Le moulin sans gluten démarre

 
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Le moulin sans gluten démarre
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  o l . 8 7 , n o 2 – 13 a u 19 j an
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                                                                                       a h ie
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   Une nouvelle tuile                                                                                     Le moulin sans
   sur le secteur laitier                                                                                 gluten démarre
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                                                                                           ARCHIVES/TCN

    Maria annonce
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                                                                                                                                                                MYRIAM LAPLANTE EL HAÏLI/TCN

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                                                                                                                            02

                                                                                                                                                                                               1
                                                                                                                            Messageries Dynamiques

                                                                                                                                                                                         78313 02664
                                                                                                                                                                                               7

                                                                                                                                                     2,25$   10013
Le moulin sans gluten démarre
PAGE 2     LA TERRE DE CHEZ NOUS, 13 janvier 2016

UNE RETRAITE BIEN MÉRITÉE

« Merci, tu as changé ma vie »
                                                                                                                                                                   D’ailleurs, lorsqu’un agriculteur
                                                                                                                                                                 vient la voir à la Maison de répit, les
           MYRIAM LAPLANTE EL HAÏLI                                                                                                                              premières questions qu’elle lui pose
           mlaplante@laterre.ca
                                                                                                                                                                 concernent sa ferme. « J’ai souvent
                                                                                                                                                                 dit dans ma vie : est-ce que c’est l’en-
  SAINT-HYACINTHE – Tout au                                                                                                                                      treprise qui vous mène ou est-ce que
long de sa carrière, Maria Labrecque                                                                                                                             c’est vous qui menez l’entreprise? Si
Duchesneau a reçu de nombreux prix                                                                                                                               c’est vous qui menez l’entreprise, il se
et distinctions. Mais le plus beau                                                                                                                               peut qu’à la fin de l’année vous ayez
souvenir qu’elle emporte avec elle,                                                                                                                              mal partout, que tout ça devienne trop
c’est la reconnaissance des personnes                                                                                                                            gros pour vous et que ça se transforme
qu’elle a aidées. La fondatrice et                                                                                                                               en une source de stress. »
directrice générale de l’organisme Au                                                                                                                                     Continuité assurée
cœur des familles agricoles (ACFA) a                                                                                                                               « Je pars confiante », affirme-t-elle.
annoncé au conseil d’administration                                                                                                                              Malgré le départ de sa fondatrice, l’or-
qu’elle allait prendre officiellement sa                                                                                                                         ganisme continuera à offrir les nom-
retraite au cours de l’année 2016.                                                                                                                               breux services aux producteurs qui en
       Changer des mentalités                                                                                                                                    auront besoin. La présidente d’ACFA,

                                                                                                                                  MYRIAM LAPLANTE EL HAÏLI/TCN
  « Une fois, j’ai redonné le sourire                                                                                                                            Lise Tremblay, insiste : « Maria s’en
à un monsieur parce que je lui avais                                                                                                                             va, mais la qualité du service sera
trouvé de la paille pour son champ de                                                                                                                            maintenue. Il y aura une continuité
fraises », raconte-t-elle. Des anecdotes                                                                                                                         avec la personne qui va la remplacer,
comme celle-là, Mme Labrecque                                                                                                                                    mais surtout avec les producteurs qui
Duchesneau en a beaucoup. Dès              Maria Labrecque Duchesneau s’apprête à passer le flambeau après avoir passé 17 ans à                                  viennent nous voir. » Et pour la suite?
qu’elle peut aider une personne en dif-    œuvrer auprès des familles agricoles.                                                                                 Mme Labrecque Duschesneau entame
ficulté, elle n’hésite pas, même pour                                                                                                                            un retrait progressif de ses fonc-
de la paille. À chacun ses stress et ses   agriculteur : la fierté, l’orgueil et la    tés dans le milieu et défendre le monde                                   tions jusqu’au mois de mars, tandis
problèmes.                                 méfiance », explique Maria Labrecque        agricole devant le grand public ont été                                   qu’ACFA cherche activement un nou-
  Après 17 ans de bons et loyaux           Duchesneau. Gagner la confiance des         les grands combats de sa carrière pour                                    veau directeur général et un travailleur
services, celle que l’on surnomme          producteurs, faire changer les mentali-     améliorer le bien-être des producteurs.                                   de rang pour la remplacer.
la mère Teresa de l’agriculture se
retire. C’est une retraite bien méri-
tée, car la mission n’était pas toujours
facile : Mme Labrecque Duchesneau
a défriché la terre de la santé psycho-     Les réalisations de Maria
logique en agriculture. Lorsqu’elle           Mme Labrecque Duchesneau quitte le navire, mais non sans laisser un riche héritage aux familles agricoles.
a commencé à s’intéresser aux pro-          • Le réseau de travailleurs de rang;                           • Une communauté agricole plus sensible à la santé
blèmes psychologiques des produc-           • La Maison de répit de Saint-Hyacinthe;                         psychologique;
teurs en 1998, elle savait que tout         • Le grand public informé de la réalité des producteurs, comme • L’association d’agriculteurs gais Fierté agricole;
était à bâtir dans le domaine. « Il y a       lors de son passage à l’émission Tout le monde en parle;     • L’amélioration du bien-être au sein des familles agricoles.
trois caractéristiques de base chez un
Le moulin sans gluten démarre
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                                                                                                                       COMMERCE INTERNATIONAL

L’OMC frappe le secteur
laitier canadien
                                              cesser d’exporter et les volumes en
                                              question ne pourront plus être produits.
           THIERRY LARIVIÈRE                     « C’est à peu près l’équivalent de 1 %
           tlariviere@laterre.ca              de la production laitière qui devrait être
                                              affecté », estime Yves Leduc, spécia-
  Après l’impact du Partenariat trans-        liste du commerce international pour
pacifique, voilà que l’Organisation           les Producteurs laitiers du Canada
mondiale du commerce (OMC) impose             (PLC). M. Leduc précise que l’effet
au Canada une mesure qui fera baisser         négatif se fera surtout sentir à la fin
d’environ 1 % la production nationale         de 2020 à cause d’une certaine « flexi-
de lait d’ici cinq ans.                       bilité » dans l’entente, qui permet au
  Cette mauvaise nouvelle découle             Canada, à la Suisse et à la Norvège de
de l’entente de Nairobi, conclue le           différer de quelques années leurs sub-
19 décembre dernier, qui prévoit la fin       ventions à l’exportation dans le secteur
des subventions à l’exportation dans le       laitier.

