LCB-FT LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT ET LE FINANCEMENT DU TERRORISME MODALITÉS PRATIQUES - AFG
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I AFG – AVRIL 2021 GUIDE PROFESSIONNEL LCB-FT LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT ET LE FINANCEMENT DU TERRORISME MODALITÉS PRATIQUES Avril 2021
1 AFG – AVRIL 2021 LCB-FT LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT ET LE FINANCEMENT DU TERRORISME MODALITÉS PRATIQUES Avril 2021
2 AFG – AVRIL 2021 SOMMAIRE PRÉAMBULE 3 1. APPORTS DES 4E ET 5E DIRECTIVES 4 2. NOTION DE RELATIONS D’AFFAIRES 6 3. APPROCHE PAR LES RISQUES 7 4. PRISE EN COMPTE DES PERSONNES POLITIQUEMENT EXPOSÉES 9 5. IDENTIFICATION DU BÉNÉFICIAIRE EFFECTIF 11 6. ARRÊT OBLIGATOIRE DES RELATIONS 12 7. INDICES DE BLANCHIMENT 12 8. DÉTECTION DES OPÉRATIONS ATYPIQUES ET EXAMEN RENFORCÉ 13 9. POLITIQUE D’INVESTISSEMENT –ACTIF 14 10. TRANSMISSION ET RECEVABILITÉ DES DÉCLARATIONS DE SOUPÇONS (DS) 15 11. PRÉCISIONS RELATIVES À L’ÉPARGNE SALARIALE 17 12. PRÉCISIONS RELATIVES À LA GESTION IMMOBILIÈRE 17 13. PRÉCISIONS SUR LE RAPATRIEMENT DE CAPITAUX ÉTRANGERS 18 ANNEXE : LISTE DES PRINCIPALES SOURCES DE RÉFÉRENCE 20
3 AFG – AVRIL 2021 PRÉAMBULE Les Modalités pratiques LCB-FT, fruit des travaux et donc des risques propres à la société de réalisés par le Groupe de travail “Blanchiment” gestion qui doit en établir une “classification” rattaché à la Commission Déontologie et Confor- interne. Elles font état d’une nécessité en termes mité de l’AFG, constituent des recommandations de moyens de contrôle, différenciée selon que concernant l’application de règles de bonne le gestionnaire assume ou non la relation conduite en matière de lutte contre le blanchi- commerciale. ment et le financement du terrorisme (LCB-FT) En ce qui concerne les prescriptions de vigilance applicables aux sociétés de gestion (“SGP”). et d’information relatives à la LCB-FT, les acti- Ces modalités viennent compléter le volet vités réalisées par les sociétés de gestion sont “Recommandations” du Règlement de déonto- expressément soumises aux textes suivants : logie de l’AFG et les règlements de déontologie Code Monétaire et Financier, complémentaires spécifiques (capital investisse- Règlement général de l’AMF, ment, immobilier…). Règlement de déontologie de l’AFG. Leur objet est de préciser, sans prétention d’ex- haustivité, les principaux risques en la matière Pour les sociétés qui gèrent des actifs ou distri- ainsi que les orientations relatives à l’organisa- buent des produits de gestion à l’étranger par tion et aux moyens à mettre en œuvre en vue l’intermédiaire de : d’y faire face. Ces modalités pratiques visent filiales, il appartient aux SGP de s’assurer que notamment pour la SGP à prendre en compte le principe essentiel de la prévention du blan- leurs mesures en matière de vigilance à l’égard chiment fondé sur l’exigence de “connaissance du client et de conservation des informations du client ou du bénéficiaire effectif” et à préci- sont équivalentes aux règles françaises ; ser les dispositions législatives et réglementaires succursales, il appartient aux SGP d’appliquer applicables concernées selon la nature du service des mesures en matière de vigilance à l’égard rendu. Elles doivent être adaptées et complé- du client et de conservation des informations tées, par chaque SGP s’il y a lieu, en fonction des au moins équivalentes aux règles françaises, activités exercées et de la nature de la clientèle, et d’appliquer les règles locales.
