LA PANDÉMIE DE COVID-19 MENACE DAVANTAGE LES FEMMES ET LES FILLES QUI SONT DÉJÀ EXPOSÉES DANS LES SITUATIONS DE CRISE HUMANITAIRE ET LES CONTEXTES ...

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LA PANDÉMIE DE COVID-19 MENACE
DAVANTAGE LES FEMMES ET                                                             Mai 2020

LES FILLES QUI SONT DÉJÀ EXPOSÉES
DANS LES SITUATIONS DE CRISE
HUMANITAIRE ET LES CONTEXTES FRAGILES

Le Groupe de travail interorganisations sur la santé reproductive dans les situations de
crise humanitaire (IAWG) exhorte la communauté internationale à répondre aux besoins
et à respecter les droits des femmes et des filles dans les situations de crise humanitaire
et les contextes fragiles pendant la pandémie de COVID-19, y compris en assurant l’accès
aux services et aux fournitures de santé sexuelle et reproductive.

   1            CONTEXTE

Le 11 mars 2020, l’Organisation mondiale de la Santé a déclaré que la flambée de COVID-19 constituait
une pandémie. Alors que tous les pays luttent pour répondre à la propagation rapide de la maladie, la
pandémie représente une menace particulièrement grave dans les situations d’urgence humanitaire
et les contextes fragiles risquent de sombrer dans de nouvelles crises. Même avant la pandémie de
COVID-19, environ 1,8 milliard de personnes vivaient dans des contextes fragiles à travers le monde,
168 millions d’entre elles avaient besoin d’une aide humanitaire. (1) Parmi elles, environ 1 personne sur
4 sont des femmes et des filles en âge de procréer. (2) Le nombre de femmes et de filles fortement
exposées continuera d’augmenter alors que les crises humanitaires doivent affronter la COVID-19
avec des systèmes de santé et des réseaux logistiques déjà mis à rude épreuve, des espaces et
refuges inadaptés et surpeuplés, une protection limitée face à la violence basée sur le genre, des
établissements et des produits d’hygiène et d’assainissement insuffisants.
LES URGENCES ACCENTUENT LES BESOINS EN MATIÈRE DE SANTÉ

   2
                SEXUELLE ET REPRODUCTIVE DES FEMMES ET DES FILLES VIVANT
                DANS LES SITUATIONS DE CRISE HUMANITAIRE ET DANS DES
                CONTEXTES FRAGILES

L’impact mondial de l’urgence liée à la COVID-19 est aggravé pour les femmes et les filles vivant dans
dans des crises humanitaires en cours et naissantes. Les mauvaises conditions peuvent empirer, y
compris avec une augmentation de l’insécurité, de l’instabilité et des conflits, la déterioration des sites
de déplacement et davantage de contraintes sur les ressources, autant d’éléments qui aggravent
toutes les formes multiples et croisées de discrimination subies par les femmes et les filles. Certains
gouvernements exploitent aussi la crise de santé publique pour créer d’autres obstacles ou supprimer
l’accès aux services existants de santé sexuelle et reproductive dans les situations de crise humanitaire.
(3)

Dans les pays touchés par des urgences humanitaires, plus de 500 femmes et filles meurent pendant
leur grossesse et leur accouchement chaque jour. Cela s’explique essentiellement par l’absence
d’agents qualifiés ou le manque de procédures obstétriques d’urgence, et les complications liées
aux avortements à risques. (4) Des recherches spécifiques à des pays menées récemment ont mis
en évidence une augmentation des incidents de violence familiale compte tenu de l’instauration
de mesures de restrictions aux déplacements et de confinement pour réduire la propagation de la
COVID-19. (5,6) Les taux déjà élevés de violence sexuelle ont tendance à augmenter lors des situations
d’urgence humanitaire en périodes de crise, par exemple dans certains contextes déjà touchés par
une crise, 65 % des femmes déclarent avoir subi des actes de violence sexuelle ou physique, soit deux
fois plus que la moyenne mondiale, ce qui correspond à un des niveaux les plus élevés de violence
à l’égard des femmes et des filles au monde. (7) Outre le fait qu’il s’agissse d’une grave atteinte aux
droits humains, la violence sexuelle peut aussi générer de taux élevés de grossesses non désirées,
d’avortements à risques, de morts maternelles et de faibles poids à la naissance, d’avortements
spontanés, d’accouchements prématurés et d’infections sexuellement transmissibles chez les femmes
et les filles. (8)

