (Le Pacte) sortie ciné, quand on a déjà disparu des écrans, et qu’en amont on © Matthieu Ponchel / Petit Film - FraKas Prod. - France 3 Cinéma ne bénéficie, évidemment pas, de la force de frappe promotionnelle WWW.FICHESDUCINEMA.COM d’un blockbuster animé hollywoodien ?
Car, au-delà du film précité, du cinéma “jeune public” et des seuls longs métrages hexagonaux, comment ne pas se désoler - et quel que soit son propre point de vue critique sur les films – des non-rencontres “œuvre/public” ayant frappé, l’année dernière, Ville Neuve, de Félix Dufour-Laperrière, ou Buñuel après L’Âge d’or, de Salvador Simó. Même un film comme J’ai perdu mon corps, avec son exceptionnel parcours en festivals (Cannes, Annecy), son achat par Netflix et sa présence parmi les cinq derniers nommés pour l’Oscar du long métrage d’animation n’a guère réussi à dépasser, d’après le site JP’s Box-Office, la barre des 157.000 entrées - certes, nombre de films d’auteur en prise de vues réelles se satisferaient de ce chiffre, mais là n’est pas le questionnement. Ces films sont-ils donc condamnés à devenir des “films de festivals”, vus par les seuls festivaliers, comme vont très possiblement le rester. Away, du Letton Gints Zilbalodis, étrange ballade contemplative en forme de jeu vidéo, primé en 2019 à Annecy, ou Bombay Rose, de l’Indienne Gitanjali Rao, mélo aux allures kitsch autour d’une impossible histoire d’amour entre une hindoue et un musulman, présenté aussi bien à Venise qu’à Toronto l’année passée ? A ce jour, en effet, sans doute échaudé par l’accueil quasi inexistant réservé aux films d’animation d’auteur préalablement sortis, aucun distributeur ne semble s’être positionné sur ces deux œuvres - à noter, Bombay Rose, tourné en prise de vues réelles, aurait sans doute déjà trouvé preneur. Alors, comment sortir de ce cercle vicieux et éviter que ne se reproduise ce même schéma pour, par exemple, les films à venir d’Alain Ughetto (Interdit aux chiens et aux Italiens), de Simone Massi (Trois enfances) ou de Florence Miailhe (La Traversée) ? Faut-il suggérer aux institutions représentatives du milieu de l’animation (SPFA, AFCA) de porter auprès des instances régulatrices du cinéma (le CNC) le projet d’un label “Animation” qui, à l’identique des labels “Art et essai”, “Jeune public” ou “Patrimoine”, inciterait les salles à s’engager, moyennant soutien en contrepartie, sur une programmation à caractère durable et équitable de ce cinéma d’animation d’auteur qui peine à exister malgré les pépites qu’ils façonnent - hier aussi, Jasmine ou Le Garçon et le monde - et a besoin de nouveaux leviers réglementaires, pour croire dans un futur qui ne l’assigne pas à la pire des niches cinéphiles qui soit : le “film de festival”. Si cette modeste chronique peut être un premier minuscule caillou posé sur la voie de cet indispensable chantier de réflexion, elle n’aura alors pas été tristement vaine. FRANCIS GAVELLE Ce texte a été initialement écrit pour une chronique radiophonique diffusée le 18 janvier 2020 dans l’émission Longtemps, je me suis couché de bonne heure (Radio Libertaire, 89.4 Mhz)
Adam (Adam) de Maryam Touzani Deux femmes se rencontrent. L’une est une veuve DRAME Adultes / Adolescents éplorée, mère d’une fillette de 8 ans, l’autre est une jeune femme enceinte et abandonnée. Dans un Maroc u GÉNÉRIQUE encore machiste, elles vont se faire du bien. Un film Avec : Lubna Azabal (Abla), Nisrin Erradi (Samia), Douae Belkhaouda sensible et délicat. (Warda), Aziz Hattab (Slimani), Hasna Tamtaoui (Rkia). Scénario : Maryam Touzani, avec la collaboration de Nabil Ayouch Images : Virginie Surdej Montage : Julie Naas 1er assistant réal. : Ali Tahiri Scripte : Émilie Flamant Son : Nassim Mounabbih Décors : Pilar Peredo Costumes : Aida Diouri Casting : Amine Louadni Production : Ali n’ Productions Coproduction : Les Films du Nouveau Monde et Artémis Productions Producteur : Nabil Ayouch Coproducteurs : Amine Benjelloum et Patrick Quinet Distributeur : Ad Vitam. © Ali n’ Prod. HHH Ce tendre et joli film trouve sa source dans la rencontre que fit, enfant, Maryam Touzani, la réalisatrice, avec une jeune femme enceinte et abandonnée que ses parents recueillirent un temps. Du combat moral 98 minutes. Maroc - France - Belgique, 2019 que cette femme livra avec elle-même pour se résoudre Sortie France : 5 février 2020 à donner à l’adoption l’enfant bâtard qu’elle portait et u RÉSUMÉ qu’elle savait, sinon, condamné à l’opprobre et au rejet Samia, jeune femme enceinte, parcourt les rues de la médina dans une société aussi traditionaliste et phallocratique que de Casablanca à la recherche d’un travail et d’un abri pour la nuit, la société marocaine, Maryam Touzani tire la matière vive mais toutes les portes se referment y compris celle d’Abla. de son film. Alors qu’elle était enceinte à son tour, le souvenir Boulangère, veuve, raide de caractère et mère d’une petite vif du désarroi de cette femme s’est de nouveau imposé fille prénommée Warda, Abla ne parvient pas à trouver à sa mémoire. L’urgence d’écrire est alors venue et avec le sommeil sachant Samia allongée seule sur le trottoir d’en lui le désir de raconter deux belles figures féminines. face. Elle lui offre alors le gîte pour quelques nuit. Dans En les confrontant dans le huis clos de la maison, fortes la journée, Samia lui confectionne des gâteaux qu’Abla vend sans peine dans son commerce. Samia et Warda se prennent et fières mais malmenées par les coutumes marocaines, d’affection, ce qu’Abla, brisée par son veuvage, supporte mal. la réalisatrice fait en creux le procès d’un pays qui