4 1. APPORTS DES 4E ET 5E DIRECTIVES AFG – AVRIL 2021 La Directive UE 2018/843 (5e directive) du 30 mai 1.3 É largissement aux résidents 2018 relative à la prévention de l’utilisation du nationaux de la notion de système financier aux fins de blanchiment de capi- personne politiquement exposée taux ou du financement du terrorisme, modifiant la directive n° 2015/849 a été transposée en droit Les personnes politiquement exposées (PPE) à français par les textes les suivants : l’égard desquelles doivent être appliquées des ordonnance n° 2020-115 du 12 février 2020 mesures de vigilances complémentaires sont défi- nies plus largement : cette notion, qui inclut toute décrets n° 2020-118 et n° 2020-119 du 12 février personne exerçant ou ayant exercé des fonctions 2020. publiques importantes à l’étranger ainsi que les Les principaux apports, pour les SGP, de la 4e et de cadres dirigeants des organisations internatio- la 5e Directive européenne LCB-FT sont les suivants : nales, comprend désormais également les per- sonnes qui exercent ou ont exercé des fonctions publiques importantes sur le territoire national 1.1 Consécration de l’approche par (“PPE domestiques ou nationales”). Cette notion les risques de PPE nationale avait été introduite par les recommandations du GAFI en 2012. La liste des L’approche par les risques par les entités assu- fonctions concernées est précisée par arrêté. jetties se trouve renforcée, la publication régu- lière de documents officiels permettant de faire un état des lieux de l’exposition aux risques de 1.4 R enforcement des prérogatives blanchiment de capitaux et de financement du de TRACFIN terrorisme. Les prérogatives de la cellule de renseignement À noter TRACFIN se voient renforcées, notamment en L’exonération totale de diligences en cas de termes d’échange d’informations avec les per- risque faible disparaît et est remplacée par un sonnes assujetties. régime de mesures de vigilance simplifiées. Ce renforcement des prérogatives se traduit éga- lement par une plus grande coopération entre les cellules de renseignements financiers sur le plan 1.2 Identification facilitée européen à travers notamment l’adoption de du bénéficiaire effectif mesures spécifiques ayant trait à la transmission par l’accès au registre d’informations. des bénéficiaires effectifs Par ailleurs, TRACFIN dispose désormais de la La consultation du registre des bénéficiaires effec- faculté de désigner des opérations et personnes tifs aux fins de vérification de l’identité du béné- présentant un risque important de blanchiment ficiaire effectif est désormais une obligation sauf de capitaux ou de financement du terrorisme. en cas de risque faible. Un registre des bénéficiaires effectifs est tenu par 1.5 M odification des critères le greffe du tribunal de commerce. Sa consulta- de classification des risques LCB-FT tion est accessible gratuitement via l’INPI. Les entités doivent définir et mettre en place Cas particulier pour les SICAV en création : l’AFG des dispositifs d’identification et d’évaluation a défendu et obtenu de faire une 1ère déclara- des risques de blanchiment des capitaux et de tion lors de la création valable pendant 180 jours financement du terrorisme auxquels elles sont sans avoir à la modifier (même si le passif évolue exposées ainsi qu’une politique adaptée à ces pendant cette période). risques. Elles élaborent une classification des Cf. chapitre 5 du présent document. risques en fonction de la nature des produits ou services offerts (devront notamment être intégrés À noter les risques liés à l’innovation), des conditions de Si vous relevez une incohérence entre les transaction proposées, des canaux de distribution bénéficiaires effectifs inscrits au registre et les utilisés, des caractéristiques des clients, ainsi éléments déclaratifs obtenus de votre client, que du pays ou du territoire d’origine ou de vous êtes tenus d’en informer le greffe. destination des fonds.
5 Le client à distance n’est plus considéré comme au rapport sur l’organisation du dispositif de AFG – AVRIL 2021 présentant un risque élevé, néanmoins lors de contrôle interne que doit approuver une fois par l’entrée en relation avec un client à distance des an le Conseil d’administration ou de surveillance mesures spécifiques d’identification doivent être avant d’être transmis à l’AMF pour les SGP et à mises en place telle qu’une identification électro- l’ACPR pour les TCCP (y compris par l’entreprise nique fiable ou présentant une garantie substan- mère d’un groupe). tielle (comme le prévoit le règlement E-IDAS). Les SGP doivent renseigner annuellement un questionnaire spécifique. 1.6 E xigences en matière de gouvernance et d’organisation 1.7 M odalités d’identification Les SGP doivent s’assurer que l’organisation du et de vérification de l’identité dispositif de lutte contre le blanchiment de capi- du client et du bénéficiaire effectif taux et le financement du terrorisme est adaptée précisées à leur taille, à la nature de leurs activités ainsi Le client personne physique est identifié par le qu’aux risques identifiés par leur classification recueil de ses nom et prénoms, ainsi que de ses des risques. date et lieu de naissance, tandis qu’une personne Cette organisation doit être dotée d’outils, de morale est identifiée par le recueil de sa forme moyens matériels et humains permettant la mise juridique, de sa dénomination, de son numéro en œuvre effective de l’ensemble des obligations d’immatriculation, ainsi que de l’adresse de son de vigilance et en particulier de détecter les cas siège social. nécessitant des diligences complémentaires. La vérification de l’identité d’un client est réali- Les règles à suivre sont relatives : sée de la manière suivante : à l’expérience, la qualification, la formation et Lorsque le client est une personne physique : la position hiérarchique des personnes partici- par la présentation de l’original d’un docu- pant à la mise en œuvre du dispositif de LCB-FT ; ment officiel en cours de validité comportant aux vérifications à effectuer dans le cadre du sa photographie, soit la prise d’une copie de ce processus de recrutement de ces personnes ; document, soit la collecte des mentions aux prestataires externes auxquels peuvent suivantes : les nom, prénoms, date et lieu de être confiée