La mondialisation en fonctionnement Sujet d'étude : Sport, mondialisation et géopolitique depuis les années 1930
←
→
Transcription du contenu de la page
Si votre navigateur ne rend pas la page correctement, lisez s'il vous plaît le contenu de la page ci-dessous
La mondialisation en fonctionnement Sujet d'étude : Sport, mondialisation et géopolitique depuis les années 1930 Introduction Accroche : Citation : « Compte tenu de ce que représente le sport, un succès sportif peut servir une nation autant qu'une victoire militaire », Gerald Ford, 1974 Définitions termes, enjeux, chronologie : Le sport a toujours été un enjeu des relations internationales : les Jeux olympiques auraient été créés pour mettre fin e e aux conflits qui ravageaient le Péloponnèse, et du 7 jour avant l'ouverture des Jeux au 7 après leur clôture, les hostilités étaient suspendues pendant une Trêve qui fut rarement violée. Héros populaires, les champions contribuaient à la gloire de leur cité. À partir de la fin du XIXe, les sports modernes, qui ont connu plusieurs mondialisations, sont progressivement devenus un élément de soft power des États et se sont retrouvés au cœur d'importants enjeux financiers et géopolitiques. Le sport, pourtant, est traditionnellement défini comme un ensemble d’amusements (il est issu du mot desport, utilisé au Moyen-âge pour évoquer la distraction). Il va progressivement désigner des pratiques de plus en plus codifiées, donnant lieu à des compétitions institutionnalisées. Les sports modernes sont nés au Royaume-Uni, au XIXe siècle, de pratiques populaires ou aristocratiques liées à des objectifs d'inspiration puritaine (canaliser l'énergie d'hommes jeunes et leur donner un esprit d'équipe et de solidarité). Le contexte est alors propice à l’expansion du sport : L’ industrialisation qui va séparer le temps de travail du temps libre. Pratiqués par des amateurs, codifiés dans des associations ou ligues sportives privées, ils ont connu une première mondialisation dans le cadre de la domination britannique. La codification va permettre d’aboutir à des disciplines distinctes : par exemple le football et le rugby dérivent d’un même jeu traditionnel mais sont devenus des sports différents du fait de désaccords sur les règles à appliquer. Des rencontres internationales ont été organisées (Coupe Davis en 1900 par exemple) et les différents sports se sont structurés en fédérations internationales (comme la Fédération Internationale de Football Association en 1904) qui jouèrent rapidement un rôle géostratégique important, au-delà de l'échelon national. En témoigne la création en 1894 par le baron Pierre de Coubertin du Comité international olympique (CIO), ONG supranationale qui, dans un esprit d'apolitisme, d'éducation et de rapprochement des peuples, organisa en 1896 à Athènes des premiers Jeux Olympiques modernes. Si les rivalités nationales existèrent dès les débuts de l'organisation du mouvement sportif, elles furent renforcées après la Première Guerre mondiale par l'essor de nouvelles idéologies et l'implication des États, démocratiques et surtout totalitaires. Ces régimes totalitaires exploitèrent en effet le sport comme instrument de diffusion de leur idéologie, de contrôle social et d'affirmation de leur puissance. Les victoires italiennes lors des Coupes du monde de football de 1934 et 1938, comme les Jeux Olympiques de 1936 à Berlin sont caractéristiques de cette étatisation/nationalisation du sport, qui marque la fin de sa première mondialisation, et qui se poursuit après la Seconde Guerre mondiale avec les succès sportifs de l'URSS, des démocraties populaires et de la Chine. Le sport est aujourd’hui une pratique universelle, un élément du mode de vie, un enjeu économique majeur, au cœur de la mondialisation économique. Problématique : Comment le sport a-t-il été un instrument géopolitique ainsi qu’un marqueur de la mondialisation depuis les années 30 ? Le sport au cœur des relations internationales depuis 1930 : l’exemple des JO A. Sports et totalitarismes Le sport devient affaire d’Etat : Avec la mise en place des régimes totalitaires la pratique sportive, qui jusque là relevait de la sphère privée, est prise en main par l’Etat. En 1933 par exemple, Mussolini place à la tête du comité olympique italien rien de moins que le secrétaire du Parti national fasciste et leader des jeunesses fascistes : Achille Starace. En Allemagne, Hitler créé un poste de Reichsportfürhrer (leader national des sports), qu’il confie aussi à un haut dignitaire nazi. 1
Quels enjeux pour le sport en Allemagne et en Italie : En Allemagne et en Italie on observe le souci de développer les qualités physiques et morales de la race (+ bien sûr contexte de limitation de l’immigration, exclusion de population, stimulation de la natalité, valorisation d’une forme de virilité …) : forger un homme nouveau, appartenant à la race saine et forte. En Allemagne on observe aussi la volonté de maintenir la pureté raciale : ce qui exclue donc certaines populations de la pratique sportive et en particulier les juifs. Le sport permet l’intégration et l’encadrement des masses, en offrant notamment des compensations de prestige et des opportunités de promotion individuelle. Le sport permet de préparer le peuple à l’affrontement : en Italie par exemple ce sont les sports les plus représentatifs des