LA VISION RÉGIONALE - Rte
←
→
Transcription du contenu de la page
Si votre navigateur ne rend pas la page correctement, lisez s'il vous plaît le contenu de la page ci-dessous
LE RÉSEAU EN MER LA VISION RÉGIONALE
7. LA VISION RÉGIONALE : D’UNE ADAPTATION TENDANCIELLE DU RÉSEAU À MOYEN- TERME JUSQU’À SA TRANSFORMATION POUR RÉPONDRE AUX AMBITIONS DES TERRITOIRES À LONG-TERME SYNTHÈSE Les enjeux correspondant aux cinq volets indus- l’évolution envisagée de l’infrastructure. Le cha- triels du SDDR se traduisent dans des perspec- pitre 7 propose un angle de lecture régional (par tives concrètes d’évolution du réseau au cours des région administrative), en complément des ana- prochaines années. Au-delà de la liste exhaustive lyses sur les cinq volets industriels et de la présen- des projets, compilée dans l’annexe 1 du SDDR tation des trajectoires complètes (voir chapitre 8). en application des obligations réglementaires, ces perspectives sont présentées dans le chapitre 7 de Les évolutions à mettre en œuvre relèvent de manière agrégée, d’abord au niveau national pour tendances nationales, et se retrouvent donc dans les prochaines années (2021-2025), ensuite par toutes les régions, sauf exception (raccordement région administrative sur l’ensemble de la période. des énergies marines). Certaines évolutions struc- turantes, notamment celles qui correspondent aux La consistance et la nature des projets engagés zones de fragilité sur le réseau de grand transport et devant être mis en service au cours des pro- (Massif central-centre, façade atlantique, vallée chaines années traduit les évolutions en cours du Rhône-Bourgogne, Normandie-Manche-Paris), dans le secteur de l’énergie, comme la stabilisa- concernent ainsi plusieurs régions par nature. tion de la consommation d’électricité et le déve- loppement des énergies renouvelables. L’analyse Néanmoins, des spécificités régionales existent. comparée du SDDR 2019 et des versions anté- Elles peuvent dépendre de paramètres techniques, rieures confirme la forte évolution des facteurs comme l’ancienneté et la consistance du réseau d’adaptation au cours des cinq dernières années : (en Occitanie, Nouvelle-Aquitaine ou dans le Massif 1) près de la moitié des projets recensés à moyen central), l’intensité du phénomène de corrosion et terme sont désormais liés à l’accueil des EnR l’état de l’infrastructure (régions littorales), ou de la terrestres et maritimes, dont une majorité profondeur du gisement technique et économique correspond à la mise en œuvre des évolutions pour l’implantation d’éoliennes et de panneaux inscrites dans les S3REnR, solaires. Elles dépendent également des implanta- 2) La part des projets visant à garantir l’alimen- tions actuelles de moyens de production et de leur tation électrique se réduit fortement (25 %), évolution à moyen- long terme (évolution du nombre et se concentre autour de la sécurisation de de réacteurs nucléaires dans la vallée du Rhône ou le l’alimentation d’agglomérations urbaines dont Val de Loire). Elles sont également fonction de débats la dynamique de la consommation d’électricité politiques régionaux, notamment dans les régions diffère de la moyenne nationale, de plus forte concentration de l’éolien (Hauts-de- 3) 2 0 % des investissements sont consacrés au France, Grand Est). développement de projets d’interconnexion dans les 5 ans à venir. Pour chaque région, une fiche régionale est ainsi proposée. Ces fiches ont vocation à être actuali- À plus long terme, le SDDR ne comprend pas de sées au fur et à mesure de l’avancée de l’élabo- liste de projets précis, mais une description des ration des SRADDET et des nouveaux S3REnR au enjeux et une présentation de faits stylisés sur périmètre des nouvelles régions administratives. 182
LA VISION RÉGIONALE 7 7.1 Des tendances nationales se dégagent sur la consistance des projets engagés ou des évolutions structurantes à programmer La vision des projets engagés pour décrire une vision de l’évolution du réseau à ou à engager au cours moyen terme. des 10 prochaines années Cette vision peut être consolidée au périmètre L’article L. 321-6 du code de l’énergie définit le national pour ce qui concerne les projets existants. périmètre du SDDR. Il indique que ce document doit mentionner la liste des principales infrastruc- La vision moyen-terme s’appuie sur les dernières tures de transport qui doivent être construites ou tendances et orientations concernant l’évolution modifiées de manière significative dans les dix de la consommation et du parc de production. ans, les investissements déjà décidés ainsi que les Elle se fonde sur le cas de base de la plus récente nouveaux investissements qui doivent être réali- édition 2018 du Bilan prévisionnel, lequel prévoit sés dans les trois ans, avec leur calendrier associé. une stabilité de la consommation d’électricité, le Cette liste des projets figure en annexe 2. développement des énergies renouvelables ter- restre et maritime, la mise en service de nouvelles Les chapitres 2 à 6 du SDDR, consacrés aux cinq interconnexions, la fiabilisation et le développe- volets industriels de l’évolution du réseau (renou- ment des effacements, la fermeture des centrales vellement, adaptations, ossature numérique, inter- à charbon d’ici 2022 et la mise en service de l’EPR connexions, réseau en mer), permettent d’aborder de Flamanville et de la centrale de Landivisiau. de manière thématique les enjeux pour l’évolution Ces projections à moyen terme s’inscrivent dans du réseau au cours des prochaines années. Le pré- la continuité des évolutions observées au cours sent chapitre permet de concaténer ces éléments des dernières années tant sur la stabilisation de la Figure 7.1 Répartition des investissements mis en service dans les 5 ans (cette comparaison est réalisée au périmètre classique du SDDR : Adaptations + Interconnexions) 1% 16 % 19 % 20 % 26 % 1% SDDR SDDR SDDR 16 % 2015 15 % 2016 51 % 2019 67 % 15 % 53 % Garantir l’alimentation et faciliter les secours entre les territoires Accueillir le nouveau mix énergétique Préserver le système électrique Développer les capacités d’échanges aux interconnexions SCHÉMA DÉCENNAL DE DÉVELOPPEMENT DU RÉSEAU I ÉDITION 2019 183
