9 Tremblements - LE MENSUEL - Rencontre avec Jayro Bustamante - Les Fiches du Cinéma

 
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9 Tremblements - LE MENSUEL - Rencontre avec Jayro Bustamante - Les Fiches du Cinéma
LE MENSUEL

           Tremblements
MAI 2019

           Rencontre avec Jayro Bustamante
           Alice T. de Radu Muntean
           Fugue de Agnieszka Smoczynska
•

           The Reports de Muayad Alayan
           Séduis-moi si tu peux ! de Jonathan Levine
#5
9 Tremblements - LE MENSUEL - Rencontre avec Jayro Bustamante - Les Fiches du Cinéma
SOMMAIRE
                    FILMS DU 1ER MAI 2019
Alice T. de Radu Muntean		                                     HHH
Amir et Mina de Karsten Kiilerich                              H
Cœurs ennemis de James Kent		                                  H
Coming out de Denis Parrot			                                  HH
Dieu existe, son nom est Petrunya
de Teona Strugar Mitevska					                                 HHH
Duelles de Olivier Masset-Depasse                              HH
#Female Pleasure de Barbara Miller                             HH
Gloria Bell de Sebastián Lelio			                              HH
Her Job de Niklos Labôt			                                     HHH
Jessica Forever de Caroline Poggi et Jonathan Vinel            HH
Lettre à Inger de María Lucía Castrillón		                     HHH
Nous finirons ensemble de Guillaume Canet                      HH
68, mon père et les cloux de Samuel Bigiaoui                   HHH
Tremblements de Jayro Bustamanente                             HHH
Rencontre avec Jayro Bustamante

                     FILMS DU 8 MAI 2019
Astrid de Pernille Fischer Christensen                         HH
Le Chant de la forêt de João Salaviza et Renée Nader Messora   HH
Les Crevettes pailettées de Cédric Le Gallo et Maxime Govare   H
Drôles de cigognes ! de Hermína Tyrlová                        HHH
Fugue de Agnieszka Smoczynska		                                HHH
Hellboy de Neil Marshall		                                     HH
Lourdes de Thierry Demaizière et Alban Teurlai                 HHH
Matar a Jesús de Laura Mora		                                  HH
Les Météorites de Romain Laguna                                HH
Petra de Jaime Rosales			                                      H
Quand nous étions sorcières de Nietzchka Keene                 HH
The Reports de Muayad Alayan		                                 HHH
Retour de flamme de Juan Vera                                  HH
UltravoKal de Christophe Karabache                             m
Versus de François Valla			                                    HH
9 Tremblements - LE MENSUEL - Rencontre avec Jayro Bustamante - Les Fiches du Cinéma
FILMS DU 15 MAI 2019
Les Chinois et moi de Renaud Cohen                     HHH
Hard Paint de Marcio Reolon et Filipe Matzembacher     HH
Just Charlie de Rebekah Fortune		                      HH
Meurs, monstre, meurs de Alejandro Fadel               HH
Passion de Ryûsuke Hamaguchi		                         HHH
Permanent Green Light de Dennis Cooper et Zac Farley   m
Séduis-moi si tu peux ! de Jonathan Levine             HHH
Tous les dieux du ciel de Quarxx                       HH

                   FILMS DU 22 MAI 2019
Stubby de Richard Lanni			                             HH
Une part d’ombre de Samuel Tilman                      m
La Voix du pardon de Andrew & Joe Erwin                H

                   FILMS DU 29 MAI 2019
Le Fils de Alexander Abaturov		                        HH
Venise n’est pas en Italie de Ivan Calbérac            H

Clap de film : Jean-Pierre Marielle
9 Tremblements - LE MENSUEL - Rencontre avec Jayro Bustamante - Les Fiches du Cinéma
ÉDITO
LES FICHES DU CINÉMA
26, rue Pradier
75019 Paris
Administration & Rédaction :
                                                                 Cannes 2019 : back to basics
01.42.36.20.70
                                                                 François Truffaut a fameusement dit que tous les Français ont deux
Fax : 09.55.63.49.46
..............................................................   métiers : le leur et critique de cinéma. Il faut, à l’approche du plus
RÉDACTEUR EN CHEF                                                grand festival au monde, amender ce propos. Tous les critiques (et
Nicolas Marcadé                                                  tous les pros du septième art, en fait) ont également deux métiers :
redaction@fichesducinema.com
                                                                 le leur, et délégué général du festival de Cannes. Ce qui rend
RÉDACTEUR EN CHEF ADJOINT
Michael Ghennam                                                  les commentaires sur la sélection un peu semblables à ceux que
michael@fichesducinema.com                                       l’on peut émettre sur la compo de l’équipe de France de football.
SECRÉTAIRE DE RÉDACTION                                          Un petit jeu où tout le monde a son opinion, croit savoir mieux,
Thomas Fouet
                                                                 et où le vrai responsable sort souvent perdant (trop de cinéastes
thomas@fichesducinema.com
..............................................................   confirmés : sélection frileuse ; des jeunes pousses, scandale de
ONT COLLABORÉ À CE NUMÉRO                                        la non présence des maîtres, etc.). À la fin, tout comme pour l’équipe
François Barge-Prieur, Christian                                 de France, c’est au résultat que l’on jugera. Pour le moment, on peut
Berger, Jef Costello, Clément
                                                                 constater que Frémaux semble revenir au fondamentaux. À savoir
Deleschaud, Florian Fessenmeyer,
Thomas Fouet, Margherita Gera,                                   un mix entre habitués (Almodóvar, les Dardenne, Loach...), cinéastes
Michael Ghennam, (Pierre-)Simon                                  promus par le mérite (Triet, Porumboiu) et coups de poker sur des
Gutman, Roland Hélié, Simon                                      jeunes noms prometteurs, propulsés en pleine lumière (Diop, Ly).
Hoareau, Astrid Jansen, Aude
                                                                 Une remarque : le retour dans le giron de cinéastes (Sciamma,
Jouanne, Corentin Lê, Amélie Leray,
Julie Loncin, Jacques-Antoine                                    Dumont) aperçus la dernière fois chez la rivale historique,
Maisonobe, Keiko Masuda, Sulamythe                               la Quinzaine des Réalisateurs, indiquant une probable volonté de
Mokounkolo, Marine Quinchon, Gaël                                récupérer un terrain abandonné aux sélections parallèles. Preuve
Reyre, Gilles Tourman, Marie Toutée,
                                                                 de cette démarche : la bonne tenue, sur le papier, d’Un Certain
Nathalie Zimra.
Les commentaires des «Fiches»                                    Regard, cette étrangeté à la fois parallèle et officielle qui avait,
reflètent l’avis général du comité                               ces dernières années, beaucoup perdu de son crédit, aux dépens
..............................................................   de la Semaine de la Critique et de la Quinzaine des réalisateurs.
PRÉSIDENT
                                                                 Autre événement non négligeable : la présentation hors compétition
François Barge-Prieur
ADMINISTRATRICE                                                  des premiers épisodes de la série tournée par Nicolas Winding
Chloé Rolland                                                    Refn pour Amazon, qui indique que Frémaux a bien conscience,
administration@fichesducinema.com                                au-delà des polémiques Netflix, que l’avenir de l’audiovisuel,
TRÉSORIER
                                                                 même au festival de cinéma de Cannes, ne se joue plus sur
Guillaume de Lagasnerie
Conception Graphique                                             le petit écran. Un absent de marque, pour le moment : Hollywood.
5h55                                                             Pas de Star Wars, de X-Men ou de Troie, ce qui indiquerait peut-être
www.5h55.net                                                     une perte de la dimension purement événementielle de Cannes.
IMPRESSION
                                                                 Il est vrai que la crise est là, pas tant pour la sélection que pour
Compédit Beauregard
61600 La Ferté-Macé                                              le vrai cœur industriel : le marché du film, LA raison pour laquelle
Tél : 02.33.37.08.33                                             les professionnels du monde entier se déplacent chaque année,
..............................................................   vendant, achetant ou signant. Quiconque se souvient des panneaux
DÉPÔT LÉGAL
                                                                 de films à venir (et souvent jamais venus) qui inondaient la ville
Avril 2019
COMMISSION PARITAIRE                                             il y a quinze ans, ont senti physiquement cette chute, brutalement
0320 G 86313 - ISSN 0336-9331                                    accélérée l’année dernière par une absence lourde, celle de Netflix
«Les Fiches du Cinéma».                                          évidemment. La sélection tuera-t-elle le marché ? Car ce sont bien
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                                                                 les polémiques sur la diffusion des films qui ont crée un décalage
Toute reproduction même partielle des
textes est soumise à autorisation.                               avec une industrie qui, elle, s’est déjà adaptée au changement,
Photo de couverture :                                            et avait donc moins de raison de se déplacer. Derrière les paillettes,
Tremblements (Memento Films)                                     la réalité et le poumon économique du festival vacille sous
© François Silvestre de Sacy /
                                                                 les transformations. C’est probablement ici, loin du tapis rouge,
Tu Vas Voir
WWW.FICHESDUCINEMA.COM                                           que se joue son véritable avenir.
                                                                                                                 PIERRE-SIMON GUTMAN
9 Tremblements - LE MENSUEL - Rencontre avec Jayro Bustamante - Les Fiches du Cinéma
Alice T. (Alice T.)
de Radu Muntean

