INITIATIVE POUR L'ADAPTATION DE L'AGRICULTURE AFRICAINE (AAA) AUX CHANGEMENTS CLIMATIQUES - Faire face aux défis du changement climatique et de ...
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INITIATIVE POUR L’ADAPTATION DE L’AGRICULTURE AFRICAINE (AAA) AUX CHANGEMENTS CLIMATIQUES Faire face aux défis du changement climatique et de l’insécurité alimentaire Livre blanc
Introduction
Introduction
La COP21, qui s’est tenue à Paris en décembre 2015, Si la communauté internationale ne prend pas
a marqué une avancée historique dans le combat les mesures nécessaires pour réduire les émissions de
contre le changement climatique. L’objectif de contenir gaz à effet de serre, une catastrophe environnementale,
l’élévation de la température moyenne de la planète économique et humaine toucherait inévitablement
en dessous des 2 °C a été officiellement inscrit le continent africain.
dans l’Accord de Paris. Les pays développés se sont Le défi auquel doit répondre l’Afrique est immense,
par ailleurs engagés à verser au moins 100 milliards d’autant que sa population est appelée à doubler d’ici
de dollars US par an à partir de 2020 pour soutenir à 2050. Le continent va devoir tripler sa productivité
les projets d’atténuation et d’adaptation dans les pays agricole d’ici là tout en réduisant les impacts du
en développement. Une bonne nouvelle pour l’Afrique changement climatique sur les ressources naturelles,
et son agriculture, très vulnérables aux changements notamment le sol, l’eau et la biodiversité.
climatiques mais également grandes pourvoyeuses De l’avis des experts, l’Afrique et son agriculture
de solutions. sont une partie de la solution pour assurer la sécurité
Alors qu’il n’est responsable que de 4 % des émissions alimentaire aux Africains et au monde entier.
mondiales de gaz à effet de serre, le continent africain Dotée de moyens adéquats, l’agriculture africaine est
est particulièrement affecté par le changement capable non seulement de s’adapter aux changements
climatique. Six des dix pays les plus touchés au monde climatiques, mais également de répondre aux défis
sont africains, 65 % de la population africaine sont de productivité et de développement durable.
déjà concernés et le continent compte déjà plus Le potentiel de production africain demeure énorme.
de 10 millions de réfugiés climatiques. Selon un rapport En effet, 60 % des terres arables qui restent inexploitées
de la Commission européenne (2014), les effets négatifs sur la planète se trouvent en Afrique. Le continent
des changements climatiques réduisent, à ce jour, constitue de ce fait un possible champ d’application
le PIB de l’Afrique d’environ 1,4 % et induisent des coûts pour les approches de développement de techniques
d’adaptation pouvant atteindre 3 % du PIB par an innovantes. Lié à une agriculture encore traditionnelle,
en 2030. Cette perte de PIB est attribuée en grande il est en mesure de se moderniser rapidement grâce
partie à la dégradation du secteur agricole sous aux apports du numérique, des nouvelles technologies
les effets du changement climatique (élévation ou des énergies renouvelables. L’Afrique a la capacité
de la température, sécheresses, inondations, etc.). de sauter une étape de développement et de se placer
INTRODUCTION 01 L’agriculture africaine, un secteur vital qui concentre en pionnière sur les solutions de demain, s’ouvrant
entre 25 % et 35 % des emplois directs selon les pays par là même un immense vivier d'emplois.
I. GESTION DES SOLS 05 et génère les revenus de près de 70 % de la population On estime ainsi qu’avec des pratiques agricoles
a. Fertilité des sols et fertilisation des cultures africaine, est très vulnérable aux effets du changement intelligentes face au climat, la production agricole
b. Arboriculture fruitière, gestion des parcours climatique. Les deux tiers des terres arables africaines annuelle africaine pourrait passer de 280 à 880 milliards
et agroforesterie pourraient être perdus d’ici à 2025 à cause du changement de dollars US d’ici à 2030.
c. Innovations agroécologiques et séquestration climatique, qui aggrave les effets de pratiques humaines L’Afrique est en mesure de démontrer, par son
du carbone parfois inappropriées (surexploitation des terres, agriculture, qu’elle est pleinement capable de s’adapter
utilisation de techniques vétustes, irrigation aux changements climatiques et d’évoluer avec plus
insuffisante, etc.), conduisant à un phénomène de résilience pour relever les défis de productivité
II. MAÎTRISE DE L’EAU AGRICOLE 15 de désertification. La conséquence directe et de développement durable afin d’assurer la sécurité
de la dégradation des terres est la perte de la capacité alimentaire.
III. GESTION DES RISQUES CLIMATIQUES 19 productive des sols. La baisse des rendements agricoles
pourrait atteindre 20 % en 2050, même en cas
CONCLUSION 23 de limitation du réchauffement à 2 °C.
02 01
Introduction Introduction
Qu’est-ce que l’initiative pour l’Adaptation – promouvoir des solutions innovantes pour Le Livre blanc : genèse et objectifs
de l’Agriculture Africaine (AAA) répondre aux besoins prioritaires de l’Afrique. Ce Livre blanc est né d’un colloque dont l’objectif
aux changements climatiques ? L’initiative promeut et favorise la mise en place était de poser les fondements scientifiques et techniques
Si la COP21 est reconnue par la communauté de projets concrets pour améliorer la gestion des sols, de l’initiative pour l’Adaptation de l’Agriculture
internationale comme une étape historique en raison la maîtrise de l’eau agricole, la gestion des risques Africaine aux changements climatiques. Il se propose
des nombreuses décisions qui ont été prises, notamment climatiques et les capacités de financement. d’offrir une synthèse des données et des solutions
sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre, Elle met en avant des solutions techniques mais mises en avant lors de ce colloque, dans la perspective
l’engagement d’un financement annuel de 100 milliards également des bonnes pratiques et des mesures des négociations de la COP22 et au-delà.