Figure 7.2 Principales adaptations de réseau envisagées dans les 5 ans (2019-2023) 474 378 1017 LILLE 399 473 121 296 ARRAS AMIENS 907 CHARLEVILLE-MEZIERES 491 123 LAON ROUEN BEAUVAIS 295 CAEN SAINT-LO METZ 422 EVREUX PONTOISE 936 CHALONS-EN-CHAMPAGNE BOBIGNY 965 971 NANTERRE PARIS 935 VERSAILLES CRETEIL BAR-LE-DUC NANCY STRASBOURG SAINT-BRIEUC 977 EVRY 353 834 MELUN ALENÇON CHARTRES 937 921 813 1003 816 TROYES EPINAL 1033 QUIMPER RENNES LAVAL COLMAR CHAUMONT LE MANS 359 ORLEANS 971 VANNES AUXERRE BELFORT VESOUL BLOIS 817 ANGERS 951 930 TOURS DIJON 423 NANTES BESANÇON BOURGES NEVERS 426 CHATEAUROUX LA ROCHE-SUR-YON 1009 LONS-LE-SAUNNIER POITIERS 803 MOULINS NIORT MACON LA ROCHELLE BOURG-EN-BRESSE 502 984 677 GUERET ANNECY LIMOGES CLERMONT-FERRAND 369 LYON 328 ANGOULEME CHAMBERY 137 368SAINT-ETIENNE 370 941 973 TULLE GRENOBLE PERIGUEUX LE PUY-EN-VELAY 1002 558 AURILLAC VALENCE BORDEAUX 402 PRIVAS GAP MENDE 1019 CAHORS RODEZ AGEN DIGNE-LES-BAINS MONTAUBAN 336 - 412 AVIGNON MONT-DE-MARSAN ALBI 152 NIMES 248 806 955 NICE 873 AUCH TOULOUSE MONTPELLIER 327 577 484 395 874 PAU TARBES MARSEILLE CARCASSONNE TOULON 878 FOIX 255 PERPIGNAN TYPE D’OUVRAGES RTE RACCORDEMENT FINALITÉ PRINCIPALE FINALITÉ : PRÉSERVER DES PROJETS LE SYSTÈME ÉLECTRIQUE enforcement de ligne R Cycle combiné gaz existante arantir l’alimentation et faciliter G Gestion des tensions hautes Éolien, photovoltaïque les secours entre territoires Création de nouvelle ligne Maîtrise des intensités Hydrolien, hydraulique Accueillir le nouveau mix énergétique de court-circuit ouveau poste ou N renforcement Consommation, Préserver le système électrique Stabilité du réseau interconnexion évelopper les capacités d’échanges D aux interconnexions 184
LA VISION RÉGIONALE 7 consommation électrique que sur le rythme effectif Figure 7.3 Zones de fragilités du réseau de grand de développement des énergies renouvelables. transport sous surveillance à l’horizon 5 ans et plus Le portefeuille de projets à moyen terme contient des projets pour la plupart déjà engagés avec une consistance technique généralement clairement LILLE établie. Le détail de ces différents projets à moyen ARRAS AMIENS terme est consultable dans un tableau en annexe CHARLEVILLE-MEZIERES Normandie - Manche - Paris LAON ROUEN BEAUVAIS listant les projets réalisés en 2018, les projets à SAINT-LO CAEN EVREUX PONTOISE CHALONS-EN-CHAMPAGNE METZ 5 ans (2019-2023), les projets en cours d’analyse, NANTERRE BOBIGNY PARIS VERSAILLES CRETEIL BAR-LE-DUC NANCY STRASBOURG SAINT-BRIEUC EVRY MELUN et les projets envisagés pour la période 2024-2028. ALENÇON CHARTRES TROYES EPINAL QUIMPER RENNES LAVAL COLMAR CHAUMONT LE MANS ORLEANS VANNES AUXERRE BELFORT VESOUL Depuis les précédents exercices en 2015 et 2016, BLOIS ANGERS TOURS DIJON NANTES BESANÇON les éléments déclencheurs de l’adaptation du CHATEAUROUX BOURGES NEVERS réseau électrique ont fortement évolué : LA ROCHE-SUR-YON LONS-LE-SAUNNIER POITIERS MOULINS NIORT MACON uu Désormais, près de la moitié des projets moyen- LA ROCHELLE BOURG-EN-BRESSE GUERET ANNECY terme répondent au développement de la pro- Façade atlantique LIMOGES CLERMONT-FERRAND LYON ANGOULEME CHAMBERY Rhône - Bourgogne duction renouvelable terrestre et maritime et SAINT-ETIENNE TULLE GRENOBLE PERIGUEUX LE PUY-EN-VELAY regroupent les adaptations et les raccordements AURILLAC VALENCE BORDEAUX PRIVAS GAP nécessaires pour évacuer la production renou- MENDE CAHORS RODEZ AGEN Massif central - DIGNE-LES-BAINS velable. Plus de 90 projets sont ainsi prévus MONT-DE-MARSAN Centre ALBI MONTAUBAN NIMES AVIGNON NICE pour adapter le réseau électrique à l’arrivée AUCH TOULOUSE MONTPELLIER PAU MARSEILLE importante des énergies renouvelables, pour un TARBES CARCASSONNE TOULON FOIX montant global de dépenses de plus de 2,5 mil- PERPIGNAN liards d’euros1. Deux-tiers de ces projets corres- pondent à la mise en œuvre des créations et des renforcements de réseaux issus des S3REnR. enforcement à l’étude (besoin, R uu Les projets visant à garantir l’alimentation élec- nature et localisation à préciser) trique dans certaines zones plus fragiles ne représentent plus qu’un quart des investisse- ments prévus pour l’adaptation du réseau au cours des prochaines années. Ils correspondent les cinq ans. L’intégralité des dépenses pour ces soit à la finalisation de programmes engagés de projets représente environ 1 milliard d’euros3. longue date, soit à des perspectives propres à uu Les projets liés à la sûreté du système élec- certaines zones plus dynamiques du point de trique4 ne représentent à moyen-terme qu’une vue de la consommation d’électricité, et pour portion minime. lesquelles le besoin de sécurisation de leur ali- mentation électrique est avéré. Ceci concerne Tous niveaux de tension confondus, 210 projets environ 90 projets listés à l’annexe 2, pour un sont ainsi répertoriés pour l’adaptation, le raccor- montant global d’1,2 milliards d’euros2. dement, et l’interconnexion du réseau: ces projets uu Parmi les projets d’interconnexions avec l’An- consistent dans le renforcement ou la création de gleterre, l’Italie et la Belgique inclus dans les près de 2 000 km d’infrastructures sur les cinq pro- paquets 0 et 1 (voir chapitre 5), plusieurs chaines années, dont plus des 2/3 seront réalisés doivent donner lieu à une mise en service dans en technologie souterraine. 