UBSservice - Lady Lolipop Alexandra Bisaz: " Je dois mettre la gomme " - pour les PME
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UBS service pour les PME POINT FORT: CLEANTECH C’est du propre pour les PME EN DISCUSSION Fulvio Micheletti et Daniel Kalt parlent de la place industrielle suisse Numéro 1 / avril 2011 VAUT LE DéTOUR Lady Lolipop Alexandra Bisaz: « Je dois mettre la gomme »
2 ÉDITORIAL Innover, maintenant! Le contexte économique actuel est délicat et beaucoup d’entrepreneurs – les expor- tateurs en particulier – sont confrontés à de sérieux défis. Néanmoins, l’économie suisse est plus solide que beaucoup ne l’ima- ginent. Un conseil: analysez les risques auxquels votre entreprise est exposée et couvrez-vous contre ces risques, si nécessaire. Le jeu en vaut la chandelle. A long terme, l’innovation constitue sans doute le meilleur remède. Ainsi, les cleantech offrent aux PME suisses de belles opportunités que certaines ont déjà su saisir avec succès. On ne peut que se réjouir de voir de nombreux jeunes entrepre- neurs suisses tirer profit de leurs idées, en faisant preuve d’un tel enthousiasme. C’est ce qui a incité UBS à soutenir l’asso- ciation «Young Enterprise Switzerland». Pour que l’avenir sourie à un maximum d’esprits innovateurs. Je vous souhaite une agréable lecture. Fulvio Micheletti Responsable Clientèle entreprises Suisse P.-S. Votre avis nous intéresse. Dites-nous ce que vous pensez d’UBS service pour les PME. De préférence en envoyant un e-mail à redaktion-ubs-service@ubs.com. Vous pouvez vous abonner en ligne au magazine et à la E-Newsletter UBS service pour les PME, à l’adresse ubs.com / pme. A moins que vous ne préfériez contacter votre conseiller clientèle. Impressum UBS service s’adresse aux entreprises et aux pro- Direction de la rédaction: Adrian Roost Production e-magazine: Designwerft, Zurich fessionnels clients d’UBS Suisse. Conception et production: Raffinerie AG für Prépresse: Detail AG, Zurich Editeur: UBS SA, case postale, 8098 Zurich Gestaltung, Zurich Impression: Vogt-Schild Druck AG, Derendingen E-mail: redaktion-ubs-service@ubs.com Rédaction photos: Maria Schönbucher, Zurich Conseil de rédaction: Martha Braide, Traduction: Textissimo AG, Adliswil Est publié en français, en allemand et en italien. Fulvio Micheletti, Markus Steffen, Stephan Stotz, Gestion de la production: Gothuey & Partner, N° 80440F-1101 Markus Suter, Kathrin Wolff Schmandt Zurich © UBS SA 2011. Tous droits réservés. UBS SERVICE pour les PME — avril 2011
3 EN BREF SUCCESS STORIES 4 E-banking: rendre la vie dure aux cyberpirates 18 Maîtres en gravure Dans l’ombre du protectionnisme Jeunes entrepreneurs à succès Au Noirmont, dans le Jura, Multietch réinvente Cartes de crédit UBS: payer avec le NIP la technique de gravure de précision depuis 25 ans. Marché immobilier CH: la qualité compte POINT FORT: CLEANTECH 6 C’est du propre Les cleantech, un moteur de croissance pour les PME. Exemple: trois PME suisses ont misé avec succès sur les cleantech. 20 Un rêve devenu réalité Le rêve de Greta Biasca-Caroni de posséder son propre magasin de meubles à Locarno s’est réalisé. CONNAISSANCES 22 Intérêts: se prémunir contre les risques Les taux d’intérêt sont encore bas, mais pour AFFAIRE DE FAMILLE combien de temps? Les PME devraient reconsidérer 12 Conflit familial leurs risques liés aux taux. Les entreprises familiales recèlent des conflits potentiels. Meike Bütikofer propose des solutions. ANALYSE 24 Deux visions de l’Europe Daniel Kalt, économiste en chef Suisse UBS, s’exprime au sujet de l’endettement des pays Couverture: Jos Schmid. Illustrations (portraits): Flavio Berther. Photos: Always With Honor, Sarah Pickering, Peter Tillessen, Jos Schmid. européens et des turbulences que traverse l’euro. VAUT LE DéTOUR 26 Lady Lolipop Femme de douceurs: Alexandra Bisaz a depuis longtemps conquis la Suisse avec ses magasins Lolipop – la Grisonne a désormais l’Allemagne en point de mire. EN DISCUSSION 14 «Les entrepreneurs agissent vite et efficacement» Fulvio Micheletti, directeur Clientèle entreprises, et Daniel Kalt, économiste en chef Suisse UBS, s’entretiennent au sujet du franc fort, des entreprises INFOTHÈQUE suisses et de l’avenir de la place industrielle. 27 Publications et études UBS pour les PME
4 EN BREF E-banking: rendre la vie dure aux cyberpirates Pour le cybercrimi nels, attaquer les banques suisses n’a pas beaucoup de sens car leurs méca nismes de sécurité sont extrêmement performants. L e «phishing». Rien à voir avec un loisir vers leur propre compte. «Le traitement des paie- de plein air. En réalité, le terme fait réfé- ments par UBS e-banking est devenu encore plus sûr rence à une forme de criminalité Inter- avec ce nouvel obstacle», explique M. Brunner. net. Le but du phishing est de faire main Le bénéficiaire peut être confirmé avec le lecteur basse sur des informations confidentiel- de cartes ou – solution plus confortable encore – avec les et notamment sur les données d’accès à la banque l’Access Key (voir encadré). • en ligne. Les clients commerciaux sont également Pour en