Le nouveau film de Radu Muntean ne déroge pas à                                                                                       DRAME
                                                                                                                        Adultes / Adolescents
son dogme habituel, fait de descriptions anodines,
d’atermoiements quotidiens et de décharges lyriques :                      u GÉNÉRIQUE
tout un petit univers théorique qui ici dépeint                            Avec : Andra Guti (Alice Tarpan), Mihaela Sîrbu (Bogdan Tarpan),
avec sensibilité et ironie le malaise adolescent.                          Cristine Hambasanu (Cesonia), Ela Lonescu (Nadia), Bogdan
                                                                           Dumitrache (Zoli), Teodor Corban (Saceanu), Alina Berzunteanu
                                                                           (la directrice du lycée), Serban Pavlu (Sorin), Maria Popistasu
                                                                           (Mihaela), Alexandrina Halic (Stefana), Viorel Comanici (Vasile),
                                                                           Adrian Vãncicã (Nelu), Ana Radu (Simona), Marian Olteanu
                                                                           (Robert), Hritcu Florin (Dodo), Radu Muntean (le père de Cesonia),
                                                                           Octavian Strunila (Horatiu), Marc Titieni (Bugsy), Gabriel Rauta
                                                                           (Mihai), Antonia Micu (Gina), Sophie Crudu (Sabina), Eugenia Maci
                                                                           (Coca), Miruna Iova (Mita), Eugen Ionescu (Tutu), Iosif Pastina, Ana
                                                                           Maria Morosanu, Flavia Dobre, Alexandru Baciu, Laurentiu Dragan,
                                                                           Valentin Antofi, Gabriel Mustea, Andrei Amarfoaie, Laur Dragan.
                                                                           Scénario : Rãzvan Rãdulescu, Alexandru Baciu, Radu Muntean
                                                                           et Katarina Krave Images : Tudor Lucaciu Montage : Andu Radu
                                                                           1er assistant réal. : Constantin Bazga Scripte : Elena Vancica
                                                                           Son : André Rigaut Décors : Anca Lazãr Costumes : Eliza
                                                                           Frone Maquillage : Olimpia Stolcea Casting : Viorica Capdefier
                                                         © Vlad Cioplea    Production : Multi Media Est Coproduction : Les Films de l’Après-
                                                                           Midi, Film i Väst et Chimney Producteurs : Dragos Potop et
                                                                           Oana Lancu Producteur exécutif : Dragos Vîlcu Coproducteurs :
   HHH        Quatre ans après sa dernière production
                                                                           François D’Artemare, Tomas Eskilsson, Jon Mankell, Katharina
(le paranoïaque L’Étage du dessous), Radu Muntean persiste
                                                                           Krave et Anthony Muir Distributeur : Bac Films.
dans la ligne claire qui fait tout l’attrait du cinéma roumain :
soit, calquer ses pas de cinéma sur ceux d’une anti-héroïne mal                   105 minutes. Roumanie - France - Suède, 2018
aimable (ici donc, Alice, jeune adolescente enceinte), et donner                           Sortie France : 1er mai 2019
à voir une étude de caractère brillamment dessinée. Le cinéma
                                                                           u RÉSUMÉ
roumain trouve d’ailleurs sa force première dans cela : une foi
                                                                           Alice T., adolescente, attend dans un centre commercial. Elle
sans grandiloquence dans le scénario, dans les pleins et                   rencontre un homme, qui lui donne un papier sur lequel est
les creux d’un récit jamais diffracté inutilement. Cette croyance          rédigée une ordonnance. Alice rentre ensuite chez elle, où
dans une littéralité de l’instant permet à Alice T. d’éviter à             elle vit avec sa mère adoptive et son nouveau beau-père.
la fois la surcharge pathétique et la torpeur gentillette ; il y a         Les relations sont tendues, encore plus quand, après avoir
là quelque chose d’un sentiment unique et indivisible - donc               confisqué son portable, sa mère découvre un test de grossesse
éminemment universel - qui affleure dans ces successions de                dans la poubelle. Après l’avoir forcée, en vain, à refaire le test
belles cruautés et de saugrenues inventions (dont le pinacle               devant elle, elle obtient de sa fille des aveux : Alice est enceinte,
                                                                           et compte garder l’enfant, au grand dam de tout le monde.
serait cette superbe saynète de canapé avec le père d’une amie
                                                                           Alice, accompagnée par sa mère, va passer une échographie :
de l’héroïne, sorte de réécriture pince-sans-rire de Pialat,               alors qu’Alice est détachée, sa mère, qui n’a pu avoir d’enfant
incarnée par le réalisateur lui-même). Alors certes,                       biologique, commence à vivre la grossesse par procuration.
le spectateur n’est jamais perçu autrement que comme
                                                                           SUITE... Mais Alice a changé d’avis : elle prend, en trop
un corps exogène, à la limite du voyeurisme ; et certes                    grande quantité, des médicaments, afin de forcer une
encore, la fin fait, avec une légère mais sensible maladresse,             fausse couche. Elle ne le dit pas à sa mère. Un jour d’école,
des malheurs de son héroïne un “bien de confiance”                         un professeur agrippe Alice par le bras ; celle-ci proteste.
cinématographique, Muntean voulant sans doute heurter                      Sa mère doit se rendre au lycée et annoncer qu’elle est
plus que cajoler son personnage et son spectateur. Mais                    enceinte. Un jour, chez une amie, Alice perd beaucoup
c’est aussi cette aridité intelligente et un peu roublarde                 de sang. Le mensonge continue, et Alice se rend, avec sa
qui fait d’Alice T. une belle cristallisation adolescente                  mère, dans une fête de famille, où tous la félicitent. Puis,
                                                                           d’abord réticente, elle passe un week-end chez son père,
d’un malaise qui ne trouve de repos que dans des mensonges sans
                                                                           à la plage, où elle essaye de séduire un moniteur de voile,
cesse enchâssées, dans des quiproquos vaudevillesques aux                  sans succès, et rencontre la nouvelle amie de son père.
retombées quasiment tragiques : en somme, que l’affirmation                De retour à Bucarest, à l’échographie, les résultats sont
passe aussi par la déréliction, et qu’en se dramatisant, et en             négatifs. L’obstétricienne et la mère d’Alice vont parler en
dramatisant le réel, on passe d’objet à sujet. _C.D.                       privé, tandis qu’Alice, seule, pleure.

