LE LOUP - Parc Animalier de Sainte-Croix - Édition 2022
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NT NA NSEIG LE LOUP E DOSSIER PÉDAGOGIQUE © Sainte-Croix © Parc Animalier de Sainte-Croix - Édition 2022
De nombreuses ressources pédagogiques sont disponibles sur notre site Internet, dans la rubrique scolaire. Fiches d’aide à la visite pour les sentiers vert / rouge / nouveau monde Dossiers pédagogiques .... Vous y trouverez également le petit carnet de l’explorateur permettant aux enfants de les aiguiller dans leur compte rendu de visite. Pour avoir un complément d’information, utilisez la muséographie en place. Vous souhaitez voir des documents prédagogiques en particulier ? N’hésitez pas à nous le faire savoir pedagogie@parcsaintecroix.com Bonne lecture Avant toute chose, il est indispensable de donner quelques règles de bonne conduite. Vous trouverez sur les pages suivantes les chartes de bonne conduite au sein du Parc Animalier. 2
CHARTE DE BONNE CONDUITE DANS LE PARC DE SAINTE-CROIX RESPECTEZ LE CALME ET LA TRANQUILLITÉ DES ANIMAUX Progressez lentement en évitant les cris et les mouvements brusques. RESPECTEZ LEUR TERRITOIRE N’essayez pas d’approcher les animaux, de franchir les barrières et ne quittez pas les allées. RESPECTEZ LA VÉGÉTATION N’arracher ni les feuilles ni les fleurs fleurs ! Les végétaux font partie de la biodiversité, respectez-les autant que les animaux. NE PIQUE-NIQUEZ QUE SUR L’AIRE PRÉVUE À CET EFFET NE NOURRISSEZ PAS LES ANIMAUX ET NE JETEZ RIEN DANS LES ENCLOS Chaque animal possède son propre équilibre alimentaire que nous connaissons bien. Vous risquez de les rendre malades en voulant leur faire plaisir. RESPECTEZ LA PROPRETÉ ET LA BEAUTÉ DES LIEUX Des poubelles de tri sont à votre disposition dans le Parc. 3
CONSIGNES DES ENCLOS DE CONTACT ET D’IMMERSION Lors de votre visite vous aurez la possibilité de pénétrer dans certains enclos, voici quelques consignes afin que cette expérience se passe le mieux possible. Lémuriens (Voyage de Néo) Chiens de prairies (Nouveau Monde) Chèvres (Ferme) Daims (Sentier vert) Volière des limicoles (Sentier bleu) Le simple fait d’entrer dans les enclos vaut l’acceptation de ces consignes. 4
CHARTE DU PARENT ACCOMPAGNATEUR Vous avez répondu favorablement à l’appel de l’enseignant(e) de votre enfant pour encadrer un groupe d’élèves lors d’une sortie et nous vous en remercions. Votre rôle est primordial, il contribue à la réussite de la sortie. L’enseignant(e) vous fait confiance pour : 1. identifier le groupe d’enfants dont vous êtes responsable et vous ’assurer que les enfants vous ’ont bien identifié(e) aussi. 2. vérifier régulièrement que votre groupe est au complet et rester en permanence avec le groupe qui vous est confié. 3. utiliser exclusivement les chemins du sentier pédestre (vous n’empruntez pas les chemins de services ou le chemin exclusivement réservé au safari-train). 4. veiller à ce que les élèves restent groupés et fassent la visite dans un bon état d’esprit. 5. exiger le respect des consignes, le calme ainsi qu’une tenue correcte des élèves. 6. veiller à ce que les élèves respectent l’environnement et les animaux qui les entourent. 7. veiller à ce que les élèves laissent les aires de pique-nique propres (des sacs poubelles vous sont donnés à cet effet). 8. veiller à la sécurité et à la santé des enfants (casquette, crème solaire, hydratation…). 9. Pendant la visite aider les enfants à rester attentifs, à s’investir sans pour autant répondre à leur place. 10. lors des visites en safari-train s’assurer que les enfants respectent bien les règles de sécurité (rester assis). 11. lors des visites libres, sassurer que le comportement des enfants ne perturbe pas les autres groupes présents sur le site (bousculades, hurlements …). 12. assurer la surveillance des enfants sous vote responsabilité aux aires de jeux. 13. emmener les enfants aux toilettes après avoir prévenu l’enseignant(e). Je dois montrer l’exemple : 1. J’accompagne un groupe d’élèves. Mon attitude est la même avec tous les enfants de ce groupe, (y compris si mon propre enfant en fait partie) 2. Mon langage et mon comportement doivent être exemplaires à l’égard de tous les enfants, sans exception. 3. Je ne fume pas en présence des élèves. 4. Je ne jette pas de déchets au sol (y compris les mégots). 5. Lors des visites accompagnées à pied je suis les consignes des guides et ne traîne pas à l’arrière du groupe. 5
CHARTE DE L’ACCOMPAGNATEUR Vous encadrez un groupe lors d’une sortie du centre de loisirs Votre rôle est primordial, il contribue à la réussite de cette journée. Il vous est demander de : 1. vérifier régulièrement que vote groupe est au complet et rester en permanence avec le groupe qui vous est confié. 2. utiliser exclusivement les chemins du sentier pédestre (ous n’empruntez pas les chemins de services ou le chemin exclusivement réservé au safari-train). 3. veiller à ce que les enfants restent groupés et fassent la visite dans un bon état d’esprit. 4. exiger le respect des consignes, le calme ainsi qu’une tenue correcte des enfants. 5. veiller à ce que les enfants respectent l’environnement et les animaux qui les entourent. 6. veiller à ce que les enfants laissent les aires de pique-nique propres (des sacs poubelles vous sont donnés à cet effet). 7. veiller à la sécurité et à la santé des enfants (casquette, crème solaire, hydratation…). 8. pendant la visite aider les enfants à rester attentif, à s’investir sans pour autant répondre à leur place. 9. lors des visites en safari-train s’assurer que les enfants respectent bien les règles de sécurité (rester assis). 10. lors des visites libres, s’assurer que le comportement des enfants ne perturbe pas les autres publics (groupes, familles) présents sur le site (bousculades, hurlements …). Vous devez montrer l’exemple : 1. vous accompagnez un groupe d’enfants. Votre attitude est la même avec tous les enfants de ce groupe. 2. votre langage et votre comportement doivent être exemplaires à l’égard de tous les enfants, sans exception. 3. vous ne fumez pas en présence des enfants. 4. vous ne jetez pas de déchets au sol (y compris les mégots). 6
