Le moulin sans gluten démarre
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V ol o l . 8 7 , n o 2 – 13 a u 19 j an anvi vier er 2 01 0166 – w w w . lla a te t e rr r r e . ca c a – U n c ah a h ie i e r – 2 4 p a g e s – 2,25 $ Une nouvelle tuile Le moulin sans sur le secteur laitier gluten démarre PAGE 3 PAGE 5 ARCHIVES/TCN ARCHIVES/TCN Maria annonce sa retraite MYRIAM LAPLANTE EL HAÏLI/TCN PAGE 2 Vol 87 #02 02 1 Messageries Dynamiques 78313 02664 7 2,25$ 10013
PAGE 2 LA TERRE DE CHEZ NOUS, 13 janvier 2016 UNE RETRAITE BIEN MÉRITÉE « Merci, tu as changé ma vie » D’ailleurs, lorsqu’un agriculteur vient la voir à la Maison de répit, les MYRIAM LAPLANTE EL HAÏLI premières questions qu’elle lui pose mlaplante@laterre.ca concernent sa ferme. « J’ai souvent dit dans ma vie : est-ce que c’est l’en- SAINT-HYACINTHE – Tout au treprise qui vous mène ou est-ce que long de sa carrière, Maria Labrecque c’est vous qui menez l’entreprise? Si Duchesneau a reçu de nombreux prix c’est vous qui menez l’entreprise, il se et distinctions. Mais le plus beau peut qu’à la fin de l’année vous ayez souvenir qu’elle emporte avec elle, mal partout, que tout ça devienne trop c’est la reconnaissance des personnes gros pour vous et que ça se transforme qu’elle a aidées. La fondatrice et en une source de stress. » directrice générale de l’organisme Au Continuité assurée cœur des familles agricoles (ACFA) a « Je pars confiante », affirme-t-elle. annoncé au conseil d’administration Malgré le départ de sa fondatrice, l’or- qu’elle allait prendre officiellement sa ganisme continuera à offrir les nom- retraite au cours de l’année 2016. breux services aux producteurs qui en Changer des mentalités auront besoin. La présidente d’ACFA, MYRIAM LAPLANTE EL HAÏLI/TCN « Une fois, j’ai redonné le sourire Lise Tremblay, insiste : « Maria s’en à un monsieur parce que je lui avais va, mais la qualité du service sera trouvé de la paille pour son champ de maintenue. Il y aura une continuité fraises », raconte-t-elle. Des anecdotes avec la personne qui va la remplacer, comme celle-là, Mme Labrecque mais surtout avec les producteurs qui Duchesneau en a beaucoup. Dès Maria Labrecque Duchesneau s’apprête à passer le flambeau après avoir passé 17 ans à viennent nous voir. » Et pour la suite? qu’elle peut aider une personne en dif- œuvrer auprès des familles agricoles. Mme Labrecque Duschesneau entame ficulté, elle n’hésite pas, même pour un retrait progressif de ses fonc- de la paille. À chacun ses stress et ses agriculteur : la fierté, l’orgueil et la tés dans le milieu et défendre le monde tions jusqu’au mois de mars, tandis problèmes. méfiance », explique Maria Labrecque agricole devant le grand public ont été qu’ACFA cherche activement un nou- Après 17 ans de bons et loyaux Duchesneau. Gagner la confiance des les grands combats de sa carrière pour veau directeur général et un travailleur services, celle que l’on surnomme producteurs, faire changer les mentali- améliorer le bien-être des producteurs. de rang pour la remplacer. la mère Teresa de l’agriculture se retire. C’est une retraite bien méri- tée, car la mission n’était pas toujours facile : Mme Labrecque Duchesneau a défriché la terre de la santé psycho- Les réalisations de Maria logique en agriculture. Lorsqu’elle Mme Labrecque Duchesneau quitte le navire, mais non sans laisser un riche héritage aux familles agricoles. a commencé à s’intéresser aux pro- • Le réseau de travailleurs de rang; • Une communauté agricole plus sensible à la santé blèmes psychologiques des produc- • La Maison de répit de Saint-Hyacinthe; psychologique; teurs en 1998, elle savait que tout • Le grand public informé de la réalité des producteurs, comme • L’association d’agriculteurs gais Fierté agricole; était à bâtir dans le domaine. « Il y a lors de son passage à l’émission Tout le monde en parle; • L’amélioration du bien-être au sein des familles agricoles. trois caractéristiques de base chez un
LA TERRE DE CHEZ NOUS, 13 janvier 2016 PAGE 3 COMMERCE INTERNATIONAL L’OMC frappe le secteur laitier canadien cesser d’exporter et les volumes en question ne pourront plus être produits. THIERRY LARIVIÈRE « C’est à peu près l’équivalent de 1 % tlariviere@laterre.ca de la production laitière qui devrait être affecté », estime Yves Leduc, spécia- Après l’impact du Partenariat trans- liste du commerce international pour pacifique, voilà que l’Organisation les Producteurs laitiers du Canada mondiale du commerce (OMC) impose (PLC). M. Leduc précise que l’effet au Canada une mesure qui fera baisser négatif se fera surtout sentir à la fin d’environ 1 % la production nationale de 2020 à cause d’une certaine « flexi- de lait d’ici cinq ans. bilité » dans l’entente, qui permet au Cette mauvaise nouvelle découle Canada, à la Suisse et à la Norvège de de l’entente de Nairobi, conclue le différer de quelques années leurs sub- 19 décembre dernier, qui prévoit la fin ventions à l’exportation dans le secteur des subventions à l’exportation dans le laitier. ARCHIVES/TCN secteur agricole. Or, le système cana- Effets dès cette année dien de gestion de l’offre dans le secteur En attendant la fin de 2020, l’entente laitier a été considéré comme l’équiva- de Nairobi aura quand même un certain Pour diminuer la pression internationale sur la gestion de l’offre dans le secteur laitier, lent d’une subvention par un panel de effet. Le Canada est déjà limité, depuis producteurs et transformateurs doivent trouver des solutions de compromis sur toutes les l’OMC il y a une dizaine d’années. le 1er janvier, aux volumes d’exporta- composantes du lait. Pour chaque tonne de produits laitiers tion antérieurs. L’effet serait cepen- vendus à l’étranger par le Canada, on dant peu important à court terme, selon « Il y a un manque d’équilibre dans de moins de 1 % en 2020. Ce pourcen- doit donc calculer comme subvention l’analyse préliminaire des PLC. Au cette entente », déplore Yves Leduc, tage serait une comparaison avec les la différence entre le prix mondial et le fil des