                                                                                                                                                                                         ARCHIVES/TCN
secteur agricole. Or, le système cana-                 Effets dès cette année
dien de gestion de l’offre dans le secteur       En attendant la fin de 2020, l’entente
laitier a été considéré comme l’équiva-       de Nairobi aura quand même un certain
                                                                                           Pour diminuer la pression internationale sur la gestion de l’offre dans le secteur laitier,
lent d’une subvention par un panel de         effet. Le Canada est déjà limité, depuis     producteurs et transformateurs doivent trouver des solutions de compromis sur toutes les
l’OMC il y a une dizaine d’années.            le 1er janvier, aux volumes d’exporta-       composantes du lait.
  Pour chaque tonne de produits laitiers      tion antérieurs. L’effet serait cepen-
vendus à l’étranger par le Canada, on         dant peu important à court terme, selon        « Il y a un manque d’équilibre dans          de moins de 1 % en 2020. Ce pourcen-
doit donc calculer comme subvention           l’analyse préliminaire des PLC. Au           cette entente », déplore Yves Leduc,           tage serait une comparaison avec les
la différence entre le prix mondial et le     fil des années, les exportations cana-       qui rappelle que l’OMC, dans le cycle          meilleures années d’exportation. Or,
prix domestique. Puisqu’il ne s’agit pas      diennes se cantonnaient surtout dans la      de Doha, devait normalement en arriver         il y a parfois des revers qui font que
d’une subvention en argent, le Canada         poudre de lait écrémé, le beurre, le fro-    à un équilibre entre l’accès aux mar-          le Canada exporte moins de produits
ne peut pas simplement arrêter de             mage et quelques autres produits moins       chés agricoles, le soutien interne et les      laitiers certaines années. L’impact de
payer. Si rien ne change, celui-ci devra      courants.                                    mesures qui affectent la concurrence           Nairobi en 2020 pourrait donc être
                                                                                           à l’exportation. L’entente de Nairobi          « minime », surtout si d’autres solu-
                                                                                           porte sur un seul de ces points, ce qui        tions sont trouvées avec les transfor-
                                                                                           désavantage le Canada par rapport à            mateurs (voir encadré).

 Solutions possibles                                                                       des pays comme ceux de l’Union euro-
                                                                                           péenne, qui profitent bien davantage du
                                                                                                                                             Le président Letendre demeure néan-
                                                                                                                                          moins très critique du résultat de la
    Il n’y a pas de solution directe à la perte de volume associée à cette entente par-    soutien interne.                               négociation à Nairobi, qui ne fait rien
 tielle à l’OMC. « Les producteurs et les transformateurs travaillent à des solutions        Le président des Producteurs de lait         pour réduire les subventions octroyées
 pour faire croître le marché », affirme cependant Yves Leduc. Ces discussions             du Québec, Bruno Letendre, estime              aux producteurs par les États-Unis ou
 pourraient mener à de nouvelles façons de valoriser des solides non gras qui vont         que l’impact de l’OMC pourrait être            par l’Union européenne.
 en partie à l’alimentation animale pour le moment. Des pourparlers avec les trans-
 formateurs et le gouvernement fédéral pourraient aussi aboutir à un déplacement
 des importations de concentrés protéiques en provenance des États-Unis. « Si on
 limitait l’importation des concentrés, ça enlèverait de la pression », reconnaît le
                                                                                                            Sur le Web laterre.ca
 spécialiste des PLC.
                                  Entente imminente                                                         Actualités/Élevages
                                                                                                            y Invasion de robots au Lac
    Bruno Letendre ne nie pas l’effet de la dernière entente à l’OMC, mais il estime
 qu’une solution est en vue. « On est en négociation avec les transformateurs                               Actualités/Économie
 justement à propos d’une classe de lait non contingentée », affirme-t-il. Si cela                          y L’OMC frappe le secteur laitier

 se met en place, ce lait ne sera plus payé au prix intérieur, mais au prix normal                          y Le sans gluten de la Gaspésie : c’est parti
 d’exportation. Il y aurait donc possibilité de produire et d’exporter des solides                          Commentez à facebook.com/laterreca
 non gras (lait écrémé en poudre) sans contrevenir aux nouvelles règles de l’OMC.
 Le prix reçu par les producteurs serait moindre que pour le lait frais, mais Bruno                         La question de la semaine
 Letendre estime qu’il faut considérer que des produits qui vont en ce moment à                             y Que pensez-vous du sans gluten?
 l’alimentation animale sont encore moins payants.                                                          Venez répondre à laterre.ca
    Les discussions avec les transformateurs portent également sur la question des
 solides non gras et non concentrés. Cela pourrait faire en sorte que l’industrie
                                                                                                            Résultats du sondage
                                                                                                            y Y aura-t-il des produits du terroir sous votre sapin?
 canadienne cesse d’importer du lait diafiltré et d’autres produits du même type
 et se consacre uniquement à transformer du lait canadien. « Les transformateurs                            Oui, tous mes cadeaux 16 % / Non, aucun produit périssable 57 % /
                                                                                                            Peut-être, c’est une idée! 27 %
 canadiens veulent transformer au Canada », estime Bruno Letendre. T.L.
Le moulin sans gluten démarre
PAGE 4     LA TERRE DE CHEZ NOUS, 13 janvier 2016

ACTUALITÉ

Une année chargée
pour les Canards du lac Brome
MYRIAM LAPLANTE EL HAÏLI ET
MARTIN MÉNARD

   L’année 2016 sera assurément char-                                                                                                                     Claude Laroche
gée pour les Canards du lac Brome.
L’entreprise a récemment fait l’acquisi-                                                                                                                  amer
tion de l’abattoir des Viandes Laroche à                                                                                                                    Le « père » des Viandes Laroche,
Asbestos, et des investissements impor-                                                                                                                   Claude Laroche, est demeuré silen-
tants sont nécessaires pour convertir ses                                                                                                                 cieux depuis la fermeture de ses
infrastructures à l’abattage de canards.                                                                                                                  infrastructures ultramodernes qui
À cela s’ajoute maintenant la recons-                                                                                                                     avaient nécessité des investissements
truction du bâtiment de Racine détruit                                                                                                                    de près de 10 M$.
par les flammes le 1er janvier.                                                                                                                             M. Laroche, qui n’avait pas le cœur