1. e montant inclut les dépenses déjà réalisées sur les projets qui seront mis en service sur la période 2019-2023. C 2. Ce montant inclut les dépenses déjà réalisées sur les projets qui seront mis en service sur la période 2019-2023. 3. Ce montant inclut les dépenses déjà réalisées sur les projets qui seront mis en service sur la période 2019-2023. 4. Il s’agit principalement de matériels à installer dans les postes électriques pour maîtriser les phénomènes de tension haute générés par l’accueil des énergies renouvelables et l’enfouissement des réseaux SCHÉMA DÉCENNAL DE DÉVELOPPEMENT DU RÉSEAU I ÉDITION 2019 185
La vision à moyen-long terme des prochaines années. Pour ces quatre zones, des évolutions structurantes à programmer solutions légères ou plus structurantes sont pro- À long-terme, la consistance précise des évolu- bables à l’horizon 2030. tions du réseau ne peut être décrite avec la même précision, car elle dépend d’une part de la traduc- Région par région, ces zones font l’objet d’ana- tion effective des orientations publiques et des lyses détaillées pour identifier les combinaisons de dynamiques projetées sur l’évolution du mix, et conditions sur le mix énergétique soulageant ou d’autre part d’études précises « projet par projet » aggravant les risques de contraintes sur le réseau. visant à dimensionner au plus juste l’évolution En fonction de la mise en œuvre des objectifs natio- de l’infrastructure. Les réflexions présentées au naux (projet de PPE) ou régionaux (élaboration du chapitre 3 ont néanmoins permis de caractéri- SRADDET), toute information complémentaire sur ser des zones de fragilités « nationales », dont la l’évolution du mix énergétique de chaque territoire consistance précise devra être définie au cours des permettra d’affiner la consistance des solutions. 7.2 Chaque région présente une dynamique particulière avec des besoins d’évolution du réseau plus ou moins importants selon les ambitions à long-terme Une fiche synthétique est proposée ci-après sur de production utilisées dans ce SDDR, (iii) lister chaque région française (territoire métropoli- les projets de réseau à adapter à l’horizon moyen- tain interconnecté) afin de (i) décrire les enjeux terme et (iv) décrire les zones de fragilités suscep- propres à chacune, (ii) recenser les différentes tibles d’apparaître à plus long-terme en fonction de hypothèses de référence pour l’évolution du parc l’évolution des scénarios considérés. Tabeau 7.1 Problématiques principales région par région Ossature Renouvellement Adaptations Interconnexions Réseau en mer numérique Auvergne- Enjeu faible Enjeu fort Enjeu modéré Enjeu modéré Sans objet Rhône-Alpes Bourgogne- France-Comté Enjeu faible Enjeu modéré Enjeu modéré Enjeu faible Sans objet Bretagne Enjeu fort Enjeu faible Enjeu modéré Enjeu modéré Enjeu fort Centre- Val de Loire Enjeu fort Enjeu fort Enjeu fort Sans objet Sans objet Grand Est Enjeu fort Enjeu fort Enjeu fort Enjeu fort Sans objet Hauts-de-France Enjeu fort Enjeu fort Enjeu fort Enjeu fort Enjeu fort Île-de-France Enjeu fort Enjeu modéré Enjeu modéré Sans objet Sans objet Normandie Enjeu fort Enjeu modéré Enjeu modéré Enjeu fort Enjeu fort Nouvelle-Aquitaine Enjeu faible Enjeu fort Enjeu fort Enjeu fort Enjeu modéré Occitanie Enjeu fort Enjeu fort Enjeu fort Enjeu faible Enjeu fort Pays de la Loire Enjeu fort Enjeu fort Enjeu modéré Sans objet Enjeu fort Provence- Enjeu fort Enjeu fort Enjeu fort Enjeu faible Enjeu fort Alpes-Côte d’azur 186
La région Auvergne-Rhône-Alpes MOULINS SUISSE BAYET BOURG-EN-BRESSE BUGEY ANNECY CLERMONT-FERRAND LYON Nucléaire CHAMBERY CCG SAINT-ETIENNE Hydraulique SAINT-ALBAN GRENOBLE Principales zones de développement ITALIE de l’éolien terrestre LE PUY-EN-VELAY AURILLAC VALENCE Principales zones de développement du photovoltaïque PRIVAS En service En projet CRUAS Fermeture prévue ou envisageable TRICASTIN Ligne 400 kV Usines hydroélectriques du Rhône Ligne 225 kV LE RÉSEAU EN S3REnR AUVERGNE-RHÔNE-ALPES (vision mai 2019) CHIFFRES (2018) Auvergne Rhône-Alpes Liaisons aériennes 13 961 km Date de 28/02/2013 Date de 15/01/2016 Liaisons publication publication souterraines 743 km Quote-part 51,97 k€/MW Quote-part 9,94 k€/MW Lignes Capacités Capacités d’interconnexion 12 réservées 756 MW réservées 2 569 MW Postes électriques 439 Taux d’affectation 50 % Taux d’affectation 19 % SYNTHÈSE La région Auvergne-Rhône-Alpes se caractérise Bourgogne au littoral méditerranéen via la vallée par une tendance d’évolution de la consommation du Rhône. À l’horizon 2030, le renforcement de d’électricité en légère hausse, du fait d’une éco- ces axes, qui constituent deux zones de fragilité nomie et d’une démographie en croissance. Elle nationales identifiées dans le SDDR (« Massif cen- constitue la première région en matière de pro- tral-Centre » et « Rhône-Bourgogne »), constitue duction électrique en France (21 % de la produc- l’enjeu principal pour le réseau de grand transport, tion française), et la première région productrice du fait du développement important du photovol- d’électricité d’origine renouvelable, essentielle- taïque dans le sud de la France, de la perspective ment hydroélectrique. L’intégration de ces capaci- du déclassement de certains réacteurs nucléaires tés de production, et notamment des 14 réacteurs de 900 MW sur le Rhône, et de l’évolution des nucléaires le long du Rhône, joue un rôle clé dans échanges avec les pays du sud de l’Europe. l’alimentation en électricité du territoire et le fonc- Une adaptation des réseaux de répartition pour tionnement du système électrique européen. accueillir l’éolien et le solaire, aujourd’hui faible- Le réseau électrique y est structuré autour de ment développés dans la région, sera également deux transversales nord-sud, l’une passant par le nécessaire dans certaines zones, notamment au Massif central et l’autre formant un axe reliant la nord-ouest de l’Auvergne. SCHÉMA DÉCENNAL DE DÉVELOPPEMENT DU RÉSEAU I ÉDITION 2019 187