ne sait Elle finit par chasser Samia mais, rongée par la culpabilité, encore ni ne veut les protéger. Abla est cette femme gelée, s’en va courir les rues avec Warda pour la retrouver. rompue, défendue de tout affect, figée dans la raideur par SUITE... Ce faisant, elle l’implore de rester chez elle jusqu’à l’indicible chagrin de n’avoir pu, l’Islam le jugeant péché, son accouchement. La vie reprend alors. Samia aide à toucher une ultime fois le corps de son mari adoré. Samia, la boulangerie et, peu à peu, livre à Abla le projet qui est si ronde, belle, sensuelle et gaie, est quant à elle parfaitement le sien : donner son enfant bâtard à l’adoption avant de lucide sur le sort peu enviable qui l’attend, elle et l’enfant s’en retourner dans son village natal. De son côté, Abla sans père qu’elle porte. Pourtant, en apprivoisant leur lui raconte l’amour éperdu pour son mari pécheur, mort à solitude, en exprimant leur peine, en confrontant leur la suite d’un accident du travail, et la douleur jamais refermée. abandon, l’une par la mort de l’être aimé, l’autre par sa Peu à peu Abla s’ouvre de nouveau à la vie, se maquille, rit et envisage même un avenir, peut-être avec Slimani, fuite, elles retrouvent, pour l’une le désir de vivre et pour le meunier amoureux. Quand Samia accouche enfin, elle l’autre la force d’être mère, fut-elle une réprouvée. L’enfant, refuse de nommer l’enfant, de le regarder ou de l’allaiter. alors enfin regardé par sa mère, devient un fils et trouve son Mais les cris du nouveau-né affamé finissent par l’infléchir. nom, qu’il donne au film : Adam, ce premier homme, père Elle l’allaite et le nomme Adam. Au petit matin, Samia et de l’humanité. _N.Z. Adam quittent la maison. Abla et Warda dorment encore. Visa d’exploitation : 150058. Format : 1,85 - Couleur - Son : Dolby SRD. 6 © les Fiches du Cinéma 2019
Aquarella L’Odyssée de l’eau (Aquarella) de Victor Kossakovsky Évocation sophistiquée des mille et un visages de l’eau, DOCUMENTAIRE Adultes / Adolescents le film de Victor Kossakovsky propose une expérience esthétique plutôt réussie à laquelle viennent se u GÉNÉRIQUE mêler des séquences nettement moins inspirées. Scénario : Victor Kossakovsky et Aimara Reques Images : Victor Une œuvre souvent fascinante mais inaboutie. Kossakovsky et Ben Bernhard Montage : Victor Kossakovsky, Ainara Vera et Molly Malene Steensgaard 1re assistante réal. : Ainara Vera Musique : Eicca Toppinen Son : Alexander Dudarev Production : Ma.Ja.De Filmproduktion, Aconite Productions, Louverture Films et RBB Producteurs : Heino Deckert, Sigrid Dyekjær et Su Bainbridge Producteurs délégués : Matthias Ehrenberg, Sawsan Asfari, Isabel Davis, Frank Lehmann, Maya Sanbar, Jeff Skoll, Mark Thomas et Diane Weyermann Coproducteurs : Susan Rockefeller, Joslyn Barnes, Danny Glover et Tony Tabatznik Distributeur : Dammed Films. © Damned Films 89 minutes. Royaume-Uni - Allemagne - Danemark - HH Sur un immense lac gelé, des hommes semblent États-Unis, 2018. Sortie France : 5 février 2020 chercher quelque chose. Ils avancent avec précaution, et se mettent finalement à genoux pour scruter sous précision exceptionnelle, sont souvent hypnotiques. la glace. Puis ils creusent. La séquence est longue. On finit On voit au ralenti la surface de la mer se transfigurer, par comprendre : c’est bien une voiture que l’on repêche à devenir mercure, soie, on voit sous la glace la lumière grand renfort de cordes et de planches. Plus tard, un autre décliner à l’infini toutes les possibilités du bleu, véhicule, au loin, roule sur le lac et disparaît soudain sous on voit l’écume d’une immense chute d’eau se vaporiser la surface. Deux personnes sont parvenues à s’extraire telle une fumée. Ce travail des textures, des lumières de l’habitacle, et l’on assiste à la tentative désespérée et des couleurs donne de splendides moments de de sauvetage d’une troisième, restée prisonnière. On passe contemplation qui méritent le détour. Mais le film ensuite à un travelling rapide à fleur de glace, presque se propose d’aller plus loin. À ce propos plastique abstrait, accompagné d’un “sound design” sophistiqué tente de s’ajouter un propos vraisemblablement tout en craquements. Ce virage “arty” juste après une scène politique. Ce dernier, s’il n’est certes pas absent aussi crue et tragique a quelque chose de perturbant. des scènes d’effondrements majestueux de pans S’ensuit une longue séquence montrant d’énormes morceaux entiers de banquise, prend surtout place dans de banquise remuer, plonger puis ressortir de l’eau, évoquant ces plans de la tempête Irma, où l’on voit des habitations les mouvements de gigantesques baleines. La musique, détruites, des rues inondées, et des personnes sans mélange de cordes et de guitare électrique proche du heavy refuge attendant la fin du déluge. Cet aspect du film, metal, est assez inquiétante. La caméra plonge, le son sans doute là pour rappeler les conséquences du s’étouffe. La surface des icebergs se fait veloutée, étrange, réchauffement climatique, n’est pas aussi travaillé entre la peau d’un monstre préhistorique et la carlingue que le reste du long métrage, ni dans l’image ni dans d’un vaisseau spatial. Le film s’intéressera aussi à le montage, et semble comme collé là de façon presque une navigatrice, traversant les étendues blanches à anecdotique. C’est trop ou pas assez. Le film s’en la barre de son voilier, puis, plus tard, à une ville balayée par trouve déséquilibré et affaibli. Par ailleurs, quitte à un ouragan... Pas de voix off, pas de cartons, juste s’intéresser à l’eau sous toutes ses formes, pourquoi une évocation des mille et une formes de l’eau et de sa ne pas avoir filmé de sources chaudes, de geysers ? puissance. La plus grande partie du film se concentre sur On a en définitive le sentiment d’une œuvre cette pure expérience esthétique, immergeant le spectateur inaboutie, qui ne sait sur quel pied danser, mêlant dans un maelström de sensations à la fois brutes et raffinées. de magnifiques séquences glaciaires à l’évocation Filmées en 96 images par seconde, les images, d’une malhabile des catastrophes en cours. _G.R. Visa d’exploitation : 151603. Format : Scope - Couleur - Son : Dolby SRD Atmos. 50 copies (vo). 7 © les Fiches du Cinéma 2019