                                                                                                                                          ARCHIVES/TCN
            Incendie majeur                                                                                                                               à la fête, a accepté de discuter briève-
   Quinze pour cent de la production                                                                                                                      ment avec la Terre. « Je suis déçu et
de l’entreprise Canards du lac Brome a       Malgré l’incendie du début de janvier, l’entreprise Canards du lac Brome se consolide en                     choqué, mais c’est la vie », dit celui
été décimée à Racine en Estrie. Le pro-      2016. Elle pourrait devenir le troisième plus gros joueur en Amérique du Nord.                               qui a consacré une partie de sa vie à
priétaire affirme que les infrastructures,                                                                                                                ce projet visant à offrir une viande
évaluées entre 3 et 4 M$, sont une perte     d’autres bâtiments pour recevoir les          à la suite de la faillite des Viandes                          100 % québécoise provenant d’ani-
totale.                                      prochains lots. Des producteurs de pou-       Laroche. L’acheteur disposait d’un cer-                        maux élevés sans hormones de crois-
   Les pompiers ont reçu un appel après      lets sont prêts à nous accommoder »,          tain délai pour vérifier l’état des lieux et                   sance ni antibiotiques, et dotée d’un
qu’une colonne de fumée eut été aper-        explique au bout du fil le propriétaire de    s’assurer que le changement de vocation                        système de traçabilité.
çue au-dessus de Racine. Lorsqu’ils          l’exploitation, Mario Côté. Ce dernier        de l’abattoir ne pose pas de problèmes                           Questionné au sujet du change-
sont arrivés sur les lieux, le poulailler    parle aussi d’accélérer la construction       dans l’obtention des permis d’exploi-                          ment de vocation de « son » abat-
de 800 pi sur 80 était déjà brûlé à moi-     d’un bâtiment de 400 pi sur 40 déjà en        tation gouvernementaux. Tout semble                            toir, il répond, visiblement amer :
tié et les 54 000 canards, impossibles à     cours à Knowlton.                             conforme pour Mario Côté, qui s’envo-                          « Ce que je peux dire, c’est qu’on
sauver.                                              Acquisition confirmée                 lera dans les prochains jours vers l’Eu-                       vient de faire une croix sur le bœuf
   La cause de l’incendie n’est pas            Les documents attestant l’acquisi-          rope et ensuite vers les États-Unis afin                       du Québec. Va falloir que quelqu’un
encore connue, mais l’acte criminel ne       tion des infrastructures d’abattage et de     de visiter des manufacturiers d’équipe-                        d’autre prenne la relève. Comment, je
semble pas être envisagé pour l’instant.     transformation des Viandes Laroche à          ment d’abattage. « On s’entend pour                            ne sais pas… » M.M.
Il pourrait plutôt s’agir d’un bris méca-    Asbestos ont été signés tout juste avant      dire qu’un canard n’a pas la même taille
nique puisque la bâtisse était chauffée et   Noël. Comme le rapportait en primeur          qu’un bœuf. Les ingénieurs travaillent à                      2,5 millions de canards par année, ce qui
éclairée à l’électricité et au propane.      la Terre en novembre dernier, M. Côté         adapter l’abattoir, mais c’est très spécia-                   en ferait le troisième plus gros joueur
   « Perdre un bâtiment de cette             se servira de ces infrastructures pour        lisé et ce type d’infrastructures n’existe                    dans ce secteur en Amérique du Nord.
taille, ce n’est pas rien! La moitié des     abattre des canards.                          pas au Canada. Tant qu’à investir, je                           Le nouveau propriétaire espère
54 000 canards devaient sortir cette           Rappelons que c’est l’offre de M. Côté      veux quelque chose de dernier cri »,                          remettre l’usine en fonction dès le début
semaine. Il faut maintenant trouver          qui avait été retenue par les créanciers      explique M. Côté, dont l’entreprise abat                      de l’été.

Le cholestérol des œufs n’est plus un problème
THIERRY LARIVIÈRE                            les messages de santé publique et une         mation de gras saturés. Il suggère
                                             partie de la population qui respecte les      néanmoins que moins de 10 % des
  La consommation d’œufs ne doit plus        recommandations qu’il contient. La            calories quotidiennes doivent provenir
être limitée à cause de leur teneur en       nouvelle version était la première où         de ces gras.
cholestérol. C’est ce qu’affirme le tout     les autorités gouvernementales (agri-           Les recommandations pour la viande
nouveau guide alimentaire américain,         culture et santé) étaient supervisées par     ne changent pas, bien que le nouveau
qui lève la limite de 300 mg par jour        l’Académie nationale de médecine des          guide suggère de limiter sa consom-
recommandée jusqu’à maintenant. Ce           États-Unis.                                   mation d’aliments protéinés. Divers
revirement s’explique par de nouvelles         Moins de sucre et de gras saturé            groupes ont d’ailleurs accusé les auteurs
études qui indiquent que le cholesté-          Un autre changement important               du guide d’avoir cédé au lobby du sec-
rol alimentaire n’est plus à surveiller.     concerne le sucre. Le guide diététique        teur de la viande.
                                                                                                                                                                                                      ARCHIVES/TCN

Il influence moins qu’on le pensait le       américain indique maintenant qu’il faut         Il est toujours recommandé de hausser
mauvais cholestérol sanguin.                 limiter sa consommation de sucre à            sa consommation de fruits et légumes.
  Le guide américain, révisé tous les        10 % des calories totales de la journée.        Le guide alimentaire canadien sera
                                                                                                                                                         De nouvelles études indiquent que le cho-
cinq ans, a une influence notamment sur        Le guide continue par ailleurs de           révisé prochainement. La dernière ver-                        lestérol alimentaire influence moins qu’on
les écoles, l’aide alimentaire publique,     recommander une limite à la consom-           sion remonte à 2011.                                          le pensait le mauvais cholestérol sanguin.
Le moulin sans gluten démarre
LA TERRE DE CHEZ NOUS, 13 janvier 2016                    PAGE 5

                                                                                                                                                                                               CULTURES

Le sans gluten de                                                                                                                                                           Popularité
                                                                                                                                                                            croissante
la Gaspésie : c’est parti                                                                                                                                                     Le sans gluten, qui semblait être
                                                                                                                                                                            une mode, devient une tendance
                                                                                                                                                                            de consommation, aux États-Unis
                                              aux producteurs et être très transparents                                                                                     du moins. Citée sur le site Internet
                                              avec eux. Nous travaillerons ensemble à                                                                                       World Grain, la spécialiste en mar-
           MARTIN MÉNARD                      la résolution des problèmes, et déjà, une                                                                                     keting Diane Ray mentionne que
           mmenard@laterre.ca
                                              dizaine d’agriculteurs se sont regroupés                                                                                      6 % des gens qui consomment des
                                              sous l’organisme à but non lucratif la                                                                                        produits sans gluten sont atteints
  La production de près de 4 000 tonnes       Filière Grains bio sans gluten de l’Est »,                                                                                    de la maladie cœliaque. On estime
de farine en Gaspésie à partir de grains      explique M. Golliot. Encourager la pro-                                                                                       qu’un individu sur 133 est atteint de
sans gluten – un projet dont on parle         duction locale demeure une priorité,                                                                                          cette maladie, ce qui représenterait
depuis trois ans – est officiellement en      mais la minoterie aura besoin de quinoa,                                                                                      4 millions de personnes en Amérique
marche : les silos sont construits et la      de légumineuses, de sarrasin, de chanvre                                                                                      du Nord. Or, selon Mme Ray, 46 %

                                                                                                                                                             INC.
                                                                                                                                                             ANCIENS
meule de même que le trieur optique           et d’avoine. Elle ouvrira donc ses portes                                                                                     des foyers américains ont acheté des
viennent tout juste d’arriver dans la nou-    à tous les producteurs du Québec inté-                                                                                        aliments sans gluten en 2014, une

