9 Tremblements - LE MENSUEL - Rencontre avec Jayro Bustamante - Les Fiches du Cinéma
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LE MENSUEL Tremblements MAI 2019 Rencontre avec Jayro Bustamante Alice T. de Radu Muntean Fugue de Agnieszka Smoczynska • The Reports de Muayad Alayan Séduis-moi si tu peux ! de Jonathan Levine #5
SOMMAIRE FILMS DU 1ER MAI 2019 Alice T. de Radu Muntean HHH Amir et Mina de Karsten Kiilerich H Cœurs ennemis de James Kent H Coming out de Denis Parrot HH Dieu existe, son nom est Petrunya de Teona Strugar Mitevska HHH Duelles de Olivier Masset-Depasse HH #Female Pleasure de Barbara Miller HH Gloria Bell de Sebastián Lelio HH Her Job de Niklos Labôt HHH Jessica Forever de Caroline Poggi et Jonathan Vinel HH Lettre à Inger de María Lucía Castrillón HHH Nous finirons ensemble de Guillaume Canet HH 68, mon père et les cloux de Samuel Bigiaoui HHH Tremblements de Jayro Bustamanente HHH Rencontre avec Jayro Bustamante FILMS DU 8 MAI 2019 Astrid de Pernille Fischer Christensen HH Le Chant de la forêt de João Salaviza et Renée Nader Messora HH Les Crevettes pailettées de Cédric Le Gallo et Maxime Govare H Drôles de cigognes ! de Hermína Tyrlová HHH Fugue de Agnieszka Smoczynska HHH Hellboy de Neil Marshall HH Lourdes de Thierry Demaizière et Alban Teurlai HHH Matar a Jesús de Laura Mora HH Les Météorites de Romain Laguna HH Petra de Jaime Rosales H Quand nous étions sorcières de Nietzchka Keene HH The Reports de Muayad Alayan HHH Retour de flamme de Juan Vera HH UltravoKal de Christophe Karabache m Versus de François Valla HH
FILMS DU 15 MAI 2019 Les Chinois et moi de Renaud Cohen HHH Hard Paint de Marcio Reolon et Filipe Matzembacher HH Just Charlie de Rebekah Fortune HH Meurs, monstre, meurs de Alejandro Fadel HH Passion de Ryûsuke Hamaguchi HHH Permanent Green Light de Dennis Cooper et Zac Farley m Séduis-moi si tu peux ! de Jonathan Levine HHH Tous les dieux du ciel de Quarxx HH FILMS DU 22 MAI 2019 Stubby de Richard Lanni HH Une part d’ombre de Samuel Tilman m La Voix du pardon de Andrew & Joe Erwin H FILMS DU 29 MAI 2019 Le Fils de Alexander Abaturov HH Venise n’est pas en Italie de Ivan Calbérac H Clap de film : Jean-Pierre Marielle
ÉDITO LES FICHES DU CINÉMA 26, rue Pradier 75019 Paris Administration & Rédaction : Cannes 2019 : back to basics 01.42.36.20.70 François Truffaut a fameusement dit que tous les Français ont deux Fax : 09.55.63.49.46 .............................................................. métiers : le leur et critique de cinéma. Il faut, à l’approche du plus RÉDACTEUR EN CHEF grand festival au monde, amender ce propos. Tous les critiques (et Nicolas Marcadé tous les pros du septième art, en fait) ont également deux métiers : redaction@fichesducinema.com le leur, et délégué général du festival de Cannes. Ce qui rend RÉDACTEUR EN CHEF ADJOINT Michael Ghennam les commentaires sur la sélection un peu semblables à ceux que michael@fichesducinema.com l’on peut émettre sur la compo de l’équipe de France de football. SECRÉTAIRE DE RÉDACTION Un petit jeu où tout le monde a son opinion, croit savoir mieux, Thomas Fouet et où le vrai responsable sort souvent perdant (trop de cinéastes thomas@fichesducinema.com .............................................................. confirmés : sélection frileuse ; des jeunes pousses, scandale de ONT COLLABORÉ À CE NUMÉRO la non présence des maîtres, etc.). À la fin, tout comme pour l’équipe François Barge-Prieur, Christian de France, c’est au résultat que l’on jugera. Pour le moment, on peut Berger, Jef Costello, Clément constater que Frémaux semble revenir au fondamentaux. À savoir Deleschaud, Florian Fessenmeyer, Thomas Fouet, Margherita Gera, un mix entre habitués (Almodóvar, les Dardenne, Loach...), cinéastes Michael Ghennam, (Pierre-)Simon promus par le mérite (Triet, Porumboiu) et coups de poker sur des Gutman, Roland Hélié, Simon jeunes noms prometteurs, propulsés en pleine lumière (Diop, Ly). Hoareau, Astrid Jansen, Aude Une remarque : le retour dans le giron de cinéastes (Sciamma, Jouanne, Corentin Lê, Amélie Leray, Julie Loncin, Jacques-Antoine Dumont) aperçus la dernière fois chez la rivale historique, Maisonobe, Keiko Masuda, Sulamythe la Quinzaine des Réalisateurs, indiquant une probable volonté de Mokounkolo, Marine Quinchon, Gaël récupérer un terrain abandonné aux sélections parallèles. Preuve Reyre, Gilles Tourman, Marie Toutée, de cette démarche : la bonne tenue, sur le papier, d’Un Certain Nathalie Zimra. Les commentaires des «Fiches» Regard, cette étrangeté à la fois parallèle et officielle qui avait, reflètent l’avis général du comité ces dernières années, beaucoup perdu de son crédit, aux dépens .............................................................. de la Semaine de la Critique et de la Quinzaine des réalisateurs. PRÉSIDENT Autre événement non négligeable : la présentation hors compétition François Barge-Prieur ADMINISTRATRICE des premiers épisodes de la série tournée par Nicolas Winding Chloé Rolland Refn pour Amazon, qui indique que Frémaux a bien conscience, administration@fichesducinema.com au-delà des polémiques Netflix, que l’avenir de l’audiovisuel, TRÉSORIER même au festival de cinéma de Cannes, ne se joue plus sur Guillaume de Lagasnerie Conception Graphique le petit écran. Un absent de marque, pour le moment : Hollywood. 5h55 Pas de Star Wars, de X-Men ou de Troie, ce qui indiquerait peut-être www.5h55.net une perte de la dimension purement événementielle de Cannes. IMPRESSION Il est vrai que la crise est là, pas tant pour la sélection que pour Compédit Beauregard 61600 La Ferté-Macé le vrai cœur industriel : le marché du film, LA raison pour laquelle Tél : 02.33.37.08.33 les professionnels du monde entier se déplacent chaque année, .............................................................. vendant, achetant ou signant. Quiconque se souvient des panneaux DÉPÔT LÉGAL de films à venir (et souvent jamais venus) qui inondaient la ville Avril 2019 COMMISSION PARITAIRE il y a quinze ans, ont senti physiquement cette chute, brutalement 0320 G 86313 - ISSN 0336-9331 accélérée l’année dernière par une absence lourde, celle de Netflix «Les Fiches du Cinéma». évidemment. La sélection tuera-t-elle le marché ? Car ce sont bien Tous droits réservés. les polémiques sur la diffusion des films qui ont crée un décalage Toute reproduction même partielle des textes est soumise à autorisation. avec une industrie qui, elle, s’est déjà adaptée au changement, Photo de couverture : et avait donc moins de raison de se déplacer. Derrière les paillettes, Tremblements (Memento Films) la réalité et le poumon économique du festival vacille sous © François Silvestre de Sacy / les transformations. C’est probablement ici, loin du tapis rouge, Tu Vas Voir WWW.FICHESDUCINEMA.COM que se joue son véritable avenir. PIERRE-SIMON GUTMAN