de dollars US pour les pays vulnérables et l’équité d’accompagnement, notamment le renforcement Le 14 juillet 2016, un groupe de scientifiques
dans l’allocation des moyens financiers entre l’atténuation des capacités techniques et managériales. Elle s’appuie nationaux, renforcé par des experts internationaux,
et l’adaptation, la COP22 sera le moment idoine pour sur les instruments préconisés par la CCNUCC(2) : s’est réuni à Skhirat, au Maroc, autour du comité
montrer que les pays parties sont solidaires pour la mise transferts de technologie, préparation des politiques scientifique de l’initiative pour l’Adaptation de l’Agriculture Liste des membres du Comité scientifique
de l'Initiative AAA
en œuvre des décisions de Paris. La COP22 sera la COP et stratégies agricoles adaptées, montage de projets Africaine aux changements climatiques. Lors de cette
de l’action pour l’adaptation de l’Afrique aux effets « bancables » répondant aux critères des partenaires journée d’échanges, près de 60 experts ont travaillé
Comité de coordination
négatifs du changement climatique. au développement et donateurs, et promotion à déterminer des solutions pour l’Adaptation
Ait Kadi Mohamed CGDA
C’est également la première fois que les pays de la coopération Sud-Sud. de l’Agriculture en Afrique, permettant de faire face
Badraoui Mohamed INRA
ont exprimé leurs besoins pour la lutte contre les L’initiative pour l’Adaptation de l’Agriculture Africaine aux défis du changement climatique et de la sécurité Soual Mohamed OCP
changements climatiques à travers leurs contributions aux changements climatiques défend une approche alimentaire. Ce colloque, articulé autour de cinq Tozy Mohamed OCP
nationales déterminées (NDC)(1). L’analyse de ces NDC intégrée, participative et responsable, autour de trois groupes de travail, a permis de recueillir les réflexions
a montré que les pays africains non seulement mots d’ordre : s’unir pour réussir, donner un cadre pour scientifiques et de mettre en avant les solutions Comité scientifique
s’engagent pour contribuer au financement, mais agir, s’appuyer sur des initiatives déjà existantes. techniques et les bonnes pratiques de l’Adaptation Aboudrare Abdellah ENA Meknès
mettent en priorité les programmes d’adaptation, Réponse clé au changement climatique et à l’insécurité de l’Agriculture Africaine en matière de gestion des sols Belghiti Mhamed DIAEA/MAPM
d’agriculture et de sécurité alimentaire. alimentaire, l’initiative pour l’Adaptation de l’Agriculture et de l’agriculture durable, maîtrise de l’eau agricole Balaghi Riad INRA
L’initiative pour l’Adaptation de l'Agriculture Africaine Africaine contribue également à relever les défis plus et gestion des risques climatiques. Benchekroun Faiçal HCEFLCD/DPSIC
Benaouda Hassan INRA
(AAA) aux changements climatiques répond aux besoins globaux de développement. Elle contribuera en effet à Parmi les participants aux discussions figuraient ENA Meknès
Bouabid Rachid
exprimés par les pays africains. la réalisation de plusieurs objectifs de développement notamment des représentants du Giec, de la CCNUCC, Bouaziz Ahmed IAV Hassan II
Elle est construite autour de deux grands piliers : durable. de la FAO, de l’INRA (Maroc), du Centre de recherche Bouchareb Nouzha Hydroprotec
– plaidoyer pour assurer le financement des projets forestière (CRF, Maroc), du groupe OCP, de la Fondation Bzioui Mokhtar Expert
Dehmani Ouafae Département
d’adaptation de l’agriculture des pays africains ; OCP, du Centre international de développement de l’Environnement
et changement climatique (Canada), du Centre Chentouf Mouad INRA
international de recherche agricole dans les zones Driouech Fatima DMN
L’initiative AAA contribue à la réalisation des Objectifs de développement durable arides (Icarda), d’AfricaRice, du Conseil général El Gharras Oussama INRA
El Gharous Mohamed UPM VI
Pas de Énergie propre Mesures relatives du Développement agricole (Maroc), et de différentes
Atténuation El Kanit Abdelmonim Groupe OCP
pauvreté Augmentation et d'un coût à la lutte contre
universités marocaines et africaines. Cette réunion
abordable les changements et adaptation El Mejahed Khalil UM6P
des revenus
climatiques aux changements d’experts a constitué une première étape essentielle INRA
des agriculteurs El Mzouri El Houssine
climatiques
pour fédérer la communauté scientifique internationale Hajib Said HCEFLCD/CRF
Faim Travail décent Vie Hammani Ali IAV Hassan II
zéro Sécurité et croissance Effet multiplicateur aquatique
autour de l’initiative pour l’Adaptation de l’Agriculture
Lahlou Mouanis IAV Hassan II
alimentaire économique du PIB agricole Africaine aux changements climatiques et pour Mahyou Hamid INRA
pour tous sur l'économie
répertorier les solutions existantes en matière Mokssit Abdallah DMN/Giec
Bonne santé Industrie, Vie
de gestion des sols, maîtrise de l’eau agricole, gestion Moughli Lhoussaine IAV Hassan II
Préservation
et bien-être innovation terrestre des risques climatiques et renforcement des capacités Moussadek Rachid INRA
Meilleure et infrastructure Innovations des sols, forêts
Mrabet Rachid INRA
alimentation techniques et écosystèmes de financement.
et financières naturels Nbou Mohamed Département
Le Livre blanc se propose de consigner les éléments de l’Environnement
Éducation
de qualité Impact sur
Inégalités
réduites Augmentation
Paix, justice
et institutions Capacity
essentiels des travaux issus de ce colloque autour Ouazar Driss ENIM
efficaces de ces axes structurants, dans l’objectif d’expliciter les Roudies Nawfel Fondation OCP
la scolarisation du niveau de vie building de
en zones rurales en zones rurales gouvernance Sabir Mohamed ENFI
enjeux scientifiques et techniques de l’initiative pour
Sinan Mohamed EHTP
Égalité Villes et Partenariats pour
l’Adaptation de l’Agriculture Africaine aux changements Soudi Brahim IAV Hassan II
des sexes Impact communautés
Limitation
la réalisation Partenariats climatiques, dans la perspective de la COP22 et au-delà. Taaam Mehdi OCP
sur l'emploi durables des objectifs Sud-Sud
des femmes
de l'exode rural
et PPP
Pour chacun des axes, le Livre blanc dresse un état Ziyad Abdesslam DRPE
des lieux, répertorie les solutions promues et soutenues
Eau propre et Consommation par l’initiative et fait le point sur les initiatives déjà Comité d'organisation
assainissement et production Durabilité
Maîtrise de l'eau responsables existantes. Mouchfi Nezha INRA
de la production
agricole Bouchama Khalid CGDA
agricole Au cœur Lien fort Lien indirect
Source : UNDP. Kordass hassan CGDA
(1) NDC : Nationally Determined Contrubutions.