savoir plus: concernés, les PME en particulier. «Dans de nom- ubs.com / online breuses PME, la sécurité ne constitue pas la première priorité», dit Max Klaus, qui dirige la Centrale d’en- registrement et d’analyse pour la sûreté de l’informa- tion (MELANI) de la Confédération. Sur le plan international, les banques suisses peuvent pourtant se prévaloir d’un «très haut niveau de sécurité dans l’e-banking». Un commentaire trou- Access Key: vé récemment par MELANI sur un forum Internet russe douteux en témoigne: «Il n’y a plus de fromage confort et cryptage gratuit en Suisse», pouvait-on y lire. Autrement dit: il est inutile d’attaquer les banques suisses, vu que L’Access Key, la nouvelle solution de sécurité UBS, vous cela prend beaucoup trop de temps pour contourner offre un haut niveau de confort dans l’utilisation des les mécanismes de sécurité. Cela n’empêche nulle- UBS Online Services et lors de la confirmation du béné- ment les banques de développer des systèmes de ficiaire pour les paiements en ligne. La combinaison sécurité sans cesse plus performants. «Nous devons Access Card et Access Key permet de protéger efficace- éviter que des pirates puissent accéder aux paiements ment vos données personnelles. Nos normes de sécuri- que le client effectue sur son ordinateur», explique té UBS veillent au grain: vos données d’accès sont pro- Stefan Brunner, responsable d’UBS Online Services. tégées sur l’Access Card et toute copie est impossible. C’est pourquoi, en matière de sécurité en ligne, Vos données sont cryptées dans l’Access Key et trans- UBS a introduit la confirmation du bénéficiaire. mises à votre système à l’aide d’un câble de connexion Quand on verse de l’argent pour la première fois à USB. un bénéficiaire, le compte de ce dernier doit être L’Access Key est gratuite pour les clients commer- confirmé par une légitimation personnelle. Cette ciaux d’UBS. Parlez-en à votre conseiller clientèle. protection supplémentaire permet d’éviter, selon M. Pour en savoir plus: Brunner, que des pirates ne modifient le numéro de ubs.com / accesskey compte du bénéficiaire et ne redirigent des paiements UBS SERVICE pour les PME — avril 2011
5 Dans l’ombre du Jeunes entrepreneurs terminaux de paiement modernes qui protectionnisme à succès vous permettent de valider vos paie- ments avec votre code NIP au lieu de D epuis plus de 20 ans, l’écono- mie mondiale ne cesse de croî- tre. Mais aujourd’hui le déve- signer une facturette. Votre carte de cré- dit UBS vous offre donc un niveau de sécurité, de simplicité et de confort en- loppement économique ne se limite core accru. Lors du prochain renouvel- plus aux USA, à l’Europe occidentale lement de votre carte de crédit – la date et au Japon, comme ce fut le cas d’échéance figure au recto de la carte – après la guerre. Cette évolution posi- vous recevrez automatiquement une tive résulte en grande partie de la li- nouvelle carte avec fonction NIP. Vous béralisation du commerce mondial. Une idée en or: les cinq jeunes entrepre n’avez donc rien à faire. Les informa- Pourtant, depuis le début de la crise neurs de Pnööö célèbrent leur victoire. tions adéquates vous seront fournies économique en 2008, les Etats recou- avec la carte. • rent de plus en plus à des mesures pro- tectionnistes pour protéger leur éco- nomie de la concurrence étrangère. L e 10 mai 2011, l’événement «Young Entrepreneurs in the Station» aura lieu à la gare Pour en savoir plus: ubs.com / cardsolutions L’avancée du protectionnisme pour- principale de Zurich. Diverses mini- rait avoir un effet négatif pour la entreprises dirigées par des écoliers y Suisse, qui est tributaire de marchés seront présentées et des adolescents Marché immobilier ouverts en tant que pays exportateur. Le dernier numéro d’UBS outlook participeront à des tables rondes avec des enseignants et des représentants suisse: la Suisse se penche sur les conséquences du monde politique et économique. qualité compte éventuelles de cette évolution pour Cet événement est organisé par l’as- les entreprises suisses et cherche des solutions pour contourner les barriè- res entravant le libre-échange. sociation Young Enterprise Switzer- land (YES), qui soutient les mini-en- treprises dans le cadre d’une année L e marché des immeubles de bureaux en Suisse se porte bien malgré un contexte éco- de projet. Cette organisation à but nomique difficile. En raison de la non lucratif aide les jeunes à dévelop- pression sur les coûts exercée par les per leurs compétences entrepreneu- locataires, les analystes d’UBS pen- riales. Lors de concours internatio- sent que l’écart de performance entre naux, les jeunes entrepreneurs suisses les biens en situation centrale et les se hissent régulièrement aux places immeubles sis en périphérie va en d’honneur: en 2010, cinq élèves zuri- core s’accroître. Au niveau des surfaces chois ont remporté la médaille d’or de vente, la confiance affichée par les lors de la European Company of the consommateurs suisses par rapport à Year Competition à Cagliari avec leurs homologues étrangers semble leur entreprise Pnööö. exercer