                                                                                                                                                               DES
velle minoterie située à Sainte-Anne-des-     ressés. « Si un producteur, par exemple                                                                                       hausse de 17 % comparativement à

                                                                                                                                                             LA MINOTERIE
Monts. Début mars, les premiers kilos         du Lac-Saint-Jean, vient me voir avec                                                                                         2006. Et la majorité de ces gens le
de farine seront produits, jure Patrick       30 tonnes de gourganes certifiées sans                                                                                        font non pas parce qu’ils ont une
                                                                                                                Patrick Golliot lors de l’achat du bâti-
Golliot, directeur de La Minoterie des        gluten, je lui signe un contrat tout de                           ment qui abrite la nouvelle Minoterie des                   intolérance au gluten, mais parce
Anciens inc.                                  suite! » assure le directeur.                                     Anciens inc.                                                qu’ils ont la perception que ces ali-
  L’investissement de 2 M$ permettra de             De l’avoine à 750 $ la tonne                                                                                            ments sans gluten sont santé et leur
commercialiser des farines, des huiles et       La Minoterie des Anciens inc., qui                              défi pour nos producteurs de la région                      permettent de se sentir mieux. M.M.
des graines décortiquées sans gluten ou       appartient à Denise Verreault, femme                              n’est pas le sans gluten, c’est de passer
certifiées biologiques sans gluten comme      d’affaires connue pour être à la barre                            d’une production de grains destinée aux
le quinoa, le sarrasin, l’avoine et le        du Groupe maritime Verreault, entend                              animaux à une production destinée aux
chanvre. Le projet suscite beaucoup d’in-     offrir un maximum de revenus aux agri-                            humains. Pour certains, il y aura des
térêt chez différents acheteurs, dont des     culteurs afin de favoriser la qualité de                          ajustements et des investissements à
supermarchés québécois et même une            leur récolte. Patrick Golliot signe pré-                          faire, notamment quant à l’entreposage
entreprise californienne. L’enthousiasme      sentement des contrats de 750 $ la tonne                          des grains », fait remarquer M. Golliot,
gagne aussi les producteurs agricoles de      pour de l’avoine sans gluten et de 900 $                          particulièrement excité de voir enfin le
la région, puisque la minoterie envisage      la tonne pour du sarrasin sans gluten,                            projet « décoller ».
d’acheter 7 000 tonnes de grains sans glu-    soit un prix plus de deux fois supérieur                             La meunerie est certifiée sans gluten
ten, cultivés localement de préférence.       à celui du conventionnel. « Nous avons                            par un certificateur externe. Les produc-
« Nous avons une vision locale. Nous          un cahier des charges sévère, mais nous                           teurs, pour l’instant, n’ont pas à se cer-
voulons offrir l’encadrement technique        payons en conséquence. Car le plus gros                           tifier.

 Une ferme 100 % sans gluten
   À Hébertville, près d’Alma, Jacques Dallaire et son fils                              peuvent amplement contaminer ta récolte avec le gluten.
 Guillaume cultivent 300 hectares de grains biologiques et                               Nous désirons bâtir une offre de produits sécuritaire, et c’est
 sans gluten. À la Ferme Tournevent, pas question de semer                               pour cette raison que nous avons sorti toutes les cultures à
                                                                                          risque de notre rotation », explique M. Dallaire.
                                                                                                              Enfin, des primes!
                                                                                            Avec leurs grains sans gluten, les Dallaire se positionnent
                                                                                          dans un marché de niche qui bonifie leur marge bénéfi-
                                                                                          ciaire et améliore leurs perspectives de mise en marché. Si
                                                                                          au début ils recevaient peu – ou pas – de primes associées
                                                                     MARTIN MÉNARD/TCN

                                                                                          au sans gluten, ils encaissent aujourd’hui 30 $ la tonne de
                                                                                          plus pour du chanvre sans gluten. « Les prix augmentent
                                                                                          chaque année pour du chanvre et du sarrasin bio sans gluten.
  Les Dallaire cultivent exclusivement des grains sans gluten sur                         L’offre ne suffit pas; on pourrait vendre deux à trois fois
  400 hectares. Ils emploient de la machinerie de pointe et condi-                        notre récolte », souligne M. Dallaire.
  tionnent eux-mêmes leurs grains pour ce marché de niche.
                                                                                            L’annonce de La Minoterie des Anciens, en Gaspésie,
                                                                                                                                                                                                                  ARCHIVES/TCN

 du blé, du seigle ou de l’orge : la ferme cultive entièrement                           ravit les propriétaires de la Ferme Tournevent. « C’est une
 des grains sans gluten, ce qui diminue les risques de contami-                          bonne nouvelle de voir qu’ils ont l’intention de commercia-
 nation. « Il suffit d’un grain de blé dans une poche de 20 kg                           liser un volume important de produits sans gluten et qu’ils                        L’engouement pour les aliments sans
 pour déclasser le produit. Suivant la même logique, sept ou                             ont les contacts pour le faire. Nous les appellerons, c’est cer-                   gluten ne serait pas sur le point de
 huit plants de blé sur un hectare de sarrasin, par exemple,                             tain! » assure M. Dallaire. M.M.                                                   s’essouffler, d’après le site américain
                                                                                                                                                                            World Grain.
Le moulin sans gluten démarre
PAGE 6   LA TERRE DE CHEZ NOUS, 13 janvier 2016