années, les exportations cana- qui rappelle que l’OMC, dans le cycle meilleures années d’exportation. Or, prix domestique. Puisqu’il ne s’agit pas diennes se cantonnaient surtout dans la de Doha, devait normalement en arriver il y a parfois des revers qui font que d’une subvention en argent, le Canada poudre de lait écrémé, le beurre, le fro- à un équilibre entre l’accès aux mar- le Canada exporte moins de produits ne peut pas simplement arrêter de mage et quelques autres produits moins chés agricoles, le soutien interne et les laitiers certaines années. L’impact de payer. Si rien ne change, celui-ci devra courants. mesures qui affectent la concurrence Nairobi en 2020 pourrait donc être à l’exportation. L’entente de Nairobi « minime », surtout si d’autres solu- porte sur un seul de ces points, ce qui tions sont trouvées avec les transfor- désavantage le Canada par rapport à mateurs (voir encadré). Solutions possibles des pays comme ceux de l’Union euro- péenne, qui profitent bien davantage du Le président Letendre demeure néan- moins très critique du résultat de la Il n’y a pas de solution directe à la perte de volume associée à cette entente par- soutien interne. négociation à Nairobi, qui ne fait rien tielle à l’OMC. « Les producteurs et les transformateurs travaillent à des solutions Le président des Producteurs de lait pour réduire les subventions octroyées pour faire croître le marché », affirme cependant Yves Leduc. Ces discussions du Québec, Bruno Letendre, estime aux producteurs par les États-Unis ou pourraient mener à de nouvelles façons de valoriser des solides non gras qui vont que l’impact de l’OMC pourrait être par l’Union européenne. en partie à l’alimentation animale pour le moment. Des pourparlers avec les trans- formateurs et le gouvernement fédéral pourraient aussi aboutir à un déplacement des importations de concentrés protéiques en provenance des États-Unis. « Si on limitait l’importation des concentrés, ça enlèverait de la pression », reconnaît le Sur le Web laterre.ca spécialiste des PLC. Entente imminente Actualités/Élevages y Invasion de robots au Lac Bruno Letendre ne nie pas l’effet de la dernière entente à l’OMC, mais il estime qu’une solution est en vue. « On est en négociation avec les transformateurs Actualités/Économie justement à propos d’une classe de lait non contingentée », affirme-t-il. Si cela y L’OMC frappe le secteur laitier se met en place, ce lait ne sera plus payé au prix intérieur, mais au prix normal y Le sans gluten de la Gaspésie : c’est parti d’exportation. Il y aurait donc possibilité de produire et d’exporter des solides Commentez à facebook.com/laterreca non gras (lait écrémé en poudre) sans contrevenir aux nouvelles règles de l’OMC. Le prix reçu par les producteurs serait moindre que pour le lait frais, mais Bruno La question de la semaine Letendre estime qu’il faut considérer que des produits qui vont en ce moment à y Que pensez-vous du sans gluten? l’alimentation animale sont encore moins payants. Venez répondre à laterre.ca Les discussions avec les transformateurs portent également sur la question des solides non gras et non concentrés. Cela pourrait faire en sorte que l’industrie Résultats du sondage y Y aura-t-il des produits du terroir sous votre sapin? canadienne cesse d’importer du lait diafiltré et d’autres produits du même type et se consacre uniquement à transformer du lait canadien. « Les transformateurs Oui, tous mes cadeaux 16 % / Non, aucun produit périssable 57 % / Peut-être, c’est une idée! 27 % canadiens veulent transformer au Canada », estime Bruno Letendre. T.L.
PAGE 4 LA TERRE DE CHEZ NOUS, 13 janvier 2016 ACTUALITÉ Une année chargée pour les Canards du lac Brome MYRIAM LAPLANTE EL HAÏLI ET MARTIN MÉNARD L’année 2016 sera assurément char- Claude Laroche gée pour les Canards du lac Brome. L’entreprise a récemment fait l’acquisi- amer tion de l’abattoir des Viandes Laroche à Le « père » des Viandes Laroche, Asbestos, et des investissements impor- Claude Laroche, est demeuré silen- tants sont nécessaires pour convertir ses cieux depuis la fermeture de ses infrastructures à l’abattage de canards. infrastructures ultramodernes qui À cela s’ajoute maintenant la recons- avaient nécessité des investissements truction du bâtiment de Racine détruit de près de 10 M$. par les flammes le 1er janvier. M. Laroche, qui n’avait pas le cœur ARCHIVES/TCN Incendie majeur à la fête, a accepté de discuter briève- Quinze pour cent de la production ment avec la Terre. « Je suis déçu et de l’entreprise Canards du lac Brome a Malgré l’incendie du début de janvier, l’entreprise Canards du lac Brome se consolide en choqué, mais c’est la vie », dit celui été décimée à Racine en Estrie. Le pro- 2016. Elle pourrait devenir le troisième plus gros joueur en Amérique du Nord. qui a consacré une partie de sa vie à priétaire affirme que les infrastructures, ce projet visant à offrir une viande évaluées entre 3 et 4 M$, sont une perte d’autres bâtiments pour recevoir les à la suite de la faillite des Viandes 100 % québécoise provenant d’ani- totale. prochains lots. Des producteurs de pou- Laroche. L’acheteur disposait d’un cer- maux élevés sans hormones de crois- Les pompiers ont reçu un appel après lets sont prêts à nous accommoder », tain délai pour vérifier l’état des lieux et sance ni antibiotiques, et dotée d’un qu’une colonne de fumée eut été aper- explique au bout du fil le propriétaire de s’assurer que le changement de vocation système de traçabilité. çue au-dessus de Racine. Lorsqu’ils l’exploitation, Mario Côté. Ce dernier de l’abattoir ne pose pas de problèmes Questionné au sujet du change- sont arrivés sur les lieux, le poulailler parle aussi d’accélérer la construction dans l’obtention des permis d’exploi- ment de vocation de « son » abat- de 800 pi sur 80 était déjà brûlé à moi- d’un bâtiment de 400 pi sur 40 déjà en tation gouvernementaux. Tout semble toir, il répond, visiblement amer : tié et les 54 000 canards, impossibles à cours à Knowlton. conforme pour Mario Côté, qui