La lutte contre l'antibiorésistance - Le stress thermique, un sujet brûlant VALACTA - Les Producteurs de lait du ...

La page est créée Guillaume Guillou
 
CONTINUER À LIRE
La lutte contre l'antibiorésistance - Le stress thermique, un sujet brûlant VALACTA - Les Producteurs de lait du ...
MAI 2019

                                                            VALACTA
                                                            Le stress thermique,
                                                            un sujet brûlant
     POSTE-PUBLICATIONS, CONVENTION No 40028511

                                                  DOSSIER

                                                  La lutte contre
                                                  l’antibiorésistance
PLQP_2019-05-01.indd 1                                                         19-04-17 10:24
La lutte contre l'antibiorésistance - Le stress thermique, un sujet brûlant VALACTA - Les Producteurs de lait du ...
PLQP_2019-05-01.indd 2   19-04-17 13:26
La lutte contre l'antibiorésistance - Le stress thermique, un sujet brûlant VALACTA - Les Producteurs de lait du ...
SOMMAIRE

      19V O L U M E

        ÉDI TO RIAL
                                       3 9 – N U M É R O
                                                                  mai
                                                                                    8

                                                                                                     7

                                                                                                                          VALACTA
                                                                                                                                                     26
        Les Producteurs de lait, « bons citoyens                                                                          Le stress thermique, un sujet brûlant
        corporatifs » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5                           Depuis quelques années, on commence à ressentir les
                                                                                                                          effets des changements climatiques. Selon les experts,
                                                                                                                          nous verrons de plus en plus se succéder des températures
                                                                                                                          et des phénomènes extrêmes. Cela aura bien sûr un
                                                                                                                          impact sur la condition des vaches laitières qui sont déjà
        GESTION – SÉRIE JE SUIS CHEF D’ENTREPRISE                                                    16                   exposées à des températures excessives s’étalant sur
        Plus nombreux autour de la table                                                                                  une période de 3 à 4 mois par année. . . . . . . . . . . . . . . . . . .22
        Pour intégrer la relève, Lorraine Mondou et
        Michel Robert ont misé à fond sur la diversification.
        Verticale comme horizontale. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7

        Pour réussir une diversification
        Un jour ou l’autre, bon nombre de producteurs se                                                                        DOSSIER SUR L’ANTIBIORÉSISTANCE
        retrouvent confrontés à un choix : se diversifier ou pas?
        Puisqu’un entrepreneur averti en vaut deux, voici les                                                                   Contrer la résistance aux antibiotiques
        conseils d’un spécialiste pour réussir son projet de                                                                    par leur utilisation judicieuse . . . . . . . . . . . . . . . .25
        diversification. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .13
                                                                                                                                REPORTAGE À LA FERME
                                                                                                                                Prévenir au lieu de guérir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .26

                                                                                                                                RECHERCHE
                                                                                                                                Antibiotiques et temps de retrait :
        TRANSFORMATION
                                                                                                                                questions et réponses . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .28
        Des actions concrètes!                                                                                   22
        Dans l’édition d’avril du Producteur de lait québécois (p. 24),
                                                                                                                                MÉDECINE VÉTÉRINAIRE
        le CEFQ rappelait la stratégie retenue et ses priorités pour
                                                                                                                                Comment réduire l’utilisation des
        faire face à la compétition étrangère. Depuis, nous avons
                                                                                                                                antibiotiques sans compromettre la santé
        amorcé une série d’actions concrètes afin de mettre en
                                                                                                                                de mes animaux? (2e partie) . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
        œuvre cette démarche stratégique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .15

        POLITIQUE LAITIÈRE
        La réduction de la tolérance allouée aux
        producteurs : une évolution nécessaire                                                                   36
        L’année 2018 a donné lieu à des discussions animées
        quant à la gestion de la production et à l’émission
        du quota aux producteurs. Des changements
        s’imposaient. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .16
                                                                                                          LES PRODUCTIONS SUPÉRIEURES DE VALACTA ...................20
                                                                                                          LES PRODUITS LAITIERS S’ANNONCENT ..................................36
                                                                                                          PARLONS NUTRITION ....................................................................40
                                                                                                          À PROPOS DE LA PRODUCTION .................................................42
                                                                                                          AILLEURS DANS LE MONDE ........................................................46
                                                                                                          LA RECETTE ......................................................................................47
                                                                                                          L’ACTUALITÉ LAITIÈRE EN BREF ..................................................49

                                                                                                                                                          MAI 2019 LE PRODUCTEUR DE LAIT QUÉBÉCOIS          3

PLQP_2019-05-01.indd 3                                                                                                                                                                                    19-04-17 13:27
La lutte contre l'antibiorésistance - Le stress thermique, un sujet brûlant VALACTA - Les Producteurs de lait du ...
PLQP_2019-05-01.indd 4   19-04-17 13:27
La lutte contre l'antibiorésistance - Le stress thermique, un sujet brûlant VALACTA - Les Producteurs de lait du ...
ÉDITORIAL

              Les Producteurs de lait,
         « bons citoyens corporatifs »
                                           Le concept de responsabilité sociale des entreprises a été développé dans les années 1960-
                                       1970. Comme son nom l’indique, il repose sur le devoir de reddition de compte des entreprises
                                       à la société au point de vue économique, social et environnemental. Les Producteurs de lait
                                       du Québec n’ont pas encore formalisé cet exercice de transparence, bien que nos différents
                                       rapports annuels et publications renferment la plupart des informations nécessaires pour qui
                                       se donne la peine de les consulter. Nous n’aurions pourtant pas à rougir d’un tel bilan.
                                           Sur le plan économique, d’abord, la contribution de notre secteur est considérable. En 2018,
                                       les fermes laitières québécoises se seraient classées au 5e rang des plus grands employeurs
                                       du Québec, avec plus de 22 000 emplois directs. Lorsqu’on tient compte de toute la filière
                                       québécoise, nous sommes à la source de près de 83 000 emplois.
                                           Nous avons livré 3,4 milliards de litres de lait, d’une valeur à la ferme de 2,6 milliards de
                                       dollars. La majorité de cet argent est réinjecté dans l’économie de nos localités et de nos
                                       régions. En 2018 seulement, en plus des dépenses courantes de nos fermes, sans compter les
                                       acquisitions de terres ou de quotas, nous avons investi 730 millions de dollars en machineries,
                                       équipements et bâtiments. Nous contribuons au PIB à hauteur de 6,2 milliards et retournons
                                       1,3 milliard en taxes et impôts aux différents paliers gouvernementaux. Cette contribution
                                       économique est pérenne. Aucun d’entre nous ne va délocaliser la production ou déménager
                                       son siège social à l’étranger.
                                           Au point de vue social, plusieurs d’entre nous contribuent au maintien de communautés
                          Beaucoup     bien vivantes. Nous nous impliquons à la Caisse populaire, au conseil municipal, à la coop,
                                       dans nos organisations professionnelles et syndicales, malgré les longues heures de travail à
             d’entreprises ont à       la ferme, ou encore, nous appuyons financièrement le festival local, le club de balle molle ou
                                       de hockey du village.
              cœur de redonner             Cette contribution sociale n’est pas qu’individuelle. Collectivement, par le biais de notre
                                       organisation Les Producteurs de lait du Québec, nous rendons plus accessibles des activités
            à la société. On les       culturelles, sportives et de loisir de masse. Grâce à la mise en marché collective, au même titre
                                       que les grandes entreprises et institutions, nos investissements en commandite améliorent la
               qualifie de « bons      qualité de vie de nos concitoyens.
                                           Depuis plus de 30 ans, par exemple, nous sommes le principal partenaire de Vélo Québec
        citoyens corporatifs ».        dans l’organisation du Tour de l’Île, aujourd’hui Go Vélo, qui a réuni en 2018 quelque
                                       55 000 cyclistes. Sur le plan culturel, nous soutenons entre autres Montréal en lumière, le
          Qu’en est-il du bilan        Festival d’été de Québec, le Festival western de Saint-Tite, le Festival international de jazz
                                       de Montréal, le Théâtre Jean-Duceppe, l’Orchestre symphonique de Montréal. Sans oublier
               de responsabilité       les causes sociales, que nous soutenons par le biais de nos commandites régionales de vins
                                       et fromages pour des collectes de fonds. Finalement, les producteurs de lait ont donné depuis
                         sociale des   2003 avec leurs partenaires de l’industrie près de 11 millions de litres de lait aux banques
                                       alimentaires et moissons par l’entremise du Programme de dons de lait et de produits laitiers
             producteurs de lait       et de Banque alimentaire Québec.
                                           Sur le plan environnemental, nos fermes laitières contribuent à l’effort collectif. La récente
                         québécois?    mise à jour de l’analyse du cycle de vie du lait canadien a montré que l’empreinte carbone,
                                       la consommation de l’eau et l’utilisation des terres associées ont diminué respectivement de
                                       8,7 %, 12,5 % et 16,2 % entre 2011 et 2016. Nous nous classons parmi les meilleurs au monde
                                       pour ces indicateurs.
                                           Les dernières années ont été éprouvantes pour les producteurs de lait. Les contrecoups
                                       de la mondialisation ont affecté nos marchés, nos revenus et notre confiance envers les
                                       gouvernements. Malgré les compensations promises, dont nous n’avons toujours pas vu la
                                       couleur, et le soutien répété à la gestion de l’offre, nous subirons longtemps les impacts de
                                       ces brèches de marché.
                                           Dans ce contexte difficile, le maintien des investissements collectifs et personnels des pro-
                                       ducteurs, qui nous permettent d’afficher un aussi bon bilan de responsabilité sociale, est plus
                                       que méritoire. Nul doute que cela aura contribué à l’appui manifeste des citoyens québécois
                                       et canadiens après la conclusion de l’ACEUM.
                                           L’excellence de notre produit, nos efforts constants pour améliorer nos pratiques et le
                                       démontrer avec notre programme de certification proAction ainsi que notre contribution sociale
                                       et économiqueq favoriseront le maintien de cet appui citoyen garant de notre avenir.