État des lieux d’entrée du SDDR, et un paramètre dimensionnant à prendre en compte pour l’adaptation du réseau Le réseau de transport d’électricité en région de grand transport. Auvergne-Rhône-Alpes est caractérisé par des enjeux spécifiques, liés aux caractéristiques de la La production d’origine renouvelable est impor- consommation à desservir et à la nature du parc tante en région Auvergne-Rhône-Alpes, du fait de de production. la présence d’une forte capacité hydroélectrique développée sur le Rhône dès le début du XXe siècle D’une part, il assure l’alimentation des pôles puis dans le Massif central, et dans les Alpes dans urbains et économiques importants, notamment les années 1960 à 1980. Les centrales de produc- des différentes métropoles de la région (Grand tion hydrauliques de la région représentent une Lyon, Grenoble Alpes, Saint-Étienne et Clermont puissance installée de 11,6 GW couvrant 44 % de la Auvergne). La consommation de la région est en production hydroélectrique française, avec notam- légère augmentation, avec quelques zones particu- ment la présence sur la région de quatre stations lièrement dynamiques. La région présente en outre de pompage-turbinage (STEP). Outre leur contri- quelques zones spécifiques (zones industrielles bution importante à l’alimentation en électricité du sensibles, centres de recherche internationaux pays, ces centrales hydrauliques représentent une et zones de forte activité touristique, notamment grande partie du potentiel de flexibilité du système en période hivernale), conduisant à des profils de électrique en France. demande atypiques. La production éolienne est réduite et récente D’autre part, il connecte au reste de la France et de (550 MW installés fin 2018), localisée essentielle- l’Europe de très grandes centrales de production, ment dans le sud et l’ouest de la région (notamment et notamment 14 réacteurs nucléaires répartis en le sud de l’Ardèche, l’ouest de la Haute-Loire et l’est quatre sites le long de la vallée du Rhône (Bugey du Cantal). La capacité de production solaire atteint dans l’Ain, Saint-Alban en Isère, Cruas en Ardèche, un peu moins de 1 000 MW. Le développement des et Tricastin dans la Drôme). Ces sites couvrent à EnR dans la région se concentrera quasi exclusive- eux seuls 18 % de la consommation électrique de ment à l’avenir sur ces deux filières, le potentiel la France et leur articulation avec le réseau relève hydroélectrique étant déjà largement exploité. donc d’un enjeu stratégique. Les orientations sur la filière nucléaire précisées dans le projet de PPE Enfin, le réseau de transport électrique de la région conduisent à envisager, sur la période 2028-2035, joue un rôle majeur dans le système électrique des arrêts de réacteurs nucléaires sur 3 sites (Bugey, français et européen : via le sillon rhodanien, il Cruas et Tricastin), qui relèvent du palier 900 MW. représente un des principaux axes d’échanges Dans le cas général, ces arrêts devraient intervenir de flux entre le nord et le sud de l’Europe, avec à l’horizon de la 5e visite décennale des réacteurs notamment des échanges depuis l’Allemagne et concernés, et être confirmés trois ans avant leur le Benelux vers les frontières italienne et suisse. mise en œuvre. Indépendamment des modalités et Cette orientation des flux s’explique par la répar- du calendrier précis d’arrêt de ces réacteurs – qui tition des moyens de production et leur compé- devraient se clarifier progressivement –, la dimi- titivité sur les marchés de l’énergie. Ces raisons nution programmée de la capacité électronucléaire renforcent la surveillance particulière dont fait installée le long du Rhône constitue une hypothèse l’objet le sillon rhodanien. 188
AUVERGNE-RHÔNE-ALPES 7 Vision du réseau à moyen terme et augmentera significativement les capacités d’échange avec l’Italie, aujourd’hui très large- À moyen terme, les perspectives en région ment saturées. Auvergne-Rhône-Alpes témoignent de ses carac- téristiques spécifiques, tout en relevant également S’agissant du développement du parc d’énergies d’une dynamique plus large pour développer les renouvelables, les capacités réservées par les S3REnR énergies renouvelables. en vigueur sont affectées à fin mai 2019 à 50 % en Auvergne (publié en 2013) et à 19 % en Rhône-Alpes Le dynamisme plus marqué de la consommation (schéma qui est plus récent, puisque publié en 2016). dans la région, par rapport à la moyenne nationale, Cela se traduit par la mise en œuvre de projets de conduit à plusieurs projets concernant d’une part renforcement et de création de réseau pour l’accueil des raccordements de consommateur (exemples : des énergies variables, mais qui restent modérés par implantation d’une seconde usine Safran à Lyon, rapport à certaines autres régions2. projet de tunnel ferroviaire euralpin Lyon-Turin (TELT) en Maurienne) et d’autre part la sécurisation Notamment, des gisements importants pour l’éo- de l’alimentation électrique de grandes aggloméra- lien terrestre ont émergé localement dans l’ouest tions et zones en développement. C’est notamment du Puy-de-Dôme et une adaptation