(2) CCNUCC : Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques.
02 03
I – Gestion des sols I – Gestion des sols
I
Gestion
des sols
Les effets du changement climatique sur Fertilité des sols et fertilisation des cultures,
les sols africains, dont les deux tiers se trouvent arboriculture fruitière, gestion des parcours
en zone aride ou semi-aride, viennent aggraver et agroforesterie, séquestration du carbone
une situation déjà préoccupante. Les activités dans les sols et agroécologie…, l’initiative
humaines et les pratiques inappropriées pour l’Adaptation de l’Agriculture Africaine
(surexploitation, pratique de l’abattis-brûlis, aux changements climatiques promeut et
introduction d’espèces invasives, etc.) soutient des solutions concrètes pour relever
ont considérablement dégradé les terres, ces défis. L’objectif est d’appuyer leur
les conduisant parfois à la désertification. développement et de favoriser leur mise
La baisse des rendements agricoles pourrait en œuvre, notamment par le renforcement
atteindre 20 % en 2050, même en cas de limitation des capacités techniques et managériales
du réchauffement à 2 °C. des agriculteurs, leur organisation autour
de filières adaptées à leur environnement
En parallèle, la pression démographique se écologique et leur accompagnement financier.
fait toujours plus grande en Afrique. D’après les
projections, l’agriculture devra nourrir 1,5 milliard Il est essentiel de s’engager dans cette voie
de personnes en 2030 et 2 milliards en 2050. pour répondre au défi de l’épuisement des
sols en Afrique, mais aussi pour capitaliser
C’est dire si la gestion des sols constitue un durablement sur leurs ressources et leur diversité.
enjeu majeur, d’autant que les sols africains Utilisés rationnellement selon leurs vocations,
offrent un potentiel important de séquestration ces sols produiront davantage, contribueront
du carbone, pouvant contribuer à atténuer à la modernisation et au développement
significativement les émissions de gaz à effet de du secteur agricole, à la création d’emplois
serre responsables du changement climatique. et à la diminution de la pauvreté et, enfin, à mieux
Rappelons que l’Afrique concentre 60 % des terres nourrir les populations, créant par là un cercle
arables inexploitées de la planète. vertueux environnemental, économique et social.
04 05
I – Gestion des sols I – Gestion des sols
A — FERTILITÉ DES SOLS ET FERTILISATION DES CULTURES
L’ÉTAT DES LIEUX LES SOLUTIONS
Les sols africains souffrent de dégradation sévère, s’aggravant sous les effets du changement L’initiative pour l’Adaptation de l’Agriculture Africaine aux changements climatiques
climatique. Or, le continent est l’un de ceux qui consomment le moins de fertilisants. Une gestion promeut deux types de solutions en matière de fertilisation, complémentaires
intégrée de la fertilité des sols s’impose, pour favoriser leur régénération et améliorer leur et solidaires : les approches de diagnostic et les réponses techniques. En parallèle,
productivité. Une gestion qui doit être adaptée à la grande variabilité des situations locales. elle prône des mesures de pédagogie et d’accompagnement des agriculteurs.
500 millions d’hectares de terres sont modérément Plusieurs facteurs expliquent ce retard : le manque Les approches de diagnostic permettent de dresser – La diversification des sources d’éléments nutritifs :
ou sévèrement dégradés en Afrique, soit 27 % de disponibilité des engrais en quantité et en qualité, un état des lieux de la fertilité des sols. Elles passent valorisation des déchets organiques en
de la superficie des sols dégradés à l’échelle mondiale. une insuffisance de la sensibilisation des agriculteurs par le développement de systèmes d’information agriculture et gestion des résidus de cultures,
Les manifestations les plus remarquables de la à leurs avantages et les contraintes financières. sur la fertilité des sols : traitement et réutilisation des eaux usées
dégradation des sols sont d'abord l'érosion : l’érosion Cette situation alarmante impose que des actions – des systèmes d’information à l’échelle de chaque (sources de déchets solides) et sous-produits
hydrique, sous l'action des eaux de ruissellement, et soient prises pour développer une gestion intégrée pays avec l’adoption des nouvelles technologies de agricoles pour la production des composts,
l’érosion éolienne, provoquée par les vents. On assiste de la fertilité des sols grâce à un recours plus large cartographie des sols et de compilation numérique ; développement du marché des engrais
également à des phénomènes de dégradation chimique : et plus raisonné aux fertilisants. Les réponses doivent – des systèmes d’information de la vocation agricole grâce à l’amélioration des systèmes
pertes de nutriments, salinisation et acidification des être adaptées à chaque situation locale. L’Afrique des terres à l’échelle régionale ; d’approvisionnement et de distribution,
sols. Enfin, des phénomènes de dégradation physique est en effet composée de quatre grandes zones - des observatoires de la fertilité des sols le développement des unités de blending
sont à déplorer comme la compaction des sols, écologiques : aride, subaride, subhumide et tropicale et de la fertilisation des cultures. (mélanges) pour la production d’engrais
l'engorgement de zones irriguées, l'ensablement humide, dont la grande variabilité se répercute adaptés aux conditions locales.