Alice T. (Alice T.) de Radu Muntean Le nouveau film de Radu Muntean ne déroge pas à DRAME Adultes / Adolescents son dogme habituel, fait de descriptions anodines, d’atermoiements quotidiens et de décharges lyriques : u GÉNÉRIQUE tout un petit univers théorique qui ici dépeint Avec : Andra Guti (Alice Tarpan), Mihaela Sîrbu (Bogdan Tarpan), avec sensibilité et ironie le malaise adolescent. Cristine Hambasanu (Cesonia), Ela Lonescu (Nadia), Bogdan Dumitrache (Zoli), Teodor Corban (Saceanu), Alina Berzunteanu (la directrice du lycée), Serban Pavlu (Sorin), Maria Popistasu (Mihaela), Alexandrina Halic (Stefana), Viorel Comanici (Vasile), Adrian Vãncicã (Nelu), Ana Radu (Simona), Marian Olteanu (Robert), Hritcu Florin (Dodo), Radu Muntean (le père de Cesonia), Octavian Strunila (Horatiu), Marc Titieni (Bugsy), Gabriel Rauta (Mihai), Antonia Micu (Gina), Sophie Crudu (Sabina), Eugenia Maci (Coca), Miruna Iova (Mita), Eugen Ionescu (Tutu), Iosif Pastina, Ana Maria Morosanu, Flavia Dobre, Alexandru Baciu, Laurentiu Dragan, Valentin Antofi, Gabriel Mustea, Andrei Amarfoaie, Laur Dragan. Scénario : Rãzvan Rãdulescu, Alexandru Baciu, Radu Muntean et Katarina Krave Images : Tudor Lucaciu Montage : Andu Radu 1er assistant réal. : Constantin Bazga Scripte : Elena Vancica Son : André Rigaut Décors : Anca Lazãr Costumes : Eliza Frone Maquillage : Olimpia Stolcea Casting : Viorica Capdefier © Vlad Cioplea Production : Multi Media Est Coproduction : Les Films de l’Après- Midi, Film i Väst et Chimney Producteurs : Dragos Potop et Oana Lancu Producteur exécutif : Dragos Vîlcu Coproducteurs : HHH Quatre ans après sa dernière production François D’Artemare, Tomas Eskilsson, Jon Mankell, Katharina (le paranoïaque L’Étage du dessous), Radu Muntean persiste Krave et Anthony Muir Distributeur : Bac Films. dans la ligne claire qui fait tout l’attrait du cinéma roumain : soit, calquer ses pas de cinéma sur ceux d’une anti-héroïne mal 105 minutes. Roumanie - France - Suède, 2018 aimable (ici donc, Alice, jeune adolescente enceinte), et donner Sortie France : 1er mai 2019 à voir une étude de caractère brillamment dessinée. Le cinéma u RÉSUMÉ roumain trouve d’ailleurs sa force première dans cela : une foi Alice T., adolescente, attend dans un centre commercial. Elle sans grandiloquence dans le scénario, dans les pleins et rencontre un homme, qui lui donne un papier sur lequel est les creux d’un récit jamais diffracté inutilement. Cette croyance rédigée une ordonnance. Alice rentre ensuite chez elle, où dans une littéralité de l’instant permet à Alice T. d’éviter à elle vit avec sa mère adoptive et son nouveau beau-père. la fois la surcharge pathétique et la torpeur gentillette ; il y a Les relations sont tendues, encore plus quand, après avoir là quelque chose d’un sentiment unique et indivisible - donc confisqué son portable, sa mère découvre un test de grossesse éminemment universel - qui affleure dans ces successions de dans la poubelle. Après l’avoir forcée, en vain, à refaire le test belles cruautés et de saugrenues inventions (dont le pinacle devant elle, elle obtient de sa fille des aveux : Alice est enceinte, et compte garder l’enfant, au grand dam de tout le monde. serait cette superbe saynète de canapé avec le père d’une amie Alice, accompagnée par sa mère, va passer une échographie : de l’héroïne, sorte de réécriture pince-sans-rire de Pialat, alors qu’Alice est détachée, sa mère, qui n’a pu avoir d’enfant incarnée par le réalisateur lui-même). Alors certes, biologique, commence à vivre la grossesse par procuration. le spectateur n’est jamais perçu autrement que comme SUITE... Mais Alice a changé d’avis : elle prend, en trop un corps exogène, à la limite du voyeurisme ; et certes grande quantité, des médicaments, afin de forcer une encore, la fin fait, avec une légère mais sensible maladresse, fausse couche. Elle ne le dit pas à sa mère. Un jour d’école, des malheurs de son héroïne un “bien de confiance” un professeur agrippe Alice par le bras ; celle-ci proteste. cinématographique, Muntean voulant sans doute heurter Sa mère doit se rendre au lycée et annoncer qu’elle est plus que cajoler son personnage et son spectateur. Mais enceinte. Un jour, chez une amie, Alice perd beaucoup c’est aussi cette aridité intelligente et un peu roublarde de sang. Le mensonge continue, et Alice se rend, avec sa qui fait d’Alice T. une belle cristallisation adolescente mère, dans une fête de famille, où tous la félicitent. Puis, d’abord réticente, elle passe un week-end chez son père, d’un malaise qui ne trouve de repos que dans des mensonges sans à la plage, où elle essaye de séduire un moniteur de voile, cesse enchâssées, dans des quiproquos vaudevillesques aux sans succès, et rencontre la nouvelle amie de son père. retombées quasiment tragiques : en somme, que l’affirmation De retour à Bucarest, à l’échographie, les résultats sont passe aussi par la déréliction, et qu’en se dramatisant, et en négatifs. L’obstétricienne et la mère d’Alice vont parler en dramatisant le réel, on passe d’objet à sujet. _C.D. privé, tandis qu’Alice, seule, pleure. Visa d’exploitation : 147745. Format : Scope - Couleur - Son : Dolby SRD. 40 copies (vo). 5 © les Fiches du Cinéma 2019