                                                          président
                                                          prés
                                                            é id
                                                            és den
                                                                 ent

                                                                                                     MAI 2019 LE PRODUCTEUR DE LAIT QUÉBÉCOIS    5

PLQP_2019-05-01.indd 5                                                                                                                          19-04-17 13:28
La lutte contre l'antibiorésistance - Le stress thermique, un sujet brûlant VALACTA - Les Producteurs de lait du ...
Revue publiée 10 fois l’an par Les Producteurs
                                                                                         de lait du Québec (PLQ)
                                                                                         Tirage : 8 191 exemplaires
                                                                                         Date de parution : mai 2019

                                                                                         DIRECTEUR – PUBLICATIONS ET VENTES
                                                                                         Charles Couture
                                                                                         RESPONSABLE DE LA REVUE AUX PLQ ET
                                                                                         RÉDACTEUR EN CHEF
                                                                                         Jean Vigneault
                                                                                         CHEF DE PUPITRE
                                                                                         Julie Desbiens
                                                                                         COLLABORATEURS
                                                                                         Agriculture et Agroalimentaire Canada, CIAQ, CRAAQ,
                                                                                         Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal,
                                                                                         Faculté des sciences de l’agriculture et de l’alimentation
                                                                                         de l’Université Laval, Grappe de recherche laitière,
                                                                                         Groupes-conseils agricoles du Québec, ITA,
                                                                                         Les Producteurs laitiers du Canada, Ministère de l’Agriculture,
                                                                                         des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec, Novalait,
               Pour que notre robot de traite reste efficace,                            Réseau laitier canadien, Réseau canadien de recherche sur
                                                                                         la mammite bovine et la qualité du lait, STELA/INAF, UPA,
                 je soumets mes vaches à un test de QI.                                  Faculté des sciences de l’agriculture et de l’environnement,
                                                                                         Université McGill, TCN (Anne Felteau), Valacta
                                                                                         VENTES
                                                                                         pub@laterre.ca
                                                                                         Tél. : 450 679-8483, poste 7712-7398
                                                                                         REPRÉSENTANTS PUBLICITAIRES
                                                                                         Sylvain Joubert, poste 7272
                                                                                         Marc Mancini, poste 7262
                                                                                         Daniel Lamoureux, poste 7275
                                                                                         Sans frais : 1 877 679-7809
                                                                                         ADMINISTRATION
                                                                                         Vincent Bélanger-Marceau
                                                                                         TIRAGE ET ABONNEMENTS
                                                                                         Lisa Higgins
                                                                                         CONCEPTION GRAPHIQUE
                                                                                         Sonia Boucher, Groupe Charest inc.
                                                                                         RÉVISION LINGUISTIQUE ET CORRECTION

                COMMANDER                                                                Marie LeBlanc
                                                                                         PHOTO DE LA COUVERTURE
                                                                                         Yvon Gendreau

                le recueil de caricatures                                                PRÉIMPRESSION
                                                                                         La Terre de chez nous

                Le diable est aux vaches                                                 IMPRESSION
                                                                                         Imprimerie FL Web
                                                                                         TARIFS D’ABONNEMENT
                                                                                         Un an : 19,55 $; deux ans : 29,32 $; trois ans : 39,09 $
                                                                                         Tél. : 450 679-8483, poste 7274
                Le recueil de caricatures Le                                             abonnement@laterre.ca
                diable est aux vaches regroupe                                           CORRESPONDANCE
                                                                                         Retourner toute correspondance ne pouvant
                60 caricatures de Charles                                                être livrée au Canada à :
                                                                                         Le producteur de lait québécois
                Kohnen, parmi les meilleures                                             555, boulevard Roland-Therrien, bureau 415
                déjà parues dans la revue Le
                producteur de lait québécois.
                                                            Obtetnreez                   Longueuil (Québec) J4H 4G3
                                                                                         Tél. : 450 679-0530, poste 8306
                                                                vo                       Téléc. : 450 679-5899
                                                                     e!                  Courriel : plq@lait.qc.ca
                Ce recueil de caricatures vous est          e mplair
                                                             x e                         Site Internet : www.lait.org
                                                                                         Dépot légal : Bibliothèque et Archives nationales du Québec
                offert en promotion à 10 $, taxes                                        3e trimestre 1980
                                                                                         Bibliothèque et Archives Canada
                et livraison incluses.                                                   ISSN 0228-1686
                                                             Les Producteurs de lait     Poste-publications, convention no 40028511
                Vous pouvez le commander par                                             Courrier 2e classe, enregistrement no 5066
                                                                   du Québec
                téléphone au 450 679-0540,                       Maison de l’UPA
                                                                                         Toute reproduction totale ou partielle du Producteur
                                                                                         de lait québécois est interdite sans l’autorisation
                poste 8306 ou en envoyant                  555, boul. Roland-Therrien,   du rédacteur en chef.
                un chèque (à l’ordre des                           bureau 415
                Producteurs de lait du Québec)                 Longueuil (Québec)
                ainsi que votre nom, adresse                         J4H 4G3
                et numéro de téléphone à
                l’adresse suivante :

        6       MAI 2019 LE PRODUCTEUR DE LAIT QUÉBÉCOIS

PLQP_2019-05-01.indd 6                                                                                                                        19-04-17 13:29
La lutte contre l'antibiorésistance - Le stress thermique, un sujet brûlant VALACTA - Les Producteurs de lait du ...
GESTION
                                                                                                                              Par ANDRÉ PIETTE, journaliste