Bayala La Magie des dragons (Bayala - A Magical Adventure) de Aina Järvine et Federico Midella La petite elfe Marween découvre un œuf de dragon. AVENTURES Famille L’animal devant voir ses parents à sa naissance pour être magique, elle est chargée de le leur apporter u GÉNÉRIQUE avec la princesse Surah. Mais la méchante reine Avec les voix originales de : Madison Mullahey (Surah), Jessica Ophira le convoite elle aussi... Un film lumineux. Webb (Sera), Olivia Manning (Marween), Sara Petersen (Eyela), Marc Thompson (Falaroy), Gregory Max (Jaro), Liza Ortiz (Ophira), Rebecca Becker (Nuray), Kathryn Cahill (Bilara), Louise White (Feya), Vibe Jones (la reine des glaces), Andrew Watts (le roi des arcs-en-ciel), David Wills (le roi des forêts), Michael Kargus (Piuh). Scénario : Pamela Hickey, Dennys McCoy et Vanessa Walder Montage : Mark Broszeit et Nana Novosad Animation : Jo Bub Musique : Pascal Le Pennec Son : Felicitas Heck Décors : Stéphane Lecocq Effets visuels : Julien Silvestre Dir. artistique : Heiko Lueg Production : Ulysses Filmproduktion et Fabrique d’Images Productrice : Emely Christians Producteurs exécutifs : Christine Parisse, Frédérique Vinel et Jean-Marie Musique Producteurs associés : Benjamin Wüpper, Stephan Herzog, Jana Bohl et Bernhard zu Castell Distributeur : Septième Factory. © Ulysses Films - Fabrique d‘Images HHH Un film d’animation comme on les adore : dynamique dans sa forme, beau jusque dans ses couleurs, au récit fluide, plein d’humour, intelligent et édifiant à travers ses messages. Rien ne manque à notre 85 minutes. Allemagne - Luxembourg, 2019 bonheur dans ce royaume des elfes, pas même la licorne. Sortie France : 5 février 2020 Même les voix sonnent juste, notamment celle de Kaycie u RÉSUMÉ Chase qui interprète Marween, renforçant ainsi l’irrésistible Le royaume de Bayala dépérit : Ophira, reine des elfes des note de fantaisie que ce personnage craquant et son panda Ombres, a volé les œufs des dragons qui assuraient sa Piuh apportent. Grande originalité, les rôles principaux prospérité. Emportée par mégarde avec eux, la princesse sont essentiellement féminins, sans que cela fasse “air du Surah s’échappe cinq ans plus tard avec l’elfe Jaro, temps” ! Et le mix d’Ophira, mi reine-sorcière de Blanche- promettant à sa sœur de cœur Nuray, nièce d’Ophira, de Neige mi Ursula de La Petite sirène, confère à son statut de revenir. Chez elle, elle retrouve sa cadette Sera et son aînée méchante un délicieux côté madeleine de Proust. La bande sur le point d’être couronnée reine du royaume des elfes musicale de Pascal Le Pennec est à l’aune de l’ensemble : du soleil. La petite elfe Marwenn découvre alors un œuf de dragon oublié. Ce dernier devant naître devant ses parents tour à tour entraînante et émouvante. Quant au fond, il pour garder ses pouvoirs magiques, elle est chargée de est tout aussi merveilleux. À travers Surah sont abordés l’apporter à ceux-ci dans la montagne. Surah, Sera et Jaro les thèmes du métissage, de l’identité, de la double culture, iront chercher Nuray afin que la reine puisse réunir tous les de l’attention à l’autre. Le lien familial relève ici du cœur clans et fêter le retour des dragons autour d’un banquet. autant que du sang. Enfin, si, bien que joliment intégrée SUITE... Chemin faisant, les jeunes elfes rencontrent au récit, l’allusion au réchauffement climatique est un peu la magicienne Bilara qui révèle à Marween ses dons de magie de circonstance, les auteurs ont su, grâce leur en soit et initie Surah à user pour le bien de ceux qu’elle a acquis rendue, donner à l’ensemble une portée plus intime en au royaume des Ombres. Malgré l’opposition de Nuray, traitant de l’estime de soi, du courage qui fait soulever Ophira, qui a tout suivi grâce à sa magie et à son corbeau les montagnes, tout en rappelant que la liberté réside espion, multiplie les obstacles pour empêcher le banquet. dans nos choix, à l’instar du mot pharmacie qui signifie En parallèle, elle attire chez elle Surah et sa petite bande. Partie de son côté, Marween rend le bébé dragon à ses étymologiquement à la fois le remède et le poison. Tout cela parents malgré l’attaque des corbeaux d’Ophira, qui tente est par ailleurs compréhensible dès l’âge de 5 ans, sans pour sa part de retenir Surah, Sera et Jaro, venus chercher mièvrerie ni roublardise. Là se trouve sans doute le point Nuray. Mais Nuray, Surah et Sera associent leurs pouvoirs, le plus féerique de ce beau spectacle à voir si possible en la terrassent et ramènent à Bayala les œufs volés jadis. famille. _G.To. L’union et la prospérité reviennent sur le royaume. Visa d’exploitation : en cours. Format : 1,85 - Couleur - Son : Dolby SRD. 200 copies (vf). 8 © les Fiches du Cinéma 2019