la réalisation de tout ou partie des naissance de la personne, ainsi que la nature, activités relatives aux obligations du dispositif les date et lieu de délivrance du document et les de LCB-FT (exigence d’un contrat écrit définissant nom et qualité de l’autorité ou de la personne les conditions et modalités d’externalisation) ; qui a délivré le document et, le cas échéant, l’a authentifié ; aux procédures définissant l’organisation du dispositif de contrôle interne, comprenant des par un moyen d’identification électronique critères et des seuils permettant d’identifier les délivré dans le cadre d’un schéma français incidents importants ainsi que les insuffisances d’identification électronique notifié à la Com- du dispositif, et aux activités de contrôle interne ; mission européenne ; par un moyen d’identification électronique aux contrôles permanent et périodique ; présumé fiable au sens de l’article L. 102 aux mesures correctrices nécessaires pour remé- du Code des postes et des communications dier immédiatement aux incidents et aux insuffi- électroniques. sances du dispositif ; Lorsque le client est une personne morale : à l’information faite au moins une fois par an par la communication de l’original ou de à l’instance dirigeante relative à l’activité et aux la copie de tout acte ou extrait de registre résultats des contrôles internes ainsi qu’aux insuf- officiel datant de moins de trois mois fisances du dispositif constatées (y compris par les ou extrait du Journal officiel, constatant la autorités de contrôle nationales ou étrangères) ; dénomination, la forme juridique, l’adresse du à l’information sans délai de l’instance diri- siège social et l’identité des associés et dirigeants geante concernant les incidents importants iden- sociaux mentionnés aux 1° et 2° de l’article tifiés dans le cadre des procédures du contrôle R. 123-54 du Code de commerce, des représen- interne ; tants légaux ou de leurs équivalents en droit au signalement fait par l’instance dirigeante étranger. La vérification de l’identité de la de l’entreprise à l’entreprise mère du groupe, personne morale peut également être réalisée concernant les incidents importants et insuffi- en obtenant une copie certifiée du document sances constatés ; directement via les greffes des tribunaux de
6 commerce ou un document équivalent en droit La liste des principales sources est consultable AFG – AVRIL 2021 étranger (R. 561-5-1 du Code monétaire et en annexe. financier). La vérification de l’identité des relations d’affaires n’est pas nécessaire en cas de vigilance simplifiée (seule l’identification est requise). 2. NOTION DE RELATIONS D’AFFAIRES La SGP fait ses diligences sur les relations Lorsque la SGP ne commercialise pas directement d’affaires. ses fonds mais passe par un intermédiaire (PSI, CIF, distributeurs étrangers), deux cas de figure Une relation d’affaires est constituée lorsque existent mais ont en commun la notion de la SGP a : registre. soit une action commerciale directe (commer- cialisation directe des OPC), Cas n° 1 : la SGP tient au nominatif pour le re- soit un mandat, gistre de son fonds (exemple : SCPI) : le client soit un fonds dédié, de la SGP = l’investisseur final = celui qui figure au registre avec le nombre de parts détenues. soit un fonds fermé, soit un contrat (ou convention, ou autre relation Dans ce cas la SGP doit conclure avec le dis- contractuelle). tributeur une convention dans laquelle elle dé- signe le distributeur comme tiers introducteur. Les relations d’affaires peuvent être des clients : À défaut, la SGP devra faire elle-même des investisseurs pour compte propre, diligences sur les investisseurs finaux inscrits entités qui prennent elles-mêmes les déci- au nominatif au registre de son fond. sions d’investissement pour le compte de tiers À noter (exemple : gérant), entités qui portent les parts ou actions des or- Il s’agit d’un changement important suscep- tible d’avoir des impacts significatifs sur le ganismes de placement collectifs en leur noms mode de fonctionnement de certaines entités. propres mais suite à la décision d’investissement de leurs clients (exemple : assureurs). Lorsque la relation d’affaires est un distributeur Cas n° 2 : lorsqu’il s’agit d’OPC qui circulent et que la SGP n’a pas de contact avec les inves- en Euroclear. Le client de la SGP = l’intermé- tisseurs finaux, la SGP met en place des diligences diaire financier / adhérent inscrit au registre sur le distributeur. tenu par Euroclear. Les clients des distributeurs sont sous la responsa- De ce fait la SGP peut ou non avoir une conven- bilité LCB-FT de ces derniers : tion avec cet intermédiaire. si le distributeur est en risque faible, (exemple : le distributeur est lui-même régulé d’une D’où il résulte qu’un même distributeur qui manière équivalente) les SGP doivent s’assurer distribue pour la même SGP ses SCPI et ses du dispositif LCB-FT de ces distributeurs (au OPC n’aura pas le même rôle : tiers introduc- moyen de questionnaires). teur-distributeur de la SGP pour les SCPI, client de la SGP dans le second cas. dans le cas contraire, la SGP devra envisager de renforcer le contrat existant avec son distribu- À noter teur (clause LCB-FT art. R. 561-9), voire même Euroclear a inclut des dispositions dans les d’aller jusqu’à l’identification des investisseurs termes contractuels qui le lient avec les TCC finaux selon les situations rencontrées. via son DSD (Descriptif de Service Routage d’ordres).