valeurs militaires, dont on estime qu’ils sont les plus aptes à développer les valeurs guerrières, qui vont être valorisés et qui vont donner à l’Italie ses principaux titres : escrime, boxe, aviation et sports mécaniques, équitation + le football. Le sport comme vitrine des régimes totalitaires : le sport est aussi une vitrine aux yeux du monde pour l’Italie et l’Allemagne à cette période (par pour l’URSS, voir suite). Les jeux olympiques de Berlin de 1936 vont consacrer la suprématie olympique du Reich : vainqueur officieux de la compétition avec 89 médailles contre 66 aux Etats-Unis. L’Italie fasciste arrive en troisième position. Le choix du CIO de prendre Berlin comme ville d’accueil est antérieur à l’arrivée d’Hitler au pouvoir (1930) ; le CIO s’est interrogé entre temps mais n’a pas changé son choix initial. Grandes idées à développer (pour le groupe qui va travailler dessus): avec ces JO de Berlin en 1936, l’olympisme change de nature : on passe d’un monde amateur et oisif à une véritable compétition entre Etats. L’Allemagne a multiplié les constructions : grand stade dans la banlieue de Berlin, axe de transports (autoroutes, métro …), modernité urbaine, village olympique moderne. La célébration de l’Allemagne passe par des cérémonies : ouverture des jeux, défilé des jeunesses hitlériennes, ville drapée de croix gammées, cérémonie d’ouverture qui associe tradition olympique et nazisme, hasard de la proximité des saluts nazis et olympiques (saluts de la délégation française applaudis comme salut nazis !), mais aussi la suspension pendant les jeux des pratiques nazies d’encadrement de la société. Grande modernité : propagande, publicité : brochures, cartes postales, posters, émissions radios (+ de 2500 heures d’émission dans plus de 28 langues !), tribune de presse, essais de télévision par câble. Des jeux filmés : Olympia, les Dieux du stade de Leni Riefenstahl http://www.youtube.com/watch?v=0Xa1FfTJXbY : aryanisme (corps allemands musclés …), la ville de Berlin. Noter aussi que les olympiades de Berlin ont été boycottées par les olympiades populaires de Barcelone (qui était une autre ville candidate) : contexte particulier du début de la guerre d’Espagne : contre-jeux dans une Europe traversée par le clivage entre démocratie et Etats totalitaires et dans une Europe mouvante. Les Jeux antifascistes ont été interrompus par le début de la guerre civile en juillet. 22 pays y ont inscrit plus de 5000 athlètes. Cela a provoqué une division au sein de certains pays comme la France où l’extrême droite soutenait les jeux de Berlin et la gauche ceux de Barcelone (ex deLéo Lagrange), secrétaire d’Etat du front populaire, mais Léon Blum qui n’engage pas l’Etat français. Assemblée qui vote la participation de la France aux jeux de Berlin. Signalons d’abord que certains sportifs resteront se battre en Espagne contre Franco. Les masses encadrées par le sport dans l’URSS stalinienne jusqu’en 1945 La Grande parade sur la place rouge : ces grandes parades avaient à la fois pour but un culte du chef mais aussi celui d’illustrer la conception proprement soviétique du sport : sur le slogan à droite : « vive le guide du grand parti communiste, le meilleur ami des gymnastes, le camarade Staline ». Au centre effigie d’athlète sur fond d’étoile rouge, portraits de Staline et Lénine accrochés aux murs du Kremlin + devise « prêt pour le travail et la défense » … Donc : une pratique étroitement liée à la préparation militaire (même pour les filles recrutées à titre volontaire) des masses disciplinées : exécution impeccable des figures Le sport n’avait pas la même place que dans les autres pays totalitaires en URSS durant l’entre deux guerres. Théoriquement : le sport était accessible aux masses et ne devait être pratiqué que par des amateurs, et le sport était plutôt de l’ordre de l’hygiène de vie. Le sport était alors considéré comme un bon moyen pour lutter contre l’alcoolisme, l’illettrisme, et apprendre aux différents peuples des républiques soviétiques à vivre ensemble : d’ailleurs les sportifs des différentes républiques participaient à de grandes manifestations sportives sensées prouver la dimension d’égalité et de fraternité de l’URSS. Les grandes usines entretenaient des clubs sportifs dont le matériel était mis gratuitement à la disposition du personnel (les kolkhozes étaient cependant trop pauvres pour bénéficier d’équipement sportifs, et d’ailleurs les ruraux n’éprouvaient pas le besoin de faire du sport, étant déjà en plein air toute la journée). Plusieurs sports était considérés comme bourgeois (ski, tennis) et d’autres pourris par le professionnalisme (football). En fait, l’amateurisme n’existait pas : il était aussi fictif que l’actuel amateurisme dans les grandes universités américaines (basketball, baseball …) : celui qui était affecté du nom de sportif était un professionnel ou semi-professionnel même si le sport professionnel n’existait pas vraiment. Le sportif recevait d’ailleurs de l’Etat une bourse, dont personne ne connaissait le montant, vu qu’elle portait le cachet ‘ultra-secret’ (pratique des enveloppes secrètes très courante pour rémunérer les membres de la nomenklatura). Aussi, plusieurs champions sportifs périrent-ils dans les purges quand leur popularité commençait à offusquer le guide. On sait aussi que Staline supportait mal l’idée que les foules se déplaçait plus spontanément pour aller voir un match de foot que pour un défilé sur la place rouge. Le sport se trouve aussi instrumentalisé au niveau du mouvement communiste international : en 1921 est créée l’IRS : Internationale Rouge du Sport et à partir de 1928 l’IRS organise les spartakiades, afin de cimenter les liens entre les prolétaires 2