une influence positive à la fois L’an dernier, par l’entremise de sur le commerce de détail et sur les ses manifestations et de ses cours, loueurs de surfaces de vente. Comme YES a atteint plus de 3000 écoliers pour les immeubles de bureaux, la En tant que pays exportateur, dans tout le pays. UBS accorde un qualité compte de plus en plus. la Suisse est tributaire de marchés ouverts. soutien financier à YES depuis 2001 La nouvelle publication UBS et y encourage les engagements béné- real estate focus aborde des questions Dans UBS outlook Suisse, vous voles de collaborateurs UBS. • liées au marché immobilier suisse. trouverez également des articles sur Elle se penche sur les principaux fac- Illustration: Raffinerie. Photos: Raffinerie, Young Enterprise Switzerland / Pnööö. Pour en savoir plus: l’économie mondiale, la conjoncture young-enterprise.ch teurs macroéconomiques influençant en Suisse, le franc, le marché immo- le marché immobilier suisse avant de bilier suisse ainsi que l’enquête tri- s’intéresser séparément à l’immobi- mestrielle d’UBS auprès des entrepri- lier résidentiel, à l’immobilier com- ses de l’industrie et des services. • Cartes de crédit UBS: mercial ainsi qu’aux placements im- Pour en savoir plus payer avec le NIP mobiliers indirects, donc aux biens immobiliers cotés en bourse et aux et télécharger le PDF: ubs.com / pme P rogressivement, UBS remplace toutes les cartes de crédit de ses clients par des cartes équi- fonds de placement. • Pour en savoir plus et télécharger le PDF: pées d’une nouvelle technologie de ubs.com / pme puce. En Suisse et à l’étranger, de plus en plus de commerçants utilisent des
6 POINT FORT: CLEANTECH 2 3 1 4 6 7 9 8 12 11 13 Le terme cleantech est un concept générique désignant une multitude de technologies «propres» permettant de réduire les émissions. UBS SERVICE pour les PME — avril 2011
7 C’est du propre Les cleantech, une chance pour les PME: les technologies propres peuvent devenir un moteur de croissance de l’économie suisse. 5 Par Jost Dubacher, Stefan Kyora (texte) et Always With Honor (illustration), Gerry Amstutz (photos) L e groupe laitier Emmi a pla- Mais il met également en garde: «Les cé la barre très haut, mais chefs d’entreprise sont réticents. Ils le pari est réussi. Depuis veulent des garanties avant d’investir.» 2000, l’entreprise a amélio- Il plaide donc pour une plus grande ré l’efficience énergétique transparence en matière de politique de sa production de beurre, de fromage climatique. Plafonds de consommation et de yogourt de plus de 12% et réduit plus stricts pour les appareils, promo- 10 son empreinte carbone de plus de 20%. tion étatique de la construction dura- Une performance qu’Emmi doit à l’em- ble, prélèvement de taxes d’incitation ploi de «technologies propres», qui ont sur l’énergie. Ce qui compte pour un permis d’accroître l’efficacité des flux entrepreneur, c’est qu’on lui indique en énergétiques et matériels sur ses 25 temps utile les mesures à mettre en œu- sites de production. vre pour réduire sa consommation et Emmi est parvenu à rompre ses coûts. le lien de causalité entre croissance et consommation d’énergies fossiles. La hausse des coûts de l’énergie: C’est ce même défi que va devoir rele- une opportunité ver l’économie mondiale au cours des Beaucoup de propositions ont décennies à venir. En cas d’échec, la été accueillies avec scepticisme par les température mondiale moyenne aug- milieux économiques. Mais les temps 1 Energie solaire mentera de plus de 2° C, avec de gra- changent. Il y a un an, l’association 2 Traitement de l’eau potable ves conséquences pour l’économie, la économique Swisscleantech voyait le 3 Lutte biologique contre consommation et la prospérité. jour. Elle représente aujourd’hui 170 les ravageurs Les pays industrialisés ont un rôle sociétés, d’ABB à un cabinet d’avocats 4 Isolation thermique majeur à jouer. D’ici à 2050, ils vont international en passant par une impri- 5 Energie éolienne devoir diminuer leur consommation merie de taille moyenne. Nick Beglin- 6 / 11 Matériaux recyclables d’énergie d’au moins 80%. Pour Volker ger, fondateur et directeur: «Tous ont 7 Nanotechnologie Hoffmann, qui dirige un groupe de re- compris que l’économie durable, ce 8 Moteurs électriques cherche sur le développement durable n’est pas juste une alternative verte.» économiques et la technologie à l’EPFZ, les choses M. Beglinger réclame également 9 Recyclage sont claires: «Nous allons devoir mo- des conditions-cadres strictes pour déter- 10 Géothermie difier du tout au tout notre manière miner les coûts de l’énergie. Selon lui, la 12 Efficience énergétique d’opérer.» hausse des coûts de l’énergie a un effet 13 Biocarburants Les travaux de Volker Hoffmann plutôt positif car elle accélère l’amortis- intègrent micro-économie et change- sement des investissements cleantech. ment climatique. Il croit aux sources Elle stimule les activités des fournis- d’énergie alternatives, aux matériaux seurs, encourage les dépenses de R&D recyclables et aux moteurs électriques. et incite les clients finaux à investir.