ou la subsidence (enfoncement géologique), rendant sur les types de sols, les systèmes de cultures, Ces mesures d’analyse permettront d’encadrer
les sols inaptes à la culture (figure 1). le recyclage de la matière organique, les cycles les réponses techniques telles que : En support à ces solutions, des outils doivent être
L’Afrique est l’une des régions du monde qui biogéochimiques, la biodisponibilité des éléments – La gestion des « systèmes » : mis à la disposition des agriculteurs :
consomment le moins d’intrants agricoles : semences nutritifs… Cela interdit toute utilisation automatique amélioration de la fixation biologique – les systèmes experts portant sur des outils
sélectionnées, engrais et pesticides. À titre d’exemple et uniforme des fertilisants sur l’ensemble de l’azote atmosphérique permettant d‘aide à la décision pour des recommandations
et de comparaison, la région subsaharienne consomme du continent (figure 2). une meilleure disponibilité de l’azote dans de fertilisation des cultures adaptées aux
20 fois moins de fertilisants que l’Asie et 15 fois moins les sols en adoptant des rotations à base connaissances et aux pratiques des agriculteurs ;
que l’Amérique du Sud. de légumineuses alimentaires et de fourragères, – le conseil agricole pour la vulgarisation et la
recommandations spécifiques en fertilisants dissémination des bonnes pratiques de gestion
Figure 1. Principaux phénomènes de dégradation des sols en Afrique Figure 2. Zones agroécologiques en Afrique pour les cultures protégées et cultures en intégrée de la fertilité du sol avec approche
irrigation localisée : utilisation de la fertigation participative (éducation de base, sensibilisation,
(introduction d’éléments fertilisants démonstrations, écoles aux champs, plateformes
dans l’eau d’irrigation) et mise en place de d’innovation, etc.) ;
cultures hydroponiques (cultures hors-sol – la mise à disposition matérielle des engrais via
dans des substrats neutres), les organisations paysannes ;
adaptation du management de la fertilité – l’accession facilitée au crédit et l’utilisation
des sols et de la fertilisation des cultures de conditionnements plus réduits requérant
aux spécificités des systèmes de production : un investissement moindre pour l’agriculteur ;
agriculture/agroécologie versus Agroforesterie, – le développement des systèmes d’incitation
développement de l’agriculture biologique, ciblés favorisant l’usage des fertilisants
application directe des roches phosphatées (« smart subsidies ») ;
sans transformation en engrais sur les sols – des politiques d’encouragement et de soutien
acides, à la recherche-développement et des appuis
amélioration des sols acides et salés/sodiques, au prix à la production, etc.
réhabilitation des parcours.
erte de nutriments
P Contamination rosion
É ubtropical chaud/aride
S ubtropical froid/subhumide
S ropical chaud/humide
T
Érosion hydrique Salinisation Compaction Subtropical chaud/semi-aride Subtropical froid/humide Tropical froid/aride
Engorgement de zones Terres agricoles Terres naturelles Subtropical chaud/subhumide Tropical chaud/aride Tropical froid/semi-aride
irriguées stables stables Subtropical chaud/humide Tropical chaud/semi-aride Tropical froid/subhumide
Non classé Subtropical froid/aride Tropical chaud/sub-humide Tropical froid/humide
Subtropical froid/semi-aride
Source : Peel, M. C., B. L. Finlayson, and T. A. McMahon, 2007. Updated world map of the Köppen-
Source : L’Atlas des Sols d’Afrique. JRC 2015. Geiger climate classification, In. Hydrol. Earth Syst. Sci., 11, 1633 1644.
06 07
I – Gestion des sols I – Gestion des sols
B — ARBORICULTURE FRUITIÈRE, GESTION DES PARCOURS ET AGROFORESTERIE
L’ÉCOSYSTÈME D’INITIATIVES EXISTANTES L’ÉTAT DES LIEUX
L’initiative pour l’Adaptation de l’Agriculture Africaine aux changements climatiques Aujourd’hui en Afrique, plus de 715 millions d’hectares de terres déboisées et dégradées
est en ligne avec des initiatives déjà existantes. Parmi les plus emblématiques en se prêtent à la restauration. La mise en place de synergies entre les cultures agricoles,
matière de fertilité des sols et/ou fertilisation des cultures, on peut citer l’Initiative les arbres et l’élevage, est une approche qui fait ses preuves en matière de restauration
pour la fertilité des sols (IFS), la Green Revolution in Africa, l'African Soil Health des terres et d’amélioration de la productivité des sols, de leur régénération dans le temps
Consortium (ASHC), AfricaFertilizer.org et FertiMap. et de leur résilience au changement climatique (figure 3).
1. L’Initiative pour la fertilité des sols (IFS) 5. FertiMap Pour faire face aux extrêmes climatiques, les Pour améliorer ses ressources agropastorales
Programme porté conjointement par la Banque FertiMap, carte de fertilité des sols cultivés agriculteurs africains développent des mécanismes et la protection/gestion durable de ses ressources
mondiale et la FAO et regroupant 20 pays africains, au Maroc, est un projet de partenariat entre de survie et prennent des mesures de court terme, naturelles, l’Afrique est appelée à développer
l’IFS vise à développer et à diffuser les technologies le ministère de l’Agriculture du Maroc et le groupe OCP, de type abattis-brûlis ou mise en culture de terres des systèmes d’agroforesterie. Pont essentiel entre
appropriées pour la restauration et l’entretien initié en 2010. Les travaux sont réalisés par un consortium fragiles et marginales, qui dégradent les ressources la foresterie, l’agriculture et l’élevage, l’agroforesterie
de la fertilité des sols, à améliorer les contextes d’institutions de recherche et d’enseignement agricole et affectent la productivité et la régénération désigne un système d’utilisation rationnelle des terres
institutionnels et de marché, et à développer marocaines, piloté par l’INRA Maroc. Son objectif dans le temps. qui accroît le rendement total en combinant les cultures
les programmes et mécanismes d’incitation auprès principal est de faire une cartographie numérique Côté élevage, l’Afrique est également confrontée agricoles (vivrières, annuelles) avec les arbres (cultures
des agriculteurs et des communautés. de la fertilité des sols agricoles marocains sur 8,7 millions à un défi de taille. Ce secteur contribue à plus de 26 % pérennes) et/ou l’élevage, en synergie sur une même
d’hectares. Sur la base des analyses des sols, notamment à la constitution du PIB agricole africain. parcelle. La combinaison peut s’étaler dans le temps,
2. La Green Revolution in Africa la teneur en matière organique, le phosphore assimilable, Plus de 10 % de la population subsaharienne en dépend dans le respect des conditions écologiques et socio-
Portée par l’Alliance for a Green Revolution in Africa le potassium échangeable et le pH, un système principalement, 58 % partiellement. économiques des populations locales.