de pays différents et pour compenser son absence aux jeux olympiques. Ce n’est qu’après 1945 que l’on va réussir à convaincre le guide Staline que les jeux renforceraient le prestige de l’URSS. Dans les démocraties : le sport au service de l’épanouissement de l’individu : On pourra faire travailler les élèves sur les J.O. De Berlin en 1936, premiers jeux télévisés de l'histoire. On utilisera le site de l'exposition du Mémorial de la Shoah « Des J.O. De Berlin aux J.O. De Londres (1936-1948). Le sport européen à l'épreuve du nazisme » http://sport.memorialdelashoah.org/exposition-decennie-jeux-olympiques.htm et celui de l'exposition « The Nazi Olympics. Berlin 1936 » du United States Holocaust Memorial Museum http://www.ushmm.org/museum/exhibit/online/olympics/sitemenu.php?lang=en ainsi que la présentation des Jeux de Berlin sur le site officiel du Mouvement olympique http://www.olympic.org/fr/berlin-1936-olympiques-ete et ce site qui présente le boycott des J.O. De Berlin http://www.leboycott.fr/remarquables/le-boycott-des-jeux-de-berlin-en-1936/ sans oublier des extraits du film de propagande de Leni Riefenstahl, Olympia. Les Dieux du stade, 1938 ni les contre J.O., les Olympiades populaires de Barcelone en 1936 http://www.sofoot.com/blogs/marxist/les-olympiades- populaires-de-barcelones-un-passe-qui-ne-passe-pas-148952.html et les médailles de Jesse Owens, l’athlète noir américain. http://www.youtube.com/watch?v=HCmvDwDocrw B. La guerre froide et l’instrumentalisation idéologique du sport Après la Seconde Guerre mondiale, le sport est de plus en plus une arme géopolitique majeure pour les responsables politiques et économiques. (cependant nous pouvons nuancer ce découpage chronologique car la vraie césure se place après la ère 1 GM quand les jeux se détachent de leur idéal de départ pour devenir un affrontement entre nations). Il devient un enjeu de plus en plus fort dans les relations internationales, qu'il s'agisse de la Guerre froide (l'URSS, qui boycottait les J.O. Et le « sport bourgeois » adhère au CIO en 1951 et participe aux J.O. À partir de 1952), + enjeu de l'émergence du Tiers Monde, de la situation des Noirs américains, des relations israélo-palestiniennes, de la lutte contre les dictatures militaires d'Amérique du Sud ou contre l''apartheid en Afrique du Sud, ou de l'affirmation nationale. Le sport, substitut à la guerre Comme la dissuasion nucléaire empêche les Etats-Unis et l’URSS de s’affronter directement, le sport devient dès lors un enjeu important de la guerre froide. C’est en particulier les jeux olympiques, qui théoriquement sont un événement apolitique et fair play, qui vont devenir la principale arène de combat. Les JO deviennent un véritable outil de propagande (voir l’affiche officielle des jeux de Moscou : anneaux olympiques détournés par la couleur unique, le rouge, lignes qui se rejoignent symbolisant une piste d’athlétisme et les couloirs sont surmontés d’une étoile rouge représentant le Kremlin) et les sportifs sont considérés comme les symboles de la nation. L’ événement retransmis mondialement, notamment à la TV, les JO deviennent un nouveau terrain pour combattre l’ennemi. Surtout, très rapidement, la course à l’espace et les JO sont les seules activités où les soviétiques peuvent encore concurrencer les américains … C’est en 1951 que l’URSS, qui boycottait jusqu’alors les JO et le sport bourgeois, adhèrent au CIO. Les soviétiques étaient absents des jeux depuis 1912 et vont faire leur réapparition 40 ans plus tard sur la scène olympique, en 1952 lors des jeux d’Helsinki, pour un « choc des géants » annoncé à grand fracas par les médias. A la lecture des journaux de l’époque c’est toute la thématique des discours de la guerre froide qui resurgit (en 1952 = en pleine guerre de Corée, après la première crise de Berlin, maccarthysme aux Etats-Unis …). Course au succès, course au dopage Lors des JO d’Helsinki en 1952, les EU l’emportent d’une courte tête sur l’URSS (76 médailles contre 71). Dans le bloc soviétique, les athlètes sont sélectionnés dès le plus jeune âge, puis soumis à un entraînement et à un dopage intensifs. Les résultats ne se font pas attendre : aux JO de Melbourne en 1956 l’URSS remporte 96 médailles contre 74 pour les Etats-Unis. Par la suite les soviétiques vont confirmer leur supériorité : sept fois sur neuf pendant ses apparitions aux JO l’URSS ème bat les EU et finit 2 les deux autres fois. Comte tenu de l’importance de l’enjeu, tous les moyens étaient mobilisés et l’URSS en particulier va mettre en place une véritable machine à champions : hiérarchisation des sports pour privilégier les disciplines olympiques majeures, système de détection pour trouver des potentiels talents dès leur plus jeune âge, supervision de l’Etat avec des programmes d’éducation spécialisés, longues heures quotidiennes d’entrainement et surtout … place des scientifiques pour améliorer les performances : dopage généralisé. Le cas particulier de la RDA : la RDA ira encore plus loin en développant ses propres méthodes de dopage : volontarisme est- allemand qui va transformer les athlètes féminines en hybrides semi hommes-femmes, notamment les nageuses est-allemandes tristement célèbres. Boycotts et soutiens Dès 1952 et les JO d’Helsinki les soviétiques construisent leur propre village olympique, le village d’Otaniemi, pour être protégés des mauvaises influences des pays du bloc de l’ouest. En 1956 les boycottes commencent : pour protester contre la violente répression de l’insurrection de Budapest (rappel sur l’arrivée de Imre Nagy au pouvoir, la sortie du pacte de Varsovie, proclamation de la neutralité hongroise, intervention de l’armée rouge …) l’Espagne la Suisse et les Pays-Bas boycottent les JO de Melbourne. 3