7 3. APPROCHE PAR LES RISQUES AFG – AVRIL 2021 3.1 C lassification des risques propres l’opération est une opération pour compte à l’entreprise propre ou pour compte de tiers effectuée avec des personnes physiques ou morales, y compris En application du Règlement général de l’AMF leurs filiales ou établissements, domiciliées, (RGAMF), les SGP doivent mettre en place une enregistrées ou établies dans un État ou un classification des risques de blanchiment pré- territoire figurant sur les listes publiées par le sentés par les services qu’elles fournissent. Elles GAFI (Groupe d’action financière) parmi ceux évaluent leur degré d’exposition à ces risques en dont la législation ou les pratiques font obstacle fonction notamment des conditions et modali- à la lutte contre le blanchiment des capitaux tés dans lesquelles ces services sont fournis ain- et le financement du terrorisme ou par la si que des caractéristiques des clients. À cette Commission européenne ; fin il est particulièrement tenu compte des le 3e cas (produit favorisant l’anonymat) n’est informations publiées par le GAFI et TRACFIN. pas applicable à l’activité des SGP. L’objectif de cette obligation est d’adapter les diligences à réaliser envers les relations d’affaires À noter auxquelles s’applique la classification selon une Il appartient à chaque entité assujettie de catégorisation de risque interne. définir le niveau de risque de lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme Le Code monétaire et financier prévoit que la associé aux différents facteurs et ce, en fonc- classification des risques prend en compte les tion d’une classification qui lui est propre. différents facteurs suivants : la nature des produits ou services offerts, Pour les risques faibles pouvant entrainer les conditions de transaction proposées, des diligences simplifiées, la SGP devra se conformer aux critères réglementaires, les canaux de distributions utilisés, celle-ci ne disposant pas de la possibilité les caractéristiques des clients, d’une appréciation qui lui est propre. du pays ou du territoire d’origine ou de destina- tion des fonds. La matrice de classification des risques repose 3.2 Classement des pays en fonction également sur la cotation de chacun de ces axes de leur niveau de risque selon trois niveaux : L’existence d’un classement des pays en fonction risque faible permettant des diligences simpli- de leur niveau de risque est cruciale dans le dispo- fiées dans les cas précisément énumérés par la sitif de connaissance des clients. réglementation (et en l’absence de tout soupçon par la SGP ; Les trois principales dimensions à intégrer sont la risque moyen entraînant des diligences “stan- LCB-FT, les sanctions financières internationales dard” ; et la liste des pays fiscalement non coopératifs. risque élevé nécessitant des diligences renfor- 1 Vocation et objectifs cées et / ou complémentaires de par la régle- La liste doit susciter l’adhésion avec procédure mentation ou de l’appréciation de la société encadrée d’établissement et mise à jour. de gestion selon ses propres critères internes. 2 Référentiel L’appréciation du risque doit prendre en compte La liste doit être référentielle dans la diversité tous les cas cités par les textes (Personnes politique- des métiers et des clients concernés. ment exposées,…) qui nécessitent obligatoirement des diligences complémentaires, et intégrer les co- 3 Reflet du risque réel tations de risques internes qui peut aller jusqu’au La liste doit être “agile”, modifiable en perma- risque élevé, nécessitant des diligences renforcées. nence en fonction des évolutions des risques inhérents à chaque pays. Ainsi, les situations donnant lieu à diligences com- plémentaires sont les suivantes, lorsque : 4 Justifié le bénéficiaire effectif, ou le cas échéant, le re- Le positionnement du niveau de risque doit présentant légal du client a qualité de personne pouvoir être documenté, en fonction de listes politiquement exposée (hors cas de sociétés connues (GAFI, OCDE, OFAC, Union européenne, cotées en l’absence de soupçon) ; pays non coopératifs fiscaux etc.) et tenir
8 compte de critères plus fins au besoin comme L’ensemble des pays, ou tout du moins AFG – AVRIL 2021 la liste des pays non-signataires CRS les évalua- l’ensemble des pays avec lesquels la structure tions mutuelles du GAFI notamment. est susceptible d’avoir des relations, avec une veille active. À noter (PS : les listes GAFI, qui évoluent 2 à 3 fois par La liste officielle de pays tiers équivalent an, sont consultables sur le site du GAFI). n’existant plus, l’AFG recommande aux SGP de réfléchir à l’établissement d’une pro- 6 Lisibilité cédure interne d’appréciation de l’équiva- La liste doit être compréhensible et utilisable lence du “risque pays”. facilement. Le nombre de niveaux de risque doit être clair. 5 Base minimale L’existence de mesures restrictives / sanctions Indiquer l’existence de mesures restrictives financières internationales contribue à déter- (embargo, gel des avoirs). miner le niveau de risque sans que celles-ci soient constitutives à elles seules du niveau Liste GAFI et Commission européenne des juri- de risque. dictions à haut risque et non coopératives. FA C T E U R S JURIDICTIONS N I V E A U X D E R I S Q U E PAY S COMPLÉ- M E N TA I R E S Pays Code Pays LISTE LISTE LISTE LISTE À INTÉGRER Pays ayant VERTE ORANGE ROUGE NOIRE Avant l’entrée signé les Entrée en Entrée en Entrée en Major en relation. accords relation relation relation sur Sanctioned Au cours de la relation. CRS procédure procédure exception Country standard renforcée uniquement Contrôle LCB-FT / Interdiction SANCTIONS FINANCIÈRES Transactions toutes INTERNATIONALES Si embargo : devises. Gel des avoirs et/ou bloquant a priori. embargo. Sans embargo : Contrôle bloquant a posteriori. a priori. Allemagne DE X Andorre AD Gel des avoirs Égypte EG (ancien régime égyptien) Anguilla AI Belarus BY Gel des avoirs + embargo La classification du niveau de risque géographique 3.5 Intégration de la fraude fiscale devra se conjuguer avec celle du client pour aggravée depuis la troisième conduire éventuellement à une classification de directive risque faible (diligences simplifiées). L’infraction fiscale “aggravée” fait partie du champ Les listes de pays considérés comme à risque des diligences et du périmètre déclaratif. fort en matière de LCB-FT (GAFI ou Commission européenne) impactent les diligences à mettre Elle se caractérise dès lors qu’un ou plusieurs en place pour les clients résidents dans ces pays des critères mentionnés par l’article 2 du décret (diligences complémentaires). n° 2009-874 du 16 juillet 2009 pris pour applica- tion de l’article L. 561-15-II du Code monétaire et financier sont observés et qu’il existe un soupçon. 3.4 C lassification adaptée Ces critères doivent donc faire partie intégrante à la politique d’investissement du dispositif interne général de surveillance1. (Actif) – Exemples Cf. Chapitre 9. 1) Eu égard notamment à la nature de certains de ces critères qui peuvent être utilisés également en termes d’alerte pour d’autres opérations de blanchiment.