Amir et Mina Les Aventures du tapis volant (Hodja fra Pjort) de Karsten Kiilerich Si, par certains aspects, Amir et Mina renvoie AVENTURES Enfants inévitablement à certaines productions américaines, Aladdin en tête, la comparaison s’arrête là. Fragile u GÉNÉRIQUE du point de vue de l’animation, pas toujours très Avec : Thure Lindhardt (Amir), Sonny Lahey, Peter Frodin aboutie, le film se rachète néanmoins par son humour. (le sultan), Susie Power (Aisha), Kurt Ravn (El Faza), Birgitte Raaberg (la mère), Lars Ranthe (le père), Erik Holmey, Özlem Saglanmak, Lars Thiesgaard, Jens Jacob Tychsen, Peter Zhelder. Avec : Bruno Borsu (Amir), Nancy Philippot (Mina), Michel Hinderyckx (Papi Farid), Philippe Allard (Haram), Maïa Baran (Djamila), Thierry Janssen (le rat), Benoît van Dorslaer (le sultan), Mélanie Dermont (Jade). Scénario : Karsten Kiilerich D’après : l’ouvrage Hodja fra Pjort d’Ole Lund Kirkegaard (1969) Images : Niels Grønlykke Montage : Hans Perk Animation : Björn Pedersen Musique : Halfdan E. et Sebastian Son : Bo Asdal Andersen Production : M&M Productions et A.Film A/S Producteurs : Kim Magnusson et Anders Mastrup Distributeur : KMBO. © KMBO H Amir et Mina est le remake, cette fois sous la forme d’un film d’animation, d’Hodja fra Pjort, œuvre danoise des années 1980, elle-même tirée du livre pour enfant éponyme écrit en 1970 par l’auteur Ole Lund 81 minutes. Danemark, 2018 Kirkegaard. À la différence d’Aladdin (la version animée Sortie France : 1er mai 2019 de Disney de 1992), dont il partage l’univers (un pays arabe u RÉSUMÉ lointain et fantasmatique), des éléments surnaturels Alors qu’Amir rêve de parcourir le monde, son père, Aram, (un tapis volant, une chèvre douée d’intelligence) mais aussi tailleur dans la ville de Bourgos, veut faire de lui son certains personnages (une éminence grise, une jeune fille apprenti. Farid, le vieux tisserand, prête alors son tapis aux origines mystérieuses), l’argument premier est moins volant à Amir, et lui demande de lui ramener Diamant, celui d’une histoire d’amour que d’un pur récit initiatique. sa petite fille, qu’il a dû abandonner à Bioul, où il fuyait En dépit de cette différence fondamentale, il est cependant le Sultan. Amir, accompagné de sa chèvre Raya, quitte ses difficile de ne pas comparer Amir et Mina à un certain parents et arrive à Bioul. Arrêté par un garde, il est secouru nombre de productions animées américaines, hélas à son par Mina, une jeune voleuse, qui le conduit dans le repère du Rat. Pour devenir le Grand Général des Armées, le Rat détriment par endroits. D’abord, de par la qualité visuelle de vole le tapis d’Amir. Ce dernier, tout d’abord convaincu son rendu, l’animation de certains personnages (le Sultan que Mina est la voleuse, la persuade ensuite de l’aider à et ses crocodiles notamment) jurant un peu. Ensuite, de par récupérer son tapis. la construction de certains personnages, tout SUITE... Elle demande pour cela à Jade, qui livre des fruits particulièrement les méchants. Le Sultan, d’une part, dont au Sultan, de les aider à s’introduire discrètement dans le visage poupon, associé à un corps rendu monstrueux par le palais. Amir parvient à récupérer le tapis mais il est rattrapé l’abus de langues de pigeons, tranche excessivement avec par le Rat, qui le fait enfermer dans les cachots du Sultan. sa méchanceté, sa cruauté et sa bêtise. Le Rat, d’autre Amir réussit à s’échapper de sa cellule, à récupérer son part, spoliateur bossu et au nez crochu, aussi douteux que tapis et à s’enfuir avec Mina. Après une course-poursuite cupide, et qui, à plusieurs reprises, se retrouve en position dans le palais, Amir, Mina et le tapis sont interceptés par de torturer les héros. À eux deux, ces personnages créent le Rat et le Sultan, qui ordonnent à Amir de les aider à prendre leur envol, sans quoi Mina sera jetée aux crocodiles. une ambiance étrange et parfois pesante. Par bonheur, tout Amir s’exécute mais ordonne au tapis de jeter le Sultan et cela est en grande partie compensé par le trio Amir/Mina/ le Rat aux crocodiles : ces derniers fuient à toutes jambes. Raya. Mis à part un penchant pour l’humour scatophile, La ville est libérée de leur joug. Mina déclare à Amir certes rare mais néanmoins un peu lourd, certains ressorts qu’elle est en réalité Diamant. Amir, Mina, Raya et le tapis comiques amuseront à la fois les petits et les grands. _J-A.M. retournent à Bourgos et fêtent les retrouvailles. Visa d’exploitation : en cours. Format : Scope - Couleur - Son : Dolby SRD. 6 © les Fiches du Cinéma 2019
Cœurs ennemis (The Aftermath) de James Kent Dans l’Allemagne d’après-guerre, un officier anglais, MÉLODRAME HISTORIQUE Adultes / Adolescents chargé de coordonner les opérations de reconstruction, s’installe avec sa femme chez un Allemand. u GÉNÉRIQUE Une histoire d’amour sans originalité qui plaira Avec : Keira Knightley (Rachel Morgan), Alexander Skarsgård surtout aux amateurs de mélodrames en costumes. (Stephen Lubert), Jason Clarke (Lewis Morgan), Jannik Schümann (Albert), Kate Phillips (Susan Burnham), Martin Compston (Keith Burnham), Fionn O’Shea (Barker), Alexander Scheer (Siegfried Leitmann), Tom Bell (le capitaine Eliot), Anna Katharina Schimrigk (Heike), Jack Laskey (Wilkins), Rosa Enskat (Greta), Frederick Preston (Michael Morgan), Flora Thiemann (Freda Lubert), Henry Pettigrew (Donnell), Joseph Arkley (le capitaine Thompson), Abigail Rice (Pamela), Naomi Frederick (Celia), Ivan Shvedoff (le colonel Kutov), Pip Torrens (le général Brook), Ned Wills, Pandora Collin, Mirco Kuball, Monika Foris Kvasnicková, Logan Hillier, Jim High. Scénario : Joe Shrapnel, Anna Waterhouse et Rhidian Brook D’après : le roman Dans la maison de l’autre de Rhidian Brook (2013) Images : Franz Lustig Montage : Berverley Mills 1er assistant réal. : Nige Watson Musique : Martin Phipps Son : Roland Winke et Paul Cotterell Décors : Sonja Lustig Costumes : Bojana Nikitovic Dir. artistique : Lucienne Suren Maquillage : © David Appleby Barbara Kreuzer Casting : Nina Gold Production : Amusement Park Films et Scott Free Productions Pour : Fox Searchlight Pictures Producteurs : Jack Arbuthnott, Malte Grunet et Ridley H En 2014, James Kent se plongeait dans Scott Producteurs délégués : Carlo Dussi, Beth Pattinson et Joe le quotidien insouciant de jeunes gens - quotidien bouleversé Oppenheimer Distributeur : Condor Distribution. par le déclenchement de la Première Guerre mondiale. Cinq ans plus tard, le réalisateur britannique fait avec ce 108 