8 POINT FORT: CLEANTECH Peut-on réellement favoriser une croissance économique avec des coûts “ Laavantages énergétiques élevés? Des chercheurs de l’Institut d’économie des ressources de compétence cleantech offre des l’EPFZ ont tenté de le vérifier. Ils ont concurrentiels et aide ” utilisé des modèles très complexes pour calculer quelle serait la richesse de la à conquérir de nouveaux marchés. Suisse si elle consommait trois fois moins d’énergie qu’aujourd’hui. Le ré- sultat est stupéfiant: le PIB continuerait à croître quasiment au même rythme. au niveau des consommateurs. Et puis, tion de la qualité: «Il va devenir de plus Les secteurs nécessitant un savoir-faire il y a les grandes multinationales, qui en plus difficile d’opérer en tant qu’en- et / ou des capitaux importants comme souhaitent limiter les risques environ- treprise sans véritable stratégie envi- l’industrie des machines ou pharma- nementaux et les carences de ressources. ronnementale.» Les PME suisses vont ceutique ainsi que la place financière «Aujourd’hui, les entreprises ‹globales› donc faire face à de nouveaux défis: le seraient même largement gagnants. se trouvent aux avant-postes du débat chef d’entreprise se doit de connaître Mais revenons au présent: les climatique», déclare Gianreto Gambo- ses flux énergétiques et matériels. Il doit coûts de l’énergie dépendent toujours ni, spécialiste du Value-based Investing surveiller les risques environnemen- en grande partie du marché, y compris chez UBS. Amené à analyser les perfor- taux de ses fournisseurs et clients et en Suisse. La taxe d’incitation sur les mances des grandes entreprises en ter- analyser sa stratégie de vente en fonc- combustibles fossiles introduite en mes de développement durable pour tion de scénarios d’évolution des coûts 2008 s’est certes soldée par une hausse des clients privés, il constate: «De plus de l’énergie. D’autre part, il y a aussi de des prix du mazout, mais d’à peine en plus de multinationales estiment que nouvelles opportunités à saisir. Si une 9 ct. / litre. Cela ne suffit pas. Il va donc la dépendance à l’égard des énergies fos- entreprise parvient à rendre sa gamme falloir que la Suisse, qui a signé en 2009 siles constitue un grave problème.» de produits et de services plus durable, l’«Accord de Copenhague» à l’issue de elle bénéficiera d’une double plus-value: la Conférence sur le climat organisée De nouveaux défis pour les PME les compétences cleantech n’offrent pas par l’ONU, corrige le tir. Au cours des Ainsi, Walmart, le géant souvent seulement des avantages par rapport à prochains mois, le Parlement va devoir critiqué de la grande distribution aux la concurrence, elles aident également à se prononcer sur les objectifs climati- USA, classe ses quelque 100 000 four- conquérir de nouveaux marchés. ques d’après 2012. Il s’agira de définir nisseurs selon un «Sustainability Pro- Aujourd’hui, selon l’Office fédéral l’objectif de réduction des émissions de duct Index» dans le but d’améliorer de la formation professionnelle et de CO2 (entre 10 et 20%) d’ici à 2020. l’efficience de sa chaîne d’approvision- la technologie (OFFT), les technologies La politique n’est pas le seul ac- nement. Dans divers secteurs – comme propres génèrent déjà une valeur ajoutée teur à se mobiliser pour l’économie du- l’industrie automobile ou énergétique – annuelle brute de l’ordre de 20 milliards rable: l’aspect des ressources joue éga- Volker Hoffmann table sur une évolu- de francs, répartie sur la quasi-totalité lement un rôle de plus en plus important tion analogue à celle amenée par la ges- des secteurs, de la construction à l’indus- Le Masterplan Cleantech en Suisse «En matière de cleantech, la Suisse doit reprendre la tête à l’échelon oyens affectés à la recherche appliquée. Les centres de recherche m international», expliquait la Conseillère fédérale Doris Leuthard en nationaux et les deux EPF de Lausanne et Zurich doivent devenir plus novembre 2010, lors de la présentation du Masterplan Cleantech actifs dans ce domaine. Ce qui devrait permettre de clarifier la situa- en Suisse. Actuellement en consultation, ce plan constitue un élé- tion régnant dans le domaine de la recherche. C’est pourquoi une me- ment stratégique clé. Il a été élaboré par le Département fédéral de sure supplémentaire préconise une collaboration plus étroite entre l’économie (DFE) et le Département fédéral de l’environnement, les acteurs pratiquant des transferts de technologie. Par ailleurs, tous des transports, de l’énergie et de la communication (DETEC). Il com- les offices fédéraux impliqués dans les TST devront dorénavant se porte une analyse détaillée de la situation, énumère les mesures concerter avec la commission pour la technologie et l’innovation fédérales et formule des recommandations pour les cantons et le (CTI). La mesure la plus radicale prise dans le domaine du TST cons- monde économique, de l’amélioration du transfert de technologies titue d’ailleurs une volte-face politique. Pour la première fois, il est au soutien des exportations. prévu d’aider directement certaines entreprises à développer des sys- Certaines mesures ont un caractère non obligatoire ou ne pré- tèmes pilotes et de démonstration avec des moyens fédéraux. voient que l’évaluation de nouvelles approches réglementaires. Les propositions pour le transfert de savoir et de technologie (TST) Plus d’infos: sont néanmoins concrètes et portent notamment sur une hausse des portail Cleantech de la Confédération www.cleantech.admin.ch UBS SERVICE pour les PME — avril 2011