(l’AGRA, créée en 2006 en réponse à l’appel de Kofi expert développé sous Web permet de faire Or, le cheptel, bien que très important, est insuffisamment L’agroforesterie porte sur un large éventail
Annan) et regroupant en majorité des pays d’Afrique des recommandations d’engrais pour les principales productif car soumis à des systèmes de production d’arbres utiles pouvant être cultivés dans les
subsaharienne, cette initiative a pour objectif de cultures adaptées. traditionnels très vulnérables aux changements exploitations agricoles et dans les paysages ruraux.
doubler les rendements et les revenus pour 30 millions Des formules d’engrais régionales adaptées à la qualité climatiques. Il s’agit notamment des « arbres à engrais » pour
d’agriculteurs et de ménages à l’horizon 2020. des sols et à leur état de fertilité, ainsi qu’aux exigences la régénération des terres, la santé du sol et la sécurité
Elle intervient notamment sur la gestion intégrée en éléments nutritifs des cultures dominantes, alimentaire : des arbres fruitiers pour la consommation
de la fertilité des sols et l’usage raisonné des fertilisants, sont recommandées. Figure 3. Possibilités de restauration de forêts et de sites en Afrique humaine, des arbres fourragers qui améliorent
sur l’amélioration des politiques et de l’environnement La technologie ainsi développée est utilisée la production de l’élevage des petits exploitants,
institutionnel et financier, et sur le renforcement par les scientifiques et les conseillers agricoles des arbres pour le bois de construction et de chauffage,
des capacités. pour le renforcement des capacités des agriculteurs des arbres médicinaux pour traiter les maladies,
et techniciens du secteur agricole au Maroc. et des arbres qui produisent gommes, résines ou
3. L'African Soil Health Consortium (ASHC) L’impact est déjà mesurable : +30 % de productivité produits de latex. La plupart de ces arbres sont à usage
Porté par la Bill Melinda Gates Foundation sur les terrains concernés. multiple, offrant de nombreux avantages aux paysans
et regroupant plusieurs pays africains, le programme Le système est en cours d’utilisation dans plusieurs de manière durable.
promeut l’accès à l’information et à l’encadrement pays africains dans le cadre de la coopération Sud-Sud.
relatifs à la gestion intégrée de la fertilité des sols.
4. AfricaFertilizer.org
Portée par l’AFAP (Africa Fertilizer and Agro business
Partnership), l’Association internationale de l’industrie
des engrais (IFA), la FAO et la Commission de l’Union
africaine, cette initiative soutient la diffusion
de l’information sur le secteur des fertilisants
pour le secteur public et privé, y compris l’industrie
des engrais, les distributeurs et les agriculteurs.
ossibilité d'une
P estauration de
R Autres zones
restauration à grande protection, sur des ones urbaines
Z
échelle terres cultivées non
Forêt ne nécessitant
Restauration irriguées
pas de restauration ;
de protection, sur Possibilité d'une zones non couvertes
des terres cultivées restauration de type par l'évaluation
irriguées mosaïque
Source : Partenariat mondial pour la restauration de paysages forestiers, 2011.
08 09
I – Gestion des sols I – Gestion des sols
LES SOLUTIONS L’ÉCOSYSTÈME D’INITIATIVES EXISTANTES
L’initiative pour l’Adaptation de l’Agriculture Africaine aux changements climatiques encourage L’initiative pour l’Adaptation de l’Agriculture Africaine aux changements climatiques
la gestion intégrée des systèmes de cultures en agroforesterie et arboriculture, des systèmes est en ligne avec certaines initiatives déjà existantes. Parmi les plus emblématiques
pastoraux et des systèmes forestiers, offrant des bénéfices remarquables aux paysans comme en matière d’agroforesterie et arboriculture, on peut citer le projet AFS4Food ; l’initiative
à l’environnement. Elle prône également le volontarisme politique, la coopération régionale, Agroforesterie et agriculture durable : lutter contre la pauvreté, la malnutrition
le renforcement des législations ayant trait aux terres, aux forêts et à l’eau, le partage et contre les changements climatiques ; l’initiative Accroître la sécurité alimentaire
des connaissances et le soutien financier aux agriculteurs et aux éleveurs. par la pratique de l’agroforesterie (ASAPAM) ; et la grande muraille verte pour l'initiative
du Sahara et du Sahel.
La gestion intégrée des systèmes de cultures en À ce titre, la mise en place et l’amélioration de la gestion
agroforesterie et arboriculture passe par l’amélioration des entreprises communautaires constituent un volet 1. AFS4Food 4. La grande muraille verte pour l'initiative
de la conduite technique, la promotion de l’agroforesterie ouvert à l’innovation, dépendamment des conditions Coordonné par le Cirad et financé par l’Union du Sahara et du Sahel
périurbaine, la domestication des espèces autochtones écologiques et socioé-conomiques locales. africaine et EuropeAid, ce projet promeut l’amélioration Lancée en 2008 dans le cadre de la Convention
et l’introduction des espèces d’intérêt économique. L’agroforesterie offre de nombreux bénéfices de la sécurité alimentaire et du bien-être des ménages des Nations unies sur la lutte contre la désertification
La gestion intégrée des systèmes pastoraux passe pour les paysans comme pour l’environnement : ruraux africains grâce à l’agroforesterie. Outre (UNCCD), cette initiative vise à planter une bande
par le développement des parcours et la régulation – la diminution de la quantité de travail une évaluation des performances des systèmes d'arbres et de plantes longue de 8 000 kilomètres,
des flux de transhumants, la sécurisation des zones et d’intrants ; agroforestiers dans trois pays (Cameroun, Kenya du Sénégal à Djibouti, pour accroître la sécurité
à vocation pastorale et des espaces pastoraux – la diversification des ressources (vivrières, cultures et Madagascar), le projet instaure une mise en réseau alimentaire, atténuer le changement climatique
stratégiques, le développement et l'exécution de rente, bois, médicaments...) ; de tous les partenaires via la plateforme Internet et endiguer le flux de migrants vers l'Europe,
de protocoles d’aménagement et de réhabilitation – des systèmes moins vulnérables aux aléas http://afs4food.cirad.fr. sans oublier promouvoir la neutralité de la dégradation
des parcours, la création des points d’eau pour climatiques et économiques ; des terres.
l’abreuvement du cheptel, la diffusion de génotypes – de nombreux services environnementaux : 2. Agroforesterie et Agriculture durable : lutter contre
améliorés dans les régions favorables à l’intensification, préservation de la fertilité des sols et des la pauvreté, la malnutrition et contre
la préservation des races autochtones et l’amélioration ressources en eau, prévention de l’érosion, les changements climatiques
de la nutrition (valorisation des sous-produits, séquestration du carbone et conservation Portée par l’Association de solidarité internationale
amélioration de la production fourragère). La mise de la biodiversité ; qui s’appuie sur les ministères et ONG dans trois pays,
en place d’organisations professionnelles d’éleveurs – la réduction des émissions de gaz à effet de serre Nigeria, Ghana et Côte d’Ivoire, cette initiative vise
est indispensable pour faciliter leur encadrement, en ralentissant la conversion des forêts en terres à lutter contre la pauvreté et la déforestation
l’acquisition des intrants et la commercialisation agricoles et en retenant le carbone dans les arbres en zone rurale.
de la production. présents sur les exploitations agricoles.
