Le Gripen pour la Suisse - La plateforme du future
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Spécial Gripen Mai 2012
Le Gripen
pour la
Suisse
La plateforme
du future
Le Gripen E/F Avions de combat en Suède Faits et chiffres
– petit mais L'évolution du Tout ce qu'il faut savoir
astucieux Gripen sur le Gripen E/F
2 Le Gripen pour la Suisse Éditorial
Chère lectrice, cher lecteur
Roger Federer ne mesure pas 2,06 m comme système – raisonnant juste, mais avec un bon sens de la litote. Lorsque
John Isner, dont le service puissant fuse com- Saab développe le concept du 21e siècle, nous, les Suisses, avons aussi not-
me un boulet de canon. Il n’est pas non plus un re mot à dire – un changement de paradigme tout à fait remarquable! La
paquet de muscles comme son concurrent es- Suisse n’est pas seulement un client, comme au cours des 60 dernières
pagnol Rafael Nadal, ni une machine de guerre années d’acquisition d’avions de combat. La Suisse contribue désormais
obstinée comme le Serbe Novak Djokovic. à façonner l’avenir. Ce ne sont pas les fournisseurs américains, français
Roger Federer dispose de tous les atouts né- ou britanniques qui nous dictent ce qu’il nous faut; non, nous définis-
cessaires à un bon joueur de tennis. Il domine sons nous-mêmes nos besoins. Nous nous sommes émancipés, dans le
tout, il joue parfaitement du fond du court, il droit fil de notre politique de neutralité.
sait smasher, slicer et placer un amorti. Son ser- Le futur Gripen E/F est adapté à nos besoins. Tous les experts l’ont recon-
vice est excellent et il est invincible au filet. Roger Federer est un joueur nu. Les experts? Dans les forums, lettres de lecteurs et blogs, les discus-
de tennis complet, qui dispose cependant d’autres atouts, très différents: sions vont bon train, mais restent unidimensionnelles. Qui achète une
il est astucieux et il est polyvalent. voiture sur le seul critère de sa puissance? Quelle entreprise s’offrirait
Le Gripen ne porte pas de missiles nucléaires comme le Rafale français. un calculateur Cray, quand un ordinateur plus modeste répond à son
Il n’est pas surmotorisé, sursophistiqué et surarmé comme l’Eurofighter. cahier des charges? Quel contribuable blogueur est prêt à payer, sur
Et le Gripen n’est pas l’avion de combat ultime comme le F-35 américain. trente années d’exploitation, trois ou quatre milliards de plus en entre-
Le Gripen est doté de tous les atouts utiles dont disposent ses concurrents. tien? Quel connaisseur du théâtre d’opérations est véritablement infor-
Il maîtrise tous les rôles qu’on exige d’un avion de combat moderne; il mé de la doctrine d’engagement des avions de combat russes? Et quel ré-
peut assurer des missions de police du ciel, combattre des avions ennemis dacteur de lettre de lecteur appréhende les relations entre performance,
et servir d’appareil de reconnaissance ou d’appui au sol. Le Gripen, qui est coût, adaptation à l’usage de la troupe et indépendance? Indépendance
un multiplicateur complet, dispose aussi d’autres atouts, très différents: par rapport à des centaines de millions de redevances de licence en cas
il est astucieux et constitue une plate-forme polyvalente. de mise à niveau? Indépendance vis-à-vis de pays potentiellement peu
L’époque du dogme privilégiant le plus grand, le plus fort et le plus rapide ragoûtants, membres du même groupe des utilisateurs? On a souvent
est révolue. Les concepts de puissance du siècle dernier sont des résidus la mémoire courte: Nicolas Sarkozy avait proposé «son» Rafale aussi à
de la Guerre froide. Bien sûr, les Etats ayant des ambitions mondiales con- Monsieur Kadhafi.
tinuent de s’offrir de tels avions de combat – à des coûts astronomiques. Avec l’achat de nouveaux avions de combat, nous entrons dans une ère
C’est le cas des Etats-Unis, avec son F-35 JSF, dont nul ne sait vraiment nouvelle. Nous abandonnons le plus grand, le plus fort, le plus rapide. Pour
combien il finira par coûter (très cher!). Ou de la France dont la Force de moi aussi qui, à 64 ans, ai connu la période du Vampire au F/A-18, la révisi-
frappe exige un chasseur de dissuasion. Ou de la Grande-Bretagne dont on de mes conceptions a été progressive. Je comprends donc parfaitement
l’Eurofighter est censé compenser la dramatique perte d’influence de ce que d’anciens pilotes de chasse façonnés par le Hunter rêvent de puissance
pays sur les mers du globe. Trois avions de combat qui relèvent du dog- et de performance. A l’époque, le plus fort était le meilleur. Tempi passati.
me «plus grand, plus fort, plus rapide». Et dont le coût est exorbitant, Le meilleur, c’est désormais le plus astucieux! Selon le principe Federer.
comme celui de tous les concepts issus de la Guerre froide. Dans l’esprit
des développeurs de l’époque, l’argent n’était pas un facteur véritable- Max Ungricht
ment déterminant. Seules étaient jugées suffisamment bonnes les solu-
tions les plus chères.