Birds of Prey Et la fantabuleuse histoire de Harley Quinn de Cathy Yan (Birds of Prey - And the Fantabulous Emancipation of One Harley Quinn) Harley Quinn s’émancipe du Joker et va se faire des amies : COMÉDIE D’ACTION Adultes / Adolescents voilà le programme de ce Birds of Prey aux ambitions cartoonesques, mais à la pénible exécution avec son u GÉNÉRIQUE scénario aux abonnés absents. Ne restent qu’un casting Avec : Margot Robbie (Harleen Quinzel / Harley Quinn), Mary résolument “cool” et de sympathiques scènes d’action. Elizabeth Winstead (Helena Bertinelli / la Chasseuse), Jurnee Smollett-Bell (Dinah Laurel Lance / Black Canary), Rosie Perez (Renee Montoya), Ella Jay Basco (Cassandra Cain), Chris Messina (Victor Zsasz), Ewan McGregor (Roman Sionis / Black Mask), Bojana Novakovic (Erika), Charlene Amoia (Maria Bertinelli), Derek Wilson (Tim Evans), Robert Catrini (Stefano Galante), David Anthony Buglione (Joe Bertinelli), Ali Wong. Scénario : Christina Hodson D’après : les personnages de bande dessinée créés par Paul Dini et Bruce Timm (1993) et Jordan B. Gorfinkel et Chuck Dixon (1996) Images : Matthew Libatique Montage : Jay Cassidy et Evan Schiff Réal. 2e équipe : Chad Stahelski 1ers assistants réal. : Donald Sparks et Alexander H. Gayner Scripte : Jody Blose Musique : Daniel Pemberton Son : Paula Fairfield Décors : K.K. Barett Costumes : Erin Benach Effets visuels : Greg Steele Dir. artistique : Kasra Farahani Maquillage : Deborah La Mia Denaver Casting : Rich Delia Production : © Warner LuckyChap Entertainment, Clubhouse Pictures et Kroll & Co. Pour : DC Entertainment Producteurs : Margot Robbie, Bryan Unkeless et Sue Kroll Producteurs exécutifs : Geoff Johns, H Après un Suicide Squad (2016) de sinistre David Ayer, Walter Hamada, Hans Ritter et Galen Vaisman mémoire (et en attendant une suite, prévue pour l’été Coproducteur : Donald Sparks Distributeur : Warner Bros. 2021), que faire de l’un des membres emblématiques de la bande, Harley Quinn, qui a fait de son actrice Margot Robbie 109 minutes. États-Unis, 2020 une mégastar ? Lui offrir un film pour elle toute seule, et Sortie France : 5 février 2020 en profiter pour laisser son interprète se réapproprier son u RÉSUMÉ personnage, loin des clichés sexistes qui accompagnaient Gotham City. Harley Quinn et le Joker ont rompu. Harley sa première apparition au cinéma. Birds of Prey démarre fait exploser ACE Chemicals, lieu symbolique de son amour comme une comédie sentimentale post-rupture - que faire avec le Joker. Chargée de l’enquête, la lieutenant Renee pour la complice d’un génie du mal lorsqu’il vous largue, et Montoya soupçonne Harley. Le criminel Roman Sionis, alias que toute la pègre vous en veut ? - puis… ne sait plus vraiment Black Mask, veut mettre la main sur le diamant Bertinelli, dans quelle direction aller. Le scénario, laborieusement qui cacherait les codes bancaires de la famille mafieuse du déconstruit, souffre d’une voix off très encombrante et même nom, décimée une décennie plus tôt. Harley découvre multiplie les allers-retours temporels pour complexifier que, sans la protection du Joker, moult ennemis sont prêts à l’éliminer. Harley prend d’assaut le commissariat où est inutilement une intrigue rigoureusement basique, tout détenue la jeune pickpocket Cassandra Cain. en introduisant une galerie de personnages secondaires plus ou moins essentiels au récit... et par la suite plus SUITE... Une semaine plus tôt. Roman engageait Dinah Lance comme chauffeur. Celle-ci servait d’indic’ à Renee. Roman ou moins négligés. Le film lance des pistes, n’en exploite chargeait Victor Zsasz, son bras droit, de récupérer le diamant. qu’une - l’émancipation de son antihéroïne - pour l’appliquer Mais Cassandra le lui déroba, avant d’être arrêtée. Capturée par sans nuances aux autres personnages féminins, et ne met Roman, Harley s’engagea à récupérer le diamant... Pendant finalement en évidence que son incapacité à dépasser ses ce temps, la mystérieuse Huntress élimine des membres poncifs tarantinesques : Birds of Prey aspire à être le Kill de l’organisation de Roman. Harley fait évader Cassandra. Bill du cartoon avec, en lieu et place de David Carradine, Renee est suspendue. Dinah l’avertit que Roman a rendez- un Ewan McGregor en roue libre... et un sous-texte crypto- vous avec Harley dans un parc d’attractions désaffecté. gay en bonus. Mais si la forme chorale ou l’humour ne Mais Victor et Roman découvrent sa trahison. Au parc, Harley, Cassandra, Renee, Dinah et Huntress - en réalité parviennent pas à prendre, les scènes d’action font preuve la vengeresse Helena Bertinelli, seule survivante de sa famille - d’une belle lisibilité et d’un certain sens esthétique, et font équipe. Huntress élimine Victor. Puis Harley, au terme le casting s’amuse beaucoup malgré les limitations d’écriture : d’une course-poursuite, sauve Cassandra en tuant Roman. Margot Robbie évidemment, mais également Rosie Perez et Plus tard, Harley a pris sous son aile Cassandra, tandis la trop rare Mary Elizabeth Winstead. _Mi.G. que Huntress, Dinah et Renee forment les Birds of Prey. Visa d’exploitation : 152348. Format : Scope - Couleur - Son : Dolby SRD Atmos. 9 © les Fiches du Cinéma 2019