du schéma le cas pour Saint-Étienne, Lyon, Clermont-Ferrand, Auvergne a été élaborée en 2018, afin de répondre le Genevois français et la vallée de la Maurienne1, à ces nouvelles visions. qui sont tous concernés par des travaux sur les lignes ou les postes électriques au cours des pro- Enfin s’agissant de la production hydroélectrique, chaines années. des évolutions sur le réseau électrique ont été réalisées pour accueillir la centrale hydraulique de S’agissant des interconnexions transfrontalières, Gavet3 dans la vallée de la Romanche en Isère. la mise en service de la double liaison souter- Le renouvellement des concessions hydrauliques, raine à courant continu Savoie-Piémont, d’une dont le calendrier est encore inconnu à ce jour, capacité de 2 x 600 MW et reliant les postes de pourrait donner lieu à des augmentations de puis- Grande-Île (France) et de Piossasco (Italie), est sance d’installations existantes et dans certains prévue pour 2020 au titre du paquet 0 (projets cas, générer également des besoins complémen- en cours de construction, voir chapitre 5). Cette taires d’adaptation du réseau. Ce point constitue interconnexion empruntera le tunnel du Fréjus une incertitude réelle à ce jour. 1. Projets 137, 328, 369, 502, 504, 677, 908, 851, 912, 973, 974, 992 et,1002 ;. 2. Projet 847 en 2019 ; projet 368 en 2020 ; projets 852 et 1012 en 2022 ; projets 558 et 845 en 2023, 1038 en 2024, 558 en 2025. 3. Projet 240 en 2019. SCHÉMA DÉCENNAL DE DÉVELOPPEMENT DU RÉSEAU I ÉDITION 2019 189
Enjeux à partir de 2025 installée par un facteur 4 ou 5 à l’horizon 2030 (voir figure ci-dessous). L’identification des zones À plus long terme, les principales caractéristiques précises de développement des nouvelles capaci- énergétiques de la région semblent désormais tés éoliennes (hors repowering des installations bien dessinées : une importante accélération du existantes) constitue un enjeu important pour le développement de l’éolien et surtout du photo- prochain S3REnR. voltaïque, le maintien d’une capacité hydraulique importante, et la fermeture de certains réacteurs S’agissant du solaire, les différents scénarios nucléaires le long du Rhône tout en maintenant les présentent des visions plus contrastées, mais sites existants. Les caractéristiques de la région, impliquent une évolution forte de la production et notamment son bilan électrique exportateur, photovoltaïque dans la région, avec une multipli- devraient dès lors perdurer dans l’ensemble, tout cation de la puissance installée a minima par un en devenant plus variables selon les conditions facteur 7 (6 500 MW dans la variante SRADDET, météorologiques. environ 7 150 MW dans le scénario de référence pour 2030, 9 000 MW dans la vision haute). S’agissant de l’éolien, les scénarios utilisés dans le SDDR sont relativement convergents Pour ce qui concerne le nucléaire, la trajectoire (2 500 MW dans la variante SRADDET, un peu d’évolution de la capacité installée le long du moins de 2 900 MW dans le scénario de référence Rhône, telle qu’elle apparaîtra dans la version pour 2030 et 3 000 MW dans la vision haute). définitive de la PPE, constituera nécessairement Ils nécessitent une multiplication de la capacité un élément particulièrement dimensionnant pour Figure 7.4 Scénarios d’évolution des capacités de production à 2030 Aujourd’hui 40 000 Capacité installée (MW) 35 000 30 000 Visions 2030 25 000 20 000 15 000 10 000 40 000 Capacité installée (MW) 40 000 Capacité installée (MW) 40 000 Capacité installée (MW) 5 000 35 000 35 000 35 000 0 30 000 30 000 30 000 Aujourd’hui 25 000 25 000 25 000 20 000 20 000 20 000 15 000 15 000 15 000 ucléaire N 10 000 10 000 10 000 Thermique 5 000 5 000 5 000 Hydraulique 0 0 0 Bioénergies Hypothèses Hypothèses de Vision haute Photovoltaïque SRADDET référence à 20305 à 2030 Éolien terrestre Non estimé dans ce scénario4 4. Reprise des données du scénario de référence 5. L es hypothèses de référence ont été fixées sur la base des remontées des producteurs EnR et de leurs fédérations dans le cadre de la concertation réalisée lors de l’élaboration du schéma. À partir de cette vision, une clé de répartition par zones géographiques a été établie et appliquée aux volumes cibles du projet de PPE. Pour le nucléaire, l’évolution de la puissance installée a été obtenue en appliquant les orientations de la PPE (arrêt de 14 des 32 réacteurs 900 MW y compris Fessenheim, en privilégiant l’échéance de la 5e visite décennale, tout en conservant une activité dans chacun des sites) ainsi qu’un critère d’âge, sans préjudice des orientations qui seront retenues in fine par les pouvoirs publics et l’exploitant. 190
AUVERGNE-RHÔNE-ALPES 7 l’évolution du réseau dans la région. Comme Adaptations évoqué précédemment, les orientations préci- La croissance des énergies renouvelables, notam- sées dans le projet de PPE mis en consultation ment les filières éolienne et solaire, induira des début 2019 identifient les sites de Bugey, Cruas besoins très significatifs d’adaptation sur le réseau et Tricastin comme étant concernés par l’arrêt de de répartition et de création de postes source. Les réacteurs. Dans le détail, les principes exposés réflexions sur l’élaboration d’un nouveau S3REnR dans le projet de PPE (arrêt de 14 des 32 réac- pour l’ensemble de la région Auvergne-Rhône– teurs nucléaires 900 MW y compris Fessenheim, Alpes ont désormais débuté, en concertation avec en privilégiant l’échéance de la cinquième visite les parties prenantes. Ces échanges permettront décennale, tout en conservant une activité dans d’identifier plus précisément les besoins complé- chacun des sites) permettent de réduire le champ mentaires