        TÉMOIGNAGE DES AMBASSADEURS

        Plus nombreux
        autour de la table
                                                                                                                                 Lundi matin, 8 h. Toutes les places
        Pour intégrer la relève, Lorraine Mondou et Michel Robert                                                             sont occupées autour de la table de la
                                                                                                                              salle à manger de Lorraine Mondou et
        ont misé à fond sur la diversification. Verticale comme                                                               Michel Robert. Au bout de la pièce, un
                                                                                                                              ordre du jour s’affiche à l’écran d’un
        horizontale.                                                                                                          téléviseur. C’est la réunion d’équipe
                                                                                                                              hebdomadaire de la Ferme Mondou
                                                                                                                              & Robert.
                                                                                                                                 Il y a cinq ans, le couple était seul à
                                                                                                                              table. Peu à peu, des forces fraîches se
                                                                                                                              sont ajoutées. Si bien que les réunions
                                                                                                                              se tiennent maintenant à six.
                                                                                                                                 « On réunit tout le monde pour que
                                                                                                                              chacun sache bien ce que les autres
                                                                                                                              font, explique Michel. On regarde
                                                                                                                              quelles sont les priorités de chacun et
                                                                                                                              quelles seront les interactions entre
                                                                                                                              eux. »
                                                                                                                                 Ce sont leurs enfants et leurs
                                                                                                                              gendres que Lorraine et Michel
                                                                                                                              regroupent ainsi autour de la table.
                                                                                                                              Pour l’instant, ceux-ci sont des
                                                                                                                              employés de l’entreprise. Un jour, peut-
                                                                                                                              être, en constitueront-ils la relève.
                                                                                                                              L’avenir le dira.
                                                                                                                                 Une chose est sûre, c’est que pour
                                                                                                                              accueillir cette relève potentielle, le
                                                                                                                              couple de Saint-Eugène-de-Guigues,
                                                                                                                              au Témiscamingue, a dû prendre le
                                                                                                                              chemin de l’expansion. Sauf qu’au
                                                                                                                              lieu de simplement accroître la taille
                                                                                                                              de son troupeau, il a choisi aussi de
                                                                                                                              diversifier ses cultures. Si bien qu’en
                                                                                                                              plus de 170 holsteins en lactation
                                                                                                                              (avec un quota de 225 kilos), la ferme
                                                                                                      PHOTOS : ANDRÉ PIETTE

                                                                                                                              exploite pas moins de 2 000 acres qui,
                                                                                                                              outre les fourrages, sont consacrés à
                                                                                                                              la production de grains diversifiés :
                                                                                                                              blé de consommation humaine, orge
         Les occupations de Lorraine Mondou et Michel Robert ont évolué à mesure que l’entreprise a                           de brasserie, canola, soya, sarrasin et
         grossi. Les tâches quotidiennes ont fait place au coaching.                                                          avoine nue.

                                                                                                                                      MAI 2019 LE PRODUCTEUR DE LAIT QUÉBÉCOIS    7

PLQP_2019-05-01.indd 7                                                                                                                                                           19-04-17 13:32
La lutte contre l'antibiorésistance - Le stress thermique, un sujet brûlant VALACTA - Les Producteurs de lait du ...
G E STI O N

                                                                                                                                             Réunion
                                                                                                                                             d’équipe du
                                                                                                                                             lundi matin.
                                                                                                                                             « On essaie
                                                                                                                                             de mettre en
                                                                                                                                             lumière les
                                                                                                                                             compétences
                                                                                                                                             de chacun
                                                                                                                                             et de les
                                                                                                                                             exploiter »,
                                                                                                                                             déclare Michel
                                                                                                                                             Robert.
                                                                                                                                             (À noter que
                                                                                                                                             la photo a
                                                                                                                                             été prise
                                                                                                                                             au moment
                                                                                                                                             où Yannick
                                                                                                                                             travaillait
                                                                                                                                             encore dans
                                                                                                                                             l’entreprise.)

           Ce n’est toutefois pas d’hier que                 « On a drainé beaucoup de terres ces                2016, ils ont acquis les actifs d’un
        l’entreprise produit des grains dont                 derniers temps, explique Lorraine. Le               centre de grains de la région qui
        la culture se prête bien à la région.                sarrasin n’est pas une culture très                 avait fermé ses portes. Ils exploitent
        « On cultive du blé de consomma-                     rentable, mais il contribue à replacer              donc à présent une seconde entre-
        tion humaine depuis plus de dix ans,                 la structure de sol. Et pour le contrôle            prise, Services Agritem inc., qui est
        raconte Michel. Il y en a 250 acres cette            des mauvaises herbes, c’est une plante              active dans la fourniture d’intrants
        année. On est une région favorisée sur               incroyable. »                                       (semences, fertilisants, pesticides,
        le plan des toxines. On a des contrats                                                                   concentrés alimentaires) ainsi que
        avec les Moulins de Soulanges. »                         UNE DIVERSIFICATION                             dans le conditionnement, l’entrepo-
           Par ailleurs, ces producteurs se                      VERTICALE                                       sage et le commerce de grains.
        servent du sarrasin surtout pour la                     Lorraine et Michel ont poussé un                    « Dans son domaine, Services
        remise à niveau des nouvelles terres.                cran plus loin leur diversification. En             Agritem est une entreprise de taille
                                                                                                                 relativement modeste et la Ferme
                                                                                                                 Mondou & Robert en constitue le client
                                                                                                                 principal, indique Michel. Les deux
                                                                                                                 entreprises sont très complémentaires,
                                                                                                                 ce qui crée des synergies intéressantes.
                                                                                                                 Par exemple, un camion-remorque qui
                                                                                                                 descend du grain peut remonter avec
                                                                                                                 du tourteau de canola. Agritem fournit
                                                                                                                 presque tous les intrants commerciaux
                                                                                                                 de culture et d’élevage de la Ferme
                                                                                                                 Mondou & Robert. »
                                                                                                                    Il faut préciser que Services Agritem
                                                                                                                 a été créé un an avant l’acquisition du
                                                                                                                 centre de grain. À l’époque, Michel
                                                                                                                 vendait des semences Semican. Danik
                                                                                                                 Sarrazin, le conjoint de leur fille Marie-
                                                                                                                 Christine – cette dernière occupe un
                                                                                                                 emploi hors de la ferme – venait d’ob-
                                                                                                                 tenir son baccalauréat en agronomie
                                                                                                                 et se montrait intéressé à se joindre
        « Il y a cinq ans, je n’aurais jamais pensé qu’on serait rendus à 2 000 acres et 225 kilos de quota »,   à ses beaux-parents. Or la vente de
        déclare Lorraine Mondou.                                                                                 semences et le service agronomique

        8       MAI 2019 LE PRODUCTEUR DE LAIT QUÉBÉCOIS

PLQP_2019-05-01.indd 8                                                                                                                                   19-04-17 13:32
La lutte contre l'antibiorésistance - Le stress thermique, un sujet brûlant VALACTA - Les Producteurs de lait du ...
qui y est associé l’attiraient davantage    légiales en gestion agricole. « C’est le
        que l’élevage. De là la création de         conjoint de notre fille Amélie, indique
        Services Agritem.                           Lorraine. Notre gérant de troupeau
           L’occasion de racheter les actifs du     nous avait annoncé qu’il allait partir.
        centre de grains s’est présentée peu        Alors, on a offert la job à Michaël. »
        après. « Il était clair qu’on devait se        Formée en enseignement des
        doter d’une infrastructure de condi-        mathématiques, Amélie travaille à
        tionnement et d’entreposage, raconte        temps partiel dans l’organisation
        Michel. On a choisi d’acquérir ces actifs   depuis un an. Elle effectue de la tenue
        qui se trouvent dans la localité voisine    de livres et diverses tâches adminis-
        plutôt que de bâtir à la ferme même. »      tratives.
           Danik est celui qui en coordonne            Son frère Yannick, pour sa part,
        les opérations tout en se chargeant         est arrivé à la ferme sitôt son diplôme
        des ventes et du service agronomique        d’électromécanicien en poche. « La
        auprès des clients. Lorraine tient la       mise à niveau du centre de grains,
        comptabilité et conserve avec son           c’est beaucoup lui, raconte son père,
        conjoint le dernier mot sur les grandes     d’une voix empreinte de fierté. Il avait
        orientations de l’entreprise.               à peine 21 ans et il supervisait l’équipe
                                                    de monteurs de silos! »
            « LE PLUS VIEUX A JUSTE                    Le dernier arrivé est leur fils Michaël,
            28 ANS »                                qui est sorti de l’ITA de La Pocatière
           Danik a été le deuxième « jeune » à      l’an dernier. Celui-ci est responsable
        se joindre à Lorraine et Michel. Celui      de l’alimentation du troupeau et il
        qui a ouvert la marche, il y a cinq ans,    assume différentes tâches au champ
        c’est Michaël Courtemanche, déten-          et au centre de grains.
        teur d’une Attestation d’études col-

                                                                                                  MAI 2019 LE PRODUCTEUR DE LAIT QUÉBÉCOIS    9

PLQP_2019-05-01.indd 9                                                                                                                       19-04-17 13:33
La lutte contre l'antibiorésistance - Le stress thermique, un sujet brûlant VALACTA - Les Producteurs de lait du ...
G E STI O N