La Cravate de Étienne Chaillou et Mathias Théry En suivant le parcours d’un militant du FN, DOCUMENTAIRE Adultes / Adolescents ce documentaire remarquable explore à la fois la psyché d’un militant et celle d’un parti au passé u GÉNÉRIQUE trouble. L’originalité du dispositif évite tout manichéisme. Avec : Bastien. Un film qui cherche plus à comprendre qu’à accuser. Scénario : Étienne Chaillou et Mathias Théry Images : Étienne Chaillou et Mathias Théry Montage : Étienne Chaillou et Mathias Théry Son : Étienne Chaillou et Mathias Théry Production : Quark Productions Producteurs : Juliette Guigon et Patrick Winocour Dir. de production : Dan Weingrod Distributeur : Nour Films. © Quark Prod. 97 minutes. France, 2019 HHH Bastien est un jeune militant du Front National. Sortie France : 5 février 2020 Il se rend régulièrement à la permanence du parti à Amiens où il y retrouve Éric, cadre du Front, pour soutenir La Cravate qui relate, sous la forme d’un récit, la campagne électorale de Marine Le Pen lors des élections les événements cités plus haut. Superposée aux de 2017. Fils de bonne famille, Bastien a tenté une carrière images captées par les auteurs, la voix du récit devient professionnelle en dehors du giron familial. Mais ses aussi une voix intérieure, troublant par la complexité idées extrémistes lui ont valu d’être licencié. Passionné de son propos l’aspect lisse de la représentation de Laser Quest, il est employé maintenant dans un espace politique. Bastien réagit parfois à ce qui est écrit, consacré à cette activité. Il crée une fédération nationale relativise ou précise. L’enjeu pour lui est d’admettre dans le but de la faire reconnaître comme sport, et un passé violent alors qu’il n’a eu de cesse de vouloir se sert de son entregent politique pour mener ses le dissimuler. Cette entreprise de dédiabolisation démarches. Il aide le numéro deux du parti, Florian fut aussi celle de son parti. Ainsi, La Cravate - dont Philippot, à lancer une chaîne YouTube. Mais le buzz lors le titre renvoie à l’emblème de la respectabilité de la diffusion est mauvais. Cela reste un tremplin pour publique - mêle, met en parallèle, effectue des côtoyer l’élite du parti. Il observe alors des responsables, allers-retours entre les stratégies de Bastien et celles d’abord unis, commencer à se déchirer pour un poste du FN pendant les élections de 2017. En donnant de candidat aux prochaines législatives. Bastien éprouve la forme d’un récit chapitré à cette non-fiction, du dégoût pour ces manœuvres politiciennes. Le passé les auteurs ouvrent des pistes, orchestrent des du jeune homme resurgit : son inadaptation à la vie résonances. Les harangues de meetings sont dans un collège catholique, marquée par l’échec et le rejet, étouffées, réduites à de simples gesticulations. son enfermement morbide, jusqu’à ce qu’il fomente C’est l’effet de ces discours sur la sensibilité une tuerie de masse dans ce collège. Il y renonce, mais est d’un individu qui est montré. On comprend alors mieux accusé de port d’arme illégal. Placé en famille d’accueil, à quel point ils flattent, restaurent des égos blessés, il rencontre un membre des skinheads qui le fait entrer frustrés. Ce qui peut nourrir une colère, domestiquer dans le Picard Crew. Pendant un temps, il s’adonne à une violence. Grâce à cette dialectique de l’apparence la violence, se bagarre, s’approprie les idées du clan. Enfin, et de l’intériorité, le film s’improvise parfois il rejoint le Front National, meilleur moyen de voir triompher psychanalyste, et sonde aussi bien les rouages politiquement ses idées. Ce parcours, particulièrement inconscients qui ont motivé l’engagement d’un édifiant, nous est raconté par le biais d’un dispositif militant que ceux qui ont poussé une leader politique à remarquable. Bastien, face caméra, lit un texte intitulé se saborder pendant un débat crucial. _J.C. Visa d’exploitation : 151928. Format : 1,85 - Couleur - Son : Dolby SRD. 90 copies. 10 © les Fiches du Cinéma 2019
La Dernière vie de Simon de Léo Karmann Entre conte, drame et récit d’apprentissage, Léo FANTASTIQUE Adultes / Adolescents Karmann tente de ressusciter la magie et l’émotion des grands classiques de son enfance. Un coup d’essai u GÉNÉRIQUE plutôt réussi dont les limites se révèlent en seconde Avec : Benjamin Voisin (Simon), Martin Karmann (Thomas Durant), partie, plus confuse et trop prévisible. Camille Claris (Madeleine Durant), Nicolas Wanczycki (Jacques Durant), Julie-Anne Roth (Agnès Durant), Albert Geffrier (Simon, enfant), Simon Susset (Thomas, enfant), Vicki Andren (Madeleine, enfant), Florence Muller (le commissaire Leroy), Pierre Cachia (l’éducateur), Christophe Reymond (le docteur Badet), Sébastien Magere (le vendeur de barbe à papa), Cathy Bodet (Madame Gautron), Tudy Boënnec (Kevin), Lola Rolland (la jeune fille), Caroline Gay (la vendeuse), Tatiana Labouré (la serveuse), Daniel Trubert (Simon, âgé), Adrian Conquet et Joris Conquet (Simon, urgentiste), Jean-Christophe Frèche (Simon, policier), Stéphane Hausauer (le directeur de l’hôpital), Lélia Nevert et Daniel Bankolé (les policiers), Arnaud Baillet, Marceau Magère, Illan Soulaimana. Scénario : Sabrina B. Karine et Léo Karmann, d’après une histoire de Sabrina B. Karine, Marie-Sophie Chambon et Léo Karmann Images : Julien Poupard Montage : Olivier Michaut-Alchourroun 1er assistant réal. : Basile Julien Scripte : Jeanne Fontaine-Sarda © Geko Films Musique : Erwann Chandon Son : Cédric Berger Maquillage : Simon Livet Casting : Nathalie Chéron Production : Geko Films Coproduction : Wrong Men et A-Motion Producteur : Grégoire HH Pour un premier long métrage, le projet était Debailly Coproducteurs : Christophe Toulemonde et Benoît ambitieux. Réaliser un film mêlant les genres et jouant Roland Dir. de production : Julien Bouley Distributeur : Jour2Fête. avec leurs codes, en hommage à l’esprit des grands classiques de Robert Zemeckis et Steven Spielberg 103 minutes. France - Belgique, 2019 des années 1980-1990, tel était le fil conducteur qui a Sortie France : 5 février 2020 mené à La Dernière vie de Simon . Le film emprunte u RÉSUMÉ d’abord la voie du conte fantastique : Simon, orphelin de Simon a