s’envo- « Ce que je peux dire, c’est qu’on sauver. Acquisition confirmée lera dans les prochains jours vers l’Eu- vient de faire une croix sur le bœuf La cause de l’incendie n’est pas Les documents attestant l’acquisi- rope et ensuite vers les États-Unis afin du Québec. Va falloir que quelqu’un encore connue, mais l’acte criminel ne tion des infrastructures d’abattage et de de visiter des manufacturiers d’équipe- d’autre prenne la relève. Comment, je semble pas être envisagé pour l’instant. transformation des Viandes Laroche à ment d’abattage. « On s’entend pour ne sais pas… » M.M. Il pourrait plutôt s’agir d’un bris méca- Asbestos ont été signés tout juste avant dire qu’un canard n’a pas la même taille nique puisque la bâtisse était chauffée et Noël. Comme le rapportait en primeur qu’un bœuf. Les ingénieurs travaillent à 2,5 millions de canards par année, ce qui éclairée à l’électricité et au propane. la Terre en novembre dernier, M. Côté adapter l’abattoir, mais c’est très spécia- en ferait le troisième plus gros joueur « Perdre un bâtiment de cette se servira de ces infrastructures pour lisé et ce type d’infrastructures n’existe dans ce secteur en Amérique du Nord. taille, ce n’est pas rien! La moitié des abattre des canards. pas au Canada. Tant qu’à investir, je Le nouveau propriétaire espère 54 000 canards devaient sortir cette Rappelons que c’est l’offre de M. Côté veux quelque chose de dernier cri », remettre l’usine en fonction dès le début semaine. Il faut maintenant trouver qui avait été retenue par les créanciers explique M. Côté, dont l’entreprise abat de l’été. Le cholestérol des œufs n’est plus un problème THIERRY LARIVIÈRE les messages de santé publique et une mation de gras saturés. Il suggère partie de la population qui respecte les néanmoins que moins de 10 % des La consommation d’œufs ne doit plus recommandations qu’il contient. La calories quotidiennes doivent provenir être limitée à cause de leur teneur en nouvelle version était la première où de ces gras. cholestérol. C’est ce qu’affirme le tout les autorités gouvernementales (agri- Les recommandations pour la viande nouveau guide alimentaire américain, culture et santé) étaient supervisées par ne changent pas, bien que le nouveau qui lève la limite de 300 mg par jour l’Académie nationale de médecine des guide suggère de limiter sa consom- recommandée jusqu’à maintenant. Ce États-Unis. mation d’aliments protéinés. Divers revirement s’explique par de nouvelles Moins de sucre et de gras saturé groupes ont d’ailleurs accusé les auteurs études qui indiquent que le cholesté- Un autre changement important du guide d’avoir cédé au lobby du sec- rol alimentaire n’est plus à surveiller. concerne le sucre. Le guide diététique teur de la viande. ARCHIVES/TCN Il influence moins qu’on le pensait le américain indique maintenant qu’il faut Il est toujours recommandé de hausser mauvais cholestérol sanguin. limiter sa consommation de sucre à sa consommation de fruits et légumes. Le guide américain, révisé tous les 10 % des calories totales de la journée. Le guide alimentaire canadien sera De nouvelles études indiquent que le cho- cinq ans, a une influence notamment sur Le guide continue par ailleurs de révisé prochainement. La dernière ver- lestérol alimentaire influence moins qu’on les écoles, l’aide alimentaire publique, recommander une limite à la consom- sion remonte à 2011. le pensait le mauvais cholestérol sanguin.
LA TERRE DE CHEZ NOUS, 13 janvier 2016 PAGE 5 CULTURES Le sans gluten de Popularité croissante la Gaspésie : c’est parti Le sans gluten, qui semblait être une mode, devient une tendance de consommation, aux États-Unis aux producteurs et être très transparents du moins. Citée sur le site Internet avec eux. Nous travaillerons ensemble à World Grain, la spécialiste en mar- MARTIN MÉNARD la résolution des problèmes, et déjà, une keting Diane Ray mentionne que mmenard@laterre.ca dizaine d’agriculteurs se sont regroupés 6 % des gens qui consomment des sous l’organisme à but non lucratif la produits sans gluten sont atteints La production de près de 4 000 tonnes Filière Grains bio sans gluten de l’Est », de la maladie cœliaque. On estime de farine en Gaspésie à partir de grains explique M. Golliot. Encourager la pro- qu’un individu sur 133 est atteint de sans gluten – un projet dont on parle duction locale demeure une priorité, cette maladie, ce qui représenterait depuis trois ans – est officiellement en mais la minoterie aura besoin de quinoa, 4 millions de personnes en Amérique marche : les silos sont construits et la de légumineuses, de sarrasin, de chanvre du Nord. Or, selon Mme Ray, 46 % INC. ANCIENS meule de même que le trieur optique et d’avoine. Elle ouvrira donc ses portes des foyers américains ont acheté des viennent tout juste d’arriver dans la nou- à tous les producteurs du Québec inté- aliments sans gluten en 2014, une DES velle minoterie située à Sainte-Anne-des- ressés. « Si un producteur, par exemple hausse de 17 % comparativement à LA MINOTERIE Monts. Début mars, les premiers kilos du Lac-Saint-Jean, vient me voir avec 2006. Et la majorité de ces gens le de farine seront produits, jure Patrick 30 tonnes de gourganes certifiées sans font non pas parce qu’ils ont une Patrick Golliot lors de l’achat du bâti- Golliot, directeur de La Minoterie des gluten, je lui signe un contrat tout de ment qui abrite la nouvelle Minoterie des intolérance au gluten, mais parce Anciens inc. suite! » assure le directeur. Anciens inc. qu’ils ont la perception que ces ali- L’investissement de 2 M$ permettra de De l’avoine à 750 $ la tonne ments sans gluten sont santé et leur commercialiser des farines, des huiles et La Minoterie des Anciens inc., qui défi pour nos producteurs de la région permettent de se sentir mieux. M.M. des graines décortiquées sans gluten ou appartient à Denise Verreault, femme n’est pas le sans gluten, c’est de passer certifiées biologiques sans gluten comme d’affaires connue pour être à la barre d’une production de grains destinée aux le