Puis les JO de Moscou en 1980 : dans un contexte à la fois de déclin de EU (perte de l’allié iranien, défaire au Vietnam, Watergate, pays africains qui passent côté communiste, extension communiste en Amérique latine …) les EU prennent comme prétexte l’invasion de l’Afghanistan par l’URSS pour appeler au boycott : seules 80 nations sont alors représentées au JO, plus faible chiffre de puis 1956. Cela prive alors Moscou d’une reconnaissance internationale qu’elle espérait avoir. En occident néanmoins les réactions vont être partagées : La France et l’Angleterre vont par exemple participer aux jeux. Moscou tente de rendre la pareilel 4 ans après pour les JO de Los Angeles mais seuls 12 pays communistes suivront l’exemple de l’URSS. Par exemple la Roumanie de Ceaucescu décide de participer à ces jeux ainsi que la Yougoslavie. Les EU s’étaient alors préparés à ce boycott, notamment en affrétant des avions pour proposer un transport gratuit aux sportifs venus d’Afrique. Les Etats-Unis soutenaient aussi l’action des dissidents du bloc de l’est : par exemple aux JO de Melbourne en 1956, 45 sportifs hongrois (année de répression) s’échappent et demandent l’asile à l’ambassade américaine : l’épisode fut fortement médiatisé, avec même un voyage à travers les EU visant à montrer la générosité américaine et condamner le géant russe. Les JO et les autres conflits de la guerre froide : La compétition entre les 2 Allemagnes : A partir des JO de Mexico en 1968 les deux équipes sont représentées (avant elles l’étaient conjointement, dans les années 50 et 60). Alors que le RFA a été la grande gagnante de la guerre froide entre les 2 Allemagne sur le plan économique et politique, la RDA a écrasé son adversaire lors des JO. Aux JO de Séoul en 1988 la RDA a même gagné plus de médailles d’or que les EU ! Le dopage était alors systématisé et étatisé. Les conflits internes au bloc soviétique : Les JO vont aussi être l’occasion pour les démocraties populaires de se battre contre l’Union soviétiques : deux exemples majeurs : La demi-finale de water-polo entre l’URSS et la Hongrie en 1956 qui finit dans un « bain de sang » pour reprendre l’expression des quotidiens de l’époque : bagarre générale très violente entre les joueurs des deux pays alors que la Hongrie gagnait 4-0. Autre exemple en 1980 avec la Pologne : contexte de mise en place d’une opposition en Pologne : c’est en particulier l’année de la création de Solidarnosc (au mois d’aout) ; des mouvements de travailleurs luttent contre les ordres de Moscou dans un contexte de crise économique. Geste annonciateur aux JO de Moscou : le bras d’honneur du perchiste Wladyslaw Kozakiewicz : bras d’honneur au public qui devient un geste politique contre l’URSS. Athlète polonais meilleur perchiste du monde : sur le sautoir il est conspué par la foule moscovite, notamment car il est dans un mano a mano avec un sauteur soviétique : à 5,65m il prend la tête du concours, à 5,75m il remporte le titre, à 5,78m il devient recordman du monde ! Le gouvernement polonais très gêné excusera ce geste en parlant de « spasme musculaire » … en 1985 l’athlète passe en RFA et devient champion d’Allemagne. L’exemple des jeux d’Helsinki en 1952 marque la médiatisation des JO : Ces jeux vont marquer le renforcement de la compétition étatique : c’est notamment à partir de là que les journalistes commencent réellement à comptabiliser les médailles. Ces jeux marquent le retour des soviétiques aux jeux : absents depuis 1912. Contexte de tensions internationales : guerre en Corée, France enlisée en Indochine, Staline qui va bientôt mourir. Marques de tension : pays de l’est retranché dans le camp d’Otaniemi à l’ouest de la ville, quelques confrontations directes entre américains et soviétiques (basketball et finale du 3000m steeple). Il est surtout très intéressant d’analyser la presse de l’époque , les journaux des deux camps renvoient des images très différentes des athlètes et résultats : pour les journaux soviétiques : Amérique vue comme celle du dollar, alliée au fascisme (notamment proche du président du CIO Avery Brundage considéré comme proche des nazis dans les années 30), tandis que les sportifs soviétiques sont décrits comme des travailleurs et militants révolutionnaires : exemple en particulier du marathonien Zatopek comparé à un héroïque mineur. Symétriquement, côté américain : les athlètes prouvent les vertus du système libéral, liberté, self-made-men, joie de vivre en Amérique qui permet de dépasser les limites du corps humain. Mais le sport peut aussi être un facteur de rapprochement : Il