minutes. Royaume-Uni - Allemagne - États-Unis, 2018 nouveau long métrage un bond dans le temps d’une trentaine Sortie France : 1er mai 2019 d’années pour suivre la difficile reconstruction du couple u RÉSUMÉ formé par Lewis, un colonel britannique, et sa femme Hambourg, 1946. Rachael arrive de Londres pour rejoindre Rachael, dévastés par la mort de leur fils, dans un pays son mari Lewis, colonel des forces britanniques en en ruines. Au premier abord, ce contexte d’une Allemagne Allemagne. Ce dernier l’accueille sur le quai de la gare qui tente de se relever des ravages de la guerre, métaphore avant de la conduire jusqu’à la villa réquisitionnée pour de la relation du couple, offre à voir un thème peu abordé le couple. Son propriétaire, Stefan Lubert, y vit seule au cinéma. Une bonne surprise qui aurait pu se transformer avec sa fille Freda, depuis la mort de sa femme lors en véritable valeur ajoutée à une histoire d’amour montrant, d’un bombardement. Il s’installe avec sa fille au grenier, dès les premières minutes, son caractère prévisible, en attendant de trouver un autre logement. Lewis les invite à rester vivre à la villa. Rachael est odieuse avec Stefan, si James Kent ne l’avait pas réduite à une simple toile de qu’elle pense être un nazi, Stefan n’ayant pas encore reçu fond sans grande épaisseur. Dans une tentative d’apporter le passeport des forces britanniques qui prouve le contraire. une dimension de thriller à son film, le réalisateur ajoute Alors que Noël approche Lewis apprend à Rachael qu’il doit une intrigue parallèle dans laquelle un groupe de terroristes s’absenter pour traquer des nazis. arborant des tatouages “88”, en référence au salut nazi, SUITE... Une dispute éclate et Rachael reproche à Lewis de projettent de tuer Lewis. Mais là encore, la piste reste à l’état la tenir responsable de la mort de leur fils. En son absence, d’ébauche, venant simplement ponctuer de temps à autre la tension monte entre Stefan et Rachael. Stefan embrasse la romance entre Rachael et Stefan, l’Allemand dépossédé Rachael pour la provoquer. Elle le gifle. Freda, la fille de de sa villa. De même, si Keira Knightley et Alexander Stefan, flirte en secret avec un jeune ayant un tatouage Skasgaard, interprètes de Rachael et Lewis, réussissent “88” sur le bras. Lorsque Lewis est appelé pour une autre à donner du corps à leurs personnages, la relation qu’ils mission, Stefan et Rachael se rapprochent et passent la nuit ensemble. Rachael veut quitter Lewis pour partir vivre avec sont censés incarner manque de passion. Une tiédeur qui Stefan. Stefan obtient enfin son passeport. Lewis découvre aboutit finalement à une représentation très classique de leur leur relation. Le petit ami de Freda essaie de tuer Lewis histoire, et par extension, du film dans sa globalité. Toutes au retour d’une soirée mais ce dernier l’abat. Alors que les cases du mélodrame sont cochées, sans fantaisie, ni Rachael s’apprête à quitter Hambourg avec Stefan, elle souffle épique. _A.Jo. change d’avis et choisit de rester avec Lewis. Visa d’exploitation : en cours. Format : 1,85 - Couleur - Son : Dolby SRD. 7 © les Fiches du Cinéma 2019
Coming out de Denis Parrot À travers un montage de vidéos postées sur le web DOCUMENTAIRE Adultes / Adolescents par des jeunes du monde entier qui décident de faire leur coming out via internet, Denis Parrot s’immisce u GÉNÉRIQUE au plus près de ce moment de basculement intime Images : Denis Parrot Montage : Denis Parrot Son : Bruno et social. Matière à réflexion pour tous les parents... Mercère Production : Dryades Films et Upside Films Productrices : Claire Babany et Éléonore Boissinot Coproducteur : Sébastien Deurdilly Producteur associé : Johan de Faria Dir. de production : Bénédicte Perrot Distributeur : KMBO. © Dryades Films - Upside Films 63 minutes. France, 2018 HH Depuis quelques années, de plus en plus de Sortie France : 1er mai 2019 jeunes gays, lesbiennes, bi ou trans (LGBT) décident, dans le monde entier, de faire leur “coming out” via des vidéos à l’amour de ses parents, ou Artem, chrétien russe sur internet. Contraction de l’expression “coming out of troublé dés l’enfance par son homosexualité. Par the closet” (sortir du placard), cette expression se traduit le truchement du montage, Denis Parrot fixe ces par l’annonce volontaire de son orientation sexuelle ou vidéos comme des images d’archives se faisant écho, d’une identité de genre. Pour son premier film documentaire échappant au tombereau de vidéos si éphémères en tant que réalisateur, Denis Parrot, monteur image et sur YouTube. Les témoignages ont des motivations infographiste français, choisit de s’emparer du sujet à variées, mais la principale à l’image est le désir de travers un montage de vidéos postées par ces jeunes sur partager une expérience intime pour encourager les réseaux sociaux. Sur plus de 1 200 vidéos visionnées et les autres à s’exprimer et rompre avec leur solitude glanées sur YouTube entre 2012 et 2018, le réalisateur en a en s’intégrant à un groupe. Outre le goût pour sélectionné une vingtaine provenant de différents pays, qui la mise en scène de soi, la caméra représente aussi illustrent les thématiques lui tenant à cœur : construction un témoin protecteur vis-à-vis de parents parfois de soi, regard des autres, acceptation ou non par la famille violents lors des “aveux”. C’est le cas pour Daniel ou besoin de tester l’amour de ses parents pour aller de au Kentucky dont la caméra chavire quand sa mère, l’avant. La première impression frappante que produit hors-champ, le frappe, le jette dehors en le traitant le film réside dans la crainte commune d’une réaction de “sale pourriture”, de “fils de pute”, et dont le père négative desdits parents. Ceci explique l’apparition à l’image ne s’interpose que pour lui asséner “tu es une honte”. de l’heure pour chaque vidéo, comme s’il y avait un avant et Lorsque Cayden donne à entendre avec le sourire un après l’heure de cette révélation, excluant tout retour le répondeur de sa paroisse américaine baptiste, ce en arrière. La plupart des intervenants s’adressent à leurs ne sont que propos haineux du style : “Dieu déteste mères, jugées plus tolérantes que les pères. Ainsi, face les pédés !”