IDENTIFICATION DU LOUP CLASSIFICATION RÈGNE : Animal EMBRANCHEMENT : Chordés SOUS-EMBRANCHEMENT : Vertébrés (animaux à colonne vertébrale) CLASSE : Mammifères (animaux munis d’un pelage et de glandes mammaires pour l’alimentation des jeunes) ORDRE : Carnivores. Animaux pourvus de canines permettant de découper des morceaux de viande. Les carnivores sont soit des digitigrades (qui marchent en appuyant sur les doigts par ex. le loup, le lynx) soit des plantigrades (qui marchent sur la plante des pieds, par ex. l’ours). FAMILLE : Canidés GENRE : Canis ESPECE : lupus (loup) SIGNALEMENT TAILLE : 100 à 150 cm de long - Queue : 30 à 50 cm - Hauteur : 65 à 90 cm au garrot. POIDS : 12-80 kg, en fonction de la sous-espèce et de l’individu. COULEURS : Le plus souvent un mélange de beige et d’anthracite, mais aussi noir, blanc ou fauve. Poils du dos beiges avec la pointe noire, formant une sorte de légère crinière. On ne trouve pas de poils complètement noirs. En revanche, on observe souvent sur les pattes avant une ligne nettement plus sombre. Poitrine beige. DENTITION : 42 dents (32 chez le louveteau, dentition définitive à 7 mois). REGIME ALIMENTAIRE : Carnivore, mais mange aussi des fruits et des insectes. 7
REPRODUCTION MATURITÉ SEXUELLE : 2 ans chez les deux sexes LONGÉVITÉ : 5-10 ans, jusqu’à 17 ans en captivité SAISON DES AMOURS : De janvier à mars selon les régions GESTATION : 61-63 jours, 5 paires de mamelles MISE BAS : De mars à juin selon les régions NOMBRE DE JEUNES : 3-8 par portée POIDS À LA NAISSANCE : 300-500 g PARTICULARITÉS PRESSION DE LA MORSURE : 150 kg/cm2 DÉPLACEMENT : jusqu’à 60 km par nuit (record prouvé : 190 km !) VITESSE DE POINTE : 45 à 50 km/h NAGE : Bon nageur ODORAT : Peut détecter un animal à 270 m contre le vent. Sa truffe est 100 à 10 000 fois plus sensible que la nôtre. ANGLE DE VISION : 250° (180° chez l’homme) AUDITION : jusqu’à 40 kHz (20 kHz chez l’homme). Peut entendre d’autres loups hurler jusqu’à une distance de 6,4 - 9,6 km - les deux oreilles triangulaires peuvent bouger indépendamment. FRÉQUENCE DES BATTEMENTS CARDIAQUES : 90 pulsations par minute, jusqu’à 200 lors d’efforts importants (Chez l’homme 70 puls/min - enfant de 6 à 12 ans : 95 puls/min +/- 30) FRÉQUENCE RESPIRATOIRE : 15-20/minute, jusqu’à 100 lorsque le loup halète (20 à 30 cycles par minute chez l’enfant - 12 à 20 cycles par minute chez l’adulte) 8
Des yeux dorés qui réfléchissent la lumière. Il voit dans l’obscurité comme un chat. Fourrure imperméable sur laquelle la pluie glisse 9 Une queue qui lui permet Un poitrail musclé de communiquer avec ses le rendant plus fort congénères. qu’un chien et une cage thoracique bien © Sainte-Croix ventilée pour une grande endurance.
Le pelage est composé de 3 types de poils différents, remplissant 3 fonctions distinctes : - les poils laineux, ou poils de bourre, qui mesurent jusqu’à 6-7 cm, sont courts, fins et très flexibles. Leur forme ondulée leur permet de s’accrocher facilement entre eux procurant ainsi une isolation thermique très efficace ; - les poils de couverture, ou poils de jarre, longs, gros , raide et apparents donnent la couleur générale au loup. Ils mesurent environ 13 cm, excepté sur la nuque et les omoplates où ils atteignent 17 cm, et forment l’encolure caractéristique des loups. Le long de la colonne vertébrale les poils sont érectiles et traduisent un état de colère ou de peur. La glande disposée à la base de chaque poil sécrète du sébum qui imperméabilise les poils ; - les vibrisses qui sont des poils sensitifs tactiles situés sur le museau et les joues. Comme beaucoup de caractères physiques du loup, la composition en poils dépend de la région climatique et de la saison. Ainsi les loups arctiques ont des poils de bourre très développés alors que les loups indiens n’en ont presque pas. Lorsque vient l’automne, le pelage s’épaissit pour préparer le froid de l’hiver. 10
MUE DU LOUP DÉCEMBRE JUILLET SEPTEMBRE 11
Les deux plus sensible que celle de oreilles bougent Truffe 100 à 10000 fois independamment ce qui permet une localisation auditive très fine. l’homme © Sainte-Croix 4 crocs 42 dents 150 kg/cm2 de pression de mâchoire 12
Le loup est un digitigrade (se déplace sur les doigts) et possède 5 doigts sur la patte antérieure (dont un ne touche pas le sol) et 4 sur la postérieure. La structure de ses membres donne au loup sa démarche particulière : pendant ses déplacements, il déporte ses pattes vers le centre, les 2 pattes avant se posant presque sur la même ligne, formant une voie rectiligne (bien visible dans la neige). Il peut adopter 4 allures différentes (pas, trot, course et galop), toutes très souples. Au pas, les empreintes des 4 pattes sont facilement distinguables alors qu’au trot le pied postérieur se pose exactement sur la trace du pied antérieur (sauf pour la louve pleine et les jeunes). Dans la neige, afin de limiter la dépense énergétique, les meutes se déplacent en file indienne en marchant chacun dans les traces du premier individu. Il est de ce fait très difficile de les dénombrer par l’observation d’une trace. La trajectoire tracée par le loup est, contrairement à celle d’un chien, généralement la plus droite possible. De plus, les meutes utilisent préférentiellement des espaces dégagés, où la locomotion est facilitée et moins dangereuse (chemins, bordures