quinoa, le sarrasin, l’avoine et le du Groupe maritime Verreault, entend animaux à une production destinée aux chanvre. Le projet suscite beaucoup d’in- offrir un maximum de revenus aux agri- humains. Pour certains, il y aura des térêt chez différents acheteurs, dont des culteurs afin de favoriser la qualité de ajustements et des investissements à supermarchés québécois et même une leur récolte. Patrick Golliot signe pré- faire, notamment quant à l’entreposage entreprise californienne. L’enthousiasme sentement des contrats de 750 $ la tonne des grains », fait remarquer M. Golliot, gagne aussi les producteurs agricoles de pour de l’avoine sans gluten et de 900 $ particulièrement excité de voir enfin le la région, puisque la minoterie envisage la tonne pour du sarrasin sans gluten, projet « décoller ». d’acheter 7 000 tonnes de grains sans glu- soit un prix plus de deux fois supérieur La meunerie est certifiée sans gluten ten, cultivés localement de préférence. à celui du conventionnel. « Nous avons par un certificateur externe. Les produc- « Nous avons une vision locale. Nous un cahier des charges sévère, mais nous teurs, pour l’instant, n’ont pas à se cer- voulons offrir l’encadrement technique payons en conséquence. Car le plus gros tifier. Une ferme 100 % sans gluten À Hébertville, près d’Alma, Jacques Dallaire et son fils peuvent amplement contaminer ta récolte avec le gluten. Guillaume cultivent 300 hectares de grains biologiques et Nous désirons bâtir une offre de produits sécuritaire, et c’est sans gluten. À la Ferme Tournevent, pas question de semer pour cette raison que nous avons sorti toutes les cultures à risque de notre rotation », explique M. Dallaire. Enfin, des primes! Avec leurs grains sans gluten, les Dallaire se positionnent dans un marché de niche qui bonifie leur marge bénéfi- ciaire et améliore leurs perspectives de mise en marché. Si au début ils recevaient peu – ou pas – de primes associées MARTIN MÉNARD/TCN au sans gluten, ils encaissent aujourd’hui 30 $ la tonne de plus pour du chanvre sans gluten. « Les prix augmentent chaque année pour du chanvre et du sarrasin bio sans gluten. Les Dallaire cultivent exclusivement des grains sans gluten sur L’offre ne suffit pas; on pourrait vendre deux à trois fois 400 hectares. Ils emploient de la machinerie de pointe et condi- notre récolte », souligne M. Dallaire. tionnent eux-mêmes leurs grains pour ce marché de niche. L’annonce de La Minoterie des Anciens, en Gaspésie, ARCHIVES/TCN du blé, du seigle ou de l’orge : la ferme cultive entièrement ravit les propriétaires de la Ferme Tournevent. « C’est une des grains sans gluten, ce qui diminue les risques de contami- bonne nouvelle de voir qu’ils ont l’intention de commercia- nation. « Il suffit d’un grain de blé dans une poche de 20 kg liser un volume important de produits sans gluten et qu’ils L’engouement pour les aliments sans pour déclasser le produit. Suivant la même logique, sept ou ont les contacts pour le faire. Nous les appellerons, c’est cer- gluten ne serait pas sur le point de huit plants de blé sur un hectare de sarrasin, par exemple, tain! » assure M. Dallaire. M.M. s’essouffler, d’après le site américain World Grain.
PAGE 6 LA TERRE DE CHEZ NOUS, 13 janvier 2016 ÉDITORIAL En 2016, le gouvernement croit-il en son secteur agroalimentaire? 2014, 151 M$ en 2015) et des surplus accumulés inacceptable. Québec peut et doit faire plus. par la FADQ. Au lieu d’utiliser une partie des L’automne dernier, la FRAQ a transmis au premier MARCEL surplus pour bonifier les programmes, comme le ministre et au ministre de l’Agriculture son GROLEAU proposaient la FADQ, le ministère de l’Agriculture, mémoire sur ses aspirations et ses besoins pour Président général de des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec nourrir le Québec de demain. L’accès aux terres l’Union des producteurs (MAPAQ) et l’Union des producteurs agricoles est au cœur des barrières que nos jeunes doivent agricoles (UPA), le gouvernement a plutôt créé une réserve surmonter et des gestes doivent être posés à de 300 M$. Actuellement, seule la faiblesse du très brève échéance. La hausse fulgurante de la dollar canadien compense la baisse des prix valeur des terres est devenue un frein majeur à sur les marchés internationaux. Et pendant ce l’établissement. Elle a aussi une incidence énorme Pour une quatrième année consécutive, temps, en raison de l’incertitude entretenue par sur le Programme de crédit de taxes foncières l’Organisation des Nations unies pour le gouvernement, les investissements à la ferme agricoles et, plus largement, sur le fardeau fiscal l’alimentation et l’agriculture (FAO) a annoncé sont à la baisse, incluant ceux requis pour se des agriculteurs. une baisse des prix alimentaires mondiaux. conformer aux attentes quant au bien-être animal. La valeur des matières premières agricoles a en L’adhésion récente du Canada au Partenariat effet diminué tout au long de l’année (15,4 % Pour progresser, le secteur de la transformation transpacifique (PTP) teintera également notre dans le secteur des céréales, 15,1 % dans celui des alimentaire a besoin que l’agriculture en action en 2016. Cette entente est là pour rester. viandes). Or, malgré les prix moindres obtenus fasse autant. En décembre dernier, l’UPA et Ratifiée ou non en 2016, les engagements par les producteurs dans le monde, ceux payés le Conseil de la transformation alimentaire du pris lors de la campagne électorale fédérale par les consommateurs augmentent plus vite Québec, avec l’appui de La Coop fédérée, du visant à dédommager les producteurs sous que l’inflation. Paradoxal, me direz-vous? Eh bien, Mouvement Desjardins et de la Faculté des gestion de l’offre devront être respectés. non. En alimentation, la demande est inélastique, sciences de l’agriculture et de l’alimentation de Des investissements accrus en recherche et c’est-à-dire que la baisse ou la hausse des prix l’Université Laval, ont réclamé conjointement que développement sont aussi nécessaires pour n’a pas