faut citer l’Exemple de la diplomatie du ping-pong : voyage des pongistes américains en Chine à la veille du rapprochement entre EU et Chine (voyage de Nixon en Chine). (cf le film Forest Gump) C. Les JO au cœur des revendications politiques La lutte contre la colonisation et pour l’émergence des pays du Tiers-Monde Exemple symbolique : Abébé Bikila : premier athlète d’Afrique « noire » médaillé d’or olympique : originalité de l’exemple car confrontation entre plusieurs périodes historiques : contexte : Rome accueille les JO en 1960. Les organisateurs italiens font les choses en grand avec un parcours qui passe devant tous les grands sites antiques (forum, Colisée, arc de triomphe de Constantin …) et de l’unité italienne (Vittoriano, soldat inconnu ..). La volonté de l’Italie est alors de rappeler la grandeur sous l’empire romain, la naissance de l’Etat nation au XIXème, et la modernité nouvelle. Bikila : athlète né en Ethiopie en 1932 cad 3 ans avant l’invasion de l’Ethiopie par les troupes mussoliniennes. Cet athlète court pieds nus et remporte le marathon en un temps record de 2H15 ! Symbole fantastique : héros de la nation éthiopienne, domination sur l’Italie ancienne puissance coloniale ; premier athlète d’Afrique noire champion. Il gagne à nouveau 4 ans plus tard à Tokyo et ouvre la porte à une longue série de champion éthiopiens … Il meurt en 1973 : deuil national. Le CIO va conduire auprès des pays du Sud, rendus plus nombreux par le mouvement de décolonisation, une politique de rapprochement, d’aide, de soutien. Le CIO soutient le mouvement des non-alignés. Exemple de l’équipe de football du FLN en Algérie : Exemple de l'équipe de football du FLN à la fin des années 1950 http://www.rue89.com/rue89-sport/2011/11/10/la-recherche-des-selections-de-foot-disparues-le-fln-et-lindependance ) : La lutte contre l’apartheid en AS et pour les droits civiques aux EU 4
La lutte contre l’apartheid a servi de ciment unificateur entre les pays d’Afrique. Elle a été envisagée dès les JO de Tokyo en 1964 et de Mexico en 1968. L’isolement sportif de l’Afrique du Sud est officialisé en 1972 quand le CIO, grâce à la fermeté des africains, vote la fin de la reconnaissance du CNO sud-africain. Le 3 juillet 1976 les pays africains annoncent qu’ils boycotteront les jeux si la Nouvelle-Zélande, qui entretient de bonnes relations avec l’Afrique du Sud, n’est pas exclue. En effet contexte particulier de l’année 76 : massacres de Soweto + All Blacks (NZ)qui ont rencontré les Springboks (AF du Sud) en violation des accords internationaux. 27 pays africains décident de ne pas prendre part aux jeux face à l’intransigeance du CIO. Aux JO de Mexico en 1968 : le 4 avril 1968 : Martin Luther King est assassiné. Mouvements de protestations aux EU notamment black panthers. Un professeur de l’université de San José aux EU appelle aussi au boycott les noirs américains contre l’apartheid. Le 19 juillet, après les sélections américaines, Lee Evans, l’un des principaux athlètes américains, déclare que les athlètes, par un vote, ont décidé « presque à l’unanimité d’aller à Mexico. Mais il y a également unanimité pour protester d’une manière ou d’une autre à ces Jeux. » Ce que sera cette protestation, je ne le sais pas encore » (propos rapportés par le journal L’Équipe). Les sportifs noirs étaient cependant divisés sur la question, notamment parce que le sport était facteur d’intégration. Dans la course du 200 m, Tommie Smith bat le record du monde, devant l’Australien Peter Norman et John Carlos. La démonstration politique se concentre sur la cérémonie protocolaire de remise des médailles. Brundage (président du CIO), que les athlètes noirs considèrent comme le porte- parole du racisme blanc américain, est absent de la cérémonie. Les deux athlètes retirent leurs chaussures pour souligner la pauvreté de la communauté noire, Carlos, survêtement ouvert montre un maillot noir, il porte un collier de perles noires, ils affichent de longues chaussettes noires, les associant au Black Power. Au moment où l’hymne américain retentit, ils lèvent un poing ganté de noir (anecdote vraisemblable, le bras droit pour l’un, gauche pour l’autre, car Carlos ayant oublié sa paire de gants ils ont dû partager celle de Smith !) et baissent la tête. Smith et Carlos sont exclus des Jeux. Les Jeux continuent et d’autres Noirs américains entrent en action. Lee Evans, en améliorant le record du monde, remporte le 400 m devant Larry James et Ronald Freeman. L’extraordinaire triplé lors de la course la plus rapide jusqu’alors se traduit par une montée sur le podium avec le béret des Black Panthers sur la tête de chacun d’eux et le poing levé au moment de l’hymne. Aucune sanction n’est prononcée contre ceux dont il est attendu qu’ils pulvérisent le record du monde du relais 4 fois 400 m quelques jours plus tard. Le sauteur en longueur Bob Beamon leva lui aussi le poing sur le podium dont il occupait la plus haute marche. Le geste de Smith et Carlos fit avancer la cause des Noirs aux États-Unis d’Amérique comme du reste le refus de Cassius Clay de servir au Vietnam, en la médiatisant. Les Jeux mexicains n’échappent pas au grand mouvement de contestation ressenti un peu partout dans le monde. Quelques mois après l’assassinat de Martin Luther King, les athlètes américains manifestent leur opposition à la ségrégation raciale. L’image de Tommie Smith et John Carlos brandissant le poing ganté des Black Panthers (photo d’illustration) fera le tour du monde. Les deux sprinteurs seront exclus à vie par le comité olympique américain mais leurs noms resteront gravés dans l’histoire. Ils seront suivis par Lee Evans, Ron Freeman et Larry James, coiffés du béret des B.P. sur le podium du 400 mètres. 5