Les Suédois, toutefois, ont perçu les signes de notre temps. Ce n’est plus le
«hardware» qui distingue l’avion du futur. Les cuirassés bardés d’armes
dont les coûts d’exploitation dévorent la moitié d’un budget militaire Je suis fier et heureux que le Conseil fédéral
n’ont plus de raison d’être. C’est le cerveau qui fait la différence. C’est-à- se soit prononcé en faveur du Gripen E/F.
dire le radar, les autres capteurs, l’intégration dans un système ISTAR. Vi- Je peux garantir que, dans le cadre de ce
tesse ascensionnelle, rayon d’action, vitesse – certes, tout cela est impor- partenariat, la Suisse se trouvera face à des
tant. Mais la différence se fait sur le «software», le logiciel, qui en toute spécialistes très engagés dont l’objectif est de
circonstance peut s’adapter en souplesse aux exigences de l’utilisateur repousser toujours plus loin les limites tech-
et qui est capable d’intégrer l’évolution fulgurante de la technique des nologiques afin d’offrir la solution la plus
processeurs. C’est là que réside la véritable force de l’avion suédois! Sans appropriée dans un environnement en mu-
oublier son coût modéré. tation constante.
Au cours des années passées, Cockpit a chaque mois fait une large place Le paquet global Gripen-E/F permet à la
au remplacement partiel du Tiger. Nos lecteurs réguliers sont bien infor- Suisse d’acquérir l’avion de combat présen-
més du processus de sélection. Ils savent qu’en raison de sa «frenchness» tant le meilleur rapport prix-performance.
le beau Rafale ne convient pas à la Suisse. Il serait désastreux de dépendre Le Gripen est un avion doté d’un programme
de la France en matière d’armes, d’électronique, d’avionique et de motori- de développement garanti et conçu dans une perspective de long terme. Quant
sation. Dassault n’a toujours pas de client à l’exportation. Les négociations au programme de partenariat industriel, il sera également bénéfique sur le long
avec l’Inde ont été temporairement gelées pour des raisons «d’incohérence terme – et ce, sous l’angle d’un partenariat stratégique de grande portée et dans
des coûts d’exploitation». L’Eurofighter, construit par un consortium eu- l’esprit des affinités entre la Suède et la Suisse.
ropéen, n’a jamais eu la moindre chance – quelles qu’en soient les raisons. Nous sommes heureux d’accueillir la Suisse au sein de la famille Gripen – compo-
Pourtant, avec son assise industrielle (Airbus, Eurocopter, etc.), EADS aurait sée de cinq pays exploitants et de l’UK Empire Test Pilot’s School – et lui souhai-
certainement pu offrir les meilleures affaires compensatoires. tons une chaleureuse bienvenue!
«Ce qui est bon pour la Suède est forcément bon aussi pour la Suisse»,
a déclaré le conseiller fédéral Maurer à propos de la décision relative au Håkan Buskhe, Président et CEO de Saab AB
Le Gripen E/F 3
Le Gripen E/F pour la Suisse
Petit mais astucieux
Gripen E avec l’emblème de souverai-
neté de la Suisse (photomontage).
Le débat sur le remplacement du Tiger privilégie les questions de puissance et de performance, alors que
les avions de combat du futur se focaliseront sur des exigences toutes autres, celles liées à la flexibilité de
la plate-forme. Le «matériel» constitue la base, mais la différence se fait sur le «logiciel».
L
e débat sur le Gripen tourne autour La plate-forme du Gripen
Gripen E/F
d’arguments du siècle dernier. Ce qui Lorsqu’on achète aujourd’hui un système
L’avantage du Gripen E/F réside dans la «fu-
n’a rien de surprenant puisque la plu- informatique, le matériel passe au second
part des experts sont empreints de l’esprit plan. Il doit répondre aux exigences du cli- sion» de tous ses systèmes et capteurs. La
de cette époque. Plus grand, plus puissant, ent, c’est une évidence. nouvelle version dispose des excellentes
plus rapide: c’était le dogme du temps du Il en va de même de la plate-forme d’un avi- caractéristiques de vol du modèle C/D pré-
combat aérien homme à homme (dog fight). on de combat du futur: les chiffres clés tels cédent, tout en bénéficiant d’une puissance
Aujourd’hui encore, les constructeurs, cli- que la vitesse, la puissance ascensionnel- et d’un rayon d’action nettement accrus.