                        Visa d’exploitation : 147745. Format : Scope - Couleur - Son : Dolby SRD. 40 copies (vo).

                                                                     5                                                 © les Fiches du Cinéma 2019
9 Tremblements - LE MENSUEL - Rencontre avec Jayro Bustamante - Les Fiches du Cinéma
Amir et Mina Les Aventures du tapis volant (Hodja fra Pjort)
de Karsten Kiilerich

Si, par certains aspects, Amir et Mina renvoie                                                                                    AVENTURES
                                                                                                                                      Enfants
inévitablement à certaines productions américaines,
Aladdin en tête, la comparaison s’arrête là. Fragile                     u GÉNÉRIQUE
du point de vue de l’animation, pas toujours très                        Avec : Thure Lindhardt (Amir), Sonny Lahey, Peter Frodin
aboutie, le film se rachète néanmoins par son humour.                    (le sultan), Susie Power (Aisha), Kurt Ravn (El Faza), Birgitte Raaberg
                                                                         (la mère), Lars Ranthe (le père), Erik Holmey, Özlem Saglanmak,
                                                                         Lars Thiesgaard, Jens Jacob Tychsen, Peter Zhelder.
                                                                         Avec : Bruno Borsu (Amir), Nancy Philippot (Mina), Michel
                                                                         Hinderyckx (Papi Farid), Philippe Allard (Haram), Maïa Baran
                                                                         (Djamila), Thierry Janssen (le rat), Benoît van Dorslaer (le sultan),
                                                                         Mélanie Dermont (Jade).
                                                                         Scénario : Karsten Kiilerich D’après : l’ouvrage Hodja fra Pjort
                                                                         d’Ole Lund Kirkegaard (1969) Images : Niels Grønlykke Montage :
                                                                         Hans Perk Animation : Björn Pedersen Musique : Halfdan E.
                                                                         et Sebastian Son : Bo Asdal Andersen Production : M&M
                                                                         Productions et A.Film A/S Producteurs : Kim Magnusson et
                                                                         Anders Mastrup Distributeur : KMBO.

                                                            © KMBO

     H       Amir et Mina est le remake, cette fois sous
la forme d’un film d’animation, d’Hodja fra Pjort, œuvre
danoise des années 1980, elle-même tirée du livre pour
enfant éponyme écrit en 1970 par l’auteur Ole Lund                                         81 minutes. Danemark, 2018
Kirkegaard. À la différence d’Aladdin (la version animée                                    Sortie France : 1er mai 2019
de Disney de 1992), dont il partage l’univers (un pays arabe
                                                                         u RÉSUMÉ
lointain et fantasmatique), des éléments surnaturels
                                                                         Alors qu’Amir rêve de parcourir le monde, son père, Aram,
(un tapis volant, une chèvre douée d’intelligence) mais aussi            tailleur dans la ville de Bourgos, veut faire de lui son
certains personnages (une éminence grise, une jeune fille                apprenti. Farid, le vieux tisserand, prête alors son tapis
aux origines mystérieuses), l’argument premier est moins                 volant à Amir, et lui demande de lui ramener Diamant,
celui d’une histoire d’amour que d’un pur récit initiatique.             sa petite fille, qu’il a dû abandonner à Bioul, où il fuyait
En dépit de cette différence fondamentale, il est cependant              le Sultan. Amir, accompagné de sa chèvre Raya, quitte ses
difficile de ne pas comparer Amir et Mina à un certain                   parents et arrive à Bioul. Arrêté par un garde, il est secouru
nombre de productions animées américaines, hélas à son                   par Mina, une jeune voleuse, qui le conduit dans le repère
                                                                         du Rat. Pour devenir le Grand Général des Armées, le Rat
détriment par endroits. D’abord, de par la qualité visuelle de
                                                                         vole le tapis d’Amir. Ce dernier, tout d’abord convaincu
son rendu, l’animation de certains personnages (le Sultan                que Mina est la voleuse, la persuade ensuite de l’aider à
et ses crocodiles notamment) jurant un peu. Ensuite, de par              récupérer son tapis.
la construction de certains personnages, tout
                                                                         SUITE... Elle demande pour cela à Jade, qui livre des fruits
particulièrement les méchants. Le Sultan, d’une part, dont               au Sultan, de les aider à s’introduire discrètement dans
le visage poupon, associé à un corps rendu monstrueux par                le palais. Amir parvient à récupérer le tapis mais il est rattrapé
l’abus de langues de pigeons, tranche excessivement avec                 par le Rat, qui le fait enfermer dans les cachots du Sultan.
sa méchanceté, sa cruauté et sa bêtise. Le Rat, d’autre                  Amir réussit à s’échapper de sa cellule, à récupérer son
part, spoliateur bossu et au nez crochu, aussi douteux que               tapis et à s’enfuir avec Mina. Après une course-poursuite
cupide, et qui, à plusieurs reprises, se retrouve en position            dans le palais, Amir, Mina et le tapis sont interceptés par
de torturer les héros. À eux deux, ces personnages créent                le Rat et le Sultan, qui ordonnent à Amir de les aider à
                                                                         prendre leur envol, sans quoi Mina sera jetée aux crocodiles.
une ambiance étrange et parfois pesante. Par bonheur, tout
                                                                         Amir s’exécute mais ordonne au tapis de jeter le Sultan et
cela est en grande partie compensé par le trio Amir/Mina/                le Rat aux crocodiles : ces derniers fuient à toutes jambes.
Raya. Mis à part un penchant pour l’humour scatophile,                   La ville est libérée de leur joug. Mina déclare à Amir
certes rare mais néanmoins un peu lourd, certains ressorts               qu’elle est en réalité Diamant. Amir, Mina, Raya et le tapis
comiques amuseront à la fois les petits et les grands. _J-A.M.           retournent à Bourgos et fêtent les retrouvailles.

                             Visa d’exploitation : en cours. Format : Scope - Couleur - Son : Dolby SRD.

                                                                 6                                                    © les Fiches du Cinéma 2019
9 Tremblements - LE MENSUEL - Rencontre avec Jayro Bustamante - Les Fiches du Cinéma
Cœurs ennemis (The Aftermath)
de James Kent