La gestion intégrée des systèmes forestiers 3. Accroître la sécurité alimentaire par la pratique
passe par l’amélioration de la gestion des paysages Toutes ces opportunités peuvent se concrétiser de l’agroforesterie (ASAPAM)
forestiers et du partage des gains, la mise en place à grande échelle, grâce à des politiques nationales Portée par le Centre d’étude et de coopération
de programmes de reboisement et de régénération ou régionales volontaristes et au renforcement internationale (CECI) et financée par des universités
à grande échelle, la création de parcs forestiers des dispositions institutionnelles et réglementaires : et des centres de recherche internationaux,
nationaux pour le stockage du carbone et la sauvegarde législations pour le « reverdissement » des savanes, cette initiative soutient le développement
de la biodiversité. pour l’accès équitable aux ressources (terre, eaux de l’agroforesterie dans les pays d’Afrique de l’Ouest.
La mise en œuvre des aménagements durables et forêts) et pour la mise en œuvre de la REDD Elle favorise la mise au point et la diffusion de techniques
des forêts naturelles et le renforcement des efforts (Reducing Emissions from Deforestation and Forest d’embouche et d’amélioration des régimes alimentaires.
de reforestation et plantation, de domestication Degradation). Elle travaille également sur l’identification des espèces
des espèces autochtones et l’introduction d’espèces La mise en œuvre des solutions susmentionnées végétales appropriées et la mise au point de dispositifs
d’intérêt économique, ainsi que l’aménagement passe également par l’engagement du secteur privé, agroforestiers permettant d’associer la culture vivrière
et la gestion rationnelle des formations naturelles, l’amélioration de l’environnement d’investissement à la production durable de fourrages ligneux
sont des orientations majeures d’adaptation et le renforcement des capacités de recherche et non ligneux.
et de résilience au changement climatique. La valorisation et développement. Elle passe enfin par la coordination
des produits de terroirs non ligneux dans les espaces et le partage des connaissances et la facilitation
forestiers et pastoraux permet d’améliorer le revenu de l’accès au financement climat.
des paysans.
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I – Gestion des sols I – Gestion des sols
C — INNOVATIONS AGROÉCOLOGIQUES ET SÉQUESTRATION DU CARBONE
L’ÉTAT DES LIEUX L’ÉCOSYSTÈME D’INITIATIVES EXISTANTES
Les sols africains représentent un immense potentiel de séquestration du carbone. Ce potentiel L’initiative pour l’Adaptation de l’Agriculture Africaine aux changements climatiques
est largement sous-exploité, alors même que le stockage du carbone est un facteur de limitation est en ligne avec des initiatives déjà existantes. Parmi les plus emblématiques en matière
des émissions de gaz à effet de serre et d’enrichissement des sols. Le développement d’une agroécologie d’agroécologie et de séquestration du carbone, on peut citer les initiatives 4 pour 1 000
adaptée à l’Afrique permettrait de révéler le potentiel des sols africains et d’en tirer profit. et Promotion d’une agriculture intelligente pour le climat (AIC) et de la transition
agroécologique en Afrique de l’Ouest ; les approches intégrées de gestion durable
Les sols africains, notamment les sols inexploités des sols (rétention en eau, stabilité des agrégats, des terres (GDT), de l’eau et des forêts et des actions liées à la prévention des risques
(qui représentent 60 % des terres non exploitées atténuation de la sodicité, activité biologique, etc.). et à l’adaptation au changement climatique ; le projet Former pour transformer
dans le monde) ont un grand potentiel de stockage Alternative écologiquement durable à l’agriculture et le réseau Carbone des sols pour une agriculture durable en Afrique (CaSA).
de carbone. productiviste, l'agroécologie permet d'augmenter
Pourtant, à l’heure actuelle, l’Afrique ne stocke le potentiel de stockage des sols tout en limitant 1. L’Initiative 4 pour 1 000 4. Former pour transformer
que 175 gigatonnes de carbone, sur un total leur dégradation. Ce modèle, connu par le slogan Lancée par la France lors de la COP21, l’initiative vise Portée par l’association Terre et Humanisme, Former
de 1 500 gigatonnes stockées dans le monde, « produire avec moins ou zéro intrants », est parfois à augmenter de 0,4 % la teneur en carbone des sols, pour transformer mène des actions de sensibilisation
soit 12 %. Une réalité qui s’explique par des facteurs critiqué dans la mesure où les zones agroécologiques ce qui devrait permettre de compenser l’évolution à l’agroécologie et propose différents types de
anthropiques (pratiques culturales inadaptées, africaines sont caractérisées naturellement, de la quantité de gaz carbonique dans l’atmosphère. formations dans cinq pays africains (Maroc, Togo,
écobuage, surpâturage, déforestation, non incorporation pour la plupart, par des sols déficitaires en matière Burkina Faso, Mali et Sénégal), directement auprès
au sol des résidus des cultures) et des facteurs organique et en éléments nutritifs, limitant ainsi 2. la Promotion d’une agriculture intelligente des agriculteurs, dans les établissements publics ou lors
naturels (mauvaises conditions climatiques, faibles leur productivité et portant préjudice à la sécurité pour le climat (AIC) et de la transition agroécologique d’événements nationaux ou internationaux.
précipitations, fortes températures, disparition alimentaire. en Afrique de l’Ouest
du couvert végétal, agressivité des pluies, forte Il s’agit donc de développer une agroécologie Initiative régionale financée par l’Union européenne, 5. Le réseau Carbone des sols pour une agriculture
minéralisation) (figure 4). adaptée aux contextes agro-pédo-climatiques des la Banque mondiale et le NEPAD de l’Union africaine, durable en Afrique (CaSA)
La déperdition de la matière organique des sols pays africains, avec comme motivation l’optimisation elle concerne 15 pays d’Afrique de l’Ouest et a pour Le CaSA est né d’une collaboration entre chercheurs
agricoles est un constat unanime. Ce déstockage de l’équation productivité – préservation. objectif de soutenir la transition agroécologique africains convaincus de la nécessité de prendre
de carbone est d’une grande ampleur dans les zones Selon cette redéfinition, il s’agit d’une agroécologie et de renforcer la résilience des populations vulnérables. en considération la dynamique du carbone du sol
arides et semi-arides. multiforme et adaptée à chaque zone agroécologique Elle vise l’adoption de pratiques par 25 millions dans les pratiques de production durable.