de lacs ou de cours d’eau…) même si la distance parcourue est allongée. Le trot est l’allure la plus fréquemment utilisée car elle offre le meilleur compromis dépense énergétique/distance parcourue. Il est capable de parcourir de grandes distances au trot (jusqu’à 60 km en une seule nuit) comme au galop (3 km à une vitesse de 40 à 45 km/h). La largeur importante de l’extrémité de ses pattes lui confère une grande portance, avec une pression exercée au sol de 90 à 120 g/cm², contre 350 à 1250 g/cm² pour les ongulés. Le loup se déplace ainsi relativement facilement dans la neige en s’enfonçant moins. Ceci explique notamment ses facilités à chasser le mouflon, dont la pression au sol, comprise entre 750 et 1250 g/cm², et la longueur des pattes inférieure à celle des chamois et bouquetin (10 à 25 cm plus grands au garrot), le rend particulièrement mal adapté aux terrains enneigés. L’empreinte est difficilement reconnaissable de celle d’un chien, bien que généralement plus étroite et plus allongée. La longueur du pas varie avec la vitesse de déplacement. Au pas, elle est de 90 à 130 cm. 13
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Des grosses pattes pour se déplacer sur de longues distances. Jusqu’à 60 km en une nuit. Des griffes non rétractiles pour enterrer la nourriture ou creuser la tanière. © Sainte-Croix Vistesse maximale : 60 km/h Vitesse moyenne : 40 km/h La vitesse moyenne de course du loup est de 40 km/h mais il peut atteindre 60 km/h sur de courtes distances. Ce n’est pas un spécialiste du sprint, en revanche ses qualités de coureur endurant sont reconnues. Longueur de saut : 7 m Hauteur de saut : 2 m 15
Le loup est classé dans la famille des Canidés (Linné 1758). Toutes les espèces de cette famille possèdent des caractères morphologiques et comportementaux communs : animaux terrestres mettant bas dans des cavités naturelles ou artificielles, qui communiquent par des mimiques faciales et des postures du corps. Ils sont digitigrades avec 5 doigts aux pattes antérieures et 4 aux postérieures ; leurs griffes ne sont pas rétractiles. Ils ont 42 dents (3 espèces font exception). Des prémolaires et molaires sont modifiées en « carnassières ». La reproduction n’a lieu qu’une fois par an (sauf pour les chiens dont la femelle a ses chaleurs 2 fois dans l’année). Les espèces du genre Canis sont génétiquement très proches les unes des autres puisque leurs séquences d’ADN sont identiques à 94 à 96%. Certaines possèdent 78 chromosomes et sont interfécondes et leur descendance est parfois fertile. C’est notamment le cas entre le loup (Canis lupus) et le coyote (Canis latrans). Coyote (canis latrans) L’existence d’une seconde espèce de loup aux États-Unis, au sud-est du pays, le loup rouge (Canis rufus), est assez largement admise dans la communauté scientifique. Cependant certaines études génétiques récentes avancent que le loup rouge ne serait pas une espèce à proprement parler, mais un croisement naturel entre le loup gris (Canis lupus) et le coyote (Canis latrans). Ces conclusions sont controversées notamment par des études craniométriques qui confortent l’hypothèse d’espèces distinctes. 16
ÉVOLUTION DU LOUP EXEMPLE DE CANIDÉS Chacal Fennec Renard Chien Le chien et le loup sont en revanche génétiquement si proches que la plupart des auteurs suggèrent qu’ils ne forment qu’une seule et même espèce, le chien n’étant qu’une sous- espèce de loup (Canis lupus familiaris). Il existe plusieurs sous-espèces de loup, dont le nombre varie selon les auteurs et l’état des connaissances : signatus (Espagne), italicus (Italie, France), pallipes (Inde), arctos (Arctique), occidentalis (Alaska), nubilus (Minnesota), baileyi (Mexique, Californie)… Elles se sont probablement différenciées au Pléistocène suite aux isolations géographiques provoquées par les glaciations. Rien qu’en Amérique du Nord, 24 sous-espèces étaient décrites avant d’être regroupées en 5 sous-espèces seulement suite à des travaux récents de génétique. En Eurasie, les travaux conduits depuis le début du 20ème siècle ont dénombré successivement 8, puis 12, puis 15 sous-espèces. Ces estimations ont été revues à la baisse par les études les plus récentes avec notamment pour l’Europe le regroupement de Canis lupus signatus et Canis lupus italicus. La différenciation génétique de ces deux sous-populations est toutefois aisée et intéressante pour l’étude de leur dispersion. Nous utiliserons par la suite les terminologies de «lignée espagnole» et «lignée italienne» (seule présente en France). Les différences entre les diverses sous-espèces restent encore sujettes à discussion et les études actuelles continuent d’apporter de nouvelles propositions de classification. 17
RÉPARTITION © Sainte-Croix 18
LE LOUP DANS LE MONDE Il est impossible de dénombrer précisément le nombre de loups présents sur un territoire du fait de sa discrétion et de ses capacités de déplacement. Tous les chiffres donnés sont donc des estimations à prendre avec précaution. Le loup est potentiellement présent dans presque tout l’hémisphère nord, à l’exception de l’Afrique du Nord. Après avoir été quasiment exterminé aux États-Unis, le loup a été protégé intégralement en 1973 (sauf en Alaska). Depuis, les loups ont commencé à recoloniser le territoire américain à partir des populations résiduelles du Minnesota et du Michigan. Après être passé de 400.000 individus au XVIIIème siècle à moins de 1000 en 1960 dans tous les USA (hors Alaska), on en compte aujourd’hui environ 3000. Dans les pays de l’ex-URSS il est extrêmement difficile d’estimer les populations du fait de l’étendue des territoires et du manque de moyens attribués aux programmes de suivi. Il y aurait entre 100.000 et 200.000 loups sur cet