Dans l’Allemagne d’après-guerre, un officier anglais,                                                            MÉLODRAME HISTORIQUE
                                                                                                                     Adultes / Adolescents
chargé de coordonner les opérations de reconstruction,
s’installe avec sa femme chez un Allemand.                                 u GÉNÉRIQUE
Une histoire d’amour sans originalité qui plaira                           Avec : Keira Knightley (Rachel Morgan), Alexander Skarsgård
surtout aux amateurs de mélodrames en costumes.                            (Stephen Lubert), Jason Clarke (Lewis Morgan), Jannik Schümann
                                                                           (Albert), Kate Phillips (Susan Burnham), Martin Compston (Keith
                                                                           Burnham), Fionn O’Shea (Barker), Alexander Scheer (Siegfried
                                                                           Leitmann), Tom Bell (le capitaine Eliot), Anna Katharina Schimrigk
                                                                           (Heike), Jack Laskey (Wilkins), Rosa Enskat (Greta), Frederick
                                                                           Preston (Michael Morgan), Flora Thiemann (Freda Lubert), Henry
                                                                           Pettigrew (Donnell), Joseph Arkley (le capitaine Thompson), Abigail
                                                                           Rice (Pamela), Naomi Frederick (Celia), Ivan Shvedoff (le colonel
                                                                           Kutov), Pip Torrens (le général Brook), Ned Wills, Pandora Collin,
                                                                           Mirco Kuball, Monika Foris Kvasnicková, Logan Hillier, Jim High.
                                                                           Scénario : Joe Shrapnel, Anna Waterhouse et Rhidian Brook
                                                                           D’après : le roman Dans la maison de l’autre de Rhidian
                                                                           Brook (2013) Images : Franz Lustig Montage : Berverley Mills
                                                                           1er assistant réal. : Nige Watson Musique : Martin Phipps Son :
                                                                           Roland Winke et Paul Cotterell Décors : Sonja Lustig Costumes :
                                                                           Bojana Nikitovic Dir. artistique : Lucienne Suren Maquillage :
                                                        © David Appleby    Barbara Kreuzer Casting : Nina Gold Production : Amusement
                                                                           Park Films et Scott Free Productions Pour : Fox Searchlight
                                                                           Pictures Producteurs : Jack Arbuthnott, Malte Grunet et Ridley
     H        En 2014, James Kent se plongeait dans
                                                                           Scott Producteurs délégués : Carlo Dussi, Beth Pattinson et Joe
le quotidien insouciant de jeunes gens - quotidien bouleversé
                                                                           Oppenheimer Distributeur : Condor Distribution.
par le déclenchement de la Première Guerre mondiale.
Cinq ans plus tard, le réalisateur britannique fait avec ce                108 minutes. Royaume-Uni - Allemagne - États-Unis, 2018
nouveau long métrage un bond dans le temps d’une trentaine                                Sortie France : 1er mai 2019
d’années pour suivre la difficile reconstruction du couple
                                                                           u RÉSUMÉ
formé par Lewis, un colonel britannique, et sa femme
                                                                           Hambourg, 1946. Rachael arrive de Londres pour rejoindre
Rachael, dévastés par la mort de leur fils, dans un pays                   son mari Lewis, colonel des forces britanniques en
en ruines. Au premier abord, ce contexte d’une Allemagne                   Allemagne. Ce dernier l’accueille sur le quai de la gare
qui tente de se relever des ravages de la guerre, métaphore                avant de la conduire jusqu’à la villa réquisitionnée pour
de la relation du couple, offre à voir un thème peu abordé                 le couple. Son propriétaire, Stefan Lubert, y vit seule
au cinéma. Une bonne surprise qui aurait pu se transformer                 avec sa fille Freda, depuis la mort de sa femme lors
en véritable valeur ajoutée à une histoire d’amour montrant,               d’un bombardement. Il s’installe avec sa fille au grenier,
dès les premières minutes, son caractère prévisible,                       en attendant de trouver un autre logement. Lewis les invite
                                                                           à rester vivre à la villa. Rachael est odieuse avec Stefan,
si James Kent ne l’avait pas réduite à une simple toile de
                                                                           qu’elle pense être un nazi, Stefan n’ayant pas encore reçu
fond sans grande épaisseur. Dans une tentative d’apporter                  le passeport des forces britanniques qui prouve le contraire.
une dimension de thriller à son film, le réalisateur ajoute                Alors que Noël approche Lewis apprend à Rachael qu’il doit
une intrigue parallèle dans laquelle un groupe de terroristes              s’absenter pour traquer des nazis.
arborant des tatouages “88”, en référence au salut nazi,                   SUITE... Une dispute éclate et Rachael reproche à Lewis de
projettent de tuer Lewis. Mais là encore, la piste reste à l’état          la tenir responsable de la mort de leur fils. En son absence,
d’ébauche, venant simplement ponctuer de temps à autre                     la tension monte entre Stefan et Rachael. Stefan embrasse
la romance entre Rachael et Stefan, l’Allemand dépossédé                   Rachael pour la provoquer. Elle le gifle. Freda, la fille de
de sa villa. De même, si Keira Knightley et Alexander                      Stefan, flirte en secret avec un jeune ayant un tatouage
Skasgaard, interprètes de Rachael et Lewis, réussissent                    “88” sur le bras. Lorsque Lewis est appelé pour une autre
à donner du corps à leurs personnages, la relation qu’ils                  mission, Stefan et Rachael se rapprochent et passent la nuit
                                                                           ensemble. Rachael veut quitter Lewis pour partir vivre avec
sont censés incarner manque de passion. Une tiédeur qui
                                                                           Stefan. Stefan obtient enfin son passeport. Lewis découvre
aboutit finalement à une représentation très classique de leur             leur relation. Le petit ami de Freda essaie de tuer Lewis
histoire, et par extension, du film dans sa globalité. Toutes              au retour d’une soirée mais ce dernier l’abat. Alors que
les cases du mélodrame sont cochées, sans fantaisie, ni                    Rachael s’apprête à quitter Hambourg avec Stefan, elle
souffle épique. _A.Jo.                                                     change d’avis et choisit de rester avec Lewis.

                               Visa d’exploitation : en cours. Format : 1,85 - Couleur - Son : Dolby SRD.

                                                                     7                                               © les Fiches du Cinéma 2019
9 Tremblements - LE MENSUEL - Rencontre avec Jayro Bustamante - Les Fiches du Cinéma
Coming out
de Denis Parrot

À travers un montage de vidéos postées sur le web                                                                         DOCUMENTAIRE
                                                                                                                      Adultes / Adolescents
par des jeunes du monde entier qui décident de faire
leur coming out via internet, Denis Parrot s’immisce                       u GÉNÉRIQUE
au plus près de ce moment de basculement intime                            Images : Denis Parrot Montage : Denis Parrot Son : Bruno
et social. Matière à réflexion pour tous les parents...                    Mercère Production : Dryades Films et Upside Films Productrices :
                                                                           Claire Babany et Éléonore Boissinot Coproducteur : Sébastien
                                                                           Deurdilly Producteur associé : Johan de Faria Dir. de production :
                                                                           Bénédicte Perrot Distributeur : KMBO.

                                          © Dryades Films - Upside Films

                                                                                             63 minutes. France, 2018
    HH       Depuis quelques années, de plus en plus de                                     Sortie France : 1er mai 2019
jeunes gays, lesbiennes, bi ou trans (LGBT) décident, dans
le monde entier, de faire leur “coming out” via des vidéos                 à l’amour de ses parents, ou Artem, chrétien russe
sur internet. Contraction de l’expression “coming out of                   troublé dés l’enfance par son homosexualité. Par
the closet” (sortir du placard), cette expression se traduit               le truchement du montage, Denis Parrot fixe ces
par l’annonce volontaire de son orientation sexuelle ou                    vidéos comme des images d’archives se faisant écho,
d’une identité de genre. Pour son premier film documentaire                échappant au tombereau de vidéos si éphémères
en tant que réalisateur, Denis Parrot, monteur image et                    sur YouTube. Les témoignages ont des motivations
infographiste français, choisit de s’emparer du sujet à                    variées, mais la principale à l’image est le désir de
travers un montage de vidéos postées par ces jeunes sur                    partager une expérience intime pour encourager
les réseaux sociaux. Sur plus de 1 200 vidéos visionnées et                les autres à s’exprimer et rompre avec leur solitude
glanées sur YouTube entre 2012 et 2018, le réalisateur en a                en s’intégrant à un groupe. Outre le goût pour
sélectionné une vingtaine provenant de différents pays, qui                la mise en scène de soi, la caméra représente aussi
illustrent les thématiques lui tenant à cœur : construction                un témoin protecteur vis-à-vis de parents parfois
de soi, regard des autres, acceptation ou non par la famille               violents lors des “aveux”. C’est le cas pour Daniel
ou besoin de tester l’amour de ses parents pour aller de                   au Kentucky dont la caméra chavire quand sa mère,
l’avant. La première impression frappante que produit                      hors-champ, le frappe, le jette dehors en le traitant
le film réside dans la crainte commune d’une réaction                      de “sale pourriture”, de “fils de pute”, et dont le père
négative desdits parents. Ceci explique l’apparition à l’image             ne s’interpose que pour lui asséner “tu es une honte”.
de l’heure pour chaque vidéo, comme s’il y avait un avant et               Lorsque Cayden donne à entendre avec le sourire
un après l’heure de cette révélation, excluant tout retour                 le répondeur de sa paroisse américaine baptiste, ce
en arrière. La plupart des intervenants s’adressent à leurs                ne sont que propos haineux du style : “Dieu déteste
mères, jugées plus tolérantes que les pères. Ainsi, face                   les pédés !”. Pour autant, le propos montre aussi des
caméra et la peur au ventre, Jessi, Adam, Daniel, Carry                    parents ouverts et affectueux, notamment le père
ou Lino, expriment leur détresse et leur isolement social                  d’Adore Delano qui prend son fils dans ses bras après
vécus souvent depuis l’enfance. Lorsqu’ils ou elles se                     son aveu. Belle scène finale que la vidéo de Loren, qui
sentent étrangers à ce que les sociologues occidentaux                     annonce son coming out à sa bonne grand-mère qui
appellent l’hétéronormativité, ils sont perdus. Ils parlent                l’avait compris depuis longtemps. Un sujet de réflexion
de leur tentative de suicide, comme Adam, qui pense être                   précieux pour des parents hétéros parfois inquiets sur
une “erreur de la nature”, Matthieu, qui y renonce grâce                   le genre ou l’orientation de leur progéniture... _M.T.