ÉDITORIAL

En 2016, le gouvernement croit-il
en son secteur agroalimentaire?
                                                      2014, 151 M$ en 2015) et des surplus accumulés          inacceptable. Québec peut et doit faire plus.
                                                      par la FADQ. Au lieu d’utiliser une partie des          L’automne dernier, la FRAQ a transmis au premier
                      MARCEL                          surplus pour bonifier les programmes, comme le          ministre et au ministre de l’Agriculture son
                      GROLEAU                         proposaient la FADQ, le ministère de l’Agriculture,     mémoire sur ses aspirations et ses besoins pour
                      Président général de            des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec            nourrir le Québec de demain. L’accès aux terres
                      l’Union des producteurs
                                                      (MAPAQ) et l’Union des producteurs agricoles            est au cœur des barrières que nos jeunes doivent
                      agricoles
                                                      (UPA), le gouvernement a plutôt créé une réserve        surmonter et des gestes doivent être posés à
                                                      de 300 M$. Actuellement, seule la faiblesse du          très brève échéance. La hausse fulgurante de la
                                                      dollar canadien compense la baisse des prix             valeur des terres est devenue un frein majeur à
                                                      sur les marchés internationaux. Et pendant ce           l’établissement. Elle a aussi une incidence énorme
Pour une quatrième année consécutive,                 temps, en raison de l’incertitude entretenue par        sur le Programme de crédit de taxes foncières
l’Organisation des Nations unies pour                 le gouvernement, les investissements à la ferme         agricoles et, plus largement, sur le fardeau fiscal
l’alimentation et l’agriculture (FAO) a annoncé       sont à la baisse, incluant ceux requis pour se          des agriculteurs.
une baisse des prix alimentaires mondiaux.            conformer aux attentes quant au bien-être animal.
La valeur des matières premières agricoles a en                                                               L’adhésion récente du Canada au Partenariat
effet diminué tout au long de l’année (15,4 %         Pour progresser, le secteur de la transformation        transpacifique (PTP) teintera également notre
dans le secteur des céréales, 15,1 % dans celui des   alimentaire a besoin que l’agriculture en               action en 2016. Cette entente est là pour rester.
viandes). Or, malgré les prix moindres obtenus        fasse autant. En décembre dernier, l’UPA et             Ratifiée ou non en 2016, les engagements
par les producteurs dans le monde, ceux payés         le Conseil de la transformation alimentaire du          pris lors de la campagne électorale fédérale
par les consommateurs augmentent plus vite            Québec, avec l’appui de La Coop fédérée, du             visant à dédommager les producteurs sous
que l’inflation. Paradoxal, me direz-vous? Eh bien,   Mouvement Desjardins et de la Faculté des               gestion de l’offre devront être respectés.
non. En alimentation, la demande est inélastique,     sciences de l’agriculture et de l’alimentation de       Des investissements accrus en recherche et
c’est-à-dire que la baisse ou la hausse des prix      l’Université Laval, ont réclamé conjointement que       développement sont aussi nécessaires pour
n’a pas beaucoup d’impact sur la consommation.        l’agroalimentaire soit intégré au Plan économique       véritablement profiter du PTP et de l’accord
Les géants de l’alimentation ont très bien            du gouvernement du Québec, comme c’est le cas           Canada-Europe.
compris ce phénomène. Les prix bas que                en Ontario. L’Union et ses partenaires insisteront,
reçoivent les producteurs ne sont pas refilés aux     en 2016, pour que cette proposition obtienne            L’agroalimentaire offre de belles perspectives de
consommateurs. Personne ne prend un quatrième         l’aval du gouvernement. Nous espérons d’ailleurs        croissance, mais il faut y croire, investir et piloter
repas parce que le prix des aliments a baissé.        en discuter directement avec le premier ministre        de façon plus efficace la vocation économique
                                                      du Québec, Philippe Couillard, à brève échéance.        du MAPAQ. L’accès aux marchés est d’abord une
Le secteur agricole profite d’une embellie des                                                                question de compétitivité. Le Québec veut-il
prix sur les marchés depuis quelques années           Des actions concrètes sont également requises           être un joueur plus compétitif? Le gouvernement
et les programmes de la Financière agricole du        pour épauler la relève agricole. En 2015, au lieu       croit-il en son secteur agroalimentaire? On aura la
Québec (FADQ) n’ont jamais été si peu sollicités.     de travailler avec la Fédération de la relève           réponse en 2016.
Cette situation a permis au secteur agricole de       agricole du Québec (FRAQ) et de profiter de son
contribuer plus que tous les autres à l’atteinte      expertise, le ministre de l’Agriculture a préféré       Bref, encore une grosse année
de l’équilibre budgétaire : 1 G$ depuis 2010 en       confier l’avenir de nos jeunes à un fonctionnaire       devant nous!
tenant compte des sommes retenues (113 M$ en          à la retraite. Cette décision est tout simplement

                                                                                                                                                                                          www.laterre.ca
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                                                                                                              André Savard                               des ventes                           Richelle Fortin
                                                                                                              Directrice                                 Pierre Leroux                        Julie Desbiens
                                                                                                              de production                              Ventes
                                                                                                              Brigit Bujnowski                           Sylvain Joubert
                                                                                                              Directeur                                  Daniel Lamoureux
                                                                                                              administration                             Marc Mancini
                                                                                                              Vincent Bélanger-Marceau

                                                                                                              ABONNEMENT AU QUÉBEC                                                            Impression
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                                                                                                              2 ans :     104,63 $                                                            Distribution en kiosque
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                                                                                                              L’Union des producteurs agricoles
                                                                                                              555, boulevard Roland-Therrien, bureau 100
                                                                                                              Longueuil (Québec) J4H 3Y9

                                                                                                                        Dépôts légaux : Bibliothèque nationale du Québec - 1992 Bibliothèque nationale du Canada ISSN 0040 - 3830
                                                                                                                        La Terre de chez nous, ISSN 0040-3830 (imprimé), ISSN 2369-7660 (en ligne), is published weekly, 51 times per
                                                                                                                        year except first week of January by La Terre de chez nous c/o USACAN Media Corp. at 123A Distribution Way
                                                                                                                        Building H-1, Suite 104, Plattsburgh, N.Y. 12901. Periodicals postage paid at Plattsburgh, N.Y. POSTMASTER
                                                                                                                        send address changes to La Terre de chez nous, P.O. Box 2888, Plattsburgh, N.Y. 12901. Nous reconnaissons
                                                                                                                        l’appui financier du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du Canada pour les périodiques, qui
                                                                                                                        relève de Patrimoine canadien. Convention de la poste publication N° 40069165 N° d’enregistrement 07665,
                                                                                                                        retourner toute correspondance ne pouvant être
                                                                                                                        livrée au Canada au Service des publications
                                                                                                       www.laterre.ca   555, boul. Roland-Therrien, Longueuil QC J4H 3Y9.                                              (2012-09-05)
Le moulin sans gluten démarre
LA TERRE DE CHEZ NOUS, 13 janvier 2016          PAGE 7

                                                                                                                                                                  OPINION

La gestion de l’offre, un modèle visionnaire
   Mise en place afin d’assurer l’équi-
libre entre les producteurs et les
acheteurs, la gestion de l’offre s’est
abondamment invitée dans les débats
publics de la dernière année dans un
contexte de campagne électorale et de
signature de l’entente de libre-échange
du Partenariat transpacifique (PTP).
   […] Les agriculteurs sous gestion de
l’offre vont à contre-courant des grandes
théories économiques qui prédisent que
la libéralisation des marchés et le libre-
échange vont forcer nos entreprises à
être plus compétitives, à stimuler l’éco-
nomie, à créer davantage de richesse, à
établir une meilleure égalité des chances
pour tous. Mais le libre marché ne règle
pas tous les problèmes et les dommages