                                                                                                           pour le moment, leur priorité est ail-
                                                                                                           leurs. « On fait beaucoup, beaucoup de
                                                                                                           coaching, indique Michel. Les jeunes
                                                                                                           savent tout ce qu’ils ont à faire, mais
                                                                                                           ils aiment se valider. La semaine der-
                                                                                                           nière, par exemple, il est arrivé plein
                                                                                                           de choses en même temps. J’ai dû
                                                                                                           mettre mon oreillette de cellulaire
                                                                                                           pour pouvoir continuer à travailler!
                                                                                                           Souvent, l’un d’eux va me demander :
                                                                                                           “J’ai pensé que je pourrais faire telle
                                                                                                           affaire, qu’en penses-tu?” Moi, je vais
                                                                                                           répondre : “Regarde, on pourrait aussi
                                                                                                           le prendre de telle autre façon.” Tout
                                                                                                           le monde travaille comme ça, dans
        Une partie des installations de Services Agritem : l’entreprise se spécialise dans la fourniture
                                                                                                           le troupeau comme dans les ventes
        d’intrants et le commerce du grain.                                                                d’intrants, dans les machines ou dans
                                                                                                           la comptabilité. Il y a des journées où
                                                                                                           c’est exigeant, et c’est normal. »
            Ce sont là ses tâches pour l’instant,                                                              Cette approche rapporte, constate-
        pourrait-on ajouter, car la situation                                                              t-il : « Le plus bel exemple, c’est
        s’avère mouvante. « La relève est bien                                                             Michaël, notre gérant de troupeau.
        formée, mais ils sont encore jeunes,                                                               Après cinq ans, on voit qu’il est plus
        lance Michel. Le plus vieux a juste                                                                mature et qu’il a gagné en assurance.

                                                                     O
        28 ans. » Et Lorraine d’enchaîner : « Ils                                                          On peut lui laisser beaucoup de marge.

                                                                «
        en sont encore à explorer ce qu’ils
        ont le goût de faire. Chacun consolide                          n fait beaucoup,                   Il s’occupe de la reproduction, il choisit
                                                                                                           les taureaux, il fait l’insémination et
        sa vie. »                                                       beaucoup de                        le taillage des pattes. Et il a toutes
            Un événement survenu l’hiver                                                                   les compétences requises. Dans bien
        dernier l’a d’ailleurs bien démontré.                        coaching. Les jeunes                  des cas, l’élève a dépassé le maître.
        Yannick a décidé de quitter l’entreprise
        après seulement deux ans et d’aller
                                                                     savent tout ce qu’ils                 Par contre, c’est sûr que les grandes
                                                                                                           orientations de gestion, on les décide
        travailler pour une firme d’électriciens.                    ont à faire, mais ils                 ensemble. »
                                                                     aiment se valider. «
        Ses parents avouent que cette décision
        leur a donné un choc. « On ne l’a pas
        vraiment vu venir, confie Michel. Avec                       - Michel
        le recul, on réalise qu’il y avait une
        petite fumée. Il y avait des indices
        à l’effet qu’il n’était pas totalement
        heureux. »
            « À 23 ans, on comprend que c’est               a songé à ce qu’elle soit achetée par
        normal d’avoir envie d’aller voir ail-              un des jeunes, raconte Michel. Mais le
        leurs, poursuit-il. D’autant plus que               comptable nous a dit : “Ils sont encore
        toutes ses expériences de travail,                  jeunes. Une séparation de couple sur-
        il les avait eues à la ferme. Et puis,              vient et vous êtes dans le trouble.”
        comme parents, ce qui nous importe                  C’est pourquoi on mise sur les choses
        le plus, c’est que nos enfants soient               qui sont certaines. Lorraine et Michel,
        heureux. Quoi qu’il en soit, la porte               eux, ils ne changeront pas d’idée! »
        reste ouverte. »                                       Ils ont fait néanmoins une exception
                                                            en offrant à Danik d’acquérir des parts
             PRIORITÉ AU COACHING                           dans Services Agritem. « On le voyait
           Pour le couple, cet événement a                  comme un moyen de l’attirer et de
        constitué un rappel. « Comme investis-              le retenir dans l’entreprise, explique
        seur, tu dois faire attention avant de              Michel. On voulait lui offrir plus qu’une
        tout miser sur la relève », dit Lorraine.           job : un avenir. Il occupe une place très
        C’est d’ailleurs pourquoi, pour l’ins-              importante dans Agritem. »
        tant, le couple de quinquagénaires pré-                En ce qui regarde un transfert
        fère demeurer propriétaire des deux                 éventuel de leurs parts, Lorraine et           Danik, dans le laboratoire de Services Agritem.
        entreprises. « La dernière terre qu’on              Michel s’attendent à faire un gros             Il est responsable notamment de la vente
        a acquise – un bloc de 300 acres –, on              move dans quatre ou cinq ans. Mais             d’intrants et du soutien agronomique.

        10      MAI 2019 LE PRODUCTEUR DE LAIT QUÉBÉCOIS

PLQP_2019-05-01.indd 10                                                                                                                                 19-04-17 13:34
« Si on a grossi, ajoute Michel, et si
        on s’est diversifiés, c’est parce qu’il y
        a des opportunités, bien sûr, mais c’est
        aussi parce que les jeunes avaient de
        l’intérêt et qu’ils pouvaient prendre
        en charge des dossiers avec succès.
        Si tu n’as plus besoin d’accompagner
        le vétérinaire qui vient une fois par
        semaine, tu gagnes du temps. Et
        tu sais que l’ouvrage est bien fait.
        L’intervalle de vêlage est à 390 jours
        en ce moment et notre historique joue
        entre 395 et 400. Pareil pour les chiffres
        de vente d’Agritem. Danik est revenu
        avec la plaque de meilleur vendeur de
        Semican dans l’orge de brasserie pour
        la troisième année consécutive. »
            Pour Lorraine et Michel, comme
        pour les jeunes, cette étape en est
        donc une d’apprentissage. Leur emploi
        du temps se métamorphose. Ainsi,
        Lorraine a cédé récemment les soins
        aux veaux à son gendre Michaël.
        De son côté, Michel ne se lève plus
        à 4 h 30 pour préparer les rations,
        ayant constaté que ce dernier était en
        mesure de prendre sa relève.
            « Le fait de déléguer des tâches et
        de donner des responsabilités m’allège
        beaucoup, dit Michel. Auparavant, je
        prenais toutes les décisions et tous les
        problèmes aboutissaient dans ma cour.
        Maintenant, il y a beaucoup d’appels
        qui sont pris par Michaël quand ça
        concerne les vaches ou par Danik si
        c’est relié à Agritem et ainsi de suite.
        Ça doit faire six ans que je n’ai pas
        fait la traite. Les jeunes disent que je
        ne travaille pas, puisque je passe mes
        journées au téléphone! »

            DU TEMPS POUR LA GESTION
            Ce temps dont il dispose lui permet
        de se concentrer sur la gestion, une
        gestion qui se veut rigoureuse. « Pour
        nous, le coût de production à l’hec-
        tolitre est extrêmement important,
        affirme-t-il. Par exemple, on travaille
        seulement avec des sous-produits,
        aucun supplément commercial. On cal-
        cule notre coût d’alimentation chaque
        mois. On peut voir ainsi quel impact
        ont eu les modifications qu’on a appor-
        tées à l’alimentation. »
            C’est ce même œil de gestionnaire
        qui les a conduits à planter leur maïs
        fourrager sous paillis de plastique.
        Précisons qu’ils se trouvent dans une
        zone offrant 2 200 UTM. « Le paillis,
        c’est pour s’assurer à 100 % d’avoir