                              Visa d’exploitation : 147059. Format : 1,85 - Couleur - Son : Dolby SRD.

                                                                      8                                              © les Fiches du Cinéma 2019
9 Tremblements - LE MENSUEL - Rencontre avec Jayro Bustamante - Les Fiches du Cinéma
Dieu existe, son nom est Petrunya (Gospod postoi, imeto i’ e Petrunija)
de Teona Strugar Mitevska

Présenté en compétition à Berlin, tiré d’une histoire                                                                              DRAME SOCIAL
                                                                                                                              Adultes / Adolescents
vraie, ce film venu de Macédoine du nord raconte
avec intelligence le combat d’une jeune femme                                 u GÉNÉRIQUE
confrontée aux relents traditionalistes et                                    Avec : Zorica Nusheva (Petrunya), Labina Mitevska (Slavica,
misogynes d’une société patriarcale.                                          la journaliste), Stefan Vujisic (Darko, le jeune policier), Suad Begovski
                                                                              (le prêtre), Simeon Moni Damevski (l’inspecteur en chef Milan),
                                                                              Violeta Shapkovska (Vaska, la mère), Petar Mircevski (Stoyan),
                                                                              Andrijana Kolevska (Blagica), Nikola Kumev (Vasko), Bajrush
                                                                              Mjaku (le procureur), Xhevdet Jashari (Boykan, le caméraman),
                                                                              Vladimir Tuliev (Stefan, le barman), Mario Knezovic (le patron),
                                                                              Ilija Volcheski, Igor Todorov et Nenad Angelkovic (les hommes en
                                                                              colère), Ljiljana Bogojevic (la femme à l’usine), Straso Milosevski
                                                                              et Pece Ristevski (les agents de police), Stojan Arev (l’autre prêtre),
                                                                              Kire Acevski et Dimitrov Hristijan (les manifestants).
                                                                              Scénario : Elma Tataragic et Teona Strugar Mitevska Images :
                                                                              Virginie Saint-Martin Montage : Marie-Hélène Dozo 1er assistant
                                                                              réal. : Jane Kortoshev Scripte : Petra Trampuz Musique : Olivier
                                                                              Samouillan Son : Hrvoje Petek, Ingrid Simon et Thomas Gauder
                                                                              Décors : Vuk Mitevski Costumes : Monika Lorber Dir. artistique :
                                                                              Zeljka Buric Maquillage : Marija Gorogranc Petrushevska Casting :
                                            © Sisters and Brothers Mitevski   Kirijana A. Nikoloska Production : Sisters and Brothers Mitevski
                                                                              Coproduction : Entre Chien et Loup, Vertigo, Spiritus Movens,
                                                                              Deuxième Ligne Films et EZ Films Productrice : Labina Mitevska
   HHH        Un film de femme est-il forcément un film
                                                                              Coproducteurs : Sébastien Delloye, Danijel Hocevar, Zdenka Gold,
féministe ? Dans certains pays, prendre la caméra quand
                                                                              Marie Dubas et Elie Meirovitz Distributeur : Pyramide.
on est une femme est déjà un acte de rébellion. C’est
le cas ici avec ce cinquième long métrage d’une réalisatrice                  100 minutes. Rép. de Macédoine du Nord - Belgique - Slovénie
macédonienne, Tzona Strugar Mitevska, qui sort pour                              - France - Croatie, 2018. Sortie France : 1er mai 2019
la première fois un film dans l’Hexagone après avoir écumé
                                                                              u RÉSUMÉ
les festivals (Dieu existe, son nom est Petrunya a ainsi eu
                                                                              Petrunya, 32 ans, à la recherche d’un emploi, vit toujours
les honneurs de la compétition berlinoise). Elle s’est inspirée               chez ses parents à Stip, une ville de Macédoine du Nord. Elle
d’un fait réel pour développer, avec sensibilité mais non sans                se retrouve par hasard dans une procession religieuse au
humour, cette chronique d’une société provinciale passéiste.                  bord de la rivière. Quand le pope lance sa croix dans l’eau,
Les personnages féminins y prennent davantage d’envergure                     tous les hommes plongent... et Petrunya, sans réfléchir,
que les hommes, qui paraissent privés de tout libre-arbitre.                  les imite et récupère la croix censée porter chance.
Mais leur situation n’a rien d’enviable. La séquence,                         SUITE... Les hommes crient au scandale car c’est
extraordinaire, de l’entretien d’embauche, dans laquelle                      une femme. Petrunya se réfugie chez elle et cache la croix,
un chef d’entreprise reçoit l’héroïne au milieu d’un atelier                  mais sa mère la dénonce à la police. Petrunya est arrêtée.
de confection où on ne coud que du bleu ou du rose, donne                     Au commissariat, le commissaire, Milan, trinque avec
la couleur, et le reste du film sera à l’avenant, qui mettra en               le pope, Kosta, qui essaie d’abord de minimiser les faits.
                                                                              Une journaliste de la télévision, Slavica, joint Petrunya
scène un commissaire de police hostile à toute polémique,
                                                                              par téléphone : elle veut l’aider, mais doit gérer en même
un pope tiraillé entre sa hiérarchie et son bon sens et une                   temps ses problèmes de mère célibataire. Milan refuse de
tripotée de jeunes hommes aux têtes de hooligans décidés à                    laisser partir Petrunya, qui ne veut pas rendre la croix, et
en découdre avec l’héroïne qui, en leur soustrayant la croix,                 en confie la surveillance à Darko, un policier. Les hommes
leur aurait ravi un peu de leur virilité. Pour leur tenir tête, il            du village s’amassent devant le commissariat. Kosta essaie
fallait une femme de poigne : mission parfaitement remplie                    de discuter avec Petrunya, également interrogée par Milan,
par la comédienne Zorica Nusheva, rondelette et charmante,                    en vain. Darko et Petrunya se rapprochent. Petrunya donne
qui incarne à merveille Petrunya, jeune trentenaire diplômée                  la croix à Milan et sort, mais les hommes veulent la lyncher
                                                                              et elle se réfugie dans le commissariat. Darko réconforte
en histoire qui préfère la révolution chinoise à Alexandre
                                                                              Petrunya, qui se réconcilie avec sa mère. Son caméraman
le Grand, délicieux mélange de sincérité et d’ironie.                         parti, Slavica fait elle-même le reportage sur Petrunya.
Un récit symptomatique du cinéma des Balkans, entre farce                     Cette dernière récupère la croix, dit au revoir à Darko, son
et tragédie, traversé par de très belles idées de mise en                     nouvel amoureux, et part. Dehors, elle croise le pope et
scène. _M.Q.                                                                  lui rend la croix.