immense espace, mais ces chiffres restent très théoriques et approximatifs. En Asie du Nord-Est, l’état des connaissances est également très partiel mais laisse penser que les populations sont en déclin, à l’exception peut-être de la Chine où le loup aurait profité de l’interdiction des armes à feu et des pièges et où le cheptel d’ovins est en expansion. En Inde, malgré une protection depuis 1972, la situation des 2 sous-espèces (pallipes et chanco) est très difficile à évaluer et certainement variable selon les régions : à certains endroits le loup est bien vu car il se nourrit des buffles qui ravagent les cultures, alors que dans les hautes montagnes il est chassé par les bergers car il s’attaque aux yaks, moutons et chèvres. Au Moyen et Proche-Orient, deux sous-espèces ont été identifiées : arabs et pallipes. Le loup ne disposant pas de protection dans la plupart de ces pays, l’ensemble des populations semble plutôt en déclin, même si les données de suivi sont souvent partielles, voire inexistantes. 19
LE LOUP EN EUROPE À l’origine, le loup était présent dans toute l’Europe, dans tous les milieux. Après avoir été persécuté et avec le déclin des populations d’ongulés et les déforestations massives, le loup a disparu de la majeure partie de l’ouest et du nord du continent entre la fin du XIXème siècle et la première moitié du XXème. Il ne restait alors que 2 populations sur la façade occidentale : une en Italie dans les Abruzzes (au centre des Apennins) et une en Espagne (région nord-ouest). La péninsule ibérique possède aujourd’hui une population d’environ 2500 loups, dans le quart nord-ouest de l’Espagne et dans les zones proches du Portugal, en voie d’expansion par le sud et le sud-est. L’espèce est également présente dans le Pays Basque espagnol, ce qui pourrait conduire à une recolonisation des Pyrénées par l’ouest. En Italie, les Abruzzes ont constitué un refuge pour une petite population de loup. À partir des années 1970, suite à la protection de l’espèce, sa population italienne s’est développée et a recolonisé la péninsule vers le sud et le nord jusqu’aux Alpes. Les effectifs sont estimés en 2008 sur le territoire italien entre 600 et 800 individus. La zone alpine italienne hébergeait en 2010 au moins une soixantaine d’individus résidents, répartis en 19 meutes dont 7 actuellement transfrontalières avec la France (non comptabilisées dans les effectifs français). En Suisse, 8 loups différents étaient identifiés en 2011. Le premier cas de reproduction a été détecté en 2012 dans les Grisons. En 2013, après plus de 160 ans d’absence, un loup a été observé dans le canton de Neuchâtel. Au total, sur l’arc alpin franco-italo-suisse, et en l’état actuel des connaissances, il y aurait au moins 30 zones de présence permanente de l’espèce parmi lesquelles 26 sont constituées en meutes (i.e. 1 mâle + 1 femelle pendant 2 hivers successifs ou reproduction identifiée). En Europe, la diversité des méthodes de suivi mises en œuvre pour renseigner l’évolution des populations de grands carnivores limite les possibilités de comparaisons internationales. Toutefois, une tendance générale semble se dégager : parmi 25 pays européens enquêtés, Salvatori et Linnel (2005) en documentent au moins 20 dont les populations de loups sont stables ou en hausse, dont la France. En Italie, Ciucci et Boitani (1991) mentionnent un accroissement de 7% par an. En Espagne, la croissance au nord du fleuve Duero semble être de l’ordre de 15% par an, mais plus faible sur le reste de l’aire de répartition. Sur la péninsule scandinave, la population de loups, après avoir stagné jusque dans les années 1990 entre 1 et 10 loups répartis sur une seule meute, a manifesté, à la faveur de l’établissement d’une deuxième meute, un taux d’accroissement annuel d’environ 25%. La population actuelle est estimée à 160 animaux environ. 20
LE LOUP EN FRANCE En France, bien que des témoignages attestent de sa présence ponctuelle jusque dans les années 1960, le loup a officiellement disparu du pays dans les années 1930. Suite au développement de la population italienne, un premier couple installé a été observé en novembre 1992 dans le Parc National du Mercantour, à la frontière franco- italienne. C’est officiellement le 5 novembre 1992 que les deux premiers loups ont été aperçus en Alpes maritimes, dans le Parc national du Mercantour, formant la meute Vésubie-Tinée, meute historique du retour du loup en France. Des analyses ADN de loups installés en France et en Italie ont montré qu’il s’agissait d’individus appartenant à la même sous espèce. La population lupine qui s’étendait déjà en Italie a fait sa réapparition dans le nord de l’Italie, puis en France, dans le parc national du Mercantour, non par l’intermédiaire des Abruzzes, mais par les Alpes ligures et le nord des Apennins. Sa réinsertion est donc naturelle, et non volontaire, favorisée par l’exode rural qui a permis la reforestation et l’instauration de plans de chasse ainsi que la création d’espaces protégés. Livre de Geoffroy de Pennart 21