beaucoup d’impact sur la consommation. l’agroalimentaire soit intégré au Plan économique véritablement profiter du PTP et de l’accord Les géants de l’alimentation ont très bien du gouvernement du Québec, comme c’est le cas Canada-Europe. compris ce phénomène. Les prix bas que en Ontario. L’Union et ses partenaires insisteront, reçoivent les producteurs ne sont pas refilés aux en 2016, pour que cette proposition obtienne L’agroalimentaire offre de belles perspectives de consommateurs. Personne ne prend un quatrième l’aval du gouvernement. Nous espérons d’ailleurs croissance, mais il faut y croire, investir et piloter repas parce que le prix des aliments a baissé. en discuter directement avec le premier ministre de façon plus efficace la vocation économique du Québec, Philippe Couillard, à brève échéance. du MAPAQ. L’accès aux marchés est d’abord une Le secteur agricole profite d’une embellie des question de compétitivité. Le Québec veut-il prix sur les marchés depuis quelques années Des actions concrètes sont également requises être un joueur plus compétitif? Le gouvernement et les programmes de la Financière agricole du pour épauler la relève agricole. En 2015, au lieu croit-il en son secteur agroalimentaire? On aura la Québec (FADQ) n’ont jamais été si peu sollicités. de travailler avec la Fédération de la relève réponse en 2016. Cette situation a permis au secteur agricole de agricole du Québec (FRAQ) et de profiter de son contribuer plus que tous les autres à l’atteinte expertise, le ministre de l’Agriculture a préféré Bref, encore une grosse année de l’équilibre budgétaire : 1 G$ depuis 2010 en confier l’avenir de nos jeunes à un fonctionnaire devant nous! tenant compte des sommes retenues (113 M$ en à la retraite. Cette décision est tout simplement www.laterre.ca Directeur Directeur Chefs de pupitre André Savard des ventes Richelle Fortin Directrice Pierre Leroux Julie Desbiens de production Ventes Brigit Bujnowski Sylvain Joubert Directeur Daniel Lamoureux administration Marc Mancini Vincent Bélanger-Marceau ABONNEMENT AU QUÉBEC Impression 1 an : 65,54 $ Imprimerie Transmag 2 ans : 104,63 $ Distribution en kiosque 3 ans : 136,82 $ Messageries Dynamiques Paiement par chèque ou mandat Abonnement à l’ordre de La Terre de chez nous Postes Canada NUMÉRO GÉNÉRAL 1 800 528-3773 RÉDACTION PUBLICITÉ ABONNEMENTS ET 450 679-8483 450 679-8483 PETITES ANNONCES poste 7270 poste 7712 1 877 679-7809 tcn@laterre.ca pub@laterre.ca abonnement@laterre.ca ÉDITEUR L’Union des producteurs agricoles 555, boulevard Roland-Therrien, bureau 100 Longueuil (Québec) J4H 3Y9 Dépôts légaux : Bibliothèque nationale du Québec - 1992 Bibliothèque nationale du Canada ISSN 0040 - 3830 La Terre de chez nous, ISSN 0040-3830 (imprimé), ISSN 2369-7660 (en ligne), is published weekly, 51 times per year except first week of January by La Terre de chez nous c/o USACAN Media Corp. at 123A Distribution Way Building H-1, Suite 104, Plattsburgh, N.Y. 12901. 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LA TERRE DE CHEZ NOUS, 13 janvier 2016 PAGE 7 OPINION La gestion de l’offre, un modèle visionnaire Mise en place afin d’assurer l’équi- libre entre les producteurs et les acheteurs, la gestion de l’offre s’est abondamment invitée dans les débats publics de la dernière année dans un contexte de campagne électorale et de signature de l’entente de libre-échange du Partenariat transpacifique (PTP). […] Les agriculteurs sous gestion de l’offre vont à contre-courant des grandes théories économiques qui prédisent que la libéralisation des marchés et le libre- échange vont forcer nos entreprises à être plus compétitives, à stimuler l’éco- nomie, à créer davantage de richesse, à établir une meilleure égalité des chances pour tous. Mais le libre marché ne règle pas tous les problèmes et les dommages PHOTOS : ARCHIVES/TCN collatéraux sont nombreux et difficiles prévoir. Rappelons que le texte final de l’entente du PTP contient plus de 6 000 pages. « La globalisation des marchés augmente la volatilité des prix Le 24 septembre dernier, 1500 producteurs sont descendus dans les rues de Montréal pour démontrer leur appui à la gestion de l’offre. et expose les producteurs à des sources de risques supplémentaires sur lesquels mérats « incapables de s’autoréguler », L’exemple de la Nouvelle-Zélande par 117 pays et de faire de la gestion ils n’ont pas ou peu de contrôle », disait où les intérêts financiers priment au est probant. Elle est en grande partie de l’offre une disposition reconnue en une récente étude publiée par l’Union détriment des conditions environne- responsable des surplus mondiaux de droit international. D’autant plus que des producteurs agricoles. De plus, elle mentales, humaines et sociales et de la lait qui occasionnent des pertes énormes l’agriculture et l’alimentation consti- favorise la formation de grands conglo- dynamique des territoires. de revenus pour tous les producteurs de tuent des éléments qui, depuis toujours, la filière. Cela montre qu’un développe- ont contribué à façonner la culture pro- ment effectué à l’aveuglette, sans consi- fonde des nations et que celles-ci ont dération de l’impact sur les marchés, de plus en plus à cœur la souveraineté peut causer beaucoup de dommages. alimentaire. Ce qui ne nous empêchera De toute évidence, la gestion de pas, toutefois, d’axer nos échanges sur l’offre, loin d’être un modèle passéiste des produits d’exclusivité, comme ceux ou rétrograde, constitue un modèle de l’érable ou du bleuet, ou encore des d’avenir et avant-gardiste; une com- produits de commodité courante où posante moderne, complexe, intégrée nous avons développé un savoir-faire et concurrentielle sur le plan mondial. exceptionnel, unique et d’excellence. Afin d’éviter que l’on gruge petit à petit la gestion de l’offre à chaque signature Raymond Rouleau, d’entente de commerce international, il producteur en serre serait grand temps de suivre l’exemple Saint-Gédéon, Saguenay– de « l’exception culturelle » entérinée Lac-Saint-Jean L’éradication