                               Visa d’exploitation : 150461. Format : Scope - Couleur - Son : Dolby SRD.

                                                                         9                                                  © les Fiches du Cinéma 2019
9 Tremblements - LE MENSUEL - Rencontre avec Jayro Bustamante - Les Fiches du Cinéma
Duelles
de Olivier Masset-Depasse

Olivier Masset-Depasse ne déroge pas à son genre de                                                                                THRILLER
                                                                                                                        Adultes / Adolescents
prédilection avec ce thriller psychologique qui explore
les troubles sentiments de deux mères de famille                              u GÉNÉRIQUE
qui ont connu le pire. Entre Desperate Housewives et                          Avec : Veerle Baeten (Alice Brunelle), Anne Coesens (Céline
Hitchcock, Duelles réussit à trouver son propre ton.                          Geniot), Mehdi Nebbou (Simon Brunelle), Arieh Worthalter
                                                                              (Damien Geniot), Jules Lefebvre (Théo), Luan Adam (Maxime).
                                                                              Scénario : Olivier Masset-Depasse, Giordano Gederlini, avec
                                                                              la collaboration de Francis Verjans D’après : le roman Derrière
                                                                              la haine de Barbara Abel (2012) Images : Hichame Alaouie
                                                                              Montage : Damien Keyeux 1re assistante réal. : Louna Morard
                                                                              Scripte : Marika Piedboeuf Musique : Frédéric Vercheval Son :
                                                                              Olivier Struye Décors : Anna Falguères Costumes : Thierry
                                                                              Delettre Maquillage : Rachel Beeckmans Casting : Michaël
                                                                              Laguens Production : Versus Production Coproduction : Haut
                                                                              et Court et Savage Film Producteurs : Jacques-Henri & Olivier
                                                                              Bronckart Coproducteurs : Carole Scotta, Simon Arnal, Barbara
                                                                              Letellier et Bart Van Langendonck Producteur associé : Philippe
                                                                              Logie Dir. de production : Béatrice Chauvin-Ballay Distributeur :
                                                                              Haut et Court.

                                          © Gaëtan Chekaiban / Versus Prod.

    HH        Elles sont deux, qui partagent - chacune de son
côté - une même maison et semblent mener une vie idéale,
chacune heureuse épouse et mère comblée. Mais quand
le fils de Céline - la brune donc - meurt, cette promiscuité                              93 minutes. Belgique - France, 2018
dont se réjouissaient les deux femmes devenues au fil                                         Sortie France : 1er mai 2019
du temps les meilleures amies du monde, deviendra
                                                                              u RÉSUMÉ
le lieu de toutes les suppositions, jusqu’à la paranoïa.
                                                                              Céline et Alice, mariées, sont voisines et ont deux fils du
L’habileté de cet étonnant thriller venu d’outre-Quiévrain,                   même âge, Maxime et Théo. Un jour, Alice voit Maxime
c’est de parvenir à maintenir en permanence le doute                          escalader le mur. Elle arrive trop tard pour empêcher
sur les intentions de Céline : est-elle possessive ou juste                   la chute. Céline est désespérée. Alice et son mari Simon
gentille ? Désespérée ou amicale ? Ses agissements sont                       apprennent la nouvelle à leur fils Théo. Céline et Damien
toujours assez étranges, en tout cas suffisamment pour                        refusent désormais de les voir, Céline reproche à Alice de
éveiller le doute chez son ex-confidente, Alice, et chez                      ne pas avoir empêché la mort de Maxime.
le spectateur, jusqu’au bout d’un scénario machiavélique.                     SUITE... À l’enterrement, Théo fait une scène car il voit
C’est d’autant plus surprenant que le début du film n’a rien                  son doudou dans le cercueil de Maxime. Céline le lui
de très séduisant, qui décrit un monde un peu trop beau                       rend à la fête de l’école, et les invite tous les trois à dîner.
pour être vrai. Il faut donc passer le premier quart d’heure,                 Mais Damien, prostré, ne sort pas de sa chambre. Céline
                                                                              invite Théo à goûter. À l’anniversaire de Théo, Jeanne,
qui installe des personnages trop lisses pour être honnêtes,
                                                                              la mère d’Alice, demande à Céline de prendre ses
avec ces brushings impeccables et des tenues très 60’s,                       distances. Au retour, Jeanne s’écroule et meurt. Alice,
à la manière de Hitchcock ou de la série Mad Men, la brillance                qui soupçonne Céline, demande une autopsie, qui révèle
en moins. On sent vite que quelque chose cloche, mais                         que Jeanne ne prenait pas les médicaments adéquats.
il fallait un joli tableau - comme cette belle maison de                      Lors d’un dîner, Céline offre à Théo des gâteaux auxquels
la banlieue de Bruxelles - pour le noircir ensuite, lors de cette             il est allergique. Quand Céline arrive à l’hôpital, Alice
scène de funérailles à cercueil ouvert qui fait basculer le récit             menace de l’étrangler. Simon accuse sa femme de
dans l’étrange jusqu’à rendre l’atmosphère irrespirable.                      paranoïa. Un jour, Céline rattrape Théo, qui menace de
                                                                              tomber. Alice s’excuse et annonce à Céline qu’ils vont
Olivier Masset-Depasse, dont Illégal avait été présenté à
                                                                              déménager. En mauvais termes avec son mari, qui lui
Cannes en 2010, retrouve ici une de ses actrices fétiches,                    reproche d’oublier Maxime, Céline le tue en faisant croire
et sa compagne, Anne Coesens, dans le rôle de la très                         à un suicide. Elle se débarrasse ensuite d’Alice et Simon
perturbante Céline. Le reste du casting est au diapason de                    avec de l’éther puis en créant une fuite de gaz. Plus tard,
la performance de l’actrice belge. _M.Q.                                      elle adopte Théo.

                               Visa d’exploitation : 146643. Format : Scope - Couleur - Son : Dolby SRD.

                                                                        10                                             © les Fiches du Cinéma 2019
#Female Pleasure
de Barbara Miller

À travers les témoignages croisés de cinq femmes en                                                                       DOCUMENTAIRE
                                                                                                                      Adultes / Adolescents
lutte contre les doctrines patriarcales qui continuent
de régir nos sociétés au XXIe siècle, ce documentaire                       u GÉNÉRIQUE
aborde le sujet primordial de la sexualité féminine,                        Avec : Deborah Feldman, Leyla Hussein, Rokudenashiko, Doris
mais reste trop en surface dans son traitement.                             Wagner, Vithika Yadav.
                                                                            Scénario : Barbara Miller Images : Gabriela Betschart, Jiro
                                                                            Akiba et Anne Misselwitz Montage : Isabel Meier Musique :
                                                                            Peter Scherer Son : Ana Monte et Adriana Espinal Production :
                                                                            Mons Veneris Films, Das Kollektiv für Audiovisuelle Werke
                                                                            et Indi Film Production associée : SRF, ARTE et Teleclub AG
                                                                            Producteur : Philip Delaquis Producteurs exécutifs : Ellen
                                                                            Ringier, Melanie Winiger et Roswitha Schild Coproducteur :
                                                                            Arek Gielnik Distributeur : Juste Distribution.

                                                           © Juste Dist.