huit ans, vit en foyer et peut prendre l’apparence huit ans, rêve de l’amour inconditionnel d’un parent envers des personnes qu’il a touchées. Un jour, il rencontre son enfant ; un fantasme dans lequel il peut se projeter Thomas et sa sœur Madeleine (Mad) qui vivent heureux avec lors de son séjour chez Thomas et Mad. Son pouvoir, celui leurs parents. Mad souffre d’une malformation cardiaque. de prendre l’apparence de n’importe quelle personne Simon est invité à passer le week-end chez eux. Alors qu’il a déjà touchée, est un secret qu’il peut enfin qu’ils font un pacte d’amitié, Simon leur dévoile son secret. partager mais qui va aussi lui permettre de dissimuler Le lendemain, Thomas et Simon se baladent en forêt. Ils un autre secret bien plus lourd, la disparition accidentelle font la course. Thomas veut arrêter mais Simon continue et Thomas, en voulant le rattraper, chute dans un ravin. de Thomas, dont il se sent responsable. L’enfance et La nuit venue, les adultes se lancent à la recherche l’innocence disparaissent alors : l’histoire est désormais des garçons et Simon, rongé par la culpabilité, rentre un récit d’apprentissage. La prise de conscience de sous l’apparence de Thomas. Simon est considéré comme Simon, tiraillé entre la volonté de reprendre son apparence mort. et la peur de blesser ceux qui l’ont élevé, amène SUITE... Des années plus tard, “Thomas” a vingt ans. les questions de l’affirmation de soi, de la responsabilité Seul, il décide de reprendre son apparence pour voir ce et de l’éveil d’un désir réprimé. Curieux ovni plutôt qu’il est devenu. Il sort de temps en temps ainsi. Un jour, agréable à regarder, le film démontre d’abord l’audace de Mad l’aperçoit en ville et en parle à Thomas. Simon oscille ses idées à l’aide de nombreuses références, tant dans entre ses deux vies. Mad et lui tombent amoureux. Elle son esthétique (Jeux d’enfants, E.T. l’extra-terrestre) que découvre la vérité et l’oblige à le dire aux parents. Elle dans son scénario (Roméo et Juliette, pour le thème tardif tire sur Thomas pour l’obliger à redevenir Simon. Le père est fou de rage, Simon s’enfuit. Plus tard, Mad reconnaît de l’amour sacrificiel). Dans sa volonté de tenter un projet Simon sur la plage. Ils s’enfuient mais Mad est victime peu courant en France, défendu avec conviction par ses d’un malaise. Elle a besoin d’une transplantation. Simon acteurs, Léo Karmann réussit plutôt bien son coup d’essai. aide sa mère à la transporter à l’hôpital, mais il est Dommage qu’il soit bien trop prévisible et parfois un peu recherché par la police. Cerné, il se suicide afin de donner niais. _A.L. son cœur pour sauver Mad. Visa d’exploitation : 148850. Format : Scope - Couleur - Son : Dolby SRD. 80 copies. 11 © les Fiches du Cinéma 2019
L’Équipe de secours En route pour l’aventure ! de Janis Cimermanis Pote, Sily et Bemby forment une brigade de secours au COMÉDIES Enfants service de l’Europe. Pour aider un torero en “mauvaise passe”, chasser les souris d’un musée suédois ou u GÉNÉRIQUE réparer Big Ben, ils ne manquent jamais d’inventivité. 1. La Corrida (Corrida) (7’ - 2012. Visa : 152188) Cinq courts hilarants formant un ensemble cohérent. 2. Vasa (Vasa) (8’ - 2013. Visa : 152187) 3. La Tour de Pise (8’ - 2014. Visa : 152186) 4. Les Mystères de Paris (9’ - 2018. Visa : 152185) 5. Les Vacances à Londres (8’ - 2019. Visa : 152184) Scénario : Maris Putnins Montage : Janis Cimermanis, Evalds Lacis et Elvijs Menniks Animation : Maris Brinkmanis, Janis Cimermanis, Inese Neija et Dace Riduze 1er assistant réal. : Evalds Lacis Musique : Martins Brauns Son : Anrijs Krenbergs et Jevgenijs Svjatovs Décors : Viktors Maksurovs et Gints Grasis Effets visuels : Andris Gailitis Production : Studio AB “Animacijas Brigade” Producteur : Maris Putnins Dir. de production : Rita Dadzite Distributeur : Cinéma Public Films. © Studio AB HHH Comme Pat et Mat, distribués eux aussi par Cinéma Public Films, Pote, Sily et Bemby adorent dépanner. Professionnels là où les premiers sont amateurs, ils sont néanmoins tout aussi maladroits, usant, qui plus 44 minutes. Lettonie, 2012-2019 est, des mêmes moyens rudimentaires et incongrus Sortie France : 5 février 2020 quand on les appelle au secours. Dans la lignée de u RÉSUMÉ la devise latine “Quod licet Jovi non licet bovi”, ici inversée (et donnant donc : ce qui est permis au bœuf ne l’est pas 1. En Espagne, un torero est coursé à travers la ville par à Jupiter), le réalisateur Janis Cimermanis et son complice le taureau qu’il combattait. Juché sur un arbre, il appelle Pote, Sily et Bemby, qui doivent se déguiser en vache pour scénariste Maris Putnis dynamitent nos tics à coups de séduire l’animal et sauver l’homme... clichés : Italiens parlant beaucoup, Français fiers et 2. Dans un musée suédois, un fameux trois-mâts est la proie dilettantes, Anglais stoïques, matadors fanfarons, etc. des souris. N’arrivant pas à s’en débarrasser, les gardiens Les couleurs vives apportent de la bonne humeur à ce appellent l’équipe de secours. Quand ils parviennent à leurs réjouissant programme et le montage chronologique des cinq fins, c’est pour provoquer la glissade du galion jusqu’à courts (2012 à 2019) qui le composent permet judicieusement la mer, où il finit par couler. de constater que si l’animation est parfaite dès 2012, 3. À la suite du tir d’un enfant amateur de foot, la Tour de le rythme et la densité des gags, eux, se sont renforcés. Pise se met à pencher au point de menacer de s’effondrer. Les touristes la retiennent comme ils peuvent. Pote, Sily et De plus, toujours de situation, ils permettent de fédérer Bemby la redressent après l’avoir tirée au lasso depuis leur un large public, d’autant que les dialogues sont réduits avion. Un nouveau tir du gamin la penche dans l’autre sens. à de simples onomatopées servant à identifier les pays visités. 