9 4. P RISE EN COMPTE DES AFG – AVRIL 2021 PERSONNES POLITIQUEMENT EXPOSÉES 4.1 Identification des personnes depuis moins d’un an l’une des fonctions énumé- politiquement exposées rées à l’article L. 561-10 1° du Code monétaire et financier. Les SGP ont pour obligation d’effectuer des vigilances complémentaires lorsque le client Les personnes liées à ce PPE par des liens fami- et / ou le bénéficiaire effectif est une “per- liaux ou relation d’affaires étroites sont égale- sonne politiquement exposée” (PPE). ment considérées comme des PPE (voir définition complète de ces notions à l’article R. 561-18 du La distinction fondée sur la nationalité de Code monétaire et financier). la PPE a été supprimée. Ainsi, plus aucune distinction ne doit être effectuée entre les Il s’agit des personnes qui exercent ou ont exercé, PPE nationales et les PPE étrangères. au cours de l’année précédant une entrée en relation, des fonctions politiques, juridiction- Est considérée comme PPE une personne exposée nelles ou administratives ainsi que leurs proches et à des risques particuliers en raison de ses fonctions relations économiques (article R. 561-18 du Code ou une personne qui exerce ou a cessé d’exercer monétaire et financier) à savoir : I. Les PPE : chef d’État, chef de gouvernement, membre d’un gouvernement national ou de la Commission européenne ; membre d’une assemblée parlementaire nationale ou du Parlement européen, membre de l’organe dirigeant d’un parti ou groupement politique soumis aux dispositions de la loi n° 88-227 du 11 mars 1988 ou d’un parti ou groupement politique étranger ; membre d’une cour suprême, d’une cour constitutionnelle ou d’une autre haute juridiction dont les décisions ne sont pas, sauf circonstances exceptionnelles, susceptibles de recours ; membre d’une cour des comptes ; dirigeant ou membre de l’organe de direction d’une banque centrale ; ambassadeur ou chargé d’affaires ; officier général ou officier supérieur assurant le commandement d’une armée ; embre d’un organe d’administration, de direction ou de surveillance d’une entreprise publique ; m directeur, directeur adjoint, membres du conseil d’une organisation internationale créée par un traité, ou une personne qui occupe une position équivalente en son sein. Nota bene de sociétés d’économie mixte, qui, présentent Le rapport TRACFIN 2017-2018 préconise d’in- des risques élevés au regard de leur pouvoir de clure dans le champ des PPE : les responsables décision dans la gestion de budgets et l’attribu- exécutifs de collectivités locales ou les présidents tion de marchés publics. II. Les relations familiales avec une PPE : le conjoint ou le concubin notoire ; le partenaire lié par un PACS ou un contrat de partenariat enregistré en vertu d’une loi étrangère ; les enfants, leur conjoint, leur partenaire lié par un PACS ou un contrat de partenariat enregistré en vertu d’une loi étrangère ; les ascendants au premier degré.
10 AFG – AVRIL 2021 III. Les relations économiques avec une PPE : les personnes physiques qui, conjointement avec la personne mentionnée au I, sont bénéficiaires effectifs d’une personne morale, d’un placement collectif, d’une fiducie ou d’un dispositif juridique comparable de droit étranger ; les personnes physiques qui sont les seuls bénéficiaires effectifs d’une personne morale, d’un placement collectif, d’une fiducie ou d’un dispositif juridique comparable de droit étranger connu pour avoir été établi au profit de la personne mentionnée au I ; toute personne physique connue comme entretenant des liens d’affaires avec la personne mentionnée au I. Nota bene L. 561-5 et suivants, articles R. 561-12 et suivants Pour les clients personnes morales il convient de du Code monétaire et financier), s’ajoutent prendre en compte les PPE ayant la qualité de des mesures de vigilance complémentaires dans bénéficiaire effectif et/ou de représentant légal les conditions suivantes : de l’entité cliente. rechercher l’origine du patrimoine et des fonds Par ailleurs, comme le suggère la Position- impliqués dans la relation d’affaires ou la tran- recommandation AMF 2019-17, lignes directrices saction ; relatives à la notion de Personne politiquement évaluer le risque de corruption attachée à ce PPE ; exposée : btenir un accord d’un membre de l’organe o « l’assujetti peut recourir à un questionnaire d’iden- exécutif ou toute personne habilitée à cet effet tification rigoureux, prévoyant contractuellement (article R. 561-20-2 du Code monétaire et financier) ; que ses clients se signalent, ou qu’ils signalent renforcer les mesures de vigilance constante leur(s) bénéficiaire(s) effectif(s), s’ils viennent à prévues à l’article R. 561-12-1 du Code monétaire répondre aux caractéristiques d’une PPE ou s’ils et financier. cessent d’y répondre. Cet engagement contrac- tuel écrit des clients de se signaler comme PPE ou Ces mesures de vigilance s’appliquent dans deux cas : de signaler leur bénéficiaire effectif comme PPE lors de l’entrée en relation avec le client PPE, et peut participer au processus d’identification et lorsque le client devient PPE en cours de relation. de connaissance des clients en fournissant aux assujettis des éléments d’information. » ZOOM Pour rechercher l’origine du patrimoine et Il est également fortement recommandé d’avoir des fonds impliqués dans la relation d’affaires recours à une source externe via un fournisseur ou la transaction : si le bénéficiaire effectif, de données pour détecter les PPE (interrogation également PPE, est le représentant légal d’un manuelle et screening clients). assujetti régulé dans l’Union européenne, les fonds impliqués dans la relation d’affaires sont présumés ne pas provenir de cette PPE. 4.2 Mesures de vigilance en présence Dans ce cas, il peut être envisagé de ne pas de personne politiquement exposée placer le client en risque élevé. En présence d’une PPE, aux mesures de collecte Une analyse devra être menée pour vérifier d’éléments de connaissance du client (articles s’ils proviennent effectivement de ce BE. EN P R AT I Q U E Les professionnels devront : Mettre en place des procédures adaptées permettant de déterminer si leur client, et le cas échéant le bénéficiaire effectif est une PPE. Évaluer le risque LCB-FT / anti-corruption lié à cette PEE par l’application de mesures de vigilance complémentaire. Utiliser tout moyen d’information permettant d’identifier les PPE et devraient notamment : • avoir recours à des bases de données fournies par des prestataires de services, • demander une attestation écrite du client. Valider l’entrée en relation d’affaires ou la poursuite de la relation d’affaires avec une PPE par un membre de l’organe exécutif ou toute autre personne habilitée. Mettre à jour les informations relatives à ces PPE.