Des difficultés complexes entravent la disponibilité, l’accessibilité et l’acceptabilité de services de
santé sexuelle et reproductive de qualité dans les situations de crise humanitaire et les contextes
fragiles. Il s’agit des systèmes de santé mis à rude épreuve, des coûts directs et indirects prohibitifs,
du manque d’informations, d’environnements dangereux, la crainte de la violence en raison du
recours aux soins, les obstacles juridiques, politiques et sociaux préexistants. (9) Il est aussi crucial
de prendre en considération les besoins spécifques et les obstacles à l’accès aux informations et aux
services subis par les groupes marginalisés - notamment les adolescents, les migrants, les personnes
handicapées et les personnes ayant des expressions, des identités de genre, des orientations sexuelles
et caractéristiques sexuelles diverses - alors que leur vulnérabilité est décuplée en temps de crise.

Depuis 1995, l’IAWG apporte une assistance et un soutien technique fondés sur des données probantes
afin de garantir la prestation de services de santé sexuelle et reproductive dans le cadre des soins
vitaux et essentels dans les situations de crise humanitaire.

La principale composante de ce travail est le Dispositif minimum d’urgence (DMU) pour la santé
sexuelle et reproductive (SSR), un ensemble d’activités prioritaires mises en œuvre au début d’une crise
humanitaire.

La mise en œuvre du DMU pour la santé sexuelle et reproductive n’est pas optionnelle - il s’agit d’une
norme internationale en matière de soins qui doivent être disponibles au début de chaque situation
d’urgence, y compris lors des flambées de maladies infectieuses.
LA COVID-19 RISQUE DE PERTURBER LA CONTINUITÉ

  3            DES SERVICES DE SANTÉ SEXUELLE ET REPRODUCTIVE
               DANS LES SITUATIONS DE CRISE HUMANITAIRE

Les épidémies passées ont démontré que le manque d’accès aux services de santé essentiels en raison
de la fermeture des services non liés à la lutte contre l’épidémie, peut donner lieu à plus de décès que
ceux qui sont causés par l’épidémie elle-même. (10) Si les besoins des femmes et des filles ne sont pas
intégrés dans la réponse de santé publique à la COVID-19, y compris la priorisation proportionnée des
ressources pour la santé sexuelle et reproductive, cela entraînera des augmentations substantielles
de la mortalité évitable. (11) Par exemple, le refus de l’accès aux services de santé sexuelle et
reproductive tels que la contraception, les soins obstétriques pour tous les accouchements, les
soins obstétriques et néonataux d’urgence, les soins après avortement, les soins liés à l’avortement
sans risques, les soins cliniques pour les victimes de viol, et la prévention et le traitement du VIH
et d’autres infections sexuellement transmissibles peuvent aboutir à des taux de morbidité et de
mortalité considérablement accrus. (12) En outre, sans accès aux méthodes contraceptives, y compris
la contraception d’urgence, les grossesses non désirées et les avortements à risque augmenteront, ce
qui contribuera à un nouvel accroissement du nombre de morts et de handicaps maternels dans les
situations de crise humanitaire. (13)