ents et experts y restent attachés, tout en le, la charge utile et le rayon d’action sont L’intégration de nouvelles armes et de nou-
s’étonnant de ses coûts exorbitants. prédéfinis. Cependant, au sein de cet envi- veaux capteurs fait du Gripen E/F un avion
Or les scénarios de duel aérien ont désormais ronnement matériel, la souplesse de mise en de combat remarquable.
une importance secondaire, la réussite dans le œuvre des logiciels futurs est la condition Richard Ljungberg, pilote d'essai en chef
combat aérien étant synonyme de supériori- décisive permettant de disposer dans vingt
du Gripen
té dans le ciel. Face à l’ennemi, l’engagement ou trente ans d’un avion de combat confor-
s’effectue à grande distance, au-delà de la por- me au dernier état de la technologie.
tée visuelle (BVR, beyond visual range). Idéale à cet égard, l’architecture de système
La proximité avec l’objet n’est pas non du Gripen repose sur deux niveaux séparant
plus essentielle dans d’autres scénarios les fonctions critiques de vol et les fonctions
d’engagement, par exemple la reconnais- tactiques. Grâce à une architecture ouver-
sance et le soutien terrestre. A grande al- te, il est possible d’ajouter à tout moment
titude, les pods de reconnaissance moder- des caractéristiques nouvelles (par exem-
nes permettent de prendre des photos, des ple en matière d’armement, d’avionique et
films et des images infrarouges d’une ext- d’autodéfense) ou des processeurs plus puis-
rême netteté. Et l’appui des troupes au sol sants afin de suivre l’évolution fulgurante
s’effectue avec une précision chirurgicale de l’électronique. Tout cela, sans payer des
à l’aide de missiles programmés ou guidés. redevances de licence exorbitantes au con- Les élèves de la célèbre Empire Test Pilots’
Dans ce domaine aussi, les visions du pas- structeur, mais selon les besoins spécifiques School (ETPS) britannique suivent une partie
sé continuent de brouiller le débat actuel. de l’exploitant, et de son propre chef. � de leur formation sur Gripen D.
4 Le Gripen pour la Suisse Le Gripen E/F
Outre celles de Suède, d’Afrique du Sud, de
Thaïlande et de Hongrie, les forces aériennes
tchèques mettent en œuvre le Gripen C/D. Le
Gripen C de la 211e escadrille tactique est sta-
ˇ
tionné à Cáslav.
A gauche: En Suède, les Gripen décollent et at-
terrissent aussi sur des routes ordinaires. Cette
capacité renforce la souplesse opérationnelle.
«... nous devons accroître la flexibilité de tous
le précédent. De plus, grâce à une poussée aujourd’hui, celle de la police du ciel consti-
accrue (+33 %), le Gripen E/F peut empor- tue une certitude pour le successeur du Tiger
nos systèmes d’armement afin de rendre nos
ter au total 36 % de charges externes sup- obsolète. On connaît le contexte: le nombre
plates-formes compatibles ISTAR ...»
plémentaires. d’avions de combat appropriés, actuellement
Air Chief Marshal Sir Stephen Dalton,
Optiquement, ces modifications se manifes- très restreint (33), en limite la durée de vie. Et
Chief of Staff RAF tent par l’élargissement de dix centimètres ce, d’autant plus que les avions de 3e généra-
du fuselage et par de nouvelles attaches des tion comme le F/A-18 sont très exigeants en
Afin de répondre aux contraintes de cet- ailes. L’entrée d’air du réacteur a également matière de maintenance.
te plate-forme du futur, la conception du été modifiée, en raison du nouveau type de Avec leurs capteurs puissants et leurs coûts
Gripen E/F et celle du modèle précédent propulsion, plus puissante. Plus lourd, le d’exploitation nettement inférieurs, les Gri-
C/D diffèrent sur certains points. La modi- nouveau radar (refroidissement) dans le nez pen soulageront les F/A-18 dès leur mise en
fication la plus manifeste concerne le dé- du Gripen exige une autre modification ga- service. Du point de vue économique, ce
placement du train d’atterrissage du fusela- rantissant que le centre de gravité de l’avion sera une situation gagnant-gagnant: dimi-
ge vers les ailes. Il en résulte deux stations ne soit pas déporté vers l’avant: la cellule est nution du coût par mission et allongement
d’armement supplémentaires et – plus im- ainsi prolongée de 37 cm dans sa partie arriè- de la durée de vie des Hornets.