11 5. IDENTIFICATION DU BÉNÉFICIAIRE EFFECTIF AFG – AVRIL 2021 Les sociétés de gestion doivent, avant d’entrer en 5.2 Exceptions relation, identifier leur client direct ainsi que le bénéficiaire effectif de cette relation d’affaires. A) L es sociétés dont les titres sont admis à la négo- ciation sur un marché réglementé en France ou À noter dans un autre État partie à l’accord sur l’EEE ou Un bénéficiaire effectif est obligatoirement qui sont « soumises à des obligations de publicité une personne physique. conformes au droit de l’Union ou qui sont sou- mises à des normes internationales équivalentes garantissant une transparence adéquate des infor- 5.1 Définition mations relatives à la propriété du capital, ce dont la personne mentionnée à l’article L. 561-2 est en On entend par bénéficiaire effectif, la ou les per- mesure de justifier auprès de l’autorité de contrôle sonnes physiques qui, en dernier lieu, contrôlent di- mentionnée à l’article L. 561-36 », sont dispensées rectement ou indirectement, le client, c’est-à-dire : d’identifier le(s) bénéficiaire(s) effectif(s) en raison soit détiennent, directement ou indirecte- des obligations de transparence à la charge de leurs ment, plus de 25 % du capital ou des droits actionnaires significatifs (déclarations de franchis- de vote de la société, sement de seuils). soit exercent, par tout autre moyen, un pouvoir En revanche, les filiales de sociétés cotées doivent de contrôle sur la société. La personne physique déclarer leurs bénéficiaires effectifs. contrôlant la société par tout autre moyen est la personne qui : ATTENTIO N ! • détermine en fait, par les droits de vote dont La notion d’équivalence ci-dessus mentionnée est elle dispose, les décisions dans les assemblées distincte de la notion de “pays tiers équivalent” générales de cette société, pour les entités régulées (dispositif équivalent en • ou qui est associée ou actionnaire de cette so- matière de LCB-FT à celui de la France). ciété et dispose du pouvoir de nommer ou de Les titres cotés peuvent être indifféremment révoquer la majorité des membres des organes des actions ou des obligations. d’administration, de direction ou de surveil- lance de cette société. B) Sont également dispensés de déclarer leur bénéfi- Lorsqu’aucune personne physique n’a pu être ciaire effectif (article L. 561-46 alinéa 1 du Code identifiée selon ces deux critères et qu’il n’y a monétaire et financier) : pas de soupçon de blanchiment de capitaux ou de les EPIC, financement du terrorisme à l’encontre du client, le bénéficiaire effectif est la ou les personnes les représentations commerciales ou agences com- physiques qui représentent légalement la société. merciales des États, collectivités ou établissements publics étrangers établis en France. Les articles R. 561-2 à R. 561-3-0 du Code monétaire et financier apportent les précisions nécessaires sur la définition de bénéficiaire effec- 5.3 Registre des bénéficiaires effectifs tif lorsque le client est : un fonds sans person- nalité morale, une SGP, une fiducie, une associa- Toutes les personnes morales immatriculées au re- tion, une fondation, un fonds de dotation, un GIE. gistre du commerce ont l’obligation d’obtenir et de Il convient de se référer à l’article R. 561-1 conserver des informations exactes et actualisées du Code monétaire et financier pour déterminer sur leurs bénéficiaires effectifs et de déposer un quel représentant légal est à prendre en compte document relatif à ces informations au greffe du en fonction de la forme sociétale cliente. tribunal de Commerce. Si les représentants légaux du client sont des En France, l’identification du bénéficiaire effectif personnes morales, le bénéficiaire effectif est s’effectue par la société déclarante auprès du greffe la ou les personnes physiques qui représentent du tribunal de commerce dont relève son siège social, légalement ces personnes morales. via un formulaire fourni par le greffe, daté et signé par Dans le cas où la SGP gère un fonds doté de la son représentant légal. personnalité morale, dont le passif est détenu par Ce formulaire précise : une compagnie d’assurances, c’est sur la compa- les noms, nom(s) d’usage, pseudonyme, prénoms, gnie d’assurances que porte alors l’identification date et lieu de naissance, nationalité et adresse des bénéficiaires effectifs.