dans les prochains mois. des incertitudes : ils conduiraient à l’arrêt de 4 réacteurs, répartis sur 3 sites, à l’horizon 2031- Le caractère stratégique du réseau de grand trans- 2035. Il s’agit donc de l’hypothèse retenue dans port en région Auvergne-Rhône-Alpes demeu- le scénario de référence du SDDR. rera tout aussi prégnant : deux enjeux majeurs sont identifiés sur les transversales nord-sud de Néanmoins, ces orientations pourraient être pré- la région, en vallée du Rhône et dans le Massif cisées ou amendées d’ici la fin de la période de central. Tous les scénarios d’évolution du système consultation de la PPE, et le calendrier précis des électrique européen voient en la région un carre- arrêts de réacteurs ne devrait pas être connu four électrique important. avant 3 années en anticipation de l’échéance. Il demeure donc un degré d’incertitude sur l’évolu- En particulier, les transits existants au nord de tion précise à terme du parc dans la région. À cet la région, notamment sur la liaison 400 kV entre effet, RTE a testé différentes variantes (voir cha- Saint-Vulbas (département de l’Ain à l’est de la pitre 12), dont des hypothèses de concentration région lyonnaise) et Creys (au nord de l’Isère) des fermetures sur le Rhône ou sur les fleuves, qui seront fortement modifiés et pourraient induire des montrent une forte sensibilité du besoin d’adapta- congestions, notamment en situation d’export vers tion du réseau de grand transport à la concentra- l’Italie et la Suisse, de faible consommation dans tion géographique du déclassement : ainsi, dans le la région et de production hydraulique modérée cas où davantage de réacteurs nucléaires seraient dans les Alpes. L’axe 400 kV Bayet - Grépilles - arrêtés en région Auvergne-Rhône-Alpes, les Charpenay à l’ouest (qui relie la zone de Vichy besoins de renforcement des corridors nord-sud à Lyon) et l’axe Génissiat - Vielmoulin - Creney seraient supérieurs. Ces études permettent ainsi 400 kV (reliant Annecy à Troyes) font également de conclure que les orientations du projet de PPE l’objet d’une surveillance car ils pourraient entrer (i.e. l’arrêt de 4 tranches nucléaires) conduisaient en contrainte en fonction des évolutions du mix à des contraintes pouvant émerger sur le réseau énergétique dans la région. électrique inférieures à ce qu’elles seraient dans un scénario de déclassement plus important. Dès Plus au sud, les flux d’énergie seront largement lors, les adaptations du réseau de grand transport influencés par le développement important du décrites par la suite, articulée au scénario de réfé- photovoltaïque en Provence-Alpes-Côte d’Azur et rence, correspondent à un minimum par rapport en Occitanie, l’accroissement des échanges avec aux alternatives envisageables. l’Espagne et la perspective de déclassement de groupes nucléaires. En fonction de l’importance Ceci conduit donc à une incertitude réelle pour la pla- de ces évolutions, des phénomènes de saturation nification régionale du réseau. pourraient intervenir entre les postes Tricastin et Coulange (Montélimar). 6. Projets 408 et 409 SCHÉMA DÉCENNAL DE DÉVELOPPEMENT DU RÉSEAU I ÉDITION 2019 191
Ceci justifie le fait que l’axe Rhône- Renouvellement Bourgogne ait été identifié comme l’une des Au-delà du rythme naturel de renouvellement quatre « zones de fragilité nationales » du du réseau, la région Auvergne-Rhône-Alpes est SDDR, à la fois au nord (connexion avec la concernée, dans une moindre mesure que dans région parisienne via la Bourgogne-Franche d’autres régions, par les problématiques de corro- Comté) et au sud (connexion avec le littoral sion mentionnées dans le chapitre 2. méditerranéen). Par ailleurs, plusieurs de ses postes sont intégrés Des études sont en cours sur le sud de cette zone de aux opérations importantes de réhabilitation, de fragilité6 afin d’envisager en premier lieu des solu- reconstruction, ou de couverture de postes élec- tions légères en exploitation (visant à ré-aiguiller triques sous enveloppe métallique dont le vieil- les flux et soulager les axes concernés), voire des lissement engendre des émissions de SF6 et des solutions structurantes consistant à augmenter les risques sur la continuité de service. À ce titre, la capacités de transit du réseau existant. Le besoin reconstruction des postes de « Coulange 400 kV » précis sera affiné en fonction de la trajectoire défi- (Montélimar) et « Génissiat 225 kV » (Est de l’Ain) nitive retenue sur le nucléaire ; néanmoins le délai seront ainsi mises en œuvre d’ici 2030. de 3 ans figurant actuellement dans le projet de PPE apparaît comme un préavis insuffisant pour Interconnexions une bonne planification des aménagements à réa- Le renforcement de l’interconnexion entre la liser sur le réseau (voir chapitre 12). France et la Suisse7 consiste dans un premier temps en l’installation de deux transformateurs Enfin, compte-tenu de l’amplification des flux déphaseurs au poste de Foretaille (Suisse), puis, nationaux Nord-Sud et Sud-Nord liés au dévelop- dans un second temps, en le remplacement des pement des énergies renouvelables, et à la struc- conducteurs par des câbles à faible dilatation sur ture limitante de ces réseaux anciens, l’extrémité l’axe Creys - Saint-Vulbas associé à l’installa- ouest de la région pourra être concernée par le tion d’un transformateur déphaseur au poste de renforcement de l’axe « Massif central-Centre ». Cornier. Le projet avait été mis en attente suite à Cette zone est en effet identifiée comme l’une la parution du plan décennal européen (TYNDP) des quatre zones de fragilité du SDDR (voir 2016, dans lequel il n’apparaissait pas rentable. fiches sur la région Centre-Val de Loire et Les nouvelles études réalisées dans le cadre du Occitanie). TYNDP 2018 et du présent SDDR montrent un intérêt économique à renforcer l’interconnexion France-Suisse, conduisant à positionner le projet dans le paquet 2. Des études vont être menées avec Swissgrid pour préciser le projet à engager. 7. P rojet 446 192