Le conflit israélo-palestinien : exemple de Munich, 1972 : les JO otages du Moyen-Orient Prise d’otage mise en scène en 2005 dans un film éponyme par Steven Spielberg. Dans les années 1960, le terrorisme révolutionnaire, lié aux mouvements de décolonisation, dont la volonté était d'instaurer des sociétés nouvelles, disparaît progressivement avec la mort de Che Guevara. Le terrorisme prend alors une voie internationale. L’Organisation de libération de la Palestine (OLP) naît en mai 1964, Yasser Arafat en devient le président en 1969 et radicalise les comportements de l’organisation. Cette dernière est chassée de Jordanie en 1970 dans des conditions particulièrement violentes avec de multiples massacres. Le mouvement terroriste palestinien Septembre noir voit alors le jour. Les conditions difficiles de la pratique politique au Moyen-Orient poussent cette organisation à faire connaître ses revendications par l’acte terroriste inscrit dans l’actualité : détournements aériens, attaques de lieux de pouvoir. En 1972, les Jeux olympiques, événement médiatisé à échelle mondiale, deviennent un lieu tout désigné. La prise d’otage fait des Jeux non un objectif mais un moyen de médiatisation de la cause palestinienne. Lors de la prise d’otages pendant les Jeux de Munich, les revendications des Palestiniens affirment bien aussi la dimension internationale de ce terrorisme qui exige la libération de prisonniers palestiniens en Israël mais aussi de Syriens, de Libanais, ou encore d’Andreas Baader et Ulrike Meinhof, chefs internés de la fraction armée rouge allemande (la bande à Baader) Fermeté du gouvernement israélien refusant de négocier, amateurisme des autorités locales qui ne maîtrisent à aucun moment la médiatisation de l’événement, violence du commando, tous ces éléments conduisent à une fin tragique : une fusillade nourrie sur le tarmac de l’aéroport entre terroristes et « tireurs d’élite » de la police allemande se termine par l’exécution des otages. Conséquences : poursuite des épreuves dans une approche classique de la distinction entre Jeux olympiques et politique mais aussi avec l’argument de donner sens aux morts en poursuivant le message de paix que représente l’olympisme conséquence dans les démocraties occidentales sur l’organisation de la lutte antiterroriste. Israël réagit très rapidement. Face à la violence terroriste, face au soutien dont bénéficie la cause palestinienne en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, l’armée organise des représailles contre les bases palestiniennes au Liban. Au- delà de ces raids dénoncés par le conseil de sécurité de l’ONU, le Mossad entre dans une démarche de long terme contre les acteurs et organisateurs des événements de Munich à travers l’opération « Colère de Dieu » qui permet d’abattre quelques leaders palestiniens. II. Le sport, vecteur et reflet de la mondialisation Depuis les années 1980, le sport s'est inscrit dans la professionnalisation et la mondialisation, passant d'enjeux géopolitiques (qui n'ont pas tous disparus) à des enjeux plus géoéconomiques. Les activités sportives, individuelles et collectives, se sont diffusées de l'Europe sur tous les continents : aux J.O. de Pékin en 2008 204 pays ont participé, soit plus qu'à l'ONU. L'impact planétaire du sport est renforcé par le poids croissant des medias et des FTN, qui se traduit par des investissements (droits de retransmission, sponsoring, contrats publicitaires...) considérables, certains grands clubs (football) étant même côtés en Bourse. Cela explique la compétition entre États pour organiser des événements sportifs : le sport est devenu un élément du soft power, utilisé par certains États pour affirmer leur puissance ou promouvoir leur image. Cette mondialisation du sport se traduit aussi par des inégalités et des flux : quelques sports sont privilégiés par les medias, tous les sports ne sont pas réellement mondialisés, et il y a un marché international des joueurs ainsi qu'une Nouvelle division internationale du travail, par exemple dans le football. A. La mondialisation progressive des sports Ce sont tout d’abord les britanniques qui vont répandre le sport dans une grande partie du monde : une fois les règles fixées elles vont être diffusées par les marins, les soldats et les émigrés britanniques à travers tout l’empire. Avec cette diffusion, il va y avoir une uniformisation progressive des pratiques sportives, ce qui va permettre l’organisation de compétitions internationales : JO en 1896, coupe du monde de football en 1930. Carte nombre de pays participant aux JO : Le nombre de CNO (comité nationaux olympiques) est assez révélateur de la mondialisation des sports : en 1896 il existe 14 CNO sur 3 continents, en 1912 : 27, 1936 : 49, 205 en 2008 avec une forte hausse pendant la décolonisation et l’explosion de l’URSS. Notons aussi que le CIO est avec la croix rouge l’une des plus anciennes ONG au monde, et certainement la plus ancienne forme de