portant encore – une plus grande réserve re. Ces adaptations structurelles entraînent Les cinq pays exploitant le Gripen C/D ont
de kérosène. Le nombre accru de points par ailleurs des modifications sur le système accumulé des années d’expérience en ma-
d’ancrage permet d’emporter un réservoir électrique, hydraulique et de carburation. tière de police du ciel, que ce soit chez eux
de kérosène externe supplémentaire (+150 Saab tient à ce que ces modifications et ou à l’étranger. Ainsi, en 2009, un détache-
gallons), ce qui augmente de 26 % le rayon changements s’effectuent à l’aide de pro ment tchèque a sécurisé pendant quatre
d’action (durée de vol) par rapport au modè- duits éprouvés et disponibles dans le com- mois l’espace aérien des pays baltes dans
merce (COTS – Commercially available le cadre de la Baltic Air Policing Mission de
Off-The-Shelf), ce qui réduit les coûts et l’OTAN. Huit «Alpha Scrambles» (alertes
Etat d’avancement du programme simplifie la maintenance. Les modifica- réelles pour décollage d’urgence) sont in-
Le programme de test du Gripen se déroule tions de cette nature sont courantes dans tervenus lors de cette mission d’alerte ra-
comme prévu. Jusqu’à présent, les phases
le secteur de l’aviation. Les experts aériens pide (QRA – Quick Reaction Alert), assurée
voulant voir dans ces changements de de- sept jours sur sept et 24 heures sur 24. Les
de test se concentraient sur le maniement et
sign modérés un facteur d’insécurité sont forces aériennes russes étaient responsab-
les aspects aérodynamiques de l’avion, sur
donc mal informés. les de sept des violations de l’espace aérien.
les améliorations de performance et le ren-
Le programme Gripen E/F a été présenté au L’intervention des Gripen suédois en Libye
forcement de l’armement, ainsi que sur la public au printemps 2008, lorsque le proto- s’est avérée positive. Décidée par le Parle-
mise en place de nouveaux capteurs et d’une type du Gripen NG (pour Next Generation) ment suédois, la participation à l’opération
nouvelle avionique. Au cours de la quatriè- – un Gripen biplace transformé – est sorti «Unified Protector» a donné lieu à l’envoi
me phase de notre série de tests, nous allons des hangars. Ce démonstrateur, qui permet de huit Gripen (plus tard cinq) à Sigonella,
maintenant procéder à d’autres améliorations de tester les nouvelles fonctions d’avionique en Sicile. La haute disponibilité (>92%) des
dans l’avionique et sur les écrans du cockpit. et les nouveaux capteurs (radar), a jusqu’à Gripen suédois (version C) a surpris les spé-
De plus, nous disposerons pendant cette pha- présent accompli plus de 200 vols. Actuelle- cialistes, impressionnés également lors de
se du tout nouveau radar AESA. Dans le cou- ment on a commencé avec les préparations cette rencontre (involontaire) de différents
rant du printemps, des pilotes suisses pour-
pour construire les deux premiers avions de types d’avion venus de divers pays par le fait
test de la version E. que la Suède assumait 40 % – soit la majeu-
ront venir tester le dernier état d’avancement
re partie – des missions de reconnaissance.
de ces développements.
La police du ciel comme mission de base Au cours de 650 interventions représentant
Richard Ljungberg, pilote d'essai en chef
Bien que d’éventuelles futures missions mul- près de 2000 heures de vol, 150 000 prises de
du Gripen tirôle du Gripen puissent encore faire débat vue ont été effectuées.
Le Gripen E/F 5
enne et à l’autodéfense (missile de moy envisageables en Suisse (swisstopo, mouve-
Le Gripen pour la Suisse
enne portée AIM-120 AMRAAM, missile de ments des glaciers, barrages, inondations).
Techniquement, le Gripen est un très bon
courte portée à guidage infrarouge IRIS-T,
avion. Il fournit les performances nécessaires canon de bord). Le F/A-18 suisse est égale- Le Gripen pour la Suisse
au parfait accomplissement du service de po- ment doté du missile à guidage radar AIM- En se décidant pour le Gripen, la Suisse a
lice du ciel et de défense aérienne, quelles 120, ce qui plaide en faveur de l’utilisation fait le bon choix. Tourné vers l’avenir, ce
que soient les conditions météorologiques. de ce missile sur le Gripen afin de simpli- système – dont les coûts d’exploitation sont
Par ailleurs, il dispose de la capacité à exé- fier la logistique. de 40 % inférieurs à ceux de ses concurrents
cuter des frappes au sol et des missions de – est comme taillé sur mesure pour notre
reconnaissance. Bref, il répond à toutes nos ISTAR en point de mire pays. Avec la Suède, la Suisse disposera d’un
exigences en matière de nouvel avion de L’avion de combat du futur ne se limite partenaire indépendant et fiable, dans une
combat. toutefois pas à la doctrine d’intervention relation d’égal à égal. Les besoins des deux
traditionnelle. Avec ses moyens de détec- pays sont très semblables.