9 trie énergétique en passant par les trans- ports et la construction de machines. A l’échelon international, les chif- fres sont encore plus spectaculaires. Se- lon les dernières estimations, le marché mondial des technologies propres re- présenterait 630 milliards d’euros et la tendance est nettement à la hausse. L’heure est donc aux cleantech. Au point que le Conseil fédéral a élaboré un Masterplan Cleantech visant à ren- forcer les technologies propres. Un rap- port de 100 pages formule un objectif ambitieux: à l’avenir, la swissness se dé- finira à travers les cleantech. Les PME doivent en profiter Les PME doivent tirer parti de l’offensive cleantech, notamment via la plate-forme d’exportation cleantech- switzerland.com. Cette structure de promotion des exportations créée au départ dans le cadre du 3e paquet de soutien à la conjoncture doit être auto- porteur. La plate-forme est dirigée par l’économiste Rolf Häner. Depuis l’été dernier, il sonde les marchés suisse et étrangers avec une équipe de spécialis- tes et noue des contacts. «Les clean- tech suisses jouissent d’une excellente réputation», constate-t-il. En Chine, le potentiel est énorme dans tous les sec- teurs. L’Inde porte un grand intérêt aux Frederic Mauch développe et vend avec succès des sachets et solutions dans le domaine des déchets de la vaisselle fabriqués à l’aide de matières recyclées. et de l’eau, tandis qu’en Amérique du Nord, c’est plutôt la construction basse énergie qui a la cote. Les plus optimistes estiment que d’ici à 2020, le marché des cleantech BioApply: du plastique à base de maïs et patates devrait passer la barre des 2,2 milliards d’euros, sous l’effet de la politique climatique internationale et des inves- tissements de R&D qui en résultent. Une situation idéale pour un pays fo- Dans le secteur de l’emballage, le prix calisé sur la technologie et les services comme l’est la Suisse. «Nous devons reste déterminant. Mais le vent tourne: profiter de cette opportunité», estime Frederic Mauch fabrique des sachets Volker Hoffmann. • écologiques qui représentent une grande Plus d’infos: Association économique Swisscleantech percée technologique. swisscleantech.ch L Plate-forme d’exportation cleantech-switzerland.com es êtres humains connsomment plus d’un milliard de sachets en plastique … par jour. Des sachets à base de pétrole qui se retrouvent souvent dans l’environnement et ensuite dans la chaîne alimentaire. Cela explique qu’en Italie par exemple, ils soient interdits depuis le 1er janvier 2011. Une mesure qui ne surprend pas Frederic Mauch. Dès 2006, il a compris qu’il existait un énorme potentiel pour des alternatives écologiques au sachet en plastique. Il a alors créé la société BioApply, qui fabrique ses
10 POINT FORT: CLEANTECH sachets en Suisse, à partir de maïs ou de pommes de terre. Ces sachets affichent un excellent bilan CO2 et, une fois dans Biketec: pour le plaisir la nature, ils se dégradent 500 fois plus Quand Kurt Schär s’est lancé dans la vente rapidement que les sachets en plastique. Parmi les clients de BioApply, on trou- de vélos électriques, on s’est moqué de lui. ve Switcher et LeShop, le supermarché Biketec est à présent le plus grand fabricant en ligne de Migros, mais aussi DuPont. Lors de salons, ce groupe chimique dis- suisse de vélos. tribue ses brochures dans de superbes sachets de l’entreprise suisse. «Nos produits soulignent l’image Ça tourne bien innovante et l’engagement écologique rond: le plus des entreprises utilisatrices», explique grand défi Frederic Mauch. Mais pour réaliser des de Kurt Schär sachets qui soient porteurs d’image, et de son équipe, c’est de l’équipe de BioApply a dû relever plu- pouvoir faire sieurs défis: avec l’aide de partenaires, il face à la rapide a fallu améliorer la résistance à la déchi- croissance rure et l’imprimabilité, tout en dévelop- de Biketec. pant un large éventail de formes de sac. Les besoins en matières premières – et le prix, ce faisant – ont également pu L être réduits. es agglomérations sont les «points chauds» du trafic mo- derne. Plus de 85% des bouchons se forment en ville. La Une nouvelle technologie synonyme grande densité du trafic urbain est source de pertes de de croissance temps mais également de gaz d’échappement, de particu- Frederic Mauch a cherché du les fines et de bruit. Il entraîne ainsi chaque année des soutien pour créer son entreprise. Plu- coûts de plusieurs milliards. sieurs prix ont aidé à la financer et l’ins- Selon les experts, le trafic va encore s’accroître dans les agglomérations. titut de recherche sur les matériaux Pour autant, les contraintes n’augmentent pas en proportion, au vu de EMPA (Saint-Gall) a notamment fait la tendance à la mobilité verte. «Les pendulaires font partie de nos prin- part de son précieux savoir-faire. Mais cipaux clients et leur importance va croissant», confirme Kurt Schär, du BioApply a également pu compter sur fabricant de vélos électriques Biketec. l’aide du canton de Vaud et de la com- Si les Flyers de Kurt Schär ne produisent ni bruit ni émissions et mission pour la technologie et l’inno- se contentent de 0,1 litre (équivalent essence) aux 100 km, cela n’est vation (CTI). UBS s’est jointe au projet toutefois qu’un avantage accessoire aux yeux de la plupart des ache- en 2010 en accordant deux crédits d’in- teurs. Ce qu’ils apprécient par-dessus tout dans le vélo électrique, c’est vestissement à BioApply. «Nous avons qu’ils peuvent rester en forme, tout en se faisant plaisir. «Le Flyer, c’est pu ainsi nous développer sans faire appel véritablement la mobilité plaisir», selon Kurt Schär. Et le succès est au à de nouveaux actionnaires», se réjouit rendez-vous. Alors que les fabricants suisses traditionnels ont