gouvernance mondiale. L’exemple de l’athlétisme : le processus de diffusion de l’athlétisme est ancien et assez similaire aux autres sports mondialisés : l’athlétisme moderne est né en Angleterre et a été très tôt diffusé en Amérique du Nord. A la fin du XIXème siècle il se répand rapidement en Europe occidentale ainsi que dans les différentes colonies européennes. Dans l’entre-deux-guerres ce sont les athlètes japonais de niveau mondial qui émergent puis après la seconde guerre mondiale les jamaïcains. L’Afrique arrive sur la scène mondiale dans les années 60 (même si les athlètes africains des colonies étaient déjà représentés avant comme le sur marathon B El Ouafi en 1928 et en 1956 A Mimoun sous les couleurs françaises). Dans les années 60 ce sont les éthiopiens (Abébé Bikila) et les kenyans qui s’alignent sur les moyennes et longues distances. 6
B. Le sport, reflet d’une mondialisation inégale et incomplète JO : à la base Pierre de Coubertin voulait faire émerger une géographie sportive différente de la géographie politique … L’étude des résultats sportifs nous permet à la fois de voir que le sport reproduit les inégalités de la mondialisation mais aussi les contredit parfois. D’ailleurs, par exemple, le système de qualification des sportifs au championnat du monde devrait théoriquement aider les plus petits pays car chaque fédération ne peut envoyer plus de trois compétiteurs, quelle que soit la taille et le peuplement du pays. Des centres et des périphéries Carte sur la mondialisation du sport : Si l’on prend l’ensemble des sports, c’est l’Europe qui peut être considérée comme le centre du sport mondial (l’UE est la première économie mondiale). Elle est suivie de près par l’Amérique du Nord et l’Asie (Triade). L’Afrique, le Moyen-Orient font figure de périphéries, tout comme pour la mondialisation économique. Exemple de l’athlétisme : Les EU dominent encore aujourd’hui l’athlétisme mondial. Pour les JO plus précisément : Les villes et pays d’accueil le choix varie en fonction de plusieurs critères : capitale politique ou éco, rayonnement international, moyen de communication. On comprend donc que les villes majeures de la mondialisation accueillent les jeux … Jusqu’à présent, seules les pays de la Triade (élargie à la Chine pour 2008). 3 des 4 villes-monde ont accueilli les jeux : Paris en 1900 et 1924, Londres en 1908 et 1948, Tokyo en 1964. A l’échelle des continents : L’Europe a accueilli 20 fois les jeux, l’Afrique 0 … Les médailles Entre Athènes en 1896 et Pékin en 2008, 50% des médailles ont été remportées par 5 pays seulement ! EU : 18% des médailles, Russie/URSS 12,5%, Allemagne 10%, France 5%, Italie 4,5%. Parfois on observe des liens évidents entre centres économiques mondiaux et JO : exemple le plus marquant : en 1996, années du centenaire des JO, les jeux ont été attribués à Atlanta, mère patrie de coca-cola et de CNN plutôt qu’à Athènes … mère patrie … des JO ! On comprend pourquoi les jeux sont souvent considérés uniquement comme un événement occidental pour les occidentaux … mais La représentation des nations émergentes progresse La Chine : rafle des médailles aux JO de Pékin. Le cas chinois : hausse récente du nombre de médaille. C’est à partir des années 60 que l’athlétisme va progresser en Chine mais la révolution culturelle va stopper ce mouvement qui ne reprendra que dans les 80. 90’s : records du monde sur 1500m et 10000m et soupçons de dopage. Retour ensuite dans les années 2000 et grande préparation pour Beijing 2008. Résultats Beijing : Chine première ! Certaines cités en pleine reconversion, de plus en plus mondialisées vont accueillir ou sont candidates à l’accueil : Dubaï par exemple. Quand le sport est un support pour émerger sur la scène internationale : L’exemple du Qatar ( Petit Etat de 11500 km2 et d’1,7M d’habitants : le Qatar veut cependant être reconnu internationalement. Il investit massivement dans le sport professionnel pour accroître sa visibilité internationale : candidature pour les jeux olympique de 2020 mais aussi coupe du monde de football en 2022, grand prix moto depuis 2004, Open de Doha de tennis depuis 1993, investissements à l’étranger (70% du PSG, sponsoring du FC Barcelone, Malaga FC, droits TV de la ligue 1 de foot) + mise en place d’une véritable fabrique à champions. On peut dire que les résultats depuis les 90’s reflètent un monde de plus en plus multipolaire, polycentrique. Mais certains pays émergents sont sous-représentés et les facteurs sont multiples : exemple : l’Union indienne peuplée de plus d’un milliard d’habitant est quasiment absente des résultats mondiaux, notamment en athlétisme. L’Etat indien n’a jamais recherché à se faire connaître par l’athlétisme ; manque d’infrastructures et de prise en charge. Seuls sports où l’Inde à atteint l’excellence internationale : cricket et hockey sur gazon. Et des nuances : quand le sport remet en cause l’opposition Nord / Sud Le sport correspond parfois à la volonté de Coubertin de modifier l’organisation du monde. Certains petits pays acquièrent une grande visibilité grâce à l’athlétisme : c’est en particulier le cas de la Jamaïque, Bahamas, Cuba et certains pays de l’est : Belarus, Estonie. L’athlétisme y est très populaire et les exploits permettent de s’élever socialement, voyager, s’enrichir. Une « division internationale du travail » sportif ? une géographie régionale des résultats sportifs Une véritable division internationale du travail : phénomène de spécialisation régionale : colosses nordiques, sprinteurs nord-am et du bassin caraïbes, coureurs d’Afrique de l’est. Exemple : sprint dominé par les EU. Pour le 100m, en 2005, sur les 50 meilleurs coureurs de tous les temps 33 sont américains. Mais le bassin des caraïbes obtient des résultats surprenant à la vue de sa population : moins de 0,5% de la population planétaire pour ¼ des résultats. Demi-fond et fond : entre 95 et 2005, Kenya et Ethiopie = 1/3 des points. Pourtant pendant l’entre deux guerres les scandinaves dominaient et de la seconde GM aux années 70 les pays de l’est. Causes de la géographie particulière : des qualités innées : grand débat sur la question. Certains chercheurs rejettent et d’autres sont en accord avec une part de dons génétiques. L’offre sportive : critère essentiel : infrastructures, médiatisation, professionnalisation. Le poids de la religion pour les femmes : ce sont les pays les moins rigoristes qui ont le plus de championnes. La richesse bien sûr : c’est le cas quand les infrastructures coutent : ex du saut à la perche où il faut un bac d’appel, les perches spécifiques, un grand tapis de réception … Au Maroc gros investissements pour la détection et 7
l’entrainement des coureurs. Ce n’est pas le cas au Kenya. Rôle aussi de l’entrainement dans d’autres pays : c’est le cas de nombreux caribéens aux EU mais pas celui des jamaïcains ! C. Le sport au cœur des flux mondiaux Des flux humains Ce n’est pas vraiment de cas pour les sports principaux des jeux olympiques mais certains sports sont aujourd’hui très mondialisés, à la fois par la pratique et les transferts de sportifs : football et rugby sont les deux exemples majeurs. Exemple de l’exportation des joueurs de football brésiliens : premier pôle Europe et en particulier Portugal (rôle de la langue). Asie, Amérique latine et Amérique du Nord, Etats du Golfe de plus en plus aujourd’hui. Le football est donc un bon révélateur de la nouvelle division internationale du travail. Dans le cadre de l’athlétisme on peut noter le nombre important d’athlètes qui s’entrainent dans d’autres pays : la majorité des athlètes des Caraïbes s’entrainent aux Etats-Unis. La Jamaïque fait aujourd’hui figure d’exception. Certains flux migratoires sont liés à des relations historiques : marocains en France, cubains en Espagne … De manière générale les pays du Sud sont les espaces émetteurs et les pays du Nord bénéficiaires. Il n’y a pas que les athlètes qui se déplacent mais aussi les entraineurs et leurs méthodes. Dans ce contexte on peut noter une véritable exploitation de certains athlètes africains : détectés par des recruteurs écumant la vallée du rift, des sportifs sont mis entre les mains d’agents scrupuleux, sont envoyés en Europe dans des situations difficiles (logements vétustes…), vivant souvent dans des situations proches de celle des sans-papiers, pour gagner des courses à argent : le recruteur garde alors une partie substantielle des primes de course. Des flux de marchandises Place grandissante des FTN dans l’activité sportive : Place de plus en plus importante du sponsoring. Exemple : Puma parraine la fédération jamaïcaine d’athlétisme. Les firmes transnationales comme coca-cola, Nike, Adidas … signent des contrats avec des sportifs, des clubs, des fédérations pour inclure les logos, la publicité dans les manifestations sportives : maillots, bords des terrains, publicité … Elles organisent aussi la promotion des articles de sport à l’échelle mondiale (maillots de foot, chaussures …). L’introduction de ces firmes dans le sport renforce l’inégalité entre les sports car la médiatisation est croissante pour les sports les plus mondialisés alors que les sports moins médiatisés/mondialisés restent en retrait. Des flux d’informations Exemple : la médiatisation croissante des jeux : Pierre de Coubertin était un personnage d’une étonnante modernité qui avait déjà conscience de l’importance des médias pour la pérennité des jeux. Dès le congrès fondateur de 1894 était créé un « commissaire chargé du service de la presse ». Dès le début du XXème siècle le CIO se dota de moyen de communication à destination du grand public : création de la revue olympique en 1901. Depuis 1996 le CIO est sur Internet. Après la GM1, les médias vont s’intéresser de plus en plus aux JO : presse mais surtout radio puis télévision à compter de Berlin en 1936. Les premiers essais de retransmission télévisée ont buté sur le faible nombre de spectateurs (environ 200000) mais dès Melbourne en 1956 : 200 millions de spectateurs ! Notons aussi qu’à partir des années 30 la vocation spectaculaire des jeux va s’affirmer. A compter des années 90 s’imposa un échelonnement des épreuves privilégiant les heures de diffusion … nord américaines … choix des diffuseurs nord américains … Petite nuance : moins d’intérêt pour les jeux d’hiver. Aujourd’hui on remarque que les droits de retransmission des grandes manifestations sportives comme les JO ou les coupes du monde ne cessent d’augmenter à cause de la concurrence entre les grandes chaînes de télévision pour obtenir ces droits. Conclusion : ouverture : le sport divise-t-il ou rapproche-t-il les nations ? Il divise et rapproche à la fois. 8
Vous pouvez aussi lire