                                                     MAI 2019 LE PRODUCTEUR DE LAIT QUÉBÉCOIS   11

PLQP_2019-05-01.indd 11                                                                         19-04-17 13:34
G E STI O N

        une qualité d’ensilage, pas pour aller             sert et on a eu jusqu’à maintenant un          qui mériterait d’être étudiée, croit
        chercher plus d’UTM, indique Lorraine.             ensilage top qualité. »                        Michel, c’est la valorisation des grains.
        On veut récolter tôt en saison du maïs                                                            « Présentement, on livre notre grain
        qui n’a pas gelé et qui est fait dans de              SELON L’INTÉRÊT DES JEUNES                  en vrac, lance-t-il. Y a-t-il quelque
        bonnes conditions. En somme, c’est                     L’organisation a grossi vite. « Il y       chose qui pourrait se faire pour aller
        une police d’assurance. Parce que si               a cinq ans, je n’aurais jamais pensé           plus loin? »
        tu manques ton coup, tu paies toute                qu’on serait rendus à 2 000 acres et               « Les jeunes ont des talents diffé-
        l’année. En 2013, on a eu une très mau-            225 kilos de quota », lâche Lorraine. Et       rents et souvent complémentaires,
        vaise qualité et on en a bavé un coup. »           ce développement paraît appelé à se            termine-t-il. Ça pourrait faire toute une
           Miche précise : « C’est un planteur             poursuivre. « C’est l’intérêt des jeunes       organisation! Il faudra voir s’ils seront
        8 rangs reconditionné qu’on a eu du                qui va l’orienter, prévoit celle-ci. On a eu   capables de fonctionner en équipe ou
        concessionnaire à moitié prix. On se               une proposition récemment, mais on ne          si, au contraire, ils se montreront indi-
        donne cinq ans pour l’évaluer. Au bout             l’a pas retenue parce que, entre autres        vidualistes et auront seulement envie
        de cinq ans, si on n’est pas satisfaits,           raisons, aucun jeune ne semblait parti-        de prendre le contrôle. C’est là-dessus
        on le revendra et on ne perdra pas                 culièrement intéressé à s’en occuper. »        qu’on travaille, tout doucement. » ■
        d’argent. Ça fait deux ans qu’on s’en                  Une des pistes de développement

        12      MAI 2019 LE PRODUCTEUR DE LAIT QUÉBÉCOIS

PLQP_2019-05-01.indd 12                                                                                                                         19-04-17 13:34
GESTION
                                                                                                                                  Par ANDRÉ PIETTE, journaliste

        TÉMOIGNAGE D’UN SPÉCIALISTE

        Pour réussir une                                                                                                              Un producteur peut avoir plusieurs
                                                                                                                                  raisons de diversifier son exploitation

        diversification                                                                                                           laitière. Pour assurer l’avenir de sa
                                                                                                                                  relève, par exemple, comme l’ont fait
                                                                                                                                  Lorraine Mondou et Michel Robert (voir
                                                                                                                                  le reportage, p. 7). Ou pour hausser
                                                                                                                                  ses revenus. Ou encore pour saisir une
                                                                                                                                  occasion trop belle pour être ratée.
                                                                                                                                      Bon nombre de producteurs
                                                                                                                                  décident effectivement de faire le saut.
                                                                                                                                  « J’ai régulièrement des dossiers de
        Un jour ou l’autre, bon nombre de producteurs se retrouvent                                                               diversification », confirme le conseiller
                                                                                                                                  financier Jacques DeBlois. Celui-ci
        confrontés à un choix : se diversifier ou pas? Puisqu’un                                                                  occupe le poste de directeur principal
                                                                                                                                  des relations d’affaires au bureau de
        entrepreneur averti en vaut deux, voici les conseils                                                                      Sherbrooke de Financement agricole
        d’un spécialiste pour réussir son projet de diversification.                                                              Canada.
                                                                                                                                      Comment maximiser ses chances
                                                                                                                                  de réussite dans un tel projet? Fort de
                                                                                                                                  20 ans d’expérience en financement,
                                                                                                                                  Jacques DeBlois distingue clairement
                                                                                                                                  les facteurs sur lesquels s’appuie géné-
                                                                                                                                  ralement une réussite.
                                                                                                                                      « Le facteur le plus important, lance-
                                                                                                                                  t-il d’entrée de jeu, c’est la personne
                                                                                                                                  elle-même. Ce sont les compétences
                                                                                                                                  qu’elle possède de même que la
                                                                                                                                  connaissance qu’elle a de ses forces
                                                                                                                                  et de ses faiblesses. Ça passe même
                                                                                                                                  avant la nature du projet de diversi-
                                                                                                                                  fication! »
                                                                                                                                      « Si un producteur, ou une pro-
                                                                                                                                  ductrice, veut acheter un bâtiment
                                                                                                                                  commercial dans le village et qu’il est
                                                                                                                                  solide en gestion financière, qu’il a
                                                                                                                                  des compétences techniques et qu’il
                                                                                                                                  possède un bon esprit d’entrepreneu-
                                                                                                                                  riat, on a les ingrédients de base d’un
                                                                                                                                  succès », résume-t-il.
                                                                                                                                      Il ajoute : « Si la personne n’a pas
                                                                                                                                  toutes ces qualités, mais qu’elle est
                                                                                                                                  consciente de ses faiblesses et qu’elle
                                                                                                                                  va se chercher un appui qui compen-
                                                                                                                                  sera, la base sera quand même solide ».
                                                                                                                                      Le second facteur est, comme on
                                                                                                          PHOTOS : ANDRÉ PIETTE

                                                                                                                                  pouvait s’y attendre, la nature du
                                                                                                                                  projet. Il va de soi que tous les projets
                                                                                                                                  ne se valent pas. « Un bon producteur
                                                                                                                                  peut m’arriver avec une mauvaise
        Le facteur le plus déterminant dans le succès d’un projet de diversification, c’est la personne                           idée, et vice-versa, déclare le conseiller
        elle-même, a pu constater Jacques DeBlois au fil des ans.                                                                 financier. Si l’idée est mauvaise, il en

                                                                                                                                          MAI 2019 LE PRODUCTEUR DE LAIT QUÉBÉCOIS   13

PLQP_2019-05-01.indd 13                                                                                                                                                              19-04-17 13:41
G E STI O N

                                                                                                           « Dans ce genre de projet, explique-
                                                                                                       t-il, le producteur a beaucoup à
                                                                                                       apprendre. C’est le cas aussi pour
                                                                                                       moi, son conseiller financier, et pour
                                                                                                       tous les autres conseillers avec qui il
                                                                                                       travaille d’habitude. »
                                                                                                           « Mais certains réussissent, pour-
                                                                                                       suit-il. Un bon gestionnaire est capable
                                                                                                       d’apprendre. Et il sait bien s’entourer
                                                                                                       pour compenser ses faiblesses. Je
                                                                                                       me souviens d’un client qui voulait
                                                                                                       acquérir une station-service avec
                                                                                                       dépanneur. Au départ, j’étais ner-
                                                                                                       veux! Il débordait déjà de travail et
                                                                                                       il n’était pas particulièrement habile
                                                                                                       pour gérer des ressources humaines.
                                                                                                       Il ne possédait pas d’aptitude particu-
                                                                                                       lière pour gérer ce genre de commerce.
                                                                                                       Par contre, c’était un bon gestionnaire
                                                                                                       qui connaissait ses limites, et il a su
                                                                                                       s’entourer. Il a engagé un gérant expé-
                                                                                                       rimenté dont le contrat comprenait une
                                                                                                       clause stipulant qu’il pourrait obtenir
        aura pris conscience après une demi-                                                           des parts dans l’entreprise si elle attei-
        heure de conversation. »                                                                       gnait ses objectifs financiers. »