En raison de la COVID-19, l’accès aux services essentiels de santé sexuelle et reproductive a été relégué
au second plan et interrompu dans les situations de crise humanitaire et les contextes fragiles, ce
qui est déjà le cas au moment où les femmes et les filles ont le plus besoin de ces services. (14) La
pandémie de COVID-19 a interrompu les chaînes d’approvisionnement et les réseaux logistiques
habituels des soins partout dans le monde, ce qui a entraîné des retards à tous les niveaux de
production et de fabrication des fournitures; des difficultés en matière d’achat; des obstacles
réglementaires accrus qui empêchent les importations et exportations; la disponibilité réduite des
transports internationaux et nationaux; et des interruptions dans la livraison de produits au dernier
maillon. (15) La COVID-19 va de plus en plus impacter et perturber la disponibilité de fournitures
vitales en matière de santé sexuelle et reproductive, notamment les kits de santé reproductive du
Groupe interorganisations, dont les populations ont besoin pour assurer une prestation sécurisée et
le respect des normes médicales avec des équipements et des fournitures adaptés pour les soins de
santé sexuelle et reproductive destinés aux personnes impactées par des crises humanitaires. Ces
perturbations impactent grandement les situations de crise humanitaire qui dépendent largement
des approvisionnements internationale de grande envergure et d’un stockage des fournitures vitales
à l’échelle mondiale, y compris des kits médicaux et sanitaires fournis par le FNUAP, l’OMS et d’autres
organisations.

Outre les fournitures nécessaires pour dispenser des soins essentiels et vitaux à leurs patients, les
prestataires de soins humanitaires de première ligne sont confrontés à la rareté croissante des
équipements de protection individuelle (EPI) vitaux. En raison des pénuries nationales et mondiales de
grande ampleur, les soignants nationaux et internationaux qui dispensent des services vitaux comme
la santé sexuelle et reproductive sont menacés. Les soins de santé sexuelle et reproductive de haute
qualité ne peuvent pas être fournis sans ces médicaments, fournitures, dispositifs et équipements
essentiels. Pour protéger les vies et le bien-être des femmes et des filles à la fois en tant que
bénéficiaires et prestataires de soins, il faut impérativement prioriser l’accès continu aux EPI et aux
fournitures de santé sexuelle et reproductive.
4               APPEL À L’ACTION

Il est essentiel de garantir la mise à disposition d’informations, de services et de
fournitures complets de santé sexuelle et reproductive dans les contextes de crise
humanitaire non seulement pour une réponse efficace mais aussi pour être en
conformité avec les obligations juridiques internationales.

À présent, il est temps que les gouvernements, les acteurs humanitaires et le secteur
privé travaillent ensemble pour garantir la disponibilité, l’accès aux services de santé
sexuelle et reproductive essentiels et respectueux des droits, y compris la contraception,
les soins obstétriques pour tous les accouchements, les soins obstétriques et néonataux
d’urgence, les soins après avortement, les soins liés à l’avortement sans risques dans les
limites prévues par la loi, les soins cliniques pour les victimes de viol, et la prévention et le
traitement du VIH et d’autres infections sexuellement transmissibles.

     RECOMMANDATIONS SPÉCIFIQUES

1        POUR GARANTIR LE FINANCEMENT DE LA SANTÉ SEXUELLE ET REPRODUCTIVE DANS
         LES APPELS RELATIFS À LA COVID ET AU-DELÀ. LES BAILLEURS DE FONDS DOIVENT:

    Investir dans le plan mondial d’intervention humanitaire sur le COVID-19 et d’autres mécanismes de
    financement ayant pour but de faire face à la pandémie, cela doit inclure un financement destiné à des
    services de santé sexuelle et reproductive complets et non discriminatoires.

    Garantir des financements permanents et flexibles pour la préparation, les actions et la mise en œu-
    vre précoce du DMU pour la santé sexuelle et reproductive alors que les pays fragiles sont exposés au
    risque de tomber dans une crise humanitaire.

    Faire en sorte que les financements soient constamment disponibles pour sécuriser la santé sexuelle
    et reproductive en vue de la continuité des soins dans les interventions d’urgence humanitaire
    naissantes ou existantes pendant et à la suite de n’importe quelle intervention d’urgence initiale.

    Investir dans la chaîne d’approvisionnement et la logistique pour les fournitures vitales en matière de
    santé sexuelle et reproductive nécessaires pour mettre en œuvre les objectifs du DMU pour la santé
    sexuelle et reproductive pendant toute la durée de la pandémie de COVID-19.
2   POUR ASSURER LA COORDINATION ENTRE LES SECTEURS DU DÉVELOPPEMENT ET DE
    L’HUMANITAIRE, LES GOUVERNEMENTS, LES BAILLEURS DE FONDS, LES AGENCES DE
    L’ONU ET LES PARTENAIRES D’EXÉCUTION DOIVENT:

Accroître les investissements dans le soutien, la formation, la supervision et le suivi de la réponse à
la COVID-19 en présentiel et à distance pour maintenir l’accessibilité, la disponibilité et la qualité des
services de santé sexuelle et reproductive de même que la sécurité des professionnels de santé et des
patients.