délocali- Frederic Mauch. sé leur production vers des pays à bas salaires ou carrément fermé leurs Pour poursuivre sur sa lancée, portes, Biketec a inauguré deux nouveaux bâtiments à Huttwil (BE) ces Bioapply a déjà développé et breveté deux dernières années. En 2010, l’entreprise a enregistré une croissan- une nouvelle technologie adaptant le ce de 30%, alors qu’un Flyer sur deux est vendu dans la zone euro. procédé très courant du moulage par De nombreux clients prennent goût au concept lors de leurs vacan- injection avec des matières premières ces. Biketec met des vélos à disposition de certaines organisations touris- recyclables. Le champ d’application tiques depuis début 2003, tout en les aidant à créer des itinéraires pour est immense. • le Flyer. Certains de ces parcours – comme la «Route du cœur» dans l’Emmental – sont devenus des modèles en matière de tourisme doux. BioApply Sàrl, Gland VD Si, au départ, Kurt Schär a dû faire preuve de beaucoup de per- Fondation: 2006 suasion, son souci principal aujourd’hui est de pouvoir faire face à Chiffre d’affaires 2010: 1,3 million de francs l’énorme croissance de l’entreprise. UBS l’y aide et pas uniquement sur Production annuelle 2010: plus de huit millions d’unités le plan financier. «L’équipe qui nous encadre pose régulièrement des Collaborateurs: 8 Internet: bioapply.com questions qui méritent réflexion», dit-il. • Biketec AG, Huttwil BE Fondation: 2001, chiffre d’affaires 2010: plus de 90 millions de francs Production annuelle 2010: 45 000 unités, collaborateurs: 140 Internet: flyer.ch UBS SERVICE pour les PME — avril 2011
11 Schweizer, à la tête d’Ernst Schweizer AG depuis 1985. En 1977, la société de construction métallique s’est donc lan- cée dans le développement et la fabri- cation de collecteurs solaires pour la production d’eau chaude. C’est en 2000, en misant sur les exportations, que le département des systèmes d’énergie solaire de l’entreprise a réussi sa grande percée, un distributeur allemand ayant opté pour les produits de la société suisse, à la fois aboutis tech- niquement et esthétiques. Aujourd’hui, ce département constitue le principal pôle d’activité de l’entreprise. La volatilité impose la flexibilité UBS soutient Ernst Schweizer AG de différentes manières, notamment avec des couvertures de change sur me- sure pour l’exportation. La volatilité est une source de préoccupation pour l’entreprise et pas seulement en matiè- re de change. Les fluctuations des prix du pétrole et les changements au niveau des mesures d’encouragement, des pres- criptions et des taxes d’incitation ren- dent la demande très fugace, malgré une tendance générale à la hausse. A cela s’ajoutent de grands écarts saison- niers. Pour y faire face, Hans Ruedi Schweizer compte sur son personnel: «Nous devons notre flexibilité à nos Le choc pétrolier des années 1970 a suscité la vocation d’Ernst Schweizer, pionnier des collecteurs solaires. collaborateurs et au bon leadership de nos cadres.» Le personnel occupe une place essentielle dans l’entreprise. «Nous Ernst Schweizer AG: poursuivons quatre objectifs d’égale importance. Nous ne voulons pas seu- le succès du solaire lement satisfaire nos clients et réaliser de bons résultats mais également assu- mer nos responsabilités à l’égard des collaborateurs et de l’environnement», La société zurichoise de construction métal- précise Hans Ruedi Schweizer. De la lique Ernst Schweizer AG est un pionnier stratégie aux systèmes opérationnels en passant par la planification annuelle, des collecteurs solaires. Grâce à des produits ces quatre objectifs sont pris en compte de qualité et esthétiques ainsi qu’à une à tous les niveaux. • grande flexibilité, elle parvient à s’imposer sur Ernst Schweizer AG, Hedingen ZH un marché de plus en plus âprement disputé. Fondation: 1920 Carnet de commandes: 158,7 millions de francs L Part des exportations dans le domaine de es réserves de combusti- Friedrich Schumacher, l’un des pères de l’énergie solaire: 70% bles fossiles ne sont pas l’euro, a lui aussi évoqué la question de Collaborateurs: 586 Internet: schweizer-metallbau.ch inépuisables, chacun en est l’épuisement des ressources naturelles conscient aujourd’hui. Le dans son ouvrage «Small is beautiful». Club de Rome a évoqué «C’est une rencontre avec Schumacher cette réalité pour la première fois après qui a rendu mon père attentif à cette le choc pétrolier des années 1970. Ernst problématique», déclare Hans Ruedi
12 Affaire de famille Le conflit familial Au travail, les tensions sont monnaie courante. Dans une entreprise familiale, ces conflits peuvent prendre une tournure désastreuse. Pourquoi? Et comment réagir? Meike Bütikofer (texte) et Sarah Pickering (illustration) L a famille est un système con l’argent et garantir la survie de l’entre- mois, Sebastian Kaufmann (35 ans) stitué de liens complexes. prise à long terme.» Dans les entrepri- était le nouveau directeur et actionnai- Son concept est simple: ses familiales, ces deux systèmes s’af- re majoritaire d’une PME fabriquant «Nous réussirons en nous frontent. Il est fréquent qu’un conflit de l’outillage. Le passage de témoin du serrant les coudes.» L’en- intrafamilial surgisse lors d’une succes- père au fils était donc chose convenue, treprise, en revanche, est un système sion. Un exemple tiré de mon propre du moins sur le papier. Le fils a tout de axé sur les tâches à effectuer. Là, l’idée vécu illustre la naissance, l’escalade et suite voulu donner une nouvelle orien- est plutôt: «Nous devons gagner de la résolution d’un conflit: depuis trois tation stratégique à la société, un peu UBS SERVICE pour les PME — avril 2011