             TROIS TYPES DE
             DIVERSIFICATION
            Si le promoteur est solide et que
        son idée apparaît prometteuse, quelles
                                                                U   n bon gestionnaire
                                                                    est capable
                                                                d’apprendre. Et il
                                                                                                          TROIS CONSEILS
                                                                                                           À l’intention des producteurs et des
                                                                                                       productrices qui caressent un projet
                                                                                                       de diversification, Jacques DeBlois for-
        sont ses chances de réussite? Quand                                                            mule trois recommandations. D’abord,
        il passe en revue les dossiers qu’il a                  sait bien s’entourer                   s’assurer de la motivation de leurs
        traités au fil des ans, Jacques DeBlois                                                        partenaires : « Qu’est-ce qui arrivera si
        observe que leur niveau de risque
                                                                pour compenser ses                     tout à coup, ça ne l’intéresse plus, le
        dépend étroitement du type de diver-                    faiblesses.                            partenaire avec qui on s’est embarqué
        sification en jeu, à savoir l’horizontale,                                                     dans ce projet? La plus grande force
        la verticale et la hors agriculture.                                                           d’un projet, ce sont les individus,
            « Les projets de diversification hori-                                                     lance-t-il. Sa plus grande faiblesse,
        zontale ont un taux de succès élevé »,             fromagerie ou une meunerie, affichent       c’est leur départ. »
        rapporte-t-il. Les projets qui lui sont le         un taux de succès moins élevé. Selon            Sa deuxième recommandation :
        plus souvent soumis sont par exemple               Jacques DeBlois : « Dans ce genre de        s’assurer d’avoir les reins suffisam-
        l’achat d’une érablière, d’un quota de             projet, le promoteur possède moins de       ment solides sur le plan financier. « La
        pondeuses, d’une porcherie ou encore               compétences. De plus, il se retrouve        majorité des promoteurs sous-estiment
        de terres en vue d’y pratiquer de                  souvent avec de nouveaux partenaires,       le délai avant d’atteindre la rentabilité,
        grandes cultures tout en réalisant des             des gens qu’il connaît moins bien et        rapporte-t-il. Il faut posséder beaucoup
        travaux à forfait.                                 avec lesquels il est moins habitué à        de fonds de roulement, en particulier
            « Ce sont généralement des pro-                travailler. »                               s’il y a du développement de marché
        jets qui exigent des investissements                  Enfin, quand il s’agit d’une diver-      à faire. »
        majeurs, décrit le conseiller. Le produc-          sification hors agriculture, le taux            Troisièmement, le conseiller finan-
        teur possède toutefois de solides com-             de succès chute. « En moyenne, les          cier suggère aux producteurs d’évaluer
        pétences et son réseau de conseillers              chances de succès sont plutôt faibles,      prudemment le temps qu’ils devront
        demeure lui aussi compétent dans le                constate-t-il. Quand il s’agit d’investir   consacrer au projet de diversification.
        nouveau secteur d’activité. J’ajouterais           dans un immeuble commercial ou dans         « Un projet de ce genre demande en
        que ce sont pour la plupart des projets            un bloc à appartements, ça va assez         général beaucoup de temps, dit-il. Il
        qui se caractérisent par une mise en               bien. Mais c’est moins rose pour ce         y aura par exemple de nombreuses
        marché assez simple, ce qui en amé-                qui est des restaurants, des bars, des      réunions. Il ne faudrait pas que le déve-
        liore les chances de succès. »                     stations d’essence, des boutiques,          loppement de la nouvelle entreprise
            De leur côté, les projets de diversi-          des garages de mécanique ou des             mène à une négligence de l’entreprise
        fication verticale, tels un abattoir, une          dépanneurs. »                               existante. » ■

        14      MAI 2019 LE PRODUCTEUR DE LAIT QUÉBÉCOIS

PLQP_2019-05-01.indd 14                                                                                                                       19-04-17 13:46
T R A N S F O R M AT I O N
                                                                                           Par MARIO BÉLAND, directeur général
                                                                                           du Centre d’expertise fromagère
                                                                                           du Québec (CEFQ)

        Des actions
        concrètes!

                                                                                           certification collégiale sur le sujet
        Dans l’édition d’avril du Producteur de lait québécois (p. 24),                    ainsi qu’un pont pédagogique vers
                                                                                           l’enseignement universitaire avec
        le CEFQ rappelait la stratégie retenue et ses priorités pour                       l’Université Laval à Québec.
                                                                                               Parallèlement à toute cette structu-
        faire face à la compétition étrangère. Depuis, nous avons                          ration de la formation, le CEFQ déve-
        amorcé une série d’actions concrètes afin de mettre en                             loppe actuellement une plateforme
                                                                                           électronique en collaboration avec
        œuvre cette démarche stratégique.                                                  Polytechnique Montréal. Rappelons-
                                                                                           nous! Nous avons mentionné dans le
                                                                                           dernier numéro que la compétitivité
           Aussi, depuis le début de              environ 15 fromageries de la région      des artisans en lait non standardisé
        l’année 2019, le CEFQ a consolidé un      du Saguenay–Lac-St-Jean ont participé    passait notamment par l’obtention
        partenariat avec Humanis, le secteur      afin de valider les contenus. Le choix   d’un produit « répétable » et unifor-
        de la formation continue du cégep de      de ce collège comme partenaire n’est     misé, malgré les variations du lait de
        Chicoutimi. L’objectif est de struc-      pas un hasard, en ce sens que le cégep   départ. Pour ce faire, l’artisan doit
        turer un programme fromager de base       de Chicoutimi possède une expertise      pouvoir ajuster ses paramètres en
        qui sera très bientôt accessible en       chevronnée en technologies de l’infor-   cours de fabrication et les surveiller.
        ligne pour les artisans québécois fran-   mation et de la communication (TIC)      La plateforme fournira un affichage
        cophones d’abord, puis en anglais,        dans le domaine de l’éducation. Nous     visuel et en direct de la progression de
        pour les artisans de tout le pays. Un     étudions actuellement la possibilité     son produit AVANT la fin de la fabri-
        groupe pilote a été créé dans lequel      d’une suite permettant d’obtenir une     cation, et plusieurs ajustements sont
                                                                                           encore possibles à cette étape. Nous
                                                                                           souhaitons outiller l’artisan pour qu’il
                                                                                           puisse s’ajuster, mais principalement
                                                                                           pour réduire le pourcentage de ses
                                                                                           productions s’avérant non conformes
                                                                                           et déclassées. L’outil sera en mode test
                                                                                           cet automne et devrait être distribué
                                                                                           au début 2020. Il permettra du coup un
                                                                                           suivi de traçabilité en matière de qua-
                                                                                           lité et de nombreux autres avantages.
                                                                                               Vous pourrez suivre l’avancement
                                                                                           de nos travaux sur notre infolettre
                                                                                           envoyée à tous les membres du CEFQ.
                                                                                           Pour devenir membre et pour en savoir
                                                                                           plus sur nos formations et nos services
                                                                                           détaillés, n’hésitez pas à nous joindre
                                                                                           au 450 250-2330 ou consultez notre site
                                                                                           Internet au https://www.expertisef
                                                                                           romagere.com/. ■

                                                                                                  MAI 2019 LE PRODUCTEUR DE LAIT QUÉBÉCOIS   15

PLQP_2019-05-01.indd 15                                                                                                                      19-04-17 13:46
POLITIQUE LAITIÈRE
                                                                          Par RICHARD LAMOUREUX, économiste
                                                                          principal, Direction de la recherche

        La réduction                                                      économique, Les Producteurs de lait
                                                                          du Québec

        de la tolérance
        allouée aux
        producteurs :
        une évolution
        nécessaire

        L’année 2018 a donné lieu à des discussions animées quant
        à la gestion de la production et à l’émission du quota aux
        producteurs. Des changements s’imposaient.
         PHOTO : V. PAQUETTE

        16                     MAI 2019 LE PRODUCTEUR DE LAIT QUÉBÉCOIS

PLQP_2019-05-01.indd 16                                                                                          19-04-17 13:47
UN CONTEXTE SANS                            GRAPHIQUE 1 : SAISONNALITÉ DE LA PRODUCTION LAITIÈRE
            PRÉCÉDENT                                   (LITRES/JOUR – QUÉBEC)
            Après quelques années d’une
        croissance historique de la demande,                               2017-18                                             1996-97
        accompagnée de hausses consé-                    10,0                                                                              8,5
        quentes du droit de produire totali-
        sant plus de 25 % – du jamais vu –,
                                                          9,5                                                                              8,0
        l’augmentation des besoins a retrouvé
        un rythme plus normal à la fin 2017. La
        production, qui avait peiné à suivre la           9,0                                                                              7,5
        cadence des hausses de quota, était en
        pleine accélération et les producteurs            8,5                                                                              7,0
        disposaient d’une banque importante
        de journées de tolérance à produire.
        Une vague de lait arrivait. Le potentiel          8,0                                                                              6,5
        de surproduction était bien réel alors
        que les stocks de beurre atteignaient             7,5                                                                              6,0
        un sommet sans précédent. Il fallait

                                                                                      e

                                                                                      e

                                                                                                                  ai
                                                                                       r

                                                                                                                          in
                                                                                                         ril

                                                                                                                                    et
                                                                                       r

                                                                                      s
                                                                                      e
                                                                                      e
                                                                ut

                                                                                    ie

                                                                                    ie
                                                                                   br

                                                                                  br

                                                                                  ar
                                                                                  br
                                                                                  br

                                                                                                                m

                                                                                                                        ju
                                                                                                       av

                                                                                                                                ill
                                                            ao

                                                                                 nv

                                                                                 vr
                                                                                to

                                                                                m
                                                                                m
                                                                                m
                                                                       m
        réagir.