On parle de Zone de Présence Permanente (ZPP) lorsque des loups occupent un territoire précis durant au moins deux hivers consécutifs. Une ZPP peut correspondre soit au territoire d’une meute, soit à celui d’un loup solitaire. En 2000, il y avait une trentaine de loups dans les Alpes françaises, dont une vingtaine dans le massif du Mercantour En 2009, il y avait entre 180 et 200 loups en France. Il existe 29 zones de présence permanente en 2011 dont 26 sont situées dans les Alpes, deux dans les Pyrénées et une dans les Vosges. En 2011, la présence du loup a été attestée dans le massif des Vosges, après une période de forts soupçons (attaques de bétail). Un cliché a été pris le 8 juillet par un piège photographique sur le territoire de la commune du Bonhomme en Alsace, à la limite entre les départements des Vosges et du Haut-Rhin. La photographie a été authentifiée par l’ONCFS. La présence de louveteaux a été enregistrée fin août 2013, dans le partie Haut-Rhinoise du parc. Les louveteaux seraient nés en mai 2013. Il s’agit de la première reproduction confirmée en France en dehors des Alpes. Le retour du loup dans les Vosges en 2011 est une étape importante de sa réapparition en France. En effet, la présence du canidé est désormais confirmée dans la totalité des massifs français (Vosges, Jura, Pyrénées, Alpes, Massif central) que le loup a recolonisés naturellement. Par ailleurs, au printemps 2012, des dizaines d’attaques sont attribuées au loup en plaine, dans l’Ouest des Vosges et le sud de la Meuse. ièges r l’ u n d e s quinze p e it p h oto graphier p a d e l’ O ff ice national d ’est fa agents illet L’animal s e s d iss é m inés par les g e a é té p rise le 8 ju photograp hiqu . L’ima ement d e la fa u ne sauvage l’a p p a re il à déclench t ué par la chasse e , c o mme indiq h 5 4 2011 , à 18 ue. automatiq 22
Un loup a par ailleurs été vraisemblablement observé à Gedinne, dans les Ardennes belges à proximité de la frontière française, en juillet et août 2011, ainsi qu’à Duiven aux Pays-Bas à la même époque, en provenance d’Allemagne. Le 30 janvier 2014, un loup est pris en photo dans le cadre du programme de suivi des lynx dans le massif du Donon à Walscheid en Moselle. Une identification est en cours car il se peut qu’il s’agisse d’un loup venant d’Allemagne et non des Alpes. Le 1er avril 2014, ce loup a pu être identifié dans la région de Lunéville. Cette recolonisation se manifeste notamment par de la prédation sur les troupeaux domestiques, provoquant la colère et l’inquiétude des éleveurs. Malgré son expansion, la population française reste fragile et sensible à d’éventuels actes de braconnage (empoisonnement par exemple) ou à des agents pathogènes provenant notamment des chiens (parvovirose, maladie de Carré entre autres). EFFECTIFS DE LOUPS SUR LE TERRITOIRE FRANÇAIS A la sortie de l’été 2021, le réseau loup-lynx estimait que la population de loups en France comptait au moins 145 territoires de loups dits «zones de présence permanentes» parmi lesquels 128 sont constituées en meutes - soit 620 individus. 23
zone de presence régulière zone de presence occasionnelle sources ofb / https://www.loupfrance.fr/ 24
MILIEU DE VIE DES LOUPS Le loup est une espèce capable de vivre dans des biotopes très variés : zones céréalières et plantations de pins en Espagne, plantations d’Eucalyptus au Portugal, plateau semi- aride du Golan en Israël/Syrie, désert du Sinaï en Égypte, zones arctiques de Sibérie, grandes forêts de Pologne... Il peut adapter sa stratégie d’occupation du territoire à la pression humaine en évitant de préférence les zones anthropisées. La superficie forestière reste un facteur essentiel à la présence du loup, lui offrant un lieu de refuge pendant la journée ainsi que des sites de mise-bas. La forêt abrite également souvent le gibier nécessaire à la survie de la meute. Au milieu du XIXème siècle, il peuplait l’ensemble de l’Europe et tous les milieux étaient occupés (plaines, montagnes, vallées, forêts...). En France, les loups étaient surtout présents dans les forêts des étages collinéens et montagnards (entre 500 et 1500 m d’altitude). Les campagnes d’abattages ont peu à peu repoussé le loup vers des zones refuges encore moins habitées, surtout en altitude. Aujourd’hui, les populations se concentrent essentiellement en montagne : Monts Cantabriques (Espagne), Apennins (Italie), Alpes... Mais l’enneigement important en hiver les pousse souvent à descendre en altitude, parfois jusqu’en plaine. La présence de troupeaux domestiques sur les alpages pendant une partie de l’année est un facteur supplémentaire du développement de la population lupine : le report de prédation sur la faune domestique ménage les densités de faune sauvage, facteur limitant pendant l’hiver. Loup arctique Loup d’Europe - Finlande 25 Loup ethiopien
Une meute de loups occupe un territoire de taille très variable, selon l’offre en nourriture. En Amérique, on a mesuré des territoires de 50 à 1800 km2. Dans les Abruzzes (Italie), les meutes de loups occupent des territoires de 120 à 200 km2, dans le Mercantour(France) de 200 km2 à 300 km2. Les densités de populations de loups sont généralement faibles, de l’ordre de 4 à 5 individus pour 300 km². Les plus fortes densités observées sont de l’ordre d’un loup pour 12 km². Le plafonnement de la densité est directement lié à l’abondance des proies. L’accroissement naturel annuel varie selon l’état de la population : - en phase de colonisation, l’espace disponible est important et la compétition entre les meutes relativement faible, ce qui peut permettre un taux d’accroissement élevé, de 15 à 46% ; - lorsque l’espace est bien occupé par les différentes meutes, le taux d’accroissement est plus faible, entre 10 et 15% ; - lorsque la population occupe tout l’espace, la compétition entre les meutes est importante et fait chuter le taux d’accroissement entre 0 et 5%. 26