. Pour autant, le propos montre aussi des caméra et la peur au ventre, Jessi, Adam, Daniel, Carry parents ouverts et affectueux, notamment le père ou Lino, expriment leur détresse et leur isolement social d’Adore Delano qui prend son fils dans ses bras après vécus souvent depuis l’enfance. Lorsqu’ils ou elles se son aveu. Belle scène finale que la vidéo de Loren, qui sentent étrangers à ce que les sociologues occidentaux annonce son coming out à sa bonne grand-mère qui appellent l’hétéronormativité, ils sont perdus. Ils parlent l’avait compris depuis longtemps. Un sujet de réflexion de leur tentative de suicide, comme Adam, qui pense être précieux pour des parents hétéros parfois inquiets sur une “erreur de la nature”, Matthieu, qui y renonce grâce le genre ou l’orientation de leur progéniture... _M.T. Visa d’exploitation : 147059. Format : 1,85 - Couleur - Son : Dolby SRD. 8 © les Fiches du Cinéma 2019
Dieu existe, son nom est Petrunya (Gospod postoi, imeto i’ e Petrunija) de Teona Strugar Mitevska Présenté en compétition à Berlin, tiré d’une histoire DRAME SOCIAL Adultes / Adolescents vraie, ce film venu de Macédoine du nord raconte avec intelligence le combat d’une jeune femme u GÉNÉRIQUE confrontée aux relents traditionalistes et Avec : Zorica Nusheva (Petrunya), Labina Mitevska (Slavica, misogynes d’une société patriarcale. la journaliste), Stefan Vujisic (Darko, le jeune policier), Suad Begovski (le prêtre), Simeon Moni Damevski (l’inspecteur en chef Milan), Violeta Shapkovska (Vaska, la mère), Petar Mircevski (Stoyan), Andrijana Kolevska (Blagica), Nikola Kumev (Vasko), Bajrush Mjaku (le procureur), Xhevdet Jashari (Boykan, le caméraman), Vladimir Tuliev (Stefan, le barman), Mario Knezovic (le patron), Ilija Volcheski, Igor Todorov et Nenad Angelkovic (les hommes en colère), Ljiljana Bogojevic (la femme à l’usine), Straso Milosevski et Pece Ristevski (les agents de police), Stojan Arev (l’autre prêtre), Kire Acevski et Dimitrov Hristijan (les manifestants). Scénario : Elma Tataragic et Teona Strugar Mitevska Images : Virginie Saint-Martin Montage : Marie-Hélène Dozo 1er assistant réal. : Jane Kortoshev Scripte : Petra Trampuz Musique : Olivier Samouillan Son : Hrvoje Petek, Ingrid Simon et Thomas Gauder Décors : Vuk Mitevski Costumes : Monika Lorber Dir. artistique : Zeljka Buric Maquillage : Marija Gorogranc Petrushevska Casting : © Sisters and Brothers Mitevski Kirijana A. Nikoloska Production : Sisters and Brothers Mitevski Coproduction : Entre Chien et Loup, Vertigo, Spiritus Movens, Deuxième Ligne Films et EZ Films Productrice : Labina Mitevska HHH Un film de femme est-il forcément un film Coproducteurs : Sébastien Delloye, Danijel Hocevar, Zdenka Gold, féministe ? Dans certains pays, prendre la caméra quand Marie Dubas et Elie Meirovitz Distributeur : Pyramide. on est une femme est déjà un acte de rébellion. C’est le cas ici avec ce cinquième long métrage d’une réalisatrice 100 minutes. Rép. de Macédoine du Nord - Belgique - Slovénie macédonienne, Tzona Strugar Mitevska, qui sort pour - France - Croatie, 2018. Sortie France : 1er mai 2019 la première fois un film dans l’Hexagone après avoir écumé u RÉSUMÉ les festivals (Dieu existe, son nom est Petrunya a ainsi eu Petrunya, 32 ans, à la recherche d’un emploi, vit toujours les honneurs de la compétition berlinoise). Elle s’est inspirée chez ses parents à Stip, une ville de Macédoine du Nord. Elle d’un fait réel pour développer, avec sensibilité mais non sans se retrouve par hasard dans une procession religieuse au humour, cette chronique d’une société provinciale passéiste. bord de la rivière. Quand le pope lance sa croix dans l’eau, Les personnages féminins y prennent davantage d’envergure tous les hommes plongent... et Petrunya, sans réfléchir, que les hommes, qui paraissent privés de tout libre-arbitre. les imite et récupère la croix censée porter chance. Mais leur situation n’a rien d’enviable. La séquence, SUITE... Les hommes crient au scandale car c’est extraordinaire, de l’entretien d’embauche, dans laquelle une femme. Petrunya se réfugie chez elle et cache la croix, un chef d’entreprise reçoit l’héroïne au milieu d’un atelier mais sa mère la dénonce à la police. Petrunya est arrêtée. de confection où on ne coud que du bleu ou du rose, donne Au commissariat, le commissaire, Milan, trinque avec la couleur, et le reste du film sera à l’avenant, qui mettra en le pope, Kosta, qui essaie d’abord de minimiser les faits. Une journaliste de la télévision, Slavica, joint Petrunya scène un commissaire de police hostile à toute polémique, par téléphone : elle veut l’aider, mais doit gérer en même un pope tiraillé entre sa hiérarchie et son bon sens et une temps ses problèmes de mère célibataire. Milan refuse de tripotée de jeunes hommes aux têtes de hooligans décidés à laisser partir Petrunya, qui ne veut pas rendre la croix, et en découdre avec l’héroïne qui, en leur soustrayant la croix, en confie la surveillance à Darko, un policier. Les hommes leur aurait ravi un peu de leur virilité. Pour leur tenir tête, il du village s’amassent devant le commissariat. Kosta essaie fallait une femme de poigne : mission parfaitement remplie de discuter avec Petrunya, également interrogée par Milan, par la comédienne Zorica Nusheva, rondelette et charmante, en vain. Darko et Petrunya se rapprochent. Petrunya donne qui incarne à merveille Petrunya, jeune trentenaire diplômée la croix à Milan et sort, mais les hommes veulent la lyncher et elle se réfugie dans le commissariat. Darko réconforte en histoire qui préfère la révolution chinoise à Alexandre Petrunya, qui se réconcilie avec sa mère. Son caméraman le Grand, délicieux mélange de sincérité et d’ironie. parti, Slavica fait elle-même le reportage sur Petrunya. Un récit symptomatique du cinéma des Balkans, entre farce Cette dernière récupère la croix, dit au revoir à Darko, son et tragédie, traversé par de très belles idées de mise en nouvel amoureux, et part. Dehors, elle croise le pope et scène. _M.Q. lui rend la croix. Visa d’exploitation : 150461. Format : Scope - Couleur - Son : Dolby SRD. 9 © les Fiches du Cinéma 2019