                                                                                                                               ju
                                                                              fé
                                                                              ja
                                                                             oc

                                                                             ce
                                                                             ve
                                                                     te

                                                                          dé
                                                                   p

                                                                          no
            C’est ce qui a justifié deux rajuste-
                                                                se

        ments du droit de produire en 2018 et a
        conduit la Commission canadienne du
        lait à implanter une nouvelle méthode,
        plus réactive et juste, pour évaluer les       total, à une flexibilité de 15 jours       RAPPEL DE L’ORIGINE
        besoins du marché et le quota total.           de tolérance négative et 10 jours          DU SYSTÈME DES JOURNÉES
        C’est aussi ce qui a incité les pro-           de tolérance positive, soit 25 jours       DE TOLÉRANCE
        vinces de l’entente P5 à proposer aux          au total;                                  Le système de quota continu a été
        producteurs la réduction de la plage        • Mettre en œuvre la plage de tolé-        instauré au Québec le 1er aout 1996.
        de tolérance.                                  rance révisée en aout 2021;             Ce changement imposait une disci-
                                                    • Considérer la mise en place d’un         pline plus contraignante, la produc-
            DIX-SEPT JOURS DE                          système de location de tolérance        tion devant s’ajuster mensuellement
            TOLÉRANCE NÉGATIVE                         comme outil favorisant la transition.   en fonction du quota détenu au lieu
            MOYENNE                                    À cette proposition initiale s’est      d’une fois l’an, dans l’ancien système
            En effet, avant 2014, la tolérance      ajoutée une autre option avant le          de quota annuel. Or, c’est bien connu,
        moyenne variait au Québec de moins          début de la consultation des produc-       les vaches n’ont pas de robinets. En
        deux jours à moins neuf jours. De tels      teurs de P5, en janvier 2019 :             plus des facteurs biologiques et clima-
        niveaux de production potentielle au-       • Passer à une flexibilité de 20 jours     tiques qui peuvent faire varier la pro-
        dessus du droit de produire provincial         de tolérance négative et 10 jours de    duction laitière, on avait au Québec un
        ne posaient pas de problème. Mais à la         tolérance positive, soit 30 jours au    long historique de production saison-
        suite des hausses historiques du droit         total.                                  nière pour le lait de transformation. En
        de produire (de 2015 à 2017), les pro-                                                 effet, très longtemps, la majorité des
        ducteurs québécois avaient accumulé,                                                   producteurs de lait québécois ont livré
        au printemps 2018, près de 17 jours de                                                 leur lait à des usines de beurre/poudre
        tolérance négative! Un niveau poten-                                                   de lait, des produits de longue conser-
        tiellement problématique pour la ges-                                                  vation. Beaucoup tarissaient tout le
        tion des approvisionnements.                                                           troupeau à l’automne pour reprendre

                                                            L
            Après avoir d’abord proposé des                                                    la production avec les vêlages du
        mesures d’ajustements de la produc-                     e système de                   printemps. Bien entendu, ce n’était
        tion à court terme en mai et juillet, le                quota continu                  plus vraiment le cas en 96. Mais la
        Comité quota de P5 a donc entrepris de                                                 saisonnalité était encore présente, et
        sérieuses discussions à l’automne 2018              a été instauré                     la proportion de lait de transformation
        afin de réviser à la baisse la tolérance
        allouée aux producteurs des provinces
                                                            au Québec le                       au Québec est élevée – 75 % contre
                                                                                               25 % pour le lait de consommation, ce
        de l’entente. L’objectif était d’éviter             1er aout 1996.                     qui exige une production beaucoup
        la reproduction d’une telle situation                                                  plus stable à l’année. On a donc accordé
        à l’avenir. Cette réflexion a débouché                                                 30 jours de tolérance négative
        sur la proposition suivante :                                                          et 20 jours de tolérance positive, soit
        • Passer d’une flexibilité de 30 jours                                                 une flexibilité totale de jours de pro-
            de tolérance négative et 10 jours de                                               duction, ou 13,7 % de la production
            tolérance positive, soit 40 jours au                                               permise par le quota.

                                                                                                      MAI 2019 LE PRODUCTEUR DE LAIT QUÉBÉCOIS   17

PLQP_2019-05-01.indd 17                                                                                                                          19-04-17 13:47
POLITIQUE LAITIÈRE

                                                                                                          individuels de faire face aux aléas de
                                                                                                          la production.
             TABLEAU 1 : STRATE DE JOURS DE TOLÉRANCE UTILISÉS                                               Les deux options proposées par
             AU QUÉBEC – AOUT 2016 À JUILLET 2018                                                         le Comité quota P5 et soumises pour
                                              AOUT 2016 À                                                 consultation aux producteurs tiennent
             TOLÉRANCE                        JUILLET 2018             CUMULATIF                          compte de cette réalité. Elles alloue-
             45                                   1,52 %              100,00 %                              Le tableau 1 nous montre quelle
             Total                                100,0 %                                                 a été, sur une période de 2 ans, la
                                                                                                          variation de tolérance des producteurs
                                                                                                          du Québec, tenant compte de la pro-
                                                                                                          duction hors quota et non reportable.
                                                                                                          Par exemple, un producteur qui était
                                                                                                          à 30 jours de tolérance négative en
           Les objectifs de la mise en place des             que 0,5 % du droit de produire de la         aout 2016 et qui est passé à 15 jours
        tolérances étaient donc de :                         province.                                    de tolérance négative en juillet 2018
        • couvrir l’écart entre le niveau de                                                              se retrouve dans la catégorie de ceux
           production mensuelle le plus bas                     ÉVOLUTION DE                              qui ont utilisé entre 15 et 20 jours de
           (automne) et le plus élevé (prin-                    LA SAISONNALITÉ                           tolérance, soit 14,65 % des produc-
           temps) de telle sorte que la saison-                  Depuis 1996, la saisonnalité de          teurs. Ce groupe inclut également le
           nalité ne se traduise pas par de la               la production laitière au Québec a           producteur positionné à 10 jours de
           production non reportable ou de la                beaucoup diminué et, par conséquent,         tolérance positive en aout 2016 et qui
           production hors quota;                            l’utilisation moyenne des jours de           s’est retrouvé à 5 jours de tolérance
        • faire face aux aléas climatiques ou                tolérance.                                   négative en juillet 2018.
           biologiques de la production laitière                 On constate en effet à l’analyse du         Les données du tableau 1 nous
           (climat, maladie ou autres éléments               graphique 1 qu’entre les années lai-         permettent également de constater
           imprévisibles qui sont difficiles à               tières 1996-1997 et 2017-2018, l’écart       que plus de 75 % des producteurs ont
           quantifier).                                      entre le pic et le creux de production       eu besoin d’une plage de tolérance
                                                             mensuelle est passé de 20 % à 6,1 %.         de 25 jours et moins pour gérer leur
             RAJUSTEMENT DE LA PLAGE                         Cette évolution significative justifierait   production au cours de cette période.
             DE FLEXIBILITÉ EN 2002                          à elle seule de remettre en question la      Pourtant, l’ensemble des producteurs
           En mai 2002, un premier rajuste-                  plage de tolérance actuelle.                 avait dû s’ajuster à une hausse record
        ment de la plage de flexibilité a eu lieu.               La saisonnalité de la production         du droit de produire de 14 % au cours
        La flexibilité est passée de 30 jours de             peut aussi être exprimée en jours de         de cette période.
        tolérance négative et 20 jours de tolé-              production permise par le quota. Par            Quant au tableau 2, il nous montre
        rance positive à 30 jours de tolérance               exemple, si, un mois donné, le taux          que la proportion du quota détenu aux
        négative et 10 jours de tolérance posi-              de remplissage du quota émis est de          mains de producteurs en tolérance
        tive. Cet ajustement visait à réduire                97 %, cela représente environ 1 jour de      négative s’est accrue de 10 % de 2016
        le potentiel de production hors quota,               retard de production ou l’accumulation
        compte tenu des nouvelles limites                    d’une journée de tolérance négative.
        d’exportation permise par l’OMC. Une                 Durant l’année laitière 1996-1997,
        mesure consistant à retrancher la pro-               l’écart entre la production mensuelle
                                                                                                            TABLEAU 2 : ÉVOLUTION DE
        duction hors quota de l’année laitière               minimale et maximale représentait 11
                                                                                                            LA PROPORTION DU QUOTA
        2001-2002 du quota des producteurs                   jours de tolérance. Cet écart, en 2017-
                                                                                                            PROVINCIAL DÉTENU EN
        pour l’année suivante avait également                2018, n’était plus que de 5 jours si on
                                                                                                            SITUATION DE TOLÉRANCES
        été adoptée. La baisse de production                 estime la saisonnalité sans l’impact           NÉGATIVE ET POSITIVE –
        résultante a été de 2,8 % en 2002-                   des augmentations de quota. A-t-on             QUÉBEC
        2003. Au moment de l’adoption de ces                 vraiment besoin de 40 jours de flexi-
        mesures, les producteurs en situation                bilité lorsqu’on considère cette évolu-                       < 0 JOUR   > 0 JOUR
        de hors quota (plus de 10 jours de                   tion? En fait, on ne peut pas se guider        Aout 2016      66,1 %      33,9 %
        tolérance positive) détenaient près de               uniquement sur cet écart, calculé à            Juillet 2018   76,3 %      23,7 %
        48 % du droit de produire au Québec.                 partir de la variation de la production        Écart          10,2 %     -10,2 %
        En aout 2003, les producteurs dans                   provinciale. La marge de flexibilité
        cette situation ne représentaient plus               doit aussi permettre aux producteurs