12 personne de la ou des personnes physiques 5.4 Accès aux documents relatifs AFG – AVRIL 2021 considérées comme bénéficiaires effectifs de aux bénéficiaires effectifs l’entité juridique ; les modalités de contrôle exercées sur l’entité ; La SGP en tant qu’assujettie à la LCB-FT, bénéficie la date à laquelle la personne physique est d’un accès au registre sous certaines conditions en termes de personnes au sein de l’établissement devenue le bénéficiaire effectif de l’entité. pouvant y avoir accès (article L. 561-46 du Code Des sanctions sont prévues pour défaut de monétaire et financier) et en termes de forma- déclaration du bénéficiaire effectif : lisme, les SGP sont invitées à consulter les sites dispositif civil d’injonction, Infogreffe et INPI pour plus de détails pratiques. sanction pénale : peine de 6 mois d’emprisonne- ment et de 7 500 € d’amende. Comment identifier les BE ? Dans un souci de pragmatisme, on considère que : L’obligation de déclarer les bénéficiaires la déclaration du ou des bénéficiaires effec- effectifs s’applique à tous les fonds dotés de tifs annexée au RCS peut être un justificatif la personnalité morale immatriculés au RCS opposable de l’identité du BE sous réserve dont la SGP assure la gestion en titre. de conservation par la SGP des données issues de la consultation ; Comme toutes les sociétés commerciales les une attestation émanant du client et contenant sociétés de gestion doivent déclarer au greffe toute modification intervenant dans l’identité toutes les informations nécessaires à l’iden- des bénéficiaires effectifs initialement décla- tification des BE est également suffisant ; rés. La déclaration doit être déposée au greffe lorsque le représentant légal est le BE, la dans les trente jours suivants « tout fait ou comparaison entre l’extrait du RCS (ou tout acte rendant nécessaire la rectification ou le autre document probant) et une attestation complément des informations qui y sont men- peut être suffisante. Lorsque l’accès au tionnées » (Code monétaire et financier article registre s’avère inopérant, collecter la dé- R. 561-55). claration que la société a envoyée au RCS. 6. ARRÊT OBLIGATOIRE DES RELATIONS En cas d’impossibilité d’identification ou de spécifiquement prévu une interdiction absolue vérification d’identité du client ou du bénéfi- d’exécuter une opération, d’établir ou de mainte- ciaire effectif ou d’obtention des informations sur nir une relation d’affaires. Dans ce cas une décla- l’objet et la nature de la relation d’affaires, il est ration à TRACFIN est obligatoire. 7. INDICES DE BLANCHIMENT Indices de blanchiment Indices de blanchiment au passif (Liste non exhaustive, donnée à titre Il est requis d’examiner avec une attention parti- illustratif.) culière, toute opération ou tout fait considéré comme particulièrement susceptible d’être lié Les diligences entreprises n’ont pas permis au blanchiment de capitaux ou au financement d’identifier le client/bénéficiaire effectif et/ou le du terrorisme, et ce au regard de : représentant légal ou semblent frauduleux (ce qui sa nature ou de son caractère inhabituel par implique de faire une déclaration de soupçon). rapport aux activités du client ; Réticence ou refus du client de produire des des circonstances qui entourent l’opération ; pièces justificatives quant à la provenance et des personnes impliquées. destination des fonds.
13 La structure juridique du client est complexe Entrée en relation avec des clients distributeurs AFG – AVRIL 2021 et fait intervenir des sociétés écrans implan- régulés depuis moins d’un an. tées dans des pays connus pour être des paradis Dépositaire situé à l’étranger hors EEE et pays fiscaux ou listés négativement par le GAFI. tiers équivalents et qui a été imposé par le client Client domicilié dans un pays excessivement pro- lors de l’entrée en relation. tecteur du secret bancaire, ou un pays considéré Souscription atypique par rapport au profil du comme participant au blanchiment des capitaux. client de par son montant ou sa nature. Client exposé à des poursuites ou des sanctions administratives ou pénales pour blanchiment Réactivation d’un client inactif. d’argent, financement du terrorisme ou corruption. 8. D ÉTECTION DES OPÉRATIONS ATYPIQUES ET EXAMEN RENFORCÉ Un examen renforcé doit être effectué lorsque la I M P O RTA N T P O U R L E V O L E T PA S S I F : SGP identifie une opération particulièrement com- plexe ou d’un montant inhabituellement élevé. en pratique, les obligations de cette section s’appliquent aux SGP dans les cas de gestion Attention ! Ne pas confondre : sous mandat ou de fonds dédiés ou lorsque la EXAMEN RENFORCÉ et VIGILANCE RENFORCÉE SGP a une relation directe avec l’investisseur. Digilences différenciées selon le niveau de risque global de la relation d’affaires Niveau 1 Risque faible 1. Vigilance simplifiée Digilences simplifiées uniquement en l’absence de soupçons et uniquement sur les cas de risques considérés comme faibles par le législateur. Niveau 2 Risque standard 2. Vigilance standard Elle constitue le point de référence : c’est le niveau raisonnable d’information requis en présence d’un risque LCB-FT (identification et connaissance de la clientèle). Niveau 3 Risque élevé 3. Vigilance renforcée Telle qu’elle est envisagée dans l’article L. 561-10-2 qui implique un renforcement de la connaissance de la clientèle dans un cadre défini par les procédures de chaque établissement. 4. Vigilance complémentaire Telle que les cas sont prévus par l’article L. 561-10 et dont le régime de vigilance est traité à l’article R. 561-19, R. 561-20-2 et R. 561-20-4. L. 561-10-2 du Code monétaire et financier : « Les personnes mentionnées à l’article L. 561-2 effectuent un examen renforcé de toute opération particulièrement complexe ou d’un montant inhabituellement élevé ou ne paraissant pas avoir de justification économique ou d’objet licite. Dans ce cas, ces personnes se renseignent auprès du client sur l’origine des fonds et la destination de ces sommes ainsi que sur l’objet de l’opération et l’identité de la personne qui en bénéficie.»