13 poussiéreuse. Son but: en faire un lea- der international. Ce fut le début d’un conflit entre Elaborer une constitution familiale le père et le fils qui durera près de trois ans et qui impliquera également des 1. Identifier les conflits potentiels membres de la direction et du person- Quels sont les conflits familiaux susceptibles d’influencer la bonne marche de l’entreprise et nel. Une confrontation qui aura poussé inversement? Tenez compte des objectifs, des valeurs, du style de direction, de l’orientation l’entreprise aux portes de la faillite. et de l’affectation des bénéfices de l’entreprise, des fonctions des membres de la famille, des Le changement de stratégie et le structures, des règles du jeu ainsi que des sanctions. style de direction inhabituel du fils sem- blaient déstabiliser l’entreprise, avec à 2. Passer des accords la clé des problèmes de liquidité que Trouvez des réponses aux points ci-dessus au sein de la famille et de l’entreprise. Mettez l’on tenta de résoudre par des program- par écrit les points demandant l’unanimité et ceux autorisant des opinions divergentes. mes de réduction des coûts. Sans le résultat escompté. En réalité, c’est le 3. Contrôler l’application conflit opposant le père et le fils qui Un organe rassemblant des membres de la famille et du Conseil d’administration ainsi était déterminant. Leurs points de vue, qu’un coach / médiateur externe supervise l’application des accords, intervient le cas fort divergents, ne cessaient de s’éloi- échéant et prononce des sanctions. Pour éviter l’escalade des conflits latents, il est souhai- gner et les longs débats qui en résul- table de contrôler le respect de la constitution familiale au moins deux fois par année. taient coûtaient du temps et de l’éner- gie. Après quelques mois de guerre froide, le Conseil d’administration prit le taureau par les cornes et engagea un coach externe pour résoudre cette dis- libérer» l’entreprise des contingences « Les bons côtés d’un conflit corde parentale. familiales. Tous deux reconnurent qu’ils Le conflit était-il inutile? La so- respectaient quasiment les mêmes va- ciété a indiscutablement souffert et la L’essentiel n’a pas été abordé leurs sur le plan familial mais que leurs famille a perdu une partie de sa fortune. Il était devenu impossible de tra- vues étaient diamétralement opposées Mais le conflit a également montré que vailler dans la sérénité. Montrant par là sur le plan professionnel. Le père pen- les recettes du passé avaient vécu et la nécessité de résoudre la crise pas à sait soutenir son fils, qui y voyait en fait qu’il était temps de se remettre en ques- pas, en utilisant des instruments bien une forme d’ingérence. Parce que rien tion. Une confrontation est certes désa- précis. Des entretiens individuels ap- n’avait été réglé, les deux acteurs dépas- gréable, mais elle peut également per- profondis permirent d’assouplir les po- saient sans cesse leurs limites, aux yeux mettre de trouver des solutions qui sitions des deux protagonistes: le fils se des autres en tout cas. n’auraient pas émergé en l’absence de rendit compte que son père souhaitait Pour éviter de nouveaux conflits, différend. Les entreprises familiales en fait, par ses fréquentes interventions, le coach établit – avec la famille – des doivent donc tirer profit des enseigne- le protéger des sceptiques au sein du règles précises qui régiraient la collabo- ments que peuvent apporter les affron- Conseil d’administration et de l’entre- ration au sein de l’entreprise. Une sorte tements et s’atteler très vite à leur réso- prise. Sebastian avait au contraire l’im- de «constitution familiale» censée défi- lution, avant qu’ils ne soient hors de pression que son père voulait le main- nir les valeurs, les objectifs, les rôles, les contrôle. • tenir sous tutelle et qu’il ne lui faisait responsabilités, les tâches et les structu- pas confiance, ce qui l’amena à douter res. Le père et le fils ont jugé utile de lui de lui-même, à mentir et à comploter. donner une forme picturale, plutôt que Meike Bütikofer Suivirent alors des discussions de signer des contrats. Evidemment, la est experte en strate gies d’entreprise conjointes en présence du père et du constitution familiale n’a pas tout réso- axées sur la valeur. fils. Il apparut très vite que le conflit lu du jour au lendemain. Il y eut encore Propriétaire de était lié à une lacune fréquemment ob- quelques prises de bec, mais elle apaisa l’entreprise de conseil servée dans les entreprises familiales. finalement les esprits et ramena le calme Bütikofer AG, elle est administratrice de IE Engineering Group et du Groupe Tout semblait réglé, sauf que le point dans l’entreprise. Hochdorf. En 2011 paraîtra son principal n’avait pas été abordé: les in- Ce conflit et son escalade étaient- livre «Die Firma spricht» («L’entre térêts des uns et des autres, les valeurs, ils évitables? Peut-être, car une consti- prise parle») (titre de travail). les objectifs et les attentes des membres tution familiale protège des litiges, c’est de la famille. Ainsi, le père pensait que prouvé. Mais uniquement si elle est Sebastian dirigerait la société tel un appliquée et respectée. Cela suppose Illustration (portrait): Flavio Berther «bon père de famille». Le fils, lui, avait l’existence d’un organe neutre rassem- pour ambition de développer l’entre- blant des membres de la famille et du prise et montrer à son père ce dont il Conseil d’administration ainsi qu’un était capable. coach ou médiateur externe et chargé Quand le père et le fils purent d’intervenir en cas de problème et d’ap- à nouveau se parler, la priorité fut de pliquer des sanctions.