La région Bourgogne-Franche-Comté AUXERRE BELFORT VESOUL DIJON BESANÇON NEVERS SUISSE LONS-LE-SAUNNIER Hydraulique Principales zones de développement MACON de l’éolien terrestre Ligne 400 kV Ligne 225 kV LE RÉSEAU EN S3REnR BOURGOGNE-FRANCHE-COMTÉ (vision mai 2019) CHIFFRES (2018) Bourgogne Franche-Comté Liaisons aériennes 7 253 km Date de 21/12/2012 Date de 12/09/2014 Liaisons publication publication souterraines 300 km Quote-part 23,46 k€/MW Quote-part 11,02 k€/MW Lignes Capacités Capacités d’interconnexion 3 réservées 1 479 MW réservées 731 MW Postes électriques 190 Taux d’affectation 49 % Taux d’affectation 42 % SYNTHÈSE Aujourd’hui fortement importatrice d’électricité et Face à cette ambition, les enjeux majeurs de la connaissant un développement éolien et solaire région porteront sur le raccordement de ces nou- modéré, la Bourgogne-Franche-Comté ambitionne velles installations et les adaptations associées de devenir région à énergie positive à l’horizon des réseaux de répartition dans certaines zones, 2050. Les objectifs de développement pour les notamment le nord de la région. Le renforcement énergies renouvelables électriques, notamment du réseau de grand transport sur l’axe « Rhône- pour le photovoltaïque, sont élevés. Bourgogne » figure également parmi les actions à engager dans une optique d’adaptation structu- relle du réseau au nouveau mix électrique. SCHÉMA DÉCENNAL DE DÉVELOPPEMENT DU RÉSEAU I ÉDITION 2019 193
État des lieux Historiquement, la région Bourgogne-Franche- Comté est un territoire industriel. Elle possède Le réseau de transport d’électricité en Bourgogne- plusieurs pôles industriels, comme la construction Franche-Comté s’est progressivement développé automobile à Sochaux, la production de motrices autour de deux caractéristiques structurantes du ferroviaires à Belfort, la conception d’équipements territoire : le développement d’un arc métropolitain pour le nucléaire au Creusot ou encore la chimie et entre Belfort et Mâcon, et des échanges croissants la parachimie. La part de la consommation régio- entre la vallée du Rhône, le Bassin parisien et les nale de la grande industrie est de 14,5 % et celle frontières allemande et suisse. Le réseau de trans- des PME/PMI 39,2 % en 2018, soit davantage que la port permet de desservir ce territoire par un réseau moyenne nationale. Du fait de cette concentration maillé, notamment autour de Dijon et de plusieurs d’industries, la qualité de fourniture de l’électricité agglomérations (Besançon, Belfort-Montbéliard, représente un enjeu majeur pour les acteurs régio- Chalon-sur-Saône, Mâcon, Dole, Sens, Auxerre et naux. L’ambition de la Bourgogne-Franche-Comté Nevers). Il permet également d’assurer les transits dans le maintien et le développement de l’industrie à l’échelle du pays via trois grands couloirs élec- sur le territoire est importante et inclut des poli- triques à 400 kV, orientés nord-sud : un premier tiques en faveur des nouvelles filières énergétiques à l’ouest de la région, un deuxième, constitué de comme la production et l’utilisation d’hydrogène plusieurs ouvrages de grand transport, au centre et décarboné ou encore la production de batteries le dernier à l’est. Ces ouvrages jouent un rôle char- pour l’automobile. nière pour l’alimentation électrique du territoire. Dans l’ensemble, le rythme actuel de développe- Avec une production qui couvre 16 % de sa ment de l’éolien ou du solaire ne conduit pas à consommation électrique locale, la région est très saturer les S3REnR existants, qui présentent des fortement importatrice d’électricité. Ceci s’explique quotes-parts parmi les plus faibles de France. par le fait qu’aucune centrale nucléaire, ni hydroé- Fin mai 2019, 49 % des capacités du schéma de lectrique ou thermique de forte capacité ne soit l’ancienne région Bourgogne étaient affectées, et installée sur le territoire. Le parc de production 42 % pour le schéma franc-comtois. Les principaux régional de plus de 1 900 MW est composé à 80 % projets prévus par ces schémas sont achevés ou d’énergies renouvelables (36,2 % d’éolien, 26,7 % en cours de finalisation (notamment les postes d’hydraulique, 13,9 % de solaire et 3,5 % de bioé- de Joux-la-Ville, Vingeanne et Les Varoilles). Pour nergies) et a produit près de 3,5 TWh en 2018. Ce autant, la concentration de parcs éoliens dans parc de production EnR est en croissance sensible l’Yonne, le nord de la Côte d’Or, la Haute-Saône et (7,8 % en 2018). le nord du Doubs commence à soulever des enjeux spécifiques dans ces zones. La consommation électrique régionale a atteint 20 TWh en 2018 et malgré la hausse de consom- La région Bourgogne-Franche-Comté s’est enga- mation de certaines agglomérations (notamment gée dans une démarche REPOS (région à éner- Dijon), la tendance à l’échelle régionale est stable. gie positive) à l’horizon 2050, qui s’appuie sur la Avec 4,5 % de la consommation nationale, la région valorisation des ressources naturelles du territoire fait partie des territoires les moins consommateurs comme la biomasse (au travers du bois-énergie ou d’électricité en France. de la méthanisation), le développement massif du photovoltaïque et de la filière hydrogène. 194