Produire des informations claires, cohérentes, fondéees sur des données probantes et régulièrement
actualisées et des communications réciproques en partenariat avec les populations touchées afin de
cibler les communautés et les soignants de manière efficace.

Collecter et utiliser systématiquement des données ventilées sur le sexe, l’âge, la grossesse et le
handicap pour mieux guider les efforts en matière de réponse et de rétablissement.

Rechercher des possibilités de collaboration avec des partenaires issus de divers secteurs afin de
gagner en efficacité et d’éviter des vases-clos inutiles.

3    POUR ASSURER L’ACCÈS AUX FOURNITURES VITALES ESSENTIELLES
     LES GOUVERNEMENTS, LES BAILLEURS DE FONDS, LES AGENCES DE L’ONU ET LES
     PARTENAIRES D’EXÉCUTION DOIVENT:

Appuyer le efforts visant à regrouper l’approvisionnement en fournitures clés afin de garantir des
volumes importants de fournitures et de production, y compris des EPI pour les prestataires de soins de
santé sexuelle et reproductive de même que des fournitures de santé sexuelle et reproductive requises
pour assurer la continuité du DMU pour les services de santé sexuelle et reproductive dans les situations
de crise humanitaire.

Veiller à la mise à la disposition fiable de fournitures sanitaires essentielles notamment les fournitures
de santé sexuelle et reproductive, pour éviter les interruptions de service en surmontant les goulots
d’étranglement liés à la COVID-1 dans la fabrication de fournitures, l’approvisionnement, de transit,
d’importation et d’exportation, le dédouanement et la gestion des pharmacies à l’échelle mondiale et
locale notamment par la suppression des obstacles d’ordre réglementaire qui entravent la circulation
des fournitures vitales vers et en provenance des pays.

Soutenir les efforts en cours pour recueillir, agréger et partager les données sur l’offre et la demande
face à de nouvelles contraintes relatives à l’offre pour permettre aux acteurs de systématiquement
mettre en œuvre des systèmes durables, rationnels et équitables d’allocation; de mener la planification
coordonnée des fournitures d’EPI et de santé reproductive en pénurie; et veiller à leur distribution aux
populations touchées dans les situations de crise humanitaire.

Soutenir et apprendre des acteurs locaux dans l’orientation sur les mesures adaptées en matière
de prévention et de contrôle des infections, y compris la bonne utilisation des EPI pour prévenir la
transmission interhumaine de la COVID-19 dans les établissements de santé.

Soutenir la communauté, la télémédecine et les soins à domicile, conformément aux directives de l’OMS,
par l’accès aux produits tels que les tests de grossesse, les préservatifs, les contraceptifs oraux et les tests
VIH.
4    POUR CRÉER UN LIEN PLUS SOLIDE ENTRE LES SERVICES DE SANTÉ SEXUELLE ET
     REPRODUCTIVE ET CEUX DE PRISE EN CHARGE DE LA VIOLENCE BASÉE SUR LE
     GENRE, LES GOUVERNEMENTS, LES BAILLEURS DE FONDS, LES AGENCES DE L’ONU
     ET LES PARTENAIRES D’EXÉCUTION DOIVENT:

Reconnaître que les services de santé sexuelle et reproductive peuvent être un point d’entrée pour
atténuer, répondre et réduire la violence basée sur le genre.
Reconnaître que les services de prise en charge de la violence basée sur le genre sont des services
essentiels et qu’ils doivent être accessibles de manière sécurisée et conviviale y compris les budgets
alloués et l’aide au personnel.

Former les prestataires à la reconnaissance des signes de violence basée sur le genre et soutenir la
divulgation d’actes de violence.