Duelles de Olivier Masset-Depasse Olivier Masset-Depasse ne déroge pas à son genre de THRILLER Adultes / Adolescents prédilection avec ce thriller psychologique qui explore les troubles sentiments de deux mères de famille u GÉNÉRIQUE qui ont connu le pire. Entre Desperate Housewives et Avec : Veerle Baeten (Alice Brunelle), Anne Coesens (Céline Hitchcock, Duelles réussit à trouver son propre ton. Geniot), Mehdi Nebbou (Simon Brunelle), Arieh Worthalter (Damien Geniot), Jules Lefebvre (Théo), Luan Adam (Maxime). Scénario : Olivier Masset-Depasse, Giordano Gederlini, avec la collaboration de Francis Verjans D’après : le roman Derrière la haine de Barbara Abel (2012) Images : Hichame Alaouie Montage : Damien Keyeux 1re assistante réal. : Louna Morard Scripte : Marika Piedboeuf Musique : Frédéric Vercheval Son : Olivier Struye Décors : Anna Falguères Costumes : Thierry Delettre Maquillage : Rachel Beeckmans Casting : Michaël Laguens Production : Versus Production Coproduction : Haut et Court et Savage Film Producteurs : Jacques-Henri & Olivier Bronckart Coproducteurs : Carole Scotta, Simon Arnal, Barbara Letellier et Bart Van Langendonck Producteur associé : Philippe Logie Dir. de production : Béatrice Chauvin-Ballay Distributeur : Haut et Court. © Gaëtan Chekaiban / Versus Prod. HH Elles sont deux, qui partagent - chacune de son côté - une même maison et semblent mener une vie idéale, chacune heureuse épouse et mère comblée. Mais quand le fils de Céline - la brune donc - meurt, cette promiscuité 93 minutes. Belgique - France, 2018 dont se réjouissaient les deux femmes devenues au fil Sortie France : 1er mai 2019 du temps les meilleures amies du monde, deviendra u RÉSUMÉ le lieu de toutes les suppositions, jusqu’à la paranoïa. Céline et Alice, mariées, sont voisines et ont deux fils du L’habileté de cet étonnant thriller venu d’outre-Quiévrain, même âge, Maxime et Théo. Un jour, Alice voit Maxime c’est de parvenir à maintenir en permanence le doute escalader le mur. Elle arrive trop tard pour empêcher sur les intentions de Céline : est-elle possessive ou juste la chute. Céline est désespérée. Alice et son mari Simon gentille ? Désespérée ou amicale ? Ses agissements sont apprennent la nouvelle à leur fils Théo. Céline et Damien toujours assez étranges, en tout cas suffisamment pour refusent désormais de les voir, Céline reproche à Alice de éveiller le doute chez son ex-confidente, Alice, et chez ne pas avoir empêché la mort de Maxime. le spectateur, jusqu’au bout d’un scénario machiavélique. SUITE... À l’enterrement, Théo fait une scène car il voit C’est d’autant plus surprenant que le début du film n’a rien son doudou dans le cercueil de Maxime. Céline le lui de très séduisant, qui décrit un monde un peu trop beau rend à la fête de l’école, et les invite tous les trois à dîner. pour être vrai. Il faut donc passer le premier quart d’heure, Mais Damien, prostré, ne sort pas de sa chambre. Céline invite Théo à goûter. À l’anniversaire de Théo, Jeanne, qui installe des personnages trop lisses pour être honnêtes, la mère d’Alice, demande à Céline de prendre ses avec ces brushings impeccables et des tenues très 60’s, distances. Au retour, Jeanne s’écroule et meurt. Alice, à la manière de Hitchcock ou de la série Mad Men, la brillance qui soupçonne Céline, demande une autopsie, qui révèle en moins. On sent vite que quelque chose cloche, mais que Jeanne ne prenait pas les médicaments adéquats. il fallait un joli tableau - comme cette belle maison de Lors d’un dîner, Céline offre à Théo des gâteaux auxquels la banlieue de Bruxelles - pour le noircir ensuite, lors de cette il est allergique. Quand Céline arrive à l’hôpital, Alice scène de funérailles à cercueil ouvert qui fait basculer le récit menace de l’étrangler. Simon accuse sa femme de dans l’étrange jusqu’à rendre l’atmosphère irrespirable. paranoïa. Un jour, Céline rattrape Théo, qui menace de tomber. Alice s’excuse et annonce à Céline qu’ils vont Olivier Masset-Depasse, dont Illégal avait été présenté à déménager. En mauvais termes avec son mari, qui lui Cannes en 2010, retrouve ici une de ses actrices fétiches, reproche d’oublier Maxime, Céline le tue en faisant croire et sa compagne, Anne Coesens, dans le rôle de la très à un suicide. Elle se débarrasse ensuite d’Alice et Simon perturbante Céline. Le reste du casting est au diapason de avec de l’éther puis en créant une fuite de gaz. Plus tard, la performance de l’actrice belge. _M.Q. elle adopte Théo. Visa d’exploitation : 146643. Format : Scope - Couleur - Son : Dolby SRD. 10 © les Fiches du Cinéma 2019
#Female Pleasure de Barbara Miller À travers les témoignages croisés de cinq femmes en DOCUMENTAIRE Adultes / Adolescents lutte contre les doctrines patriarcales qui continuent de régir nos sociétés au XXIe siècle, ce documentaire u GÉNÉRIQUE aborde le sujet primordial de la sexualité féminine, Avec : Deborah Feldman, Leyla Hussein, Rokudenashiko, Doris mais reste trop en surface dans son traitement. Wagner, Vithika Yadav. Scénario : Barbara Miller Images : Gabriela Betschart, Jiro Akiba et Anne Misselwitz Montage : Isabel Meier Musique : Peter Scherer Son : Ana Monte et Adriana Espinal Production : Mons Veneris Films, Das Kollektiv für Audiovisuelle Werke et Indi Film Production associée : SRF, ARTE et Teleclub AG Producteur : Philip Delaquis Producteurs exécutifs : Ellen Ringier, Melanie Winiger et Roswitha Schild Coproducteur : Arek Gielnik Distributeur : Juste Distribution. © Juste Dist. 97 minutes. Suisse - Allemagne, 2018 HH En 2012, la réalisatrice suisse Barbara Miller Sortie France : 1er mai 2019 donnait la parole à trois blogueuses menacées pour leur lutte en faveur de la liberté d’expression. C’est à nouveau de cette les femmes dès leur plus jeune âge. Le film est parole féminine réprimée qu’il est question dans #Female ponctué de citations des différents textes sacrés, Pleasure, avec toutefois un angle d’approche différent : chœur phallocrate universel présentant la femme celui de la sexualité. Dans ce documentaire polyphonique, comme éternel objet de mépris et de crainte. la cinéaste suit le parcours de cinq femmes qui se sont Cette parole “divine” inculque aux femmes dressées, chacune à sa