DYNAMIQUE DES POPULATIONS La limitation du taux d’accroissement est essentiellement causée par la très forte territorialité de l’espèce : chaque meute possède un territoire exclusif. Lorsque tout l’espace est occupé, il n’y a plus de place pour de nouvelles meutes. Des loups solitaires se déplacent et vivent dans les espaces séparant ces territoires. Un habitat favorable au loup comprendra plusieurs refuges où les animaux peuvent demeurer au calme. Le territoire est défendu contre les intrus, qu’il s’agisse de congénères ou d’autres prédateurs. Le hurlement permet de marquer le territoire, ce qui désamorce les conflits. La mortalité des loups peut être due à de nombreux facteurs : la malnutrition, qui entraîne la mort d’environ 50% des louveteaux (avec une très forte variabilité locale et annuelle, de 12 à 80 %), les querelles entre meutes et/ou individus et diverses maladies, certaines transmises par les chiens (maladie de Carré, parvovirose, leptospirose, hépatite de Rubarth, gale sarcoptique, échinococcose...). Par ailleurs, de nombreux cas de mortalité relevés sont d’origine anthropique (relatifs à l’activité humaine) : chasse, braconnage, piégeage, empoisonnement, accidents. 27
Le loup est une espèce sociale vivant en meute sur de vastes domaines couvrant l’ensemble de ses besoins. Ces domaines sont composés de plusieurs entités occupant des fonctions différentes : - l’espace vital, très vaste et non défendu sur lequel la meute peut trouver la nourriture dont elle a besoin ; - le territoire, zone plus restreinte mais strictement défendue contre les autres meutes ou individus étrangers. Sont assurées sur cet espace les fonctions de reproduction, protection, repos, alimentation… Sa superficie varie selon la latitude et l’abondance des proies : moins il y a de ressources alimentaires, plus il est grand. Pour les loups de lignée italienne, il est de l’ordre de 150 à 300 km². Son utilisation n’est pas uniforme tout au long de l’année : pendant l’élevage des jeunes, la meute est plutôt sédentarisée autour de la tanière et des sites de rendez- vous, alors que pendant le rut, elle est plus mobile. L’occupation du territoire dépend également des mouvements saisonniers des proies ; - la tanière, lieu indispensable pour la reproduction, car c’est là que la femelle va mettre bas et élever les jeunes pendant leurs premières semaines. Elle est en général orientée au sud, dans un sol bien drainé et sur une pente modérée. La tanière peut-être une cavité creusée par le loup lui-même, une tanière de renard ou de blaireau agrandie, une grotte, une cavité sous une souche ou un rocher, dans un taillis très dense… et doit être située à proximité d’un point d’eau (nécessaire à l’allaitement). 28
Le territoire possède au moins une tanière qui sera utilisée plusieurs années de suite. Les perturbations humaines peuvent être la cause de l’abandon d’une tanière . Le site de rendez-vous est l’endroit où la meute se repose et se réunit pendant l’été et le début de l’automne (pendant l’élevage des louveteaux). Quand les jeunes ont 6 à 10 semaines, la meute quitte la tanière pour ce site. Les louveteaux, parfois accompagnés d’un adulte, y attendent les autres membres de la meute partis à la chasse. Un territoire possède plusieurs sites de rendez-vous qui sont utilisés successivement (entre 10 jours et 2 mois par site) jusqu’à ce que les jeunes soient capables de suivre les adultes. Les sites de rendez-vous ont une superficie assez restreinte (< 1ha) et sont en zone ouverte et proches d’un point d’eau. Au-delà de la disponibilité alimentaire, il y a deux limites principales à l’installation d’une nouvelle meute sur un territoire. La première est sociale : dans un secteur où les meutes sont proches, il est très difficile pour de nouveaux individus de trouver un espace libre où s’installer. C’est maintenant le cas dans une bonne partie des Alpes françaises, ce qui renforce le phénomène de colonisation d’autres massifs. La seconde est anthropique : elle est liée à l’occupation du territoire et à la densité des infrastructures. Une étude américaine a montré qu’au-delà de 0,58 km de route par km², l’installation des loups est très compromise, même si certains loups s’établissent à proximité de grands axes routiers qui servent alors de frontières territoriales. Il est rare que les territoires des meutes soient contigus : on observe souvent une «zone tampon» non fréquentée par les loups entre deux meutes, «no wolf’s land» d’environ 1 km. 29
La dispersion peut être due à : - un changement physiologique entrainé par le rut et la compétition pour la reproduction. PHYSIOLOGIE ET REPRODUCTION Chez le loup mâle qui atteint sa maturité sexuelle entre 22 et 46 mois, cela est marqué par l’augmentation de la taille des testicules et du scrotum dès que les jours rallongent et une augmentation de la production de testostérone. Pendant la période de reproduction, le mâle alpha est plus agressif et accroît la fréquence de marquage de territoire. Il défend sa place avec vigueur, il s’interpose sans relâche. Chez la louve qui atteint sa maturité sexuelle vers 22 mois, cela est marqué par un gonflement vulvaire et un écoulement de sang. Elles sont monocycliques, avec un oestrus par an. Caractéristique qui ne leur confère qu’une seule opportunité de se reproduire dans l’année. La cause physiologique de cette monoestrie est l’allongement des périodes du cycle ovulatoire, notamment le proestrus qui dure six semaines et l’oestrus une semaine. Pour éviter que les autres femelles s’accouplent, la femelle alpha exerce une pression psychologique tellement puissante que l’oestrus des autres femelles de la meute est bloqué. - des agressions (dominance), une pression sociale (seuls les dominants se reproduisent) ou des restrictions alimentaires. Elle est essentiellement corrélée à la densité de loups et à la disponibilité en nourriture. Il y a 3 périodes préférentielles de dispersion dans l’année : - l’hiver (de janvier à mars) : elle est due à la compétition pour la reproduction - le printemps (avril à juin) : elle est due à la mise bas qui entraîne des bouleversements sociaux - l’automne (octobre à novembre) : elle est due à la migration des jeunes. La période d’élevage des jeunes est défavorable à la dispersion car les meutes sont cantonnées et concentrées sur cette activité. Un quart à un tiers des individus sont susceptibles de se disperser. La majorité sont des jeunes de moins de 2 ans mais des adultes de plus 4 ans migrent également. La dispersion est plutôt le fait d’individus solitaires que de couples et dure entre une semaine et un an, les mâles prenant plus de temps pour s’installer que les femelles. 30