Le stockage du carbone constitue pourtant adoptant des pratiques spécifiques aux trois échelles de foyers d’ici à 2025, via la création d’une plateforme Différentes équipes de chercheurs et d’enseignants
à la fois une solution au réchauffement climatique (parcelle, exploitation, territoire) et aux composantes de partage du savoir, et la production, promotion se sont organisées en réseau, dans l’optique d’inciter
(atténuation ou compensation des émissions de gaz des agroécosystèmes (sol, eau, plantes/cultures, et diffusion des bonnes pratiques (utilisation d’espèces une agriculture basée sur des systèmes de production
à effet de serre) et à la réhabilitation de la qualité animaux, paysage). capables de séquestrer le carbone, gestion des eaux alternatifs, centrés sur une gestion optimale
de ruissellement, etc.). des matières organiques, et donc du carbone du sol.
Parmi les principales actions menées, on peut citer
LES SOLUTIONS 3. Les approches intégrées de gestion durable la mise en place et l’harmonisation d’une méthodologie
des terres (GDT), de l’eau et des forêts, et des actions de caractérisation du carbone du sol, l’analyse
L’initiative pour l’Adaptation de l’Agriculture Africaine aux changements climatiques liées à la prévention des risques et à l’adaptation et la valorisation des données disponibles, des actions
met en avant un panel de solutions d’agroécologie et de séquestration du carbone, au changement climatique de formation et de communication et, enfin,
concrètes et réalistes. Plusieurs organisations de producteurs développent à la promotion de TropiC Farm Tool, un outil de calcul
des dispositifs de formation et des activités du bilan ou empreinte carbone d’une ferme agricole
Parmi les principales solutions, on peut citer : – le développement de la microagriculture bio- de promotion et de sensibilisation sur des pratiques ou d’une activité agricole.
– la mise en place d’une agriculture de conservation intensive ; agroécologiques. Au niveau régional, la Banque
basée sur le travail mécanique minimal du sol – la mise en jachère ; mondiale et le Fonds pour l’environnement mondial
(pas de labour, semis direct), la couverture – le développement durable des oasis ; se sont engagés à consacrer 1 milliard de dollars US
permanente du sol par un mulch de matière – le développement durable des zones à ce type de projets dans douze pays africains.
organique riche en carbone (paille et/ou autres agropastorales.
résidus de récolte), les rotations et les associations La mise en œuvre de ces solutions passe en tout
culturales (incluant les légumineuses fixatrices premier lieu par le partage et la diffusion des bonnes
d’azote) ; pratiques agricoles et des connaissances acquises
– la mise en place de cultures intercalaires par les chercheurs et les professionnels.
(entre les rangées d’arbres) ;
– le développement du compostage, de l’incorporation
des résidus de cultures et la valorisation des déchets
organiques en compost ;
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I I – Maîtrise de l’eau agricole I I – Maîtrise de l’eau agricole
II
Maîtrise
de l’eau agricole
L'Afrique est le continent qui souffre le plus La chute du rendement de l’agriculture pluviale
de pénurie d'eau. Une situation qui s’explique pourrait d’ailleurs atteindre 50 % d’ici à 2020
par un déficit de pluviométrie dans plus dans certains pays.
des deux tiers du continent et par l’insuffisance
des infrastructures de mobilisation, de stockage La maîtrise de l’eau est un enjeu clé pour
et de distribution dans les régions pourvues l’agriculture africaine. L’initiative pour
en eau. Une situation qui s’aggrave sous l’effet l’Adaptation de l’Agriculture Africaine
du changement climatique : aridification aux changements climatiques en fait l’un
des zones méditerranéennes, assèchement de ses grands combats. Elle promeut et soutient
des lacs, diminution des capacités des châteaux des solutions visant à améliorer durablement
d’eau naturels. l’irrigation des cultures sur le continent.
L’agriculture africaine étant en grande partie Des solutions qui recherchent la
pluviale, la pénurie d’eau et les phénomènes complémentarité entre aménagements
extrêmes impactent lourdement le calendrier de mobilisation de l'eau, aménagements
agricole, les rendements des cultures hydroagricoles, aménagement des parcelles,
et la production animale. renforcement des institutions et mise en valeur
des terres irriguées.
14 15I I – Maîtrise de l’eau agricole I I – Maîtrise de l’eau agricole
L’ÉTAT DES LIEUX LES SOLUTIONS
L’agriculture africaine est particulièrement affectée par l’insuffisance de la pluviométrie, L’initiative pour l’Adaptation de l’Agriculture Africaine aux changements climatiques promeut
des capacités de mobilisation de l’eau et des techniques d’irrigation. Pourtant, le potentiel et soutient cinq types de solutions en matière de gestion de l’eau. Elles recherchent la complémentarité
d’irrigation du continent existe : estimé actuellement à 2 %, il peut atteindre 25 %. entre aménagements de mobilisation de l'eau, aménagements hydroagricoles, aménagement
L’adaptation de l’agriculture africaine passe inévitablement par une exploitation adéquate des parcelles, exploitation et renforcement des institutions et mise en valeur agricole.
et raisonnée des ressources en eau disponibles. Toutes les opportunités d’irrigation, sans exclusion, quelle que soit la dimension des domaines
d’aménagement pour l’irrigation (grands périmètres, périmètres collectifs ou villageois, petite
Environ 66 % des territoires africains se situent en Même les régions suffisamment pourvues en eau irrigation privée, aménagement des bas-fonds) doivent être retenues.
zone aride ou semi-aride et souffrent de l’insuffisance pâtissent du manque d'infrastructures de mobilisation,
de la pluviométrie. Près de 25 % de la population de stockage et de distribution, notamment Cinq thèmes d’actions prioritaires sont identifiés, – l’accompagnement volontariste du développement
africaine est d’ailleurs soumise à un stress hydrique pour l'irrigation des terres. découlant des intentions reportées par les pays de l’irrigation par le renforcement des capacités
(moins de 1 000 m3/habitant/an), principalement en À titre d’exemple, l’Afrique centrale, qui dispose africains dans le domaine de la maîtrise de l’eau techniques et managériales des irrigants.