De plus, les Suédois disposent d’une vaste
tion et sa liaison électronique à large ban-
expérience dans l’opération d’aérodromes de
de, il est un élément important d’ISTAR
secours. Le Gripen est robuste et présente
(Intelligence, Surveillance, Target Acqui-
des coûts d’exploitation comparativement fai- sition and Reconnaissance). Les capacités
bles. A la suite des modifications E/F, cet ap- Peter Nilsson
en matière de surveillance, d’acquisition de
Lors d’un long entre-
pareil répond à tous égards à nos besoins. cibles et de reconnaissance font partie in-
tien, Cockpit a eu
Res Schmid, jusqu’en 2010 pilote d’essai tégrante de la gestion des informations tac-
l’occasion d’un
en chef d’armasuisse et ancien chef du tiques et de renseignement – un véritable
échange de vues
projet Evaluation du remplacement par- saut quantique pour les analyses de situati-
avec Peter Nilsson.
tiel du Tiger. Il est aujourd’hui conseiller on. Par conséquent, le Gripen E/F disposera
Ancien pilote d’avion
d’Etat du canton de Nidwald. d’un troisième système radio (VHF/UHF)
de combat sur Vig-
afin d’améliorer encore la communication
gen et sur Gripen des types A/B/C/D, il a
entre avions.
rejoint Saab à l’issue de sa carrière de pi-
Les forces aériennes du pays neutre n’ayant Les capacités ISTAR sont d’ailleurs appré-
lote militaire actif. Il y assume aujourd’hui
pas participé aux frappes au sol, les Gripen ciées aussi des clients «civils», par exemp-
la fonction de «Vice President of Operatio-
n’étaient dotés que d’armes destinées à la le pour surveiller les digues aux Pays-Bas.
nal Capabilities».
surveillance de la zone d’exclusion aéri- Des scénarios semblables sont également
Commentaire
Penser l'impensable
C’est désormais le temps des calculs et des supputations dans les les frais d’annulation. Tout doit être sûr, même si notre portemonnaie
Chambres. Celui des additions et des spéculations. Syndicalistes contre doit s’en ressentir ...» Et il en conclut: «Le risque d’un fort séisme est cer-
affaires compensatoires boostant l’économie? Le centre cèdera-t-il? La tes réduit, mais les dommages seraient immenses – et non couverts.»
droite relancera-t-elle le débat sur le type? Martin Spieler fournit l’argument par excellence en faveur de l’avion de
Tout n’est que tactique, discussion et (dés)information. Et le point cen- combat.
tral est occulté: le fait que même les enfants de parents dogmatiques A juste titre, nous acceptons de payer pour des organisations de se-
et pacifistes ont droit à une large protection. Ce n’est pas une questi- cours onéreuses et performantes. Les moyens de celles-ci sont conçus
on de gauche, de droite ou de centre, mais de raison. Et d’avenir. Une en fonction du «scénario catastrophe». En espérant que nous n’en au-
question d’imagination et de responsabilité. «Jardins d’enfants plutôt rons jamais besoin. Dans notre environnement quotidien – au sol – nous
qu’avions de combat!» – quelle pauvreté intellectuelle. A l’égard de nous sommes bien préparés à toutes les éventualités. Nous dépensons
nos enfants. Des écoles réduites en cendres: c’est un spectacle dont chaque année des centaines de millions pour les contrôles de sécurité
l’auteur de ces lignes se souvient avec horreur. dans les aéroports. Et nous nous refusons en revanche à discuter objecti-
Aucun responsable politique ne sait ce que réservent les prochaines vement de la porte ouverte dans le ciel au-dessus de la Suisse.
années. Ils (nous) n’ont (n’avons) pas vu venir les bouleversements en Nous sommes un pays riche. La prospérité et le bonheur nous assou-
Europe. Ils (nous) ont (avons) été surpris par le Printemps arabe. Ils pissent. Nos problèmes se mesurent à l’aune du retard de notre train.
(nous) vivent (vivons) sur une île de béatitude, les problèmes de not- L’ombre jetée par le pommier du voisin nous préoccupe davantage
re planète nous semblent très éloignés. Leur (notre) attention se por- que les ressources en eau et en énergie de la planète. Nous sommes
te sur les activités quotidiennes. La force et la volonté de consacrer ne riches mais pauvres en imagination.
serait-ce qu’une seule pensée à l’impensable fait défaut. Il faut maintenant que les Chambres fédérales se ressaisissent. As-
Le rédacteur en chef de la SonntagsZeitung, Martin Spieler, écrit dans sez d’arguments pseudo-idéologiques, assez de vanités d’experts et de
son éditorial du 26 février: «La plupart des Suisses sont surassurés. Ils querelles entre partis politiques. Personne ne doit être obligé de dire,
s’assurent contre tous les risques imaginables, le vol de leurs skis, de plus tard: «Je n’aurais jamais imaginé que ...». La sécurité nous con-
leur vélo ou de leurs bagages, ils se couvrent contre le bris de glace ou cerne tous. Max Ungricht
6 Le Gripen pour la Suisse Évolution
Les premiers Gripen A (photo) et B sont en service en
Suède depuis 1993. Plus récents, les Gripen C/D
se distinguent de leurs prédécesseurs notamment
par un cockpit remanié et le Link 16.