Fournir des informations et renforcer la connaissance des services de santé sexuelle et reproductive à
la disposition des victimes, y compris la contraception d’urgence, le soutien psychosocial et les soins liés
à l’avortement sans risques dans les limites prévues par la loi, pouvant être dispensés en temps voulu, de
manière sécurisée, digne et confidentielle.

Créer des systèmes et parcours de référence solides et confidentiels de même que des capacités
adaptées pour veiller à ce que les victimes bénéficient de soins complets.

Veiller à ce que l’accès aux soins liés à l’avortement sans risques vitaux dans les limites prévues par la
loi et les soins après avortement destinés aux victimes de violence sexuelle fassent partie des services de
santé sexuelle et reproductive et de prise en charge de la violence basée sur le genre.

5     POUR SOUTENIR LES PROFESSIONNELS DE SANTÉ ET LES ORGANISATIONS
      DE LA SOCIÉTÉ CIVILE AU SERVICE DES FEMMES EN PREMIÈRE LIGNE, LES
      GOUVERNEMENTS, LES BAILLEURS DE FONDS, LES AGENCES DE L’ONU ET LES
      PARTENAIRES D’EXÉCUTION DOIVENT:

Reconnaître que les femmes représentent 70 pour cent du personnel de santé et prendre des
mesures concrètes pour éliminer les écarts de rémunération entre hommes et femmes dans le
secteur de la santé. (16) Cela suppose de rémunérer les soignants de première ligne correctement - la
majorité étant des femmes- par rapport à leurs rôles étendus et aux risques connexes pour leur santé
et leur bien-être mental. Cela est particulièrement pertinent pour les soignants en première ligne
actuellement à temps partiel ou non rémunérés et ceux qui ne bénéficient pas de congés de maladie
payé. Lorsque les soignants de première ligne estiment que cela est faisable, équitable et préférable, les
paiements mobiles peuvent être utilisés. Compte tenu du risque que représente la COVID-19 pour les
professionnels de santé de première ligne et les perturbations occasionnées dans leur travail, les fonds
actuellement affectés aux incitations fondées sur la performance doivent être réaffectés pour couvrir les
salaires ou les sommes allouées à pour tous les professionnels de santé actifs.

Financer et appuyer les organisations de la société civile dirigées par des femmes dans les situations
de crise humanitaire. Alors que de nombreuses organisations de la société civile dirigées par des
femmes et au service des femmes essaient de poursuivre leurs interventions en ces temps difficiles,
elles ont impérativement besoin de financements accrus et flexibles pour maintenir leurs opérations et
continuer leurs actions essentielles visant à fournir des informations et services sanitaires vitaux.

Inclure les intervenants qui sont en première ligne et dont la majorité sont des femmes dans des
mécanismes de protection. Les pandémies passées ont mis en évidence une augmentation des
harcèlements et des violences commises contre les agents de santé et les intervenants humanitaires,
en particulier à des endroits où de fortes tensions opposent les populations d’accueil aux réfugiés. Les
prestataires de service femmes en première ligne doivent être protégés.
6       POUR GARANTIR LE PRINCIPE DE RESPONSABILITÉ À L’ÉGARD DES FEMMES ET LES
        FILLES DANS LES CONTEXTES DE CRISE, LES GOUVERNEMENTS, LES BAILLEURS DE
        FONDS, LES AGENCES DE L’ONU ET LES PARTENAIRES D’EXÉCUTION DOIVENT:

    Mettre en œuvre le DMU au début de chaque situation d’urgence, notamment lors des flambées de
    maladies infectieuses. En tant que norme destinée aux intervenants humanitaires, le DMU est fondé
    sur les obligations légales internationales des États qui doivent respecter et garantir des droits humains
    élémentaires, notamment les droits reproductifs dans les situations de crise humanitaire de même que
    les normes humanitaires y compris les normes humanitaires minimales Sphere. En outre, il constitue
    un critère d’admissibilité pour l’obtention de fonds auprès du Fonds central pour les interventions
    d’urgence (CERF) et il figure dans le Guide pratique du groupe de responsabilité sectorielle Santé, ce qui
    atteste du caractère urgent de sa mise en œuvre.