                                                                                                                                                                                          PHOTOS : ARCHIVES/TCN
collatéraux sont nombreux et difficiles
prévoir. Rappelons que le texte final
de l’entente du PTP contient plus de
6 000 pages. « La globalisation des
marchés augmente la volatilité des prix       Le 24 septembre dernier, 1500 producteurs sont descendus dans les rues de Montréal pour démontrer leur appui à la gestion de l’offre.
et expose les producteurs à des sources
de risques supplémentaires sur lesquels       mérats « incapables de s’autoréguler »,         L’exemple de la Nouvelle-Zélande             par 117 pays et de faire de la gestion
ils n’ont pas ou peu de contrôle », disait    où les intérêts financiers priment au         est probant. Elle est en grande partie         de l’offre une disposition reconnue en
une récente étude publiée par l’Union         détriment des conditions environne-           responsable des surplus mondiaux de            droit international. D’autant plus que
des producteurs agricoles. De plus, elle      mentales, humaines et sociales et de la       lait qui occasionnent des pertes énormes       l’agriculture et l’alimentation consti-
favorise la formation de grands conglo-       dynamique des territoires.                    de revenus pour tous les producteurs de        tuent des éléments qui, depuis toujours,
                                                                                            la filière. Cela montre qu’un développe-       ont contribué à façonner la culture pro-
                                                                                            ment effectué à l’aveuglette, sans consi-      fonde des nations et que celles-ci ont
                                                                                            dération de l’impact sur les marchés,          de plus en plus à cœur la souveraineté
                                                                                            peut causer beaucoup de dommages.              alimentaire. Ce qui ne nous empêchera
                                                                                              De toute évidence, la gestion de             pas, toutefois, d’axer nos échanges sur
                                                                                            l’offre, loin d’être un modèle passéiste       des produits d’exclusivité, comme ceux
                                                                                            ou rétrograde, constitue un modèle             de l’érable ou du bleuet, ou encore des
                                                                                            d’avenir et avant-gardiste; une com-           produits de commodité courante où
                                                                                            posante moderne, complexe, intégrée            nous avons développé un savoir-faire
                                                                                            et concurrentielle sur le plan mondial.        exceptionnel, unique et d’excellence.
                                                                                            Afin d’éviter que l’on gruge petit à petit
                                                                                            la gestion de l’offre à chaque signature                          Raymond Rouleau,
                                                                                            d’entente de commerce international, il                           producteur en serre
                                                                                            serait grand temps de suivre l’exemple                      Saint-Gédéon, Saguenay–
                                                                                            de « l’exception culturelle » entérinée                               Lac-Saint-Jean

L’éradication de la DEP, un travail d’équipe
  Comme association de transporteurs          sitent par nos transporteurs annuelle-          On fait beaucoup mention des pro-              Nous sommes fiers de la qualité des
d’animaux vivants, nous sommes à tous         ment. Nos chauffeurs ont dû suivre des        ducteurs, des abattoirs et des différents      services de nos transporteurs. Le bien-
points de vue conscients de l’engage-         formations spécifiques. Des investisse-       organismes reliés à l’industrie porcine        être animalier, la biosécurité et les
ment de tous les intervenants de la filière   ments physiques et financiers ont été         qui ont conjugué leurs efforts pour éra-       normes actuelles sont au cœur de nos
porcine afin de contrer la propagation de     réalisés, notamment pour l’assainisse-        diquer la DEP. Pourtant, nos entreprises       préoccupations. Nous continuerons ainsi
la crise épidémique porcine (DEP).            ment des véhicules, le renouvellement         ont joué un rôle prépondérant dans cette       à être vigilants et à protéger la santé por-
  Cependant, les transporteurs sont           plus fréquent des litières et le change-      concertation et ont ainsi pu éviter le pire    cine au Québec.
le maillon central de l’industrie et          ment de vêtements à chacun des sites.         pour l’industrie porcine. Nous croyons
nous estimons avoir déployé tous              Il y a des coûts reliés à ces actions et      fermement que des efforts et des amé-              Jacques Berthiaume, secrétaire de
les efforts possibles afin d’éviter de        les transporteurs ont eu fort à faire dans    liorations ont été faits dans le transport        l’Association québécoise des trans-
graves conséquences pour le secteur.          ce dossier, mais ils n’ont pu compter sur     animalier au Québec depuis les 10 der-                   porteurs d’animaux vivants
Plus de quatre millions de porcs tran-        aucun soutien économique.                     nières années.
Le moulin sans gluten démarre
PAGE 8     LA TERRE DE CHEZ NOUS, 13 janvier 2016

LAIT

Invasion de robots au Lac
MARTIN MÉNARD                                 Des performances comparables
                                              Marie-Claude Morin et son père
  SAINT-BRUNO — Dans la région             Yvan procédaient à trois traites par
du Saguenay–Lac-Saint-Jean, de plus        jour à l’époque où leurs vaches étaient
en plus de producteurs, même sous          attachées. Or, les performances de leurs
régie biologique, confient la traite de    bêtes ont diminué il y a un an et demi à
leurs vaches aux… robots! « En 2008,       la suite de leur déménagement dans la
nous vendions deux à trois robots par      nouvelle étable comportant les robots.
année. Mais présentement, la demande       « Durant la première année avec les
est très forte : j’en ai déjà 10 de ven-   robots, je ne réussissais jamais à retrou-
dus et 2016 est encore jeune », affirme    ver les performances que nous avions
David Côté, détaillant des robots Lely     avant. C’était un peu décevant. Mais
aux Équipements laitiers Gagnon, de        depuis quelques mois, la production par
Saint-Prime.                               vache a grimpé d’environ 5 L/j pour