14 EN DISCUSSION «Les entrepreneurs agissent vite et efficacement» Fulvio Micheletti, responsable Clientèle entreprises Suisse, et Daniel Kalt, économiste en chef Suisse, nous parlent de stratégies face à l’appréciation du franc et de l’avenir de la place indus- trielle suisse. Jörg Becher, Adrian Roost (interview) et Scanderbeg Sauer (photos) F ulvio Micheletti, leurs canaux de vente et en profession- vous êtes confronté nalisant leur gestion financière. Vu sous chaque jour aux cet angle, les entreprises suisses se sont soucis et aux besoins très bien tirées d’affaire. de chefs d’entreprise suisses. Quel est actuellement Les médias parlent presque leur état d’esprit? quotidiennement des graves Fulvio Micheletti: Les conditions-cadres difficultés que rencontrent ont énormément changé par rapport à les exportateurs suisses en l’été 2008, quand le franc suisse traver- raison de la vigueur ac- sait l’une de ses phases de faiblesse les tuelle du franc. Estimez-vous plus marquées. Le climat général et, du ces difficultés fondées? coup, l’état d’esprit dans le pays et au Micheletti: La situation actuelle sur le sein des PME suisses sont nettement marché des changes constitue indubi- plus tendus aujourd’hui. tablement un sérieux défi pour la place Rien qu’au cours des douze industrielle suisse. Chaque entrepre- derniers mois, l’euro a per- La situation est-elle alarmante neur doit s’interroger sur l’impact de du environ un quart de pour autant? cette situation sur son entreprise, sur sa valeur par rapport au franc Micheletti: Si nous nous référons à no- l’intégralité de la place industrielle suisse. Daniel Kalt, existe- tre portefeuille de crédit, nous consta- suisse et sur l’ensemble du processus t-il des précédents d’un tel tons assez peu de différences par rap- de création de valeur. Le franc s’étant choc monétaire? port à il y a deux ans: ni les risques de encore considérablement apprécié à Daniel Kalt: Au début des années 1990, bilan ni les faillites d’entreprise n’ont l’automne 2010, la grande question un phénomène comparable s’est pro- augmenté de manière spectaculaire. qui se pose à présent est de savoir duit. A l’époque, le franc s’est apprécié Bon nombre de nos clients ont relevé les quelle sera la suite des événements. dans les mêmes proportions et est res- défis auxquels ils faisaient face et pris Pour l’année en cours, nous n’excluons té extrêmement fort pendant trois ou une série de mesures, notamment en pas que le franc puisse même encore quatre ans. Cela étant, la situation améliorant leur efficacité, en consolidant gagner en valeur. économique était alors totalement dif- UBS SERVICE pour les PME — avril 2011
15 Fulvio Micheletti (d.) en discussion avec Daniel Kalt (g.): «Notre économie est beaucoup plus solide que beaucoup ne l’imaginent.» férente: le secteur de la construction Aucune raison de s’inquiéter sont essentiellement situés dans la zone était sinistré et les banques avaient donc? franc sont durement touchées par la perdu 60 milliards de francs suite au Kalt: Il ne faut pas oublier qu’aujourd’hui, faiblesse de l’euro. Je pense notamment crash immobilier. Aujourd’hui, nous en termes de mondialisation, le scénario ici à l’industrie suisse du tourisme. De vivons au contraire un boom immobi- est totalement différent: un grand nom- manière générale, la diversification est lier. En outre, nous avons des taux bre d’entreprises – y compris des PME bien meilleure aujourd’hui et la pro- d’intérêt historiquement bas, ce qui de moyenne et grande envergure – ont duction davantage «mondialisée» qu’il confère un incroyable dynamisme à délocalisé leur production ces dernières y a dix ou quinze ans. l’économie domestique suisse. En ré- années. Celles qui sont parvenues à sumé, on peut affirmer que la Suisse transférer des pans importants de leurs Avec l’externalisation forcée est aujourd’hui bien plus solide qu’à coûts vers la zone euro jouissent que pratiquent volontiers les l’époque, même s’il y a effectivement aujourd’hui d’une protection naturelle entreprises, le problème n’est-il des parallèles en ce qui concerne la vi- contre les fluctuations de change. En re- pas simplement transféré gueur du franc. vanche, celles dont les centres de coûts aux sous-traitants suisses?
16 EN DISCUSSION Kalt: Il est clair que les sous-traitants quelle manière se protéger contre ces se demander si le jeu en vaut suisses sont encore davantage mis sous risques. Jusqu’à l’automne 2008, la vraiment la chandelle. pression par la tendance à l’externalisa- couverture des risques de change Kalt: Sur le plan privé, la plupart des tion. Prenons l’exemple d’une entre était plutôt le propre des grandes Suisses se couvrent sans hésiter contre prise fabriquant des sièges pour l’indus- entreprises. Il en va tout autrement tous les risques possibles et imagina- trie automobile allemande et qui achetait aujourd’hui. bles: l’incendie, les dommages élémen- jusqu’à présent ses tissus d’habillage en taires, l’incapacité de gain, la respon- Suisse. Si, pour réduire les coûts, cette Combien de PME suisses sabilité civile, etc. Par contre, dès qu’il entreprise décide d’acheter dorénavant pratiquent aujourd’hui est question de se couvrir contre les ses tissus dans la zone euro, elle trans- une gestion professionnelle risques de change, tout le monde se fère simplement le risque de change à des devises? plaint du coût de l’opération. J’estime ses sous-traitants nationaux. Kalt: Au cours des deux dernières an- que, comme dans le cas de l’assurance, nées, de très nombreuses PME ont tout est question de prévoyance. Si Quelles autres options un chef commencé à gérer activement leurs l’on attend de voir sa maison partir en d’entreprise a-t-il pour risques de change. Selon un sondage fumée pour souscrire une assurance in- garder les risques de change que nous avons réalisé récemment, cendie, le prix à payer sera forcément sous contrôle? c’est désormais le cas d’une entreprise plus élevé. Micheletti: Un chef d’entreprise doit sur trois. tout d’abord identifier les risques de D’aucuns prétendent que les change concrets auxquels son entreprise Les petites entreprises ont plus banques profiteraient des est soumise. Il doit ensuite déterminer de particulièrement tendance à craintes de nombreuses PME Noir ou blanc? Daniel Kalt, économiste en Fulvio Micheletti, responsable chef Suisse UBS Clientèle entreprises UBS Actions ou or? Les actions sont plus intéressantes. Je mise sur les actions. I-Phone ou Blackberry? Difficile de se passer d’un Blackberry. Clairement l’I-Phone. «Zischtigsclub» (émission de débat) «Zischtigsclub», de temps en temps. «Zischtigsclub», c’est mieux pour ou «Desperate Housewives»? trouver le sommeil. Verbier ou Acapulco? Verbier. Ca dépend de la saison. Saut à l’élastique ou golf? Ni l’un ni l’autre, je penche Je préfère le football. plutôt pour l’alpinisme. Bordeaux ou barolo? Barolo. Difficile pour un Italien mais je dirais quand même le bordeaux. Sushi ou gratin de pâtes? Sushi, de temps à autre. Sushi. Shakira ou Maria Callas? La Callas, inoubliable. Shakira, ça colle mieux avec le football (rire). UBS SERVICE pour les PME — avril 2011
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