14 9. P OLITIQUE D’INVESTISSEMENT : VOLET ACTIF AFG – AVRIL 2021 Est abordé ici le risque qu’une SGP puisse par- ticiper à des activités de blanchiment dans le À RETENIR cadre des choix d’investissements opérés par les Plusieurs critères peuvent amener à moduler gérants, et ce quel que soit l’actif ou le véhicule. l’approche. Les diligences à appliquer sont Toutefois en fonction de la nature de l’actif ou des plus ou moins importantes en fonction de véhicules les diligences seront à moduler. l’existence ou non d’une relation d’affaires constituée dans le cadre de l’investissement à l’actif : Les diligences, le cas échéant, doivent être il y a constitution d’une relation d’affaires effectuées avant que le gérant n’investisse. directe avec la cible d’investissement (no- Les SGP sont invitées à établir des listes de pays tamment dans le cas du private equity / plus ou moins sensibles sur le plan LCB-FT à debt) lorsque la SGP investit directement l’actif, lesquels peuvent différer par rapport à dans les titres de l’émetteur non côté ; celles établies coté passif. lorsque la SGP investit en action ou obliga- La combinaison de ces différents critères peut tion sur un marché réglementé ou organisé amener à la modulation des diligences. dans l’EEE ou pays tiers équivalents, il n’y a pas de relation d’affaires constituée. Panel d’exemples : Dans Émetteurs côtés sur les marchés réglementés Investissements Dans EEE ou pays Tiers Équivalent Aucune Diligence* Dans OPC gérés par une SGP / SDG Régulées/ Agréées Société Investissements de gestion Dans EEE ou pays Tiers Équivalent *Pour autant qu’il n’existe pas par ailleurs de soupçon de blanchiment ou de financement de terrorisme à la connaissance de la société de gestion, et que les conditions pour ne faire aucune diligence sont bien remplies. Diligences en fonction Investissements Émetteurs non côtés du niveau de risque** Société **Constituer un dossier sur l’émetteur de l’instrument comprenant par exemple : de gestion • les noms des dirigeants et bénéficiaires effectifs (cf. “notion de bénéficiaire effectif”) ; • les éléments nécessaires pour l’appréciation de la cohérence des données financières par rapport à l’activité ; • contrôle des données nominatives par rapport aux listes officielles sur le financement du terrorisme. Diligences en fonction Co-Investissements Private Equity Co-investisseur du niveau de risque*** Société de gestion ***Entrée au capital dans une relation présumée de longue durée. Constituer un dossier sur la cible d’investissement et mener des vérification sur le(s) co-investisseur(s). Diligences en fonction Investissements Actifs Immobiliers Locataires du niveau de risque**** Société ****Constituer un dossier sur le(s) vendeur(s) des actifs concernés, de gestion mais aussi sur les locataires (gestion en direct) dont le loyer > 10 000 €.
15 Focus Abus de marché AFG – AVRIL 2021 vs LAB-FT à l’actif Les problématiques LCB-FT à l’actif peuvent se À RETENIR rejoindre avec celles d’abus de marché. Nous Les cas d’abus de marché peuvent, outre encourageons les SGP à s’interroger sur leurs une déclaration AMF, aussi faire l’objet d’une dispositifs abus de marché et lutte contre le déclaration de soupçon auprès de TRACFIN, blanchiment dans le prolongement de la position dans la mesure où le soupçon porte sur une du GAFI d’octobre 2018 “Guidance for a risk- infraction pouvant être sanctionnée par une based approach - Securities sector” (Cf para- peine privative de plus d’un an de prison. graphes 23 à 26, 82, 124, 135 et 149) et rapport du GAFI 2009 (chapitre 4). 10. TRANSMISSION ET RECEVABILITÉ DES DÉCLARATIONS DE SOUPÇONS (DS) Chaque SGP doit disposer d’un déclarant et d’un Caractère confidentiel des déclarations correspondant TRACFIN (une même personne peut de soupçon (DS) assurer les deux fonctions) disposant d’une exper- tise sur la LCB-FT. Cette fonction peut également La confidentialité de la déclaration de soupçon être prise en charge par le RCCI. Il convient de est la pierre angulaire du dispositif de lutte contre penser à désigner un back up sur ces fonctions. le blanchiment d’argent et le financement du terro- Toute modification portant sur des informations risme. déclarées doit être portée sans délai à la connais- Les dirigeants ou préposés des SGP ne peuvent por- sance de l’AMF et de TRACFIN. ter à la connaissance de quiconque l’existence et le contenu de la déclaration de soupçon ou les suites Par ailleurs chaque SGP doit avoir un res- données, qu’il s’agisse du client concerné ou d’un ponsable de la mise en œuvre du dispositif tiers (article L. 562-18). Ils peuvent néanmoins LCB-FT, ce responsable de la mise en œuvre révéler à l’autorité judiciaire ou aux officiers de peut être le RCCI LCB-FT. police judiciaire, agissant sur délégation, que des informations ont été transmises à TRACFIN à qui S’agissant de relations intermédiées via un dis- il leur est alors possible de demander confirmation tributeur, la société de gestion n’a pas à établir de l’existence de la déclaration. de déclaration de soupçon pour autant que le a confidentialité de la déclaration de soupçon L distributeur ait réalisé sa propre DS et que la s’impose également à TRACFIN qui est le seul SGP n’a pas d’élément complémentaire à ajouter destinataire de la déclaration de soupçon (article (s’agissant de SGP et distributeurs appartenant L. 561-15). Toutefois, la déclaration de soupçon au même groupe). est accessible à l’autorité judiciaire sur réquisition Les professionnels du secteur financier ont l’obli- auprès de TRACFIN à condition que : gation de faire leurs déclarations en ligne sur le la déclaration de soupçon soit nécessaire à la site Internet de TRACFIN via le système Ermès : mise en œuvre de la responsabilité : https://tracfin.finances.gouv.fr/Pages/Login. • des personnes mentionnées aux articles L. 561-2, aspx?ReturnUrl=%2f de leurs dirigeants et préposés, • de celle des autorités mentionnées à l’article L. 561-17. et lorsque l’enquête judiciaire fait apparaître qu’ils peuvent être impliqués dans le mécanisme de blanchiment de capitaux ou de financement du terrorisme qu’ils ont révélé (article L. 561-19-II).
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