                                                                                                                                                                                   MARTIN MÉNARD/TCN
  À plus de 250 000 $ pièce, l’inves-      revenir à notre moyenne d’antan [envi-
tissement n’est pas minime. Sans           ron 30 L/j] », note avec enthousiasme
compter que l’installation de robots       la productrice, titulaire d’une formation
requiert souvent des transformations       universitaire en agronomie. Elle ajoute       Martin Pedneault, employé de la Ferme Morivan, apprécie la présence des robots. « Notre
dans l’étable. Or, l’invasion de robots    que la charge de travail a également          travail change; nous avons plus de temps pour observer le troupeau », dit-il.
au Lac s’explique principalement par       diminué. « Au début, j’avais pas mal
la fiabilité maintenant éprouvée de        de vaches récalcitrantes qu’il fallait        temps-ci une moyenne de 3,1 traites par      que chez l’ensemble de ses clients,
cette technologie et ses nombreux          pousser jusqu’aux robots. Maintenant,         jour par vache. C’est très agréable »,       les vaches se présentent au robot en
avantages. De fait, la robotisation per-   il y en a très peu. Et nous obtenons ces      assure-t-elle. David Côté mentionne          moyenne 2,5 fois par jour.
met au producteur laitier de souffler
un peu; la traite n’accapare plus toutes
ses matinées et ses soirées sept jours
sur sept. Surtout que le manque de
                                            Aussi pour les producteurs bio
main-d’œuvre est un problème gran-            À Saint-Prime, les frères Taillon ont investi 1,5 M$ afin        tion. Pas tant pour les vaches, mais pour les humains! Leur
dissant à la ferme. À Saint-Bruno,          que deux robots prennent le contrôle de la traite de leurs         fonctionnement est évidemment très informatisé et il faudra
la Ferme Morivan, qui compte près           65 vaches sous régie biologique. « Nous devions investir           ajuster notre façon de sortir les vaches à l’extérieur avec
de 200 vaches en lactation, a installé      dans nos bâtiments afin de respecter les nouvelles normes          cette nouvelle régie », indique le producteur.
quatre robots. « La principale raison       biologiques. Tant qu’à mettre de l’argent, nous sommes pas-          Un robot peut normalement traire une cinquantaine
qui a guidé notre choix, c’est le pro-      sés à la stabulation libre avec des robots. Il faut dire aussi     de vaches. Grâce à leurs deux robots, les Taillon ont du
blème de main-d’œuvre. Avant, nous          que nous étions tous tannés de tirer les vaches! » avoue en        jeu. C’est qu’ils ont aussi agrandi leur étable afin d’abri-
engagions des travailleurs étrangers        riant Christian Taillon, copropriétaire de la Ferme Taillon &      ter 80 vaches en lactation et ont déjà prévu d’accroître sa
pour la traite, mais en raison des          Fils. Ce qui ajoute en complexité, c’est qu’en bio, les vaches     superficie pour être en mesure d’en traire une centaine. Les
politiques de l’ancien gouvernement         doivent sortir au pâturage durant toute la saison estivale.        robots fonctionnent depuis un mois, et les performances
Harper, tout est devenu compliqué.          Une porte automatique qui se situe immédiatement après             du troupeau sont maintenant revenues au même niveau
Changer pour des robots a été la bonne      les robots forcera les bêtes à se diriger à l’extérieur après la   qu’avant. Les producteurs s’attendent à une augmentation
décision », indique la copropriétaire       traite. « C’est sûr que les robots, ça demande de l’adapta-        de 10 % d’ici un an. M.M.
Marie-Claude Morin.
Le moulin sans gluten démarre
Le moulin sans gluten démarre
PAGE 10      LA TERRE DE CHEZ NOUS, 13 janvier 2016

MARAÎCHERS

La Place des producteurs
fera peau neuve
MYRIAM LAPLANTE EL HAÏLI

  La Place des producteurs au Marché
central sera revitalisée. En partena-
riat avec l’Université Laval, l’Asso-
ciation des producteurs maraîchers du
Québec (APMQ) étudie depuis un an
les différentes options qui permettront
d’optimiser la chaîne de logistique des
producteurs maraîchers. L’enjeu? Un
environnement en constante évolution.
  Les petits détaillants qui venaient au
Marché central chercher leur marchan-
dise ont commencé à vouloir se la faire
livrer, par exemple. Or, « la distribution,
c’est le nerf de la guerre », affirme le
directeur général adjoint à la recherche

                                                                                                                                                                                               ARCHIVES/TCN
et au développement de l’APMQ, Benoit
Désilets. « On sera capables de faire des
économies et de gagner plus de souplesse      En partenariat avec l’Université Laval, l’APMQ étudie les différentes options de revitalisation de la Place des producteurs au Marché central.

                                                                                              si on regroupe dans un même camion les           entre autres pour répondre aux besoins
                                                                                              livraisons de plusieurs producteurs. La          des producteurs et de leurs clients, pour
                                                                                              livraison devient une solution aussi pour        s’adapter aux tendances du commerce
                                                                                              les jeunes qui ne veulent plus nécessai-         et pour rester un réseau de commercia-
                                                                                              rement passer la nuit sur la Place des           lisation compétitif que le Marché central
                                                                                              producteurs. Ça leur fait économiser             sera revitalisé.
                                                                                              du temps et c’est moins astreignant »,              Le projet comporte deux phases :
                                                                                              ajoute-t-il. De plus, aujourd’hui les dis-       le positionnement et la mise à niveau
                                                                                              tributeurs peuvent acheter leurs produits        logistique, qui s’est terminée sur papier
                                                                                              de manière virtuelle et à l’avance. Il fau-      en juin 2015, ainsi que la mise à niveau
                                                                                              dra donc des infrastructures qui permet-         des infrastructures, qui se poursuivra en
                                                                                              tront l’entreposage de ces produits déjà         2016. D’ailleurs, dès le début de l’année
                                                                                              vendus qui n’ont pas à se retrouver sur          prochaine, certains producteurs pourront
                                                                                              les étals. « De nos jours, l’environnement       tester les nouveaux outils logistiques
                                                                                              externe a autant d’impact dans la gestion        dont l’étude fait mention, comme la
                                                                                              d’une entreprise que ce qui se passe à           livraison groupée des commandes pour
                                                                                              l’interne », explique M. Désilets. C’est         les plus petits clients.
LA TERRE DE CHEZ NOUS, 13 janvier 2016     PAGE 11

                                                                                                                                                                BÉTAIL

Une cause sur le transport portée en appel
                                               potentiel pour se rendre jusqu’en Cour    taire en vigueur depuis 1997. « Je pen-      Notons que les Éleveurs de porcs du
                                               suprême.                                  sais que ce genre de loi n’existait qu’en    Québec soutiennent cette cause et ont
            PIERRE-YVON BÉGIN                    Rappelons que Mario Côté a été          Russie », avait déclaré précédemment         fait appel au Fonds de défense profes-
            pybegin@laterre.ca                 condamné à payer plus de 23 000 $         Me Richer à la Terre. Celui-ci estime        sionnelle de l’Union des producteurs
                                               pour avoir transporté en 2013 des porcs   que des dispositions de la SAP violent       agricoles. L’Agence canadienne admet
  Un premier pas vers la Cour suprême          souffrant de hernie ulcérée et de boi-    la Charte canadienne des droits et liber-    avoir jusqu’ici perçu plus de 8 M$ avec
vient d’être franchi dans la cause oppo-       terie. Ces amendes ont été imposées       tés. S’il reconnaît le caractère essentiel   cette loi, 1 063 sanctions administra-
sant la firme de Mario Côté à l’Agence         en vertu de la Loi sur les sanctions      de la Loi afin de protéger les animaux,      tives ayant été imposées. De ce nombre,
canadienne d’inspection des aliments           administratives pécuniaires (SAP) en      la Charte, explique-t-il, assure à tout      843 sanctions ont été infligées à
(ACIA). La Commission de révision              matière d’agriculture et d’agroalimen-    citoyen le droit à un procès équitable.      des éleveurs.
agricole du Canada vient de refuser à
cet éleveur de porcs le droit de contester
des amendes émises par l’Agence pour
avoir transporté des animaux blessés.
  « J’aurais été surpris de gagner et cela
aurait pris un décideur avec des nerfs
d’acier », admet Me Ghislain Richer.
Le procureur de Mario Côté indique
qu’une demande d’appel a aussitôt été
logée auprès de la Cour fédérale. Peu
importe la future décision de ce tribunal
d’appel, convient-il, la cause a tout le