                                                                                       97 minutes. Suisse - Allemagne, 2018
    HH        En 2012, la réalisatrice suisse Barbara Miller                               Sortie France : 1er mai 2019
donnait la parole à trois blogueuses menacées pour leur lutte
en faveur de la liberté d’expression. C’est à nouveau de cette              les femmes dès leur plus jeune âge. Le film est
parole féminine réprimée qu’il est question dans #Female                    ponctué de citations des différents textes sacrés,
Pleasure, avec toutefois un angle d’approche différent :                    chœur phallocrate universel présentant la femme
celui de la sexualité. Dans ce documentaire polyphonique,                   comme éternel objet de mépris et de crainte.
la cinéaste suit le parcours de cinq femmes qui se sont                     Cette parole “divine” inculque aux femmes
dressées, chacune à sa façon, contre la violence infligée par               une indéfectible honte de leur corps et du plaisir
la société au corps féminin : Leyla Hussein, psychothérapeute               qu’il peut ressentir. On a beau le savoir, il est
d’origine somalienne résidant à Londres, se bat pour mettre                 effarant de voir qu’on en est encore là au XXIe siècle.
fin à la pratique de l’excision, dont elle a elle-même été                  Le témoignage de ces femmes est essentiel, c’est
victime ; après un mariage forcé, Deborah Feldman a fui                     évident, mais il rencontre hélas plusieurs limites.
la communauté hassidique de Brooklyn, où elle avait grandi                  Les images qui accompagnent leurs paroles semblent
et publié un livre relatant son expérience ; Vithika Yadav est              souvent n’avoir pour objet que d’occuper l’œil
la fondatrice de Love Matters, un programme d’information                   du spectateur : si le film s’ouvre sur une série de
et de conseils sur la sexualité destiné aux jeunes Indiens,                 publicités exhibant le corps féminin, livré en pâture
offrant une parole positive et désinhibée sur l’intimité                    aux regards des consommateurs, il s’attarde souvent
amoureuse dans un pays où le harcèlement sexuel est                         sur des paysages que l’une ou l’autre des femmes
un problème quotidien ; Rokudenashiko, artiste plasticienne                 interviewées contemple avec émotion, ou sur des
et mangaka japonaise, a été condamnée pour obscénité                        trajets en train qui ne semblent jouer qu’un rôle
après avoir modélisé son vagin pour en faire des œuvres                     de remplissage. Par ailleurs, si l’on comprend
d’art humoristiques et en avoir diffusé les données 3D                      le raisonnement qui a mené au choix de ce titre, on se
sur Internet ; Doris Wagner, ancienne religieuse catholique                 dit qu’il est bien plus question de la violence exercée
d’origine allemande, a quitté les ordres après avoir été victime            à l’encontre de la sexualité féminine que du plaisir
de viols répétés au sein de la Famille spirituelle “L’Œuvre”,               féminin en tant que tel. Enfin, une fois énoncées
une communauté basée à Rome, et n’avoir ensuite reçu aucun                  les violences contre lesquelles lutte chacune de ces
soutien de la part de l’Église. Par leurs témoignages, elles                femmes, le propos devient vite répétitif, et l’on aimerait
dénoncent les trésors d’inventivité que déploient les diverses              qu’il soit creusé davantage. Malgré ces réserves,
religions pour asservir le sexe féminin, et l’endoctrinement                le film n’en demeure pas moins vital par son sujet et
misogyne que subissent aussi bien les hommes que                            la parole qu’il permet. _J.L.

                        Visa d’exploitation : en cours. Format : 1,85 - Couleur - Son : Dolby SRD. 45 copies (vo).

                                                                     11                                              © les Fiches du Cinéma 2019
Gloria Bell (Gloria Bell)
de Sebastián Lelio

Gloria, célibataire quinquagénaire, rencontre un homme,                                                                      CHRONIQUE
                                                                                                                    Adultes / Adolescents
gère ses rapports à ses grands enfants, s’inquiète pour
son avenir. Bref, elle vit avec son âge. Un auto-remake                  u GÉNÉRIQUE
que la transposition aux États-Unis ne dénature pas,                     Avec : Julianne Moore (Gloria Bell), John Turturro (Arnold), Caren
mais sans surprises par rapport à l’original.                            Pistoruis (Anne Mason), Michael Cera (Peter Mason), Brad Garrett
                                                                         (Dustin Mason), Holland Taylor (Hillary Bell), Jeanne Tripplehorn
                                                                         (Fiona Mason), Rita Wilson (Vicky), Chris Mulkey (Charlie), Cassi
                                                                         Thomson (Virginia), Tyson Ritter (le voisin), Jesse Erwin (Theo),
                                                                         Alanna Ubach (Veronica), Barbara Sukowa (Melinda), Sean Astin
                                                                         (Jeremy), Aileen Burdock (Jane Wingel), Gerard Sanders (Pat
                                                                         Banowsky), Francisco Rodriguez (Stan), Barbara Scolaro (Gigi
                                                                         Pollard), Jennie Fahn (Suzanne), Cristobal Tapia Montt (Adam),
                                                                         Chopper bernet (Toni), Derrick Redford (le docteur Steve), Sarah
                                                                         Lowe (Jen), Jeff Leibow (Mark), Jenica Bergere, Ari Schneider,
                                                                         Sharonda “Shayy” Irving, John Luder, Corinna Harney, Art Freeman.
                                                                         Scénario : Sebastián Lelio et Alice Johnson D’après : le film
                                                                         Gloria de Sebastián Lelio (2013) Boher Images : Natasha Braier
                                                                         Montage : Soledad Salfate 1er assistant réal. : James J. Grayford
                                                                         Scripte : Jan McWilliams Musique : Matthew Herbert Son :
                                                                         Miguel Hormazábal Chorégraphies : Mandy Moore Décors : Dan
                                                            © Fabula     Bishop Costumes : Stacey Battat Effets visuels : Tomas Roca Dir.
                                                                         artistique : Shannon Walsh Maquillage : Jennifer Turchi Nigh
                                                                         Casting : Mary Vernieu et Lindsay Graham Production : Fabula
    HH       Gloria / Gloria Bell : de l’intérêt et des limites
                                                                         Pour : FilmNation Entertainment Producteurs : Juan de Dios &
des remakes par leurs auteurs originaux. Là où le regretté
                                                                         Pablo Larraín et Sebastián Lelio Distributeur : Mars Films.
George Sluizer avait, comme nombre d’adaptations “diluées”,
échoué à transmettre l’étrangeté et le malaise de son chef-                          101 minutes. Chili - États-Unis, 2018
d’œuvre, L’Homme qui voulait savoir, à son adaptation                                    Sortie France : 1er mai 2019
américaine (La Disparue), d’autres - tels que Michael Haneke
                                                                         u RÉSUMÉ
avec un Funny Games US aussi sulfureux que l’original -
                                                                         Los Angeles. Courtière en assurance, Gloria Bell vit seule.
sont parvenus à livrer une variation sur leur propre travail,            Elle rend visite à Peter, son fils, qui s’occupe seul de son
un exercice de style qui rendait plus accessible leur œuvre,             bébé, sa femme Rachel étant partie en retraite spirituelle.
tout en justifiant d’une réflexion. Gloria Bell appartient à             Un soir, dans un dancing où elle a ses habitudes, Gloria
la seconde catégorie. Paulina García cède la place à Julianne            rencontre Arnold. Il l’invite à déjeuner et ils entament
Moore, la ville de Santiago à Los Angeles. Sebastián                     une relation. Il lui fait découvrir son camp de paintball, mais
Lelio ne change presque rien de l’intrigue de l’original :               reste très secret sur ses filles, très dépendantes de lui et
Gloria a à peu près le même âge, la même passion pour                    de son ex-femme. Sa fille Anne, professeure de yoga, lui
                                                                         présente son petit ami, un surfeur suédois. Gloria présente
la danse, connaît les mêmes mésaventures amoureuses.
                                                                         Arnold à un couple d’amis, Vicky et Charlie, dont la fille
Les fans du film original ne seront ni surpris, ni                       Virginia va se marier.
dépaysés. Ce qui pourrait passer pour une forme de
                                                                         SUITE... Arnold accompagne Gloria à l’anniversaire de Peter.
paresse relève, au contraire, d’un choix très conscient. Car,
                                                                         Rachel n’est toujours pas revenue. L’ex-mari de Gloria,
en réemployant la même structure narrative, en rejouant                  Dustin, est présent avec sa nouvelle compagne, Fiona.
des scènes à l’identique, le cinéaste capte de nouveaux                  Gloria gaffe, révélant la grossesse d’Anne, ce qu’ignorait
éléments. Loin du Chili, il ausculte différemment                        Dustin. Puis Arnold disparaît subitement. Vexée et humiliée,
la figure de la femme, la cellule familiale et, par extension,           Gloria refuse de le revoir, malgré son insistance. Anne
la société américaine et son culte de la “famille idéale”.               lui annonce son départ pour la Suède. Arnold persistant
Gloria, même interprétée par une Julianne Moore                          à l’appeler, elle finit par décrocher. Elle accepte son
rayonnante, reste une quinquagénaire célibataire : le monde              invitation pour un week-end à Las Vegas. Là-bas, un coup
                                                                         de fil lui apprend que son ex-femme a eu un accident.
dans lequel elle évolue ne cesse de lui rappeler que ce
                                                                         Il choisit de rester avec Gloria… avant de disparaître pendant
statut n’a rien d’enviable. Le film, lui, ne cesse de lui                un dîner. Après une nuit de fête, Gloria est ramenée à Los
répéter l’inverse : qu’elle peut être une femme épanouie                 Angeles par sa propre mère. Elle se rend chez Arnold,
et heureuse, à condition de ne pas succomber à la pression               et lui tire dessus au paintball. Puis elle se rend seule au
sociale. _Mi.G.                                                          mariage de Virginia.