de la DEP, un travail d’équipe Comme association de transporteurs sitent par nos transporteurs annuelle- On fait beaucoup mention des pro- Nous sommes fiers de la qualité des d’animaux vivants, nous sommes à tous ment. Nos chauffeurs ont dû suivre des ducteurs, des abattoirs et des différents services de nos transporteurs. Le bien- points de vue conscients de l’engage- formations spécifiques. Des investisse- organismes reliés à l’industrie porcine être animalier, la biosécurité et les ment de tous les intervenants de la filière ments physiques et financiers ont été qui ont conjugué leurs efforts pour éra- normes actuelles sont au cœur de nos porcine afin de contrer la propagation de réalisés, notamment pour l’assainisse- diquer la DEP. Pourtant, nos entreprises préoccupations. Nous continuerons ainsi la crise épidémique porcine (DEP). ment des véhicules, le renouvellement ont joué un rôle prépondérant dans cette à être vigilants et à protéger la santé por- Cependant, les transporteurs sont plus fréquent des litières et le change- concertation et ont ainsi pu éviter le pire cine au Québec. le maillon central de l’industrie et ment de vêtements à chacun des sites. pour l’industrie porcine. Nous croyons nous estimons avoir déployé tous Il y a des coûts reliés à ces actions et fermement que des efforts et des amé- Jacques Berthiaume, secrétaire de les efforts possibles afin d’éviter de les transporteurs ont eu fort à faire dans liorations ont été faits dans le transport l’Association québécoise des trans- graves conséquences pour le secteur. ce dossier, mais ils n’ont pu compter sur animalier au Québec depuis les 10 der- porteurs d’animaux vivants Plus de quatre millions de porcs tran- aucun soutien économique. nières années.
PAGE 8 LA TERRE DE CHEZ NOUS, 13 janvier 2016 LAIT Invasion de robots au Lac MARTIN MÉNARD Des performances comparables Marie-Claude Morin et son père SAINT-BRUNO — Dans la région Yvan procédaient à trois traites par du Saguenay–Lac-Saint-Jean, de plus jour à l’époque où leurs vaches étaient en plus de producteurs, même sous attachées. Or, les performances de leurs régie biologique, confient la traite de bêtes ont diminué il y a un an et demi à leurs vaches aux… robots! « En 2008, la suite de leur déménagement dans la nous vendions deux à trois robots par nouvelle étable comportant les robots. année. Mais présentement, la demande « Durant la première année avec les est très forte : j’en ai déjà 10 de ven- robots, je ne réussissais jamais à retrou- dus et 2016 est encore jeune », affirme ver les performances que nous avions David Côté, détaillant des robots Lely avant. C’était un peu décevant. Mais aux Équipements laitiers Gagnon, de depuis quelques mois, la production par Saint-Prime. vache a grimpé d’environ 5 L/j pour MARTIN MÉNARD/TCN À plus de 250 000 $ pièce, l’inves- revenir à notre moyenne d’antan [envi- tissement n’est pas minime. Sans ron 30 L/j] », note avec enthousiasme compter que l’installation de robots la productrice, titulaire d’une formation requiert souvent des transformations universitaire en agronomie. Elle ajoute Martin Pedneault, employé de la Ferme Morivan, apprécie la présence des robots. « Notre dans l’étable. Or, l’invasion de robots que la charge de travail a également travail change; nous avons plus de temps pour observer le troupeau », dit-il. au Lac s’explique principalement par diminué. « Au début, j’avais pas mal la fiabilité maintenant éprouvée de de vaches récalcitrantes qu’il fallait temps-ci une moyenne de 3,1 traites par que chez l’ensemble de ses clients, cette technologie et ses nombreux pousser jusqu’aux robots. Maintenant, jour par vache. C’est très agréable », les vaches se présentent au robot en avantages. De fait, la robotisation per- il y en a très peu. Et nous obtenons ces assure-t-elle. David Côté mentionne moyenne 2,5 fois par jour. met au producteur laitier de souffler un peu; la traite n’accapare plus toutes ses matinées et ses soirées sept jours sur sept. Surtout que le manque de Aussi pour les producteurs bio main-d’œuvre est un problème gran- À Saint-Prime, les frères Taillon ont investi 1,5 M$ afin tion. Pas tant pour les vaches, mais pour les humains! Leur dissant à la ferme. À Saint-Bruno, que deux robots prennent le contrôle de la traite de leurs fonctionnement est évidemment très informatisé et il faudra la Ferme Morivan, qui compte près 65 vaches sous régie biologique. « Nous devions investir ajuster notre façon de sortir les vaches à l’extérieur avec de 200 vaches en lactation, a installé dans nos bâtiments afin de respecter les nouvelles normes cette nouvelle régie », indique le producteur. quatre robots. « La principale raison biologiques. Tant qu’à mettre de l’argent, nous sommes pas- Un robot peut normalement traire une cinquantaine qui a guidé notre choix, c’est le pro- sés à la stabulation libre avec des robots. Il faut dire aussi de vaches. Grâce à leurs deux robots, les Taillon ont du blème de main-d’œuvre. Avant, nous que nous étions tous tannés de tirer les vaches! » avoue en jeu. C’est qu’ils ont aussi agrandi leur étable afin d’abri- engagions des travailleurs étrangers riant Christian Taillon, copropriétaire de la Ferme Taillon & ter 80 vaches en lactation et ont déjà prévu d’accroître sa pour la traite, mais en raison des Fils. Ce qui ajoute en complexité, c’est qu’en bio, les vaches superficie pour être en mesure d’en traire une centaine. Les politiques de l’ancien gouvernement doivent sortir au pâturage durant toute la saison estivale. robots fonctionnent depuis un mois, et les performances Harper, tout est devenu compliqué. Une porte automatique qui se situe immédiatement après du troupeau sont maintenant revenues au même niveau Changer pour des robots a été la bonne les robots forcera les bêtes à se diriger à l’extérieur après la qu’avant. Les producteurs s’attendent à une augmentation décision », indique la copropriétaire traite. « C’est sûr que les robots, ça demande de l’adapta- de 10 % d’ici un an. M.M. Marie-Claude Morin.