    Veiller à ce que les services cliniques essentiels pour la santé sexuelle et reproductive restent
    disponibles, en accord avec le DMU. Cela inclut la contraception, les soins périnataux pour tous les
    accouchements, les soins obstétriques et néonataux d’urgence, les soins après avortement, les soins
    liés à l’avortement sans risques dans les limites prévues par la loi, les soins cliniques pour les victimes de
    viol, et la prévention et le traitement du VIH ainsi que d’autres infections sexuellement transmissibles.
    Les risques de résultats défavorables liés à des complications médicales relevant de la santé sexuelle
    et reproductive l’emportent sur les risques potentiels de transmission de la COVID-19 dans les
    établissements de santé.

    Garantir des systèmes de responsabilisation inclusifs et efficaces fondés sur les droits pour les
    femmes et les filles dans les situations de crise humanitaire. Les systèmes fondés sur les droits doivent
    être conçus pour recueillir les commentaires des clients mais aussi pour développer, mettre en œuvre et
    suivre les plans d’action afin de faire face aux lacunes des services et aux violations des droits au niveau
    de la prestation de services et des interventions. Les systèmes doivent aussi inclure les mécanismes de
    plainte confidentiels et quand cela n’expose pas les usagers, les dialogues et la négociation entre les
    usagers, les communautés et les prestataires de soins/intervenants humanitaires.

    Veiller à ce que les organes décisionnels relatifs à la COVID-19 soient inclusifs, équilibrés entre les
    genres, et incluent une expertise liée à la santé sexuelle et reproductive. La conception, la mise en
    œuvre et l’évaluation des interventions de santé publique sur la COVID-19 doivent impliquer la société
    civile locale, en particulier les organisations dirigées par des femmes et celles qui se consacrent aux
    droits humains et à la santé sexuelle et reproductive.

7      POUR SOUTENIR ET PROTÉGER LES POPULATIONS MARGINALISÉES,
       LES AGENCES DE L’ONU ET LES PARTENAIRES D’EXÉCUTION DOIVENT:

    Mettre en œuvre des approches adaptatives et réactives pour que les adolescents bénéficient
    d’informations et de services précis par rapport à la santé sexuelle et reproductive et la COVID-19. Cela
    s’avère particulièrement indispensable étant donné que la scolarisation formelle et informelle est
    interrompue, et les jeunes sont particulièrement impactés.

    Mobiliser efficacement les organisations et les réseaux représentant diverses communautés
    marginalisées, notamment les jeunes, les personnes handicapées, les travailleurs du sexe et les
    personnes ayant des orientations sexuelles, des identités de genre, des expressions de genre et des
    caractéristiques sexuelles diverses, pour diffuser et promouvoir la prévention et les comportements axés
    sur la santé.

    Fournir un appui et dispenser une formation- y compris les alternatives de formation à distance - aux
    soignants sur la prestation de services de santé sexuelle et reproductive universels, sensibles au genre
    et nondiscriminatoires.
Pour plus d’informations, veuillez contacter Christina Wegs (Christina.Wegs@
care.org) et Siri May (smay@reprorights.org), co-directrices du Groupe de travail
sur le plaidoyer et la responsabilisation de l’IAWG
1 Organisation de Coopération et de Développement Économiques (OCDE), États de fragilité 2018, 2018.
Consulté via: https://www.oecd.org/fr/cad/etats-de-fragilite-2018-9789264308916-fr.htm

2 Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (BCAH), Global Humanitarian Overview,
Genève, 2020. Consulté via: https://www.unocha.org/sites/unocha/files/GHO-2020_v9.1.pdf

3 Nations Unies (ONUSIDA), Déclaration à la presse: L’ONUSIDA condamne l’usage abusif des pouvoirs exceptionnels à
l’encontre des populations marginalisées et vulnérables, Genève, 2020. Consulté via: https://www.unaids.org/fr/resourc-
es/presscentre/pressreleaseandstatementarchive/2020/april/20200409_laws-covid19

4 Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), État de la population mondiale 2019, New York, 2019.
Consulté via: https://www.unfpa.org/sites/default/files/pub-pdf/UNFPA_PUB_2019_FR_.Etat_de_la_Population_Mondiale.
pdf

5 Selon les premières données issues de recherches, la violence perpétrée par un partenaire intime a augmenté en
Chine au plus fort de l’épidémie. Voir Zhang Wanqing « Domestic Violence Cases Surge During COVID Epidemic », Sixth
Tone, 2 mars 2020, http://www.sixthtone.com/news/1005253/domestic-violence-cases-surge-during-covid-19-epidemic.