façon, contre la violence infligée par une indéfectible honte de leur corps et du plaisir la société au corps féminin : Leyla Hussein, psychothérapeute qu’il peut ressentir. On a beau le savoir, il est d’origine somalienne résidant à Londres, se bat pour mettre effarant de voir qu’on en est encore là au XXIe siècle. fin à la pratique de l’excision, dont elle a elle-même été Le témoignage de ces femmes est essentiel, c’est victime ; après un mariage forcé, Deborah Feldman a fui évident, mais il rencontre hélas plusieurs limites. la communauté hassidique de Brooklyn, où elle avait grandi Les images qui accompagnent leurs paroles semblent et publié un livre relatant son expérience ; Vithika Yadav est souvent n’avoir pour objet que d’occuper l’œil la fondatrice de Love Matters, un programme d’information du spectateur : si le film s’ouvre sur une série de et de conseils sur la sexualité destiné aux jeunes Indiens, publicités exhibant le corps féminin, livré en pâture offrant une parole positive et désinhibée sur l’intimité aux regards des consommateurs, il s’attarde souvent amoureuse dans un pays où le harcèlement sexuel est sur des paysages que l’une ou l’autre des femmes un problème quotidien ; Rokudenashiko, artiste plasticienne interviewées contemple avec émotion, ou sur des et mangaka japonaise, a été condamnée pour obscénité trajets en train qui ne semblent jouer qu’un rôle après avoir modélisé son vagin pour en faire des œuvres de remplissage. Par ailleurs, si l’on comprend d’art humoristiques et en avoir diffusé les données 3D le raisonnement qui a mené au choix de ce titre, on se sur Internet ; Doris Wagner, ancienne religieuse catholique dit qu’il est bien plus question de la violence exercée d’origine allemande, a quitté les ordres après avoir été victime à l’encontre de la sexualité féminine que du plaisir de viols répétés au sein de la Famille spirituelle “L’Œuvre”, féminin en tant que tel. Enfin, une fois énoncées une communauté basée à Rome, et n’avoir ensuite reçu aucun les violences contre lesquelles lutte chacune de ces soutien de la part de l’Église. Par leurs témoignages, elles femmes, le propos devient vite répétitif, et l’on aimerait dénoncent les trésors d’inventivité que déploient les diverses qu’il soit creusé davantage. Malgré ces réserves, religions pour asservir le sexe féminin, et l’endoctrinement le film n’en demeure pas moins vital par son sujet et misogyne que subissent aussi bien les hommes que la parole qu’il permet. _J.L. Visa d’exploitation : en cours. Format : 1,85 - Couleur - Son : Dolby SRD. 45 copies (vo). 11 © les Fiches du Cinéma 2019
Gloria Bell (Gloria Bell) de Sebastián Lelio Gloria, célibataire quinquagénaire, rencontre un homme, CHRONIQUE Adultes / Adolescents gère ses rapports à ses grands enfants, s’inquiète pour son avenir. Bref, elle vit avec son âge. Un auto-remake u GÉNÉRIQUE que la transposition aux États-Unis ne dénature pas, Avec : Julianne Moore (Gloria Bell), John Turturro (Arnold), Caren mais sans surprises par rapport à l’original. Pistoruis (Anne Mason), Michael Cera (Peter Mason), Brad Garrett (Dustin Mason), Holland Taylor (Hillary Bell), Jeanne Tripplehorn (Fiona Mason), Rita Wilson (Vicky), Chris Mulkey (Charlie), Cassi Thomson (Virginia), Tyson Ritter (le voisin), Jesse Erwin (Theo), Alanna Ubach (Veronica), Barbara Sukowa (Melinda), Sean Astin (Jeremy), Aileen Burdock (Jane Wingel), Gerard Sanders (Pat Banowsky), Francisco Rodriguez (Stan), Barbara Scolaro (Gigi Pollard), Jennie Fahn (Suzanne), Cristobal Tapia Montt (Adam), Chopper bernet (Toni), Derrick Redford (le docteur Steve), Sarah Lowe (Jen), Jeff Leibow (Mark), Jenica Bergere, Ari Schneider, Sharonda “Shayy” Irving, John Luder, Corinna Harney, Art Freeman. Scénario : Sebastián Lelio et Alice Johnson D’après : le film Gloria de Sebastián Lelio (2013) Boher Images : Natasha Braier Montage : Soledad Salfate 1er assistant réal. : James J. Grayford Scripte : Jan McWilliams Musique : Matthew Herbert Son : Miguel Hormazábal Chorégraphies : Mandy Moore Décors : Dan © Fabula Bishop Costumes : Stacey Battat Effets visuels : Tomas Roca Dir. artistique : Shannon Walsh Maquillage : Jennifer Turchi Nigh Casting : Mary Vernieu et Lindsay Graham Production : Fabula HH Gloria / Gloria Bell : de l’intérêt et des limites Pour : FilmNation Entertainment Producteurs : Juan de Dios & des remakes par leurs auteurs originaux. Là où le regretté Pablo Larraín et Sebastián Lelio Distributeur : Mars Films. George Sluizer avait, comme nombre d’adaptations “diluées”, échoué à transmettre l’étrangeté et le malaise de son chef- 101 minutes. Chili - États-Unis, 2018 d’œuvre, L’Homme qui voulait savoir, à son adaptation Sortie France : 1er mai 2019 américaine (La Disparue), d’autres - tels que Michael Haneke u RÉSUMÉ avec un Funny Games US aussi sulfureux que l’original - Los Angeles. Courtière en assurance, Gloria Bell vit seule. sont parvenus à livrer une variation sur leur propre travail, Elle rend visite à Peter, son fils, qui s’occupe seul de son un exercice de style qui rendait plus accessible leur œuvre, bébé, sa femme Rachel étant partie en retraite spirituelle. tout en justifiant d’une réflexion. Gloria Bell appartient à Un soir, dans un dancing où elle a ses habitudes, Gloria la seconde catégorie. Paulina García cède la place à Julianne rencontre Arnold. Il l’invite à déjeuner et ils entament Moore, la ville de Santiago à Los Angeles. Sebastián une relation. Il lui fait découvrir son camp de paintball, mais Lelio ne change presque rien de l’intrigue de l’original : reste très secret sur ses filles, très dépendantes de lui et Gloria a à peu près le même âge, la même passion pour de son ex-femme. Sa fille Anne, professeure de yoga, lui présente son petit ami, un surfeur suédois. Gloria présente la danse, connaît les mêmes mésaventures amoureuses. Arnold à un couple d’amis, Vicky et Charlie, dont la fille Les fans du film original ne seront ni surpris, ni Virginia va se marier. dépaysés. Ce qui pourrait passer pour une forme de SUITE... Arnold accompagne Gloria à l’anniversaire de Peter. paresse relève, au contraire, d’un choix très conscient. Car, Rachel n’est toujours pas