                             Visa d’exploitation : en cours. Format : Scope - Couleur - Son : Dolby SRD.

                                                                 12                                                © les Fiches du Cinéma 2019
Her Job (I Douleia tis)
de Niklos Labôt

Mère et épouse dévouée, Panayiota est embauchée                                                                      CHRONIQUE SOCIALE
                                                                                                                     Adultes / Adolescents
comme femme de ménage dans un centre commercial
d’Athènes. Elle y découvre la solidarité et mieux encore :              u GÉNÉRIQUE
l’estime d’elle-même. Un hommage aux gens modestes                      Avec : Marisha Triantafyllidou (Panayiota), Dimitris Imellos
et laborieux d’une réconfortante humanité.                              (Kostas), Maria Filini (Maria), Eleni Karagiorgi (Toula), Konstantinos
                                                                        Gogoulos (le responsable du personnel), Eirini Asimakopoulou
                                                                        (Chrysa), Danai Primali (Georgia), Dimitra Vlagopoulou (Dina),
                                                                        Orfeas Aggelopoulos (Apostolis), Georgia Tsagaraki (Bojana),
                                                                        Areti Seidaridou (Vania), Ioanna Mavrea (Eftychia), Nikol Drizi
                                                                        (l’instituteur), Youla Boudali (le manager), Hovik Karampetian
                                                                        (le magicien du centre commercial), Elena Thomopoulou
                                                                        (la vendeuse), Spyros Kribalis.
                                                                        Scénario : Katerina Kleitsioti et Nikos Labôt Images : Dionysis
                                                                        Efthymiopoulos Montage : Dounia Sichov Son : Yannis Antipas,
                                                                        Benoît Gargonne et Jean-Guy Veran Décors : Daphné Koutra
                                                                        Costumes : Vassilia Rozana Effets visuels : Ziva Stanojevic
                                                                        Maquillage : Kyriaky Melidou Production : Homemade Films,
                                                                        Sister Productions et Sense Production Coproduction : EPT
                                                                        Producteurs : Maria Drandaki et Julie Paratian Coproducteur :
                                                                        Milan Stojanovic Distributeur : Jour2Fête.
                                                        © Jour2Fête

  HHH       Voici un premier film qui, inspiré d’une histoire
vraie, active salutairement notre part d’humanité,
grâce notamment à une Marisha Triantafyllidou portant
à bout de sensibilité son personnage de femme                                     90 minutes. Grèce - France - Serbie, 2018
découvrant l’entraide, la dignité et ses propres talents,                               Sortie France : 1er mai 2019
elle qui sait à peine lire et n’a jamais “travaillé”... si ce
                                                                        u RÉSUMÉ
n’est qu’elle fait tout pour les siens, sans considération
                                                                        Vivant modestement à Athènes, Panayiota se dévoue sans
de leur part ! Les images, magnifiquement cadrées,                      compter à son mari Kostas, chômeur, à leur capricieuse
le rythme soutenu, alternant plans fixes et larges et                   et boulimique ado Georgia, et au dernier : Apostoli. Ayant
“caméra à l’épaule” collant à l’héroïne, et la façon d’agencer          appris qu’un centre commercial allait ouvrir, elle se
scènes intimistes et de travail… servent une réflexion                  fait embaucher (en trichant sur son CV) comme femme
d’un humanisme “politique” profond autour des conditions                de ménage chez Cleaner, la société privée chargée du
de vie des plus humbles dans la Grèce de 2010, soumise                  nettoyage. Grâce à ses collègues Maria, Toula et Dina, elle
au diktat économique de la Troïka (BCE, FMI et                          se familiarise avec son nouvel univers. Maria lui apprend
                                                                        ainsi à conduire, afin qu’elle puisse utiliser la laveuse
Commission européenne). Toute l’intelligence de Nikos
                                                                        électrique. Chef du personnel, Georges Bikos lui exprime
Labôt réside dans son art de nous mettre en empathie                    bientôt sa satisfaction. Panayiota prend de l’assurance.
avec son héroïne en filmant son quotidien le plus trivial :
                                                                        SUITE... Elle enchaîne les heures supplémentaires. Kostas
faire le ménage, affronter un chef qui lui fait signer
                                                                        la remplace à contre-cœur au foyer. Elle lui donne de l’argent,
un contrat sans la regarder, des collègues fêtant son                   leur permet de manger mieux, d’acheter des vêtements neufs
anniversaire alors que les siens l’ont oublié, la solidarité            et d’aller chez le médecin. Le supermarché rutile lors de
du monde du travail... On navigue entre les films français              l’inauguration. Cleaner peut licencier dans la foulée. Bikos
des années 1930 (tel La Belle équipe ) et Le Quai de                    annonce à Panayiota qu’elle reste. Elle doit même former
Ouistreham de Florence Aubenas, tous deux vantant la beauté             une nouvelle recrue. Panayiota sourit enfin. Y compris
du peuple qui souffre, aime et se bat pour rester digne.                quand Kostas et ses enfants oublient son anniversaire,
En fuyant tout manichéisme (la bagarre entre délégués                   que ses collègues lui ont fêté. Puis, coup sur coup, Maria
                                                                        est renvoyée et Kostas lui interdit de faire des heures
du personnel et non syndiqués ou le mari macho... par
                                                                        supplémentaires. Panayiota se rebelle enfin. Profitant de ce
honte) pour mieux nous ballotter entre larmes (l’amitié entre           qu’elle lit mal, Bikos lui fait signer une lettre de démission
Maria et Panayiota) et révolte (quand Panayiota veut baiser             sous couvert de nouveau contrat et la... “remercie”. Elle
la main qui la licencie)... le récit se révèle hautement                craque un instant, se rend à l’anniversaire de Maria et,
bienfaisant. _G.To.                                                     malgré la colère de Kostas, décide d’y faire la fête.

                              Visa d’exploitation : 146955. Format : 1,77 - Couleur - Son : Dolby SRD.

                                                                13                                                  © les Fiches du Cinéma 2019
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