© Sainte-Croix Un bon emplacement pour la tanière 31
Le loup vit en meute de taille variable en fonction de la densité de proies (de 2 à 15 individus selon les régions). En France, elle dépasse rarement 5 à 8 individus. Le groupe est régi par une hiérarchie très stricte : un couple dominant (couple alpha), suivi d’un mâle bêta, puis des subordonnés. Les jeunes de l’année échappent jusqu’à 6 mois aux contraintes hiérarchiques. Il existe parfois un individu oméga vivant en marge qui subit de nombreuses agressions : c’est le «souffre-douleur» de la meute. Le rang social de chacun est probablement dû aux différences de tempérament qui sont visibles dès l’âge de 3 à 4 semaines sans pour autant prédire avec certitude l’avenir social d’un individu. Les liens sont très forts au sein de la meute car les membres sont souvent apparentés. Les activités vitales comme la chasse, les déplacements, la défense du territoire et la reproduction sont dirigées par le couple alpha. Cette hiérarchie a une grande influence pour l’accès à la nourriture, particulièrement lorsqu’elle se fait rare. La reproduction est réservée au couple alpha (et parfois au mâle bêta) : il est le seul à s’accoupler et produire des louveteaux afin de limiter les besoins énergétiques de la meute tout en assurant son avenir. Quelques jours avant la mise bas, la femelle recouvre le sol de ses poils, libérant ainsi l’accès aux mamelles. Tout est prêt, les louveteaux peuvent naître. Lorsque la femelle met bas, elle produit une hormone qui stimule son comportement maternel mais également celui des autres femelles, facilitant ainsi l’intégration des louveteaux. Tous les membres s’occupent alors des jeunes : alimentation par régurgitation de viande, jeux, apprentissage… Au moment du rut, la hiérarchie peut être remise en question, notamment pour le mâle alpha qui garde la domination entre 1 et 8 ans en général. Le couple dominant est tout en haut de la hiérarchie et veille à la survie du groupe. Les jeunes partent en dispersion au plus tard à l’arrivée de leur maturité sexuelle. NOMS DES LOUPS 0 à 6 mois : louveteau 6 moi à 1 an : louvard - louvarde 1 à 2 ans : jeune loup - jeune louve 2 à 4 ans : loup - louve 5 à 8 ans : grand loup - grande louve à partir de 9 ans : vieux loup - vieille louve 32
VIE SOCIALE Le loup gris est un animal social, vivant en meute. Celle-ci est constituée d’un couple reproducteur accompagné de sa progéniture, les louveteaux de l’année ainsi que 1 à 3 subadultes (petits de l’année précédente). Dans nos contrées, elle comporte entre 3 et 10 individus, maximum. Les subadultes, dès qu’ils ont atteint l’âge d’1 à 2 ans, partent à la recherche d’un nou- veau territoire et d’un partenaire pour fonder une nouvelle meute. On les appelle alors, communément, des disperseurs. Cette appellation provient du fait que ces jeunes loups, selon des études, sont capables de parcourir des distances allant jusqu’à 1500 km pour trouver un territoire vierge. Le record est détenu par un loup roumain, étant parti des Carpates et ayant fondé sa meute en…Espagne. Il est clair qu’en se déplaçant sur d’aus- si longues distances, le jeune loup est confronté à la civilisation humaine, fréquemment aperçu traversant des hameaux, villages et s’approchant même parfois des villes. Les risques sont alors très élevés et la mortalité, pour les subadultes, atteint parfois 80%. Elle est de 50% pour les louveteaux dans leur 1ère année de vie. . F a m i ll e d e lo u p s . Me ut e : n .f ’u n c o u p le d ’a d u lte s e t omp o s é e d Un e m e ute e st c n é e . L’a n n é e s u iv ante , av e c d e l’an e l’ann é e d e le ur s je un e s o it le s je u n e s d iv é e d e la n o u v ell e p or té e , s a ti on d e s l’ar r s e e t à l’é d u c nt à la ch a s pré c é d e nte aid e t e n d is p e r sion . a r te n je un e s , s oit il s p 33
La vie en société demande aux loups une communication élaborée. Elle est basée sur des expressions faciales et des postures corporelles, sur le regard, sur des vocalisations et sur des messages olfactifs. Les mimiques faciales et le langage corporel du loup ont été étudiés dès 1940 et synthétisés dans un «éthogramme» qui compte 190 comportements regroupés en 11 catégories : les comportements agonistiques (agression + soumission), de soins, de nutrition, d’accueil, de locomotion, de marquage, de jeux, de prédation et de chasse, de repos, de reproduction et de vocalisations. LES GESTES À ces mimiques et postures s’ajoutent le regard qui a une grande signification pour les relations entre individus. Par exemple, fixer un loup dans les yeux signifie la défiance. Dominance © Sainte-Croix Soumission active 34
Dominance Soumission active © Sainte-Croix Menace © Sainte-Croix Peur 35
LES POSTURES DE SOUMISSIONS OU DE DOMINATION La position de soumission : C’est celle utilisée par un loup montrant qu’il est soumis, qu’il accepte l’autorité supérieure, qui lui demande de le pardonner ou dans quelques cas pour se faire oublier. Elle est souvent utilisée en réponse à la position de domination. Un loup en posture de soumission se fait plus petit, il a la queue entre les pattes arrières, parfois légèrement agitée, le regard fuyant, le front lisse, les oreilles et la tête baissées. Il fléchit ses pattes avants, comme si il s’inclinait. Son échine est basse tandis que ses yeux cillent. Souvent, une de ses pattes avant est levée et ses empreintes peuvent être humides, on pense à cause d’un sorte de sueur. Les commissures de ses babines sont tirées vers l’arrière. En cas de soumission active, le dominé se place à côté du dominant et lui lèche le museau, pour une raison encore inconnue. Il peut aussi donner des coups de langue dans le vide. © Anthony Kohler 36