revenue. L’ex-mari de Gloria, en réemployant la même structure narrative, en rejouant Dustin, est présent avec sa nouvelle compagne, Fiona. des scènes à l’identique, le cinéaste capte de nouveaux Gloria gaffe, révélant la grossesse d’Anne, ce qu’ignorait éléments. Loin du Chili, il ausculte différemment Dustin. Puis Arnold disparaît subitement. Vexée et humiliée, la figure de la femme, la cellule familiale et, par extension, Gloria refuse de le revoir, malgré son insistance. Anne la société américaine et son culte de la “famille idéale”. lui annonce son départ pour la Suède. Arnold persistant Gloria, même interprétée par une Julianne Moore à l’appeler, elle finit par décrocher. Elle accepte son rayonnante, reste une quinquagénaire célibataire : le monde invitation pour un week-end à Las Vegas. Là-bas, un coup de fil lui apprend que son ex-femme a eu un accident. dans lequel elle évolue ne cesse de lui rappeler que ce Il choisit de rester avec Gloria… avant de disparaître pendant statut n’a rien d’enviable. Le film, lui, ne cesse de lui un dîner. Après une nuit de fête, Gloria est ramenée à Los répéter l’inverse : qu’elle peut être une femme épanouie Angeles par sa propre mère. Elle se rend chez Arnold, et heureuse, à condition de ne pas succomber à la pression et lui tire dessus au paintball. Puis elle se rend seule au sociale. _Mi.G. mariage de Virginia. Visa d’exploitation : en cours. Format : Scope - Couleur - Son : Dolby SRD. 12 © les Fiches du Cinéma 2019
Her Job (I Douleia tis) de Niklos Labôt Mère et épouse dévouée, Panayiota est embauchée CHRONIQUE SOCIALE Adultes / Adolescents comme femme de ménage dans un centre commercial d’Athènes. Elle y découvre la solidarité et mieux encore : u GÉNÉRIQUE l’estime d’elle-même. Un hommage aux gens modestes Avec : Marisha Triantafyllidou (Panayiota), Dimitris Imellos et laborieux d’une réconfortante humanité. (Kostas), Maria Filini (Maria), Eleni Karagiorgi (Toula), Konstantinos Gogoulos (le responsable du personnel), Eirini Asimakopoulou (Chrysa), Danai Primali (Georgia), Dimitra Vlagopoulou (Dina), Orfeas Aggelopoulos (Apostolis), Georgia Tsagaraki (Bojana), Areti Seidaridou (Vania), Ioanna Mavrea (Eftychia), Nikol Drizi (l’instituteur), Youla Boudali (le manager), Hovik Karampetian (le magicien du centre commercial), Elena Thomopoulou (la vendeuse), Spyros Kribalis. Scénario : Katerina Kleitsioti et Nikos Labôt Images : Dionysis Efthymiopoulos Montage : Dounia Sichov Son : Yannis Antipas, Benoît Gargonne et Jean-Guy Veran Décors : Daphné Koutra Costumes : Vassilia Rozana Effets visuels : Ziva Stanojevic Maquillage : Kyriaky Melidou Production : Homemade Films, Sister Productions et Sense Production Coproduction : EPT Producteurs : Maria Drandaki et Julie Paratian Coproducteur : Milan Stojanovic Distributeur : Jour2Fête. © Jour2Fête HHH Voici un premier film qui, inspiré d’une histoire vraie, active salutairement notre part d’humanité, grâce notamment à une Marisha Triantafyllidou portant à bout de sensibilité son personnage de femme 90 minutes. Grèce - France - Serbie, 2018 découvrant l’entraide, la dignité et ses propres talents, Sortie France : 1er mai 2019 elle qui sait à peine lire et n’a jamais “travaillé”... si ce u RÉSUMÉ n’est qu’elle fait tout pour les siens, sans considération Vivant modestement à Athènes, Panayiota se dévoue sans de leur part ! Les images, magnifiquement cadrées, compter à son mari Kostas, chômeur, à leur capricieuse le rythme soutenu, alternant plans fixes et larges et et boulimique ado Georgia, et au dernier : Apostoli. Ayant “caméra à l’épaule” collant à l’héroïne, et la façon d’agencer appris qu’un centre commercial allait ouvrir, elle se scènes intimistes et de travail… servent une réflexion fait embaucher (en trichant sur son CV) comme femme d’un humanisme “politique” profond autour des conditions de ménage chez Cleaner, la société privée chargée du de vie des plus humbles dans la Grèce de 2010, soumise nettoyage. Grâce à ses collègues Maria, Toula et Dina, elle au diktat économique de la Troïka (BCE, FMI et se familiarise avec son nouvel univers. Maria lui apprend ainsi à conduire, afin qu’elle puisse utiliser la laveuse Commission européenne). Toute l’intelligence de Nikos électrique. Chef du personnel, Georges Bikos lui exprime Labôt réside dans son art de nous mettre en empathie bientôt sa satisfaction. Panayiota prend de l’assurance. avec son héroïne en filmant son quotidien le plus trivial : SUITE... Elle enchaîne les heures supplémentaires. Kostas faire le ménage, affronter un chef qui lui fait signer la remplace à contre-cœur au foyer. Elle lui donne de l’argent, un contrat sans la regarder, des collègues fêtant son leur permet de manger mieux, d’acheter des vêtements neufs anniversaire alors que les siens l’ont oublié, la solidarité et d’aller chez le médecin. Le supermarché rutile lors de du monde du travail... On navigue entre les films français l’inauguration. Cleaner peut licencier dans la foulée. Bikos des années 1930 (tel La Belle équipe ) et Le Quai de annonce à Panayiota qu’elle reste. Elle doit même former Ouistreham de Florence Aubenas, tous deux vantant la beauté une nouvelle recrue. Panayiota sourit enfin. Y compris du peuple qui souffre, aime et se bat pour rester digne. quand Kostas et ses enfants oublient son anniversaire, En fuyant tout manichéisme (la bagarre entre délégués que ses collègues lui ont fêté. Puis, coup sur coup, Maria est renvoyée et Kostas lui interdit de faire des heures du personnel et non syndiqués ou le mari macho... par supplémentaires. Panayiota se rebelle enfin. Profitant de ce honte) pour mieux nous ballotter entre larmes (l’amitié entre qu’elle lit mal, Bikos lui fait signer une lettre de démission Maria et Panayiota) et révolte (quand Panayiota veut baiser sous couvert de nouveau contrat et la... “remercie”. Elle la main qui la licencie)... le récit se révèle hautement craque un instant, se rend à l’anniversaire de Maria et, bienfaisant. _G.To. malgré la colère de Kostas, décide d’y faire la fête. Visa d’exploitation : 146955. Format : 1,77 - Couleur - Son : Dolby SRD. 13 © les Fiches du Cinéma 2019
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