Avions de combat en Suède
L'évolution du Gripen
Comme en Suisse, l’ère des jets militaires a débuté en Suède après la Seconde Guerre mondiale avec le lé-
gendaire Vampire. Et, comme dans notre pays, l’industrie a commencé à développer parallèlement ses pro-
pres produits innovants. Histoire de l’évolution du Gripen.
V
ers la fin des années quarante, la situa- projet dénommé Saab 29 Tunnan (tonneau). A les ailes delta – ont été construits. Le Draken
tion était similaire dans les deux pays, l’issue du premier vol, le 1er septembre 1948, le (dragon) a également été mis en œuvre dans les
la Suisse et la Suède n’ayant pas souf- pilote d’essai britannique Bob Moore, eupho- forces aériennes danoises, finlandaises et autri-
fert des conséquences directes de la guerre. Les rique, rapporta que cet appareil d’apparence chiennes. La réforme des Draken autrichiens,
universités, la recherche, le développement et un peu rebondie («le tonneau volant») pour- en 2005, a définitivement sonné le glas de cet
la production dans l’industrie étaient à leur rait s’intégrer sans problème dans la série des appareil remarquable.
meilleur niveau. avions de combat dominants de l’époque, le
Mais, à la différence de la Suisse, la Suède a ré- F-86 (Etats-Unis) et le MiG-15 (Union sovié- Le Viggen contre la menace soviétique
solument misé, au cours des six décennies sui tique). Au plus fort de la Guerre froide, dans le sillage
vantes, sur ses propres développements. Les En fin de compte, plus de 660 (!) Tunnans ont de l’invasion de la Tchécoslovaquie par les So-
Suisses n’ont pas eu ce courage. D’excellents été construits, y compris pour l’exportation viétiques, il était impératif de contrer le réar-
projets comme le N-20 ou le P-16 ont été aban- (Autriche). Le Tunnan modèle J 29 (J pour mement massif des Etats du Pacte de Varsovie
donnés, erreur d’appréciation particulière- Jakt = interception) est resté en service dans par un effort équivalent. Dès 1962, année de
ment grossière de la part des responsables po- l’armée de l’air jusqu’en 1967, date à laquelle la crise de Cuba, les plans d’un modèle desti-
litiques dans le cas de ce dernier. L’année 1958 la dernière escadrille a été réformée. Toutefois, né à succéder au Draken ont été présentés à la
fut celle de la fin du développement d’avions les forces aériennes suédoises (Flygvapnet) ont commission de sécurité du Parlement. Celle-ci
de combat dans notre pays. continué d’utiliser le Tunnan à d’autres fins prévoyait l’acquisition de 831 unités.
jusqu’en 1974, par exemple comme avion mar- En termes de cahier des charges des forces
Indépendance queur de cible. aériennes, le Viggen se distinguait nette-
La Suède neutre entendait s’assurer la plus ment des appareils précédents de 2e généra-
grande indépendance possible en produisant Le Dragon succède au Tonneau tion. Pour la première fois, il s’agissait de con-
son propre armement. Certes, jusqu’à la fin L’ère du J 29 a débouché tout naturellement struire un avion de combat dit «multirôle»,
des années soixante, des avions britanniques sur celle, tout aussi réussie, du Saab Draken. susceptible d’être utilisé dans différents scé-
(Vampire, Venom, Hunter) ont été utilisés Le premier vol du chasseur J 35 a eu lieu le 25 narios d’engagement. A l’époque, une vive dis-
pour combler certaines lacunes, mais la straté- octobre 1955. Cet avion de combat à réaction cussion stratégique se déroula en Suède sur
gie consistant à disposer de ses propres avions de 2e génération a également été évalué par l’orientation à donner aux forces aériennes. En
de combat a été poursuivie de manière résolue. les Forces aériennes suisses à la fin des années raison de la mise en service du missile antiaéri-
Dès l’année 1945, les plans d’un avion de com- cinquante. Quelque 606 exemplaires de diffé- en Bloodhound, une partie des responsables
bat à réaction étaient disponibles. Trois pro- rentes versions de cet intercepteur – capable politiques considérait que la modernisation
totypes ont été commandés dans le cadre du de voler à Mach 2 et caractérisé par ses doub- des forces aériennes n’était plus indispensable.
Évolution 7
Le déploiement du Gripen NG Demonstra-
tor en 2008 a donné le coup d’envoi du pro-
gramme de développement du Gripen E/F.