PAGE 10 LA TERRE DE CHEZ NOUS, 13 janvier 2016 MARAÎCHERS La Place des producteurs fera peau neuve MYRIAM LAPLANTE EL HAÏLI La Place des producteurs au Marché central sera revitalisée. En partena- riat avec l’Université Laval, l’Asso- ciation des producteurs maraîchers du Québec (APMQ) étudie depuis un an les différentes options qui permettront d’optimiser la chaîne de logistique des producteurs maraîchers. L’enjeu? Un environnement en constante évolution. Les petits détaillants qui venaient au Marché central chercher leur marchan- dise ont commencé à vouloir se la faire livrer, par exemple. Or, « la distribution, c’est le nerf de la guerre », affirme le directeur général adjoint à la recherche ARCHIVES/TCN et au développement de l’APMQ, Benoit Désilets. « On sera capables de faire des économies et de gagner plus de souplesse En partenariat avec l’Université Laval, l’APMQ étudie les différentes options de revitalisation de la Place des producteurs au Marché central. si on regroupe dans un même camion les entre autres pour répondre aux besoins livraisons de plusieurs producteurs. La des producteurs et de leurs clients, pour livraison devient une solution aussi pour s’adapter aux tendances du commerce les jeunes qui ne veulent plus nécessai- et pour rester un réseau de commercia- rement passer la nuit sur la Place des lisation compétitif que le Marché central producteurs. Ça leur fait économiser sera revitalisé. du temps et c’est moins astreignant », Le projet comporte deux phases : ajoute-t-il. De plus, aujourd’hui les dis- le positionnement et la mise à niveau tributeurs peuvent acheter leurs produits logistique, qui s’est terminée sur papier de manière virtuelle et à l’avance. Il fau- en juin 2015, ainsi que la mise à niveau dra donc des infrastructures qui permet- des infrastructures, qui se poursuivra en tront l’entreposage de ces produits déjà 2016. D’ailleurs, dès le début de l’année vendus qui n’ont pas à se retrouver sur prochaine, certains producteurs pourront les étals. « De nos jours, l’environnement tester les nouveaux outils logistiques externe a autant d’impact dans la gestion dont l’étude fait mention, comme la d’une entreprise que ce qui se passe à livraison groupée des commandes pour l’interne », explique M. Désilets. C’est les plus petits clients.
LA TERRE DE CHEZ NOUS, 13 janvier 2016 PAGE 11 BÉTAIL Une cause sur le transport portée en appel potentiel pour se rendre jusqu’en Cour taire en vigueur depuis 1997. « Je pen- Notons que les Éleveurs de porcs du suprême. sais que ce genre de loi n’existait qu’en Québec soutiennent cette cause et ont PIERRE-YVON BÉGIN Rappelons que Mario Côté a été Russie », avait déclaré précédemment fait appel au Fonds de défense profes- pybegin@laterre.ca condamné à payer plus de 23 000 $ Me Richer à la Terre. Celui-ci estime sionnelle de l’Union des producteurs pour avoir transporté en 2013 des porcs que des dispositions de la SAP violent agricoles. L’Agence canadienne admet Un premier pas vers la Cour suprême souffrant de hernie ulcérée et de boi- la Charte canadienne des droits et liber- avoir jusqu’ici perçu plus de 8 M$ avec vient d’être franchi dans la cause oppo- terie. Ces amendes ont été imposées tés. S’il reconnaît le caractère essentiel cette loi, 1 063 sanctions administra- sant la firme de Mario Côté à l’Agence en vertu de la Loi sur les sanctions de la Loi afin de protéger les animaux, tives ayant été imposées. De ce nombre, canadienne d’inspection des aliments administratives pécuniaires (SAP) en la Charte, explique-t-il, assure à tout 843 sanctions ont été infligées à (ACIA). La Commission de révision matière d’agriculture et d’agroalimen- citoyen le droit à un procès équitable. des éleveurs. agricole du Canada vient de refuser à cet éleveur de porcs le droit de contester des amendes émises par l’Agence pour avoir transporté des animaux blessés. « J’aurais été surpris de gagner et cela aurait pris un décideur avec des nerfs d’acier », admet Me Ghislain Richer. Le procureur de Mario Côté indique qu’une demande d’appel a aussitôt été logée auprès de la Cour fédérale. Peu importe la future décision de ce tribunal d’appel, convient-il, la cause a tout le SIROP La Fédération maintient la pression sur S.K. Export Loin de désarmer à la suite du refus de la Cour suprême d’entendre sa cause, la Fédération des producteurs acéricoles du Québec maintient la pression sur la firme S.K. Export, de Kedgwick, au Nouveau- Brunswick. Dans une note à ses administrateurs, la Fédération indique que toutes les règles de mise en marché du sirop d’érable continuent de s’appliquer intégralement à tous les producteurs et acheteurs, dont S.K. Export, d’Étienne St-Pierre. Rappelons que le 17 décembre dernier, le plus haut tribunal au pays refusait d’en- tendre la Fédération à la suite du refus d’un tribunal du Nouveau-Brunswick de faire appliquer une injonction interlocu- toire provenant du Québec. La Fédération rappelle que la décision du tribunal ne porte aucunement sur la compétence de la Régie des marchés agricoles et alimen- taires du Québec à l’égard des acheteurs étrangers, encore moins sur les produc- teurs qui exportent leur sirop d’érable. « Il est toujours illégal pour un ache- teur à l’extérieur du Québec, souligne la Fédération, d’acheter directement du sirop en vrac d’un producteur du Québec en outrepassant la mise en marché collec- tive des acériculteurs. » P.-Y.B.