4. Le circuit électrique de la Tour Eiffel lâche. Appelée par Les plus petits riront des touristes japonais récurrents ou le gardien de nuit, l’équipe de secours se présente. Tandis de cet autre retrouvant dans la Joconde le portrait de sa qu’un policier empile les PV sur leur avion mal garé et mère. Ou du policier français accumulant les PV sur l’avion que les touristes visitent le Louvre, les trois compères de l’équipe de secours, ou finissant attaché tel un vélo. s’attellent à réparer. En vain. Jusqu’à ce que Pote actionne Sans oublier la Reine d’Angleterre plus vraie que nature... tout simplement la manette du compteur général. 5. Pote, Sily et Bemby pêchent non loin de la Grande- Les adultes, eux, savoureront l’ironie avec laquelle sont Bretagne. Big Ben tombant en panne, la Reine d’Angleterre croqués les portraits. Nec plus ultra, si La Walkyrie de les appelle. Mais alors qu’ils travaillent d’arrache-pied Wagner sert d’amusant gimmick aux déplacements de toute la nuit, Sily casse le bourdon. Le lendemain, l’avion, ces 44 minutes permettent également d’entendre la Reine constate qu’ils l’ont remplacée par un coucou et Verdi, Bizet, Elgar, Ravel et autre Delibes. _G.To. s’évanouit. Visa d’exploitation : voir ci-dessus. Format : 1,85 - Couleur - Son : Dolby SRD. 90 copies. 12 © les Fiches du Cinéma 2019
The Gentlemen (The Gentlemen) de Guy Ritchie Guy Ritchie trouve son tempo idéal : celui d’un film COMÉDIE POLICIÈRE Adultes / Adolescents d’action sans action, d’une lente et séduisante mélodie, aussi entêtante que frustrante, soignant à la perfection u GÉNÉRIQUE ses rares moments d’explosion - le tout sur fond Avec : Matthew McConaughey (Mickey Pearson), Charlie Hunnam de concours de machisme entre truands. (Ray), Michelle Dockery (Rosalind Pearson), Jeremy Strong (Matthew), Lyne Renée (Jackie), Colin Farrell (Coach), Henry Golding (Dry Eye), Tom Wu (Lord George), Chidi Ajufo (Bunny), Hugh Grant (Fletcher), Simon Barker (Frazier), Eddie Marsan (Big Dave), Jason Wong (Phuc), John Dagleish (Hammy), Jordan Long (le barman), Lily Frazer (Lisa), Gershwyn Eustache Jr. (Roger), Samuel West (Lord Pressfield), Geraldine Somerville (Lady Pressfield), Eliot Sumner (Laura Pressfield), Franz Drameh (Benny), Christopher Evangelou (Primetime), James Warren (Jim), Sean Sagar (Mal), Bugzy Malone, Tom Rhys Harries, Danny Griffin, Max Bennett, Eugenia Kuzmina, Bruce Chong, Ashley McGuire, George Asprey, Shanu Hazzan, Jack Jones, Sammy William, Ryan Dean. Scénario : Guy Ritchie, d’après une histoire de Guy Ritchie, Ivan Atkinson et Marn Davies Images : Alan Stewart Montage : James Herbert 1er assistant réal. : Max Keene Musique : Christopher Benstead Son : Luke Gentry Décors : Gemma Jackson Costumes : © Miramax Michael Wilkinson Dir. artistique : Fiona Gavin et Oliver Carroll Casting : Lucinda Syson Production : Miramax Producteurs : Guy Ritchie, Bill Block et Ivan Atkinson Producteurs exécutifs : Robert HHH Guy Ritchie, après quelques incursions dans Simonds, Alan J. Wands et Andrew Golov Dir. de production : le film spectaculaire à gros budget (les deux volets de Samantha Waite Distributeur : SND. Sherlock Holmes et Le Roi Arthur, notamment), revient à sa première veine, qui fit son succès en 1998 avec Arnaque, 113 minutes. États-Unis, 2019 crimes et botanique : le film de truands ludique et malin, Sortie France : 5 février 2020 avec sa galerie de trognes, d’accents et de dialogues u RÉSUMÉ truculents, de superpositions de flash-backs et de flash- Le journaliste Fletcher s’introduit dans la luxueuse maison forwards, de rebondissements gigognes, de retournements de Ray : ce dernier est le lieutenant du renommé Mickey de situations et de trahisons à tout-va. La grande Pearson, baron du trafic de cannabis. Fletcher cherche à nouveauté de cet opus, qui en constitue également faire chanter Ray avec des informations importantes sur la principale bonne nouvelle, est que le réalisateur semble Mickey, et commence son récit. Quelques jours plus tôt. y trouver, enfin, son rythme de croisière : un rythme lent Mickey Pearson, voulant prendre sa retraite, cherche à et comme suspendu, qui semble dilater le temps, en étirer vendre son réseau de production et de distribution d’herbe les bords jusqu’au point de rupture, en jouant notamment à Matthew, un riche entrepreneur. Dry Eye, lieutenant du chef mafieux Lord George, cherche aussi à racheter son sur la longueur de dialogues jouissivement ciselés. Ritchie empire, et lui fait une offre qu’il refuse. Sur ses entrefaites, parvient ainsi à créer une sorte de phénomène d’attente l’un des laboratoires de Mickey est dévalisé par une bande perpétuelle, retardant sans cesse les rares moments de jeunes boxeurs entraînés par le Coach. d’action, qui interviennent toujours de façon aussi SUITE... Le Coach propose ses services à Ray pour excuser violente que brève, à la manière de flashs pulsionnels l’affront de ses élèves. Ray est envoyé par Mickey chercher qui viendraient relâcher la pression et la tension la fille d’un riche couple de nobles, qui a fugué avec accumulées. Il créé ainsi un style assez unique, qu’il peaufine une bande de jeunes drogués. Les choses s’enveniment depuis le début de sa carrière : le cinéma d’action et l’un des jeunes, un étudiant russe, est tué par accident. sans action. Un style très musical, en