SIROP
La Fédération
maintient la pression
sur S.K. Export
   Loin de désarmer à la suite du refus de
la Cour suprême d’entendre sa cause, la
Fédération des producteurs acéricoles du
Québec maintient la pression sur la firme
S.K. Export, de Kedgwick, au Nouveau-
Brunswick.
   Dans une note à ses administrateurs, la
Fédération indique que toutes les règles
de mise en marché du sirop d’érable
continuent de s’appliquer intégralement
à tous les producteurs et acheteurs, dont
S.K. Export, d’Étienne St-Pierre.
   Rappelons que le 17 décembre dernier,
le plus haut tribunal au pays refusait d’en-
tendre la Fédération à la suite du refus
d’un tribunal du Nouveau-Brunswick de
faire appliquer une injonction interlocu-
toire provenant du Québec. La Fédération
rappelle que la décision du tribunal ne
porte aucunement sur la compétence de
la Régie des marchés agricoles et alimen-
taires du Québec à l’égard des acheteurs
étrangers, encore moins sur les produc-
teurs qui exportent leur sirop d’érable.
   « Il est toujours illégal pour un ache-
teur à l’extérieur du Québec, souligne
la Fédération, d’acheter directement du
sirop en vrac d’un producteur du Québec
en outrepassant la mise en marché collec-
tive des acériculteurs. » P.-Y.B.
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                                                                       SOUS LE RADAR
ANALYSE

Vers une
« révolution »
des programmes
agricoles?

                                                                                                                                                                                         REUTERS/STÉPHANE MAHÉ
THIERRY LARIVIÈRE                              inefficace, et qu’il faut continuer de
                                               réduire le rôle de l’État dans la fou-
  L’exercice de « rigueur » budgétaire         lée de ce qu’ont fait les gouverne-
du gouvernement Couillard pourrait             ments Reagan et Thatcher au cours des
                                                                                          Les auteurs du livre The Fourth Revolution, que le premier ministre Couillard apprécie,
bien inclure un objectif plus important        années 1980. À cet égard, certains pays    préconisent la fin des subventions agricoles et la réduction du rôle de l’État. Jusqu’où ira
de « réinvention » de l’État dans l’esprit     asiatiques sont cités en exemple, comme    le premier ministre?
des deux auteurs anglais qui inspirent le      Singapour, parce qu’ils prennent des
premier ministre.                              décisions plus rapidement étant donné      tiel de croissance de l’économie », peut-       américain de l’Agriculture (USDA) et
  Lors d’une réunion de hauts fonc-            que la démocratie est moins présente à     on lire à la page 185 (traduction libre).       sur son nombre d’employés, qui sont
tionnaires en 2014, ce dernier a tenu          tous les échelons.                            Un peu plus loin, les auteurs illustrent     respectivement de 150 G$ et de plus de
des propos (rapportés par Le Devoir le                   Et en agriculture?               les excès du « capitalisme des petits           100 000 personnes.
6 octobre de la même année) suivant les-         Fait à souligner, les auteurs se pro-    copains » en s’appuyant sur l’exemple             L’ouvrage suggère de mettre fin aux
quels un livre l’inspirait; il conseillait à   noncent sur les subventions agricoles :    de l’agriculture. Ils montrent qu’aux           subventions américaines plutôt que
tous de le lire. L’ouvrage, qui s’intitule     « Il y a en fait plusieurs façons d’amé-   États-Unis 10 % des plus grosses                de les réformer, même si les autres
The Fourth Revolution – The Global             liorer l’État sans que ça coûte quoi que   entreprises agricoles reçoivent 68 %            pays développés continuent de soute-
Race to Reinvent the State (Penguin            ce soit. Se débarrasser des subventions    des subventions pour les produits de            nir leurs agriculteurs. Pour appuyer cet
Press, 2014), a été écrit par deux des         agricoles est un moyen simple d’y arri-    base. Ces sommes nuisent par la suite           argument, les auteurs citent l’exemple
patrons de la revue The Economist, John        ver : abolir l’équivalent moderne de la    aux producteurs des pays émergents              de la Nouvelle-Zélande, qui a « com-
Micklethwait et Adrian Wooldridge.             Loi sur le maïs produirait immédiate-      et « coulent les chances d’un accord            plètement » supprimé ses subventions
  En résumé, les auteurs estiment que          ment un gain en réduisant les dépenses     de commerce global ». Le livre met              agricoles en 1984. « Le changement a
l’État providence est devenu trop gros,        publiques tout en augmentant le poten-     l’accent sur le budget du département           suscité une forte résistance au départ,
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                                                                      SOUS LE RADAR
                                             tenir cette conversion. La chute du prix     de réduction de l’État préconisé par ce     que le gouvernement veuille se retirer
                                             mondial du lait représente donc un coup      livre. On peut néanmoins constater          progressivement de programmes dont
                                             dur pour les producteurs laitiers néo-       que la commission Robillard, sous la        les coûts, assez imprévisibles, sont plus
                                             zélandais, qui reçoivent les prix les plus   gouverne du ministre Coiteux, va dans       faibles qu’avant. La proposition de la
                                             bas de la dernière décennie et qui ont       ce sens : elle a recommandé la fin de       commission Robillard de mettre fin au
                                             été les moins bien payés dans le monde       l’assurance stabilisation du revenu agri-   programme de remboursement de taxes
                                             au cours des derniers mois. Sans une         cole (ASRA), et le ministre Paradis a       pour le secteur agricole est du même
                                             remontée du prix du lait, l’année 2016       récemment proposé aux agriculteurs un       acabit. On ne sait cependant pas encore
                                             pourrait être très difficile pour eux.       choix qui risque de diminuer le nombre      si cette coupe sera réalisée ni si un taux
                                                            Influence?                    de productions ayant accès à ce filet de    de taxation moindre serait imposé aux
                                               Difficile de dire jusqu’où le gouver-      sécurité pour le revenu agricole. Sans      municipalités pour le foncier agricole si
                                             nement Couillard veut aller dans le type     se désengager complètement, il semble       c’était le cas.

mais les agriculteurs se sont vite adaptés
et ont prospéré », affirment Wooldridge
et Micklethwait. Ces derniers estiment
que les agriculteurs néo-zélandais ont
augmenté leur productivité, ont renforcé
des marchés de niche comme le kiwi et
se sont diversifiés grâce aux revenus ne
provenant pas de l’agriculture.
  On constate néanmoins aujourd’hui
que l’agriculture néo-zélandaise subit
les contrecoups de la baisse marquée du
prix mondial du lait et cherche à expor-
ter davantage par le truchement du futur
Partenariat transpacifique. De fait, selon
la Federated Farmers de la Nouvelle-
Zélande, le peu de marge positive dans
la production de viande ovine et bovine
a convaincu plusieurs agriculteurs de se
convertir à la production laitière depuis
le début du siècle. La dette a donc quin-
tuplé depuis 2000, notamment pour sou-
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