        18      MAI 2019 LE PRODUCTEUR DE LAIT QUÉBÉCOIS

PLQP_2019-05-01.indd 18                                                                                                                          19-04-17 13:47
que la proportion de producteurs qui       retrouver en situation de production
                                                     seraient en situation de production        non reportable, de rendre disponible
            TABLEAU 3 : ÉVOLUTION DE LA              non reportable avec 25 jours de plage      pour location l’équivalent de, par
            PROPORTION DU QUOTA DÉTENU               de tolérance totale soit de plus en        exemple, 5 jours de tolérance (soit
            EN SITUATION DE TOLÉRANCES
                                                     plus marginale. Aussi, la proposition      500 kg de MG). Un autre producteur,
            NÉGATIVE ET POSITIVE DE
                                                     soumise aux producteurs prévoit que        craignant pour sa part de se retrouver
            JANVIER À NOVEMBRE 2018 –
                                                     l’instauration de la nouvelle fourchette   en situation de hors quota, pourrait
            QUÉBEC
                                                     de tolérance ne se ferait qu’en aout       louer en tout ou en partie ces journées.
                              0          2021. Cela devrait laisser suffisam-       Un tel programme serait géré par les
            Janvier        82,9 %      17,1 %        ment de temps aux producteurs pour         PLQ (tout comme le SCVQ) et compor-
            Février        82,0 %      18,0 %        s’adapter à ce nouvel environnement        terait un prix de location plafond.
            Mars           80,7 %      19,3 %        de production.
            Avril          79,1 %      20,9 %                                                      AVANTAGE D’UNE PLAGE DE
            Mai            77,1 %      22,9 %           DÉLAI D’IMPLANTATION                       TOLÉRANCE PLUS ÉTROITE
            Juin           76,9 %      23,1 %           Par exemple, en tenant compte du           Outre le fait que le besoin du nombre
            Juillet        76,4 %      23,6 %        délai accordé avant l’implantation, en     de jours de tolérance alloué a diminué
            Aout           77,1 %      22,9 %        aout 2021, les producteurs qui se situe-   avec la baisse de la saisonnalité, il y a
            Septembre      77,5 %      22,5 %        raient à 30 jours de tolérance négative    plusieurs avantages à réduire la plage
            Octobre        76,5 %      23,5 %        en aout 2019 devraient hausser leur        de tolérance. Voici les principaux :
            Novembre       73,9 %      26,1 %        production de 3 % par année pour se        • Prévenir l’accumulation d’un excès
            Décembre       71,2 %      28,8 %        situer à 7,5 jours de tolérance négative      de journées de tolérance à l’échelle
            Écart depuis                             dans 2 ans, soit le niveau de tolérance       des provinces, avec le risque de
            janvier 2018   -11,7 %     11,7 %
                                                     qui leur allouerait un coussin de 2 %         déséquilibrer le marché que cela
                                                     avant qu’ils se retrouvent en situation       comporte;
                                                     de non reportable sur la base d’une        • Réduire le besoin d’avoir recours à
                                                     tolérance négative de 15 jours.               des mesures de gestion de produc-
                                                                                                   tion exceptionnelles (limitation de
        à 2018, alors que le contraire s’est pro-       SYSTÈME DE LOCATION                        1 jour/mois);
        duit pour la tolérance positive (10 %).         DE TOLÉRANCE                            • Améliorer l’efficacité des outils de
        Cela s’explique principalement par              Le Comité quota P5 a également             gestion de production : l’écart entre
        l’impact des fortes hausses de droit de      recommandé aux CA provinciaux de              la flexibilité à l’échelle des produc-
        produire accordées aux producteurs au        considérer l’implantation d’un système        teurs (40 jours = 11 %) et celle du
        cours de ces années.                         de location de tolérance pour faciliter       pool (3,25 %) est trop grand. Cela
            Réduire le nombre de journées de         la transition à une plage de tolérance        est propice à une production hors
        tolérance négative alors qu’une forte        plus étroite. La question de la location      quota à l’échelle du pool;
        proportion du quota détenu se trouve         de quota ou de journées de tolérance       • Favoriser une production plus
        dans cette zone de la plage de tolé-         a été soulevée à plusieurs reprises           régulière, conforme à la réalité des
        rance pourrait nous faire craindre des       en assemblée générale des PLQ dans            besoins du marché;
        perturbations dans la gestion de la          le passé. Ce système n’a jamais eu         • Favoriser la réduction des diffé-
        production à la ferme. Il faut toutefois     l’appui unanime des producteurs. Les          rences provinciales de tolérance
        tenir compte du fait que la produc-          raisons évoquées pour ce manque               moyenne. Une plage de tolérance
        tion de matière grasse au Québec est         d’appui étaient généralement les sui-         plus étroite réduit de facto les
        constamment à la hausse, de 12,3 %           vantes :                                      écarts de tolérance possible entre
        de janvier 2016 à décembre 2018. Le          • Le revenu associé au quota doit             les provinces.
        tableau 3 nous montre que depuis                provenir de sa production et non           Lors de la consultation qui a eu
        janvier 2018, la proportion du quota            pas de son commerce.                    lieu dans toutes les provinces de P5
        détenu en situation de tolérance             • Afin de compenser la sous-produc-        à l’hiver et au printemps 2019, les
        positive n’a pas cessé d’augmenter.             tion, en l’absence d’un tel système,    producteurs ont eu l’occasion de se
        Précisément, la progression a été de            on surémet à tous les producteurs,      prononcer sur l’enjeu de la tolérance
        11,7 % sur 12 mois, soit 0,8 % par              gratuitement sans les coûts de          allouée en tenant compte de toutes les
        mois. À ce rythme, en juillet 2019,             l’administration d’un système de        contraintes à l’échelle de la ferme, des
        on pourrait se retrouver avec plus de           location individualisé, une quantité    provinces et du pool. Tenant compte
        36 % du droit de produire détenu par            de 3 % de droit de produire qui         des résultats de cette consultation, le
        des producteurs en tolérance positive,          devrait être enlevée à tous les pro-    Comité quota de P5 devait présenter
        soit plus que le niveau de juillet 2016.        ducteurs si le système de location      une recommandation d’ajustement
            Cela veut également dire que la pro-        était mis en place.                     qui tiendrait compte des intérêts des
        portion du quota provincial détenu par          Plus concrètement, ce programme         producteurs sur une base individuelle
        des producteurs en situation de tolé-        de location permettrait à un produc-       et collective. Au moment d’écrire ces
        rance négative serait d’environ 64 %         teur détenant, par exemple, un quota       lignes, aucune décision n’était encore
        en juillet 2019. Il est donc fort possible   de 100 kg/jour et craignant de se          prise. ■

                                                                                                       MAI 2019 LE PRODUCTEUR DE LAIT QUÉBÉCOIS   19

PLQP_2019-05-01.indd 19                                                                                                                           19-04-17 13:51
Vous pouvez aussi lire