Le plus souvent après un combat, dans un cas de soumission passive, le loup peut rouler sur le dos et exposer sa gorge, se rendant ainsi très vulnérable. Son museau est dans ce cas-là lisse, comme son front, sa tête est contre le sol pour éviter de croiser le regard du dominant, ses yeux sont aussi à moitié fermés pour la même raison et sa queue est collée à son ventre. Il peut éventuellement uriner. Cependant les loups respectent cette posture et pratiquement aucun ne se risquerait à attaquer un adversaire dans une telle position, pas parce que ils ont établi un interdit, mais parce qu’ils ne peuvent concevoir d’attaquer un des leurs sans raisons, alors qu’il reconnaît son tort et la domination de l’autre. VIE SOCIALE - COMMUNICATION Le loup peut parfois accompagner cette posture de petits gémissements plaintifs. © Philippe Coutret © Morgane Bricard 37
La posture de domination : Cet posture est utilisée par le loup qui veut montrer qu’il est le chef, le plus fort, qu’il domine. Et aussi qu’il n’hésitera pas à se battre, qu’il est sûr de lui. Elle est souvent utilisée par le couple Alpha, partciulièrement par le mâle, ce qui est normal vu qu’il domine toute sa meute. Les louveteaux et louvards l’utilisent aussi, mais plus par jeu que pour transmettre sa véritable signification Il imitent les adultes. Le loup Oméga la voit souvent, étant donné que tout le monde le domine. Elle est souvent utilisée en même temps ou juste avant que la position de soumission. Un loup qui veut exprimer sa domination a sa queue hérissée et raide, à l’horizontale ou dressée, dans le prolongement du corps, agitée d’un tremblement ou se balançant de droite à gauche, les oreilles dressées pouvant former un V très écarté, la tête haute et le regard fier et direct (contraire de fuyant, il regarde l’autre loup droit dans les yeux). Il se tient bien droit. Il garde la gueule ouverte, dévoilant ses crocs. Ses babines ne se retroussent pas vers l’arrière, et remontre même un peu. Des «rides» peuvent plisser son front tandis que son museau est presque toujours froncé Il se hérisse souvent ses poils, gonflant le poitrail et le ventre, paraissant ainsi plus gros et plus imposant, donc plus fort. Aucun loup n’irait déranger un des leurs dans une telle position, surtout si c’est l’Alpha. Le message est enregistré par tous, pas que par le loup dominé. Même les jeunes semblent l’avoir compris, pour une fois ils se tiennent tranquilles, comme si ils connaissaient déjà l’importance du moment. Il corrige quelque fois le loup dominé d’une morsure au museau. Le loup qui domine peut aussi grogner (ou gronder). 38
© Philippe Coutret © Philippe Coutret 39 © Morgane Bricard
LES SONS PAR LA VOIX : hurlements, grognements, grondements, gémissements ou aboiements. PAR DES BRUITS : claquement de dents ou soufflements. Le loup communique grâce à différents sons le plus connu étant le hurlement. À un mois, les louveteaux commencent à japper en groupe ; le hurlement à proprement parler est maîtrisé vers 4 ou 5 mois. Les hurlements poussés par un individu peuvent être liés à : une émotion : excitation, inquiétude, plaisir mais aussi douleur. la reproduction : quête d’un partenaire, défense de la tanière. Le hurlement a des impacts sur le groupe et peut servir à : marquer le territoire : il dissuade ainsi les autres loups de venir sur leur territoire. assurer la cohésion et la motivation de la meute : il permet aux membres éloignés de localiser le groupe pour se rassembler. Leur fréquence augmente pendant l’élevage des louveteaux afin d’éviter les rencontres et conflits avec d’autres meutes/individus. Contrairement aux idées reçues, le loup ne hurle pas que la nuit ! L’aboiement est utilisé en général pour signaler à un individu qu’il est près d’une tanière et des louveteaux. C’est un signal d’alarme que le loup produit souvent lorsqu’il est surpris. © Sainte-Croix 40
LES ODEURS Plusieurs méthodes sont employées par le loup pour délimiter olfactivement son territoire. Leur odorat est presque 100 000 fois plus développé que le nôtre. Chaque loup possède sa propre odeur, ce qui lui permet d’être reconnu sans même être vu. Cela permet aussi de déceler des intrus sur leur territoire. Le territoire est marqué par des « bornes d’odeur » que le couple dominant réactive à chaque passage en urinant, grattant le sol ou en laissant une crotte visible. Le marquage urinaire par miction avec la patte levée est surtout pratiqué par le couple alpha sur des objets en évidence. Il est plus intense près des frontières du territoire qu’en son centre. Il est aussi utilisé en période de rut pour courtiser ou marquer la dominance. La composition chimique de l’urine de marquage varie suivant la saison, en fonction du cycle sexuel et des différents taux d’hormones. Les excréments sont également utilisés comme marqueurs olfactifs : les glandes anales recouvrent les crottes d’une substance odorante, caractéristique de chaque individu. Ce marquage peut aussi être utilisé comme simple moyen de communication au sein de la meute et effectué sans production d’excréments, par frottement de l’arrière-train au sol. D’autres glandes excrétant des produits odorants sont présentes au niveau des coussinets et permettent un marquage par grattage du sol. © Sainte-Croix © Sainte-Croix 41
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