Afrique du Nord et dans la région soudano-sahélienne. pourtant de 2 885 km3/an de ressources en eau à travers les NDC: L’initiative pour l’Adaptation de l’Agriculture Africaine
En termes de répartition spatiale, force est de constater renouvelables totales, n’a pourtant qu'une capacité – le renforcement de la mobilisation du potentiel aux changements climatiques prône également
que l’Afrique centrale et l’Afrique occidentale possèdent de stockage de 32 848 millions de m3, avec seulement hydrique : réhabilitation des ouvrages existants des mesures d’accompagnement : renforcement
les plus grandes ressources (51 % et 23 % respectivement), 90 barrages, tandis que l’Afrique du Nord, qui ne pour optimiser leurs capacités, construction du cadre institutionnel et réglementaire, des formations,
tandis que cette proportion n’est que de 3 % dispose que de 96 km3/an de ressources en eau de nouveaux ouvrages structurants ; de la recherche et développement, et de l’innovation.
pour l’Afrique du Nord. renouvelables totales, a une capacité de stockage – le développement volontariste de l’irrigation Le défi institutionnel est très grand. Il s’agit
Les changements climatiques viennent amplifier de 212 427 millions de m3, avec 340 barrages complémentaire entre l’irrigation à grande de réformer les institutions responsables des ressources
le déficit des apports pluviométriques, ou leurs (figures 5 et 6). échelle par l’aménagement des grandes plaines, en eau afin d’établir des mécanismes de bonne
concentrations en de courtes périodes, générant En Afrique, la part de la superficie cultivable irriguée l'agriculture de bas-fonds et de décrue, et la petite gouvernance et de créer un environnement favorable
des inondations. L’agriculture africaine étant en majeure n'est que de 2 %, contre 42 % en Asie. Or, le potentiel irrigation villageoise et irrigation individuelle ; à la gestion durable des bassins hydrographiques
s en eau proportion pluviale,
renouvelables les phénomènes
totales extrêmesen
par habitant perturbent d’irrigation du continent africain est de 25 %, compte
2014 (m³/an) – la poursuite du renforcement de la gestion nationaux et transfrontaliers et à la coopération
de manière notable le calendrier agricole et se répercutent tenu à la fois des terres irrigables et des ressources intégrée des ressources en eau (GIRE), notamment régionale sur les questions liées à la quantité et à la
sur les rendements des cultures et la production animale. renouvelables disponibles. pour la gestion des eaux transfrontalières ; qualité des ressources en eau. Il s’agit également
Une approche globale et une action concertée – la modernisation et la promotion des systèmes de réformer les institutions responsables de la gestion
et volontariste en matière de gestion de l’eau d’irrigation et de production plus économes de l’irrigation et de développement agricole
pour l’irrigation s’imposent. en eau et plus productifs ; et de renforcer les capacités en matière de recherche
Figure 5. Ressources en eau renouvelables totales par habitant
et de développement.
en Afrique en 2014 (m3/an) Figure 6. Rapport capacité de stockage en eau/potentiel
L’ÉCOSYSTÈME D’INITIATIVES EXISTANTES
L’initiative pour l’Adaptation de l’Agriculture Africaine aux changements climatiques est en ligne
avec des initiatives régionales et nationales déjà existantes. Parmi les initiatives d’intérêt en matière
de gestion de l’eau agricole, on peut citer le Partenariat pour l'eau à usage agricole en Afrique
(AgWA), l’initiative Irrigation au Sahel (SIIP) et la Scarcity Water Initiative (SWI).
1. Le Partenariat pour l'eau à usage agricole en Afrique 2. L’initiative Irrigation au Sahel (SIIP)
(AgWA) Cette initiative conjointe de six pays du Sahel,
Initié par les États africains et coordonné par vise à augmenter sensiblement les investissements
la FAO, l'objectif de ce partenariat est d’augmenter en matière d’hydraulique agricole pour passer
les investissements dans le domaine de la gestion de 400 000 hectares irrigués aujourd’hui à 1 000 000
des eaux agricoles de façon équitable socialement parlant, hectares d’ici à 2020 pour atténuer les effets
rentable au niveau de l’exploitation, économiquement de la variabilité et du changement climatique.
viable, respectueuse de l’environnement et durable
soutient le renforcement des investissements et promeut 3. La Scarcity Water Initiative (SWI)
le travail d’analyse, le partage et la diffusion Initiée par la FAO pour l’ensemble de la région
500 (pénurie d’eau
< 1 000-1 700 (stress hydrique) 20 %
< des connaissances, l’intégration régionale, la coordination, Proche-Orient et Afrique du Nord, elle soutient
absolue) 1 700-5 000 (stress hydrique occasionnel 20-50 %
500-1 000 (pénurie d’eau ou local) 50-80 %
les partenariats et l’autonomisation des parties le renforcement de l’efficacité et de la productivité
chronique) > 5 000 (ressources en eau abondantes 80-100 % prenantes nationales et régionales. de l’utilisation de l’eau, l’amélioration des politiques
au niveau national, stress possible > 100 %
au niveau local) et de la gouvernance relatives à l’eau à usage agricole,
±
Source : AQUASTAT/Geographic Projection. Source : Données Aquastat et calculs et cartographies du GT4). le renforcement de la collaboration régionale
et des partenariats et la sécurité alimentaire
Scale ca. 1:140 000 000 at the equator
Geographic Projection, WGS 1984 dans les pays concernés.
16 17
ess possible au niveau local] FAO - AQUASTAT, 2015
Déni de responsabilité
Les appellations employées dans cette publication et la présentation des données qui y figurentVous pouvez aussi lire