A gauche: Le J 29 Tunnan – premier jet de
combat de série de la maison Saab.
tions du futur appareil polyvalent. Et les con-
traintes financières ont par ailleurs débouché
sur la vertu du raisonnable: un concept mo-
nomoteur restant abordable au plan de la con
struction, mais aussi – et surtout – à celui de
l’exploitation. Ceci à un moment où d’autres
constructeurs continuaient de privilégier le
credo du «plus grand, plus fort, plus rapide»
En tout, 24 Saab Draken immatriculés en Au- Plus grand, plus puissant, plus rapide – le JA dans le développement de leurs avions de
triche ont été au service des forces aériennes 37 Viggen était un représentant classique de 4e génération.
autrichiennes pendant près de 20 ans, et ceci son époque. En 2007, le Gripen a pris le relais Les mérites du projet «Gripen» convainqui-
sans incident majeur. Les célébrations pour des derniers Viggen. rent le Parlement suédois. Mais, en contrepar-
le millénaire de l’État autrichien en 1996 ont
tie, l’industrie s’engagea à assumer une partie
entraîné, une année plus tard, cette livrée
des risques financiers.
spéciale «Ostarrichi» des Draken.
Passation de la première commande
Au printemps 1965, le Parlement décida donc budget de la défense ont également touché les En 1982, le groupement d’intérêts JAS passait
de reporter de 18 mois la décision d’acquisition, forces aériennes. L’ère des avions de 3e généra- une commande de cinq avions de présérie et de
ce qui n’a pas empêché le JA 37 Viggen (inter- tion prenait fin. Il fallait trouver une alterna- trente avions de série. Ce consortium compre-
ception-attaque) d’effectuer son premier vol, tive moins onéreuse. nait non seulement Saab, mais aussi d’autres
le 8 février 1967. Le Viggen était né et son en- entreprises suédoises. Puis, le 9 décembre
trée en scène a été tonitruante (Vigg = un éc- Naissance du Gripen 1988, le Gripen s’envolait pour la première
lair lancé par Thor, le dieu du tonnerre, dans Un premier cahier des charges du futur inter- fois, quelque deux années après le vol inau-
la mythologie nordique). cepteur fut présenté en février 1980, l’appareil gural d’un Rafale de démonstration.
La production du Viggen a débuté en juin 1971. de référence étant le F-16 de General Dyna- Appelé JAS 39 (Jakt-Attack-Spaning) par
Son apparence extérieure rappelle déjà à de mics. Dans le cadre d’une demande de propo- les forces aériennes suédoises, cet avion de
nombreux égards celle de son successeur, le sitions (RFP – request for proposal), Northrop, combat polyvalent (multirôle) est connu à
Gripen. Le Viggen a également été construit General Dynamics et McDonnell Douglas fu- l’étranger tout simplement sous le nom de
dans différentes versions, destinées à sa vérita- rent invités à fournir des informations sur «Gripen» (griffon). Le Gripen A désigne la
ble mission de base, l’attaque, l’interception et leurs produits. En décembre 1980, une deman- version monoplace de la première série, le
la pénétration (AJS – Attack-Jakt-Spaning), ain- de d’étude de projet fut également adressée B étant le biplace. S’y ajoutent les versions
si que dans une version de reconnaissance ma- à Saab. Néanmoins, l’autorité responsable de C/D et E/F.
ritime. Plus de 300 exemplaires de cet avion de l’acquisition (FMV) envisageait sérieusement Entre 1989 et 1993, deux avions d’essai ont été
combat extrêmement performant sont finale- d’acheter des avions américains. perdus. Contrairement à ce qui s’était passé en
ment sortis des chaînes de production du con- Pour l’industrie suédoise, il s’agissait d’un Suisse avec le P-16, les responsables politiques
structeur suédois Saab. Les experts d’Europe motif plus que suffisant pour présenter son ne se sont pas lancés dans une polémique sur le
de l’Est parlent avec le plus grand respect des propre produit, sa survie en dépendant. Il lui maintien ou l’arrêt du programme. Les causes
performances du Viggen. Quant à ceux de l’ex- fallait poursuivre la tradition d’une construc- ont été éclaircies et les conclusions nécessaires
Union soviétique, ils affirment même qu’ils ne tion aéronautique nationale, préserver son tirées. Depuis lors, le système Gripen n’a con-
disposaient pas de leur côté d’appareil capab- vaste savoir-faire et, donc, son indépendance. nu aucune défaillance notable. Les premiers
le de rivaliser avec le Viggen. Les derniers ap- L’industrie aéronautique militaire employait Gripen des forces aériennes suédoises sont en-
pareils ont été réformés en juin 2007. alors quelque 12 000 personnes et une décisi- trés en service en 1993. Au total, 204 appareils
Le Viggen était un produit classique de on en faveur d’un produit étranger aurait eu de des types A/B et C/D (version OTAN) ont été
son temps: grand, puissant et cher dans lourdes conséquences sur le marché du travail. commandés. Et nous sommes maintenant à
l’exploitation. La stabilisation politique qui Les responsables des forces aériennes suédoi- l’aube de la prochaine évolution du Gripen,
s’annonçait ainsi que l’érosion constante du ses avaient une idée très précise des spécifica- avec la version E/F.