PAGE 12 LA TERRE DE CHEZ NOUS, 13 janvier 2016 SOUS LE RADAR ANALYSE Vers une « révolution » des programmes agricoles? REUTERS/STÉPHANE MAHÉ THIERRY LARIVIÈRE inefficace, et qu’il faut continuer de réduire le rôle de l’État dans la fou- L’exercice de « rigueur » budgétaire lée de ce qu’ont fait les gouverne- du gouvernement Couillard pourrait ments Reagan et Thatcher au cours des Les auteurs du livre The Fourth Revolution, que le premier ministre Couillard apprécie, bien inclure un objectif plus important années 1980. À cet égard, certains pays préconisent la fin des subventions agricoles et la réduction du rôle de l’État. Jusqu’où ira de « réinvention » de l’État dans l’esprit asiatiques sont cités en exemple, comme le premier ministre? des deux auteurs anglais qui inspirent le Singapour, parce qu’ils prennent des premier ministre. décisions plus rapidement étant donné tiel de croissance de l’économie », peut- américain de l’Agriculture (USDA) et Lors d’une réunion de hauts fonc- que la démocratie est moins présente à on lire à la page 185 (traduction libre). sur son nombre d’employés, qui sont tionnaires en 2014, ce dernier a tenu tous les échelons. Un peu plus loin, les auteurs illustrent respectivement de 150 G$ et de plus de des propos (rapportés par Le Devoir le Et en agriculture? les excès du « capitalisme des petits 100 000 personnes. 6 octobre de la même année) suivant les- Fait à souligner, les auteurs se pro- copains » en s’appuyant sur l’exemple L’ouvrage suggère de mettre fin aux quels un livre l’inspirait; il conseillait à noncent sur les subventions agricoles : de l’agriculture. Ils montrent qu’aux subventions américaines plutôt que tous de le lire. L’ouvrage, qui s’intitule « Il y a en fait plusieurs façons d’amé- États-Unis 10 % des plus grosses de les réformer, même si les autres The Fourth Revolution – The Global liorer l’État sans que ça coûte quoi que entreprises agricoles reçoivent 68 % pays développés continuent de soute- Race to Reinvent the State (Penguin ce soit. Se débarrasser des subventions des subventions pour les produits de nir leurs agriculteurs. Pour appuyer cet Press, 2014), a été écrit par deux des agricoles est un moyen simple d’y arri- base. Ces sommes nuisent par la suite argument, les auteurs citent l’exemple patrons de la revue The Economist, John ver : abolir l’équivalent moderne de la aux producteurs des pays émergents de la Nouvelle-Zélande, qui a « com- Micklethwait et Adrian Wooldridge. Loi sur le maïs produirait immédiate- et « coulent les chances d’un accord plètement » supprimé ses subventions En résumé, les auteurs estiment que ment un gain en réduisant les dépenses de commerce global ». Le livre met agricoles en 1984. « Le changement a l’État providence est devenu trop gros, publiques tout en augmentant le poten- l’accent sur le budget du département suscité une forte résistance au départ,
LA TERRE DE CHEZ NOUS, 13 janvier 2016 PAGE 13 SOUS LE RADAR tenir cette conversion. La chute du prix de réduction de l’État préconisé par ce que le gouvernement veuille se retirer mondial du lait représente donc un coup livre. On peut néanmoins constater progressivement de programmes dont dur pour les producteurs laitiers néo- que la commission Robillard, sous la les coûts, assez imprévisibles, sont plus zélandais, qui reçoivent les prix les plus gouverne du ministre Coiteux, va dans faibles qu’avant. La proposition de la bas de la dernière décennie et qui ont ce sens : elle a recommandé la fin de commission Robillard de mettre fin au été les moins bien payés dans le monde l’assurance stabilisation du revenu agri- programme de remboursement de taxes au cours des derniers mois. Sans une cole (ASRA), et le ministre Paradis a pour le secteur agricole est du même remontée du prix du lait, l’année 2016 récemment proposé aux agriculteurs un acabit. On ne sait cependant pas encore pourrait être très difficile pour eux. choix qui risque de diminuer le nombre si cette coupe sera réalisée ni si un taux Influence? de productions ayant accès à ce filet de de taxation moindre serait imposé aux Difficile de dire jusqu’où le gouver- sécurité pour le revenu agricole. Sans municipalités pour le foncier agricole si nement Couillard veut aller dans le type se désengager complètement, il semble c’était le cas. mais les agriculteurs se sont vite adaptés et ont prospéré », affirment Wooldridge et Micklethwait. Ces derniers estiment que les agriculteurs néo-zélandais ont augmenté leur productivité, ont renforcé des marchés de niche comme le kiwi et se sont diversifiés grâce aux revenus ne provenant pas de l’agriculture. On constate néanmoins aujourd’hui que l’agriculture néo-zélandaise subit les contrecoups de la baisse marquée du prix mondial du lait et cherche à expor- ter davantage par le truchement du futur Partenariat transpacifique. De fait, selon la Federated Farmers de la Nouvelle- Zélande, le peu de marge positive dans la production de viande ovine et bovine a convaincu plusieurs agriculteurs de se convertir à la production laitière depuis le début du siècle. La dette a donc quin- tuplé depuis 2000, notamment pour sou-
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