somme, où l’on Dry Eye tue Lord George et s’en prend à la femme de serait séduit par une ritournelle entêtante qui n’en finirait Mickey. Celui-ci parvient à tuer Dry Eye, et comprend pas de ne pas exploser. Le film d’action devient ici un slow qu’il discutait dans son dos avec Matthew, qui cherchait à déstabiliser son entreprise pour la racheter moins flegmatique très séduisant... Pourvu qu’on ait envie d’entrer cher. Retour au présent : deux tueurs russes, envoyés par dans la danse, bien entendu - car le fond de l’affaire, qui le père de l’étudiant mort, tentent d’assassiner Ray, qui est de savoir qui sera le plus macho et le plus cool des est sauvé par le Coach. Fletcher en profite pour filer, mais, “rois de la jungle”, peut également laisser totalement quelque temps plus tard, Ray le retrouve. Mickey reste indifférent. _F.B-P. le roi du cannabis. Visa d’exploitation : 152068. Format : Scope - Couleur - Son : Dolby SRD. 13 © les Fiches du Cinéma 2019
#JeSuisLà de Éric Lartigau Éric Lartigau revient avec une comédie douce- COMÉDIE DOUCE-AMÈRE Adultes / Adolescents amère sur un cuisinier basque qui grâce à Instagram se passionne pour la Corée. Porté par Alain Chabat, u GÉNÉRIQUE le long métrage se savoure comme une friandise Avec : Alain Chabat (Stéphane), Doona Bae (Soo), Blanche Gardin sucrée. C’est charmant mais pas indispensable. (Suzanne), Ilian Bergala (David), Jules Sagot (Ludo), Camille Rutherford (Jane), Delphine Gleize (Catherine). Scénario : Éric Lartigau et Thomas Bidegain Images : Laurent Tangy Montage : Juliette Welfing 1er assistant réal. : Fabien Vergez Musique : Evgueni & Sacha Galpérine Son : François Maurel, Roland Voglaire, Paul Heymans et Olivier Dô Huu Décors : Olivier Radot Costumes : Nadine Lartigau Maquillage : Myriam Hottois Casting : Richard Rousseau Production : Rectangle Productions et Gaumont Coproduction : France 2 Cinéma, Belga Productions et Quarante 12 Films Producteurs : Édouard Weil, Alice Girard et Sidonie Dumas Coproducteurs : Christopher Toulemonde et Fabrice Delville Producteur associé : Alexis Dantec Dir. de production : Jean-Jacques Albert Distributeur : Gaumont. © Gaumont HH Plus de cinq ans après le carton de La Famille Bélier (plus de 7 millions de spectateurs et un César pour la révélation Louane), revoilà Éric Lartigau (Prête-moi ta main, L’Homme qui voulait vivre sa vie) avec une nouvelle 98 minutes. France - Belgique, 2019 comédie dramatique qui nous fait voyager dans les pas Sortie France : 5 février 2020 de Stéphane (Alain Chabat) du Pays basque à la Corée. u RÉSUMÉ Inspiré par une histoire vraie (un Suédois qui était parti Stéphane, chef cuisinier dans le pays basque, passe son en Chine retrouver une femme rencontrée sur les réseaux temps sur Instagram, réseau social grâce auquel il entretient sociaux), le scénario raconte comment une rencontre (ici une conversation avec une artiste coréenne francophone, Soo. sur Instagram) change la vie d’un cuistot pépère, et Alors qu’il marie l’un de ses fils, Ludo, il découvre avec stupeur comment il va finalement s’ouvrir au reste du monde que ce dernier est gay et que tout le reste de sa famille est au à la faveur d’une cruelle déconvenue. L’occasion pour courant. Il propose à David, son autre fils, de l’aider au restaurant. le spectateur d’en découvrir un peu plus sur la Corée, Stéphane achète un tableau à Soo et décide de changer et beaucoup sur l’aéroport de Séoul... Or, on ne va pas la décoration du restaurant. Un jour, après un accident de voiture parce qu’il était sur Instagram, il prend l’avion se le cacher, on s’en fiche un peu. De fait, après une première pour Séoul. Soo promet de venir le chercher à l’aéroport. partie plutôt bien boutiquée qui montre l’emprise, peu à peu, d’Instagram sur la vie du héros et ses intentions SUITE... À son arrivée, Soo n’est pas là. Stéphane l’attend à l’aéroport, passe la soirée au bar avec des Coréens. de changer de vie, le tout dans les superbes paysages Les photos de la soirée le rendent populaire sur Instagram. de la région de Sare, la seconde tient davantage du film a Après la publication de sa rencontre avec des basketteurs sketchs, avec autant de pastilles qui semblent sponsorisées limougeauds, il devient le “French Lover”, une star des par l’office de tourisme de la Corée du Sud. Il s’agit de réseaux sociaux où il publie ses pérégrinations dans cocher les cases (les hommes d’affaire au bar de l’aéroport, l’aéroport. Un jour, il est arrêté par la police et fuit dans le groupe de K-Pop, le cuisinier avec ses beaux couteaux, les sous-sols. Il quitte enfin l’aéroport pour retrouver Soo les cerisiers en fleur...) mais l’inventaire, pas désagréable, dont il est toujours sans nouvelles. Grâce à une photo, il et très populaire auprès des internautes, est un peu vain la rejoint sur son lieu de travail. Agacée, elle lui explique qu’elle n’est pas peintre et ne souhaitait pas sa venue, et pour le spectateur. Reste le capital sympathie de Chabat, Stéphane découvre qu’elle est maman. Il dort à l’hôtel. intact, et très bien épaulé d’abord par Blanche Gardin, Le lendemain, il retrouve son fils Ludo au parc Namsan. Ils impeccable avec son accent chantonnant (mais qui rejoignent David dans le centre de Séoul, où il a rencontré malheureusement disparaît à la moitié du film), Lilian une fille. Ils passent la nuit dans un habitat traditionnel Bergala et Jules Sagot. _M.Q. et repartent pour la France. Visa d’exploitation : 147956. Format : n.c. - Couleur - Son : Dolby SRD. 400 copies. 14 © les Fiches du Cinéma 2019
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