8 Le Gripen pour la Suisse Faits et chiffres
Données techniques Capteurs
Constructeur Saab AB Le système de capteurs
Dimensions s’articule autour du nou-
Longeur 14,9 m veau radar AESA Raven
Hauteur 4,5 m ES-05 de Selex Galileo.
Envergure 8,6 m Avec un cône de plus de
Poids à vide 7500 kg 200 degrés, la couverture
Poids max. au décollage 16 500 kg du radar électronique est
Charges externes 6000 kg supérieure de quelque
40 % à celle des équi-
Performances pements radar actuels. Le radar AESA permet d’acquérir simultanément
Réacteur General Electric F414G
plusieurs cibles; ce radar est très peu sensible aux tentatives de brouil-
Poussée sans postcombustion 64 kN
lage externes (guerre électronique).
Poussée avec postcombustion 98 kN
Distance min. de roulement L’IRST (Infrared Search and Track), qui fonctionne de manière passive
au décollage 800 m* et peut aussi être utilisé pour la navigation conventionnelle, est égale-
500 m (avec postcombustion)* ment fabriqué par Selex Galileo. Les informations recueillies par ces deux
Distance min. de roulement capteurs s’intègrent à la fusion des données.
à l’atterrissage 600 m*
Vitesse ascensionnelle Reconnaissance (TGP, Recce)
maximale >200 m/s* Pour les missions de surveillance et de reconnaissance, le Gripen em-
Vitesse maximale Mach 2
barque un conteneur externe (pod). Selon son type, il permet de réaliser,
Plafond pratique >16 000 m
par système électro-optique, des photos, des films et des images infra-
*en configuration de police aérienne
rouges pouvant être transmis en temps réel ou stockés dans le pod. Le
Armement logiciel d’exploitation qui lui est associé est déterminant pour l’analyse
Canon Mauser BK 27 des images. Dans le flux d’informations, il est par exemple en mesure
Points d’ancrage 10
de filtrer de manière sélective les changements intervenus depuis un
Missiles air-air
Armes air-sol vol de reconnaissance précédent, ou bien des objets spécifiques. Sub-
Réservoirs de carburant additionnels sidiairement, ces dispositifs sont fort utiles pour la surveillance des fron-
Pod de reconnaissance tières en temps de paix.
Pod de désignation de cible
Autodéfense
C’est un sujet primordial. En plus des capteurs AESA et IRST décrits plus
haut, le Gripen dispose d’un système IFF mode 5 (identification ami-
ennemi), d’un avertisseur d’approche de missile (MAW – missile ap-
proach warner) et d’un système perfectionné de guerre électronique (EW
– electronic warfare). Les signaux de ces capteurs s’intègrent également
dans la fusion des données; le résultat apparaîtra sur l’écran du pilote.
S’ajoutent aux contre-mesures les paillettes classiques (chaffs) pour le
brouillage radar et les leurres thermiques (flares) contre les missiles à
guidage infrarouge. A moyen terme, il est également prévu d’équiper
l’appareil d’un leurre (decoy) tiré par câble à fibres optiques, utilisé comme
contre-mesure aux missiles à guidage radar.
Armement
Dès aujourd’hui, le Gripen intègre un large éventail d’options d’armement,
composé tant de missiles destinés à toutes sortes d’utilisations que de
bombes guidées (Paveway) ou non guidées. Le dernier ajout est le mis-
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S’agissant de la communication des données, les Gripen C/D actuels
www.cockpit.aero Fax: +41 31 960 22 29
e-mail: redaktion@cockpit.aero
disposent déjà du Link 16 standardisé de l’OTAN. En plus, le tactical link
Directeur gérant: Roger Schenk
Assistant: Daniel Jordi Idée et textes: Max Ungricht TIDSL assure la liaison entre les avions de la même unité. Afin d’être en
«Cockpit» paraît une fois par mois Photos: Johann Janschitz (1), Peter Liander (2),
Georg Mader (1), Saab (11)
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Tarifs des abonnements taire par satellite (SATCOM) et d’un troisième système UHF/VHF. Jusqu’à
Un an: CHF 87 (Suisse; étranger: sans taxes,
frais port en supplément); CHF 52 (étudiants); huit participants peuvent ainsi communiquer simultanément (sans limite
pour les participants passifs).
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