BOURGOGNE-FRANCHE-COMTÉ 7 Vision du réseau à moyen terme légers (matériels à installer dans les postes), adap- tés à la nature de ces contraintes. Des adaptations À l’horizon 2025, le niveau des transformations à plus structurantes pourraient s’avérer nécessaires apporter au réseau en Bourgogne-Franche-Comté à plus long terme, en fonction de l’évolution des ne relève pas de travaux d’envergure mais d’adap- phénomènes influant les transits sur cet axe. tations ponctuelles, notamment pour accueillir la production EnR. Pour pousser plus loin l’utilisation des infrastruc- tures existantes, RTE développe de nouvelles Même si les deux schémas S3REnR ne sont pas solutions « smart grid », décrites au chapitre 4. La proches de la saturation, les demandes de rac- Bourgogne-Franche-Comté, a été choisie par RTE cordement pour l’éolien et le photovoltaïque avec deux autres sites en France pour accueillir sont concentrées sur plusieurs zones précises, et une nouvelle solution de batterie (projet RINGO) nécessitent des adaptations des deux schémas en qui sera raccordée à partir de 2020 au poste de vigueur. Cela se traduit par la création de postes sur Vingeanne, et permettra d’accroître la possibilité le réseau existant, notamment en Haute-Saône, d’accueil de production EnR tout en limitant le au nord et au nord-est de la Côte d’Or et dans une recours à la construction de nouveaux ouvrages moindre mesure à l’ouest de la Saône-et-Loire. sur le réseau. Un nouveau type de capteur (le Dynamic Line Rating), placé directement sur les Le nord-est de la région est traversé par un axe lignes électriques aériennes et permettant d’aug- 225 kV Creney (Troyes) - Rolampont (Langres) - menter le transit dans certaines conditions météo- Pusy (Vesoul) - Mambelin (Belfort). Si cet axe est rologiques, est également mis en œuvre dans le une ossature indispensable pour l’évacuation de la nord de la Côte d’Or pour accroître l’évacuation de production EnR de la région mais aussi celle de la production électrique de parcs éoliens. la région Grand Est, il est également traversé par des flux inter-régionaux et internationaux (vers la S’agissant de la consommation, la sécurisation de Suisse et l’Allemagne). Les perspectives d’évolu- l’alimentation de certaines agglomérations se tra- tion de la production EnR dans la zone, combinées duit par la mise en œuvre de raccordements de aux scénarios sur les échanges internationaux font nouveaux postes de distribution, notamment aux apparaître des contraintes sur cet axe à moyen alentours de Dijon1. terme. RTE étudie actuellement des renforcements 1. Projet 431 et 952 en 2019 et projet 804 en 2021 SCHÉMA DÉCENNAL DE DÉVELOPPEMENT DU RÉSEAU I ÉDITION 2019 195
Enjeux à partir de 2025 S’agissant du solaire, les scénarios présentent quelques différences mais demeurent proches À l’horizon 2031-2035, hormis une zone spéci- (3 800 MW dans la variante SRADDET, 4 000 MW fique, les caractéristiques du réseau de transport dans la vision haute, 2 620 MW dans le scénario en région Bourgogne–Franche-Comté ne devraient de référence pour 2030). Les scénarios régionaux pas évoluer en profondeur, même en anticipant la nécessitent une accélération importante à partir forte croissance de la production locale d’énergies de 2021-2025, qui pourrait se prolonger au-delà renouvelables. de 11 GW à l’horizon 2050. Le scénario REPOS de la région repose en effet en grande partie sur l’in- Réseau de répartition tensification du développement de la filière solaire S’agissant de l’éolien, les différents scénarios uti- au sein du territoire, la région présentant des lisés dans le SDDR sont fortement convergents et friches industrielles et un potentiel d’ensoleillement et impliquent une croissance modérée (en volume) important. d’ici 2030 (2 800 MW dans la variante SRADDET, 3 500 MW dans la vision haute, 3 010 MW dans le Dans tous les cas, les réseaux de répartition scénario de référence pour 2030, voir figure ci- devront faire l’objet d’adaptations et de création dessous). Ces trajectoires ne conduisent pas à des de postes source pour intégrer cette production. adaptations structurantes des réseaux de réparti- tion. Elles pourraient se prolonger avec, pour la Les premières réflexions sont en cours concer- région, un objectif de plus de 4 000 MW de produc- nant la révision des deux schémas actuels tion en 2050. au périmètre de la nouvelle région qui devrait Figure 7.5 Scénarios d’évolution des capacités de production à 2030 Aujourd’hui Capacité installée (MW) 9 000 8 000 7 000 Visions 2030 6 000 5 000 4 000 3 000 2 000 Capacité installée (MW) Capacité installée (MW) Capacité installée (MW) 9 000 9 000 9 000 1 000 8 000 8 000 8 000 0 7 000 7 000 7 000 Aujourd’hui 6 000 6 000 6 000 5 000 5 000 5 000 4 000 4 000 4 000 3 000 3 000 3 000 hermique T 2 000 2 000 2 000 Hydraulique 1 000 1 000 1 000 Bioénergies 0 0 0 Photovoltaïque Hypothèses Hypothèses de Vision haute Éolien terrestre SRADDET référence à 20303 à 2030 Non estimé dans ce scénario2 2. Reprise des données du scénario de référence 3. Les hypothèses de référence ont été fixées sur la base des remontées des producteurs EnR et de leurs fédérations dans le cadre de la concertation réalisée lors de l’élaboration du schéma. À partir de cette vision, une clé de répartition par zones géographiques a été établie et appliquée aux volumes cibles du projet de PPE. Pour le nucléaire, l’évolution de la puissance installée a été obtenue en appliquant les orientations de la PPE (arrêt de 14 des 32 réacteurs 900 MW y compris Fessenheim, en privilégiant l’échéance de la 5e visite décennale, tout en conservant une activité dans chacun des sites) ainsi qu’un critère d’âge, sans préjudice des orientations qui seront retenues in fine par les pouvoirs publics et l’exploitant. 196
Vous pouvez aussi lire