6 CARE Global, The Gender Implications of COVID-19 Outbreaks in Development and Humanitarian Settings, New York,
2020.
Consulté via: https://reliefweb.int/sites/reliefweb.int/files/resources/Gender%20implications%20of%20COVID-19%20out-
breaks%20in%20development%20and%20humanitarian%20settings%20%28Executive%20Summary%29.pdf

7 CARE, George Washington University, International Rescue Committee, No safe place: A lifetime of violence for con-
flict-affected women and girls in South Sudan, 2017. Consulté via: https://reliefweb.int/report/south-sudan/no-safe-place-
lifetime-violence-conflict-affected-women-and-girls-south-sudan

8 The Center for Reproductive Rights, Legal Briefing: Ensuring the Sexual and Reproductive Health and Rights of
Women and Girls Affected by Conflict, New York, 2018. Consulté via: https://reproductiverights.org/sites/default/files/doc-
uments/ga_bp_conflictncrisis_2017_07_25.pdf

9 The Center for Reproductive Rights, The State of Sexual and Reproductive Rights at the United Nations Security Coun-
cil, The Global Observatory, New York, 2019. Consulté via: https://theglobalobservatory.org/2019/10/the-state-of-sexual-re-
productive-health-rights-in-un-security-council

10 McQuilkin PA, Udhayashankar K, Niescierenko M, Maranda L. Health-Care Access during the Ebola Virus Epidemic in
Liberia, The American Journal of Tropical Medicine and Hygiene, 97(3):931-936, 2017.

11 FNUAP, Communiqué de presse: Les femmes, les filles et les agents de santé ne doivent pas être négligés dans le
plan global de réponse au COVID-19, New York, 2020. Consulté via: https://www.unfpa.org/fr/press/les-femmes-les-filles-
et-les-agents-de-sant%C3%A9-ne-doivent-pas-%C3%AAtre-n%C3%A9glig%C3%A9s-dans-le-plan-global

12 CARE Global, The Gender Implications of COVID-19 Outbreaks in Development and Humanitarian Settings, New York,
2020. Consulté via: https://reliefweb.int/sites/reliefweb.int/files/resources/Gender%20implications%20of%20COVID-19%20
outbreaks%20in%20development%20and%20humanitarian%20settings%20%28Executive%20Summary%29.pdf

13 Michelle Hynes, Ouahiba Sakani, Paul Spiegel, & Nadine Cornier, A Study of Refugee Maternal Mortality in 10 Coun-
tries, 2008-2010, 38:4, INTERNATIONAL PERSPECTIVES ON SEXUAL AND REPRODUCTIVE HEALTH 205, 210, 2012. (À noter
que ces ratios peuvent être plus faibles pour diverses raisons, notamment du fait de soins humanitaires ciblés, mais ces
résultats « doivent être interprétés avec précaution » car il est probable que les morts maternelles aient été sous-es-
timées).

14 Nations Unies, Shared Responsibility, Global Solidarity: Responding to the Socio-economic Impact of COVID-19, New
York, 2020. Consulté via: https://www.un.org/sites/un2.un.org/files/sg_report_socio-economic_impact_of_covid19.pdf

15 FNUAP, Global response Appeal: Safe Delivery Even Now, UNFPA Coronavirus disease (COVID-19), New York, 2020.
Consulté via: https://www.unfpa.org/updates/global-response-appeal-safe-delivery-even-now-unfpa-coronavirus-dis-
ease-covid-19

16 United Nations, Shared Responsibility, Global Solidarity: Responding to the Socio-economic Impact of COVID-19, New
York, 2020. Consulté via: https://unsdg.un.org/sites/default/files/2020-03/SG-Report-Socio-Economic-Impact-of-Covid19.
pdf
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